tag:blogger.com,1999:blog-33144461476734756992024-03-16T22:50:05.827-07:00L'arène nueBlog sous programme de la Troïka depuis 2011Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.comBlogger386125tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-27052440700144851022018-11-23T06:44:00.002-08:002018-11-23T06:44:42.858-08:00Confrontation avec l'UE : où va l'Italie ? - Entretien avec Denis Collin<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhicGppMzPurVHLiLo3x_blc_zw5EqItm4AsHE9SbWko6_wumPuAbVsZ8QTL9E-2Zil9CBxY0tSg632ri61x_1sHsJ6RUzLjthGWUeHgrRJLPoWekUpgHJ36prYgmuEDHPqe-U5R2PavZg7/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="464" data-original-width="706" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhicGppMzPurVHLiLo3x_blc_zw5EqItm4AsHE9SbWko6_wumPuAbVsZ8QTL9E-2Zil9CBxY0tSg632ri61x_1sHsJ6RUzLjthGWUeHgrRJLPoWekUpgHJ36prYgmuEDHPqe-U5R2PavZg7/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<b>Denis Collin est agrégé de philosophie et enseignant. Spécialiste de Karl Marx, il a publié plusieurs ouvrages autour de la pensée de celui-ci. Plus récemment, il vient de publier <i>Après la gauche </i>(Perspectives libres, 2018). Bon connaisseur de l'Italie, il a accepté de répondre à quelques questions relatives à ce pays, alors que la confrontation Italie/Union européenne promet d'être longue.</b><br />
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<b>La coalition actuellement au pouvoir en Italie a engagé un bras de fer avec la Commission européenne autour de son projet de budget 2019. Elle refuse de modifier son projet de loi de Finances, qui prévoir un déficit de 2,4 % du PIB, alors même que le gouvernement précédent avait promis 0,8 % du PIB. Que pensez-vous de ce projet de budget ? Ne reste-t-il pas très néolibéral, finalement, même si je projet de « flat tax » n'a pas été à proprement parler mis en œuvre ?</b></div>
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Ce qui surprend tout observateur extérieur, c’est que ce projet de budget paraisse inacceptable par l’UE alors qu’il ne propose qu’un déficit de 2,4% contre 2,8% pour la France ! C’est Macron/Philippe et non Conte qui auraient dû recevoir les admonestations de Bruxelles. En outre, hors remboursement de la dette, le budget primaire italien est excédentaire et ce depuis plusieurs années – sur la dernière décennie, l’Italie est un bon élève européiste comparée à la France. Quand Moscovici déclare que l’économie italienne étant en surchauffe, elle n’a pas besoin d’un coup de pouce « keynésien », c’est une très mauvaise plaisanterie. La croissance italienne est à nouveau à 0 au dernier trimestre après une timide reprise. En outre les besoins de financements publics sont énormes, ne serait-ce que pour rétablir des infrastructures routières acceptables. Le drame du pont Morandi à Gênes a remis en lumière la dégradation du réseau routier laissé à l’abandon par les politiques austéritaires des gouvernements précédents. Si donc on devait faire un reproche à ce budget, c’est de n’être pas assez « keynésien », de ne pas prendre le taureau par les cornes. Il est vrai que Salvini est en fait un libéral sur le plan économique et que la baisse des impôts est son cheval de bataille (la fameuse « flat tax » qui revient à baisser l’impôt des plus riches). Et surtout Salvini n’a aucune intention de rompre définitivement les amarres avec l’UE et avec son allié intermittent, Silvio Berlusconi, dont le parti est membre du PPE. </div>
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Certains analystes imaginent que Conte prépare déjà la rupture avec Bruxelles et la sortie de l’Italie de la zone euro, mais en faisant tout pour que la responsabilité en retombe sur les épaules de Bruxelles. Peut-être est-ce vrai. En France on ne parle que de Salvini, mais il n’est pas le gouvernement à lui seul et les ministres M5S sont loin d’être des imbéciles et ils semblent assez bien armés intellectuellement pour le bras de fer avec Bruxelles. Les membres du gouvernement Conte font régulièrement dire que, s’il le faut, l’Italie peut sortir sa propre monnaie, ce qui ferait exploser toute la zone euro. </div>
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<b><a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/141118/au-dela-des-melodrames-permanents-le-gouvernement-italien-est-solide?%20%20utm_content=buffer8a79e&utm_medium=social&utm_source=Twitter_Mediapart&utm_campaign=CM">Une récente enquête de Médiapart</a> explique pourquoi malgré ses contradictions internes la coalition actuellement au pouvoir est solide. Est-ce également votre avis ? Ne nous a-t-on pas dit et redit qu'il s'agissait de « l'alliance de la carpe et du lapin » ?</b></div>
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La solidité du gouvernement repose sur l’intérêt mutuel des deux partenaires qui se sont partagé les ministères mais sont aussi les représentants des deux parties de l’Italie : M5S au Sud, Lega au Nord. Leurs électorats sont aussi assez différents et la coalition se trouve ainsi très majoritaire. Mais les sujets de friction ne manquent pas. Salvini est partisan du TAV (le TGV Lyon-Turin) et le M5S est très engagé dans les mouvements « no Tav ». Et cette bataille est en Italie un marqueur politique important. Mais surtout Salvini et la Lega n’abandonnent pas la perspective d’une fédéralisation plus large de l’Italie. La Vénétie a voté par référendum son autonomie et les autres régions administrées par la droite et la Lega pourraient être tentées par la même orientation. Pour l’heure, ça ne change pas grand-chose aux pouvoirs des régions qui sont déjà bien plus étendus qu’en France. Mais la promesse que le Nord riche cesse de payer des impôts pour le Sud plus pauvre fait partie des « fondamentaux » de la Lega. Au contraire, le M5S veut garantir que l’État italien sera encore capable de transférer de l’argent vers le Sud – qui a encore de gros besoins en dépit des importants progrès accomplis au cours des dernières décennies. En gros Salvini est toujours un partisan de l’affaiblissement de l’État à l’inverse de Conte-Di Maio. Il y a beaucoup d’autres sujets de friction, comme, en ce moment, la question des incinérateurs et plus généralement toutes les questions qui touchent à l’environnement.</div>
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Enfin, après les élections européennes, les cartes pourraient être rebattues. Au niveau local, la Lega est toujours en coalition avec Forza Italia de Berlusconi et Salvini pourrait aller vers des élections anticipées avec en vue la reconstitution d’une alliance majoritaire de « centrodestra » dans laquelle cette fois Silvio Berlusconi occuperait la seconde position, comme force d’appoint d’un gouvernement Salvini. Le M5S retournerait alors à son statut de mouvement « gazeux » en ayant perdu dans l’affaire pas mal de plumes. </div>
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Il se pourrait cependant que l’évolution de la Lega et de Salvini soit plus complexe que cette première approche donne à croire. Le passage de la Lega-Nord à la Lega va au-delà d’un changement de sigle. La « nationalisation » du parti s’est accompagnée d’une opération de changement profond dans l’appareil du « Carroccio » après l’élimination du fondateur, Umberto Bossi qui s’était fait prendre les mains dans le pot de confiture. La composante xénophobe et parfois raciste de la Lega existe bien, mais le racisme était jadis tourné contre les Italiens du Sud, ceux qu’au Nord on appelle parfois « terroni » ce qu’on peut traduire en français par « culs-terreux ». Du moment que le parti est national, cette rhétorique anti-Sud ne peut plus fonctionner. La Lega Nord était très européiste (comme toutes les régions européennes candidates à la sécession d’avec leur État-nation. La Lega-Salvini est « eurosceptique » même si Salvini a toujours affirmé qu’il ne voulait pas la rupture avec l’UE – tout comme le Hongrois Orban d’ailleurs, un des piliers du PPE, que Salvini présente comme son ami. </div>
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Pour donner un dernier argument en faveur de la solidité du gouvernement, on notera que ce qui unit les deux partis, M5S et Lega, au-delà des arrangements de circonstance, c’est un certain attachement à l’identité italienne et la volonté de redonner aux Italiens une certaine fierté d’être Italiens. Le M5S est, sur bien des points, plutôt proche de la France Insoumise, mais il est hostile à l’immigrationnisme que l’on trouve dans les diverses composantes du « centrosinistra ».</div>
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Un dernier mot sur ce point : la montée des Cinque Stelle (M5S) et de la Lega et la formation de ce gouvernement, qui nous paraît extravagant vu de France, est possible parce que l’Italie est une république parlementaire qui permet l’expression de la volonté populaire. Nous, nous avons une république semi-bonapartiste qui verrouille toute la vie politique et commence à produire des phénomènes inquiétants de décomposition.</div>
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<b>Dans <a href="http://la-sociale.viabloga.com/news/c-est-en-italie-que-se-joue-l-avenir-de-l-europe-2">un article publié sur votre site</a>, vous expliquez qu'il faut « cesser de regarder aujourd’hui avec les lunettes d’hier et de parler de fascisme à toutes les sauces ». Selon vous, la Ligue ne serait pas un mouvement fasciste. Quelles sont donc les différences notables avec le fascisme et comment caractériser le mouvement dirigé par Salvini ?</b></div>
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Le fascisme est une affaire sérieuse et traiter de fasciste toute personne qui vous est antipathique n’est pas une bonne manière de faire de l’analyse politique. Il y a, schématiquement, trois composantes pour faire un parti fasciste ou un État fasciste :</div>
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1)<span style="white-space: pre;"> </span>Un projet totalitaire. Le mot totalitaire est même à l’origine celui par lequel Mussolini définissait son projet – pour lui ce n’était pas une injure. Un projet totalitaire suppose l’absorption de la société civile dans l’État, le régime de parti unique, l’intégration des syndicats à l’État, etc. Il n’y a rien de tel dans la Lega, ni de près ni de loin. </div>
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2)<span style="white-space: pre;"> </span>Le soutien du grand capital ou au moins d’une importante fraction du grand capital. Daniel Guérin dans La Peste brune avait bien montré que c’était une autre caractéristique fondamentale du fascisme. En Italie, le grand capital est européiste. La bourse de Milan n’aime pas du tout les extravagances du gouvernement. Les journaux favoris de la bourgeoisie milanaise, le Corriere della Sera à droite et la Repubblica à gauche tirent à boulets rouges sur Salvini.</div>
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3)<span style="white-space: pre;"> </span>La mobilisation violente contre les opposants, contre les boucs-émissaires et les syndicats. À Paris, on parle parfois de vague raciste en Italie. C’est la preuve que les « antifascistes » professionnels ne mettent pas les pieds en Italie. Il n’y a même pas de vague anti-française, mais seulement beaucoup d’agacement à l’endroit des donneurs de leçons de l’actuel gouvernement français. Il y a bien quelques mouvements violents autour de Casa Pound, mais ce n’est pas plus important que les « identitaires » français et les vrais fascistes violents sont aujourd’hui bien moins nombreux et bien moins puissants que dans les années 1970 – pour se rappeler cette période, il faut lire La Repubblica della stragi (« La République des massacres »), publié sous la direction de Salvatore Borsellino en 2018. Pas de squadristi salvinistes, pas d’attaques des locaux syndicaux, pas de chefs de gauche « purgés » à l’huile de ricin, pas de député PD assassiné…</div>
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L’antifascisme en l’absence de fascisme, cette posture que brocardait déjà Pier Paolo Pasolini, tel est l’antifascisme de beaucoup des opposants à Salvini. La Lega est un parti « bourgeois », partisan de la propriété capitaliste, et assez réactionnaire au sens strict, mais nullement un parti fasciste. Ou alors il faudra dire que finalement le fascisme ce n’était pas si grave !<span style="white-space: pre;"> </span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5GPNVCtAAhc37grQJ59NbBlYZBj5resJM-RH37Nn_XfAJVXhg0yiqawEiEvMnpBHBadCI_42Hxba51v-58ZNJRe1GSw0btv3A1bwg4J6baZH82Ew5cyQ_To1cHNNV6C9EuAuSzVHK04Z3/s1600/Sans+titre+2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="531" data-original-width="374" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5GPNVCtAAhc37grQJ59NbBlYZBj5resJM-RH37Nn_XfAJVXhg0yiqawEiEvMnpBHBadCI_42Hxba51v-58ZNJRe1GSw0btv3A1bwg4J6baZH82Ew5cyQ_To1cHNNV6C9EuAuSzVHK04Z3/s320/Sans+titre+2.jpg" width="225" /></a></div>
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<b>Vous venez de publier un livre intitulé « Après la gauche ». Pourquoi n'y a-t-il a gauche en Italie, un pays où le parti communiste fut pourtant si puissant ? Le M5S n'est-il pas une nouvelle forme de gauche ?</b></div>
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Effectivement, la gauche en Italie fut sans doute plus puissante qu’en France à travers un parti communiste arrivé en tête, devant la démocratie chrétienne, quelques années avant de s’auto-dissoudre. Ce parti gouvernait des régions comme l’Émilie-Romagne ou la Toscane dans lesquelles il n’était pas seulement une puissance politique mais aussi une puissance économique à travers un vaste réseau de coopératives. C’était un parti ouvrier mais aussi paysan, exerçant un puissant attrait sur les classes intellectuelles et même dans l’ancienne aristocratie – les princes et ducs rouges ne manquaient pas ! A côté du PCI, il y avait un PS non négligeable, héritier en partie du mouvement antifasciste et du parti d’action. Après 1968, il y avait une extrême-gauche importante qu’on ne réduira pas aux groupes armés. </div>
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De tout cela il ne reste rien ou presque. Le Parti Démocrate n’est pas un parti de gauche, mais une coalition de centristes et de gens de gauche passés au libéralisme économique. Il ne se reconnait pas dans la tradition social-démocrate et Matteo Renzi est une version italienne de Macron. De l’ancienne composante du PD issue du PCI, il ne reste même presque rien. Ce sont les affairistes et les gens de la démocratie chrétienne (DC) qui ont le contrôle du PD. Un certain nombre de personnalité PDistes ont repris leur liberté et participé à la fondation d’un groupe à gauche du PD, « Liberi e Uguali » (LeU, « Libres et égaux ») mais ce groupe a échoué électoralement (14 députés et 4 sénateurs élus) tout simplement parce qu’il a un passé chargé (Bersani, pour parler que de lui, n’est pas un perdreau de l’année) et qu’il reste attaché aux fondamentaux sociaux-libéraux et européistes du PD. Il a éclaté au cours de cet automne sans que l’on sache clairement ce qui pourra en sortir. </div>
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Le M5S a récupéré une bonne partie de l’électorat de gauche et d’extrême-gauche mais il a aussi pris à droite et au centre. Cependant, il ne se réclame à aucun titre la tradition de la gauche italienne. Certaines de ses idées viennent de la gauche (mais elles étaient aussi partagées par la droite sociale, qui existait dans la DC) et d’autres, comme la décroissance, ne sont clairement ni de droite ni de gauche. C’est autre chose. Ce n’est pas non plus un parti de masse à l’ancienne (à la différence de la Lega) mais un mouvement où la plate-forme internet joue un rôle central. Beppe Grillo, qui continue sa carrière de comique, continue de donner la ligne, bien que les différents lieutenants en fassent un peu à leur tête. Plusieurs députés « cinquestellistes » ont refusé de voter la loi Salvini sur l’immigration et la sécurité et la discipline n’est pas la principale force de ce mouvement. </div>
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<b>Sur la question de l'immigration et dans le cadre, notamment, de la « crise des migrants », trouvez-vous légitime que les Italiens se disent « abandonnés » par l'Europe ? Comment expliquer que les deux partis de gouvernement, si différents soient-ils, semblent s'accorder sur l'idée du contrôle le plus strict de l'immigration ?</b></div>
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Il est évident que l’Italie a assumé très largement la charge de la crise migratoire pour des raisons géographiques compréhensibles. On a beaucoup parlé des bateaux humanitaires, mais la marine italienne a assumé pendant longtemps l’essentiel de secours. L’État italien a dépensé pas mal d’argent pour accueillir les réfugiés et de larges pans de la société italienne se sont mobilisés pour aider ces pauvres gens. Si on prend les chiffres globaux, il n’y a certes pas plus d’étrangers en Italie que dans beaucoup d’autres pays d’Europe et cette immigration est bien plus une immigration roumaine, albanaise ou marocaine qu’une immigration de gens arrivés sur des radeaux de fortune à Lampedusa ou Bari. Mais les 700.000 « boat people » accueillis au cours des cinq dernières ont créé un choc politique. Notons, par ailleurs, que l’Italie a naturalisé 1 million d’étrangers au cours des 15 dernières années. Tout cela pose des problèmes compliqués : budgétaires d’abord – on somme l’Italie d’être humanitaire mais elle doit tenir son budget – mais aussi d’intégration dans un pays dont la population diminue et dans lequel il y a plus de gens de plus 60 ans que de gens de moins de 30 ans. Beaucoup d’Italiens ont le sentiment que leur pays va disparaître et qu’ils seront « remplacés ». </div>
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Maintenant quand on regarde le détail des mesures prises par le gouvernement actuel, on s’aperçoit que c’est à peine au niveau répressif de la France. Chose à la fois désolante et quasi comique : pour arriver en Italie en venant de France, vous n’avez aucun problème mais pour repartir d’Italie, vous trouvez des contrôles policiers français à peu près partout pour empêcher l’entrée d’immigrants illégaux. Il est même arrivé à la gendarmerie française de faire des rafles d’immigrés (mineurs inclus) et de les transporter nuitamment en Italie, en ne prévenant que le lendemain les autorités italiennes. Évidemment Salvini en a fait ses choux gras. Mais pendant ce temps, M. Macron et ses « collaborateurs » donnent des leçons de « progressisme » à la terre entière et à la « lèpre populiste » italienne en particulier.</div>
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Si l’immigration est l’objet d’un grand tapage politico-médiatique, personne en Italie ne demande l’arrêt de l’immigration – une telle mesure provoquerait d’abord une grave crise dans le maraîchage de la Calabre ou des Pouilles. Et Salvini précise pour qui veut l’entendre qu’il veut des immigrés honnêtes et pas des voyous… Du reste les campagnes de Salvini sont dirigées en premier lieu contre les Roms, immigrés intra-européens, donc à peine des immigrés. Dans ce cas, il s’agit peut-être de défendre les mafias purement italiennes contre la concurrence déloyale des mafias roms… </div>
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<b>L'Italie vous semble-t-elle en mesure de résister durablement aux pressions européennes ? Quels sont ses atouts pour y parvenir ? Pourrait-elle finir, <a href="https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/l-italie-va-quitter-la-zone-euro-predit-joseph-stiglitz-605700.html">ainsi que l'annonçait Joseph Stiglitz en 2016</a>, par sortir de l'euro ?</b></div>
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Les pressions de l’UE ont déjà commencé et pour l’heure le gouvernement ne semble pas prêt à reculer. L’Italie n’est pas la Grèce et les sbires de la finance risquent de se casser les dents. L’Italie, en effet est la deuxième puissance industrielle d’Europe, derrière l’Allemagne, car elle a gardé un tissu industriel dans le Nord mais aussi au Sud. Elle est également une puissance agricole. Elle exporte sa gastronomie, mais aussi son vin. La capitale de la mode et du luxe est autant, si ce n’est plus, Milan que Paris. Et si la dette publique italienne est plus importante que celle de la France, elle est tenue à plus des deux tiers par les Italiens eux-mêmes ce qui donne un sérieux avantage. En outre l’Italie est contributeur net au budget européen. Si on la prive de ses subventions européennes, elle pourra refuser de payer sa contribution et y gagnera et les prétentieux du genre Moscovici auront de bonnes raisons de trembler, cette fois. C’est pourquoi, à la dernière réunion de l’Eurogroupe, le ministre italien Tria a déclaré que l’Italie est forte et qu’il n’était pas question de changer le budget et que le verdict de l’UE lui était indifférent. Même dans les milieux d’affaires, on commence à trouver stupide de vouloir « punir l’Italie » qui a le gouvernement le plus populaire de la zone euro.</div>
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Le gros handicap de l’Italie est la fragilité de son secteur financier, largement passé entre les mains des banques françaises – qui du coup auraient beaucoup à perdre en cas de crise avec l’Italie – et surtout sa démographie. Démographie déclinante et croissance atone sont liées et du coup le chômage reste très important et beaucoup de jeunes s’expatrient. Ce qui aggrave le déclin démographique… Un cercle vicieux duquel il est difficile de sortir sans faire plus d’enfants ou sans faire appel à l’immigration….</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-85621546636363569152018-10-15T06:22:00.001-07:002018-10-15T06:22:14.354-07:00Faut-il s'attendre à une crise financière majeure ? Réponses avec J.M. Naulot<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMeLToGEUS4llIZbXLwtLVep1fqjQ4kB-WMCOsbofk5mCkkbQpZAV4DChjOZG6xncKxg3n__nCdQ7oZ_Aej2N5viyrtYMh0q2JEKAF_P2NdO_r2NtfQ2VGPxBOukyxUMundnDQEhKzengr/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="539" data-original-width="1025" height="168" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMeLToGEUS4llIZbXLwtLVep1fqjQ4kB-WMCOsbofk5mCkkbQpZAV4DChjOZG6xncKxg3n__nCdQ7oZ_Aej2N5viyrtYMh0q2JEKAF_P2NdO_r2NtfQ2VGPxBOukyxUMundnDQEhKzengr/s320/Sans+titre+1.jpg" width="320" /></a></div>
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<b>Jean-Michel Naulot a été banquier pendant 37 ans et membre du Collège de l'autorité des marchés financiers (AMF) de 2003 à 2013. Il est l'auteur de <i>Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien</i> (Seuil, octobre 2013). Son dernier livre s'intitule <i><a href="http://www.seuil.com/ouvrage/eviter-l-effondrement-jean-michel-naulot/9782021340358">Eviter l’effondrement</a></i> (Seuil, 2017). </b></div>
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<b>Dans un récent <a href="http://institutdeslibertes.org/vous-savez-quoi-jai-la-trouille/">billet de blog</a>, l'économiste libéral Charles Gave explique qu'il a « la trouille », et nous conseille d'attacher nos ceintures en prévision d'une crise financière très prochaine. Est-il lucide ou alarmiste ? </b></div>
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Je dois dire qu’en quarante ans de banque, je n’ai jamais vu une période comme celle que nous traversons actuellement ! Depuis quelques mois, tout le monde prévoit une grave crise financière, même d’anciens gouverneurs de banques centrales comme Jacques de Larrosière et Jean-Claude Trichet, même le FMI… Et pourtant sur les marchés on continue de danser ! Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, semble lui-même assez inquiet et maintient un rythme soutenu de hausses de taux pour calmer cet emballement. </div>
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Quand on évoque la valorisation élevée des marchés, on nous répond que la croissance est là grâce à la politique de Trump ! En 1999-2000, certains observateurs constataient également la valorisation très élevée des valeurs internet et on nous expliquait que grâce à la révolution technologique nous entrions dans un monde sans cycles économiques... En 2006-2007, on nous disait que les produits structurés, les fameux <i>subprimes</i>, n’étaient pas dangereux car le prix des maisons montait toujours aux Etats-Unis. Depuis l’élection de Donald Trump, les marchés d’actions américains ont progressé de 40% ! On oublie de dire qu’en apportant une manne fiscale considérable aux entreprises et aux catégories aisées, Trump a creusé de manière spectaculaire le déficit budgétaire, alors même que la Fed est beaucoup moins présente sur le marché de la dette puisqu’elle veut réduire son bilan. Comment expliquer cet aveuglement des opérateurs ? Ils jouent la tendance, comme disent les opérateurs de marchés. La hausse appelle la hausse jusqu’au moment où les marchés chutent comme la pierre. Ce sont toujours les fondamentaux qui reprennent le dessus. </div>
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Nous sortons d’une période de dix ans absolument inédite dans l’histoire économique où les banques centrales du monde entier, des Etats-Unis à la Chine et au Japon, en passant par la zone euro, le Royaume Uni et la Suisse, ont créé de la monnaie comme jamais dans le passé. Cette création monétaire a été réalisée de deux manières par les banques centrales. D’abord, de manière directe avec les politiques de <i>quantitative easing</i> (achat par les banques centrales de dettes publiques et privées, et parfois de produits <i>subprimes</i> et d’actions). Ensuite, de manière indirecte avec le pilotage des taux d’intérêt autour de zéro. Cette politique était justifiée au moment de la crise mais elle devenait absurde deux ou trois ans après, encore plus dix ans après comme cela est encore le cas actuellement en zone euro. </div>
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Lorsque l’on crée trop de monnaie, vous avez êtes sûr que cela se terminera très mal car toute cette monnaie part dans le système financier puisque les besoins de l’économie réelle sont limités. Goethe nous l’avait appris voici deux siècles… Dans son Second Faust, il décrit une scène à la Cour du roi où Méphistophélès, le diable, inonde la Cour de billets de banque, puis tout l’univers… Tout le monde se réjouit, festoie, s’enivre, a le sentiment d’une très grande richesse… jusqu’au moment où les billets de banque se transforment en scarabées ! </div>
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En faisant des recherches sur la période qui a précédé la crise de 1929 pour mon livre, j’ai retrouvé un texte saisissant écrit par le Conseil de la Banque centrale américaine en février 1929 : saisis d’effroi devant la hausse des marchés et par le fait qu’ils n’avaient pas augmenté les taux d’intérêt suffisamment tôt, les membres du Conseil écrivent que l’histoire économique nous apprend que lorsque les liquidités monétaires sont trop abondantes cela se termine toujours dans la dépression. Ce texte a été écrit six mois avant le déclenchement de la crise… </div>
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Les grand responsables de la crise qui arrive ce seront les hommes politiques qui n’ont pas tiré les leçons de ce qui s’est passé en 2008-2009, même s’il y a eu un sursaut temporaire, et les banquiers centraux qui ont fait fonctionner la planche à billets comme jamais dans le passé. J’étais personnellement opposé à l’indépendance de la Banque de France en 1993 car je pense que pour bien conduire une politique économique il vaut mieux tenir les deux manettes entre les mains, la politique budgétaire et la politique monétaire. A l’époque on voulait éviter une création monétaire excessive destinée à financer gratuitement les besoins du Trésor. Avec le recul, je me pose la question : si nous n’avions pas donné l’indépendance aux banques centrales, celles-ci auraient-elles créé davantage de monnaie ? J’en doute ! Même Jacques de Larrosière, ancien banquier central, affirme que les banques centrales sont tombées dans la dépendance des marchés financiers. Il faut absolument corriger les statuts des banques centrales dans le monde occidental en imposant comme premier objectif, avant la maîtrise de l’inflation, la stabilité financière. Dans les années 1920, la Banque centrale américaine disait aussi qu’il ne fallait pas augmenter les taux car l’inflation était sous contrôle. On a vu le résultat ! C’est toujours lorsque les hausses de taux interviennent trop tard que se déclenchent les crises. </div>
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En fait, quand on analyse l’histoire des grandes crises financières systémiques, on constate qu’elles éclatent quand trois facteurs sont réunis : une création monétaire excessive, une dette élevée, une régulation insuffisante. Une hausse des taux qui arrive trop tard fait brutalement prendre conscience aux investisseurs du niveau de la dette. Dans les périodes d’euphorie, les acteurs, ménages, entreprises, établissements financiers, oublient en effet qu’ils sont endettés. Aujourd’hui, ces trois éléments sont réunis. Nous sommes inévitablement à la veille d’une nouvelle crise. </div>
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<b>Les mesures prises après la grande crise de 2008-2009 sont -elle suffisantes ? Les États sont-il mieux armés pour affronter cette crise éventuelle ?</b></div>
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Les mesures prises après la crise de 2008 sont-elles suffisantes ? Certainement pas ! On a amélioré la transparence des marchés financiers et rendu plus robustes les banques mais on n’a pas fait l’essentiel : réduire le déséquilibre entre une sphère financière pléthorique et l’économie réelle. Depuis les années quatre-vingt, l’économie est déstabilisée à intervalles réguliers par les excès de la finance, avec des conséquences terribles dans le domaine social et même dans le domaine politique. Le chômage et la précarité, les inégalités qui sont à des niveaux historiques aux Etats-Unis, la pauvreté, tous ces indicateurs sont au rouge, à des degrés divers, dans le monde occidental. La montée des populismes, c’est-à-dire de la colère populaire, est le miroir des crises financières et de leurs conséquences. Lors de la prochaine crise ce sont les dirigeants politiques qui seront montrés du doigt et non les banquiers, car ils n’auront pas réalisé la feuille de route sur laquelle ils s’étaient engagés, notamment lors du G20 de Londres en avril 2009. A l’époque on parlait de refonder le capitalisme. On en est loin ! </div>
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Si les dirigeants politiques faisaient l’effort de comprendre les enjeux de la finance, d’en connaître les mécanismes, les lignes pourraient peut-être bouger davantage à Bruxelles. Lorsqu’il était en charge des marchés financiers, Michel Barnier avait fait cet effort. Mais aujourd’hui les dirigeants recherchent avant tout le consensus et défendent leurs places financières. Quant au Parlement européen, il est cerné par les lobbies. Jean-Paul Gauzès qui a été un rapporteur remarquable lors de la négociation de la directive sur les <i>hedge funds</i> a dû tenir à l’époque deux cents rendez-vous avec des représentants de lobbies ! Quand on fait le bilan des réformes, on peut considérer que l’on a seulement parcouru, aux Etats-Unis et en Europe, le tiers de la feuille de route des réformes à accomplir. Au lendemain de la crise, on a nommé aux postes-clés des responsables qui ont assuré la continuité alors qu’il fallait une rupture. A la présidence du Conseil de stabilité financière, bras armé du G20, on a par exemple nommé deux anciens de Goldman Sachs, Mario Draghi puis Mark Carney. Obama s’est entouré de tous ceux qui avaient lutté contre l’encadrement de la finance du temps de Clinton. En France, on a tenu un double discours sur la réforme de la finance. Cette timidité dans les réformes après une crise aussi grave est une occasion manquée et nous allons le payer très cher. En trois ou quatre ans, on aurait pu beaucoup mieux encadrer les marchés financiers, réduire les volumes de produits dérivés, limiter les risques des <i>hedge funds</i>, tous domiciliés dans les paradis fiscaux, éviter que les fameux robots du <i>trading</i> à haute fréquence ne représente la moitié des transactions, assurer un meilleur encadrement du <i>shadow banking</i>, qui représente tout de même 47% de la finance mondiale, mieux encadrer les nouveaux produits. L’encours des fonds indiciels est par exemple passé de 700 milliards de dollars en 2007 à 4 500 milliards de dollars aujourd’hui. Or, ces fonds ont un effet d’accélération des tendances. On ne sait quels seront les effets lors de la prochaine crise. De plus, ils prêtent tous leurs titres. A un instant donné, le FMI considère qu’un même titre peut être revendiqué par deux acteurs et demi… Que se passerait-il si tout le monde cliquait en même temps pour récupérer son argent ? Des réformes simples étaient possibles sans risque de déstabiliser les marchés. Il manquait simplement la volonté politique. Lorsque les textes des réformes sont compliqués, c’est parce que les lobbies ont demandé des exemptions… </div>
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A côté de la réforme des marchés financiers, très insuffisante, on a pris à bras le corps le problème des banques qui étaient complètement sous-capitalisées et n’avaient donc pas les moyens de faire face à des turbulences. Mais il s’agit d’une simple remise à niveau. Si les banques étaient à ce point sous-capitalisées en 2008, c’est parce qu’une réforme très néfaste avait été adoptée le 26 juin 2004 à Bâle lors d’une réunion des banquiers centraux réunis sous la présidence de Jean-Claude Trichet. Je l’évoque parce que cette réforme demeure un énorme problème aujourd’hui. Il s’agit de l’allocation des financements bancaires dans le monde. Au cours de cette réunion, on a décidé deux choses. On a d’abord autorisé les banques à calculer elles-mêmes leurs fonds propres réglementaires à partir de modèles internes. On est là à mi-chemin entre régulation et autorégulation… Et on a accepté que les banques divisent les risques déclarés aux régulateurs en fonction de la qualité du risque. Cette réforme a eu trois conséquences. D’abord, la création monétaire a été considérable puisque du jour au lendemain on a pu faire quatre ou cinq fois plus de crédit aux multinationales. En zone euro, en quatre ans, la création monétaire a ainsi augmenté de 40% ! Ensuite, cela a aggravé les inégalités dans la distribution du crédit. Enfin, cela a donné immédiatement un pouvoir considérable aux agences de notation puisque la division des risques dépendait de la note attribuée. Jusque-là, la mission des agences de notation était de conseiller les investisseurs, pas de devenir un des régulateurs bancaires. Les conséquences de cette réforme ont été immenses. Quel dirigeant politique s’y est intéressé à cette époque ? Aucun ! Le Comité de Bâle, mesurant probablement les erreurs passées, a voulu réformer ce système à la marge en 2017. Il s’est heurté à une levée de boucliers de la part des banquiers centraux. La réforme adoptée est minime et elle sera applicable… en 2028 ! </div>
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Les banquiers centraux ont également fait un véritable tir de barrage contre la réforme que Michel Barnier avait proposée en février 2015 et qui a été abandonnée l’année dernière. Cette réforme avait un double objectif : interdire les activités spéculatives des banques, ce qui aurait eu un effet dissuasif, et filialiser les activités les plus risquées, notamment certains produits dérivés, ce qui aurait eu pour effet de les rendre plus coûteux et de réduire ainsi les volumes traités par les banques. Bien sûr, cela se serait traduit par une baisse de rentabilité pour les banques, mais il faut savoir ce que l’on veut. Il s’échange tous les quinze jours l’équivalent du PIB mondial sur les marchés de produits dérivés et 90% d’entre eux sont traités entre établissements financiers et non pas avec des entreprises… C’est encore une fois le problème de l’hypertrophie de la finance que l’on refuse d’aborder. </div>
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Les Etats sont-ils aujourd’hui mieux armés pour affronter une crise systémique ? C’est peu probable. Les banques centrales ont des marges de manœuvre plus faibles qu’en 2008. Aux Etats-Unis, la Fed a une petite marge pour baisser ses taux mais en zone euro, au Royaume Uni et au Japon les marges de manœuvre sont nulles. On a même encore des taux négatifs en Allemagne ce qui n’a aucun sens et irrite profondément, et à juste titre, les épargnants allemands. De toute façon, on ne peut continuer indéfiniment cette fuite en avant dans la création monétaire. S’il suffisait de créer de la monnaie pour effacer les cycles, on le saurait depuis longtemps. Cela ne peut que mal finir. </div>
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Les gouvernements ont-ils, eux, des marges de manœuvre ? La dette publique mondiale est passée de 70% du PIB en 2000 à 107% en 2017, tout près du record historique atteint pendant la Seconde Guerre mondiale. On voit mal comment les gouvernements se lanceraient à nouveau dans une relance keynésienne. Cette dette n’est pas due pour l’essentiel à une mauvaise gestion des deniers publics. Elle s’explique en grande partie par les crises financières des trente dernières années. Il y a un lien direct, une corrélation parfaite, entre la dette et les crises. Lorsqu’une crise financière éclate, on augmente les dépenses publiques pour soutenir la demande et lutter contre le chômage, les déficits publics se creusent et les dettes publiques augmentent. On baisse également les taux d’intérêt pour redonner confiance aux investisseurs et, après quelques années, les dettes privées des ménages, des entreprises, des institutions financières, recommencent à augmenter... Et une nouvelle crise survient du fait de l’excès d’endettement, ce qui exige relance keynésienne et taux zéro… Il existe une étroite corrélation, diabolique, entre les crises financières et l’endettement. Si on ne s’attaque pas au cœur du capitalisme financier pour tenter de renouer avec le capitalisme industriel, les déséquilibres ne cesseront de s’aggraver.</div>
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<b>Les banques centrales, en particulier la BCE, a vu la taille de son bilan croître de manière considérable pour avoir racheté en très grande quantité des titres de dette des États membre de la zone euro. Cela est-il dangereux ?</b> </div>
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L’augmentation des bilans des banques centrales est un fait entièrement nouveau. On est donc dans un univers inconnu. Pour prendre l’exemple de la plus grande banque centrale, la Fed, son bilan représentait entre 4 et 5% du PIB américain depuis la Seconde Guerre mondiale. Actuellement, il représente 22% du PIB. Les autorités monétaires américaines considèrent donc qu’il est urgent de réduire ce bilan. Il en va, estiment-elles, de la crédibilité de la banque centrale. Warren Buffett adit un jour que la Fed devenait un « <i>hedge fund </i>» ! En zone euro, le bilan de la BCE représente plus de 40% du PIB, au Japon plus de 90%, en Suisse plus de 100%. En Suisse, le bilan de la Banque centrale est même constitué à hauteur de 20% d’actions… Elle achète toute sorte d’actifs en devises pour lutter contre la réévaluation du franc suisse alors que dans le même temps le gouvernement suisse pratique une politique d’excédents budgétaires qui a pour effet de réévaluer le franc suisse ! De l’indépendance des banques centrales… ! </div>
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En zone euro, la BCE est un animal assez particulier : en cas de pertes significatives, par exemple à la suite de la défaillance d’un pays de la zone qui engendrerait des pertes importantes, il faudrait l’unanimité des 19 Etats pour augmenter le capital. C’est un petit talon d’Achille. Les achats de titres de la BCE ont donc a fortiori une limite. La politique de <i>quantitative easing</i> va prendre fin et ne pourrait être réactivée que de manière limitée en cas de crise. En réalité, pour sauver l’euro en 2012, Mario Draghi a procédé en deux étapes. Il s’est d’abord appuyé sur les banques de la zone euro en leur prêtant massivement à taux zéro ce qui leur a permis d’acheter de la dette publique. A partir de 2015, il a lui-même procédé à des achats massifs. Plus exactement, il a demandé aux banques centrales nationales de la zone euro d’acheter des dettes publiques. Ce faisant, il a donné un sacré coup de canif dans les traités européens qui interdisaient depuis l’origine à la Banque centrale de financer les Etats. Le résultat de cette politique de la BCE, c’est qu’aujourd’hui les banques détiennent 17% de la dette publique, au lieu de 3% aux Etats-Unis, et les banques centrales 21% au lieu de 12% aux Etats-Unis. Le système bancaire européen est gorgé de dettes publiques (38% des dettes au lieu de 15% aux Etats-Unis). Dans le même temps, avec l’Union bancaire, on prétend que l’on a coupé le lien entre les banques et les Etats ! En réalité, nous avons créé une gigantesque bulle obligataire en zone euro dont une large partie est entre les mains du système bancaire. </div>
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<b>La Deutche Bank allemande, les banques italiennes sont, on le sait, très fragiles. Peut-on imaginer que l'une de ces banques s'effondre, comme le fit en son temps Lehman Brothers ? </b></div>
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Je suis dans l’incapacité de vous répondre sur la Deutsche Bank dont je ne connais pas la situation et, même si je la connaissais, je m’abstiendrais de contribuer à diffuser des rumeurs contre lesquelles j’ai lutté comme régulateur ! Quant aux banques italiennes, les chiffres sont connus : elles détiennent des montants très importants de dettes publiques nationales et entre 250 milliards et 300 milliards d’euros de créances douteuses. Une hausse des taux durable aurait des effets calamiteux sur leurs résultats. Elle engendrerait des pertes sur les encours de dettes publiques et une détérioration de la qualité des créances douteuses. </div>
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Pour répondre de manière plus générale à votre question, je ne crois pas, mais je peux naturellement me tromper, à la répétition de Lehman, à savoir la faillite d’un grand établissement. Le 15 septembre 2008, la décision de laisser tomber Lehman a été désastreuse. Du jour au lendemain, tout s’est arrêté dans la finance. Les banques ne prêtaient plus, craignant de ne jamais être remboursées et surtout de ne plus pouvoir se financer. L’impact sur l’économie réelle a été immédiat. Derrière le discours très moralisateur tenu à l’époque par les autorités américaines et par un certain nombre de banquiers aux Etats-Unis et en Europe, à savoir « il faut faire un exemple », il y avait en réalité un discours qui l’était beaucoup moins : « il faut faire tomber un concurrent » ! C’était une folie. De fins observateurs ont remarqué que le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, avait fait toute sa carrière chez Goldman Sachs et qu’il en avait été président pendant huit ans. Les mêmes ont également observé que le lendemain de la chute de Lehman, il décidera cette fois de sauver AIG en apportant 180 milliards de dollars. Or, Goldman Sachs avait des engagements très importants sur AIG. Grâce à cet apport, AIG fera un chèque de 12 milliards de dollars à Goldman Sachs quelques mois plus tard ce qui évitera à cette banque d’être en grande difficulté… </div>
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Ce qu’il faut dans de telles crises, c’est être efficace, agir très vite et à bon escient en évitant les effets de contagion. En 1998, quand le <i>hedge fund</i> LTCM fait trembler la planète parce qu’il avait des positions perdantes dans les marchés à hauteur de 125 milliards de dollars alors qu’il ne gérait que 4 milliards de fonds, en un weekend le gouvernement américain a imposé aux banques qui travaillaient avec LTCM d’apporter de l’argent pour sauver le fonds. On a évité une catastrophe mondiale. En mars 2008, le gouvernement américain a apporté son concours à la banque d’affaires Bear Stearns en organisant son sauvetage par JP Morgan. Demain, si la Deutsche Bank rencontre de graves difficultés, Madame Merkel pilotera elle-même le dossier avec la BCE ! Elle fera tout pour organiser son sauvetage. On ne laisse pas tomber une banque qui emploie 100 000 personnes et qui joue un rôle décisif dans l’accompagnement de l’industrie allemande. Les textes très précis de l’Union bancaire sur la gestion des cas de banques en difficulté sont de ce point de vue de bonnes résolutions qui voleront en éclat au moment de la crise. </div>
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Les Américains ont été de ce point de vue plus prudents dans la rédaction de leurs textes réglementaires en laissant une grande souplesse dans les démarches à entreprendre. Les cas difficiles seront toujours traités par le Secrétaire au Trésor, le Président de la Fed et les autorités de régulation, avec un apport financier de l’Etat si nécessaire. C’est triste à dire car on a promis aux citoyens de ne plus les mettre à contribution mais on ne doit pas se voiler la face. Madame Janet Yellen a elle-même déclaré voici deux ou trois ans qu’il est prématuré de dire que les fonds publics ne seront plus utilisés pour sauver une banque en cas de crise. Après chaque crise financière depuis 1929, les dirigeants politiques déclarent que désormais le recours aux fonds publics est terminé pour sauver un établissement et leurs propos sont démentis avec l’arrivée de la crise suivante… A cet égard, la disposition prise dans le cas de l’Union bancaire pour faire appel aux déposants au-delà de 100 000 euros en cas de crise d’un établissement est, me semble-t-il, très dangereuse : en cas de rumeur sérieuse sur un établissement les déposants risquent de s’envoler comme des moineaux, accélérant les difficultés de cet établissement. On l’a vu dans le cas récent de Banco Popular : 20% des dépôts ont quitté la banque en trois ou quatre jours avant le rachat par Santander… </div>
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<b>L'euro peut-il ne pas survivre à une crise financière d'ampleur ? </b></div>
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Crise financière internationale ou non, il est clair que l’euro peut disparaître. C’est ce qui a failli se produire en 2010 et, à l’époque, cela se serait passé dans des conditions dramatiques car toutes les banques de la zone euro détenaient des stocks considérables de dettes publiques d’autres Etats de la zone. On leur avait expliqué pendant dix ans que désormais une dette grecque, espagnole ou allemande, c’était pareil ! Le système financier européen aurait implosé. Chat échaudé craint l’eau froide… Par conséquent, les banques de la zone euro n’écoutent plus ceux qui continuent à tenir ce discours aujourd’hui. Elles détiennent de la dette publique mais essentiellement nationale. C’est ce que l’on appelle la fragmentation des marchés. Les autorités monétaires le déplorent mais c’est une bonne gestion du risque et une implosion de l’euro serait ainsi moins dramatique. </div>
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Mario Draghi qui déclarait autrefois que l’euro était « irréversible » reconnaît lui-même que ce n’est plus le cas. En réponse à une question de deux parlementaires italiens en janvier 2017, il a commencé sa réponse par « Si l’Italie se retire de l’euro… ». Certains dirigeants politiques, et parfois certaines agences de notation, cherchent toutefois à faire peur en agitant la menace d’une forte augmentation de la dette en cas de sortie de l’euro. Ils laissent planer le doute sur l’application de la <i>Lex Monetae </i>qui dit qu’en matière monétaire ce sont les décisions nationales qui s’appliquent aux investisseurs. Tout Etat est libre de changer de monnaie et de rembourser sa dette dans sa nouvelle monnaie. Le Code monétaire et financier affirme, à son article premier, que « La monnaie de la France est l’euro ». L’euro n’est pas une devise étrangère, c’est la monnaie de chaque pays. Si l’Italie sort de l’euro, elle remboursera sa dette en lires avec un montant inchangé, quel que soit le montant de la dévaluation. Il ne faut pas faire de l’euro un enjeu politique et raconter n’importe quoi. Il faut raisonner en termes de droit international et en termes économiques. </div>
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Or, vingt ans après la création de l’euro, le bilan économique est très négatif : croissance européenne moitié moindre que la croissance américaine, désindustrialisation de certains pays, inégalités spectaculaires entre pays du Nord et pays du Sud, tensions entre dirigeants très fortes, notamment du fait de la domination allemande sur l’économie et les institutions. L’euro attise les divisions au lieu de faire avancer l’Europe. La morphine monétaire a permis provisoirement de fermer les yeux sur une crise qui peut à tout moment de se réveiller, comme un volcan en sommeil. </div>
