mercredi 11 avril 2012

Un clandestin dans ton quartier ? Dénonce-le sur Internet !

Filip Dewinter, du Vlaams Belang

« Fellation + délation = bonne promotion », dit un adage populaire trop injustement méconnu. Et apparemment fort mal compris, puisque certains l’ont interprété comme suit : « délation tout court = solution contre l’immigration ». C’est le cas, par exemple, d’un parti « populiste » belge, le Vlaams Belang, qui par la voix de son leader Filip Dewinter, prône de depuis longtemps déjà une séparation des riches Flamands d’avec les pégreleux de la Belgique francophone.

Depuis, hier, toutefois, les locuteurs wallons de la langue de Molière, de René Descartes et du groupe Sexion d’Assaut, ont cessé d’être la principale cible du Vlaams Belang, celui-ci ayant décidé de se lancer dans la lutte contre « les illégaux », selon un mode très participatif. La droite radicale du Plat Pays vient en effet de mettre à disposition de ses concitoyens un site internet sur lequel ces derniers sont invités à dénoncer des faits qui seraient liés à la présence d'illégaux: abus de sécurité sociale, travail au noir ou criminalité… avec promesse de transmettre les faits ainsi recensés à la police.

Particulièrement discriminatoire, ce site a le mauvais goût d’être intégralement en hollandais, de sorte que les Belges de langue française ne peuvent pas jouer à « balance un clandé » avec leurs compatriotes néerlandophones, ce qui est, convenons-en, parfaitement dégueulasse.

Non content d’avoir mis en place cet abominable outil, Filip Dewinter a le mauvais goût d’être un plagiaire. Car finalement, il n’a fait que reprendre l’idée originale d’un délateur plus créatif que lui : le néerlandais Geert Wilders.

Le PVV  (Partij Voor de Vrijheid) présidé par Wilders, avait en effet généré un tollé au Pays-Bas et dans l’Union européenne en ouvrant, au mois de février, un site dédié à la dénonciation des « nuisances » occasionnées par les populations originaires d’Europe de l’Est, notamment en matière de logement ou de concurrence sur le marché du travail. Les internautes bien intentionnés suspectant quelque plombier polonais peu ragoutant et patibulaire de s’être glissé dans leur voisinage étaient invités à répondre à des questions aussi peu orientées que « vous cause-t-il des problèmes ? » ou encore « avez-vous perdu votre emploi au bénéfice d'un Polonais, d'un Bulgare, d'un Roumain ou d'un autre citoyen d'Europe centrale ou orientale ? »

A l’époque, le commissaire européen Viviane Reding, chargée « des droits fondamentaux et de la citoyenneté » s’était, comme à son habitude, fâchée tout rouge. Elle avait tonitrué en ces termes, en roulant des yeux furibards: « les citoyens des 27 Etats membres doivent se sentir chez eux où qu'ils décident de migrer ».

Ah ! La sacro-sainte « liberté des biens, des personnes et des capitaux » ! La voilà, la solution que l’on cherchait pour lutter contre le racisme ! Se comporter comme un parfait sagouin et avoir une âme de garde-chiourme, passe encore. Pourvu qu’on ne porte pas atteinte à « l’ouverture des frontières » !

On vous l’a déjà dit, mais on vous le répète : l’Europe sans frontières, c’est la paix ! La mise en concurrence de travailleurs aux niveaux de vie très disparates, c’est la paix ! La libéralisation de tout, de la transhumance humaine à l’utilisation d’un web sans entrave qui permet l’expression sans honte de nos plus bas instincts, c’est la paix !

C’est aussi ça, la modernité : il est permis d’une part d’épier et de délatter son prochain, d’autre part de condamner cette délation en arborant des mines scandalisées. En revanche, il demeure interdit d’interdire.

Lire et relire :
- Violence du racisme, indécense de l'antiracisme   CLICK
- Pierre-André Taguieff revisite le polulisme  CLACK
- L'immigration n'est ni une chance ni une menace
mais une question politique (entretien) CLOCK
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2 commentaires:

  1. Cela vous permet de déblatérer à qui mieux mieux et sans entraves ...

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    1. Et à vous de commenter. Sans entrave, mais aussi - hélas - sans talent.

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