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Pour que l’euro soit un succès, il fallait deux choses : que les politiques convergent, notamment dans les domaines social et fiscal, et qu’il existe une solidarité financière entre l’Allemagne, grande bénéficiaire de l’euro, et les autres pays. Or, sur ces deux points, nous en sommes au degré zéro et l’Allemagne affirme de plus en plus nettement qu’elle ne veut pas payer. Les fondateurs du Traité ont fait le pari que les peuples de la zone euro basculeraient très vite dans le fédéralisme. Ce n’est pas vraiment ce qui se passe ! Imagine-t-on les Etats-Unis sans transferts financiers entre régions ? Jean Tirole, qui est favorable à l’euro, estime qu’il faudrait que les transferts financiers représentent environ 20% du PIB de la zone ! Tous les dysfonctionnements annoncés par les économistes qui doutaient des avancées fédérales avant la création de l’euro se produisent : mouvements des capitaux en direction des zones les plus attractives sur le plan fiscal et sur le plan des coûts de production et de la tradition industrielle, monnaie sous-évaluée pour certains pays (de 15% pour l’Allemagne selon le FMI) et surévaluée pour d’autres (de 12% pour la France), déséquilibres des paiements courants (en vingt ans l’Allemagne est passée de l’équilibre à un excédent de 8% du PIB), désindustrialisation (production industrielle : -10% en France en depuis 2000, + 35% en Allemagne), émigration des jeunes du Sud vers le Nord. Économiquement, socialement et politiquement, cette évolution est explosive. La fuite des capitaux du Sud vers le Nord s’accélère même depuis deux ou trois ans, surtout depuis la crise politique italienne, comme le montrent les soldes du système de paiements de la zone euro Target2 : la Banque centrale allemande prête plus de 900 milliards d’euros aux pays du Sud, la Banque centrale italienne emprunte près de 500 milliards d’euros. </div>
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Quant au système bancaire européen, il détient, banques centrales et banques confondues, 40% de la dette publique de la zone afin de tenter de maintenir des taux proches de zéro dans l’ensemble des pays de la zone. Il est difficile d’aller beaucoup plus loin. Dans ces conditions, la fragilité de la zone euro est considérable et la survie de cette monnaie n’est pas du tout assurée en cas de crise financière internationale grave. On peut aussi, dans un rêve, imaginer que cette crise ait pour effet de resserrer les rangs en Europe, de provoquer une prise de conscience et de déclencher enfin un réflexe de solidarité financière et fiscale... Je crains que ce ne soit un rêve de plus ! </div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-44289742416964481782018-10-10T02:56:00.001-07:002018-10-10T02:56:13.289-07:00Où en est l'Allemagne après Chemnitz ? Réponses avec M. Pouydesseau<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiU99lZU_x1XJh2PzMgpv-Bt-UKj158Nl6_zVrdRDfMABs4JAHETRZUCXzA1Hs1tAtdvntZ199iP8Vac11jbzWck3GLFiFoLc3Fz1WX59HDNiKd8zm4xrB7EHHYQ7tKma8PXb_tyU2FlnUL/s1600/merkel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="330" data-original-width="450" height="234" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiU99lZU_x1XJh2PzMgpv-Bt-UKj158Nl6_zVrdRDfMABs4JAHETRZUCXzA1Hs1tAtdvntZ199iP8Vac11jbzWck3GLFiFoLc3Fz1WX59HDNiKd8zm4xrB7EHHYQ7tKma8PXb_tyU2FlnUL/s320/merkel.jpg" width="320" /></a></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b>Mathieu Pouydesseau vit et travaille en Allemagne depuis 18 ans et espère obtenir prochainement la nationalité de ce pays. Il est diplômé de l'IEP de Bordeaux et en Histoire, et travaille dans l'informatique. Longtemps fédéraliste européen, il fut un temps au Conseil national du Parti socialiste français, et est actuellement engagé au SPD allemand. Il s'exprime donc ici en tant qu'observateur de l'Allemagne connaissant à la fois le tissu économique et les structures politiques du pays.</b></span></div>
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<b>En Allemagne, à Chemnitz puis dans la petite ville de Köthen, on a vu se produire plusieurs manifestations d’extrême-droite suite au meurtre d'un jeune homme imputé à des migrants. Que se passe-t-il outre-Rhin? La situation peut-être devenir hors de contrôle ?</b></div>
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Il faut se rappeler que lorsqu'on a redonné sa souveraineté à l'Allemagne après la guerre, on l'a fait avec beaucoup de précautions. Tant en RFA qu’en RDA on écrivit dans la Constitution l’obligation de combattre les idéologies issues de l’extrême-droite. Dès que l’extrême-droite donnait des signes de renouveau, les chancelleries réagissaient. Au milieu des années 80, les « Républicains » (Die Republikaner), menés par un ancien Waffen SS, remportèrent des sièges dans des parlements régionaux de l'Ouest. Les autres pays firent les gros yeux, menaçant l'Allemagne de ne pas être accommodants sur certaines de ses revendications en Europe si elle ne maîtrisait pas le problème. Pendant le processus de réunification, on fit également les gros yeux lorsque des ratonnades aboutirent à la mort de migrants en ex-RDA, à Rostock par exemple.</div>
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Mais après la création du marché commun puis de marché et de la monnaie uniques, le choix fut progressivement fait de ne plus surveiller l'Allemagne. En Allemagne, le travail sur la mémoire n’a pas empêché, selon le travail fascinant de Harald Welzer, de disculper « Papi qui n’était pas nazi ». En France, entre 2000 et 2015, toute évocation de la résurgence de l’extrême-droite allemande était rejetée comme « germanophobe » ou relativisé par la comparaison des scores de l’extrême-droite française. Dans nos deux pays, il y a eu un processus dissociant l’Allemagne de la guerre de l’Allemagne actuelle.</div>
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Pourtant, des signes d’un tsunami en devenir étaient visibles. Dans la décennie 2002-2012, le NPD remporta des succès électoraux en étant ouvertement sympathisant du neonazisme. Une procédure d’interdiction échoua parce que l’imbrication des services secrets allemands dans la direction était telle qu’il était impossible de déterminer si les actes illégaux reprochés étaient issus du NPD, ou provoqués par les agents infiltrés des services secrets, indicateurs ou agents, placés jusqu’à la direction nationale du NPD. </div>
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Ces succès du NPD coïncident avec deux autres événements. En 2006, c’est la coupe du monde de football en Allemagne, où les Allemands issus de générations sans connexion directe à 1933-1945, découvrent la joie de fêter leur équipe nationale, leur drapeau, leur fierté innocente d’être Allemands. La même année, la presse s’interroge sur une mystérieuse « d'infirmière fantôme » tueuse de la mafia turque, qui aurait assassinée une demi douzaines de petits commerçants d’origine turque et grecque, et posé une bombe dans un quartier d’immigration de Cologne, faisant 200 blessés. Ce n’est qu’en novembre 2011 que l’on découvrira que ces meurtres n’étaient en rien liés à « la mafia turque », construction raciste n’existant que dans l’esprit des enquêteurs allemands, mais à un groupe terroriste néonazi, la NSU, qui filmait ses actes et diffusait ses vidéos de propagande dans les réseaux clandestins de l’extrême droite allemande. Neuf migrants et une policière furent ainsi assassinés. Dès la découverte, fortuite, de cette cellule terroriste, les services secrets allemands engagèrent immédiatement ... la destruction complète de leurs archives concernant les membres de ce groupe... </div>
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L'année 2011 marque aussi une césure dans le recensement des actes de violence de l’extrême-droite en Allemagne. A partir de cette date, le nombre d’actes de violence motivée par l’extrême-droite va doubler chaque année dans l’indifférence générale, jusqu’à atteindre plus de 2000 actes, soit 10 fois plus que l’extrême-gauche et 25 fois plus que les islamistes, chaque année. Cependant, la médiatisation est modérée. L’attention des politiques comme des services secrets se porte sur l’islamisme et sur l’ultra-gauchisme après les manifestations contre les réunions du G8 en 2007 dans la campagne du Mecklembourg, puis du G20 en 2017 à Hambourg. Dans le même temps, l’attrait électoral pour l’extrême-droite croit selon un modèle très simple à suivre : d’abord, l’électeur perd confiance dans les institutions démocratiques et passe par une phase apathique d’abstention. Ensuite, dans certaines régions, un parti alibi sert à rompre des résistances profondes dans le comportement électoral. C’est ainsi que l’ovni politique du Parti Pirate devient le réceptacle d’une poussée populiste non cristallisée, faisant des scores entre 6 et 15% des voix et entrant dans 9 parlements régionaux. Partout où les Pirates sont forts - et cela s’observe jusqu’au niveau des bureaux de vote - le NPD est faible. Mais les Pirates étaient un feu de paille et n'ont existé qu'entre 2011 et 2013.</div>
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A partir de 2013, un nouveau parti en Allemagne est prêt à recueillir les braises dans le foyer, l'AfD, qui, de parti élitaire anti-euro, se transforme peu à peu en synthèse allemande de l'UKIP britannique, du FN et de la Lega italienne. Aujourd’hui, les sondages donnent l'AfD à égalité avec le SPD à 17%, et des dirigeants de la droite parlementaire évoquent des alliances avec elle.</div>
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Les émeutes de Chemnitz n'arrivent donc pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elles instrumentalisent la question des réfugiés, devenue critique dans l’opinion allemande après septembre 2015, mais la genèse est ancienne. D’ailleurs, le cadre théorique et idéologique d'un parti islamophobe tel Pegida, a été posé dès 2008 par ... un ancien dirigeant du SPD, Thilo Sarrazin, ancien responsable des finances de la ville de Berlin, puis membre du directoire de la Bundesbank, dès la publication de son livre « L’Allemagne s’auto-dissous », suivi depuis par un livre tous les 18 mois. </div>
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Les émeutes de Chemnitz furent extrêmement bien préparées. Déjà, en 2017, la fachosphere de Saxe avait lancé des rumeurs d’agressions de femmes allemandes par des migrants en marge de la fête populaire de la ville mais la campagne n’avait pas pris. Dans la préparation de la fête de Chemnitz de 2018, les associations de lutte contre le racisme prévoyaient une nouvelle action des réseaux clandestins de l’extrême-droite, sans cependant pouvoir prédire le fait divers dramatique à son origine – dans une rixe à 3h du matin un réfugié tue d’un coup de couteau un germano-cubain - ni son exploitation politique. Depuis, le procureur fédéral d'Allemagne a annoncé fin septembre le démantèlement d’une cellule terroriste néonazie planifiant des meurtres de réfugiés et d’élus de gauche. Ce groupe a utilisé les manifestations de Chemnitz pour tester ses modes opératoires en vue d’enlever et d’assassiner des réfugiés. Il a été démantelé alors qu’il se procurait un arsenal pour passer aux assassinats.</div>
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Ne nous leurrons pas : le rejet de l’islam par Pegida sert de cache-nez à la résurgence d’idéologies très allemandes. A Chemnitz, un restaurant casher au nom hébraïque a été ravagé par une foule criant « Judensau raus » - (porcs de Juifs dehors). A Dortmund, dans deux défilés néonazis, l’un des slogans était « qui aime l‘Allemagne est antisémite ». On le voit, il n’y a pas d’ambiguïté ni de détour par une rhétorique anti-Israël. C’est de l’antisémitisme pur, recyclant les mots mêmes du nazisme.</div>
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Un dernier groupe de la malheureusement très importante fachosphère allemande mérite d’être mentionné : ce sont les « Reichsbürger » ou « Citoyens de l'Empire ». Ces derniers refusent toute légitimité institutionnelle à la République fédérale, considérant que l'Empire n’a pas été dissous de manière légale en 1918. Ils battent leur propre monnaie, arborent leur drapeau, refusent de payer l’impôt ou de reconnaître l’autorité légitime de la police. Cela peut paraître folklorique mais ils sont armés et ont tué plusieurs policiers ces dernières années, et la dernière estimation publiée évalue leur nombre à ... 50 000.</div>
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L'Europe a décidé en toute conscience de fermer les yeux et de faire confiance à l'Allemagne pour étouffer ces vieux démons. Elle a tort : l'Allemagne doit être surveillée et rappelée à ses devoirs particuliers. Malheureusement, l’idéologie de « l'Europe, source de paix », dénuée de fondement, est aussi construite sur l’idée d’une Allemagne enfin démocratique et apaisée au cœur de l'Europe. Dénoncer son extrême-droite est suspect de « germanophobie ». C’est mal. C’est ce qui explique l’effet de surprise et de sidération en France. Mais le phénomène de la montée de ces nouvelles extrême-droites était visible et prévisible. D’ailleurs, à mon humble niveau, je l’annonçais et la dénonçais déjà il y a dix ans.</div>
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Alors est-ce que ces mouvements sont de nature à renverser l’ordre constitutionnel allemand ? Non. Pas encore. Mais l‘Allemagne ne va pas s’en sortir seule, et doit comprendre qu’il est important pour ses partenaires qu’elle agisse enfin.</div>
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<b>Köthen se situe dans le Land de Saxe-Anhalt et Chemnitz en Saxe. La Saxe est également le lieu de naissance du mouvement Pegida, et l'ex Allemagne de l'Est est l'endroit où le parti AfD réalise ses meilleurs scores électoraux. La Réunification allemande est-elle inachevée, <a href="http://l-arene-nue.blogspot.com/2017/10/v-giacche-vingt-sept-ans-apres.html">ainsi que l'écrit le sociologue Italien Vladimiro Giacche</a> ?</b></div>
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Lorsque je suis arrivé en Allemagne, le premier livre dédicacé qu'on m'a offert était un recueil d’articles et de discours de Wolfgang Thierse, ancien fondateur du SPD de l'Est, puis président du Bundestag entre 1998 et 2005. Ce livre s’appelle « Parler de sa propre voix » et décrit le processus extrêmement violent et traumatisant d’une réunification vécue comme une colonisation par l'Ouest. Certains parlent même aujourd’hui d’une « annexion », et si le terme peut paraître exagéré en droit, il décrit pourtant le ressenti de nombreux allemands de l'Est. D’ailleurs, cette souffrance reste un thème d’actualité, qui, à l’occasion de la fête de la Réunification de cette année, a même trouvé son chemin dans des discours d’hommes politiques conservateurs de l‘Ouest.</div>
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Dans les mois ayant précédé la Réunification, Helmut Kohl a prononcé une phrase essentielle : il a promis à la RDA, qui menait ses premières élections libres, « des paysages florissants » et une prospérité sans égale. Vingt-huit ans après, la réalité est bien différente. Près de trois millions d’Allemands de l'Est ont migré vers l'Ouest, vidant les campagnes et les villes moyennes. Les régions les plus pauvres d‘Allemagne, les cantons aux salaires les plus faibles sont à l'Est. Le nombre des foyers dépendant du minimum social appelé « Harz 4 » est deux fois plus important qu’en Bavière. Le centre des villes dynamiques de l'Est - Dresde, Leipzig, Iéna - voient arriver de nombreux cadres de l’Ouest qui achètent des biens immobiliers pas chers et travaillant en semaine à Berlin, Nuremberg où Munich.</div>
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Cependant, si l'AfD fait 22% en Saxe, elle atteint aussi ce score dans certains coins de l'Ouest, par exemple en Rhénanie, dans certaines villes autrefois bastion du SPD. Si les émeutes en Saxe ont défrayé la chronique, deux cortèges de néonazis criant « qui aime l'Allemagne est antisémite » ont pu défiler le même jour à Dortmund avec une police dépassée incapable de mettre fin à ce trouble à l’ordre public. C'est en partie lié à la crise sociale, qui touche aussi l'Ouest. Il y a beaucoup de contradictions dans une société qui se vante de sa croissance, de son équilibre budgétaire, de son plein emploi, de ses excédents commerciaux, mais qui est incapable d’expliquer à 40% de sa population pourquoi son pouvoir d’achat est inférieur à ce qu'il était en 1996, pourquoi 17% d'Allemands vivent sous le seuil de pauvreté, pourquoi les inégalités de patrimoine ont retrouvé le niveau de ... 1910.</div>
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Ces fractures, avec 40% de personnes qui souffrent, 30% qui jouissent et 30% qui ont peur de souffrir tout en rêvant de jouir, expliquent d’ailleurs le vote des législatives de septembre 2017, qui a ététoutes les analyses en catégories socioprofessionnelles ou en niveau de revenu le démontrent, un vote de classes. Les 40% qui souffrent ont majoritairement voté Die Linke ou AfD, les 30% qui vont bien ont voté Libéraux et Verts, et les 30% d’inquiets, dont beaucoup de retraités, CDU et SPD.</div>
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Ce qui est vraiment inquiétant, c’est la perte de confiance dans l’ordre démocratique comme ordre garantissant la prospérité du plus grand nombre, et l’échec tant de l’économie sociale de marché des conservateurs, que de la social-démocratie de marché du SPD.</div>
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<b>Il semble que la situation échappe peu à peu à une Angela Merkel de plus en plus fragilisée. Est-il possible que la chancelière ne termine pas son mandat ? Qu'est-ce qui pourrait venir ensuite ?</b></div>
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J’ai parié en février 2018 que Merkel ne serait plus chancelière fin octobre, après les élections régionales en Bavière. Ça se rapproche, et elle a déjà failli chuter à deux reprises en juin et en septembre, après avoir eu besoin de six mois pour former un gouvernement après les élections de septembre 2017.</div>
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C’est là où le concept de « Weimarisation » de la vie politique européenne que je développe depuis cinq ans trouve sa confirmation. La « Grande coalition » ne pèse plus que 56% des électeurs. Elle en pesait 70% il y a onze ans. Dans les sondages récents, elle ne serait même plus capable de constituer une majorité parlementaire à 44%. Si le SPD semble avoir atteint un plancher à 16%, la droite - constituée de deux partis, la CDU de Merkel et la CSU en Bavière - s’est encore effondrée et a enregistré son plus mauvais score dans un sondage depuis ... 1949 : à 27% des intentions de vote.</div>
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Merkel voit également sa popularité s’effondrer. Les observateurs constatent d’ailleurs son impuissance croissante au sein même de son cabinet, de sa propre majorité. La semaine dernière, le groupe parlementaire CDU-CSU devait élire son président de groupe. L'homme de confiance de Merkel, qui occupait la fonction depuis treize ans, a été battu par un député quasiment inconnu et ne disposant d’aucun appui d'importance dans la hiérarchie des deux partis. La candidature « de témoignage » de Brinkhaus a rassemblé plus de trente députés de plus que l’homme de Merkel.Cette dernière n’est donc même pas majoritaire au sein de son groupe. Paradoxalement, à l’heure actuelle, le groupe parlementaire le plus soucieux de faire durer la chancelière est ... le SPD !</div>
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Tout cela survient après deux crises initiées par le ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, également président de la CSU bavaroise. Les deux crises ont eu pour toile de fond la politique migratoire, notamment la gestion de l’ouverture des frontières irresponsable car complètement improvisée, en septembre 2015. Depuis cette date, Seehofer est sans cesse en opposition à la chancelière. En mars 2018, elle a accepté qu’il entre dans le cabinet de la nouvelle Grande coalition en espérant ainsi le contrôler. C’est l’inverse qui se produit : il sape autant qu’il peut son autorité.</div>
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Le 14 octobre auront lieu les élections régionales de Bavière. La CSU pourrait perdre sa majorité absolue, voire devoir s’allier à un ennemi - idéologique autant que de classe-, les écologistes, montés à 18%. La CSU a déjà laissé entendre à quoi elle imputerait un éventuel désastre : c’est la politique nationale. Merkel tentera sans doute de faire sauter le fusible Seehofer, mais il est probable que l’aile conservatrice de la CDU, menée par le ministre de la Santé Jens Spahn, lance une offensive avec la CSU contre la chancelière.</div>
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Le 28 octobre, la région de Hesse, un bastion de la CDU, votera à son tour. Le président sortant, le très conservateur Bouffier, gère avec ... les Verts. En cas de défaite ( là non plus les sondages ne sont pas bons) il pourrait, vu son âge, servir de chancelier de rechange et de transition. Ça laisserait le temps de choisir à quel moment revenir devant les électeurs et avec quel leader de la droite de long terme. En effet, une chute éventuelle de Merkel ne signifie pas forcément de nouvelles élections car il existe d'autres options institutionnelles. En 1982, lorsque Helmut Schmidt a perdu un vote de confiance suite au ralliement de son partenaire de coalition à l’opposition, Helmut Kohl devint par exemple chancelier sans élection. Wolfgang Schauble, aujourd'hui président du Bundestag, a également évoqué la possibilité d’un gouvernement minoritaire de droite au cas où le SPD quittait la coalition. En tout état de cause, Merkel a compris que la bataille de succession occupe tout le monde dans son camp. Elle espère encore pouvoir l’organiser elle-même. Elle a en notamment intronisé une possible dauphine (Annette Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, ancienne présidente de la région de Sarre et secrétaire générale de la CDU), et souhaite se présenter en décembre à la présidence de la CDU sans doute pour être maîtresse du rythme de son éviction. Toutefois, l’aile droite de son parti lui a déjà demandé de renoncer à se présenter....</div>
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L'une des conséquences de tout cela, c’est que depuis septembre 2017, l'Allemagne s’occupe de son nombril. Toute initiative française pour relancer « le moteur franco-allemand » en Europe est ainsi assimilable à vouloir faire du vélo en tandem avec un invalide. L'attitude française témoigne d’ailleurs d'une profonde méconnaissance de l'Allemagne, qui n'est pas en mesure et ne désire pas aller plus loin dans la voie de l'intégration européenne.</div>
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<b>La presse française s'applique à décrire la fondation d'une nouvelle gauche qu'elle qualifie « d'anti- migrants ». Son chef de file serait la députée Sahra Wagenknecht, qui vient de fonder « Aufstehen » . Que vous en semble ?</b></div>
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C’est de la propagande pure et simple, qui vise à limiter le paysage politique européen à deux forces antagonistes uniquement : d'un part un populisme nationaliste et xénophobe liant la critique sociale à un discours de bouc émissaire, d'autre part un néolibéralisme décomplexé exprimant les intérêts de classes supérieures désireuses d'assumer sans entrave leur domination économique, culturelle et sociale, au détriment des autres groupes sociaux et économiques au nom de leur supériorité morale. On souhaite évacuer l'existence d'une troisième option : une gauche radicale renouvelant sa critique du capitalisme financier et des excès du néolibéralisme européen à la lumière des évolutions réelles des deux dernières décennies.</div>
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La biographie de Sahra Wagenknecht rend peu crédible le fait qu'elle soit « anti-migrants », car elle est binationale (allemande et iranienne). Au delà de ça, le texte de son mouvement ne parle quasiment pas de migration. Et quand il en est question, voilà mot pou mot ce qui est proposé : « Aide aux personnes dans le besoin : garantir le droit d'asile aux personnes persécutées, arrêter les exportations d'armes vers les zones de tension et mettre fin aux pratiques commerciales déloyales, aider les réfugiés de guerre et climatiques, lutter contre la pauvreté, la faim et la misère sur le terrain et créer des perspectives dans les pays d'origine ». Ce que Aufstehen met bien en cause en revanche, ce sont les mécanismes de concurrence salariale au sein de l'Union Européenne, dont l’un des instruments est la libre circulation des personnes dans un espace de sous-investissement dramatique et de chômage de masse.</div>
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Aufstehen est un danger évident pour les autres formations politiques. En effet, 35% des Allemands sont intéressés par ce mouvement d’après un sondage du magazine Focus d’août 2018. Par ailleurs, le mouvement revendique déjà plus de 150 000 inscrits sur sa plate-forme en un mois d’existence. Le niveau de calomnie va donc augmenter au fur et à mesure qu'il montera en puissance.</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-56521051610327826622018-10-04T07:45:00.004-07:002018-10-05T07:35:01.977-07:00« S'échiner à faire baisser la dette publique n’a aucun intérêt. Un monde sans dette n’existe pas ! » entretien avec Bruno Tinel<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje2m_dE8qhPoZI4Ex9mZJ00_UrcmUhg-UwDNtyKPd6vZ4BkQvbbntmJ9v41Ugoi34QcmnjF5Rt0NN4QiipU64F9JqjOZ2ZzHy_eJzEPYp8MAmJHu8q5Ek5gjvv2bpm_7JHjjkZXNpsdLqz/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="532" data-original-width="940" height="181" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje2m_dE8qhPoZI4Ex9mZJ00_UrcmUhg-UwDNtyKPd6vZ4BkQvbbntmJ9v41Ugoi34QcmnjF5Rt0NN4QiipU64F9JqjOZ2ZzHy_eJzEPYp8MAmJHu8q5Ek5gjvv2bpm_7JHjjkZXNpsdLqz/s320/Sans+titre+1.jpg" width="320" /></a></div>
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<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Bruno Tinel est économiste, maître de conférence à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et auteur de <i>Dette publique : sortir du catastrophisme</i> (Raison d'agir, 2016), et répond ci-dessous à quelques questions sur la dette. </span></b></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgfhvJvcjWXD4k01Qqpt3QrtBgyDQlnTLTthmss7SKWSmxZBO5b-gV6Nv2-u-evo8BYtgLccKQFZ0sadqCvsdhnpSYARVcpwWmIBDEjK2MvZ8ha0R0ckehTivyCPKYMNKYlEwTo7qSKgqc/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="616" data-original-width="389" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgfhvJvcjWXD4k01Qqpt3QrtBgyDQlnTLTthmss7SKWSmxZBO5b-gV6Nv2-u-evo8BYtgLccKQFZ0sadqCvsdhnpSYARVcpwWmIBDEjK2MvZ8ha0R0ckehTivyCPKYMNKYlEwTo7qSKgqc/s320/Sans+titre+1.jpg" width="202" /></a></div>
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<b><a href="https://video-streaming.orange.fr/actu-politique/a-un-moment-venu-la-dette-se-vengera-et-ce-seront-les-services-publics-essentiels-qui-seront-frappes-met-en-garde-pierre-moscovici-VID0000002FQw6.html">Pierre Moscovici a récemment déclaré que « la dette se vengera » si le gouvernement ne poursuit pas dans la voie de la consolidation budgétaire</a>. La dette a-t-elle des intentions? Qu'est ce que la dette et comment la définir ?</b></div>
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Une telle sortie est tragique et consternante. Elle témoigne de l'époque que nous traversons, celle du gouvernement par la peur, celle des raccourcis et des abus de langages permanents. Contrairement à ce qui est trop souvent dit, ceci n'est pas en premier lieu le fait des extrêmes. Ce sont les responsables dits « modérés » qui recourent constamment à ces procédés rhétoriques manipulatoires. Il est temps d'inventer autre chose, de former un projet pour le plus grand nombre et de retrouver un élan. Il est temps aussi de retrouver un sens de la vérité partagée. Les mots ne doivent pas être dévoyés par ceux qui sont en position de prendre des décisions politiques qui engagent la vie des peuples et des nations. La crise politique profonde que nous vivons a une dimension linguistique. Résister à l'effondrement des valeurs et des repères, c'est notamment retrouver le sens des mots. Nos gouvernants doivent comprendre que bon nombre de citoyens sont las de la propagande perpétuelle. Ils doivent miser avant tout sur l'intelligence plutôt que sur le paternalisme et la culpabilisation, qui blessent l'estime de soi des gouvernés (« on nous prend pour des idiots ! ») et finissent par générer de la rancœur et du ressentiment.</div>
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Il suffit de voir comment l’Italie est en train de faire sécession. Voyez la morgue avec laquelle Pierre Moscovici (encore lui) a accueilli jeudi 27 septembre le projet du gouvernement italien de resserrer un peu moins que prévu son budget, tout en maintenant malgré tout son déficit à un niveau plus modeste que celui de la France. Quel mépris pour ceux qui entendent suivre un autre chemin, si peu différent soit-il !</div>
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La question de la dette publique fait particulièrement l'objet des manipulations langagières qu'Orwell avait très bien identifiées dans 1984, où les déviants qui sont repérés sont torturés au Ministère de l'Amour. Le sens des mots s'inverse. Ce n'est pas nouveau. Au début des années 1990, il y a déjà plus de 25 ans, MM Delors et Bérégovoy se faisaient les avocats du projet Maastrichien en invoquant la « menace » des déficits et de la dette publique. C'est d'ailleurs sur ces thèmes que le Balladurisme s'impose à partir de 1993 (« il va falloir faire des sacrifices »).</div>
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Pour justifier les absurdes « critères de convergence » en vue de la monnaie unique, qui déjà imposaient de ne pas dépasser 3 % de déficit public par rapport au PIB et 60 % de dette, ces responsables politiques nous expliquaient alors qu'il fallait réduire les déficits pour que baissent les taux d'intérêts qui étaient très élevés en 1990. Pourtant, à l'époque, la dette publique ne représentait que 35 % du PIB. Depuis, le ratio est monté à quasiment 100 % et les taux d'intérêts sont autour de 0 %. Cherchez l'erreur. Il s'est passé l'inverse de ce qu'ils nous racontaient.</div>
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Entre temps, ce sont ces mêmes familles politiques qui ont occupé le pouvoir sans discontinuer, avec les mêmes « conseillers » et « experts » appartenant à l'autoproclamé « cercle de la raison ». Ce sont les mêmes qui nous prédisent tous les jours des catastrophes, depuis trois décennies, en raison de la dette publique pour justifier des coupes dans les budgets, pour justifier de ne pas augmenter la rémunération des fonctionnaires (notamment les plus modestes qui doivent littéralement survivre avec de très bas salaires une vie durant) pour justifier la privatisation de quasiment tout le secteur public à l'exception de l'école et de l'armée, pour justifier des régressions continuelles des droits sociaux et de la protection sociale. Bref, ils ont appliqué leur programme. Ils ont eu le temps, beaucoup de temps. Il n'est plus possible de dire « attendez que ça fasse effet, vous allez voir, ça va marcher ». Trente ans. Nous voyons bien que leur politique ne marche pas, sinon la dette aurait dû converger vers zéro ! Avec sa sortie ridicule, M. Moscovici crie « au loup » mais il ne fait qu'agiter un vieux chiffon usé jusqu'à la trame.</div>
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<b>Mais alors, d'où vient la dette, si ce n'est de l'excès de dépenses publiques ?</b></div>
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Ce sont les politiques restrictives qui ont pour effet d'augmenter la dette et les déficits ! C'est un peu contre-intuitif mais c'est bien ce qui s'est passé et ce qui continue à se produire encore aujourd'hui.</div>
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Diaboliser la dette est absurde et stérile. La dette est au fondement des rapports sociaux et économiques, on le sait depuis au moins un siècle. Elle naît de l'interaction sociale même. En fait, il existe toutes sortes de dettes. Seul Robinson Crusoé n'est endetté auprès de personne (si ce n'est envers la Terre-Mère). Nous « devons » tous bien des choses envers ceux qui ont contribué à notre éducation, envers ceux qui nous ont forgés, pour les bonnes choses comme pour les mauvaises. Et pourtant, nous ne les « rembourseront » jamais car, pour la plupart, ils sont déjà loin. Contentons nous de reconnaître ces dettes envers eux. Et, ne nous privons pas non plus de donner à ceux qui ont besoin de nous, sachant que, à leur tour, ils ne nous rembourseront jamais d'aucune manière. Dans bien des cas, ils n'auront pas même l'occasion de dire « merci ». Mais pourtant même les plus vils d'entre eux, à leur tour, donneront à d'autres. Voilà résumées les relations humaines : un enchevêtrement inextricable de dettes et de créances dont aucune ne sera jamais véritablement remboursée.</div>
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Les seules dettes que l'on s'efforce de rembourser ce sont les dettes qui peuvent s'exprimer en argent. Je m'endette pour acheter une voiture et chaque mois, je rembourse mon créancier. Il ne m'a pas prêté cet argent par philanthropie, mais parce qu'il entend se faire de l'argent avec l'argent qu'il me prête. S'il y a des gens avec des dettes c'est parce qu'il y a, en face, des gens avec de l'argent qu'ils souhaitent prêter contre de l'argent, c'est à dire qu'ils souhaitent placer. S'il y a des dettes c'est qu'il y a de l'épargne. Un monde sans dette est aussi un monde sans épargne. Toute épargne est une créance, sous une forme ou une autre, sur une partie du reste de la société. À quoi cela rime-t-il de s'énerver contre la masse des dettes sans s'interroger sur celle des créances ? D'ailleurs, qui sont les créanciers ? Qui sont, au juste, ceux qui possèdent beaucoup d'épargne, beaucoup de créances, bref beaucoup d'argent à placer ? Il n'est pas difficile de comprendre qu'il faut gagner bien plus que le revenu médian (à 1700€/mois par unité de consommation) pour dégager davantage que de petites économies, bien trop modestes pour prétendre à autre chose qu'à servir en cas de coup dur. Pour le dire sans détour : ce sont les gens fortunés qui possèdent les créances !</div>
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Dans le cas des administrations publiques, une dette est contractée pour palier l'écart entre les recettes fiscales et les dépenses. Les politiques de consolidation disent ceci : pour réduire les dettes contractées, il suffit de réduire les dépenses. Mais ceci ne marche pas car les gouvernements ne sont pas des entités comme les autres : d'une part, ils peuvent choisir le niveau et la structure de leur recettes (monopole fiscal) et, d'autre part, leurs dépenses ont un impact important sur l'activité économique et donc sur le volume des impôts qu'ils prélèvent. Quand un gouvernement réduit ses dépenses, il plombe l'activité économique, ce qui limite ses recettes si bien qu'il y a toujours un déficit à la sortie. Nous sommes enfermés dans cette logique depuis des années.</div>
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La hausse des ratios de dette est une contrepartie de la stagnation et, notamment, de l’atonie de l’investissement public.</div>
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Pour que l’austérité budgétaire marche, il faudrait que l'activité économique soit dynamique malgré l'apathie des administrations publiques. C'est à dire qu'il faudrait que les consommateurs dépensent sans trop épargner, que les entreprises accroissent leurs investissements et que les exportations augmentent rapidement. Le problème c'est que toutes ces variables ne sont pas indépendantes mais résultent au moins en partie (par différents canaux) des choix effectués par le gouvernement et par les gouvernements étrangers. En Europe, tous les gouvernements pratiquent des politiques de « consolidation » budgétaire, et ceci ne favorise pas l'activité économique. L’Allemagne tire son épingle du jeu car son modèle industriel lui permet d’importer de la croissance malgré une demande interne relativement peu dynamique. Mais il n’est pas reproductible à l’échelle de toutes les nations car, par définition dans ce type de jeu, ce que l’un gagne, l’autre le perd.</div>
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Les taux d'intérêts sur les dettes publiques sont à des niveaux historiquement bas, ceci signifie que les capitaux qui cherchent à se placer sont anormalement abondants. D'un point de vue financier, ce signal signifie « allez-y, investissez ! ». Pourtant, nos responsables politiques restent sourds et aveugles. Ils sont enfermés dans un dogme. Ils continuent de croire en la fable de la « consolidation » budgétaire. C'est tragique. Dans la situation actuelle, les ratios de dette publique demeurent élevés tandis que de plus en plus de voix s'élèvent pour alerter sur l'érosion du volume et de la qualité des actifs publics, tant le bâtis et les infrastructures que les dépenses en R&D. À ceci s'ajoute le fait que l'urgence climatique voudrait que l'on se mobilise très activement pour investir dans la transition vers une économie circulaire…</div>
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<b>Ah oui, parce qu'il faut aussi prendre en compte les « actifs publics ». La dette est un passif mais en regard, il y a les actifs. La couvrent-ils ?</b></div>
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Il peut être instructif de regarder le bilan des administrations publiques en effet, mais à condition bien sûr de ne pas en rester à une analyse purement comptable. En première analyse, on peut noter que la valeur nette des administrations publiques est positive, ce qui signifie que le total de leurs dettes (financières et non financières) est inférieur à leurs actifs (financiers et non financiers). C'est une bonne nouvelle, cela signifie que le bilan comptable des administrations publiques est globalement de bonne qualité : il n'est pas impératif de vendre des actifs pour se désendetter. Les administrations publiques ne sont ni en faillite ni en cessation de paiement. Les français sont certes endettés par leurs administrations publiques mais ils sont également riches du patrimoine qu'elles possèdent en leur nom : des participations dans certaines entreprises et des infrastructures de toutes sortes possédées par l’État et les collectivités locales.</div>
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En revanche, il ne faut pas se voiler la face : la structure du bilan de nos administrations publiques s'est fortement dégradée à partir du début des années 2000, donc bien avant la crise de 2008-9. La valeur nette (la différence entre le total de leurs actifs et le total de leurs dettes) des administrations publiques représentait autour de 25 % de leur actif dans les années 1990. Elle est même montée à près de 40 % en 2007 en raison notamment de l'appréciation de la valeur de ses actifs financiers, ce qui est anormal. Mais elle est aujourd'hui (données de 2016) descendue à 6 %, ce qui est un plancher historique. Alors que la part des actifs produits par rapport au total des actifs financiers représentait environ 80 % jusqu'en 2000, elle s'est mise à diminuer pour se stabiliser autour de 60 % à partir de 2005. La dégradation a eu lieu avant la crise. C'est le signe d'un sous investissement chronique. Pendant ce temps, la dette publique rapportée aux actifs produits n'a cessé d'augmenter : 106 % en 1995, elle se stabilise autour de 120 % entre 1998 et 2002 puis elle ne cesse de grimper pour représenter plus de 180 % en 2016.</div>
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On observe donc une nette dégradation de la structure du patrimoine des administrations publiques, c'est inquiétant. Nos responsables politiques s'obnubilent sur la dette pour justifier des baisses de dépenses mais ont-ils pris la mesure réelle du problème ? Ici, il faut sortir d’une approche purement comptable. Ce sont précisément des baisses de dépenses qui ont produit cette dégradation : depuis 2013 on observe même une diminution de la valeur nominale des actifs produits. Une première depuis que l’on fait ces statistiques ! C’est grave car ces infrastructures contribuent à déterminer la capacité productive future de l’ensemble de l’économie. Nos gouvernants sont en train de fabriquer de la décroissance mais comme ils n’ont pas pris le temps d’organiser la transition vers une économie circulaire, nous aurons la stagnation et la pollution ! C’est le pire scénario possible. Il est temps de se ressaisir : le signal d’alarme du réchauffement climatique est tiré chaque semaine par différents acteurs : qu’attendent nos gouvernants pour réagir énergiquement ? Faut-il s’en remettre uniquement au bon vouloir des grandes entreprises et des super-riches pour que quelque chose soit entrepris ?</div>
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Si la dette augmente dans un contexte où la dépense est stabilisée voire régresse selon les années c’est parce que l’activité est médiocre, ce qui stimule peu les recettes. Or, on l’a dit, le dynamisme d’une économie résulte au moins en partie de la dépense publique, en particulier de l’investissement. En France, l’investissement privé n’a pas d’autonomie par rapport à l’investissement public : il suit la même tendance ! Il faut ajouter à cela les réformes fiscales à répétition dans le sens d’une moindre progressivité ce qui a favorisé l’épargne plutôt que la dépense. La boucle est bouclée.</div>
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Pour dire les choses encore différemment, on fait de la dette non pas pour investir ou pour augmenter les fonctionnaires, dont le point d'indice est gelé depuis des années et dont les départs en retraite ne sont pas tous remplacés, mais pour financer la stagnation (je ne parle pas ici des « hauts » fonctionnaires qui sont aux manettes, ce sont les vrais artisans de cette politique). C’est une logique mortifère. La contrepartie de la dette créée depuis une quinzaine d’années, ce n’est pas davantage de ponts, de bâtiments publics, de compétences produites, de R&D, d’hôpitaux etc, c’est une érosion continuelle de l’État social, une dégradation continuelle des conditions d’existence pour les classes modestes et moyennes etc, puisque toutes ces brèches, ces entailles, ces lézardes que nos gouvernants se permettent d’infliger continuellement aux institutions sociales dont nous avons hérité, sont accomplies au nom de l’assainissement budgétaire. Et pendant ce temps, les impôts sont eux aussi sans cesse redessinés : l’un est modifié, l’autre disparaît pendant qu’un troisième est créé.</div>
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Tout ceci est-il incohérent ? Non. Au total, nombreux sont les observateurs qui l’ont signalé, nous allons vers un système où la base du pacte républicain est sapée puisque la progressivité disparaît. Il reste un peu de progressivité du côté de l’impôt sur le revenu mais le taux d’impôt sur les revenus du capital est désormais plafonné par le prélèvement forfaitaire unique (<i>flat tax</i>), or les ménages les plus fortunés ont principalement des revenu qui proviennent du capital. Nous sommes dans un système où les taux nominaux d’imposition individuels se resserrent de plus en plus alors même que les inégalités s’accroissent. Autrement dit, il y a de moins en moins de redistribution par l’impôt. Les ménages fortunés font cession et en même temps, leur puissance privée s’affirme partout. Où est passée la République ?</div>
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<b>Comment faudrait-il s'y prendre à la fois pour réduire l'épargne (qui se place dans la dette) et pour faire baisser le taux d'endettement – si tant est qu'il soit indispensable de le faire baisser ?</b></div>
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S'échiner à faire baisser la dette publique pour faire baisser la dette publique n’a aucun intérêt. Un monde sans dette n’existe pas. Ce qui compte, c’est le contenu de la politique qui est menée en contrepartie de la dette. Retrouver une politique qui mobilise le plus grand nombre, en faveur du plus grand nombre et la dette ne sera plus un problème. Ceci est vrai pour la France et pour l’Europe. Du côté de la dépense : retrouver la voie de l’investissement, faire face à l’urgence de la transition énergétique et à celle, attenante, du logement. Du côté des recettes : retrouver le sens de la solidarité par la progressivité.</div>
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<b>Certains pays de la zone euro sont surendettés. Peut-on envisager d'assister un jour ou l'autre à des défauts souverains ? Serait-ce très grave ? Le ou les pays concernés seraient-ils dans l'incapacité de se financer sur les marchés par la suite ?</b></div>
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Un défaut souverain en euro conduirait probablement le pays concerné à une sortie de l’euro. Seules les rigidités de la zone euro et, précisément, le manque de solidarité et de coordination entre ses acteurs, peut provoquer un tel résultat. Un pays en situation de cessation de paiement est comme endetté dans une monnaie qui lui est devenue étrangère. On peut imaginer que le défaut souverain d’un pays, devenu lui-même étranger à sa propre zone monétaire, entraînerait des doutes sur ses voisins les plus vulnérables et, par effet domino, d’autres défauts pourraient suivre. Un défaut est rarement souhaitable, mais il peut s’avérer nécessaire. Lorsqu’un pays fait défaut cela crée une instabilité qui se diffuse dans le système financier. Le pays défaillant le paie également très cher par la suite lorsqu’il cherche à se refinancer, surtout s’il ne parvient pas à rebâtir son propre système monétaire et qu’il doit continuer à s’endetter dans une monnaie qui n’est pas vraiment la sienne, c’est à dire qui est trop forte pour lui.</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-51396408724862307062018-10-01T09:40:00.003-07:002018-10-01T11:57:21.365-07:00Comprendre « le populisme vertueux » de Christopher Lasch - entretien avec Renaud Beauchard<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></span></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi24iYU7A9KZddE0rAHOUW5drNbqjAI9pVQiOpDettcE72lC8STRSzrKJPzARwRBHCYXNnUeGEX4Ksi-o1ECyBLNVU0B9F3oXQbMXvmaKjUJ0BZWum8TxizCvz2RNXW-j_UW3FFY0zfrp0p/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="529" data-original-width="1066" height="197" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi24iYU7A9KZddE0rAHOUW5drNbqjAI9pVQiOpDettcE72lC8STRSzrKJPzARwRBHCYXNnUeGEX4Ksi-o1ECyBLNVU0B9F3oXQbMXvmaKjUJ0BZWum8TxizCvz2RNXW-j_UW3FFY0zfrp0p/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></span></span></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></span></span></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></span></span></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">Renaud
Beauchard est </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">essayiste,
</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">auteur</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"> de <i><a href="http://www.eclm.fr/ouvrage-388.html">L'assujettissement des nations, controverses autour du règlement des différends entre États et investisseurs</a></i> </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">(</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">Charles
Leopold Mayer, 2017) </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">mais
également </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">scénariste
et conseiller technique de la production de séries télévisées
panafricaines. </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">Il
vient de publier un nouvel ouvrage visant à faire découvrir la
pensée du sociologue américain Christopher Lasch (</span></span></span></span><i><a href="https://www.michalon.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=500645"><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">Christopher
Lasch, </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">u</span></span></span></span></a></i><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><i><a href="https://www.michalon.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=500645">n populisme vertueux</a></i>, </span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">Michalon,
septembre</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">
2018</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">)</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">.
</span></span></span></span><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;">Il
revient aujourd'hui pour <i>L'arène nue</i> sur les écrits de cet
intellectuel atypique et radical, dont la philosophie est d'une
étonnante actualité. </span></span></span></span></b>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<b><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: black;"><span style="font-family: "tahoma" , sans-serif;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></span></span></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></span></em></div>
<div style="break-before: page; margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><b>****</b></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; page-break-before: always;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: xx-small;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-style: normal;"><b>Vous
venez de publier un ouvrage Christopher Lasch. En quoi la pensée de
ce sociologue américain aujourd'hui décédé éclaire-t-elle la
situation de la France et de l'Europe d’aujourd’hui ?</b></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidA410uavUiQokU5_0QwjNEnBfWns4RKcOacjcf7OzvXosNQoJ7RtdiKSLKkcVtHt7Lu-_qrZxYtams9UoL1BRdOb65RtnrwjLeWtHkceZTcybEq8U87wMbZpu3TTDMG5gLQLwDfWSWzur/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="531" data-original-width="329" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidA410uavUiQokU5_0QwjNEnBfWns4RKcOacjcf7OzvXosNQoJ7RtdiKSLKkcVtHt7Lu-_qrZxYtams9UoL1BRdOb65RtnrwjLeWtHkceZTcybEq8U87wMbZpu3TTDMG5gLQLwDfWSWzur/s320/Sans+titre+1.jpg" width="198" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Paradoxalement,
la pens</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">e
de Lasch trouve bien plus d’</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">cho
en Europe, et tout particuli</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">è</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">rement
en France, qu’aux États</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">-</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Unis.
Il faut y voir la conjonction entre d’une part la renaissance d’une
tradition socialiste fran</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">ç</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">aise
libertaire et anarchiste h</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">rit</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">e
de Proudhon et Fourier entre autres, longtemps </span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">clips</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">e
par le rouleau compresseur marxiste, dont Christopher Lasch appara</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">î</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">t
comme un lointain cousin am</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">ricain.
Et d’autre part le travail de passeurs formidables, appartenant </span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">à</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
cette m</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">ê</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">me
famille du socialisme proudhonien, comme Jean-Claude Mich</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">a
ou Renaud Garcia</span></span></span></em><sup><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><a class="sdfootnoteanc" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a></span></span></sup><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">,
et de revues appartenant </span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">à</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
cette mouvance comme Ballast, Le comptoir ou Limite. Mais l’attrait
et l’actualit</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
de la pens</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">e
de Lasch d</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">passe
la sensibilit</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
anar-libertaire ou anar-conservatrice, comme en atteste le fait qu’il
est une r</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">f</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">rence
pour des personnalit</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">s
aussi diverses et </span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">loign</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">es
qu’Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Gilles Lipovetsky, le
regrett</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
Philippe Muray </span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">ou</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
Emmanuel Todd.</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
Comment expliquer ce succès franc et massif d’un penseur
relativement oublié dans son propre pays? </span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Il
faut d’abord y voir le résultat d’une œuvre qui permet de
redonner de l’intelligibilité au monde, paraphrasant Furet où
nous sommes « condamnés à vivre » et réussit la
gageure de penser « une autre société » en convoquant
la mémoire des petits producteurs de l’Amérique jeffersonienne,
un peu à la manière dont Simone Weil s’inspirait de la
civilisation occitane. En faisant la chronique des transformations
culturelles et psychologiques que la société américaine a
traversées sous l’effet de la mutation du capitalisme, d’un
capitalisme industriel axé sur la production vers un capitalisme
avancé fondé sur la consommation, Lasch anticipait les évolutions
qui devaient déferler sur nos côtes, avec toute la force de
l’incompréhension de l’océan qui nous sépare. </span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Par
exemple, le mouvement #MeToo n’est qu’une secousse de forte
ampleur d’un phénomène de guerre des sexes qui fait rage dans la
société américaine depuis des décennies et que Lasch avait
analysé avec une acuité inégalée</span></span></span></em><sup><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><a class="sdfootnoteanc" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a></span></span></sup><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">.
Selon Lasch, ce conflit ouvert est lui-même le produit d’un
mouvement féministe contemporain dont l’élément déclencheur
n’est pas l’oppression du patriarcat, mais le retrait des femmes
de toute vie civique survenu lors de l’exode vers les banlieues des
années 1950. En d’autres termes, le repli des femmes dans la vie
domestique n’était pas la résultante de la survie d’un vieil
ordre patriarcal, mais plutôt de ce que Lasch appelait une
« banlieue-isation » de l’âme américaine, elle-même
un moment d’une histoire de « l’évolution du capitalisme,
de sa forme paternalistique et familiale en système gestionnaire,
tentaculaire et bureaucratique qui contrôle pratiquement tout ».
Selon Lasch, cette évolution, indissociable de la narration
progressiste qui postule l’émancipation vis-à-vis des structures
de dépendance étroites des communautés de la famille élargie, du
clan, du village et du quartier populaire, a conduit à mettre à bas
les « conventions de courtoisie » qui avaient cours dans
le système patriarcal. Mêmes si elles n’étaient que de façade,
ces conventions avaient fourni aux femmes une « arme
idéologique » qu’elles avaient pu utiliser dans leur lutte
pour « domestiquer la brutalité et la sauvagerie des hommes ».
Autour de ces relations, poursuit Lasch, qui « pour
l’essentiel, les exploitaient », les femmes « tissèrent
tout un réseau d’obligations réciproques, qui eurent au moins le
mérite de rendre les rapports plus supportables » et permirent
aux femmes, notamment sous l’ère victorienne, non pas seulement
d’occuper un espace dans la vie publique, mais d’être à
l’avant-garde de combats authentiquement démocratiques :
démocratisation de l’accès à la culture, humanisation de la vie
urbaine et des conditions de travail sous le capitalisme industriel,
encouragement d’une culture civique etc. </span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></em></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/Oe-dKUl8GeI/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/Oe-dKUl8GeI?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<h1 class="title style-scope ytd-video-primary-info-renderer" style="background: rgb(255, 255, 255); border: 0px; color: var(--ytd-video-primary-info-renderer-title-color, var(--yt-primary-text-color)); font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-weight: 400; line-height: 2.4rem; margin: 0px; max-height: 4.8rem; overflow: hidden; padding: 0px; text-shadow: var(--ytd-video-primary-info-renderer-title-text-shadow, none); transform: var(--ytd-video-primary-info-renderer-title-transform, none);">
<yt-formatted-string class="style-scope ytd-video-primary-info-renderer" style="--yt-endpoint-color: hsl(206.1, 79.3%, 52.7%);"><span style="font-size: xx-small;"> Christopher Lasch - The Pursuit of Progress (1)</span></yt-formatted-string></h1>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Or
que s’est-il passé une fois qu’on eût jeté ces conventions
avec l’eau du bain du système patriarcal ? Lasch formule un
jugement sans appel : « Démocratie et féminisme ont […]
arraché le masque et mis à nu les antagonismes sexuels jadis cachés
par la “mystique féminine”. Privés des illusions que conférait
la courtoisie, hommes et femmes éprouvent plus de difficultés
qu’auparavant à établir des rapports amicaux ou amoureux, sans
même parler des relations entre égaux. Comme la suprématie
masculine n’est plus idéologiquement défendable, puisque la
protection dont elle se couvrait ne se justifie plus, les hommes
imposent leur domination de façon plus directe dans les fantasmes et
de temps en temps par des actes d’une extrême violence. » Et
Lasch d’ajouter, se fondant sur une étude récente (en 1979) que
le comportement à l’égard des femmes, tel qu’il est représenté
dans les films est passé « du respect au viol ». Cette
analyse souligne le caractère absurde de la quasi-totalité des
interprétations du mouvement #MeToo qui voudraient nous faire croire
que les Harvey Weinstein, Matt Lauer, Kevin Spacey et autres
prédateurs révélés depuis un an sont les perpétuateurs d’une
oppression patriarcale dans la continuité de l’ère victorienne,
voire du droit de cuissage féodal. En fait, ces individus sont des
monstres produits par des forces « progressistes » et,
paraphrasant Lasch, c’est en effet une profonde erreur d’analyser
les différentes formes qu’ont pris l’exploitation des femmes au
cours de l’histoire selon la grille d’interprétation unique du
« sexisme comme fait immuable de l’existence qui ne
[pourrait] être aboli que par la suppression de la sexualité
elle-même et l’instauration du règne de l’androgynie. ».
Weinstein n’est pas un être archaïque, mais un aboutissement de
la « socialité asociale » kantienne où les êtres ne se
rencontrent que pour satisfaire leurs besoins selon leur puissance
sur le marché. Socialité que Sade a poussée jusqu’à sa
conclusion logique traduite dans ce passage particulièrement
dérangeant de Lasch dans </span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><i>La
culture du narcissisme</i></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"> :
« [Sade] comprit […] que la condamnation de la vénération
de la femme devait s’accompagner d’une défense de la sexualité
de celle-ci – le droit de disposer de son propre corps, comme le
diraient aujourd’hui les féministes. Si l’exercice de ce droit,
dans l’utopie de Sade, se réduit au devoir de devenir l’instrument
du plaisir d’autrui, ce n’est pas parce que le Divin Marquis
détestait les femmes mais parce qu’il haïssait l’humanité. Il
avait perçu, plus clairement que les féministes, qu’en régime
capitaliste, toute liberté aboutissait finalement au même point :
l’obligation universelle de jouir et de se donner en jouissance.
Sans violer sa propre logique, Sade pouvait ainsi tout à la fois
réclamer le droit, pour les femmes, de satisfaire complètement
leurs désirs, et jouir de toutes les parties de leurs corps, et de
déclarer catégoriquement que “toutes les femmes doivent se
soumettre à notre plaisir”. L’individualisme pur débouchait
ainsi sur la répudiation la plus radicale de l’individualité. »</span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Ce
détour par un phénomène au cœur de notre actualité, notamment
avec la poussée de Maccarthisme sexuel de l’affaire Kavanaugh,
illustre combien la pensée de Lasch est essentielle pour comprendre
ce qui nous arrive en Europe et en France. Mais j’aurais tout aussi
bien pu prendre pour exemple le </span></span></span></em><span style="font-size: x-small;">rejet
de plus en plus viscéral des élites technocratiques contre
lesquelles la pensée de Lasch est une machine de guerre, en passant
par le transhumanisme de Laurent Alexandre, le culte de la célébrité,
qui a aussi joué un rôle non négligeable dans les affaires à
l’origine de #MeToo ou le faux débat sur les </span><span style="font-size: x-small;"><i>fake
news</i></span><span style="font-size: x-small;">, ou encore la
vindicte approbatrice aux dimensions orwelliennes qui s’abat dans
le monde de l’enseignement supérieur et des médias européens
dans le sillage de ce qui s’est passé aux </span><span style="font-size: x-small;">États-</span><span style="font-size: x-small;">Unis.
</span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">En
conclusion sur cette question, je voudrais souligner que sa pens</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">e
r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">sonne
tant </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
nos oreilles parce qu’e</span><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">n
digne héritier de l’école de Francfort, il a été l’un des
rares penseurs à épouser le postulat central de ce qu’on pourrait
appeler la nouvelle gauche, à savoir que la sphère intime est
politique, mais dans une posture d’affrontement radicale avec elle.
Contrairement à celle-ci, Lasch s’inscrit non pas dans le sens
d’une adaptation à un capitalisme devenu un fait social total,
c’est-à-dire l’adaptation à l’abstraction croissante du monde
pénétré chaque jour davantage par un système fondé sur la
création de valeur abstraite, mais dans une critique radicale, au
sens étymologique du terme, de cette abstraction envahissante, voire
omniprésente. Soulignant que la possibilité d’une existence
décente implique un combat qui ne peut se limiter à une réflexion
sur les arrangements institutionnels, cœur de la tradition libérale,
mais nécessite de porter la lutte aux tréfonds de la vie intérieure
des individus, c’est à dire sur le champ de la personnalité,
Lasch nous invite à une révolution culturelle dans le sens de la
création, qui implique dans une certaine mesure une restauration,
d’un caractère taillé pour la démocratie, renouant de ce fait
avec une ancienne tradition civique. Ainsi Lasch, et c’est ce qui
le distingue de la nouvelle gauche et, par exemple d’un Herbert
Marcuse, n’est pas un penseur de l’exploitation, celle du
patriarcat, du christianisme, du travail, du capitalisme, mais de
l’aliénation. Le combat à mener n’est pas tant dirigé contre
l’élimination de toutes limites inscrites dans notre inconscient
par un oppresseur désincarné qui prend de plus en plus les traits
de la nature humaine, comme l’a très bien expliqué Pierre Manent.
La lutte doit au contraire nous aider à « retrouver le monde »
pour paraphraser Matthew Crawford, c’est-à-dire à reprendre
possession de nos sens annihilés par l’abstraction capitalis</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">t</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">e.
Nous devons prendre « le parti de la vie », paraphrasant
le titre d’une recension de La révolte des élites par Philippe
Muray, en retrouvant un rapport à l’existence fait d’une foi
dans la bonté de l’existence, en dépit, parfois, de preuves du
contraire. Lasch appelait cette disposition mentale tout simplement
l’espoir, qu’il opposait à l’optimisme progressiste. </span></span></span></em></span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></em></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZcFQVNSG5j4XAWeIM9IUmHtIrUkKZpyK1u8E04BlVeTiySjnfCfxb8HncZeObAKnUFFwPFQPtGd-c7PeerTCYVNZBXJ0aOrLVjxjsYLgVx2D-mEiyoPPcximvtn9-6E4AotnrZQuozoS1/s1600/Sans+titre+3.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="615" data-original-width="368" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZcFQVNSG5j4XAWeIM9IUmHtIrUkKZpyK1u8E04BlVeTiySjnfCfxb8HncZeObAKnUFFwPFQPtGd-c7PeerTCYVNZBXJ0aOrLVjxjsYLgVx2D-mEiyoPPcximvtn9-6E4AotnrZQuozoS1/s320/Sans+titre+3.jpg" width="191" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>Puisque
vous abordez le th</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>è</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>me
du progr</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>è</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>s,
Lasch fait partie de la famille des critiques du « progrès ».
Pourquoi faudrait-il se défier de cette notion ? Après tout,
on n'a pas à se plaindre des progrès de la médecine. De la même
façon, on ne va pas se mettre à combattre le progrès social...</b></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Lasch
vous aurait r</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">pondu
que ce que vous appelez « progr</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">è</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">s
social », si vous entendez par cela les adoucissements de
l’exploitation capitaliste par le compromis fordiste
(raccourcissement de la semaine de travail et augmentation
corr</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">lative
du temps de loisir, assurance-ch</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">ô</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">mage,
cong</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">s
pay</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">s,
salaire minimum etc.), a en fait commenc</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
par une grande r</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">gression
survenue dans la seconde moiti</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
du XIX</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><sup><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">e</span></span></sup></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">
si</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">è</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">cle.
Lasch pensait en effet que la g</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">n</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">ralisation
du salariat, qui coïncidait avec la fermeture de la fronti</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">è</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">re,
repr</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">é</span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">sentait
</span></span></span></em><span style="font-size: x-small;">le
« choix le plus important qu’ait à faire toute société
démocratique : élever le niveau général de compétence, d’énergie
et de dévotion – “ la vertu”, comme on la nommait dans
des traditions politiques plus anciennes – ou seulement promouvoir
un recrutement plus large des élites ». Pour lui, ce moment
signe l’abandon par les </span><span style="font-size: x-small;">A</span><span style="font-size: x-small;">méricains
de ce qui constituait le crédo de l’aventure américaine depuis
l’arrivée des premiers pionniers, c’est-à-dire l’indépendance
économique de la classe moyenne (par la propriété d’une
compétence singulière, d’un savoir-faire non appropriable), au
profit du mythe de la mobilité sociale ascendante (par la </span><span style="font-size: x-small;">maîtrise</span><span style="font-size: x-small;">
du savoir). En séparant ainsi le savoir de la vie quotidienne, les
</span><span style="font-size: x-small;">A</span><span style="font-size: x-small;">méricains
ont recréé une forme d’hégémonie cléricale identique à celle
qui avait poussé les pionniers à quitter l’Europe pour le nouveau
monde. C’est donc un reniement complet de la démocratie américaine
ou ce qu’on pourrait appeler l’Amérique jeffersonienne, au
profit d’une société dont les nouveaux prêtres ont peu à peu
pris la forme d’une « minorité civilisée ». Composée
d’experts, celle-ci monopolise le savoir et a refaçonné toutes
les institutions afin, non pas d’imposer ses valeurs à la
majorité, qu’elle ne voit que comme un « ramassis
d’abrutis » (</span><span style="font-size: x-small;"><i>basket
of deplorables)</i></span><span style="font-size: x-small;"> pour
paraphraser Hillary Clinton, mais de créer des institutions
« alternatives » dans laquelle est actée la base des
inégalités entre les détenteurs du savoir technique et les
assujettis à ce savoir. Et pour ajouter l’injure au dommage, ces
derniers doivent subir dans leur sphère la plus intime les
attentions croissantes de l’État thérapeutique, chargé, à coup
de rééducation et de psychotropes, de contenir toutes velléités
de révolte contre ces nouveaux privilégiés.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">La même
remarque peut être appliquée au progrès sociétal de l’égalité
des sexes, pour replacer cet entretien sous le sceau des femmes. Nous
avons beaucoup trop tendance à ne voir la question de l’égalité
entre hommes et femmes que sous le prisme d’une arithmétique des
postes et des places et des grilles salariales et sous celui d’une
exploitation sexiste comme une constante inéluctable tant que nous
ne serons pas parvenus à créer une espèce androgyne (le cyborg ?).
Lasch nous aide à sortir de cette vision simpliste, manichéenne et
sans doute annonciatrice de catastrophes de très grande ampleur, et
à repenser la question de la conflictualité entre les sexes d’une
façon qui, sans nier l’oppression que les femmes ont eu à subir,
valorise leur rôle civique dans l’histoire et ne se propose pas
d’annihiler la tension entre les sexes par un dépassement de la
nature humaine, mais de la civiliser. Cette lecture souligne que ce
n’est pas le moindre des paradoxes que ce qui nous est présenté
depuis un an, avec #MeToo, comme la sortie ultime des femmes des
« ténèbres sexuels » de l’oppression patriarcale,
érige celles-ci en victimes suprêmes. Lasch nous rappelle en effet
que les femmes ont été des héroïnes avant d’être des victimes
et que les conquêtes de la première vague du mouvement féministe,
celui symbolisé par des personnages comme Mary Wollenestonecraft,
Louise Michel et les femmes de la commune de Paris, ou Simone Weil,
ont été stoppées net par une ruse de la raison progressiste. En
effet, comme je l’ai mentionné plus haut, le repli de la femme
dans la vie domestique et son retrait corrélatif de la vie civique
se sont faits au nom du dogme progressiste par excellence de
l’émancipation des dépendances étriquées de communautés
étroites comme le quartier, et ont conduit les femmes directement
dans le « camp de concentration confortable » de la vie
de banlieue pour reprendre l’expression de Betty Friedan où, par
définition, aucune vie civique n’est envisageable. Forcées de
devoir vivre en isolation avec « l’ennemi de classe »
sans l’aide morale de leurs congénères, les femmes se sont alors
mises à imaginer un monde sans hommes… </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;">En témoigne
d’ailleurs admirablement l’évolution des personnages féminins
dans le cinéma américain entre les premières années du cinéma
parlant et les années 50-60. Les héroïnes des films de Capra, ou
ceux des films de John Ford par exemple, sont une ode à la vie
civique des femmes dont Lasch nous incite à nous remémorer. Je
pense par exemple aux deux personnages de journalistes vedettes, Ann
Mitchell dans L’homme de la rue, incarnée par Barbara Stanwyck, et
Babe Bennett dans l’extravagant Mr. Deeds, incarnée par Jean
Arthur, ou à Clarissa Saunders dans Mr Smith au sénat, aussi
interprétée par Jean Arthur, qui est la secrétaire de Jefferson
Smith/Jimmy Stewart. Elles sont à la fois d’une féminité
irradiante, d’une humanité et d’une faillibilité qui les
empêchent de jouer jusqu’au bout le jeu de dupes que réclament
les environnements masculins corrompus de la presse à sensation et
de la politique politicienne, et ce sont elles qui finissent par
faire émerger les héros masculins de leur chrysalide d’innocents
idéalistes mais patauds, voire gauches, pour devenir des héros
démocratiques qui savent retourner à leur avantage les institutions
et faire triompher les valeurs de l’Amérique jeffersonienne. A
l’inverse, le personnage de la potiche, de la cruche, dont le
meilleur exemple est donné par le sitcom The Brady Bunch, ou à
l’inverse la femme dure, dominatrice, qui « dévirilise tous
les hommes qui tombent sous son charme », commencent à occuper
une position centrale dans le cinéma des années 1950. Elles
incarnent en effet à merveille les deux faces des terreurs de
l’enfant dans la phase pré-oedipienne caractéristique du
narcissisme : la mère omnipotente et nourricière qui satisfait
tous les désirs et la mère dévorante et castratrice. </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/fBSgzsXARNY/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/fBSgzsXARNY?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<h1 class="title style-scope ytd-video-primary-info-renderer" style="background: rgb(255, 255, 255); border: 0px; color: var(--ytd-video-primary-info-renderer-title-color, var(--yt-primary-text-color)); font-family: Roboto, Arial, sans-serif; font-weight: 400; line-height: 2.4rem; margin: 0px; max-height: 4.8rem; overflow: hidden; padding: 0px; text-shadow: var(--ytd-video-primary-info-renderer-title-text-shadow, none); transform: var(--ytd-video-primary-info-renderer-title-transform, none);">
<yt-formatted-string class="style-scope ytd-video-primary-info-renderer" style="--yt-endpoint-color: hsl(206.1, 79.3%, 52.7%);"><span style="font-size: xx-small;"> Christopher Lasch - The Pursuit of Progress (2)</span></yt-formatted-string></h1>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;">Ces
deux exemples concrets permettent de mettre en évidence tout le
génie de Lasch qui est d’avoir montré comment les deux faces du
libéralisme smithsien ont fini par converger après avoir suivi des
chemins divergents, voire antagonistes : d’un côté
« l’offensive contre les particularisme culturels et
l’autorité patriarcale, qui encourageait – tout au moins au
début – la confiance en soi et la pensée critique ». Le
point de mire étant une humanité universelle. Et de l’autre, « le
marché universel de marchandises », devant aboutir au marché
unique mondial et son corollaire cauchemardesque : l’État
mondial homogène. Lasch explique que ces deux processus, « qui
appartiennent indissolublement à la même séquence historique »,
celle des Lumières, étaient réunis dès l’origine dans la pensée
d’Adam Smith. En effet, Adam Smith était explicite sur le fait
que, lorsqu’il parlait de productivité, il avait en vue
l’expansion de la culture humaine requise pour soutenir un système
productif permettant la satisfaction illimitée des désirs. La
philosophie de Smith reposait sur une vision d’une merveilleuse
machine productive fondée sur une demande sans cesse croissante de
biens qui furent un temps des luxes réservés aux seuls privilégiés.
En levant l’interdit du luxe, Smith réhabilitait moralement le
désir, dans sa dimension d’insatiabilité. En effet, le goût du
luxe nourrit celui de la nouveauté perpétuelle et implique une
demande de la part des individus non seulement pour ce qui relève du
confort matériel, mais aussi une quête d’assouvissement infinie
de nouveaux désirs. Il s’agissait d’une foi généreuse dans le
sens de l’histoire qui comportait un contenu moral aussi bien que
matériel. En d’autres termes, Adam Smith est le père du « droit
de tous sur tout » et de la guerre économique de « tous
contre tous » qui nous amènent aujourd’hui à envisager un
dépassement de l’espèce et de congédier notre nature humaine
pour repousser encore plus loin les limites.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Cette
notion smithsienne du progrès a connu des </span><span style="font-size: x-small;">embûches</span><span style="font-size: x-small;">
depuis le XVIII</span><sup><span style="font-size: x-small;">e
</span></sup><span style="font-size: x-small;">siècle. Ainsi,
Lasch souligne-t-il qu’après le bain de sang de la première
guerre mondiale, l’idée de progrès était morte. Presque plus
personne, tout au moins aux États-Unis, n’avait foi dans le
progrès. Toutefois, alors qu’on aurait pu penser qu’elle eût
été définitivement enterrée après la seconde guerre mondiale, la
foi dans le progrès a fait un retour tonitruant. En fait, il faut y
voir les effets, consécutif à l’extraordinaire croissance des
trente glorieuses, de la confusion entre la démocratie et la libre
circulation des biens de consommation « qui est devenue si
profonde que les critiques formulées contre [l’]industrialisation
de la culture sont désormais rejetées comme des critiques de la
démocratie elle-même. L’idée, jeffersonienne, d’une
« démocratie fondée sur la participation » caractérisée
par des citoyens omnicompétents capables de s’autogouverner a
définitivement cédé le pas à la « démocratie fondée sur
la distribution » formulée par Walter Lippmann. Le test de la
démocratie, paraphrasant Lippmann, n’est « pas de savoir si
elle produisait des citoyens indépendants, mais de savoir si elle
produisait des biens et des services essentiels ». Cette
conception de la démocratie s’est tellement implantée dans nos
imaginaires que des économistes comme Nicolas Bouzou peuvent répéter
à longueur de journée qu’ils sont indéfectiblement dans le camp
de la Démocratie sans entraîner l’hilarité générale.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;">Certes,
les thuriféraires du progrès ont été contraint de concéder que
la vision de la nature comme une ressource à exploiter a dégradé
l’environnement, que la division du travail a entraîné un
avilissement du travail, que la sortie de la religion s’accompagne
d’un sentiment de vide de l’individu contemporain, que la
complexification croissante de la société s’est accompagnée
d’une érosion de la cohésion sociale et la solidarité. Mais ces
concessions sont faites pour immédiatement rassurer qu’elles sont
le prix à payer pour l’autonomie, que les accords de Paris sont là
pour résoudre la question du réchauffement climatique, que la
croissance retrouvée s’accompagnera du plein emploi, que la
politique des droits de l’homme finira par triompher de toutes les
formes d’exploitation et créer un monde d’où la conflictualité
sera bannie et que le sentiment de vide n’est en fait qu’un ennui
que le loisir et des thérapies professionnelles parviendront à
anéantir etc. Le paradoxe de notre temps est que plus personne
n’entend cette berceuse mais que, selon la formule de Fredric
Jameson, « il est plus facile d’envisager la fin du monde que
celle du capitalisme ». Cela signifie, paraphrasant Michéa,
qu’alors même que la conscience des effets les plus négatifs du
capitalisme mondialisé a atteint un degré inédit, la conviction
qu’une sortie de ce système ne pourrait signifier qu’un saut
angoissant dans l’inconnu, doublé de sacrifices psychologiquement
inacceptables, a elle-même progressé dans des proportions encore
plus considérables. Tout conspire autour de nous pour nous
convaincre que ce mode de vie auquel nous sommes enchaînés,
constitue un moindre mal et qu’il ne s’agit plus que de tirer son
épingle personnelle du jeu et de sortir gagnant de la nouvelle
guerre mondiale de tous contre tous. </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBH9Vqu7ILT54nwCIsBwPwf6VsM3bzup-QvtpIXUmCDJZTnY5syhUkz5sZroMb6bt6Yw1QyEuhM-80wqzXQGg4eAcqaqYvw70914YnLoMF_i2DpeosIlwyGeNGbbLe2PCKJK7yukW4Aruj/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="548" data-original-width="330" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBH9Vqu7ILT54nwCIsBwPwf6VsM3bzup-QvtpIXUmCDJZTnY5syhUkz5sZroMb6bt6Yw1QyEuhM-80wqzXQGg4eAcqaqYvw70914YnLoMF_i2DpeosIlwyGeNGbbLe2PCKJK7yukW4Aruj/s320/Sans+titre+1.jpg" width="192" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>Vous
venez de faire r</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>é</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>f</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>é</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>rence
</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>à</b></span></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-size: 11pt;"><span style="font-style: normal;"><b>
la culture du narcissisme, titre de l’ouvrage le plus connu de
Lasch. Qu'est-ce que la « personnalité narcissique »
pour lui ?</b></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Ce
que Lasch appelle la culture du narcissisme ou culture du
survivalisme doit être compris comme une « métaphore de la
condition humaine » contemporaine et tient dans les stratégies
de défenses que développent les individus pour tout simplement
survivre dans le monde fantasmatique dans lequel nous vivons sur
lequel l’individu n’a plus de prise. Lasch assimile la situation
de l’individu moderne à celle de l’enfant en bas-âge qui
développe des défenses inconscientes contre les sentiments de
dépendance impuissante de la petite enfance au moment où celui-ci
réalise qu’il est séparé de son environnement et que les êtres
qui l’entourent sont dotés d’une existence séparée de la
sienne et frustrent ses désirs autant qu’ils les satisfont. Dans
cette situation, l’enfant est inconsciemment tenté de se réfugier
dans le déni de la séparation en développant un fantasme
d’omnipotence et d’indépendance absolue qui peut prendre deux
formes: soit une tentative de retour à un sentiment primitif d’union
avec le monde (symbiose régressive), soit une illusion solipsiste
d’omnipotence qui procède d’un refus de reconnaître que plaisir
et frustration proviennent de la même source et d’une vision
idéalisée de ses parents comme une puissance nourricière
infaillible dans la satisfaction de ses désirs</span><sup><span style="font-size: x-small;"><a class="sdfootnoteanc" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a></span></sup><span style="font-size: x-small;">.
</span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Selon
Lasch, l’individu contemporain se retrouve dans une situation
analogue à celle de l’enfant en bas-âge enfermé dans la phase du
narcissisme primaire. Aux prises avec une société sur-organisée
qui repose sur la glorification d’organisations à des échelles
toujours plus grandes sous les oripeaux d’un credo de plus en plus
incroyable vantant l’illimitation des possibilités humaines
(réduites au progrès technologique), il se retrouve dans un
sentiment constant de dépendance vis-à-vis de forces impersonnelles
(le marché mondial de biens de consommation produits en série, les
réseaux de communication, la bureaucratie, l’arsenal d’armes de
destruction massive) - perçues comme à la fois nourricières,
indispensables à sa survie, incontrôlables, mais aussi – la
réalité se dérobe au fantasme - incontrôlées. La culture du
narcissisme fait donc référence à la culture sécrétée par la
société, la façon dont elle reproduit « ses normes, ses
postulats sous-jacents, ses modes d’organisation de l’expérience -
dans l’individu, sous la forme de la personnalité ». Au fur
et à mesure que le capitalisme, idéologie progressiste par
excellence, a évolué d’un capitalisme fondé sur la production
vers un nouveau capitalisme de la consommation, les institutions de
la société capitaliste ont contribué à modifier « la nature
afin qu’elle se conforme aux normes sociales dominantes ». </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">L’exposition
par Lasch de l’état confuso-onirique de la société à l’ère
de la culture du narcissisme n’est pas, comme on peut le lire bien
souvent dans la littérature radicale, le résultat d’une « vaste
conspiration contre nos libertés » ourdie depuis des cénacles
comme Davos où les élites s’adonneraient à un culte de Mammon.
La consternante situation contemporaine est que cet individu
narcissique moderne, avec sa peur de vieillir et son immaturité si
caractéristique, est « l’expression psychique et
culturelle », paraphrasant Michéa, de l’aboutissement de la
logique du progrès dans ce qu’on pourrait appeler un « capitalisme
transgressif ». En effet, comme l’a très bien montré Lasch,
le premier capitalisme, fondé sur la production, reposait sur des
structures répressives, sur les névroses, sur la gratification
différée et sur la renonciation aux désirs. Mais le moteur du
capitalisme avancé, fondé sur la consommation, est un capitalisme
de la libération des désirs, de la séduction. Pour survivre, il a
besoin d’un nouvel homme, d’une monade absolue, d’un être qui,
paraphrasant Anselm Jappe, vit dans un « désir furieux et sans
fin face à un monde vidé de signification », et est capable
de survivre après l’effondrement du monde commun. D’un drogué,
en somme, qui face à l’ « impossibilité de jouir dans
un monde qu’[il a] préalablement transformé en désert »,
fait « face à la nécessité d’augmenter sans cesses les
doses de l’ersatz qui [lui] tient lieu de plaisir. » Pour
entretenir ce monstre dévorant, le libéralisme ou son succédané
le « progressisme », ont renoncé à expliquer le
mal-être au profit d’une surenchère dans un registre
d’hallucination qui se vérifie à tous les niveaux. Les sciences
sont devenues les supports d’une technologie moderne qui accroît
le contrôle collectif de l’homme sur son environnement aux dépens
du contrôle individuel. La sociologie est asservie par le mirage
d’une « science pure de la société » qui postule
l’impuissance individuelle devant l’interdépendance de la
société et justifie les avancées des contrôles sociaux de l’État
thérapeutique. La psychologie se détourne des ambitions de la psychanalyse et « mesure des insignifiances ». La philosophie enseigne davantage la survie que la vie bonne. La littérature a cessé de vouloir représenter le monde réel au profit d’un reflet de l’état d’esprit de l’auteur. L’histoire s’est transformée en littérature de voyage dans un passé séparé de notre présent par une rupture de la continuité historique. Dans ce contexte, la vie politique prend un caractère d’irréalité et d’artificialité procédant du décalage entre les problèmes inextricables posés par la crise politique du capitalisme et ses « batailles idéologiques furieuses » autour de questions triviales relayées à l’envi par l’extraordinaire caisse de résonance des médias de masse.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Le
caractère hallucinatoire du monde chez ceux qui gouvernent la
société ou manipulent l’information n’a d’égal que celui qui
règne à sa base. Sans autre repères autres que les hallucinations
produites par le libéralisme pour dissimuler l’effondrement de la
vie commune, l’individu contemporain est en proie à un sentiment
schizophrène devant, d’un côté, une société sur-organisée et
bureaucratisée à l’extrême qui traduit le sentiment que les
vrais problèmes sont insolubles et, de l’autre, la harangue
continuelle d’une illimitation des possibilités humaines induite
par la rhétorique inflationniste du progrès. Le marché mondial de
production en série de biens de consommation et la bureaucratie
publique et privée tentaculaire qui en est le corollaire sapent la
confiance de l’individu contemporain en sa capacité à mener sa
propre existence. Il « a le sentiment de vivre dans un monde
défiant le contrôle et la compréhension pratiques, un monde aux
bureaucraties tentaculaires, fait de « surinformation »
et de systèmes technologiques complexes, emboîtés, sujets à des
pannes soudaines ».</span> <span style="font-size: x-small;">Son
mal-être procède de la « colère intérieure » causée
par la contradiction entre « le sens de possibilités
infinies » vantées par l’idéologie du progrès et la
« banalité de l’ordre social érigé contre de telles
possibilités », à laquelle la « société
bureaucratique dense et surpeuplée » contemporaine n’offre
pas ou peu d’exutoire légitime. </span></span>
</span><br />
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><br /></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjY1hUFbONdfqQLVm5-5OY7__q1m_Cd14DlD9r2YeoTQX3DE3QC1xfHTtiwzqeLpzX3TCm4V349sq3FUKffRHt-cFaNp5faJQw7CYfAP4nzx3JE1eZ-XI9h5i4602yUZQ3549_M6CFE2DKo/s1600/Sans+titre+4.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="610" data-original-width="374" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjY1hUFbONdfqQLVm5-5OY7__q1m_Cd14DlD9r2YeoTQX3DE3QC1xfHTtiwzqeLpzX3TCm4V349sq3FUKffRHt-cFaNp5faJQw7CYfAP4nzx3JE1eZ-XI9h5i4602yUZQ3549_M6CFE2DKo/s320/Sans+titre+4.jpg" width="196" /></a><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;">Succède ainsi à la personnalité bourgeoise pharisienne, fanatiquement industrieuse, sexuellement réprimée et taillée sur mesure pour fonder une éthique de la production, un moi minimal, moralement flexible, sexuellement, émotionnellement et esthétiquement vorace, méfiant vis-à-vis des relations intimes dans la durée et incapable de mémoire, c’est-à-dire d’identification émotionnelle, avec les générations passées. Ce « moi assiégé » est essentiellement préoccupé par la question de la préservation de la vie comme une fin en soi, comme en attestent les phénomènes très présents sur la Côte Ouest des États Unis du survivalisme et le projet d’immortalité des transhumanistes de la Silicon Valley. Il tente « soit de refaire le monde à son image [l’utopie technologique], soit de se fondre dans son environnement [le gnosticisme New Age] ». En résumé, conclut Lasch, « le narcissisme est la structure typique du caractère dans une société qui a perdu tout intérêt pour l’avenir ».</span></span><br />
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></span></em>
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-style: normal;"><b>Dans
la période récente, on assiste à une inflation vertigineuse de
l'usage du mot « populisme », désormais mis à toutes
les sauces. Lasch s'en réclamait pourtant. Comment le
définissait-il ?</b></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Il
faut tout d’abord se garder de r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">duire
le populisme dont se r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">clame
Lasch, sans pr</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">caution
de langage, </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
la d</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">finition
qui a cours dans le commentaire politique des experts et des
journalistes ou la cat</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">gorisation
de la vie politique europ</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">enne
entre « progressistes » et « populistes
nationalistes » par les partis d’extr</span><span style="font-size: x-small;">ê</span><span style="font-size: x-small;">me
centre comme la R</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">publique
en marche. Il faut aussi </span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">viter
de commettre l’erreur de classer Lasch dans une des cat</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">gories
d</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">sign</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">es
avec m</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">pris
de populistes par les historiens et les politistes am</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">ricains,
comme Richard Hofstadter, l’auteur de </span><span style="font-size: x-small;"><i>Le
Style paranoïaque, Théories du complot et droite radicale en
Amérique</i></span><sup><span style="font-size: x-small;"><span lang="en-US"><i><a class="sdfootnoteanc" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a></i></span></span></sup><span style="font-size: x-small;">.
Contrairement </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
une Marine Le Pen ou un Jean-Luc M</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">lenchon,
qui se r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">clament
du populisme par boutade ou par d</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">fi,
ou </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
un Orban, un Trump, un Pat Buchanan ou un Ross Perot, dont on affuble
de l’</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">pith</span><span style="font-size: x-small;">è</span><span style="font-size: x-small;">te
de populistes pour les rejeter en-dehors de la respectabilit</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">
sans vouloir faire un effort d’introspection pour expliquer leur
succ</span><span style="font-size: x-small;">è</span><span style="font-size: x-small;">s,
Lasch s’en revendiquait objectivement. De quoi parlait-il ?</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Repartons
de la d</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">finition
la plus pr</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">cise
qu’il en donne lui-m</span><span style="font-size: x-small;">ê</span><span style="font-size: x-small;">me
dans La r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">volte
des </span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">lites :
« </span><span style="font-size: x-small;">Le populisme a
toujours rejeté une politique fondée sur la déférence aussi bien
que sur la pitié. Il est attaché à des manières simples et à un
discours simple et direct. Les titres et autres symboles d’un rang
social éminent ne l’impressionnent pas, pas plus que les
revendications de supériorité morale formulées au nom des
opprimés. Il rejette une “option préférentielle pour les
pauvres”, si cela signifie traiter les pauvres comme les victimes
impuissantes des circonstances, les exempter de toute possibilité
d’être tenus pour responsables, ou bien excuser leurs faiblesses
au motif que la pauvreté porte avec elle une présomption
d’innocence. Le populisme est la voix authentique de la démocratie.
Il postule que les individus ont droit au respect tant qu’ils ne
s’en montrent pas indignes, mais ils doivent assumer la
responsabilité d’eux-mêmes et de leurs actes. Il est réticent à
faire des exceptions, ou à suspendre son jugement, au motif que
c’est « la faute à la société ». Le populisme est
enclin aux jugements moraux, ce qui de nos jours semble en soi
péjoratif, marque suffisante de l’affaiblissement de notre
capacité à juger de manière discriminante par le climat moral de
“souci humanitaire” ». </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">En
d’autres termes, le populisme dont se réclame Lasch est avant tout
une attention au « caractère » démocratique, plus
qu’aux procédures et aux arrangements institutionnels censés
caractériser la démocratie libérale. Il valorise la démocratie
comme mode de vie, dans la continuité d’un Dewey qui ne cessera de
figurer parmi les héros de Lasch, en dépit des concessions qu’il
a faites au progressisme. Si le populisme de Lasch se recoupe avec
des mouvements qui se sont historiquement réclamés du populisme,
comme le populisme agrarien symbolisé par le mouvement des grangers
puis le People’s party de la fin du XIX</span><sup><span style="font-size: x-small;">e</span></sup><span style="font-size: x-small;">
siècle, il va bien plus loin. On peut tenter de le définir par tous
les mouvements d’idées et les mouvements militants qui faisait de
la propriété individuelle des moyens de production le fondement
matériel de la vertu civique américaine, puis, une fois le salariat
devenu le mode d’organisation dominant des rapports de travail,
ceux qui ont entendu rechercher un équivalent moral à la propriété
comme fondement de la vertu, mais cela n’y suffirait pas. Le
populisme de Lasch est en fait de lointain écho d’une tradition
civique, dominante au moment de la fondation de la République
américaine, sur les bases de laquelle il est possible de fonder une
refondation de la modernité. Éclipsée un temps par le marxisme,
qui appartenait en fait au même camp du « progrès » que
le libéralisme, cette tradition refait surface au moment où se pose
la question d’un dépassement de l’espèce humaine pour donner au
progrès le combustible dont il a besoin pour poursuivre sa course
effrénée. </span>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">En
conclusion sur le populisme dont se réclamait Lasch, c’est à un
extrait de la fameuse lettre de Martin Luther King, un des héros
populistes de l’histoire américaine selon Lasch, écrite depuis la
prison de Birmingham où il était emprisonné pour la treizième
fois, que je me référerais : « </span><span style="font-size: x-small;">Je
dois vous faire deux aveux sincères, mes frères chrétiens et
juifs. Tout d'abord je dois vous avouer que, ces dernières années,
j'ai été gravement déçu par les Blancs modérés. J'en suis
presque arrivé à la conclusion regrettable que le grand obstacle
opposé aux Noirs en lutte pour leur liberté, ce n'est pas le membre
du Conseil des citoyens blancs ni celui du Ku Klux Klan, mais le
Blanc modéré qui est plus attaché à “l'ordre” qu'à la
justice; qui préfère une paix négative issue d'une absence de
tensions, à la paix positive issue d'une victoire de la justice; qui
répète constamment: “Je suis d'accord avec vous sur les
objectifs, mais je ne peux approuver vos méthodes d'action directe”;
qui croit pouvoir fixer, en bon paternaliste, un calendrier pour la
libération d'un autre homme; qui cultive le mythe du
“temps-qui-travaille-pour-vous” et conseille constamment au Noir
d'attendre “un moment plus opportun”. La compréhension
superficielle des gens de bonne volonté est plus frustrante que
l'incompréhension totale des gens mal intentionnés. Une acceptation
tiède est plus irritante qu'un refus pur et simple. » Voilà
des propos, qui tranchent avec les citations insipides de King qui
figurent sur son mémorial inauguré en 2011, et que feraient bien de
méditer tous ceux qui usent et abusent de façon condescendante et
arrogante de la rhétorique de la modération « progressiste »
contre les excès populistes en Europe et partout ailleurs.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: x-small;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-style: normal;"><b>Régis
Debray écrit que « tous les grands révolutionnaires avaient
du révolu en tête ou dans le cœur ». Qu'en aurait pensé
Christopher Lasch ?</b></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br />
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">En
bon lecteur d’Hannah Arendt qui voyait dans toute r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">volution
une restauration, Lasch aurait probablement souscrit </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
cette opinion. Encore une fois, il est essentiel de rappeler qu’un
des apports essentiels de la pens</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">e
de Lasch </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
la compr</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">hension
de notre situation pr</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">sente
tient dans l’analyse qu’il fait de la dynamique du capitalisme
comme un syst</span><span style="font-size: x-small;">è</span><span style="font-size: x-small;">me
progressiste, plastique, en constante r</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">novation
de ses dogmes et non comme un syst</span><span style="font-size: x-small;">è</span><span style="font-size: x-small;">me
fig</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">
dans le patriarcat, la verticalit</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">
et le conservatisme. Lasch a en effet toujours pris au s</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">rieux
l’analyse de Marx selon laquelle, au fur et </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
mesure de l’avanc</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">e
du capitalisme, « tous les rapports sociaux stables et fig</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">s,
avec leur cort</span><span style="font-size: x-small;">è</span><span style="font-size: x-small;">ge
de conceptions et d’id</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">es
traditionnelles et v</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">n</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">rables,
se dissolvent ; les rapports nouvellement </span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">tablis
vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout </span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">l</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">ment
de hi</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">rarchie
sociale et de stabilité d’une caste s’en va en fum</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">e,
tout ce qui </span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">tait
sacr</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">
est profan</span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">. »
C’est pourquoi il nous invite </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
une </span><span style="font-size: x-small;">é</span><span style="font-size: x-small;">coute
attentive de la critique « petite bourgeoise » du progr</span><span style="font-size: x-small;">è</span><span style="font-size: x-small;">s
afin de nous aider </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
nous confronter </span><span style="font-size: x-small;">à</span><span style="font-size: x-small;">
la situation contemporaine qui est la n</span><span style="font-size: x-small;">ô</span><span style="font-size: x-small;">tre.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: x-small;"><br /></span></div>
<div id="sdfootnote1">
<div class="sdfootnote-western">
<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small;">
</span></span><em><span style="color: black;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-style: normal;">Auteur
d’un admirable Le sens des limites, Contre l’abstraction
capitaliste</span></span></span></span></em></div>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<div class="sdfootnote-western">
<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small;">
V. notamment le chapitre La fuite devant les sentiments :
sociopathologie de la guerre des sexes, dans La culture du
narcissisme.</span></span>
</div>
</div>
<div id="sdfootnote3">
<div class="sdfootnote-western">
<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small;">
Ce type de narcissisme correspond au narcissisme dit primaire,
procédant d’un état de fusion du moi et du non-moi, du dedans et
du dehors et où l’enfant investit toute sa libido sur lui-même.
Il doit être distingué d’un narcissisme secondaire, qui succède
à la découverte de la réalité extérieure et survient lorsque
l’individu se détache des objets et opère un réinvestissement
de sa libido des objets vers lui-même. C’est le narcissisme
primaire qui constitue la matrice de la culture du narcissisme.</span></span></div>
</div>
<div id="sdfootnote4">
<div class="sdfootnote-western">
<a class="sdfootnotesym" href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: x-small;">
Incidemment, Hofstadter fut sans doute le plus important mentor de
Lasch en même temps que l’artisan le plus efficace de la
transformation du terme de populisme en un terme péjoratif.</span></span></div>
</div>
<br />
<br />
<br />
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-66004123515054984982018-09-05T11:34:00.001-07:002018-09-05T12:27:20.141-07:00Libéralisation des transports, entre abandon du service public et moins disant environnemental - entretien avec Laurent Kestel<br />
<div align="JUSTIFY" style="background: #ffffff; line-height: 100%; page-break-before: always;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="background: #ffffff; line-height: 100%; page-break-before: always;">
<br /></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIt9WzxnH00jD7_MA6FvQ2skswIFxrJdU5GHk-aUp_rvfnMbFNbOS-_9D-T8uewTJVnsILA5fvlxNhdnWnOVTSs8LAbuH0Rf8rlrTW4WWc5yOX30_mMofX_N-qSbz7dQb13xgx9elk8S92/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="527" data-original-width="936" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIt9WzxnH00jD7_MA6FvQ2skswIFxrJdU5GHk-aUp_rvfnMbFNbOS-_9D-T8uewTJVnsILA5fvlxNhdnWnOVTSs8LAbuH0Rf8rlrTW4WWc5yOX30_mMofX_N-qSbz7dQb13xgx9elk8S92/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Aujourd'hui sort en librairie <i><a href="http://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/en-marche-forcee/">En marche forcée - Une chronique de la libéralisation des transports, SNCF, cars Macron et quelques autres</a></i> (Raisons d'agir), un livre particulièrement actuel puisque le gouvernement a entrepris une grande réforme de la SNCF. L'auteur, Laurent Kestel, a accepté de répondre à quelques questions de <i>L'arène nue</i>. </span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">***</span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La question des transports est complexe, souvent technique. Qu'est-ce qui vous a conduit à traiter un tel sujet ? </span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Cela s’est fait un peu par hasard, pour être tout à fait franc. A la suite de mon doctorat en science politique en 2006, j’ai travaillé au service d’élus en charge des questions de transport. Je n’avais pas de compétence ni même d’appétence particulières sur le sujet, mais j’ai fini par acquérir une bonne vision d’ensemble des problématiques du secteur, quoiqu’à un niveau assez macro. J’ai par la suite travaillé pour le compte des CHSCT de la SNCF et j’ai pu y mesurer les incidences directes des politiques élaborées au niveau européen et national sur le travail et l’emploi des cheminotes et des cheminots.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">C’est ce qui m’a conduit à écrire cette chronique de la libéralisation des transports. Ce qui se passe en effet dans ce secteur n’est jamais qu’une déclinaison de ce que les politiques néolibérales produisent globalement sur l’État social : désengagement de l’État – qu’il s’agisse de ses missions régaliennes d’aménagement du territoire par la fermeture programmée des petites lignes ferroviaires ; du manque d’investissement dans l’entretien du réseau ferré – ; mise en place progressive de la concurrence ; transformation des entreprises publiques par le biais du <i>new public management</i> ; démantèlement des acquis sociaux par l’abandon du statut des cheminots et, enfin, transformation des usagers en « clients » par la marchandisation du service. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">De fait, l’un des aspects majeurs de cette histoire, écrite le plus souvent à l’abri du débat citoyen, est la transformation néolibérale du « service public ». Il m’a semblé important de revenir sur cette notion, dans la mesure où elle a un sens particulier en France : historiquement, le « service public à la française », comme l’ont appelé les juristes, a émergé dès la fin du XIXe siècle sous l’égide des premières municipalités socialistes – et, plus tard, communistes ; ceci avant les grandes nationalisations du Front populaire et d’après-guerre – pour se substituer au marché défaillant mais aussi pour faire contrepoids, au moins idéologiquement, au marché et à ses logiques. C’était le sens de la création de la SNCF le 1er janvier 1938 initiée par le Front populaire. Désormais, le service public ferroviaire est traité au prisme de l’efficience, de l’efficacité, de la performance économique. Il n’est plus le « service d’intérêt collectif qui fonde le lien social », selon la formule du juriste Léon Duguit, mais un service soumis à la logique de marché. Cette histoire est le fruit de la construction européenne, mais aussi de la transformation de la puissance publique, État comme collectivités, dont le rôle tend de plus en plus à se réduire à celui d’organisateur du marché. Elle s’est également faite par la dépolitisation du sujet en le noyant sous des enjeux techniques et financiers très complexes qui sont autant d’obstacles à l’émergence d’un débat citoyen. C’est cette évolution profonde, inscrite dans une temporalité longue – la libéralisation des transports est inscrite dans le Traité de Rome – mais accélérée avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, que j’ai tenté de mettre au jour. D’où le titre provocateur de ce livre.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgq1u2nBb3jNY5_J3NeFBYLO-dEONrd39jcmrql_fjjpJ1DiD1mMU1RBNvdmVxGSu21wfIf6UgK-xaFV1gnuHuN85U-wgR50XmqmBgessIbZM4cdYh8v6EDSVrfS9dXn7tiCSSNEotS9vGZ/s1600/Sans+titre+1.bmp" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="549" data-original-width="567" height="309" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgq1u2nBb3jNY5_J3NeFBYLO-dEONrd39jcmrql_fjjpJ1DiD1mMU1RBNvdmVxGSu21wfIf6UgK-xaFV1gnuHuN85U-wgR50XmqmBgessIbZM4cdYh8v6EDSVrfS9dXn7tiCSSNEotS9vGZ/s320/Sans+titre+1.bmp" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Vous expliquez que la SNCF est passé du statut d'entreprise publique à celui de « multinationale de la mobilité ». Qu'est-ce que cela signifie ? Que doit cette transformation à l'Union européenne ? </span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La grande transformation de la SNCF directement imputable aux politiques de l’UE est son découpage par activités. C’est tout le sens de la directive 91/440 que d’avoir séparé l’exploitation du service de la gestion de l’infrastructure. Les règles de la concurrence européennes ont poussé cette logique en découpant chaque activité de l’entreprise – TGV, trains Corail, trains régionaux, trains de fret – au nom de la sacro-sainte concurrence libre et non faussée interdisant tout mouvement financier interne. En clair, les bénéfices du TGV ne peuvent plus venir compenser l’activité fret, déficitaire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Cette logique concurrentielle a précipité la transformation de l’entreprise publique, confortée également par la mise en œuvre du <i>new public management</i>, c’est-à-dire l’importation de la logique du privé et de <a href="https://polony.tv/rencontres/alain-supiot-le-haro-sur-le-droit-du-travail-co?autoplay=true">sa « gouvernance par les nombres », pour reprendre la formule bien sentie d’Alain Supiot</a>. Cette transformation de type capitalistique a été facilitée par l’action de « patrons d’État » qu’analyse Pierre Bourdieu dans La Noblesse d’État, et dont la mission a consisté ici à mettre les valeurs du service public au service de la création de valeur, c’est-à-dire la recherche du profit. Guillaume Pepy, pour ne citer que lui, a en effet toujours pris soin de présenter les évolutions managériales de l’entreprise en évitant le langage ordinaire du discours libéral. Il est parvenu depuis son accession à la présidence de la SNCF à achever de la transformer à grande vitesse en une multinationale de la « mobilité », en diversifiant les activités de l'entreprise : au-delà du ferroviaire, la SNCF est en effet particulièrement active dans le transport urbain, les cars Macron, le covoiturage, le transport routier, la gestion de parkings, le digital et l’international. La SNCF n’y réalisait que 12% de son chiffre d’affaires en 2006 ; d’ici quelques années, cette part devrait atteindre 50 %. Et en vingt ans, le nombre des filiales de droit privé est passé de 350 à plus de 1 000, dont plusieurs font directement concurrence aux activités historiques de l’entreprise – et donc aux cheminots.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Vous expliquez que « les transports en commun ont longtemps été un support de l'organisation inégalitaire de la société et évoquez un actuel « retour à la troisième classe ». Qu'est-ce que cela signifie ?</span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les inégalités sociales s’objectivent de mille et une façons, mais certaines sautent davantage aux yeux que d’autres. Aux premiers temps de la vapeur jusqu’à la construction de l’État social, le transport a été un moyen d’objectiver ces inégalités sociales, avec l’institution de la 3e classe, caractérisée par un confort rudimentaire et un allongement des temps de parcours. La consolidation de l’État social après 1945 va permettre d’introduire plus d’égalité dans l’accès aux transports, notamment via la suppression de la 3e classe et celle de la 1ère classe dans le métro, avant qu’elle ne le soit progressivement supprimée dans les trains régionaux. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La libéralisation des transports, qui va faire son grand retour dès les années 1980 dans le transport aérien, nous renvoie directement aux problématiques héritées du XIXe siècle. La 3e classe fait peau neuve, mais sans être jamais nommée de la sorte - les armes du marketing se sont affûtées depuis. Nommée par termes plus feutrés de « classe éco » ou encore de « <i>low cost </i>», elle n’en est pas moins une résurgence directe des pratiques d’autrefois. A une différence notable près : le transport en 3e classe n’est plus désormais seulement affaire de confort ou de vitesse de déplacement : il se caractérise aussi par la dégradation simultanée de la qualité de service rendu aux usagers et des conditions de travail des salariés. Le cas le plus emblématique de ce phénomène est certainement la compagnie Ryanair, qui défraie régulièrement la chronique. Le retour de la 3e classe ne se limite plus désormais à l’aérien, il s’étend à d’autres secteurs du transport. La SNCF engagée dans une logique concurrentielle ne pouvait en effet s’en désintéresser : c’est ainsi que sont apparus en 2013 les TGV <i>low cost</i> « Ouigo », qui offrent le confort d’un TER et qui desservent essentiellement les gares périphériques des grandes métropoles. Le transport libéralisé par autocar - les « cars Macron » - marque quant à lui l’allongement substantiel des temps de parcours par rapport au train. De sorte que le transport redevient à nouveau un moyen d’objectivation des différences de classe.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Que pensez-vous du processus en cours d'ouverture à la concurrence du secteur des transports ? Faut-il craindre une privatisation de la SNCF ?</span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Il faut déjà rappeler que les transformations néolibérales des grandes entreprises publiques (SNCF, la Poste, France Telecom, etc.) se font avec l’aval de l’État, qui organise le marché et ses logiques. Dans le domaine des transports, on assiste du reste à une situation pour le moins ubuesque puisque l’État, via ses compagnies, en est réduit à faire exister un marché qui peinerait visiblement à exister sans lui. Je prends l’exemple dans mon livre de la concurrence dans les transports urbains, qui est vraiment frappante. Une bataille fait rage entre différents groupes publics : la RATP, via sa filiale RATP Dev, fait concurrence à Keolis, filiale de la SNCF, laquelle fait concurrence à Transdev, filiale de la Caisse des dépôts… </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La conséquence « logique » de ce processus est de rendre au marché ce qui lui appartient, et donc d’organiser la privatisation de ces groupes. Les annonces récentes du gouvernement sur sa stratégie de privatisation de différents groupes publics, à l’instar d’Aéroports de Paris, de la Poste ou de la Française des Jeux, est là pour en témoigner. La transformation du groupe SNCF en société anonyme en constitue le premier jalon. Si le Gouvernement et sa majorité parlementaire jurent la main sur le cœur qu’il n’est pas question d’une privatisation, une simple modification législative permettrait de s’engager sur cette voie dans un futur proche. Il n’y aurait rien de surprenant à voir cette question évoluer dans les années à venir, sauf à imaginer une autre majorité politique que celles qui se sont succédé ces dernières décennies.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Pour finir, alors que Nicolas Hulot vient de démissionner de ses fonctions de ministre de l’Écologie, que pouvez-vous nous dire des conséquences environnementales de l'actuelle politique de libéralisation des transports ?</span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le moins que l’on puisse dire est qu’elles ne sont pas franchement vertueuses… On peut notamment imputer directement à la libéralisation des systèmes de transport la situation quasi hégémonique du transport routier, tout particulièrement dans le secteur des marchandises. La France a du reste été pionnière en la matière, en libéralisant le secteur dès 1986. La concurrence créée va rapidement doper le moins-disant social. Les chauffeurs routiers, qui ont alors le plus souvent le statut d’artisans, vont progressivement être les sous-traitants des grands groupes, avec tout ce que cela emporte en termes de droit du travail et d’accidentologie. L’élargissement de l’UE va provoquer un second bouleversement du secteur avec le « cabotage », cette règle qui permet aux poids-lourds de charger et de décharger dans un pays tiers dans les conditions sociales du pays d’origine. C’est l’organisation à grande échelle du dumping social. Et le nouveau paquet « Mobilité », actuellement en cours de discussion, n’est pas conçu pour enrayer cette logique. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">De sorte que la part du routier dans le transport de marchandises représente aujourd’hui près de 90%, alors qu’elle n’était que de 30 % au début des années 1950 et de 45 % en 1978. Le fret ferroviaire, pourtant le plus écologique, est la grande victime de cette concurrence sauvage, subissant pour sa part des contraintes financières bien supérieures au mode routier. Au passage, sa libéralisation en 2006, présentée à l’époque comme le moyen de restaurer sa compétitivité, n’a en rien permis d’enrayer son déclin. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La concurrence entre le rail et la route a été ensuite instituée dans le transport de voyageurs. Les cars Macron feront ainsi leur apparition dès 2015, permettant des trajets de ville à ville d’un même pays, là où la législation ne permettait auparavant que des liaisons internationales. Ils viennent de fait concurrencer le train. Sur la question de l’impact environnemental de cette concurrence entre la route et le rail, un bilan gagnerait à être réalisé, sachant que, selon l’ADEME, un car émet 18 fois plus de CO2 qu’un TGV et consomme presque 7 fois plus de KEP (kg équivalent pétrole).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">En France, le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre n’est autre que le secteur des transports, culminant avec 30% des émissions totales, loin devant l’industrie manufacturière et les déchets ou l’agriculture. Et cette tendance n’est pas à la baisse : la part de la pollution générée par les transports a crû de près de 10 points depuis 1990. Ses émissions proviennent à 95% du transport routier. Le diesel est à lui seul source de 84 % de ces rejets polluants. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">J’ai été frappé de constater que ce point n’a pratiquement pas été soulevé à la suite de la démission de Nicolas Hulot, en dépit de la forte mobilisation que l’on a observée pour inciter le gouvernement à changer de cap. J’insiste sur ce point : en matière de lutte contre la pollution, rien de sérieux ne peut se faire en France si l’on ne s’attaque pas vraiment au quasi-monopole du mode routier et si l’on ne remet pas le ferroviaire au cœur des problématiques de transport.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-53178826739989804132018-05-28T14:19:00.002-07:002018-05-28T14:19:40.836-07:00 Christophe Bouillaud : "Les prochaines élections italiennes pourraient apparaître comme un référendum sur la souveraineté nationale".<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;"><br /></span></b></span></span></span></span></em></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpkAheX3LBD6EELNSVogTfVPNlUJ_tZvs8FC78Dee8OYYZETUY-T7oimPcNqWPgffRpJmboglfN4rj61Eb5AEwUbqLt1ajwx3HzWl6it6e7DC1RDEEaA2xWQZ8kQX2cwXRTyRaOuCe27Mg/s1600/Sans+titre+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="528" data-original-width="746" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpkAheX3LBD6EELNSVogTfVPNlUJ_tZvs8FC78Dee8OYYZETUY-T7oimPcNqWPgffRpJmboglfN4rj61Eb5AEwUbqLt1ajwx3HzWl6it6e7DC1RDEEaA2xWQZ8kQX2cwXRTyRaOuCe27Mg/s400/Sans+titre+2.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;"></span></b></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm;">
<span style="color: #1d2129; font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><b><br /></b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm;">
<span style="color: #1d2129; font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><b>Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l'Institut d'Etudes politiques de Grenoble. Il est spécialiste de la vie politique italienne et, plus généralement, de la vie politique européenne. Il tient un excellent blog <a href="https://bouillaud.wordpress.com/">que l'on peut consulter ici</a>.</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; text-align: center; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;">***</span></b></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Un
coup de théâtre vient de se produire en Italie. La coalition
composée de la Ligue et du M5S, qui avait le soutien de la majorité
des électeurs italiens, ne verra pas le jour, le président
Mattarella ayant refusé de nommer l'eurosceptique Paolo Savona au
poste de ministre des Finances. Pourriez-vous nous rappeler comment
fonctionnent les institutions italiennes et quels sont les
prérogatives exactes du président de la République. Mattarella
est-il dans les clous du droit, ou l'a-t-il violé ?</span></b></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">L'Italie
est depuis 1946-1948 une république parlementaire. Le Président de
la République dispose donc des prérogatives classiques en pareil
cas. Elles sont l'héritage de la monarchie constitutionnelle qui a
précédé l'actuelle République, où effectivement le roi avait une
grande latitude pour choisir ses ministres et le premier d'entre eux.
De fait, lors de la formation d'un gouvernement, c'est le Président
seul qui dispose du pouvoir de donner à quelqu'un ou quelqu'une la
charge de former un exécutif. Ce dernier doit ensuite bénéficier
de la confiance des deux Chambres – Sénat et Chambre des députés
- pour disposer des pleins pouvoirs gouvernementaux. Il allait de soi
jusqu'à hier que c'était l'existence même d'une majorité
parlementaire, au moins possible si ce n'est certaine, qui
déterminait principalement la formation d'un gouvernement. Qu'un
Président de la République mette publiquement un veto de nature
politique - et non pas personnelle - sur une personnalité du futur
gouvernement, ainsi empêché d'aller vérifier l'existence effective
de sa majorité parlementaire, n'est jamais arrivé, tout au moins
jamais jusqu'à provoquer une crise d'une telle nature. Cependant la
relative imprécision de la norme constitutionnelle sur le choix des
ministres – issue de l'histoire constitutionnelle italienne depuis
1848 - peut être utilisée pour justifier ce choix inédit de
Mattarella, tout comme les réformes constitutionnelles ayant intégré
le droit européen dans le droit constitutionnel italien.</span></span></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Quoi
qu'il en soit, le Président de la République italienne se trouve
vraiment, à mon sens, aux limites du droit constitutionnel italien.
Les constitutionnalistes vont sans doute discuter longtemps sur ce
choix. Pour moi, Mattarella trahit surtout l'esprit </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">de
la Constitution</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">,
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ainsi
que</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
la pratique</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
en vigueur </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">depuis
1948, qui veut que ce soit l'existence d'une majorité dans les deux
Chambres qui soit la condition essentielle pour former le
gouvernement. </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><span style="background: transparent;"><b><br /></b></span></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><span style="background: transparent;"><b>Un
gouvernement technique va probablement être nommé. Ce n'est pas la
première fois, le précédent ayant été celui de Mario Monti,
ancien commissaire européen. Qui sera-ce cette fois ? Ce
gouvernement bénéficiera-t-il du soutien du Parlement italien de
manière à pouvoir agir ?</b></span></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">C'est
là que les choses deviennent très problématiques tout de même.
Mattarella semble vouloir nommer à la tête de ce gouvernement
technique Carlo Cottarelli, un haut fonctionnaire qui est passé par
le FMI et qui a déjà été Haut commissaire à la </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Spending
Review</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
sous le gouvernement Renzi – une caricature de </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">cost-killer</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">.
Il est évident que Cottarelli n'aura pas la confiance des deux
Chambres. Une fois pressenti, il a d'ailleurs déjà promis de
démissionner immédiatement faute de confiance des Chambres et de se
contenter d'expédier les affaires courantes jusqu'aux élections. A
ce compte-là, il aurait mieux valu garder le gouvernement Gentiloni
– mais il est vrai que cela voulait dire empêcher les membres de
ce cabinet, dont Gentiloni lui-même, de faire campagne. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Par
ailleurs, on sentait</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
une lassitude de ce dernier à assumer cette tâche ingrate.</span></span></span></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">La
situation est donc bien différente de celle créé par le
gouvernement Monti en 2011. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Ce
dernier</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
était appuyé par tous les grands partis présents au Parlement,
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">s</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">auf
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">par...
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">la
Ligue du Nord, pas encore dirigée par Matteo Salvini à l'époque.
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">En
réalité, t</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ous
les autres gouvernements techniques depuis 1993 (Ciampi, Dini,
Monti), </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ont</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
toujours </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">eu
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">une
majorité dans les deux Chambres. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">I</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ls
étaient donc régulièrement dotés des pouvoirs normaux d'un
gouvernement. Dans le cas présent, Mattarella </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">va
créer </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">un
gouvernement dont il sait d'avance qu'il n'a pas de majorité. On est
vraiment au delà de la pratique constitutionnelle ordinaire. </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Pour
autant et </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">en
dépit de ses conditions d'apparition, ce gouvernement Cottarelli </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ne
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">sera
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">pas
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">dans
l'incapacité totale de gouverner en pratique. Il représentera
l'Italie au sommet européen de juin prochain, et fera sans doute les
ajustements budgétaires réputés nécessaires en passant par des
décrets-lois. Et cela jusqu'à la formation d'un gouvernement après
les élections encore à venir.</span></span></span></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;"><br /></span></b></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;">Quelles
sont les forces qui sortent renforcées de cet épisode ? La
Ligue et le M5S ne risquent-ils pas de triompher au prochaines
élections, et la situation d'être à nouveau bloquée ?</span></b></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Tout
le monde est un peu perdant dans cette situation, sauf ceux qui
pensent que les marchés ont toujours raison et que les électeurs
italiens ont mal voté en mars. </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Il
y a beaucoup d'éléments à prendre en compte. Tout d'abord, il faut
voir si on repart à la bataille électorale avec la même loi
électorale. Salvini propose au M5S de la changer. Est-ce même
possible de changer la loi électorale dans un délai bref pour voter
début septembre ? Et quelle loi choisir ? Il faudrait
d'ailleurs, en plus, que Mattarella accepte de promulguer cette loi
électorale faite par le M5S et la Ligue... </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Ensuite,
les alliances. Est-ce que l'alliance des droites va résister au
mariage presque consommé de la Ligue et du M5S ? Dans le cas
contraire, est-ce que le M5S et la Ligue peuvent finir par s'allier
électoralement, ou est-ce que la Ligue devra aller seule à la
bataille, avec éventuellement quelques petits partis néofascistes
ou nationalistes à ses côtés ? Que se passe-t-il par ailleurs
à gauche ? Est-ce que le PD se retrouve des alliés à sa
gauche en r</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">enouan</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">t
un lien avec les petites formations regroupées dans « Libres
et égaux » ? Ou est-ce qu'une partie de ces dernières
adoptent un souverainisme de gauche ? </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Dans
ce dernier cas,</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
quel </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">serait</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
alors leur lien avec le M5S ?l</span></span></span></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Quid
par ailleurs de la question des</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">leaders</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">,
si importants dans la compétition électorale contemporaine ?
Le paradoxe, est que le camp europhile n'a plus d'autre leaders que
Sergio Mattarella, Matteo Renzi </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">et</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
Paolo Gentiloni, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">c'est
à dire </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">les
deux derniers Présidents du Conseil, et … le désormais très
modéré </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">-
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">mais
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">néanmoins
précurseur</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
de tous les populismes contemporains </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">-</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
Silvio Berlusconi. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Tous</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
sont des </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">hommes
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">clivants
et moyennement populaires, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">notamment</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
Renzi et Berlusconi. Le PD est </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">de
surcoît</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
dirigé par une direction provisoire sans grand relief. Renzi va-t-il
réussir à en reprendre la direction ? </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">O</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">u
créera-t-il son parti personnel à la Macron ? </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">E</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">nfin,</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
il faut compter </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">avec
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">les
dynamiques de l'opinion, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">avec</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
son évolution possible</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">.
Mattarella et ceux qui l'ont conseillé parient </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">manifestement</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
sur le fait qu'une majorité d'Italiens ressent, selon les sondages
disponibles, une peur </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">panique</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
de sortir de l'</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">uro.
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">D'ailleurs,
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">les
deux partis </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">vainqueurs
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">de
mars 2018 avaient peu </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">évoqué</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">c</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e
thème, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">en
tout cas pas </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">directement.
Ils </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ne
l'avaient</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
fait </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">de
manière sous-jacente</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
en présentant </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">des
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">programmes
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">qualifiés
de</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
« dépensiers » par leurs opposants, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">par
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">les
économistes dominants et </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">par</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
la grande presse. En </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">provoquant</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
une nouvelle élection à brève échéance, Mattarella espère sans
doute que l'</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">uro
sera </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">cette
fois </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">au
centre du débat, et que les Italiens, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">cette
fois,</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
voteront prudemment pour les deux partis pro-statu quo : le
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Parti
Démocrate</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
et </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Forza
Italia</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">.</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Cela
vaut en particulier pour l'électorat du sud du pays, réputé
versatile et sensible aux seuls arguments matérialistes. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Le Président italien, toutefois,</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
sous-estime peut-être </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">une
chose. Certes </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">le</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">s</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
épargnants </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ou
les</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
personnes âgées forment une masse </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">considérable</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
d'électeurs en Italie, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">plutôt
défavorable à toute aventure monétaire.</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Mais</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
la situation p</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ourrait
finir par</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
apparaître </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">aux
yeux de nombreux </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">électeurs
comme un référendum sur la souveraineté des Italiens sur leurs
propres affaires. </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Qu</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">peut
donner un</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
scrutin </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">où
l'</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">uro
sera </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">sans
doute</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
au centre des débats ? En fait, personne ne le sait. Entre ces
deux tendances fondamentales </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">-</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
peur conservatrice pour l'épargne d'une vie, et sentiment d'un
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">orgueil
national</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
blessée – </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">nul
ne peut prédire</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
laquelle l'emportera. Personnellement, je p</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ense</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
que cet épisode va </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">plutôt</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
nuire au M5S dont le leadership me </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">semble</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
à ce stade moins incisif que celui de la </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Ligue</span></span></i></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">.
Cependant Matteo Salvini aura fort à faire pour </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">gérer</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
son meilleur allié/ennemi, Silvio Berlusconi. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">En
somme, la situation est extrêmement incertaine.</span></span></span></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;"><br /></span></b></span></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;">La
coalition Ligue/M5S prévoyait une politique migratoire très dure,
qui ne semble pas avoir gêné outre-mesure le président Mattarella.
C'est sur la question de la monnaie unique européenne que le blocage
s'est produit. </span></b></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><b><span style="background: transparent;">Comment
l'expliquez-vous ?</span></b></span></span></span></span></em></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">C'est
t</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">rès
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">significatif
en effet. Nous ne sommes plus en 2000, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">lorsque</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
l'alliance ÖVP/FPÖ </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">en
Autriche </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">avait
fait scandale parmi les autres gouvernements européens. Les
autorités européennes ne sont p</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">lu</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">s
gênées outre-mesure par ce qui va dans le sens de la restriction
migratoire. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">D'autant
moins que </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">la
majorité des gouvernements européens vont eux-mêmes dans cette
direction, y compris des gouvernements officiellement centristes et
partisans de la mondialisation comme en France. Matteo Salvini se
plaisait d'ailleurs à citer la politique migratoire du gouvernement
français actuel </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">et
à le présenter comme un modèle à suivre</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">.
Être contre « l'invasion migratoire » quand on gouverne
un pays européen, cela va désormais de soi. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">En
revanche</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">,
remettre en cause la monnaie unique </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">-</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
ou simplement vouloir discuter de son fonctionnement </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ainsi
que c'</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">était
prévu dans le contrat de gouvernement entre la Ligue et le M5S - est
apparemment chose bien trop radicale par les temps qui courent. </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><span style="background: transparent;"><b><br /></b></span></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif; font-size: large;"><span style="font-style: normal;"><span style="background: transparent;"><b>Pourquoi
n'existe-t-il plus, en Italie, d'alternative crédible à gauche ?</b></span></span></span></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">P</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">our
résumer, disons que le PCI – le principal parti de gauche en
Italie entre 1946 et 1989 - s'est converti à la social-démocratie
au début des années 1990, </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">et
a dans le même temps</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
a adopté l'Europe comme son unique credo. Il a entraîné avec lui
tout le reste de la gauche et du centre-gauche, et l'Europe est
devenu le</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ur</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
seul </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">horizon</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">.
Cela vaut </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">également</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
pour les ex-membres du Parti démocrate (héritier lointain du PCI).
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">C'est
un peu différent pour</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
le regroupement « Libres et Égaux » qui a été
constitué par des dissidents du PD et qui se situait à gauche </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">de
celui-ci. Ce regroupement</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
était divisé entre des pro-européens à la PD, et des
euro-dubitatifs. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Mais
l'électorat </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">de
gauche n'a </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">du
coup </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">rien
compris au message, et quand il était mécontent de la politique
économique et sociale liée à l'insertion de l'Italie dans la zone
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">uro,
il s'est </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">essentiellement
tourné vers le M5S. </span></span></span></span></span></span></em>
</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<span style="font-size: large;"><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">L'un</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
des enjeux des prochaines élections sera d'ailleurs de voir comment
se positionnent les modérés euro-dubitatifs de gauche, inscrits
dans le cadre de « Libres et égaux ». Vont-ils s'allier
au M5S ? Faire leur petite liste à part sans espoir d'avoir des
élus ? Ou vont-ils se radicaliser et se rallier aux extrémistes
de « Pouvoir au Peuple », qui essaye de relancer l'idée
communiste en Italie ? </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">En
tout état de cause,</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
il faudrait un miracle pour que la « gauche de </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">la
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">gauche »
joue un rôle important dans le Parlement à élire. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Sur
la question</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
migratoires, son discours est très </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">peu
populaire</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">
dans l'électorat. </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">Et
s</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">ur
les questions économiques et sociales, le créneau de la radicalité
anti-</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">e</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">uro
est </span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">désormais
</span></span></span></span></span></span></em><em><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1d2129;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"><span style="background: transparent;">occupée
par la Ligue, les néofascistes et le M5S. </span></span></span></span></span></span></em></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.26cm; orphans: 2; widows: 2;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
<br /><br />
</div>
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-47816037435998967052018-04-24T02:47:00.000-07:002018-04-25T08:07:17.602-07:00«Macron risque d’être le troisième Président consécutif à ne faire qu'un mandat », Wolfgang Streeck<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjs6EGpHJHV4eTZBopCnxSO8eaBfw7U6DEXbI2fI-vPIis43Kqw5sD9K9aiMe1mZ1yz9CeMC0b8uP7nafgJHdoDzlbG_zmeaMee7kuk1HenCVaRJCSbYXh4PRptzL2CQK1mQL9hFGp-jElO/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="530" data-original-width="796" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjs6EGpHJHV4eTZBopCnxSO8eaBfw7U6DEXbI2fI-vPIis43Kqw5sD9K9aiMe1mZ1yz9CeMC0b8uP7nafgJHdoDzlbG_zmeaMee7kuk1HenCVaRJCSbYXh4PRptzL2CQK1mQL9hFGp-jElO/s320/Sans+titre+1.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Wolgang Streeck est un sociologue de l’économie allemand dont le livre <i>Du temps acheté - la crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, </i>est désormais un classique. Il intervient parfois dans la presse française (<i>Le Monde</i>, <i>Le Monde diplomatique,</i> <i>Le Débat</i>), où il prend des positions iconoclastes, et plaide notamment pour la fin de la monnaie unique européenne. L'entretien ci-dessous a été réalisé et traduit par Jorge Gomes-Ferreira. </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b>***</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Vous observez beaucoup l'Europe. Après la longue crise politique qui a eu lieu dans votre pays et a amené à la reconduction de la « Grande coalition », après les élections italiennes de mars dernier, où en sommes nous selon vous ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Nous nous trouvons devant une impasse, devant un équilibre, non pas des forces, mais des faiblesses. Suite aux élections, l’Allemagne n’est plus en mesure de répondre aux attentes de ses partenaires en termes de « réformes », c’est-à-dire en termes de concessions matérielles : l’AfD et le FDP feront tout au <i>Bundestag</i> pour dénoncer ouvertement et avec fracas toute initiative qui irait au-delà du traité de Maastricht ou de ce que permet la Constitution allemande. En Italie, depuis la fin de Renzi, il n'est plus envisageable que le pays poursuive les réformes néo-libérales exigées d’elle jusqu’à maintenant. Cela impliquerait que l’Italie puisse attendre de l’Allemagne un soutien économique en retour, qui ne soit pas que symbolique.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En France, en l’absence de larges compromis de la part de l’Allemagne - que celle-ci ne peut concéder - Macron risque quant à lui d’être le troisième président consécutif à devoir tirer sa révérence après n’avoir effectué qu’un mandat. Du coup, son plus grand atout réside dans la peur qu’ont les autres, en particulier l’Allemagne, de ce qui pourrait advenir par la suite.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bref, tout cela laisse présager une continuation du marasme des dernières années, dans un contexte de mécontentement toujours croissant des citoyens, de déliquescence progressive des institutions européennes et d’accroissement des déséquilibres économiques entre membres.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Dans une tribune <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/02/l-europe-doit-abandonner-l-euro_4585513_3232.html">dans <i>Le Monde</i> en 2015</a>, vous expliquiez que nous devions abandonner l'euro. Êtes-vous toujours aussi opposé à cette monnaie et pourquoi, alors qu'a priori, l'Allemagne en est le principal bénéficiaire ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En effet, l’Allemagne est, aux côtés de quelques petits pays du Nord, la grande bénéficiaire de l’euro. Si les souverainetés nationales sont maintenues (et soyons sérieux : aucun pays en Europe n’est prêt à abandonner sa souveraineté), une péréquation financière entre Etats ou une politique régionale interétatique est impossible, ou alors uniquement de façon symbolique, c’est-à-dire économiquement sans effet. Or sans union politique, une union monétaire n’est pas tenable. Autrement dit: si ni l’Allemagne ne peut gouverner les autres pays (ni ceux-ci contraindre l’Allemagne), alors les pays qui souffrent d’un tel régime doivent récupérer leur capacité d’action en matière de politique économique. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A titre personnel, je tiendrais pour catastrophique si l’Allemagne s’octroyait le droit de dicter aux Italiens ou aux Français la façon d’organiser leur économie. Mais réciproquement, ce serait une catastrophe de laisser s’imposer une union monétaire dans laquelle les pays partenaires de l’Allemagne définissent ce que celle-ci doit leur prodiguer « par solidarité ».</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Il vous est arrivé d'expliquer que la domination allemande sur l'Europe était une « <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2015/05/STREECK/52917">hégémonie fortuite</a> ». Pourtant, la République fédérale s'arrange pour occuper quasiment tous les postes d'importance au sein de l'Union européenne. Les Allemands président quatre groupes parlementaires sur huit au Parlement européen dont les deux plus importants, Martin Seylmar a été nommé Secrétaire général de la Commission en dépit de toutes les règles de promotion interne, Berlin souhaite qu'en 2019, un Allemand prenne la tête de la BCE.... tout cela n'est pas fortuit tout de même ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’Allemagne est le plus grand pays de l’UE et en est le plus gros contributeur. Cela ne va pas sans conséquences. J’ai surtout l’impression que des Allemands sont avant tout nommés dans tout un tas de fonctions importantes à Bruxelles parce que l’on espère d’eux qu’ils insufflent en Allemagne une politique allemande "européenne". C’est d’ailleurs généralement le cas : considérez par exemple le commissaire Günther Öttinger, ou l'ancien Président du Parlement européen Martin Schulz.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Du reste, la politique allemande est davantage fondée sur le respect des règles que sur la recherche du pouvoir. La République fédérale applique scrupuleusement les règles écrites dans les traités et dans la constitution allemande, ni plus, mais aussi ni moins. C’est là l'explication de ce qui apparaît à d’autres comme de l’entêtement. La France et l’Italie ont signé le traité de Maastricht, et ce sans union politique. Il faut savoir qu'au départ, Kohl ne voulait pas d’une union monétaire sans union politique, mais l’a acceptée au nom de la paix et de la réunification, et imposée en politique intérieure malgré les résistances. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Dans <a href="https://wolfgangstreeck.com/2016/12/05/lallemagne-et-leurope/">un long article publié par <i>Le Débat</i></a>, vous vous êtes montré très sévère vis-à-vis de la politique migratoire d'Angela Merkel. Cette dernière en a d'ailleurs payé le prix aux élections de septembre 2017. Sur cette question, où en est l'Allemagne. Va-t-elle parvenir à intégrer les nouveaux venus ? Cela va-t-il l'aider à résoudre son problème démographique ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai du mal à appréhender ce mot, "intégrer". Toutes les sociétés d'accueil sont segmentées : partout les immigrés de la première ou de la deuxième génération forment des sociétés parallèles. D’ailleurs tous les groupes d’immigrés ne sont pas égaux dans ce domaine, et il existe dans chaque groupe des différences considérables. Par le passé, nous n’avons pas été très bons en Allemagne lorsqu’il s’est agi d’offrir une égalité de chance aux deuxième et troisième générations d’immigrés : confer les statistiques sur les parcours de formation des jeunes hommes turcs en Allemagne.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans l’ensemble et suite à la suite de la vague migratoire de 2015/2016, les allemands vont devoir faire avec un bouleversement culturel et une charge économique considérables, et ce sur le long terme. On ne peut qu’espérer que la paix sociale n’en souffre pas trop. Mais en ce qui concerne le problème démographique, celui-ci n’est de toutes façons pas soluble par une immigration d’asile. Qui plus est, la plupart du temps le taux de fécondité des immigrés s'adaptent dès la deuxième génération à celui des populations locales.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Pour finir, le « couple franco-allemand », est-ce que ça vous dit quelque chose ? Y croyez-vous ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Très honnêtement ce concept ne m’évoque que peu de choses. Nos deux pays sont dans l’obligation de s’accommoder l’un avec l’autre, même si les différences sont nombreuses, dans l’éducation, dans les politiques énergétiques, dans le domaine de la Défense, notamment concernant les interventions (ou plutôt des aventures) militaires comme en Libye ou dans les anciennes colonies françaises. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour ma part j’admire la ténacité et l’obstination avec lesquelles beaucoup de Français résistent aux prétendues pressions de la « globalisation » et je souhaiterais qu’on en fasse un peu plus preuve chez nous. Je peux aussi parfaitement comprendre que beaucoup de Français soient irrités par certains traits du mode de vie allemand, par exemple l’évidence avec laquelle on s’y soumet à la rude discipline des marchés et des entreprises mondialisées. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Peut-être n’y a-t-il à ce sujet pas d’alternative et peut-être que Macron est venu pour rééduquer la France suivant le "modèle allemand" et l’adapter au capitalisme financier. Il serait néanmoins nécessaire de comprendre ce que l’on perd dans ce processus et les français semblent être plus nombreux que les Allemands à le comprendre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-88118452026470851262018-04-02T04:44:00.000-07:002018-04-02T04:47:51.554-07:00SNCF: pourra-t-on maintenir le service public ?<div style="background-color: white; color: #202222; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwLGVt0uw1hyphenhyphenXNC2FaT57oqwVdezXoqH7r262haTH3hOXM-hr18F5FYpiJOvKroeiL7rHwvKMFHyNu4ab5ci_hG49tJIhndkZrqPuxkuqTZWYeWaIuCVzUDcJsQwfqDjGnvburf-OHwNbF/s1600/Gr%25C3%25A8ce.bmp" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="476" data-original-width="944" height="201" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwLGVt0uw1hyphenhyphenXNC2FaT57oqwVdezXoqH7r262haTH3hOXM-hr18F5FYpiJOvKroeiL7rHwvKMFHyNu4ab5ci_hG49tJIhndkZrqPuxkuqTZWYeWaIuCVzUDcJsQwfqDjGnvburf-OHwNbF/s400/Gr%25C3%25A8ce.bmp" width="400" /></a></div>
<div style="background-color: white; color: #202222; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<br /></div>
<div style="background-color: white; color: #202222; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="color: #353434; font-size: 13px;"> </span><span style="color: #353434; text-align: start;"> </span></span></div>
<div style="background-color: white; color: #202222; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;"><span style="color: #353434; text-align: start;"><b>Tribune invité </b></span><br style="color: #353434; text-align: start;" /><b style="color: #353434; text-align: start;">- Jean-Michel NAULOT -</b></span></div>
<div style="background-color: white; color: #202222; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<b style="color: #353434;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Jean-Michel Naulot a été banquier pendant 37 ans et membre du Collège de l'autorité des marchés financiers (AMF) de 2003 à 2013. Il a témoigné de son expérience dans un livre intitulé <i><a href="http://www.amazon.fr/Jean-Michel-Naulot/e/B00FNQ1UAK" style="color: blue;">Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien</a></i>, Seuil, octobre 2013. On peut le retrouver <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-michel-naulot" style="color: #a64d79; text-decoration-line: none;">sur son blog</a>. Dans le texte ci-dessous, il fait appel à son expérience de régulateur financier pour contester le bien fondé de la réforme de la SNCF prévue par l'actuel gouvernement. </span></b></div>
<div style="background-color: white; color: #202222; font-family: PT_Serif, "Times New Roman", Times, serif; font-size: 16px; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: center; word-break: break-word;">
<b style="color: #353434; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, sans-serif; font-size: 13px;"><span style="font-family: "helvetica neue" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;">****</span></b></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222; font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Certains néolibéraux sont à ce point convaincus que la concurrence et le marché sont en toute circonstance « La » solution qu’ils aimeraient parfois que le débat soit clos avant même d’avoir commencé... Dans un univers devenu plutôt moralisateur, où l’on prend plaisir à compter en toute circonstance les bons et les méchants, où l’on désigne immédiatement quelques « privilégiés » pour se donner bonne conscience lorsque l’on bénéficie soi-même de quelques privilèges, on oublie souvent qu’en procédant de la sorte on fait le jeu d’une idéologie néolibérale qui est à l’origine de la colère qui monte dans un grand nombre de pays occidentaux. Jacques Rueff, un grand économiste libéral, dénonçait lui-même, avec sagesse et courage, « ce régime absurde et insensé de l’économie libérée qui est la négation même de l’économie libérale ».</span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Au moment où s’engage une « transformation » de la SNCF, selon le mot utilisé autrefois par Jean-Jacques Servan Schreiber qui pensait lui aussi que l’on pouvait changer la société française d’un coup de baguette magique afin de rattraper notre « retard » sur le modèle américain, il est normal que l’inquiétude s’exprime.</span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">La réforme en cours n’est pas sans rappeler quelques souvenirs à l’ancien régulateur que je suis. En novembre 2007, alors que nous étions entrés dans une crise financière très grave depuis l’été, nous étions nombreux à nous interroger, régulateurs et acteurs financiers, sur la pertinence d’une directive européenne qui mettait fin au monopole de la société Euronext pour traiter les transactions boursières à Paris. Nous savions que nous entrions dans une crise provoquée par une insuffisance de la régulation et l’on nous demandait de donner un coup d’accélérateur dans la voie de la dérégulation ! L’introduction de la concurrence, nous disait-on, réduira les coûts pour les clients. </span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Très vite, cette directive a effectivement produit ses effets… ! De nombreuses plateformes de transactions ont été créées et elles se sont spécialisées sur les courants d’affaires les plus rentables (le traitement des grandes valeurs). Le volume de transactions réalisé par Euronext étant désormais réparti en de multiples plateformes, une liquidité du marché plus faible a été constatée. Il en est résulté un coût plus élevé pour les clients. Par ailleurs, la concurrence tirant les pratiques vers le bas, la transparence a été réduite. Quant aux opérateurs du <i>trading</i> à haute fréquence, jusque-là marginaux sur le marché, ils ont été comblés. En un rien de temps, ils ont pris 50% du marché des actions. La recherche du meilleur prix parmi les multiples plateformes devenait en effet un exercice complexe qui exigeait le recours à des ordinateurs très puissants. Depuis, les régulateurs ne savent comment réduire leur emprise… En quelques mois, les clients qui étaient censés profiter de la réforme ont ainsi constaté que l’évolution du marché des actions n’était pas du tout conforme à ce qui avait été annoncé.</span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">En ira-t-il de même demain pour la réforme de la SNCF ? Les clients connaîtront-ils la même déception ou au contraire, comme on nous le promet, la fin du monopole permettra-t-elle d’améliorer la qualité du service fourni ? Les nouveaux acteurs ne seront-ils pas, eux aussi, tentés de se concentrer sur le segment de marché le plus rentable ? Les dessertes régionales ne seront-elles pas moins fréquentes de manière à assurer une meilleure rentabilité sur chacune de ces lignes ? Le maintien des petites lignes par la SNCF ne sera-t-il pas provisoire puisque les lignes les plus rentables auront été confiées aux nouveaux acteurs ? La SNCF ne fera-t-elle pas tout simplement valoir qu’avec le déficit des petites lignes elle ne peut se battre à armes égales avec les concurrents ? Toutes ces questions sont naturelles et légitimes.</span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Si la couverture du territoire devait progressivement se réduire, les efforts de plusieurs dizaines d’années pour aménager le territoire de manière plus équilibrée pourraient être anéantis. De même, si la réforme devait se traduire par une hausse des tarifs, comme cela a été constaté en Allemagne et au Royaume Uni, les hausses se traduiraient vite par le recours à d’autres moyens de transport, beaucoup plus polluants, comme les vols low cost, l’autocar et la voiture. La mobilité de nos concitoyens serait alors gérée en contradiction complète avec la lutte contre le réchauffement climatique. Au Royaume Uni, pays du libéralisme par excellence, vingt ans après la privatisation du transport ferroviaire, 58% des usagers considèrent que la privatisation a été un échec et 90% des usagers souhaitent même une renationalisation !</span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">Les usagers sont en droit d’attendre des réponses précises à toutes ces questions. La mention d’une dette excessive de 47 milliards d’euros ne doit pas servir d’argument pour esquiver le débat de fond. Cette dette aurait en effet dû être reprise depuis longtemps par l’Etat. En Allemagne, l’Etat a repris à la <i>Deutsche Bahn</i>, dès 1994, une dette de 41 milliards d’euros et l’Etat continue d’apporter son concours financier à la société. En France, les gouvernements successifs ont fait un choix différent afin de ne pas dégrader les critères de Maastricht ! Et, dans le même temps, ils ont décidé d’accélérer les projets de nouvelles lignes de TGV sans mettre en place le financement correspondant ! Cette politique en faveur du TGV, légitime et ambitieuse mais non financée, a été conduite au détriment de l’entretien du reste du réseau (TER et RER). Les gouvernements sont les vrais responsables de cette situation. Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur. Il est donc indispensable que le gouvernement explique comment la SNCF financera le développement à venir du service public. Pour le moment, il ne dit pas grand-chose et refuse même de dire s’il est prêt à reprendre la dette de la société.</span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222;"><span style="font-family: "trebuchet ms" , sans-serif;">L’ouverture du réseau ferroviaire à la concurrence semble désormais inévitable puisque la directive européenne a été approuvée. Comme le rappelle l’ARAFER, l’autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, « le pilier marché relatif à l’ouverture à la concurrence des marchés nationaux et à la gouvernance des acteurs du système ferroviaire a fait l’objet d’un accord entre les Etats membres et le Parlement européen le 28 avril 2016 ». Emmanuel Macron était à l’époque ministre de l’économie et de l’industrie. Il est peu probable qu’il se déjuge aujourd’hui. Il reste cependant à démontrer aux cheminots, aux usagers et à nos concitoyens que l’ouverture à la concurrence, telle qu’elle est conçue par Bruxelles, est compatible avec le maintien du service public.</span></span></div>
<div style="background-color: white; line-height: 1.5; margin-bottom: 1.5em; text-align: justify; word-break: break-word;">
<span style="color: #202222; font-family: "pt_serif" , "times new roman" , "times" , serif;"><br /></span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-79493029879749977132018-03-18T11:15:00.000-07:002018-03-20T09:49:48.748-07:00Alexis Dirakis : « L'UE oeuvre à la transposition du modèle politique, monétaire et économique allemand à l'échelle continentale ».<br />
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></em></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIKZ9O_BbZ-IaVwWKN34sh-Z3NvEh36QqVLunftMvVGNPm9EFDHaZ82-dF_Q6_xe859QMWhwu5ftm7PK6VRzFgqUVwEois4ivcKWkPIsAOmNsCkStUInbiCuY8JqIpI4LGstlH7-XPhtJb/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="502" data-original-width="847" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIKZ9O_BbZ-IaVwWKN34sh-Z3NvEh36QqVLunftMvVGNPm9EFDHaZ82-dF_Q6_xe859QMWhwu5ftm7PK6VRzFgqUVwEois4ivcKWkPIsAOmNsCkStUInbiCuY8JqIpI4LGstlH7-XPhtJb/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b><br /></b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>Alexis Dirakis est sociologue et philosophe. Il est membre du centre franco-allemand de recherches en sciences sociales de Berlin. Après avoir publié un article roboratif sur </b></span></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;">« </span></b></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;"><a href="http://le-debat.gallimard.fr/articles/2017-5-les-ressorts-du-consensus-allemand-sur-l-europe/">Les ressorts du consensus allemand sur l'Europe</a> </span></b></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;">» </span></b></span></em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;">dans la revue </span><i>Le Débat, </i>il revient pour <i>L'arène nue</i> sur ledit consensus, sur le "couple" franco-allemand et les innombrables incompréhensions qui le traversent, sur la trajectoire historique particulière de la nation allemande et sur les perspectives possible pour l'avenir de l'Europe. </b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><b><br /></b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><b><br /></b></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="color: black;"><b>***</b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;"><br /></span></b></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;"><br /></span></b></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;">Dans
votre dernier article paru dans </span>Le Débat<span style="font-style: normal;"> et intitulé </span></b></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;">« </span></b></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;"><a href="http://le-debat.gallimard.fr/articles/2017-5-les-ressorts-du-consensus-allemand-sur-l-europe/">Les ressorts du consensus allemand sur l'Europe</a> </span></b></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;">»</span></b></span></em><em><span style="color: black;"><b><span style="font-style: normal;"> , vous expliquez
que la vocation européenne de </span></b></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>l'Allemagne
</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>ne
s'y discute pas, et que tout le monde, outre-Rhin, est d'accord sur
le fait que « l'Europe importe plus que l'Allemagne ».
N'y a-t-il pas là un paradoxe alors que les dernières élections
législatives (24/09) ont vu monter des partis « souverainistes »
(AfD et, dans une certaine mesure, FDP), et que la crise politique
actuelle dans le pays est précisément liée à cela ?</b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">L'AfD
est née des craintes suscitées par la monnaie unique. C'est l'euro
et non pas l'Europe qui préoccupait en premier lieu ce parti. L'AfD
n'a en effet jamais plaidé pour une sortie de l'UE. Il n'envisage
encore aujourd'hui cette possibilité qu'en dernier recours. Or même
dans ce cas, le parti s'engage à participer à la refondation d'une
nouvelle communauté économique européenne.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Pour
autant, ce jeune parti, instable, tiraillé par des divergences
internes et en réponse à une nouvelle inquiétude, migratoire cette
fois, a déplacé son centre de gravité de l'économique vers le
politique. La question de l'euro a ainsi été supplantée par celle
de l'identité, des frontières, de </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">l’État-nation</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">,
des valeurs traditionnelles, etc. Cette mue du parti a relégué au
second plan le thème, originel, de l'euro mais aussi la critique
globale de l'UE alors même que celle-ci se radicalise dans les
coulisses du parti. Pour le formuler autrement : l'AfD ne
s'assume pas pleinement comme un parti anti-bruxellois. La question
de la sortie de l'UE demeure taboue alors même qu'elle se déduit
logiquement de son programme politique.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Bref,
si l'AfD fait depuis peu exception au consensus allemand sur
l'Europe, ses réticences à affirmer explicitement son
antieuropéanisme sont révélatrices, indirectement, de la force
même de ce consensus. Ce parti se cantonne aujourd'hui dans une
posture anti-Merkel. Une stratégie confortable et de fait payante,
mais certainement pas à la hauteur de son programme politique bien
plus ambitieux. Nous avons eu en France le cas inverse : durant
plusieurs années, le Front National a incessamment plaidé pour une
sortie de l'Europe pourtant absente de son programme.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>Vous
expliquez que l'Allemagne a une sorte de vocation naturelle à
l'Europe supranationale, pluriethnique et décentralisée, du fait de
son mode d'organisation « naturel » : le Reich.
Pouvez-vous expliquer ce dont il s'agit, en quoi ce n'est ni tout à
fait un Empire ni (encore moins) une nation, et en quoi le Troisième
Reich fut, malgré son appellation, un « faux » Reich ?</b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Le
Saint-Empire romain germanique, qui s'étend du couronnement d'Otton
Ier en </span></span></em><em><span style="font-family: , serif;"><span style="font-style: normal;">962
au renoncement à la couronne impériale par François II en 1806,</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">
est l'archétype du Reich. Il s'agit d'une organisation politique
extrêmement complexe, dont la complexité est aggravée par son
envergure et sa longévité, mais dont on peut résumer quelques
traits généraux et distinctifs. Culturellement, le Reich se voulait
le gardien de la chrétienté et de la civilisation européenne (en
tant que double héritier de l'Empire romain et de l'Empire
carolingien). Géographiquement, il recouvrait, au moment de sa plus
grande extension, l'intégralité de l'Europe centrale.
Politiquement, il consistait en un fédéralisme médiéval:
multiconfessionnel, multiethnique, multiétatique et supra- (ou du
moins inter-)national</span></span></em>.</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Le
Saint-Empire romain n'est pas à proprement parler un Empire pour au
moins deux raisons : il ne suppose pas nécessairement un
empereur à sa tête d'une part, et ne dispose pas d'une organisation
centralisée d'autre part.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">C'est
sur ce dernier point que l’appellation Troisième Reich, comme
celles de « Grand Reich germanique » à partir de 1938 ou
de la loi du 30 janvier 1934, dite de la « reconstruction du
Reich », sont fallacieuses. L'Allemagne nazie se voulait
politiquement moderne, elle dissout en ce sens les Länder, abolit le
fédéralisme et rompt ainsi avec l'héritage politique des divers
empires allemands au profit d'une organisation administrative faisant
de Berlin une capitale à part entière : le </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">cœur</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">
d'un pouvoir maintenant centralisateur. En matière d'impérialisme,
l'idéal des national-socialistes s'apparentait donc plus à
l'</span></span></em><em><span style="color: black;">Imperium Romanum</span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">
qu'au Saint-Empire. </span></span></em>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">De
façon générale, le parti nazi n'était pas conservateur, mais
« primitiviste », avec pour grand dessin la restauration
de la communauté germanique originelle et non pas celle de la
culture ou des traditions séculaires qui ont pourtant fait
l'Allemagne.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>Que
pensez-vous de la notion « d'hegemon réticent », ainsi
que certains auteurs anglo-saxons qualifient l'Allemagne pour
signifier que sa domination de l'Europe n'a pas été voulue, et
qu'elle n'est guère assumée, ou de celle, équivalente, <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2015/05/A/52957">de « puissance sans désir » employée par Wolfgang Streeck</a>
</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>?</b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Le
caractère indéfectible de l'engagement allemand pour plus
d'intégration européenne me semble difficilement contestable. Or il
contredit l'idée d'une puissance sans désir. </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Œuvrer</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">
fidèlement et obstinément à la réalisation d'une nouvelle
organisation politique et économique à l'échelle continentale ne
peut se faire sans une ambition profonde et une Weltanschauung bien
ancrée. Là se situe le désir de cette puissance dont il faut
comprendre les enjeux.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Cette
domination est-elle voulue ? On pourra tout d'abord questionner
la pertinence du concept de « domination ». Il me semble
abusif. Il y a une différence entre donner le ton et exercer une
suprématie. Dans le cas de l'Allemagne, le concept de « domination »
nous incite en outre à des télescopages historiques qui ne
facilitent pas la considération sereine du problème. Je parlerais
plus volontiers d'une prédominance de l'Allemagne en Europe par
l’intermédiaire de l'UE. Elle est d'autant plus patente que cette
prééminence est double : structurelle et politique.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Structurelle,
ou programmatique, en premier lieu : de par le degré de
similitude entre les principaux instruments politiques et économiques
de l'Allemagne et ceux de l'UE ; entre l'euro et le </span>Deutsche
Mark<span style="font-style: normal;">, la BCE et la </span>Bundesbank<span style="font-style: normal;">, l'ordre monétaire européen et
l'ordolibéralisme allemand, l'organisation politique de l'UE et le
fédéralisme constitutionnaliste d'outre-Rhin. De fait, l'UE œuvre,
intentionnellement ou non mais pour une part essentielle, à la
transposition du modèle politique, monétaire et économique
allemand à l'échelle continentale.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Une
prééminence politique et bureaucratique en second lieu. L'Allemagne
n'a pas manqué de convertir sa puissance économique en une
puissance politique. Elle ne peut, en tant que grand vainqueur de la
mondialisation, demeurer à la marge de l’échiquier mondial d'un
point de vue diplomatique mais aussi, dans une moindre mesure,
militaire. Elle tend donc fatalement à faire de son pouvoir une
force. C'est la moindre des choses. Il n'y a pas à s'en étonner. Le
poids de la mauvaise conscience historique et le désir de se
racheter ne sauraient contrevenir à cette tendance, ils servent au
contraire de nouvelles ambitions internationales.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Ce
travail de conversion et d'expansion de sa puissance en une
prééminence politique et bureaucratique au sein de l'UE est en
outre favorisé, toléré, si ce n'est encouragé, par l'économisme
qui domine à Bruxelles. L'excellence économique donne tous les
droits dans un monde où la production de richesse est la mesure de
toute chose. La complaisance, dont font preuve les responsables
européens à l'égard de leurs confrères allemands, trouve sa
raison dans ce fétichisme économiste. Il n'y a pas de soumission
sans consentement, là non plus. Parce que l'Allemagne réussit mieux
économiquement, elle devient, pour ses partenaires envieux, un
modèle à part entière et incontestée dans son pouvoir croissant. </span></span></em>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>Mais
justement, si la prééminence structurelle s'est déjà révélée
un peu fortuite (les Allemands avaient sans doute moins envie que les
Français de faire l'euro dans les années 1990 par exemple), la
prééminence politique n'était-elle pas encore p</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>l</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>us
difficile à prédire ?</b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Si.
Elle </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">n'a
pu être </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">explicitement
</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">voulue,
car elle n'a pu être anticipée ; du moins pas jusqu'à une
période récente. Cette prépondérance résulte de nombreuses
circonstances fortuites: la réunification, l'instauration d'une
monnaie unique, l'élargissement de l'Europe, etc. L'Allemagne n'a pu
prévoir cette nouvelle donne continentale mais, dans le court terme,
elle a su, avec intelligence et pragmatisme, saisir les opportunités
offertes par cette conjoncture : calcul de parité entre la
monnaie unique et le </span>Deutsche Mark<span style="font-style: normal;">, délocalisations vers l'Est,
siège de la BCE à Francfort, </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">e</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">uro
fort, nombre grandissant de technocrates allemands et de leurs plus
fidèles collaborateurs au sein de l'appareil bruxellois, etc. Et il
n'est pas dit que le Brexit ne conforte la position allemande sur le
continent. Certains diplomates berlinois s'avouent sur ce point très
optimistes.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Toutefois
et p</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">ar
principe, ce n'est pas parce que la prédominance n'est pas assumée
qu'elle n'est pas voulue ou intimement désirée. On ne (pré)domine
jamais malgré soi. Si la prédominance allemande n'est effectivement
pas assumée publiquement, c'est en raison de l'image toujours
sulfureuse de l'Allemagne et de la nature même du projet européen
qui – faut-il le préciser – n'a pas été promu à cette fin. A
la question « l'Allemagne assume-t-elle sa puissance ? »,
il faut répondre que cela lui est doublement interdit : au
regard du souvenir des ravages de sa précédente hégémonie
continentale d'une part, et compte tenu des valeurs et principes même
de l'Union Européenne (ceux de la solidarité, de la paix, de la
réconciliation de peuples, de l'équilibre des forces, etc.) d'autre
part.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">On
comprend ainsi l'importance de la France pour Berlin en tant qu'alibi
de ses ambitions unilatérales, tandis qu'à l'inverse le « couple »
formé avec la puissance allemande permet à la France de dissimuler
son insignifiance croissante sur un plan politique et économique. On
comprend aussi l'aspiration légitime des élites allemandes à
redorer le blason de leur prestigieux pays quitte à promouvoir une
politique migratoire incomparable de démesure. Mais là encore, même
dans son élan de générosité, l'Allemagne pèche par
unilatéralisme et jusqu'au-boutisme. Elle inquiète toujours.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Enfin,
l'Allemagne ne peut assumer publiquement sa prédominance pour une
raison d'ordre culturel : son apolitisme ; un désintérêt
pour la chose publique dont ce pays s'est souvent réveillé par
sursauts violents et qui résulte doublement de sa tradition fédérale
et de sa culture protestante. Or, on confond trop aisément
l'apolitisme allemand avec une réticence supposée à la
prédominance politique. Le manque de sens politique n'interdit pas
l'intelligence stratégique ni le désir de leadership. Mais il rend
ce dernier trop manifeste et, en ce sens, compromettant au sein d'une
organisation internationale qui a pour principe l'égalité
démocratique.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">La
répartition des tâches au sein du couple franco-allemand entre une
Allemagne économique et une France politique est révélatrice de
cette différence culturelle. Si réticence il y a, elle se comprend
par l'absence de sens politique dans sa forme moderne : le sens
de la juste mesure, de l'éloquence, une certaine démagogie aussi,
le souci de l'intérêt le plus commun, etc. Les Allemands jouent
d'autant moins le jeu de la diplomatie qu'ils en maîtrisent mal les
codes. Ils n'ont pas les moyens de leur fin. Cela explique le
caractère velléitaire ou erratique de leur diplomatie – faite de
volte-faces, d'initiatives non assumées, d'unilatéralisme – et le
mutisme symptomatique de la chancelière dès que les circonstances
lui imposent pourtant de prendre la parole.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Une
dernière nuance et pour la même raison : la prédominance de
l'Allemagne n'a pas pour finalité la domination politique de ce pays
mais celle de son modèle (économique, monétaire et politique) au
sein de l'UE. C'est ici que la question de l'hégémonie supposée de
l'Allemagne révèle toute sa complexité, dès lors que ce pays
n'agit pas tant au nom de ses intérêts propres que de fausses
évidences réifiées, de principes trop idéalisés pour y
reconnaître un biais ethnocentrique. Dire qu'ils servent en premier
lieu ses intérêts et qu'ils renvoient à une tradition culturelle
allemande ne suffit pas à les délégitimer. D'une part, le pays,
qui a vu naître le mouvement de la Réforme et qui s'est imposé par
la suite comme la nouvelle patrie de la philosophie, se considère
volontiers comme un lieu privilégié de dévoilement de la vérité
du monde et de rayonnement de l'esprit humain. Ce qui n'est pas
infondé. D'autre part, l'individualisme protestant et l'organisation
fédérale du pays ont renforcé, sans commune mesure, le poids de la
responsabilité individuelle. L'ordre social se constitue ici non pas
par en haut mais par en bas. Cela ne va pas sans une idéalisation de
la discipline et du contrôle de soi qui rend la psychologie
allemande si singulière et pour beaucoup obscure. Ces deux points –
le sentiment d'un rapport privilégié à la vérité du monde et
l'individualisation de l'ordre et du contrôle sociaux – font
partie de son orgueil et la rendent peu encline au relativisme et à
l'auto-critique. Ils contribuent au contraire à absolutiser certains
principes particularistes. C'est l'universalisme à l'allemande, si
l'on ose dire.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Nous
en avons l'illustration dans l'attitude des diplomates allemands à
l'égard des pays du Sud, dont le contentement hédoniste et le chaos
parasitaire qu'ils y reconnaissent, sont pour eux une insulte au
genre humain. Il ne faut pas s'étonner que leur attitude envers
ceux-ci s'apparente à celle de missionnaires prêchant les principes
élémentaires d'une vie enfin guidée par la raison : le sens
de l'ordre, de l'honneur, de la hiérarchie, des responsabilités,
etc.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Il
ne suffit donc pas de souligner que les principes que défend
unilatéralement Berlin sur le continent sont éminemment allemands
et servent principalement ses intérêts pour en dévoiler
l'injustice. Car ce qu'il y a de mieux en Allemagne se confond
traditionnellement avec ce qu'il y a de mieux en l'Homme. Il est
propre aux grandes nations de croître en l'universalité de leurs
principes.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Pour
sa part, la France, qui n'a pas moindre prétention, lie son complexe
de supériorité, et l'anthropologie sous-jacente à celle-ci, à des
questions d'ordre moral et politique. Un autre registre. A chacun son
ethnocentrisme.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>Une
grosse part de l'incompréhension entre la France et l'Allemagne ne
vient-elle pas du fait d'une histoire politique que tout oppose, avec
une Allemagne qui est la « nation tard venue », selon une
célèbre formule, et qui s'est longtemps vécue comme un Empire, et
une France qui fut (avec l'Angleterre) l'une des nations les plus tôt
venues dans l'histoire européenne ?</b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Assurément.
Et l'on peut craindre que l'Allemagne ne persiste dans son retard du
fait même de son attachement à l'UE, c'est-à-dire de sa fidélité
à une forme fédérale et continentale d'organisation politique. Le
désir d'intégration européenne se confond ici avec celui de
demeurer dans ce qu'il faut bien appeler un anachronisme politique,
d'origine impériale de surcroît.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">En
outre, si </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">l’État-nation</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">
se généralise comme forme d'organisation des communautés humaines
sur l'ensemble du globe, le fédéralisme, à l'échelle mondiale, se
porte mal : il facilite la désunion des peuples, exacerbe leurs
différences et inégalités à la fois économiques et culturelles,
paralyse le pouvoir politique – lorsque celui-ci n'est pas
personnalisé, accaparé par </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">l’État</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">
profond ou dicté par les capitaines de l'industrie. Or, j'ai la
faiblesse de croire que la modernité politique coïncide avec le
dépassement de cette forme d'organisation politique et que le
fédéralisme ne pourra permettre à l'échelle européenne ce qu'il
ne parvient que difficilement à réaliser au seul niveau national :
assurer l'unité du peuple, un consensus politique autour de
l'intérêt général, un véritable espace public ouvert à la
contradiction, un appareil politique jouissant d'une liberté
d'action suffisamment ample pour ne pas s'enliser dans la lenteur et
la cacophonie parlementaires, etc.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>L'Allemagne
a-t-elle encore besoin de la France ? Sachant qu'il est presque
inconcevable pour Berlin qu'il n'y ait pas d'Europe, mais tout aussi
inconcevable qu'elle ne soit pas </b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>a</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>llemande,
ne sommes nous pas coincés ? </b></span></span></em>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Le
destin de l'Allemagne est intimement lié à celui de l'Europe or il
ne peut y avoir d'Europe ni d'UE sans la France. Il s'agit là d'un
formidable moyen de pression sur Berlin et Bruxelles dont nos élites
ne semblent saisir ni l'importance ni l'opportunité politique qu'il
représente. Seul Paris peut offrir un contre-poids crédible à la
prééminence de Berlin. Les Allemands seront toujours contraints de
considérer notre point de vue, aussi réprobateur soit-il. Or, il ne
s'agit rien de moins que de briser l'unilatéralité intransigeante
de l'Allemagne, d'un point de vue diplomatique, et de renverser la
dynamique expansionniste de son modèle bancaire, monétaire,
constitutionnaliste et fédéral, d'un point de vue structurel. Cela
ne se fera sans certaines crispations des deux côtés du Rhin, sans
un rapport de force durable, mais dont il faut accepter le prix pour
le bien de l'Europe. C'est-à-dire pour le bien également de
l'Allemagne dont la prédominance se retourne inévitablement contre
elle. On ne saurait donc pas lui abandonner la définition de
l'Europe ni celle de l'européen.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Par
ailleurs, faire contre-poids à l'Allemagne ne doit pas incliner à
isoler ou à s'isoler de ce pays. Au contraire, un rapprochement
culturel et intellectuel, une meilleure connaissance de nos voisins
faciliterait le dépassement heureux de nos dissensions. Là encore,
malgré les nombreux efforts dans ce sens, la France accuse un retard
incontestable par rapport à l'Allemagne qui lui reste encore trop
exotique. Un exemple parmi d'autres : alors qu'outre-Rhin il
n'est pas exceptionnel qu'un homme politique ou un journaliste lisent
quotidiennement la presse française, l'inverse est assez rare.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>La
France serait donc en position de force sans le savoir ? </b></span></span></em>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Absolument.
</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Elle
possède une marge de manœuvre considérable pour proposer une
refondation ou une réorientation de l'UE. Mais les situations
objectives n'influent pas mécaniquement sur les esprits. Aussi, nos
élites doivent-elles en premier lieu se libérer de cette prison
mentale qu'est l'économisme. Cette idéologie incline à l'apathie
politique et au suivisme, c'est-à-dire à la soumission fascinée
aux vainqueurs de la mondialisation.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Ainsi
le </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">P</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">résident
</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">français
</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">a-t-il
exprimé à Davos sa volonté d'« aligner la France sur
l'Allemagne et l'Europe du nord ». Au regard de la divergence
de nos cultures économiques, cette stratégie, qui vise à rattraper
l'Allemagne sur son propre terrain, ne mènera dans le meilleur des
cas qu'à un rapprochement honorable – et non pas à une égalité
ou à un dépassement de celle-ci. Un rapprochement dont le coût
social, pour les mêmes raisons, sera encore plus lourd en France
qu'il ne l'est outre-Rhin.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>Du
coup...q</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>ue
p</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>ourait</b></span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;"><b>
proposer Paris ?</b></span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Alors
que la classe politique française se réclame unanimement du Général
de Gaulle – une récupération souvent faite de malentendus et de
cynisme, faut-il le préciser –, elle pourrait passer de
l'incantation à l'action, en faisant sienne, par exemple, l'idée
éminemment gaullienne d'une confédération </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">d’États-nations.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Voilà
une réponse crédible à ce qui me semble être le problème
élémentaire de l'UE : le respect des identités : celles
des nations qui composent l'Europe, mais également celle de l'Europe
même (on n'ose plus dire de « la civilisation européenne »).</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">La
question de l'identité me semble en effet cruciale car l'existence
et l'expansion de l'UE repose sur un déni général des identités
européennes, non pas seulement en demeurant aveugle ou hostiles à
celles-ci mais également en idéalisant, en absolutisant
subrepticement certaines cultures au détriment des autres. L'UE
promeut la paix et l'égalité au prix d'une indifférenciation qui
ne peut qu'aggraver les inégalités et les crispations entre les
peuples.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Les
questions économiques et monétaires, celles de démocratie ou de
souveraineté – autour desquelles se cristallisent les inquiétudes
suscitées par l'Europe – ne sont que secondaires au regard de la
question identitaire : celles-là dérivent de celle-ci. La
multitudes des crises auxquelles l'UE fait face ne sont que la forme
éclatante mais superficielle de conflits plus profonds car
éminemment identitaires et culturels : des conflits résultant
de divergences – si ce n'est d'antagonismes – dans notre relation
à </span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">l’État</span></span></em><em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">,
à la nation, à l'élite politique, à la religion, à l'histoire et
à l'espace européens. Autant de relations qui renvoient à leur
tour à l'ancienneté, à l'absence ou encore à l'immaturité de
pratiques et d'institutions politiques, économiques et sociales que
seule l'histoire toujours singulière des peuples peut éclairer et
autour desquelles se structurent leurs identités potentiellement
contradictoires. </span></span></em>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">C'est
ainsi que ressurgissent, selon les cas et selon les camps – dans un
espace paradoxalement aveugle des identités ou hostiles à celle-ci
– des prétentions ou des ressentiments ancestraux, des animosités
ou des condescendances héritées, des velléités ou des ambitions
séculaires, un désir de repentance ou un esprit de revanche sur
l'Histoire, etc. C'est une banalité de le dire, mais ce rappel
s'impose au regard de la violence indifférenciatrice qu'exerce
l'économisme sur les conditions élémentaires de la vie collective.
Il tend ainsi à briser le lien subtil et précaire qui lie, tout de
même, nos singularités du fait de notre histoire mêlée,
européenne.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<em><span style="color: black;"><span style="font-style: normal;">Je
pense que les grands problèmes de l'UE sont intimement liés à
cette question, et que c'est sur celle-ci que se joue déjà son
avenir, de moins en moins probable. Par l'économisme de nos élites,
le particularisme allemand et l'universalisme français, nous
cumulons les points aveugles face cette réalité première. Or l'UE
ne pourra pas persister à dénier l'Europe, son histoire, sa
richesse culturelle et la diversité de ses identités, sans se
condamner elle-même.</span></span></em></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="RIGHT" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-85219875695525819362017-11-22T08:24:00.000-08:002017-11-22T08:24:23.259-08:00Crise politique en Allemagne : quelles perspectives ? par Jérôme Sterkers<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX4k2zw78Qv6KPLbsaGW8ZhbUYZspWfyf7c8kmN-U28laJE0OSC5ePBcQ8q046yhNjT4mQXDxlh694I8lzva8JS53qaklOM1hk3CShOSEvuAFCTbKw7L1xJL1zy-itz2HxKVPm21IKChMR/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="502" data-original-width="899" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiX4k2zw78Qv6KPLbsaGW8ZhbUYZspWfyf7c8kmN-U28laJE0OSC5ePBcQ8q046yhNjT4mQXDxlh694I8lzva8JS53qaklOM1hk3CShOSEvuAFCTbKw7L1xJL1zy-itz2HxKVPm21IKChMR/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Depuis les élections fédérales du 24 septembre 2017, l'Allemagne se trouve dans une situation de blocage politique, les partis pressentis pour former le nouveau gouvernement autour d'Angela Merkel ne parvenant pas à trouver un accord de coalition. Pour autant, ce blocage - qui tranche avec sa réputation de régime parlementaire permettant tout à la fois représentation proportionnelle des mouvements d'opinion et stabilité de l'exécutif - est-il réellement synonyme d'embolie institutionnelle ? Est-ce vraiment l'impasse politique en Allemagne ? Cette situation est-elle une vraiment un première, comme on ne cesse de nous le dire ? Quelles sont les issues possibles ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A titre liminaire, notons qu'une telle situation de blocage survenant immédiatement après une élection est bel et bien unique dans l'histoire de l'Allemagne depuis 1949. En revanche, la République fédérale a déjà connu des impasses constitutionnelles comparables et même un gouvernement minoritaire dans les années 1970, comme nous allons le voir plus bas.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans le cas présent, si l'on y réfléchit bien, <b>cinq hypothèses</b> sont techniquement plausibles pour sortir de l'impasse. Certaines peuvent se combiner entre elles, d'autres sont politiquement moins probables.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><u>Scénario 1 :</u></b> </div>
<div style="text-align: justify;">
Le Président fédéral Frank-Walter Steinmeier prend ses responsabilités et demande au <i>Bundestag</i> de faire de même. Sans attendre, il met en marche la procédure habituelle d'élection du Chancelier (article 63 de la Loi fondamentale) et propose au <i>Bundestag</i> le nom d'Angela Merkel en sa qualité de<i> Kanzlerkandidat</i> du groupe politique le plus fort, l'Union CDU-CSU. Ce faisant, il renvoie les partis à leurs responsabilités et peu espérer forcer les trois partenaires pressentis (Union, FDP, Verts) à s'entendre en urgence. Cependant, étant donné que les libéraux ont expliqué que pas moins de 120 points restaient à régler dans le contrat de coalition, il semble peu probable que Merkel soit élue Chancelier dans ces conditions. Le Bundestag aurait alors deux semaines pour élire un chancelier de son choix sur la base d'une majorité alternative, toujours à la majorité de ses membres (art. 63, al.2). C'est à la fois la voie la plus naturelle constitutionnellement parlant, mais en l'état des forces en présence, elle revient à reculer pour mieux sauter... vers le scénario 3.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><u>Scénario 2 :</u></b> </div>
<div style="text-align: justify;">
La reconduction surprise de la coalition actuelle CDU-SPD, ce qui semble devoir se passer en ce moment même dans le <i>Land </i>de Basse-Saxe : celle-ci se ferait alors dans le cadre d'un nouvel accord de gouvernement. Le problème étant que, dès la soirée électorale, le leader du SPD Martin Schulz n'a eu de cesse de rejeter cette hypothèse. Difficile de ne pas perdre la face. A moins que cela ne s'accompagne de la renonciation simultanée d'Angela Merkel au poste de Chancelier fédéral, ce qui justifierait alors la poursuite de la grande coalition, mais sur des bases 100% nouvelles : ni Merkel, ni Schulz et avec un nouveau programme commun.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><u>Scénario 3 :</u></b> </div>
<div style="text-align: justify;">
L'heure des choix: ce serait la conséquence d'une impasse qui durerait ou la suite logique du scénario 1. Sans majorité, le <i>Bundestag</i> peut élire in fine un Chancelier avec une majorité simple (art 63, al.3 LF). Deux options s'offrent alors au président fédéral, qui dispose de sept jours pour décider soit de nommer formellement ce gouvernement minoritaire soit, au contraire, de dissoudre le <i>Bundestag</i> (art 63, al.4 de la Loi fondamentale). Dès lors :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><u>Première option 3A</u></i> : si le président fédéral dissout le <i>Bundestag</i>, la nouvelle élection devrait avoir lieu dans les 60 jours. Au regard de la durée des procédures évoquées ci-dessus, une date d'élection serait donc possible au printemps 2018 avant Pâques.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><u>Deuxième option 3B</u> </i>: si le président fédéral ne dissout pas le <i>Bundestag</i>, un gouvernement minoritaire pourrait, au cas par cas, travailler avec l'opposition pour adopter le budget et la législation. </div>
<div style="text-align: justify;">
Contrairement à ce que beaucoup peuvent imaginer, l'Allemagne a déjà connu une telle situation en 1972 après que plusieurs élus de la majorité SPD-FDP ont quitté leurs partis respectifs par rejet de l'Ostpolitik menée par Willy Brandt, tandis que l’opposition de droite menée par Rainer Barzel avait échoué à faire adopter à deux voix près sa motion de défiance constructive déposée dans le cadre de l'article 67 de la Loi fondamentale. Brandt continua donc à gouverner sans majorité jusqu'à un retournement de conjoncture politique qu'il exploita en engageant la responsabilité de son gouvernement par le dépôt d'une Motion de confiance (art. 68 LF) dont il savait qu'elle serait rejetée par le <i>Bundestag</i>... ce qui entraîna une dissolution de l'assemblée et une victoire de Brandt à l'élection qui s'ensuivit. Mais dans le cas présent, Angela Merkel a d'ores et déjà fait savoir qu'elle préférait une nouvelle élection que former un gouvernement minoritaire.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><u>Scénario 4</u></b> : </div>
<div style="text-align: justify;">
L'heure du non-choix: Techniquement, le gouvernement fédéral actuel, composé par la CDU et le SPD, sans aucun changement, peut tout à fait rester en fonction et le Parlement exercer ses pouvoirs de contrôle et de législation. Bien que cela ne soit pas prévu par la Loi fondamentale (et pourrait être perçu comme contraire à la coutume constitutionnelle, voire faire l'objet d'un recours devant le Tribunal constitutionnel fédéral de Karlsruhe), la situation actuelle pourrait théoriquement perdurer jusqu'aux prochaines élections fédérales à l'automne 2021. Pour autant, ce quatrième scénario est, en tous points, le plus improbable !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ainsi, comme le disait fort opportunément Goethe au moment de quitter ce monde, nous avons encore besoin de "Mehr Licht" pour y voir plus clair...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Jérôme Sterkers</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-64457078395059685162017-11-01T10:15:00.000-07:002017-11-01T11:10:15.483-07:00«La République catalane n'a pas été proclamée», Antoine de Laporte. <div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;"><br /></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;"><br /></span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdUgEB-7pACK_VnjZLcuS5Z4hakkaJoas7GwQGZ2VVN1S576mGjVHJAFQP9kpDWOHnRFnBIdUQB4BgqR3gwO-DqupnkwQ6xbL1qMoEk7kkEqKL3bbvyp2A6nJf75inatZ1KOLleSYCZ7CX/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="572" data-original-width="1054" height="216" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdUgEB-7pACK_VnjZLcuS5Z4hakkaJoas7GwQGZ2VVN1S576mGjVHJAFQP9kpDWOHnRFnBIdUQB4BgqR3gwO-DqupnkwQ6xbL1qMoEk7kkEqKL3bbvyp2A6nJf75inatZ1KOLleSYCZ7CX/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;"><br /></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;"><br /></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;"><br /></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><span style="font-size: large;">Antoine de Laporte est un observateur de longue date et un fin connaisseur de la politique espagnole. Il revient aujourd'hui pour <i>L'arène nue</i> sur la déclaration d'indépendance de la Catalogne, la mise sous tutelle de la région par Madrid, la fuite rocambolesque de Carles Puigdemont à Bruxelles et sur la manière dont les différents partis, indépendantistes et unionistes, préparent les élections du 21 décembre.</span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b>*****</b></div>
<div style="text-align: center;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><b>Depuis
la Belgique où il se trouve actuellement, Carles Puigdemont a
affirmé qu'il reconnaîtrait le résultat des élections du 21
décembre, pourtant souhaitées par Madrid. Alors, c'en est déjà
fini de l'indépendance de la Catalogne ? Et si les indépendantistes
les gagnent ?</b></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><span style="color: black;">Les
deux principaux partis </span>indépendantistes,
le Parti démocrate européen catalan (PDeCAT, centre droit) et la
Gauche républicaine de Catalogne (ERC),<span style="color: black;">
affirment qu'ils se présentent au scrutin pour défendre la
République, mais c'est une stratégie politique et sémantique. Leur
objectif est de gagner le scrutin pour forcer le gouvernement de
Mariano Rajoy à reconnaître qu'il y a un fait indépendantiste
indéniable et qu'il est contraint d'ouvrir le dialogue avec eux.
Puigdemont l'a plus ou moins expliqué à Bruxelles : il était
convaincu que la proclamation de la République serait la première
phase d'une discussion avec Madrid.</span></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">La
République n'a
d’ailleurs
jamais été formellement proclamée. C'est
en tous cas l'avis de plusieurs juristes. Le vendredi 27 octobre, le
Parlement de Catalogne a adopté une résolution (c'est-à-dire un
avis, qui n'a pas de valeur juridique, seulement politique) dans
laquelle
il demandait au gouvernement catalan de prendre toutes les mesures
nécessaires pour que soit appliquée concrètement la loi de
transition juridique. Cette loi a été votée le 7 septembre par le
Parlement, mais annulée par la justice espagnole. Elle pose les
bases de la nouvelle République catalane, en attendant qu'une
Constitution soit votée. En revanche, le Parlement n'a pas voté le
préambule de la résolution (ainsi que l'a expressément souligné
la présidente du Parlement Carme Forcadell), préambule qui
affirmait que la Catalogne est un État indépendant sous la forme
d'une République démocratique et sociale. En pratique, la
République n'a pas été proclamée, et l'absence de toute
reconnaissance internationale l'empêche d'exister.</span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;">J'ajoute
que la résolution du 27 octobre n'a jamais été publiée dans une
publication officielle (il y en a deux : le Bulletin officiel du
Parlement ou le Journal officiel de la Généralité), or en droit un
texte non publié n'a aucune valeur, portée, incidence ou
conséquence.</span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><b>Du
coup, comment se passent, pour l'instant, la suspension de
l'autonomie et la mise sous tutelle de la région
via l'article 155 de la Constitution espagnole ?</b></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Pour
le moment, il n'y a pas de réactions de contestation majeures.
L'ancien chef des « Mossos »
(
la
police catalane) Josep
Lluis Trapero a envoyé une lettre à ses anciens subordonnés en les
appelant à la loyauté envers leur nouveau chef, et le gouvernement
de Madrid a choisi pour le remplacer l'ancien adjoint de Trapero, ce
qui est une reprise en main soft. Les hauts fonctionnaires proches de
l'ancien gouvernement sont allés récupérer leurs effets personnels
dans leurs bureaux sans créer d'incident. Le représentant de la
Généralité auprès de l'UE a accepté sa destitution. Même la
présidente du Parlement Carme Forcadell a renoncé à convoquer le
bureau du Parlement, affirmant que ce dernier se trouvait dissous.
Puigdemont a expliqué hier à Bruxelles qu'il ne voulait pas voir la
République naître dans la violence, ce qui expliquait cette absence
de réaction.</span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Pour
commencer, on peut souligner que la
manière dont Puigdemont est parti à Bruxelles est rocambolesque. Il
est parti de Gérone (où il réside) entre 1h et 2h du matin, en
voiture, avec cinq anciens membres du gouvernement. Mais dans la
matinée, alors qu'il était déjà arrivé dans la capitale belge,
il a publié sur son Instagram une photo de l'intérieur du palais de
la Généralité, faisant croire qu'il était à son bureau alors que
le bâtiment est gardé par les Mossos. Cela explique pourquoi à
10h30 il n'était pas à la réunion de la direction de son parti, le
PDeCAT. </span></span></span>
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Pour
ce qui est de l'asile, non, il ne le demandera
pas, il
l'a fait savoir. Mais
restera len
Belgique
tant qu'il n'aura pas « les garanties d'un procès juste ». Il veut
en fait profiter de la forte protection offerte par la justice belge
en matière d'extradition. Les justices belge et espagnole ont un
contentieux important à ce sujet, assez rare pour deux pays de
l'Union. La Belgique a plusieurs fois refusé d'extrader des membres
d'ETA, aussi Puigdemont cherche à internationaliser le conflit via
les tribunaux. Son objectif est de rester visible alors que sa
destitution ne lui donne plus les moyens institutionnels et
médiatiques dont il disposait avant. Une partie des Catalans lui
reproche ce départ, estimant que ce n'est que de la mise en scène.
Des habitants disent « Il doit avoir une stratégie, mais nous ne
parvenons pas à la comprendre ». À l'inverse, les radicaux de la
CUP jugent que c'est la bonne stratégie car cela permet (pour eux)
de mettre l'accent sur la « violation des droits humains » à
l'œuvre en Catalogne.</span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><span style="color: black;"><b>Comment
les trois partis </b></span><span style="color: black;"><b>i</b></span><span style="color: black;"><b>ndépendantistes</b></span><span style="color: black;"><b>
(la C</b></span><span style="color: black;"><b>UP</b></span><span style="color: black;"><b>
justement, mais aussi le PDeCATde Puigdemont et </b></span><span style="color: black;"><b>l'</b></span><span style="color: black;"><b>ERC),
abordent-ils cette période transitoire </b></span><span style="color: black;"><b>qui
court jusqu'aux élections du 21 décembre ?</b></span></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;">La
CUP doit faire voter sa base militante pour savoir si elle participe
effectivement au scrutin. Les deux autres formations vont se préparer
électoralement, le PDeCAT semblant enclin à laisser les plus
modérés le représenter. Ainsi l'ancien conseiller (ministre
régional) aux Entreprises Santi Vila, qui avait démissionné juste
avant la déclaration d'indépendance car il ne croit pas dans la
solution unilatérale, a indiqué vouloir mener la campagne du
PDeCAT. </span></span>
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;">La
CUP affirme également désormais que la fondation de la République
sera un processus de long terme, ce qui laisse entendre qu'elle admet
l'échec du processus mené jusqu'à présent. Les partis
indépendantistes vont sans aucun doute adopter une position de
victime, insistant sur l'oppression de Madrid et rappelant les
terribles images de la répression disproportionnée du 1er octobre,
qui avait été un électrochoc puissant.</span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Le
PdeCAT
et ERC ne
devraient pas rééditer la
liste commune (Ensemble pour le oui), qu'ils avaient créée
en 2015 et qui n'avait pas enclenché de dynamique forte (ils avaient
raté la majorité absolue de six sièges contrairement à leurs
espérances, et dépendaient de la CUP). L'objectif qu'ils
poursuivent est de remobiliser leur électorat (de gauche pour ERC,
de centre droit pour le PDeCAT) et d'élargir leur base électorale
(notamment pour le PDeCAT, créé il y a un an et qui souffre à la
fois d'un déficit d'image et d'une mauvaise image car il succède à
la CDC, mise en cause dans des scandales de corruption). Le problème
pour ces deux partis est que les deux grandes associations
indépendantistes (ANC et Omnium Cultural) étaient parties
intégrantes de la liste « Ensemble pour le oui » et
souhaitent que cette stratégie soit rééditée.
Il y a donc une incertitude sur la formule que choisiront les
indépendantistes pour se présenter devant les électeurs.</span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><b>Quid
des autres formations politiques ? Comment préparent-elles le
scrutin ?</b></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;">Du
côté des unionistes (je mets Podemos à part), il n'y aura aucune
unité. Ciudadanos, le premier parti de cette tendance, a réclamé
au Parti populaire et au Parti socialiste un accord de principe
pré-électoral : que le parti qui arrive en tête chez les
unionistes reçoive le soutien des deux autres pour tenter de
gouverner. Le PP et le PS lui ont adressé une fin de non recevoir,
parceque le PS cherche à dépasser la logique de l'affrontement (il
veut aussi se débarrasser de l'image de supplétif du PP que les
indépendantistes et Podemos lui collent, encore plus depuis le vote
de l'article 155) et le PP veut récupérer l'électorat
constitutionnaliste réfugié chez Ciudadanos.</span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><span style="color: black;">Podemos
est par contre en crise : son secrétaire général catalan a
envisagé un boycott du scrutin, aussi a-t-il été mis de côté par
la direction nationale, qui convoque un référendum interne sur une
alliance avec </span><span style="color: black;">Catalogne
en commun (CatComu)</span><span style="color: black;">,
le parti d</span><span style="color: black;">e
la maire de Barcelone </span><span style="color: black;">Ada
Colau </span><span style="color: black;">(qui
n’appartient pas à Podemos contrairement à ce que l’on croit)</span><span style="color: black;">.
</span>Leur
principale revendication est de chercher une ligne médiane,
c'est-à-dire la tenue d'un référendum à l'écossaise, négocié
avec Madrid, mais Podemos est bel et bien contre l'indépendance.
Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos, veut aussi profiter
de cette crise pour pousser la <span style="color: black;">revendication
de son parti sur la reconnaissance officielle que l'Espagne est un
État plurinational, </span><span style="color: black;">une
revendication que portent aussi les socialistes depuis leur congrès
du mois de mai dernier.</span></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><span style="color: black;"><b>Et
Puigdemont quel est son avenir ? </b></span><span style="color: black;"><b>N'e</b></span><span style="color: black;"><b>st-il
</b></span><span style="color: black;"><b>pas,
au bout du compte, qu'un homme lige </b></span><span style="color: black;"><b>
d'Artur </b></span><span style="color: black;"><b>M</b></span><span style="color: black;"><b>as
? </b></span></span></span></span>
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Mas
et Puigdemont sont des personnages extrêmement différents.
Le premier est issu de la bourgeoisie catalane de
Barcelone,
il a étudié le droit, il a été cadre et chef d'entreprise dans
l'industrie, c'est un apparatchik de la Convergence démocratique de
Catalogne (CDC, l'ancien grand parti nationaliste), et
le
dauphin de Jordi Pujol, qui l'a personnellement choisi en 2001.</span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Rien
à voir avec Puigdemont, qui est un ancien journaliste issu d'une
famille modeste de la province de Gérone. Ce
dernier
a milité au sein de la CDC qu'il a contribué à développer dans la
province de Gérone, mais il l'a aussi quittée
(en 2007, il s'est présenté avec son soutien mais comme indépendant
à la mairie de Gérone). Il a ensuite été maire de Gérone (un
séisme car la ville était socialiste depuis 32 ans). </span></span></span>
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Les
deux hommes sont
opposés sur leur parcours et quant
à
leur vision. Mas est l'héritier de Pujol, qui disait de l'autonomie
catalane : « nous
avons les avantages d'un État sans les inconvénients ». <strike>Il</strike>
Mas
s'est
converti tard à l'indépendantisme (en 2012, quand il a perdu le
soutien du PP au Parlement catalan et qu'il risquait une sanction
électorale pour avoir mené des politiques d'austérité).
Puigdemont c'est tout le contraire : il est indépendantiste
depuis toujours, il accomplit aujourd'hui le rêve de sa vie. Mais il
n'a pas de troupes,
pas de réseau, pas vraiment
de
parti. Il n'est pas la
marionnette de
Mas,
mais il doit composer avec lui
car
ce dernier tient le PDeCAT et négocie en direct avec Junqueras, le
président d'ERC (lors du remaniement du gouvernement de cet été,
les deux chefs de parti l'ont établi sans en référer à
Puigdemont).</span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><b>Dans
<a href="https://theconversation.com/vraies-questions-catalanes-fausse-reponse-espagnole-86520?utm_source=facebook&utm_medium=facebookbutton">un article disponible ici</a>, il est expliqué que l'indépendantisme
catalan a été renforcé par la crise, les Catalans ayant constaté
l'incapacité de l’État espagnol à les protéger, et les
solidarités communautaires étant apparues comme des recours
indispensables. Qu'en pensez-vous ? </b></span></span>
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">C'est
exact et l'un des points forts du discours de la CUP : pour eux,
Madrid ne fait que brider les efforts des Catalans pour mettre en
place des législations progressistes. Et depuis cinq ans, force est
de constater que le Tribunal constitutionnel espagnol a annulé de
nombreuses lois catalanes qui instauraient des droits nouveaux, des
impôts nouv<span style="color: black;">eaux ou allaient plus loin que les
lois nationales sur des thèmes comme l'égalité femme/homme). Pour
certains Catalans existe l'idée que l'Espagne en crise, avec sa
corruption endémique (dont le PP est aujourd'hui le symbole, </span><span style="color: black;">alors
que l’ancien parti au pouvoir en Catalogne – CDC – est aussi
gravement mise en cause dans des scandales financiers</span><span style="color: black;">)
et une solidarité territoriale qui fonctionne mal, n'est plus en
mesure d'assurer la prospérité et le bien être de leur région. </span></span></span></span></span>
</div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><span style="color: black;">En
plus, il faut tenir compte que ce qui a déclenché (symboliquement)
la vague indépendantiste, c'est la censure partielle du statut
d'autonomie</span></span><span style="color: black;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">,
</span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">adopté
en 2006 par référendum après avoir fait l’objet d’un accord
entre les socialistes de Zapatero et les nationalistes de Mas.
D’ailleurs, Rajoy (qui était chef de l’opposition) avait tenté
de provoquer un référendum national sur ce texte, ce qui est
contraire à la Constitution (et ce qui ne manque pas de sel au
regard de la situation actuelle). Le statut reconnaissait la
prééminence de la langue catalane et définissait la Catalogne
comme une Nation, ce que le Tribunal constitutionnel a censuré en
2010. </span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Alors que la Catalogne (comme l'Espagne) prenait la crise de plein fouet,
</span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">i</span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">l
y a eu la conjonction de deux facteurs : l'un politique, l'autre
économique, qui a conduit </span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">à
</span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">une
évolution rapide de la mentalité d’un grand nombre d’habitants
de Catalogne</span><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">.</span></span></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: black;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></span></span></span></span></div>
<div align="justify" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;"><span style="font-family: "times new roman" , serif;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="color: black;"><span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></span></span></span></span></div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-81619933719636101752017-10-29T10:00:00.000-07:002017-10-29T10:00:20.562-07:00Rémi Bourgeot : « Partout en Europe, nous assistons à la réaffirmation des États ».<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirXAnVSNVZsJqDBCMyIrAW37IiFD0unxCWRst4KIsvOFW_ox6bjAY-Tmp98vtUNy1q1gMeB0zN7JnO9HcxyOHKMmRx8CE2ezyRGBt0tNY3_x5Vi3WaeamHPVIlrmBWOQ-R4UIK4fX69SmK/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="454" data-original-width="802" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEirXAnVSNVZsJqDBCMyIrAW37IiFD0unxCWRst4KIsvOFW_ox6bjAY-Tmp98vtUNy1q1gMeB0zN7JnO9HcxyOHKMmRx8CE2ezyRGBt0tNY3_x5Vi3WaeamHPVIlrmBWOQ-R4UIK4fX69SmK/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<b>Rémi Bourgeot est économiste et chercheur associé à l’IRIS. Il a poursuivi une double carrière de stratégiste de marché dans le secteur financier et d’expert économique sur la zone euro et les marchés émergents pour divers think tanks. Concernant la zone euro ses études traitent des divergences économiques, de la BCE, du jeu politique européen, de l’Allemagne et des questions industrielles. Catalogne, pays de l'Est, Brexit, Allemagne : il revient sur tout cela aujourd'hui sur <i>L'arène nue</i>. </b></div>
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<b>La situation est incertaine en Espagne et devient dangereuse. Le Parlement catalan a voté vendredi dernier l'indépendance. Madrid a a répondu en annonçant la mise sous tutelle de la région, conformément à l’article 155 de la Constitution espagnole. Quelles pourraient être, pour l'Europe, les conséquences de la dislocation d'un de ses États membres ? L'UE peut-être aider à régler la crise catalane ?</b></div>
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La crise catalane renvoie à un risque existentiel pour l’Union européenne. Alors que l’UE a été vue historiquement comme un soutien des divers régionalismes, cette crise représente la limite absolue à cette approche. Quoi que l’on pense de la gestion littéralement désastreuse de Mariano Rajoy, ou des revendications catalanes, une UE qui encouragerait, près du point de rupture, l’éclatement d’un de ces grands États membres, s’aliénerait la quasi-totalité des États et ferait face à une situation de blocage fondamentale. L’UE est une construction internationale qui repose sur la participation volontaire de ses membres. Cette réalité est de plus en plus apparente depuis la crise. Ce constat est évidemment paradoxal si l’on a, par exemple, à l’esprit les programmes d’austérité. En réalité,, toutefois marquée par les lourds déséquilibres qui affectent les relations entre États, en particulier autour de la puissance allemande. </div>
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L’UE a été le cadre de développement de ces déséquilibres qui s’avèrent d’autant plus extrêmes une fois que l’illusion d’un dépassement institutionnel des États se défait. Il n’est donc guère surprenant que l’UE soit la grande absente de la crise catalane. Ce non-soutien a douché les espoirs des indépendantistes catalans qui imaginaient transformer la Catalogne en une sorte de région à nu dans l’UE, en dépassant ce qu’ils considèrent comme un simple échelon madrilène. Sans soutien d’une UE dont le pouvoir politique apparaît de plus en plus comme inexistant en dehors du jeu interétatique (certes déséquilibré), la sécession catalane est impossible… sauf à accepter de plonger dans une forme ou une autre de chaos légal et économique. La Catalogne n’appartiendrait plus à l’UE et aurait les pires difficultés à rejoindre le club. Pro-européenne, elle chercherait à conserver l’euro mais se verrait formellement exclue de l’union monétaire en même temps que de l’UE et se retrouverait donc à utiliser la monnaie unique sur une base légale très faible, au même titre que le Kosovo ou le Monténégro.</div>
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Le cas catalan renvoie à un itinéraire historique particulier mais illustre un certain type d’instabilité politique. Il s’agit de la tendance plus générale à la désagrégation des États, les régions les plus riches s’émancipant progressivement de leur appartenance nationale en se représentant plus libre dans un cadre plus large et plus abstrait. Christopher Lasch avait justement relevé ce phénomène à la fin de sa vie, au début des années 1990, en évoquant notamment le cas de la Californie qui rêvait d’une forme d’émancipation dans le cadre de la mondialisation, par son appartenance économique au « Pacific Rim ». La crise politique que traversent nos sociétés dépasse le cadre du populisme et s’ancre davantage dans une remise en question des cadres étatiques qui ont, depuis plus de quatre décennies, organisé leur propre délitement.</div>
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<b>Tout autre pays, tout autre type de manifestation identitaire : un parti populiste de droite hostile à l'immigration (ANO) a remporté la victoire aux élections législatives tchèques du 21 octobre. Une semaine auparavant, <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2017/10/autriche-un-macron-conservateur-bientot.html">le très conservateur Sebastian Kurz gagnait les élections autrichiennes</a>, et entreprend actuellement de former une coalition avec le parti de droite radicale FPÖ. Pourquoi cette épidémie de revendications identitaires à l'Est de l'Europe ? </b></div>
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La thèse défendue, au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, selon laquelle la vague populiste incarnée par Donald Trump et les partisans du Brexit se serait échouée sur les côtes de l’Europe continentale, n’aura pas tenu longtemps. La remise en cause du statu quo politique est en train de devenir une réalité où que l’on regarde en Europe, mais cette tendance prend des formes bien différentes d’un pays à l’autre. Les développements politiques qui touchent l’Europe centrale paraissent d’abord surprenants si l’on cherche à expliquer le populisme par une lecture quelque peu simpliste des chiffres de croissance économique ou par la seule question de la relégation des classes populaires. Si cette ligne d’analyse permet assez bien d’expliquer l’essor des mouvements populistes en France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, le cas de l’Europe centrale est de nature assez différente, tout comme celui de l’Allemagne. </div>
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Les pays d’Europe centrale issus du bloc communiste ont tendance à rester bloqués à des niveaux de développement plus bas que ceux d’Europe occidentale mais l’ampleur du chemin économique parcouru ces deux dernières décennies ne fait aucun doute et ils ont, de plus, tendance à jouir de taux de chômage plutôt limités. La République tchèque que vous évoquez, connaît même une situation proche du plein emploi, et, sur le plan financier, fait office sur les marchés mondiaux de havre de stabilité, de « safe haven » alternatif, comme une sorte de Suisse d’Europe centrale. D’ailleurs, n’oublions pas que la riche Suisse a été précurseur en matière de populisme de droite visant le pouvoir, avec le SVP/UDC de Christoph Blocher qui, tout comme l’américain Donald Trump ou le tchèque Andrej Babiš, est chef d’entreprise et milliardaire.</div>
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Si les bénéfices économiques de leur intégration à l’Union européenne sont apparus comme assez évidents à la Tchéquie et à ses voisins d’Europe centrale, notamment dans le cadre de leur rattrapage économique et des fonds structurels versés aux nouveaux États-membres, les nombreuses implications de la participation à l’UE y paraissent plus problématiques. Il est évident que, pour ces pays, la question de l’abandon de pans de leur souveraineté est, pour des raisons historiques notamment, particulièrement sensible, et alimente une réaction identitaire souvent épidermique voire brutale. </div>
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Sur la question même de la « success story » économique, il convient tout de même de souligner les limites de leur rattrapage qui a essentiellement consisté en une intégration à l’appareil industriel allemand. La sous-traitance est un puissant outil de rattrapage économique mais ce phénomène connaît, dans la quasi-totalité des pays émergents, une limite intrinsèque qui conduit en général à un pallier dans le développement. Le modèle de sous-traitance nourrit par ailleurs une frustration liée à une structuration économique et sociale qui ne s’ancre pas dans la conception et qui ne mobilise pas la créativité du pays. </div>
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<b>En somme, il existerait un type de frustration identitaire lié à un modèle de croissance économique peu valorisant et devant tout à l'extérieur (ici, à l'Allemagne) ?</b></div>
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Oui. Les gouvernants qui se contentent de jouer la petite musique de l’adaptation bureaucratique au marché unique ou à la mondialisation suscitent rarement une forte adhésion populaire au bout du compte, que cette approche économique produise un certain succès comme en Europe centrale ou une logique de délitement de l’appareil productif comme en France et en Italie. Le rattrapage économique est très souvent le résultat de l’imitation d’un modèle, comme cela fut d’ailleurs le cas des pays d’Europe occidentale suivant la révolution industrielle anglaise. Mais, même en suivant un modèle éventuel, le dépassement du simple cadre du rattrapage nécessite l’intégration de la conception et de la production. Un pays comme la République tchèque a une longue histoire industrielle derrière lui, et était bien plus industrialisé et productif que le bloc communiste dans son ensemble. Ce qui y nourrissait une grande fierté.</div>
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Le type de rattrapage des deux dernières décennies, écrit d’avance et connaissant par ailleurs de nombreuses limites, si ce n’est un plafond de verre, a un caractère débilitant lorsqu’il ne s’accompagne pas d’un véritable projet national, et l’on peut à cet égard comprendre le vertige économique de ces pays dans le cadre de l’Union européenne. Toutes les modalités de croissance économique ne se valent pas. Alors qu’il est évident que l’Union européenne souffre de l’absence de projets de coopération viables, les États aussi ont eu tendance à se vider de leur substance dans le cadre de cette simple logique d’allocation du capital productif à l’échelle européenne et mondiale. </div>
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La dimension identitaire de ces développements politiques est préoccupante mais peu surprenante. Nous sommes témoins de l’effondrement de l’illusion quant au dépassement des États-nations. Non seulement pour les pays qui connaissent un délitement économique mais aussi pour ceux qui ont connu un extraordinaire rattrapage, comme les anciens pays du bloc communiste, ou ceux qui affichent une solide prospérité comme l’Autriche, qui n’a rejoint l’UE qu’en 1995 une fois que la disparition de l’URSS l’y a autorisée, ou comme la Suisse qui, bien qu’à l’écart de l’appartenance formelle à l’UE, y est largement intégrée. </div>
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Et la question migratoire alors ? La république tchèque n'a pratiquement pas reçu de « migrants ».... </div>
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Il n’est pas très surprenant de voir, dans ce contexte, une partie de l’électorat de ces pays se focaliser sur la figure de l’immigré, que l’immigration y soit importante ou très faible. Si le mouvement historique de dépassement des États a neutralisé la capacité de mobilisation positive des peuples européens, il semble que des tendances plus sombres lui aient au contraire survécu. Bien que l’on puisse aborder les questions d’immigration de façon apaisée, il convient de ne pas prendre à légère ces obsessions identitaires et leurs conséquences, qui nous dépassent forcément. Nous ne revivons probablement pas les années trente, mais le type de vide politique qui apparait à tous les étages de la structure européenne engendre rarement vertu et raison. Cette réalité s’applique aussi bien aux Etats, qui pensaient s’en remettre à l’Europe pour à peu près tout et à une mondialisation prétendument heureuse, qu’à la bureaucratie européenne elle-même.</div>
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En tout état de cause, l’idée de vouloir sauver les meubles en divisant l’Europe centrale entre pro-européens (République tchèque, Slovaquie…) et eurosceptiques (Pologne, Hongrie) est inefficace car erronée dans ses prémisses, comme le montre justement le résultat de l’élection tchèque. Il est, dans tous les cas, trop tard désormais pour ce type de stratégie. Si les pays de ce que l’on appelle le groupe de Visegrád suivent effectivement des tendances politiques assez différentes, la remise en cause du cadre européen y est commune et profonde. A vouloir stigmatiser à tout prix la critique de l’UE chez les membres les plus récents, on ne fait que donner du sens à une sorte de front commun de ces pays et surtout on y légitime les tendances politiques les plus néfastes. </div>
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Les responsables européens devraient renoncer à l’instrumentalisation de cette « nouvelle Europe » et s’attaquer à la question essentielle du rééquilibrage du continent, du point de vue politique et économique. Les dérives politiques qui mettent en danger l’État de droit doivent être dénoncées. Mais les stratégies de stigmatisation de l’euroscepticisme en tant que tel sont vouées à l’échec. </div>
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<b>Le Brexit semble bien mal engagé. Pourquoi le processus de séparation de la Grande-Bretagne et de l'Union avance-t-il aussi peu ? Qui bloque ? Les Britanniques ? Les États membres de l'UE ? Pensez-vous, comme l'a récemment affirmé l'ancien ministre grec Yanis Varoufakis que le couple franco-allemand ne souhaite pas une véritable réussite des négociations mais veuille au contraire faire un exemple en rendant les choses difficiles aux britanniques ?</b></div>
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L’analyse de Yanis Varoufakis est intéressante et parfois même savoureuse, du fait de sa connaissance intime du cadre des négociations européennes, mais elle est limitée par une forme d’incohérence. Il ne cesse de démontrer sa compréhension du cadre inégalitaire qui organise les relations entre États au sein de l’Union européenne, mais il semble n’y reconnaître que deux échelons, celui d’hegemon et celui de dominion. Il ne fait aucun doute que la Grèce a exploré tous les aspects imaginables de cette dichotomie dans le cadre des plans d’aide. Mais les choses ne sont, en temps de crise, pas si simples ou binaires pour les grands pays. Autant la dépression grecque était un sujet d’importance parfaitement mineure pour l’Allemagne, autant la question du Brexit est tout de même d’un autre ordre.</div>
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L’instauration de barrières douanières entre le Royaume-Uni et l’UE, dans le cadre de l’OMC, n’aurait pas de conséquences économiques catastrophiques pour l’Allemagne, malgré son excédent bilatéral d’environ 50 milliards d’euros (86 milliards d’exportations contre 36 milliards d’importations…) avec Londres. Cela serait tout de même problématique pour l’industrie automobile, parmi d’autres secteurs. Dans le cadre politique allemand et de ses règles tacites, la chancelière n’a pas de mandat pour pénaliser délibérément un secteur phare de l’économie nationale à des fins politiques. Même dans le cas des sanctions contre la Russie, on a fini par voir les responsables économiques se manifester et rendre la position allemande ambivalente. </div>
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L’UE souffrirait moins que le Royaume-Uni de l’instauration de barrières douanières mais il est évident que cela serait problématique pour un certain nombre de secteurs qui exportent massivement vers le Royaume-Uni. Plus encore, le commerce entre le Royaume-Uni et l’UE se fait très largement entre entreprises d’un même secteur dans le cadre de chaînes de valeur intégrées. L’instauration de barrières douanières dans ce cadre, tout comme l’addition d’une couche supplémentaire de bureaucratie, affecteraient ces secteurs de façon sensible. Par ailleurs, certains pays comme la Belgique et les Pays-Bas sont encore plus orientés vers le Royaume-Uni et souffriraient bien plus que l’UE prise dans son ensemble.</div>
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Alors oui, on entend beaucoup à Paris l’idée qu’un Brexit chaotique, sans accord, servirait d’exemple. Mais dans la plupart des pays européens, l’intérêt économique jouit encore d’une certaine priorité, et c’est notamment le cas en Allemagne, même si cette question n’y a pas d’implication macroéconomique majeure. </div>
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Côté britannique, le principal problème réside aujourd’hui dans la faiblesse politique de Theresa May à la suite des élections générales désastreuse du moi de juin. La Première ministre ne jouit pas d’un véritable mandat pour négocier une nouvelle relation avec l’UE. Elle fait par ailleurs face à la fronde au Parlement des députés les plus pro-européens des deux bords, qui veulent s’assurer d’avoir leur mot à dire non seulement sur l’accord final mais aussi sur la possibilité de l’absence d’accord. Dans la réalité, l’idée d’un accord est de plus en plus ancrée de tous les côtés et les dirigeants des divers États membres sont pressés d’entamer les négociations sur la question commerciale. Évidemment, ceux-ci souhaitent aussi récupérer une partie de l’activité de la City et souhaiteraient donc un accord qui présente d’importantes contraintes pour le Royaume-Uni, en échange d’une limitation de l’immigration européenne.</div>
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Reste que l’idée d’encourager d</div>
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élibérément un véritable échec final des négociations est éloignée de la réalité. Le cadre fixé dans le cadre de la Commission est inefficace, et naturellement cette inefficacité en partie volontaire peut servir à orienter l’accord final. Des négociations chaotiques peuvent permettre de finir par mettre un accord sur la table, côté européen, et de négocier de simples amendements avec les Britanniques, qui seraient prétendument soulagés d’échapper à une forme de rupture et surtout à l’incertitude. Il semble ainsi que des brouillons d’accord commercial circulent entre ministères à Berlin. </div>
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Le déraillement des négociations, dans le cadre caricatural qui a été fixé à Michel Barnier, a révélé les inquiétudes de divers États européens autant que la forme de chaos qui règne à Westminster et empêche les Britanniques de développer une véritable stratégie.</div>
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<b>Et le couple franco-allemand, alors ? Existe-t-il toujours ? Emmanuel Macron poursuit Angela Merkel de ses assiduités mais cette dernière semble plutôt occupée à monter sa coalition « jamaïque ». Les projets de Macron de relance quasi-fédérale de l'Europe vous semblent-ils réalistes une fois cette coalition formée, où sont ils iréniques ?</b></div>
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Les projets d’Emmanuel Macron pour une réforme de la zone euro vont dans le sens du « gouvernement économique européen » dont rêve l’élite française depuis la conception de l’euro, malgré le rejet catégorique de l’Allemagne qui se focalise pour sa part sur le respect de simples règles budgétaires, par la contrainte. Cependant, même sur ce seul plan économique, les projets du Président français font l’impasse sur la question de la coordination macroéconomique qui est en réalité encore plus importante que celle du dispositif institutionnel. Si l’on a à l’esprit l’absence complète de coordination macroéconomique, l’Allemagne étant engagée dans une longue phase de désinvestissement visant à la maximisation de l’excédent budgétaire, on comprend que l’idée, encore bien plus ambitieuse, d’une sorte de fédéralisation de la zone est parfaitement exclue en Allemagne. Et c’était déjà le cas dans le cadre de la coalition sortante entre la CDU/CSU et le SPD. Le SPD et la myriade d’experts proche du parti assuraient le service après-vente fédéraliste de la politique de Mme Merkel, mais n’orientaient pas concrètement celle-ci dans ce sens.</div>
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Les élections allemandes de cet automne, avec l’entrée dans la coalition du FDP et l’arrivée massive de l’AfD au Bundestag aggravent cette réalité et la révèlent aux yeux du monde. L’élection d’Emmanuel Macron a, pendant quelques semaines, nourri l’idée d’une convergence de vues entre les dirigeants français et allemands, mais il n’y avait quasiment aucune réalité derrière ces affirmations, bien qu'elles semblaient faire consensus non seulement en Europe mais un peu partout dans le monde, de façon assez étonnante. </div>
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Ce que l’on a appelé « couple franco-allemand » dans l’après-guerre n’existe plus depuis le début des années 1990. D’un côté la réunification allemande et l’intégration économique de l’Europe centrale ont changé en profondeur la place et le poids de l’Allemagne en Europe. De l’autre, les dirigeants français se sont empressés de se débarrasser de leurs prérogatives économiques, vues comme écrasantes, en imposant l’idée de l’euro aux Allemands, en échange d’un soutien à la réunification. Il n’y a jamais eu de couple franco-allemand parfait, symbiotique. Mais les mandats de Gerhard Schröder, bien qu’officiellement pro-européen et social-démocrate, ont changé en profondeur le rapport de l’Allemagne à la France et à l’Europe, quand simultanément la France parachevait son grand rêve bureaucratique d’abandon de ses responsabilités économiques. </div>
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Le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron a souvent été vu comme une grande feuille de route pour l’Europe, mais il semblait davantage prendre acte de la divergence de vue avec l’Allemagne sur les sujets les plus cruciaux comme l’euro, bien qu’il existe une certaine convergence sur d’autres sujets extérieurs.</div>
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<b><a href="http://premium.lefigaro.fr/vox/monde/2017/10/13/31002-20171013ARTFIG00256-pierre-manent-sortons-de-cet-etat-de-transe-amoureuse-envers-l-allemagne.php">Dans un entretien donné au <i>Figaro</i></a>, le philosophe Pierre Manent expliquait récemment : « <i>L'Allemagne se trouve aujourd'hui dans la situation nationale la plus favorable où elle se soit jamais trouvée. Elle exerce sur l'ensemble européen une hégémonie qui est acceptée et souvent appréciée</i> ». On sent pourtant un malaise dans ce pays, ainsi que l'ont montré le bon score de l'Afd aux élections du 24 septembre et le virage souverainiste des libéraux du FDP comme vous venez de le dire. Pourquoi ce malaise ?</b></div>
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Le vote AfD reste lié aux couches populaires, en particulier de l’Est. Mais le phénomène est plus complexe puisque le parti reprend en fait, en amplifiant la dimension eurosceptique, la grammaire économique ordolibérale. Il ne s’agit donc pas, en tant que tel, d’un relais économique de classes populaires sous pression, puisque le parti peut difficilement être vu comme défendant leurs intérêts. Même sa critique de l’euro, qui était la marque de fabrique du parti à sa création, suivait plutôt une ligne technocratique, à coup de dénonciations du système « Target 2 » (qui régit les flux entre banques centrales nationales dans le cadre de l’Eurosystème) qui fait l’objet d’une obsession maladive chez les eurosceptiques allemands. A l’origine, la ligne du parti semblait plutôt relever d’une sorte d’extrapolation des positions économiques allemandes traditionnelles. La crise des migrants a changé le cœur thématique du parti à partir de 2015. Si le manque de concertation dans les décisions du gouvernement d’Angela Merkel a été critiqué bien au-delà des cercles de l’extrême droite, l’AfD a alors affirmé un ancrage idéologique plus radical.</div>
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L’AfD participe de la montée d’un discours nationaliste qui, bien que minoritaire, dépasse le cadre sociologique de ce parti. On a vu au cours des derniers mois, un ouvrage révisionniste et antisémite, Finis Germania de Rolf Peter Sieferle, un historien et ancien conseiller du gouvernement pour l’environnement qui a mis fin à ses jours l’an passé, devenir un best-seller et susciter des prises de position contrastées, parfois complaisantes, au sein de l’establishment littéraire. Bien que l’élite médiatique ait fini par condamner cet ouvrage, dont l’auteur prétendait vouloir donner un sens non-négationniste à une expression telle que « mythe de la Shoah », le débat autour du livre a illustré la crise identitaire qui accompagne notamment la renaissance d’une extrême droite de masse, organisée politiquement.</div>
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L’AfD n’est pas un parti néonazi et, bien que nationaliste, ne s’inscrit pas dans l’environnement idéologique du fascisme, ne serait-ce que par sa conception limitée des prérogatives étatiques. Mais il encourage délibérément, notamment en son sein, une libération de la parole et une dédiabolisation de discours pour le moins ambigus sur le Troisième Reich, et l’utilisation de termes à connotation national-socialiste au sujet des immigrés (comme « Überfremdung » pour décrire la prétendue submersion des allemands de souche).</div>
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Par ailleurs, la notion de souveraineté a, en allemand, une forte connotation ethnique qui diffère de la conception française (bien que « Souveränität » ait évidemment une étymologie française). Cette différence se reflète également dans le sens donné à la nation, qui s’applique historiquement en France à un ensemble très hétérogène autour d’un projet étatique et d’un modèle de citoyenneté. Si certains philosophes comme Habermas, ont cherché à développer une orientation ouverte, plus politique, de la vision allemande dans le cadre notamment d’un dépassement européen, il convient de constater qu’ils ne sont finalement guère parvenus, malgré leur prestige académique, à orienter les conceptions nationales dans le sens résolument européen qu’ils avaient à l’esprit.</div>
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On constate, jour après jour, en Allemagne et ailleurs, le décalage entre les focalisations nationales et l’affichage rhétorique de la croyance en leur dépassement. Cette confusion produit des conséquences plus ou moins nocives selon les pays, mais elle va, dans tous les cas, à l’encontre d’une véritable coopération européenne. </div>
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L’Europe a tellement investi, à tous points de vue, dans la mise en avant de la vision fédérale qu’elle est aujourd’hui paralysée par une crise intellectuelle et même sociologique qui empêche de dessiner la voie d’un nouveau mode de coopération. Au lieu d’un nouveau modèle, nous voyons l’ancien dégénérer en une superposition de crises identitaires nationales, dont il serait imprudent de se réjouir.</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-43903988074999372552017-10-13T13:54:00.001-07:002017-10-14T01:04:43.524-07:00Autriche : un « Macron » conservateur bientôt au pouvoir ? - entretien avec J. Sterkers<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSIy-QsRO5xiVUnZ72-wg0pBKIaJFphMqbk-NIt-O9rVKyyHBqRefFtPU6BGKwfJNIOonzbZRJao_5R26AexMMPP0WeJOcFT1lDuCo-5NsxmRTawo4ueAYTS1YJh65wOlcxd9n3WrDrRKd/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="443" data-original-width="799" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSIy-QsRO5xiVUnZ72-wg0pBKIaJFphMqbk-NIt-O9rVKyyHBqRefFtPU6BGKwfJNIOonzbZRJao_5R26AexMMPP0WeJOcFT1lDuCo-5NsxmRTawo4ueAYTS1YJh65wOlcxd9n3WrDrRKd/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<b>Les Autrichiens élisent, dimanche leur Parlement, au terme d'une campagne dont le thème principal a sans doute été l'immigration, et émaillée d'un scandale touchant le parti social-démocrate. Une fois connu le résultat du scrutin, une coalition devra être formée, qui comportera vraisemblablement le parti de droite radicale FPÖ. Le nouveau et très jeune patron la droite autrichienne, Sebastian Kurz, 31 ans, pourrait devenir le nouveau Chancelier. </b></div>
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<b>Jérôme Sterkers, Directeur de Cabinet, chargé d’enseignement à l’Université Paris-II et observateur avisé de la vie politique autrichienne explique tout sur <i>L'arène nue</i>.</b></div>
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<b><br /></b></div>
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<b><br /></b></div>
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<b><br /></b></div>
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<b>Des élections législatives anticipées auront lieu dimanche en Autriche. Les sociaux-démocrates sont en grande difficulté et l'actuel chancelier devrait céder sa place. Que disent les sondages actuellement ? </b></div>
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<br /></div>
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Jérôme Sterkers : Les derniers sondages donnent une avance assez large aux conservateurs de l'ÖVP, menés par Sebastian Kurz. Avec 33%, ils devanceraient de dix points leur partenaire de coalition, le parti social-démocrate (SPÖ) de l'actuel chancelier Christian Kern (23%), qui semble devoir être le grand perdant du scrutin. A l'extrême-droite, le FPÖ mené par Heinz-Christian Strache serait en passe de retrouver la deuxième place, avec 27%. Du côté des petits partis, les sociaux-libéraux du NEOS, les Verts et les verts dissidents de Peter Pilz flirtent avec le seuil de représentativité des 4%, en restant pour l'heure au-dessus de la ligne de flottaison.</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
S'agissant d'un scrutin proportionnel, un tel résultat aurait pour conséquence un nouveau gouvernement de coalition. S'il s'agit d'une tradition en Autriche - c'est le cas de manière continue depuis 1983 – la « Grande coalition » au pouvoir depuis dix ans pourrait arriver à son terme et la Chancellerie revenir à la droite.</div>
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<b><br /></b></div>
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<b>Sebastian Kurz est jeune. Il est ministre depuis l'âge de 24 ans et, comme vous le dites, il sera sans doute bientôt chancelier. Qu'est-ce ce qui explique cette ascension rapide ? Avec qui peut-il gouverner si ce n'est pas dans le cadre d'une « Grande coalition » ?</b></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Kurz est en effet très jeune : il a 31 ans. Il n'a mis un terme à ses études de droit qu'en 2011. Issu de la classe moyenne viennoise (loin d'être un bastion conservateur), sa carrière est fulgurante: élu municipal en 2009, secrétaire d’État en 2011, député puis ministre de plein exercice en 2013. Dès ses débuts, il s'est intéressé aux questions d'immigration, d'intégration et de pensions. Ce qui répond à la fois aux préoccupations de l'électorat plutôt âgé et conservateur, tout en suscitant une adhésion générationnelle chez les jeunes. </div>
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<br /></div>
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La campagne de Kurz insiste fortement sur sa personnalité, mettant son nom en avant au détriment du parti et abandonnant la couleur noire symbole de la démocrate-chrétienne pour un bleu ciel plus moderne - mais aussi plus proche des codes de la droite dure en Allemagne et en Autriche. Son positionnement politique, le fait qu'il soit à l'origine de ces élections partielles (dont il a fait une exigence lorsqu'il a pris la tête de l'ÖVP au printemps dernier) laissent à penser qu'il privilégiera une alliance à droite avec le FPÖ, comme ce fut le cas entre 1999 et 2007. </div>
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<br /></div>
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Il faut cependant noter que, pour la première fois depuis le milieu des années 1980, les sociaux-démocrates envisagent eux aussi une telle alliance pour ne pas reconduire l'actuelle « Grande coalition ». Cette dernière est en effet à bout de souffle, comme a pu l'illustrer l'élection présidentielle de l'an dernier lors de laquelle les candidats du SPÖ et de l'ÖVP ont l'un et l'autre été laminés au premier tour, laissant le candidat du FPÖ et celui des Verts se disputer le poste de chef de l’État - avec une victoire de l'écologiste Alexander Van Der Bellen à l’issue du... troisième tour d'un scrutin hors-norme.<br />
<span style="font-size: x-small;"><br /></span>
<span style="font-size: x-small;">[Le clip de présentation de Sebastian Kurz. </span><br />
<span style="font-size: x-small;">Plus nombriliste, tu meurs]</span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/jD273G4VJyo/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/jD273G4VJyo?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
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<b><br /></b>
<b>Comme vous le dites, le FPÖ a déjà été au gouvernement. Il semble qu'il n'y ait pas de « cordon sanitaire » autour de ce parti en Autriche, ni de « front républicain ». Dans la région du Burgenland, les sociaux-démocrates gouvernent même en coalition avec lui. A quoi cela tient-il ? Quelles sont les idées de cette formation ? </b></div>
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<br /></div>
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Il est clair que la situation n’est plus la même qu’en 1999, à l’époque où le « cordon sanitaire » a été brisé pour la première fois. A l’époque, lorsque les Rechtspopulisten (« populistes de droite »), alors conduits par Jorg Haider, étaient entrés en coalition avec les Conservateurs de Wolfgang Schüssel, la mobilisation avait été importante en Autriche et le tollé général dans les capitales européennes. Tel n’est plus le cas aujourd’hui, alors que le FPÖ n’est pas moins à droite qu’il ne l’était du temps de Jörg Haider. Haider avait d’ailleurs quitté le FPÖ en 2005, car il ne voulait pas se retrouver sous la coupe des ultras, menés par le Viennois Heinz-Christian Strache… Pourtant, l’arrivée probable de ce dernier au gouvernement ne semble pas susciter autant de rejet que par le passé, puisque l’ÖVP comme le SPÖ envisagent ouvertement de s’allier avec lui pour former l’exécutif. </div>
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<br /></div>
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Cette ambivalence à l’égard du FPÖ n’est pas nouvelle. Au contraire, c’est la courte période (1991-1999) pendant laquelle un « cordon sanitaire » a existé qui semble plutôt avoir fait exception. De ce point de vue, il n’est pas inutile de se pencher un instant sur l’histoire du FPÖ, trop souvent méconnue et pourtant instructive. </div>
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<br /></div>
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Le mouvement trouve ses racines dans une structure nommée Fédération des Indépendants (VdU en allemand) crée en 1949, avec l’accord tacite des autorités d’occupation, afin de réinsérer dans le jeu démocratique le personnel administratif et politique dénazifié, les anciens soldats de la Wehrmacht ou encore la frange la plus conservatrice de la paysannerie… le tout sous l’œil bienveillant du SPÖ, qui espérait ainsi diviser le bloc conservateur longtemps dominant en Autriche hors de Vienne et des grands centres urbains. De tendance pan-germaniste du fait de son recrutement, mais se faisant également l’apôtre du libéralisme économique et de la responsabilité individuelle, la VdU a également été rejointe par des libéraux libres-penseurs et anti-cléricaux traditionnellement opposés à la domination du « parti catholique » et à sa vision sociétale. Cet attelage hétéroclite a conduit à l’explosion de la VdU et à la création du FPÖ, qui a cependant conservé ses trois ailes (nationaliste-pangermaniste, nationale-libérale autrichienne et libérale). </div>
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Des années durant, le FPÖ va vivoter dans l’opposition avec des scores proches de 5%. A tel point qu’en 1980, l’aile libérale et pro-européenne va réussir à en prendre le contrôle, puis à entrer en coalition avec le SPÖ à l’issue des élections de 1983. Une décision qui sera rapidement remise en cause, puisqu’en 1986, les deux autres courants du parti s’unissent derrière Jörg Haider pour remettre la main sur l’appareil en adoptant une ligne résolument populiste. Mais là encore, toujours pas de « cordon sanitaire », puisque c’est avec le concours des sociaux-démocrates qu’Haider devient gouverneur de Carinthie en 1989. Il sera renversé deux années plus tard, à la suite d’un dérapage sur la période nazie, le premier d’une longue liste qui contribuera à radicaliser le parti et conduira l’aile libérale à le déserter, ces dissidents créant le Liberales Forum, dont le NEOS est l’héritier. Haider va par la suite capitaliser sur le rejet du système du « Proporz », par un nombre croissant d’autrichiens. Au départ une simple règle proportionnelle destinée à se répartir les postes entre SPÖ et ÖVP au niveau du Parlement et du Gouvernement, ce système s’est peu à peu imposé à tous les échelons de l’administration - voire de l’économie -entraînant népotisme et corruption. Cela conduira notamment au « choc » de 1999, qui verra le FPÖ devenir le deuxième parti du pays, devant les conservateurs, puis inciter ces derniers à s’allier avec lui, mettant ainsi un terme au furtif « cordon sanitaire ». Comme en 1983, l’exercice du pouvoir sera douloureux pour le FPÖ, qui en sortira divisé, laminé… et aux mains d’une tendance encore plus à droite. </div>
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<b>Qu'en est-il aujourd'hui ? La division perdure-t-elle ? </b></div>
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Oui, les deux ailes nationale-libérale (plutôt pangermaniste) et nationale-conservatrice (plus traditionnelle et plus « autrichienne ») sont toujours présentes au sein du parti. Mais le FPÖ de Strache se définit désormais comme « Die Soziale Heimatpartei », le parti social de la patrie. Un champ lexical qui devrait parler aux Français car somme toute très proche de celui utilisé par le FN sous l’égide de Marine Le Pen et Florian Philippot ces dernières années. Le slogan choisi pour cette campagne illustre également le positionnement du parti : «Österreicher verdinen FAIRNESS », c’est à dire « Les autrichiens méritent la JUSTICE » (ou plutôt le fair-play, dans le sens de la justice ou de l’équité) le tout décliné au travers d’un prisme national caractérisé par l’usage de pronoms possessifs « notre souveraineté », « protéger nos frontières », « notre culture », « notre peuple », « notre sécurité », « défendre notre Terre » que l’on retrouve présentés dans cet ordre sur le site internet et les documents de campagne du parti, ce qui est significatif des priorités du mouvement. Mais ne nous méprenons pas : ces thématiques sont aussi présentes dans les programmes du SPÖ (de manière évidemment plus nuancée) et surtout de l'ÖVP.</div>
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<span style="font-size: x-small;">[Ci-dessous, le clip du FPÖ, plein de finesse et de poésie, </span><br />
<span style="font-size: x-small;">cherche à expliquer que Kurz appartient "au système" ]. </span><br />
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<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/5nCOaE4XMbY/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/5nCOaE4XMbY?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
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<b>On attribue souvent la montée des droites radicales (comme le FPÖ) ou la droitisation des droites traditionnelles (comme l'ÖVP) à la crise économique et à la montée des inégalités. Dans le cas de l'Autriche ça semble compliqué. Le pays a par exemple un taux de chômage inférieur à 6%. La question des réfugiés d'une part, celle de l'islam d'autre part, sont-elles les préoccupations principales des Autrichiens actuellement <a href="http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2017/10/12/en-autriche-la-place-de-l-islam-au-c-ur-du-debat-electoral_5199687_3214.html">comme expliqué ici </a>? </b></div>
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D'une part, il faut garder à l'esprit que, depuis des années, le FPÖ dicte une large partie des termes du débat public en Autriche. Il est à l'origine des débats sur l'identité catholique du pays, sur la résistance à l'islam, sur le refus des migrations ou encore sur le respect par l'Union européenne de la souveraineté des petits pays, autant de thèmes qui ont structuré le clivage politique national, au profit sinon du seul FPÖ, du moins de la droite dure. Ainsi, ces thèmes deviennent centraux parce que les autres partis tendent à se positionner par rapport au FPÖ, celui-ci étant dans l'action, les autres dans la réaction. C'est d'ailleurs ce phénomène que le leader de l'ÖVP, Sebastian Kurz, tente de contrebalancer en reprenant à son profit les thèmes abandonnés des années durant au FPÖ et en personnalisant sa campagne comme l'ont toujours fait les dirigeants populistes. Ce faisant, il s'inscrit dans une démarche que l'on pourrait rapprocher de celle entreprise par Nicolas Sarkozy en 2007 et dans les dernières semaines de la campagne 2012.</div>
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<br /></div>
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Au demeurant, le phénomène de cette campagne n'est pas la poussée du FPÖ - durablement installé dans le paysage politique autrichien - mais bien l'émergence de Sebastian Kurz et son positionnement politique qui secoue la droite traditionnelle et, ce faisant, l'ensemble de l'échiquier politique. Le FPÖ comme le SPÖ ne s'y trompent pas, le premier rappelant sans cesse (au travers de messages de campagne dont certains sont totalement décalés) que Kurz est un pur produit de l'ÖVP et de la Grande coalition, les seconds en usant de méthodes encore plus dures au travers de «<i> fake news </i>» et de faux sites internet qui ont d'ailleurs provoqué un scandale et coûté sa tête au stratège de la campagne des sociaux-démocrates. Mais je m'égare... </div>
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<br /></div>
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Après, si de notre point de vue « méditerranéen » l'Autriche ne semble pas en première ligne face au phénomène des migrants, elle n’en est pas moins sujette à une immigration continue et à une lente progression de l'Islam, essentiellement en provenance des Balkans ou de Turquie. On peut ainsi estimer à 600.000 le nombre de musulmans en Autriche pour une population de 8.700.000 habitants, soit 6 à 7% du total, avec une répartition déséquilibrée au profit des grandes villes. Ainsi, Vienne, devenue l'un des fiefs du FPÖ, a vu sa population musulmane passer de 7 à près de 13% entre 2001 et aujourd'hui. Une augmentation qui n'est pas négligeable.</div>
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Au-delà de l'Islam, c'est la question des migrations qui touche une corde sensible chez les Autrichiens. L'Autriche a une longue histoire avec sa frontière, avec ses confins: elle a pendant des centaines d'années - à l'époque impériale comme depuis l'après-guerre et cela malgré sa neutralité - occupé un poste avancé, face à l'Empire Ottoman, face au panslavisme, face au rideau de fer, face au magma des Balkans et désormais face aux migrants, d'où qu'ils viennent - notamment de l'est de l'Europe, du Caucase ou du Proche-Orient. Nous avons affaire à un peuple cosmopolite, issu d'une histoire impériale multiculturelle - les noms des candidats figurant sur les listes des différents partis en étant l'illustration - mais profondément marqué par une culture catholique et fortement imprégné de cette mentalité du limes. N'oublions pas que si, pour nous Français, les chars soviétiques furent stationnés pendant quarante ans à 300 km de Strasbourg puis que les conflits balkaniques se déroulèrent « sous nos yeux » à 1500 kilomètres de Paris, les uns comme les autres n'étaient qu'à quelques kilomètres de Vienne ou de Klagenfurt. Bref, la frontière, la défense du territoire, la crainte de l'invasion ne sont ici pas des vains mots, mais renvoient au contraire à un passé à la fois immémorial et très proche, fait de réalités comme de fantasmes. </div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Enfin, le thème de la souveraineté de l'Autriche comme de la défense des droits des « petits » pays de l'Union européenne trouve aussi son écho dans un pays qui a toujours entretenu une certaine ambivalence à l'égard de l'Union européenne comme de son voisin allemand. Si l'ÖVP et le SPÖ ont toujours été des mouvements pro-européens, ils sont cependant loin de partager les positions fédéralistes défendues par nombre de leurs partenaires du PPE ou du PSE. Ils ont toujours fait preuve d'un certain pragmatisme en la matière, d'autant que là encore, l'histoire joue un rôle non négligeable: l'Autriche n'oublie pas qu'elle n'a retrouvé sa pleine souveraineté qu'en 1955, avec pour contrepartie une neutralité et une vie en dehors de la construction européenne jusqu'en 1995. </div>
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<br /></div>
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<b>Quel type de relations l'Autriche entretien-t-elle avec le grand voisin et pays leader de l'Union européenne, l'Allemagne ?</b></div>
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<br /></div>
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Vaste sujet… qui pourrait faire l’objet de nombreux colloques historiques, politiques, économiques voire psychanalytiques – logique pour le pays de Freud. Essayons plutôt, si vous le voulez bien, de circonscrire cette question au scrutin de dimanche et à ses conséquences.</div>
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Les parents du jeune Sebastian Kurz se portant plutôt bien, il est peu probable que celui-ci soit à la recherche d'une "Mutti" de substitution en la personne d’Angela Merkel. Celle-là même qui a sous-titré son parti "Die Mitte" (le Centre) et grand ouvert les portes de l'Allemagne aux migrants. Sur la question de la conduite des affaires européennes, notamment de la crise des migrants, Kurz a d'ailleurs été très clair en reconnaissant le rôle éminent joué par l'Allemagne en Europe, mais en rappelant aussi que « les traités ne prévoient pas qu'un pays prenne seul les devants » et que « que l'Union européenne comprenait 28 États et qu'il n'y avait pas de membres de seconde classe, les uns censément moralement supérieurs et les autres moralement inférieurs ». Fermez le ban. </div>
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Ainsi, si les questions économiques rapprochent Vienne de Berlin, le sujet des migrants comme l'organisation interne de l'Union Européenne poussent en revanche l'Autriche à chercher des alliances de revers, à regarder vers l'Est et à retrouver son cher et vieux tropisme danubien. Je conclurai en détournant les propos de l'auteur viennois Arthur Schnitzler, "Autriche et Allemagne sont parents comme diamant et charbon". Cet aphorisme étant à l'origine consacré au vice et à la vertu, je laisse à chacun le soin d'attribuer leurs rôles respectifs à Vienne et à Berlin... </div>
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<br /></div>
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<b>Pour finir, quelle pourrait être la politique européenne d'une Autriche dirigée par une coalition ÖVP/FPÖ avec à sa tête Sebastian Kurz ? </b></div>
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Sébastian Kurz cherche à se faire le champion de la défense des petits pays de l’UE et du contrôle des flux migratoires, en s’opposant aux positions d’Angela Merkel. En revanche et comme je viens de le dire, il existe une véritable convergence avec les tenants d’une « ligne dure » sur les sujets économiques et financiers. On retrouve ainsi dans les propos de campagne de Kurz (refus de refinancer la dette des États membres de la zone euro, refus d’une mutualisation des dettes souveraines, refus d’une mutualisation de dépenses sociales) des accents déjà entendus chez Wolfgang Schaüble, Christian Lindner (chef du FDP et probable futur ministre des finances allemand) ou encore chez les responsables de la CSU comme de l’AfD. </div>
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Les critiques sont plus dures à l’égard des institutions, avec la volonté de réduire le nombre de commissaires européens, de limiter le champ de compétences de l’UE et de réduire sensiblement le poids d'une réglementation européenne que Kurz estime à la fois trop complexe, trop précise et trop bureaucratique. Le projet de l’ÖVP vise au fond à pousser l’UE à se recentrer sur ses missions et compétences propres d’origine, en refondant la subsidiarité dans un sens plus favorable aux États. En proposant l’élection du Président de la Commission au suffrage universel direct et en annonçant un recours plus fréquent au référendum à l’échelle nationale, Kurz et l’ÖVP affirment enfin vouloir redonner au peuple autrichien sa pleine souveraineté en lui permettant d’exprimer sa voix dans les principaux processus décisionnels. </div>
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Bref, on a un mélange alliant libéralisme et euroscepticisme. Reste à savoir quelle sera la ligne vraiment défendue par Sebastian Kurz et quelle sera sa détermination en la matière. Désormais aux portes de la Chancellerie fédérale, Kurz, incarne un renouveau générationnel à la droite de l’échiquier politique européen. </div>
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Ses méthodes d’exercice du pouvoir et sa politique seront-elles inspirées des modèles politiques « durs » de ses voisins d’Europe centrale - comme cela semble devoir être le cas - ou s’alignera-t-il finalement sur la tradition politique rhénane plutôt consensuelle, suivie depuis 1945 par les grands partis politiques autrichiens dont il est l’héritier ? Suspense.... </div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-70477189031993835252017-10-12T02:12:00.000-07:002017-10-12T02:12:17.877-07:00Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon, par Ambroise de Rancourt<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0RE6f_6JTP0pXqt9frPT0ShC4gae1aQ7K7y98vqHDoCF7q6ljIY9tN8lSl84l3JD0Zi17HsJR1gmugdxmdE9d8o_EVFxQkWwgEBCzo8AIepRGbUFkTeDw9Y0kbbKy0o-fEg6snvL66hS0/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="584" data-original-width="886" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0RE6f_6JTP0pXqt9frPT0ShC4gae1aQ7K7y98vqHDoCF7q6ljIY9tN8lSl84l3JD0Zi17HsJR1gmugdxmdE9d8o_EVFxQkWwgEBCzo8AIepRGbUFkTeDw9Y0kbbKy0o-fEg6snvL66hS0/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<br />
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<b>Ambroise de Rancourt a 29 ans. Il est pianiste, diplomé du CNSM (Conservatoire national supérieur de musique) de Paris. Il n'est pas encarté à la France insoumise mais a voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012 et en 2017. Il lui écrit aujourd'hui pour exprimer des craintes et des griefs. </b></div>
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<b><br /></b></div>
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<b>L'arène nue est plutôt un blog consacré à l'Europe, avec quelques exceptions. La publication de cette lettre en est une. Venant d'un électeur très informé, elle réaffirme utilement ce en quoi croit toute une partie de la gauche (hélas pas la partie la plus revendicative) et exprime ses inquiétudes quant à la généralisation des thématiques identitaires dans le débat public. Elle est d'utilité publique. </b></div>
<div style="text-align: justify;">
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<div style="text-align: justify;">
Cher Jean-Luc,</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Si je t’écris cette lettre aujourd’hui, c’est parce que je t’en veux.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je t’en veux, parce qu’un nombre incalculable de fois, j’ai failli me brouiller avec des amis, des proches, en prenant ta défense et, plus largement, celle de ton programme. J’ai voté pour toi en 2012, et en 2017. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette année, ce n’était pas pareil : je n’ai pas voté pour toi de façon compulsive. J’ai voté pour toi après m’être penché sur ton programme, longuement, après l’avoir pesé soigneusement, dans ses moindres détails. J’étais persuadé, en votant pour toi, que tu avais des chances de gagner et surtout, de porter un véritable projet : un projet de transformation économique profonde, de défense des acquis sociaux et intellectuels de notre pays, un projet gaulliste à bien des égards, mais surtout, un projet viable, réalisable, consistant intellectuellement. Je n’ai pas été séduit par ta personnalité, qui m’importe peu et ne me fascine guère, ton talent oratoire, que j’apprécie mais dont je ne fais pas un critère décisif, ni par ton personnage, mais j’ai été convaincu par ton programme, bêtement. Naïvement, peut-être. Et si c’était à refaire, je voterais sûrement pour toi, de nouveau.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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En défendant ton programme, j’ai réussi à convaincre un certain nombre de gens autour de moi, je ne sais même pas combien, de te donner leur vote. Il y avait de tout : même des gens qui s’apprêtaient à voter pour Hamon ou Asselineau, voire Marine Le Pen, c’est dire si je me suis sacrifié pour la Cause. J’ai dû persuader une bonne partie de ma famille et de mes proches que non, je n’étais pas devenu un bolchevique assoiffé du sang des possédants – il faut dire qu’avec ma gueule et mon nom, c’était peu crédible – ni un hippie décérébré persuadé de pouvoir rassembler l’humanité autour d’un feu de camp et d’une barrette de shit. Non, j’ai défendu ton programme à coups de chiffres, de bouquins, de convictions que j’avais patiemment construites, en amont, au fil du temps. Et n’ayant que peu d’appétence pour la posture de groupie, je n’ai jamais hésité à reconnaître tes angles morts, tes faiblesses, tes renoncements, parce que le fait de militer pour une cause ne doit jamais, à mes yeux, aboutir à l’application aveugle d’une ligne, ou à l’arrêt de mes fonctions cérébrales. Et j’ai croisé suffisamment de militants qui semblaient avoir fait vœu d’abstinence intellectuelle comme un prêtre son vœu de chasteté, pour être dégoûté par ce panurgisme imbécile que l’on retrouve dans tous les partis.</div>
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J’ai vraiment cru, et je crois encore, à la capacité de notre pays à changer le cours de la construction européenne – pas à l’aménager, lui « donner sa chance », non : la remettre sur le métier, et la reprendre depuis le début. Je crois également à la mission particulière de notre pays – c’est une idée qui a tendance à faire sourire, d’ailleurs, aujourd’hui – dans sa transmission inflexible et constante de valeurs universelles, qui s’incarnent dans sa défense maniaque, obsessionnelle, de la liberté d’expression, sa haine – je n’ai pas peur du mot – de l’ingérence religieuse dans la sphère politique, son attachement viscéral à l’égalité républicaine. J’ai cru en ta capacité à incarner et défendre tout cela. Aujourd’hui encore, je reste écœuré par ce mélange de mauvaise foi, de dédain souvent inculte et lapidaire, qui caractérise la façon dont tes détracteurs considèrent les gens qui ont voté pour toi, quels que soient leurs motifs. Et je continue à désespérer en entendant nos dirigeants vanter eux-mêmes, aujourd’hui, la fin de notre modèle social et la destruction de nos plus précieux édifices juridiques, comme étant la clé de notre intégration, forcément magnifique et souhaitable, dans la marche néo-libérale du monde. Comme si la résistance à cet ordre n’était même plus acceptable intellectuellement, reléguée au rang de fantasme doré pour collégien rêveur.</div>
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Jusqu’ici, en fait, tout allait plutôt bien. Et puis, au fil de mes rencontres, de mes lectures, mais aussi au fil des morts qui s’amoncelaient en France, en Europe, ainsi qu’en Syrie et en Irak, j’ai commencé à m’intéresser, de près, à l’idéologie islamiste. C’était bien avant de me pencher sur ton programme de 2017, d’ailleurs. </div>
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J’ai commencé, donc, à chercher pourquoi et comment une idéologie issue d’une religion pouvait, en s’appuyant sur divers recueils de textes sacrés que l’on doit admettre aveuglément sous peine d’être appelé hérétique, aboutir à l’endoctrinement massif de jeunes de France ou d’ailleurs. J’ai cherché à comprendre pourquoi des enfants juifs, des dessinateurs, des flics, des citoyens qui n’avaient rien demandé, étaient tombés sous des balles, des pare-chocs, des coups de couteau, sur notre sol. J’ai aussi cherché à comprendre pourquoi des centaines de jeunes Français étaient partis faire le<i> jihad</i> en Syrie – et pourquoi on avait laissé s’installer dans notre pays les prédicateurs et recruteurs aux sources de cet embrigadement sectaire. J’ai cherché, à comprendre pourquoi des entrepreneurs du malaise identitaire, qu’ils s’appellent Collectif contre l’Islamophobie en France, Indigènes de la République ou Baraka City, loin de déplorer une partition communautaire de plus en plus marquée en France, semblaient la cultiver, l’entretenir amoureusement. J’ai compris, enfin, qu’entre ces entrepreneurs identitaires et le Front national, il y avait finalement une formidable convergence de points de vue : une vision ethniciste, racialiste, de l’appartenance non plus à une nation mais à une communauté fondée sur la religion, la couleur. « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à mon quartier, à l’Islam, à l’Algérie », affirme la présidente du PIR, Houria Bouteldja, là où une Marine Le Pen ou un Eric Zemmour s’évertuent à expliquer que l’islam n’est pas et ne sera jamais soluble dans la République.</div>
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Dans ce jeu de surenchère verbale, j’estimais qu’il était du devoir du politique de refuser de prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Tout en utilisant les moyens juridiques et policiers pour éteindre, dans le respect des libertés publiques, le phénomène identitaire islamiste. Non pas dans le but de terroriser le bon peuple ou de « stigmatiser » - le verbe est à la mode – une religion ou ses fidèles, certainement pas. Mais avec un objectif double, qui semble t’échapper : protéger, d’une part, l’écrasante majorité de nos compatriotes musulmans, sécularisés et laïques, d’un chantage identitaire dont ils font l’objet – injonction leur étant faite, dans le cadre religieux ou associatif, c’est selon, de choisir entre leur identité islamique (voile, alimentation halal, jeûne du ramadan…) et leur adhésion aux valeurs républicaines ; préserver, ensuite, l’ensemble de la population française, musulmane ou non, de la violence que le terrorisme islamiste fait peser sur elle de façon permanente.</div>
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La réalité est la suivante : tes déclarations de 2011, où tu affirmais que les prières de rue étaient systématiquement le fait d’intégristes – ce qui d’après mes recherches scrupuleuses s’est toujours montré exact – et que la solution était de les empêcher en faisant respecter l’ordre public ; ou de février 2017, où tu expliquais – et j’étais d’accord avec toi – que, sans quitter un seul instant une attitude de dialogue et de fraternité vis-à-vis des femmes qui le portaient, nous n’avions pas à rougir d’affirmer que le voile, au vu de notre culture et de notre lutte séculaire pour l’égalité, était un signe d’oppression sexiste, bref : tes déclarations sur le sujet de l’islamisme me semblaient respecter à la fois nos principes républicains essentiels, et le devoir de neutralité religieuse du politique dont j’ai parlé plus haut.</div>
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Mais voilà. D’abord, je t’ai vu refuser, progressivement, d’employer le terme « islamiste » pour parler des attentats commis aujourd’hui en Occident. Je t’ai vu défendre Clémentine Autain en pleine campagne présidentielle, et pas du bout des lèvres, quand ses liens avec la mafia de l’ « islamophobie » étaient mentionnés par Manuel Valls. Je me suis fait personnellement insulter par des militants LFI, et traiter de troll du FN (sic) pour avoir osé renvoyer à des affiches événements auxquels cette députée avait participé avec, notamment, Marwan Muhammad, ou pour avoir souligné le fait que Mme Autain avait relayé via son mouvement Ensemble des événements auxquels participait Tariq Ramadan – tu sais, le grand réformiste de l’islam, petit-fils du théoricien de la société islamiste rêvée des Frères musulmans et fier de l’être, qui défend un moratoire sur la lapidation des femmes, et qualifie les caricaturistes de Charlie Hebdo de « lâches » lorsqu’il s’exprime sur Al-Jazeera, avant de se faire défenseur de la liberté d’expression dans les médias français, quelques jours plus tard. J’ai assisté, et j’en ai discuté avec nombre d’autres militants LFI, à des scènes surréalistes d’omerta, d’interdiction de parler du phénomène islamiste, sous peine d’être relégué à un adjectif : facho. Islamophobe, dans les grands jours. Et j’ai accepté ces qualificatifs avec calme, sans jamais me laisser aller moi-même à l’injure. Pour avoir ouvert les yeux très progressivement sur le sujet de l’islamisme, sur lequel je crois pouvoir dire aujourd’hui que je me défends plutôt pas mal, comme on dit, je sais qu’il faut faire preuve de pédagogie, de mesure et de responsabilité, tant je sais qu’est brûlante toute question qui touche à l’unité de notre pays, et encore plus dans une période où les attentats sont autant de coups de boutoir contre notre pacte républicain, chacun étant sommé de choisir son camp.</div>
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Je me permets une petite parenthèse sur le sujet du terme « islamiste », point qui semble accessoire à première vue, mais qui est pourtant essentiel. Je connais la polémique, et bien, entre Olivier Roy et Gilles Kepel, entre « islamisation de la radicalité » d’un côté, « radicalité de l’islamisation » de l’autre. Laisse moi te dire ces quelques mots, très simples : l’islamisme n’est pas une religion. Dénoncer les comportements de violation de l’espace et des libertés publics n’est pas un acte qui stigmatise une foi et ses fidèles, mais qui condamne clairement, au contraire, une minorité agissante qui tente de fédérer autour d’elle tous les croyants. Rappeler quotidiennement qu’il y a, dans toute religion – hier, c’était le catholicisme, et c’est au prix du sang que sa sécularisation s’est faite sur notre sol, tu le sais, et aujourd’hui, c’est l’islam qui se retrouve face à cette problématique en France – un potentiel de dérive sectaire, et de volonté de soumission de l’ordre politique aux lois divines, le rappeler donc, avec force, n’est pas un acte de méfiance, de xénophobie, de racisme : c’est un acte de courage, nécessaire, douloureux parfois, mais qui est, pour reprendre la formule consacrée de De Gaulle, une « impérieuse nécessité ». En refusant d’employer le terme d’islamisme, tu sèmes le doute pour tous nos concitoyens musulmans, que tu amalgames de fait au seul noyau minoritaire et agissant des fondamentalistes : tu les confonds avec eux, tu leur dis, implicitement, que ceux qui se réclament de leur religion pour tuer, sont de leur famille. Plus que jamais, la distinction entre islamiste et musulman doit être faite par le politique. Sinon, voilà le raisonnement auquel on aboutit : comment, dire du mal du terrorisme, mais aussi de l’oppression des femmes au nom de la religion, du refus des valeurs républicaines, ce serait aussi dire du mal des musulmans dans leur ensemble ? Tous les musulmans seraient donc, à l’insu de leur plein gré, islamistes ? Tu sais aussi bien que moi que non, et que ton devoir consiste à nommer les choses, pour permettre justement à l’immense majorité des musulmans français de se sentir reconnus par leur pays, indépendamment de leur pratique religieuse. Tu sais aussi bien que moi – et là, les témoignages, ce n’est pas dans la presse que je les lis : je les recueille directement – que dans certains quartiers, c’est au nom d’une certaine morale religieuse que nombre de jeunes filles, de femmes, se voient interdire de sortir de chez elles vêtues comme elles l’entendent, et d’aller boire une bière entre amies. Bien sûr, ces phénomènes sont diffus : la pression sociale, familiale, du quartier, ne se fait pas à coups de panneaux placardés sur les murs, mais de regards, d’insultes, d’exclusion du groupe vécues au quotidien par celles qui osent braver ces nouveaux interdits.</div>
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Plus récemment, certains députés de LFI ont abondé dans le sens d’une minimisation du phénomène islamiste, par clientélisme électoral ou par volonté de dénoncer un supposé « racisme d’Etat » en France, qui serait la justification unique, socio-économique, des attentats. L’islamisme ne serait en réalité qu’une délinquance comme une autre ; le refus de s’asseoir après une femme, au poste de conduite d’un bus, ne serait qu’une manifestation de sexisme ordinaire. Et ceux qui osent souligner cette proximité – elle n’est pas restreinte aux élus LFI, loin de là : les témoignages abondent, ici et là, pour dénoncer la façon dont nos élus locaux utilisent le clientélisme religieux pour s’assurer de meilleurs résultats électoraux – sont donc, tu l’as dit : la fameuse « fachosphère ». Ils ne peuvent donc pas être des citoyens avertis, mesurés, de bonne foi, imperméables aux raisonnements ethnicistes et racistes du Front national, mais sincèrement convaincus de la nécessité de se battre de façon intraitable pour la défense de notre modèle de société ? </div>
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Indépendamment de ces effets de manche médiatiques, je ne peux pas croire que tu réduises le débat politique à un clivage entre deux camps : les fachos, et les autres. Tu as prouvé, lors de la dernière présidentielle, ta capacité à ramener à son bercail historique une large partie de l’électorat ouvrier, qui s’était tournée vers le FN depuis de trop nombreuses années, et cela a sans doute été la meilleure nouvelle des résultats du printemps dernier. Et tu voudrais, le lendemain, te livrer à des anathèmes nourris par ta détestation de Manuel Valls ? A ce stade, je dois le préciser : je n’ai rien, absolument rien de commun, politiquement, avec lui. Son opportunisme, son inconséquence, son exercice du pouvoir, tout me navre chez cet homme. Mais je n’arrive pas à croire que tu manques à tel point de sens politique, que tu ne comprennes pas que le basculement dans l’invective facile et confortable, tant Valls est aujourd’hui détesté en France, est dangereux. Et par ailleurs, quand on connaît le déferlement antisémite subi par l’homme en raison de la religion de sa femme, la cabale organisée contre lui après une photo le montrant avec une ministre israélienne aux positions hautement contestables – il s’agissait en réalité d’un sommet international sur le terrorisme, et non d’un dîner entre amis de longue date – on ne peut que mettre de côté, l’espace d’un instant, son inimitié personnelle pour faire bloc contre les tentatives d’intimidation teintées de complotisme. Dois-je te rappeler que le premier site à avoir lancé la polémique sur ces fameuses photos, c’est Panamza, tenu par le bien connu Hicham Hamza, spécialiste des théories du complot sioniste resservies <i>ad nauseam</i> après chaque attentat ?</div>
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Enfin, le clou du spectacle. Hier, mardi 10 octobre, Houria Bouteldja, auteur du célèbre Les Blancs, les Juifs, et nous, ouvrage dans lequel elle se livre à un étalage de haine contre les deux premiers groupes nommés, auxquels on pourrait ajouter les homosexuels, a partagé ton tweet assimilant Valls et la fachosphère, se félicitant de tes propos : « Qui l’eût cru ? Plein de cœurs pour Mélenchon ». Cette antisémite maladive, cette racialiste décomplexée, qui promeut la « non-mixité », y compris des mariages, qui se permet de manipuler les termes de « race » ou de « tarlouze » comme aux plus belles heures de notre pays dans les années trente, se réjouissant de ton positionnement ? Pour moi, c’est un véritable désastre. Voir s’opérer une jonction entre ton discours souverainiste, républicain, laïque et social, et ceux qui cherchent à le détruire de toutes leurs forces, sans que personne ne songe à contester, au sein de ton mouvement, ce rapprochement ? Mes échanges avec des militants, nombreux, mais aussi des responsables de LFI, sont à cet égard instructifs : ils sont beaucoup à s’inquiéter de cette dérive identitaire d’un mouvement comme le tien. Ils sont beaucoup à ne pas comprendre le cap que tu cherches à fixer, toi le défenseur historique de la laïcité, en envoyant autant de signaux contradictoires, de frilosité face aux nouveaux racistes, aux nouveaux intégristes, qui n’ont rien à envier à ceux que notre pays connaissait déjà depuis des siècles, par leur violence et leur haine de la République.</div>
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L’islamisme est aujourd’hui, à mon avis, l’un des thèmes les plus essentiels pour notre pays, avec la construction européenne, la transition énergétique, l’éducation. La différence est que je n’en fais pas la seule, l’unique priorité, et je ne te demande pas de le faire, d’ailleurs. Je te demande simplement, en tant que militant lambda, bon connaisseur du sujet, de remettre tes convictions laïques au centre de ton discours, d’arrêter de caresser les intégristes et agitateurs communautaires dans le sens du poil, parce que d’une part, je pense, je sais qu’il y a urgence. Mais aussi, et SURTOUT : parce que je pense que tu te trompes du tout au tout sur le plan tactique, et qu’une telle mollesse sera sans doute ton premier handicap quand viendra 2022 où, je l’espère, tu défendras à nouveau ton programme, dans toutes ses composantes. Si tu veux rassembler derrière ta candidature, une ligne de partition communautaire et de complaisance vis-à-vis de l’islamisme te coupera inéluctablement d’une large part des Français, appartenant pour beaucoup à cette « France périphérique » qui n’est ni forcément raciste, ni « islamophobe », mais qui sent que face aux nouveaux obscurantistes, la République doit être forte, et fière de son héritage ; et qui vit dans la peur du prochain attentat et de la dissolution des liens entre elle et une partie de ses compatriotes.</div>
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Pardonne-moi d’avoir été long, sûrement grandiloquent parfois. Mais je crois trop profondément en l’intelligence, la viabilité, la nécessité de tes propositions pour notre pays, pour te laisser gâcher tout cela par ce qui me semble être un très mauvais calcul politique, qui hypothèque de façon certaine tes chances de te qualifier pour le second tour en 2022. Et je crois me faire en cela le porte-parole d’un certain nombre des sympathisants de La France Insoumise, bien moins négligeable que ce que tu sembles penser. Nous, militants ou citoyens, avons besoin de ton intransigeance dans la défense de notre universalisme républicain, et de ton insoumission, justement, pour faire résonner avec force, partout, ces trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité.</div>
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Bien amicalement,</div>
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Ambroise. </div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com58tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-39869959885969663372017-10-09T08:11:00.000-07:002017-10-09T08:13:14.762-07:00N. Klein : « En Catalogne, il n'y a que de mauvaises solutions pour Carles Puigdemont »<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV3RzX0hsuTU6MQ1QmWK6FXp0NxlNQQDZ-hQ77v-VH0_PSdR2LjRPtgpzNOWe5k79fSs4yCrTbFv-NV8zXmfEJmzUhs6hZzFnxm-9thlTseSrMXZ-tt8Wytn5CUbOjT9j8wplk-Trtr0_w/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="422" data-original-width="821" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV3RzX0hsuTU6MQ1QmWK6FXp0NxlNQQDZ-hQ77v-VH0_PSdR2LjRPtgpzNOWe5k79fSs4yCrTbFv-NV8zXmfEJmzUhs6hZzFnxm-9thlTseSrMXZ-tt8Wytn5CUbOjT9j8wplk-Trtr0_w/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<b>Ancien élève de l'ENS Lyon, Nicolas Klein est agrégé d'espagnol. Il s'est spécialisé dans l'étude de l'Espagne contemporaine et anime <a href="https://actualiteespagnole.wordpress.com/">un blog dédié au sujet</a>. </b></div>
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<b>Hier dimanche, les Catalans hostiles à l'indépendance de leur région sont descendus dans la rue, et leur manifestation a été un succès. Qui étaient ces gens qui battaient le pavé pour réclamer le maintien dans l'Espagne ? </b></div>
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La manifestation de dimanche, bien qu'elle survienne après une série d'autres marches et rassemblements anti-indépendantistes dans tout le pays (Madrid, Tarragone, Manresa, Valence, Palma de Majorque, etc.), a eu un retentissement énorme. Cela tient à la fois au nombre de personnes qui ont manifesté (350 000 selon la Garde urbaine de Barcelone, un million selon les organisateurs) mais aussi à l’impact psychologique : le président de la Généralité, Carles Puigdemont, et son gouvernement se sont tout à coup rendus compte qu’ils ne pouvaient plus faire semblant. Il apparaît désormais aux yeux de tous les Espagnols (indépendantistes ou pas) et du monde entier que les autorités séparatistes catalanes ne représentent au mieux qu’une petite moitié de la population de la communauté autonome. </div>
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Par ailleurs, cette manifestation a été transversale. Elle a d’abord été organisée par des associations comme Société civile catalane puis a été parrainée par la droite (Parti populaire, Ciudadanos) et par la gauche (Parti des Socialistes de Catalogne). Les formations politiques n’ont fait que suivre un mouvement qu’elles n’ont pas initié mais qu’elles ont renforcé. C’est la population espagnole (en particulier en Catalogne) qui s’est mobilisée, qui s’est réveillée et qui s’est fait entendre. Cette manifestation pour l’unité de l’Espagne, qui revendiquait à la fois l’appartenance à la région et à la nation, est inédite dans le pays. Elle marque clairement un avant et un après.</div>
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<b>Carles Puigdemont, le président catalan qui doit s'exprimer mardi. Peut-il encore déclarer l'indépendance, ou cette possibilité est-elle éliminée ?</b></div>
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Conjuguée à la récente fuite des entreprises hors de la région, la marche de dimanche constitue un signal d’alarme pour Carles Puigdemont. Il est à présent coincé. D’un côté, s’il renonce finalement à l’indépendance de la Catalogne, la Candidature d’Unité populaire (la CUP, parti de « gauche radicale » séparatiste qui le soutient au Parlement régional) risque de lui retirer son soutien et d’agiter la rue, avec un réel risque de dérive violente, ce qui renforcerait la saignée économique. De l’autre, s’il va jusqu’au bout et annonce l’indépendance unilatérale de la Catalogne, il va créer un vent de panique chez les Catalans, qu’ils soient entrepreneurs ou particuliers. </div>
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Toutes les options sont mauvaises, pour lui. D’après Marta Pascal, coordinatrice du Parti démocrate européen catalan (PDeCAT) – la formation d’Artur Mas – qui était interrogée par la BBC, Puigdemont s’oriente vers une déclaration d’indépendance symbolique. Mais cela ne veut concrètement rien dire : on se proclame indépendant ou on ne se proclame pas indépendant. Il n’existe pas de demi-mesure en matière de création d’État. Si cette information se confirme, elle rendra les membres de la CUP furieux, décevra toute une partie du secteur indépendantiste et ne rassurera pas pour autant les anti-séparatistes. </div>
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Depuis que l’exode économique catalan a commencé la semaine dernière, le PDeCAT et une partie de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC, autre formation au pouvoir à Barcelone) ne sont plus si sûrs d’eux. Le conseiller régional aux Entreprises et à la Croissance, Santi Vila, a été le premier à reculer sur la question de l’indépendance. Désormais, cette attitude est partagée par de nombreux représentants politiques de l’indépendantisme. Le journal <i>La Vanguardia</i>, qui a été un soutien décisif des séparatistes, se montre beaucoup plus prudent ces derniers jours. De son côté, le très riche homme d’affaires catalan Jaume Roures (qui détient des parts dans l’entreprise médiatique Mediapro et a favorisé un rapprochement entre Podemos et l’ERC) évoque la possibilité d’un référendum sur la question catalane dans l’ensemble de l’Espagne, ce qui contraste avec les positions qu’il a pu défendre jusqu’à présent. </div>
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<b>Vous dites que la manifestation de dimanche a été est soutenue aussi bien par des partis de droite que de gauche. Mais on trouve également des partisans de l'indépendance à droite et à gauche. Pour quelle raison la CUP, par exemple, soutient-elle une sécession régulièrement présentée en France comme le réflexe égoïste d'une région riche ?</b></div>
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L’univers séparatiste est composite, aucun observateur sérieux ne l’a jamais nié. Il existe à mon avis trois grandes catégories de soutien à l’indépendantisme catalan : le séparatisme sentimental (qui se fonde sur une vision émotionnelle et largement faussée de l’histoire catalane, de ses rapports avec le reste de l’Espagne et de l’identité de la région) ; le séparatisme égoïste (fondé sur le rejet de toute solidarité économique et financière avec le reste de l’Espagne) ; le séparatisme identitaire (placé très à droite, il concerne surtout la Catalogne intérieure, celle des petits villages qui n’ont que du mépris pour une Espagne jugée inférieure). Ces trois catégories ne sont pas exclusives : une personne ou un groupe peuvent soutenir l’indépendance catalane pour les trois raisons à la fois mais en mettant plus l’accent sur l’une d’entre elles.</div>
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C’est ce qui explique qu’un parti dit de « gauche radicale » comme la CUP puisse soutenir une telle idée. Il représente pour l’essentiel le séparatisme sentimental, qui repose sur l’idée de mauvais traitements imposés à la Catalogne par l’Espagne depuis des siècles mais aussi sur une image de la Catalogne en tant que terre promise de la gauche et du républicanisme social. C’est pourtant la droite libérale et bourgeoise de Convergence et Union (CiU) puis du PDeCAT qui domine la région depuis le retour à la démocratie, puisque trois de ses chefs de file – Jordi Pujol de 1980 à 2003, Artur Mas de 2010 à 2016 puis Carles Puigdemont depuis 2016 – ont été présidents de la Généralité. Par ailleurs, depuis 2009, la Catalogne est clairement la communauté autonome espagnole qui a le plus coupé dans ses dépenses sociales alors que toutes ont été confrontées aux mêmes défis avec la crise de l’euro. En réalité, les autorités catalanes de droite ont été bien contentes de se retrancher derrière les décisions du Parti populaire à Madrid (en validant par exemple les coupes sombres dans le budget de l’État) pour imposer des mesures qu’elles savaient antisociales. La vision sentimentale que la CUP a de la Catalogne (la région progressiste et évoluée par excellence) ne correspond donc pas à la réalité mais plutôt à la propagande que diffusent les dirigeants catalans depuis plusieurs décennies, que ce soit à l’école ou dans les médias.</div>
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Cela n’empêche pas l’égoïsme d’être aussi l’un des défauts de toute la gauche séparatiste, y compris de la CUP, puisque cette dernière refuse les transferts d’argent de la Catalogne vers d’autres autonomies espagnoles. En fait, plutôt que d’égoïsme, je parlerai plutôt avec la presse espagnole de suprématisme catalan. Tous les indépendantistes, qu’ils soient de gauche ou de droite, partagent l’idée que l’Espagne est un boulet dans tous les domaines et que la Catalogne s’en sortira mieux si elle est indépendante car elle est dotée de qualités intrinsèques et transcendantes qui la distinguent. Le PDeCAT insistera volontiers sur la tradition entrepreneuriale de la communauté autonome et sur sa richesse (par opposition à une Espagne vue comme naturellement et fatalement pauvre et archaïque) là où la CUP mettra plutôt l’accent sur une culture supposément espagnole de la dictature et de la répression (tandis que la Catalogne serait depuis toujours un havre de paix et de démocratie). Tous considèrent en tout cas que la région est non seulement différente mais aussi supérieure au reste de l’Espagne. Les déclarations xénophobes ou ethnicistes de Jordi Pujol, Oriol Junqueras (actuel vice-président de la Généralité) et Jordi Turull (porte-parole et conseiller à la Présidence de la région) sont là pour le confirmer.</div>
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<b>Pensez-vous qu'il existe un lien, comme expliqué par deux chercheurs <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-catalogne-pourrait-bien-etre-poison-lent-qui-asphyxie-europe-et-non-on-ne-parle-pas-que-exemple-donne-flandre-ou-autre-3184343.html"><i>ici</i></a>, entre la l'appartenance de l'Espagne à l'UE et l'actuelle crise catalane, soit que l'austérité imposée par Madrid au nom de l'Europe ait rendu les transferts budgétaires insupportable aux Catalans, soit que le vide politique qui règne dans notre UE écomico-juridique génère l'émergence de projets politiques substitutifs ?</b></div>
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Il y a un lien manifeste, ça ne fait aucun doute pour moi. L’on remarque dans l’histoire de l’Espagne que, quand l’État central est faible pour des raisons politiques et/ou économiques, les tendances centrifuges apparaissent très vite et affaiblissent, voire menacent la cohésion nationale. En 1640, le roi Philippe IV règne sur le pays depuis 19 ans mais c’est un monarque faible, qui se repose essentiellement sur l’action politique de son favori, le comte-duc d’Olivares. Ce dernier mène une politique intelligente qui aurait pu porter ses fruits mais il butte sur les oppositions que l’on retrouve traditionnellement dans la Couronne d’Aragon et sur la crise économique qui touche le pays. En 1640, donc, le Portugal, qui avait été intégré à la monarchie hispanique en 1580, recouvre son indépendance. L’Aragon et l’Andalousie, sous la férule de grands seigneurs locaux et de figures fortes, manquent de proclamer leur indépendance à l’égard de Madrid. Et bien entendu, la Catalogne se soulève et obtient une autonomie de facto qui sera toutefois mouvementée et très limitée par le Royaume de France.</div>
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À l’heure actuelle, l’Espagne a remis beaucoup de ses compétences fortes à l’Union européenne notamment la prérogatives régalienne de battre monnaie. Si le pouvoir madrilène n’est plus qu’une simple chambre d’enregistrement de ce qui vient de Bruxelles, il n’est pas étonnant que des alternatives politiques et territoriales se fassent jour. Ajoutez à cela la crise économique de 2008, qui a supposé une saignée budgétaire pour l’État central et toutes les communautés autonomes, et vous obtenez un cocktail explosif qui explique en partie ce que nous vivons aujourd’hui avec la Catalogne.</div>
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<b>Si Puigdemont déclare l'indépendance malgré tout, quelles pourraient être les réactions du gouvernement Rajoy ? Doit-on craindre de la violence ? Quelle serait, selon vous, le scénario le plus raisonnable pour sortir de la crise ?</b></div>
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l est très difficile de répondre à ces questions car je n’ai pas de boule de cristal ! Néanmoins, j’oserai émettre quelques hypothèses. Je pense qu’en l’état actuel des choses, une déclaration unilatérale d’indépendance (DUI, selon la terminologie des médias espagnols) serait vouée à l’échec. En premier lieu, une République catalane ainsi constituée ne serait reconnue par presque aucun pays. En deuxième lieu, le lendemain de cette déclaration, le soleil continuerait à se lever, les trains continueraient à circuler entre la Catalogne et le reste de l’Espagne, les administrations continueraient à fonctionner normalement, etc. Le gouvernement régional veut obliger les entreprises qui opèrent en Catalogne à payer leurs impôts auprès du Trésor public catalan qu’il a créé il y a déjà quelque temps et qui n’a jamais vraiment fonctionné. Vu la fuite des entreprises à laquelle on assiste depuis plusieurs jours (et qui concerne même des firmes dirigées par de grandes figures du séparatisme, comme la société financière GVC Gaesco), il est peu probable que le monde économique régional fasse confiance audit Trésor public en cas de DUI. Troisièmement, l’exode économique et financier risquera de s’emballer.</div>
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Le plan de la CUP est cependant d’investir les infrastructures critiques de la communauté autonome (comme les ports, aéroports, bâtiments publics, etc.) dès la proclamation d’indépendance (ou peu avant) pour la rendre effective. C’est un projet très risqué qui pourrait entraîner des débordements avec les forces de l’ordre espagnoles ou même l’armée – d’autant que Madrid a récemment renforcé sa présence dans certains de ces endroits stratégiques, comme l’aéroport d’El Prat. C’est donc un élément à surveiller de près.</div>
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Il sera très difficile de mettre fin à la crise actuelle, d’autant qu’aucun des deux acteurs en présence ne peut se dédire totalement sans perdre en crédibilité. Si la coalition au pouvoir en Catalogne, Junts pel Sí (« Ensemble pour le Oui »), abandonne officiellement toute idée d’indépendance, elle sera débordée par la CUP et délaissée par les électeurs. Si Mariano Rajoy et son gouvernement finissent par céder et accepter l’idée d’une indépendance négociée, ils ne pourront pas refuser cette indépendance à d’autres régions (notamment le Pays basque) et les électeurs espagnols unionistes (clairement majoritaires) ne leur pardonneront jamais.</div>
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Certains, notamment du côté de Podemos, avancent la possibilité d’un dialogue entre Madrid et Barcelone pour régler les questions en suspens (autonomie fiscale accrue, nouvelles compétences dans divers domaines). À leur sens, cela permettrait de réduire la pression séparatiste. Mais peut-on négocier avec un pouvoir qui n’a cessé d’enfreindre la loi ? Si Mariano Rajoy décide de passer l’éponge sur les violations de la Constitution commises par les autorités catalanes, pourra-t-il ensuite être crédible auprès de ses électeurs ? D’ailleurs, la Généralité veut-elle autre chose que l’indépendance à l’heure actuelle ? Et qu’est-ce qui garantit que, d’ici dix ans, Barcelone ne reviendra pas voir Madrid en expliquant que les compétences cédées sont encore insuffisantes et qu’il lui en faut plus – sous peine d’une nouvelle menace d’indépendance ?</div>
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Je pense, à titre personnel, que le pouvoir espagnol va devoir songer à se ressaisir de certaines compétences (que ce soit pour la Catalogne ou pour les autres communautés autonomes), notamment l’instruction publique (les écoles catalanes sont aujourd’hui des fabriques de petits indépendantistes biberonnés à la haine de l’Espagne) et le système sanitaire. Par ailleurs, je crois que Mariano Rajoy devra convoquer de nouvelles élections avant l’échéance normale (premier semestre 2020). Le président du gouvernement espagnol, quel qu’il soit, ne pourra pas affronter ce défi sans avoir à nouveau reçu l’onction des urnes.</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-29502585455851300832017-10-05T06:36:00.000-07:002017-10-05T06:36:12.294-07:00V. Giacchè : «Vingt-sept ans après, l'Allemagne de l'Est ne s'est pas remise de son annexion par l'Ouest». <div style="text-align: justify;">
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<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGj0bOFel6wcUzO-lQjwVylBSMx9PUJtP6YBGJxzw9DQiLKKdruGM-1x0MDvlz3XDvzzGlKm6dtXGDhG2kXNQ_3q1AuVGtfiUMdmOFK5yTVRW7PFBtc2G2qJ7bCuN0-nr6uPdiC6OGbn0i/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="592" data-original-width="735" height="321" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGj0bOFel6wcUzO-lQjwVylBSMx9PUJtP6YBGJxzw9DQiLKKdruGM-1x0MDvlz3XDvzzGlKm6dtXGDhG2kXNQ_3q1AuVGtfiUMdmOFK5yTVRW7PFBtc2G2qJ7bCuN0-nr6uPdiC6OGbn0i/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Vladimiro Giacchè</td></tr>
</tbody></table>
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<b>Vladimiro Giacchè est un économiste italien, actuellement président du <a href="https://www.centroeuroparicerche.it/">Centre de recherche européenne de Rome</a>. Fin connaisseur de l'Europe et de l'Allemagne, il est l'auteur d'un ouvrage original et riche sur la réunification allemande, <i><a href="http://editionsdelga.fr/portfolio/vladimiro-giacche-le-second-anschluss-lannexion-de-la-rda-lunification-de-lallemagne-et-lavenir-de-leurope/">Le second Anschluss – l'annexion de la RDA</a></i> (édition Delga, 2015). Alors que l'Allemagne vient de voter dans le cadre d'élections législatives dont les résultats fragilisent Angela Merkel et quelques jour après le vingt-septième anniversaire de l'unité du pays, il a bien voulu répondre aux questions de <i>L'arène nue</i>. </b></div>
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<b>[Cet entretien a été traduit de l'italien par une fine équipe composée de Luca Di Gregorio, Gilles Tournier et Paul Moesch : un grand merci.]</b></div>
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<b>Les résultats <a href="http://lvsl.fr/lallemagne-est-le-pays-le-plus-souverainiste-deurope-entretien-coralie-delaume">des élections législatives en Allemagne</a> ont révélé de profondes divergences entre l'Ouest et l'Est du pays. Dans l'ex-RDA, le parti AfD fait 21,5 %, et est arrivé second. <i>Die Linke</i> y a réalisé ses meilleurs score (16 % contre 9 % au niveau national). J'imagine que vous n'en être guère surpris. Comment l'expliquez-vous ?</b></div>
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Aucune surprise, en effet. C’est la conséquence d’un pays qui reste toujours divisé vingt-sept ans après son unification, en même temps que d’un accroissement des inégalités sociales ces dernières années. Un citoyen qui vit en Allemagne de l’Est a deux fois plus de chances d’être chômeur que s’il vivait à l’Ouest. Et lorsqu’il travaille, il perçoit un salaire inférieur de 25 % à ce que perçoit un travailleur de l’Ouest. </div>
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Cela n'a pas grand chose à voir avec l’incapacité supposée des Allemands de l’Est à travailler (car oui, cet argument a parfois été avancé). C'est au contraire lié aux modalités de l’unification allemande. C’est lié au fait qu’à la nécessité de réaliser rapidement l’unité politique, qu’à la nécessité idéologique de supprimer complètement la RDA, ont été sacrifiées des exigences économiques élémentaires, en particulier celle de sauvegarder autant que possible l’industrie et les emplois des citoyens de l’Est. On a pratiqué la politique de la tabula rasa, en établissant le taux de change à un contre un entre le mark de l’Ouest et le mark de l’Est. Ce faisant, on a mis l’industrie de la RDA hors-jeu. Par ailleurs, l’ensemble du patrimoine industriel de l'ex-RDA a été confié à une société fiduciaire, la <i>Treuhandanstalt</i>, qui l’a liquidé, créant instantanément des millions de chômeurs. Il est beaucoup plus facile de fermer une industrie que de la reconstruire. Mais depuis, on s'est hélas rendu compte que lorsqu’on désindustrialise un pays (la désindustrialisation de la RDA n’a aucun autre exemple en Europe en période de paix) les conséquences peuvent durer des décennies, sinon des siècles. Le «<i>Financial Times Deutschland</i>» du 18 juin 2008 affirmait d'ailleurs que pour aligner complètement les revenus des deux parties de l’Allemagne, il faudrait 320 ans… </div>
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Le plus ridicule est que l’unification de l’Allemagne nous est présentée aujourd’hui comme une réussite opposable, par exemple, au destin du <i>Mezzogiorno</i> italien. La vérité, c’est que de tous les pays ex-socialistes d’Europe orientale, les territoires de l’Allemagne de l’Est sont ceux qui, en valeur absolue, ont connu le moins de croissance ces 27 dernières années. Il est dès lors normal que les citoyens qui vivent dans ces territoires se sentent abandonnés par la politique, et qu’ils expriment leur protestation par le vote. D'autant que comme on le sait, le pourcentage de pauvres (et de travailleurs pauvres – les <i>working poors</i>) en Allemagne a augmenté partout ces dernières années, et pas seulement à l’Est. C’est aussi le résultat du fameux <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2017/08/selon-un-economiste-allemand-le-miracle.html">« Agenda 2010 » de Schröder</a> que Macron, à ce qu’il semble, veut aujourd’hui reproduire en France.</div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEEpVfEMEu9kTHjfrp69K-VAnzb2VSJOEOoA5u3pH_DJhC8a7TaTXdYOK9nHK9WIhc1h8qvr3Y4J_j9oF8RAyTMID5GJsuCMW9Acdb9OiX3vL6y_1i9cvx9418THwCRZ704frZ4yez7Ko3/s1600/couv-le-second-anschluss1.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1067" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEEpVfEMEu9kTHjfrp69K-VAnzb2VSJOEOoA5u3pH_DJhC8a7TaTXdYOK9nHK9WIhc1h8qvr3Y4J_j9oF8RAyTMID5GJsuCMW9Acdb9OiX3vL6y_1i9cvx9418THwCRZ704frZ4yez7Ko3/s320/couv-le-second-anschluss1.jpg" width="213" /></a><b style="text-align: justify;">Dans votre livre, « <i>Le second Anschluss </i>» vous expliquez qu'au moment de la réunification, l'ex-RDA a été « criminalisée », que ses élites ont été écartées. Outre les problèmes économiques générés par une unification brutale, tout cela n'a-t-il pas généré également un traumatisme identitaire ?</b></div>
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Oui, c’est un autre aspect considérable et peu connu de cette affaire. L’élite, non seulement politique mais aussi scientifique et culturelle de l'ex-RDA, a été complètement évincée. Aujourd’hui encore, rares sont les professeurs des universités enseignant à l’Est qui ne proviennent pas de l’Ouest. Dans la magistrature et dans l’armée, la proportion des « Ossies » est quasi nulle. Tous les instituts et les académies de l’Est ont été liquidés en un temps record. Certains, tel le juriste et éditorialiste Arnulf Baring, sont même allés jusqu'à écrire des citoyens de l’Est qu’ils avaient été « mentalement altérés » par le « régime collectiviste », et qu’ils étaient donc devenus malgré eux un « élément freinant d’un point de vue systémique». </div>
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Ces pratiques et ces propos ont évidemment contribué à engendrer dans une large frange de la population d’ex-Allemagne de l’Est, la sensation d’avoir été colonisée, et de voir mise en cause sa propre identité. Il est d'ailleurs intéressant d’observer que la population de l’Est ne partage guère l’idée - majoritaire dans le monde politique et dans les médias <i>mainstream</i> – selon lequel tout ce qui existait en RDA, méritait d’être éliminé. Un sondage commandé par le gouvernement à l’institut de recherche EMNID pour le vingtième anniversaire de la chute du Mur a en effet montré que 49% des habitants de l'ex-RDA approuvaient l’affirmation suivante : « la RDA avait plus d'aspects positifs que d'aspects négatifs. Il y avait des problèmes, mais on vivait bien ». Pour les « Ossies », la diabolisation de la RDA a donc largement été perçue comme une mise en cause de leur histoire personnelle et de leur identité.</div>
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<b>Vous expliquez que l'unification allemande s'est faite par la monnaie, et que c'était une si mauvaise idée que le patron de la <i>Bundesbank</i> de l'époque, Karl-Otto Pöhl, était contre. Le même fut ensuite un farouche opposant à la mise en place de l'euro. Existe-t-il des similitudes entre l'unification monétaire des deux Allemagnes et la création de la monnaie unique européenne ?</b></div>
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<b><br /></b></div>
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Le témoignage de Karl-Otto Pöhl est très intéressant. Il était en effet opposé, en 1990, à l’unification monétaire immédiate. Celle-ci a cependant été réalisée, de surcroît au taux de 1 Deutschemark contre 1 Ostmark, alors que le taux de change réel dans les relations économiques entre les deux Allemagne était jusque-là de 1 pour 4,44. Du coup, le prix des marchandises produites en RDA s'est trouvé réévalué du jour au lendemain de 350 % ! Deux ans plus tard, Pöhl pouvait affirmer devant une commission d’enquête parlementaire que dans ces conditions « <i>les entreprises de RDA perdraient toute compétitivité</i> », et conclure en disant qu’on avait administré à l'Est « <i>un remède de cheval qu’aucune économie ne pourrait supporter</i>. » À l’époque de cette commission d'enquête, Pöhl n’était plus président de la Bundesbank. Il s’était en effet retiré en 1991, peu de temps après une audition au Parlement européen durant laquelle il avait déjà présenté l’unification monétaire allemande comme « <i>un désastre</i> », et déconseillé à ses auditeurs de ne pas renouveler l'erreur à l’échelon européen. Comme on le sait, il n'a pas été écouté. </div>
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<b>Mais quelles sont les ressemblances entre les deux unions monétaires ? </b></div>
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La plus importante tient au fait qu’une monnaie n’est pas simplement une monnaie, mais intègre des rapport juridiques et sociaux. Dans le cas du Deutschemark, il s’agissait de rapports sociaux capitalistes ( ceux de la prétendue « économie sociale de marché » allemande ). Dans le cas de l’euro, il s’agit du néolibéralisme qui inspire le traité de Maastricht et qui se caractérise par l’indépendance de la Banque Centrale par rapport aux gouvernements (ce qui signifie la dépendance de nombreux gouvernements par rapport à cette Banque centrale), dont l'objet unique est la stabilité des prix ( et pas l’emploi ). </div>
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En découle une compétition entre les États est fondée sur le dumping social et fiscal, où celui qui joue le jeu le premier est gagnant. Évidemment, dans le contexte d’une monnaie unique, au sein de laquelle il est par définition impossible d’ajuster les différences de compétitivité par le taux de change, la victoire qui n’admet aucune contestation. L’Allemagne a joué ce jeu avec l’Agenda 2010 de Schröder et une forte réduction des impôts sur les entreprises. Résultat : une énorme croissance de sa balance commerciale, tandis que les autre États de la zone euro étaient en déficit. Du coup dans de nombreux autres pays européens et de la même façon quoi qu’avec une intensité moindre, on a pu observer, après 2008 des phénomènes semblables à ceux qui s’étaient manifestés en Allemagne de l’Est après la réunification : chute du PIB, désindustrialisation, augmentation du chômage, déficit de la balance commerciale, augmentation de la dette publique, émigration. </div>
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Les ressemblances, comme on peut voir, ne sont donc pas négligeables. Mais il y a également des différences, positives ou négatives. Dans l’eurozone, on n'a jamais vu se mettre en place la parité déraisonnable des monnaies comme ça avait été le cas entre le DM et l'Ostmark. En revanche, il n’y a pas eu non plus les transferts de fonds massifs qu’a effectués la RFA au profit de la RDA. L’opposition têtue de l’Allemagne à ce type de transferts démontre que la classe dirigeante de ce pays n’a pas retenu la leçon de l’unification d’un point de vue économique. Cette leçon est la suivante : si tu désindustrialises ton voisin, et si tu veux qu’il continue à acheter tes produits, tu dois financer sa consommation. L’Allemagne espère obtenir le beurre et l'argent du beurre, ce qui ne fait que rendre explosives les contradictions au sein de l’Eurogroupe. </div>
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<b>On a évoqué plus haut la Treuhand, l'outil créé pour privatiser à toute vitesse en Allemagne de l'Est. N'était-elle pas une sorte d'ancêtre de la « Troïka » qui a si durement sévi dans les pays d'Europe du Sud ?</b></div>
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Si, bien sûr ! La réactivation d'une Treuhand pour la Grèce fait partie du train de mesures acceptées par Alexis Tsipras durant l’été 2015. Il s’agit en substance d’exproprier une partie du patrimoine public grec (dans le cas de l’Allemagne de l’Est, il s’agissait de la totalité), et de le confier à une société fiduciaire placée sous le contrôle des créanciers. En octobre 2016, j’ai participé à un congrès à Berlin durant lequel a été mise en évidence la continuité entre les privatisations opérées par la Treuhandanstalt et les mesures imposées par la « Troïka » et l’Eurogroupe à la Grèce. Il est incroyable que ce modèle ait été de nouveau choisi vu le désastre qu’il a provoqué en ex-RDA, c'est à dire la destruction de richesses pour un montant de 900 milliards de DM de l’époque, et l'anéantissement de l’industrie de l’Est. C’est là qu’on voit à quel point il peut être funeste de d'ignorer les leçons de l'histoire. </div>
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<b>Aujourd'hui, vous qui avez écrit tour à tour sur l'Europe et sur l'Allemagne, comment voyez-vous l'avenir de ce pays, et celui de notre continent ?</b></div>
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Je ne suis pas très optimiste. L'Allemagne semble prisonnière de sa politique mercantiliste et incapable de modifier son approche. Chez les autres grands pays européens - à commencer par la France – demeure l’illusion de pouvoir la suivre sur son terrain. Il me semble que ni les classes dirigeantes allemandes ni celles européennes ne soient conscientes des immenses dégâts causés par l'idée de faire de l'union monétaire l'alpha et l'oméga de l'union politique du continent. </div>
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La plus grande promesse de la monnaie unique, celle de promouvoir la convergence entre les économies, a été trahie (et il ne pouvait en aller autrement, à la lumière du contenu du Traité de Maastricht). C’est le contraire qui s’est produit. La conséquence est une instabilité structurelle de la zone euro, mais également une dégradation des relations entre pays d'Europe, un «blame game» («jeu des reproches») continu et réciproque et la fin de toute volonté de solidarité européenne. On l'a parfaitement vu hier au sujet de la Grèce, on le voit encore aujourd'hui au sujet de la crise migratoire. </div>
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Voilà pour les dégâts. Quant aux risques, ils ne sont pas moindres. Le risque majeur est celui de l'explosion non coordonnée de la zone monétaire. La chose la plus raisonnable à faire serait de désamorcer cette bombe, et de le faire tous ensemble, en réfléchissant à la manière d'éliminer l'euro de la façon la moins douloureuse possible. Je constate qu'au contraire, on continue à divaguer sur un surcroît d’intégration européenne. Cette attitude est digne de ceux qui pensent que pour résoudre les problèmes d'un immeuble construit sur de mauvaises fondations il faut ajouter un nouvel étage. En général, dans ces cas-là, les choses ne se terminent pas bien. </div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-39764106078190845482017-08-30T04:17:00.001-07:002017-08-30T04:17:22.161-07:00Selon un économiste allemand, «le miracle économique allemand doit peu aux réformes structurelles»<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv68EPMtcrcmWoKYcQ7iT8Yoyq4OGclHmK43jzorr8Mnu5nPLOivAhnHQU_3QciURUrOoiFFmiULzUDzDmTVsP9WwUQJ98BgtC1JrUpYRktB8LPQv2FaCshTbc8gZBQU5CIzeTJUDYKfCD/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="347" data-original-width="500" height="277" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjv68EPMtcrcmWoKYcQ7iT8Yoyq4OGclHmK43jzorr8Mnu5nPLOivAhnHQU_3QciURUrOoiFFmiULzUDzDmTVsP9WwUQJ98BgtC1JrUpYRktB8LPQv2FaCshTbc8gZBQU5CIzeTJUDYKfCD/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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Parmi les économistes allemands, on commence à <a href="http://plus.lesoir.be/76245/article/2017-01-05/marcel-fratzscher-les-inegalites-continuent-de-se-creuser-en-allemagne">mettre en cause les bienfaits des réformes Schröder </a>du début des années 2000, celles, précisément, dont l'actuel gouvernement français - en retard d'un bon petit paquet de guerres - entend s'inspirer pour déréguler le marché du travail. </div>
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L'article ci-dessous est initialement paru dans le journal belge <i>Le Soir,</i> et reproduit ici pour en assurer une diffusion en France. Il relaie les propos de l'économiste <a href="http://www.cer.eu/personnel/christian-odendahl">Christian Odendhal</a>, membre du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_for_European_Reform">CER (Centre for European Reform)</a> un <i>think tank</i> basé à Londres et absolument pas « de gauche » (c'est le moins qu'on puisse dire), puisque fondé par un ancien du très libéral hebdomadaire <i>The Economist</i>.</div>
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Il y a une quinzaine d'années, l'Allemagne était « l'homme malade » de l'Europe. L'économie stagnait, le chômage touchait plus de 10 % de la population active et le déficit public frôlait les 4 % du PIB – un comble pour le pays qui, dix ans plus tôt, avait imposé la fameuse « règle des 3 % » dans le traité de Maastricht.</div>
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Depuis, la situation s’est complètement inversée : nos voisins d’outre Rhin ont rapidement digéré la Grande Récession qui a suivi la crise financière, et surfé sur la crise des dettes souveraines, évitant la rechute en récession dont ont pâti la plupart des économies partageant la monnaie unique. Le taux de chômage est au plus bas, à 3,8 %. Le budget public en surplus.</div>
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<b><i>Le modèle</i></b></div>
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L'Allemagne, de manière assez compréhensible, est donc apparue comme le modèle à suivre, et cette imitation de l'Allemagne comme le nouvel Evangile européen, a été portée sinon imposée aux quatre coins de la zone euro aussi bien par la Commission que par la Banque centrale européenne (BCE) et par les dirigeants nationaux. </div>
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De quoi parle-t-on ? Des fameuses « réformes structurelles » - en particulier du marché du travail – qui forment le cœur de la stratégie de sortie de crise, aussi bien dans les pays de la périphérie de la zone euro (les plus touchés) qu'ailleurs, chez nous (<i>NB : ce sont des Belges qui parlent</i>), mais aussi en France. Au delà du Quiévrain, le nouveau président (<i>Macron donc</i>) mise tout - ou presque - sur ses réformes pour doper la croissance et l'emploi. </div>
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En Allemagne, les réformes Hartz, du nom de leur principal concepteur Peter Hartz, alors membre du comité directeur de Volkswagen, ont été mises en œuvre sous la houlette du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder entre 2003 et 2005. Elles visaient quatre objectifs principaux : réduire le coût des pensions et plus généralement de l’État providence; flexibiliser le marché du travail, d'une part en favorisant l'auto-entrepreneuriat, les « mini-jobs », les CDD et la sous-traitance, et d'autre part en réduisant le coût des licenciements pour les petites entreprises; inciter au retour à l'emploi en réduisant la durée d'indemnisation du chômage et le montant des aides sociales; augmenter le taux d'emploi des plus âgés en durcissant les conditions de départ anticipé. </div>
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Dès 2005, l'économie allemande rebondit. L'emploi repart à la hausse alors que le chômage baisse. Ni la crise financière ni celle de l'euro ne contrarient durablement cette « renaissance économique ». Nos voisins d'outre-Rhin auraient donc mis au point la bonne recette, oserait-on dire la « potion magique » ? </div>
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<b><i>Un coup de chance</i></b></div>
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«<i>C'est un mythe</i>» explique Christian Odendhal, chief economist au (Centre for European Reform) un <i>think tank</i> basé à Londres, dans une étude qu'il a récemment publiée. «<i>Il s'agissait de changements importants, mais ces réformes ne peuvent expliquer le rebond de l'économie allemande après 2004</i>». </div>
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«<i>Quatre autre facteurs ont joué un rôle plus important</i>.» D'abord, le boom des économies émergentes, et parmi celles-ci la Chine, a dopé la demande pour les biens d'équipements – une spécialité allemande de longue date - et pour les biens de consommation «<i>made une Germany</i>» - en particulier l'automobile. Et après la Grande Récession, ce boom s'est poursuivi, dopé par les plans de relance chinois. </div>
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Christian Odendhal réfute également la vulgate selon laquelle les réformes Hartz auraient mis sous pression les travailleurs, les forçant à modérer leurs exigences salariales, et dopé ainsi la compétitivité de l'industrie allemande. Depuis le milieu des années 1990, les syndicats avaient en effet accepté de privilégier l'emploi, non les salaires. «<i>Les réformes Hartz ont permis de donner un nouveau tour de vis pour les bas salaires, mais l'essentiel de la modération salariale s'était produit avant cela</i>». </div>
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De même – et c'est en partie lié – les entreprises allemandes s'étaient profondément restructurées afin de réduire leurs coûts et de doper leur profitabilité en organisant le recours systématique à la sous-traitance en Allemagne, mais aussi et surtout dans les pays à bas salaires de l'est de l'Europe. Enfin, Christian Odendhal pointe un quatrième facteur : le redémarrage du secteur de la construction après dix ans de déclin. </div>
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«<i>La raison pour laquelle les réformes Hartz ont acquis un statut mythique, c'est parce qu'elles ont été mises en œuvre au bon moment</i>». L'Allemagne, en particulier parce qu'elle disposait d'un panier d'exportation adapté à la demande des pays émergents, a pu profiter pleinement du boom économique mondial. «<i>L'Allemagne a eu la chance que la demande extérieure soit venue à son secours</i>», explique Odendhal. </div>
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<b><i>Le test Macron</i></b></div>
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«<i>Alors que la croissance chinoise ralentit, que les importations allemandes ne montrent aucun signe de hausse importante et que l'économie américaine poursuit son petit bonhomme de chemin à un rythme modéré, les autres membres de l'union monétaire n'auront pas la même chance</i>». </div>
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L'économiste pointe également les effets secondaires de ces réformes au niveau social en Allemagne et du point de vue économique au sein de la zone euro. «<i>La modération salariale en Allemagne a eu des effets négatifs pour l'Europe. Des salaires plus bas se sont traduits par une consommation et des importations plus faibles. En conséquence, l'Allemagne (accumulant des surplus extérieurs) a exporté du capital – lequel a contribué à nourrir les bulles immobilières et l'endettement ailleurs en Europe</i>».</div>
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Il souligne également les limites des politiques de flexibilisation du marché du travail et de pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail. «<i>Cela contribue peu, voire pas du tout, à booster la productivité. En réalité, ça peut même être nuisible si de telles réformes réduisent l'incitation des entreprises à investir dans les travailleurs et dans les équipements</i>».</div>
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Si l'Europe ne semble pas tirer les bonnes leçons de l'expérience allemande, «<i>l'élection d'Emmanuel Macron, qui a juré de réformer le marché du travail en France, va mettre à l'épreuve cette rhétorique construite autour des réformes Hartz. Si elle s'avère être fausse, le président français pourrait bien échouer à relancer la croissance et l'emploi, ouvrant ainsi la voie à un populiste lors des prochaines élections présidentielles </i>» prévient Christian Odendhal. </div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-51890239206952362352017-07-22T13:36:00.005-07:002017-07-22T13:36:57.495-07:00Général Faugère : «Le militaire est un homme simple qui croit aux paroles d’un chef de l’État» <div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMpIUfw1MMDqE69LbEkfwRp9LI4C7YpKZAmp8YEbSotap8h2G2d2Fu_jc0j82UXtTEfU0zjv434HjBGHrIljkov_6JHuybND5SL37um4waDFn4suwmps7gQ_eya3Byt4bHdSmFeJyxVOAE/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="337" data-original-width="535" height="251" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMpIUfw1MMDqE69LbEkfwRp9LI4C7YpKZAmp8YEbSotap8h2G2d2Fu_jc0j82UXtTEfU0zjv434HjBGHrIljkov_6JHuybND5SL37um4waDFn4suwmps7gQ_eya3Byt4bHdSmFeJyxVOAE/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<b>Respecter le critère - aussi arbitraire fût-il - des 3% de déficit budgétaire pour entrer dans les clous imposés par l'appartenance européenne de la France, "regagner la confiance de l'Allemagne" en faisant des réformes dites "de structure" et en réduisant les déficits, telles sont les ambitions d'Emmanuel Macron. C'est bien de cela qu'il s'est agit, en réalité, à l'occasion de la passe d'armes brutale entre le président de la République et les Armées via leur ancien chef d'état major. Pour cette raison et parce que la Défense est éminemment liée à l'idée de souveraineté nationale, il nous a semblé important de traiter la question sur ce blog. Pour ce faire, la parole est donnée ci-dessous au général Jean-Marie Faugère. </b></div>
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<b>Vous êtes un officier général de l'armée de terre aujourd'hui en « deuxième section ». Pourriez-vous expliquer un peu votre parcours pour nos lecteurs non spécialistes de la chose militaire ?</b></div>
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Saint-Cyrien, j’ai porté l’uniforme durant 43 années depuis le Prytanée militaire de la Flèche jusqu’à mon dernier poste d’inspecteur général des armées en 2009. J’ai eu des responsabilités variées : 14 années en corps de troupe (régiment) de l’artillerie blindée, aux unités parachutistes de renseignement (13ème RDP) et au 35ème régiment d’artillerie parachutiste que j’ai commandé. Des fonctions en états-majors parisiens dans le domaine des finances et des programmes d’armement en tant que responsable de la « préparation de l’avenir » pour l’armée de terre puis pour les trois armées. Des passages en état-major opérationnel, au moment de la création de la force d’action terrestre à la professionnalisation, à la Délégation aux affaires stratégiques sur la « construction européenne » en matière de défense, puis comme commandant de la région terre Nord-Est et des forces françaises en Allemagne. Breveté de l’École supérieure de guerre, diplômé de l’ENSTA (physique et armes nucléaires) et auditeur du Centre des Hautes études de l’Armement.</div>
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<b>Les Armées semblent avoir d'abord mis beaucoup d'espoir dans le candidat puis dans le président Macron, qui a multiplié les gestes dans leurs directions et ouvert son quinquennat en remontant les Champs-Élysées en véhicule blindé. Qu'espéraient les militaires, concrètement ?</b> </div>
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Le candidat Macron a fait naître beaucoup d’espoir chez les militaires dans la période électorale, tout d’abord, par sa manière d’aborder la politique qui semblait être à l’opposé des pratiques habituelles où les discours étaient très vite démentis par les faits. Les militaires ont cru qu’il tiendrait sa parole juste sur la situation des armées, qu’il semblait avoir bien comprise, et sur les budgets militaires dont il reconnaissait l’insuffisance et la volatilité au fil des ans avec des lois de programmation militaire jamais exécutées dans leur intégralité. </div>
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L’élu a ensuite rapidement donné le sentiment, dès sa prise de fonction, que sa volonté de était de restaurer le rang diplomatique et militaire de la France, ainsi que sa souveraineté. Le militaire est un homme simple qui croit aux paroles d’un chef de l’État, surtout lorsqu’il se place délibérément en opposition avec les méthodes de ses prédécesseurs. Et, il a cru que le budget des armées deviendrait enfin prioritaire même si l’objectif des 2 % du PIB (sans les pensions militaires et civiles) ne devait être atteint qu’en 2025 (c’est-à-dire trois ans après la fin de son mandat présidentiel). Il ne s'agissait certes que d'une promesse électorale, mais affirmée avec force depuis la sortie du gouvernement et confirmée par le Président une fois élu. </div>
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Hélas, il y a eu ce revirement soudain sur la prise en compte du « surcoût opérations (extérieures et intérieures) à hauteur de 850 millions d’€ par le budget 2017. Cette décision a immédiatement été vécue comme un reniement de la parole présidentielle. Par ailleurs, elle inquiète évidemment pour l’avenir des armées. </div>
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<b>A la faveur de la confrontation entre le président de la République et le général de Villiers, de nombreux articles <a href="http://premium.lefigaro.fr/politique/2017/07/20/01002-20170720ARTFIG00322-les-conditions-de-vie-degradees-des-militaires-epinglees-par-le-senat.php">ont fleuri dans la presse au sujets de la vétusté des bâtiments</a>, ou des l’équipement que les soldats doivent acheter eux-mêmes avant d'être projetés. On en est vraiment là ? </b></div>
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La lecture des comptes-rendus des auditions des différents chefs d’état-major (des armées et des trois armées, terre, mer et air) par les Commissions de défense de l’Assemblée nationale et du Sénat montre que depuis des années – au moins depuis la fin de la professionnalisation en 2002 - les chefs militaires attirent l’attention du politique. Ils alertent, sans être entendus, sur le fossé grandissant entre les missions et les moyens octroyés. La lecture des différents Livres blancs sur la défense et la sécurité nationale (de 2008 et 2013) montre le décalage entre la perception et la description des menaces auxquelles notre pays fait face de manière croissante, et les contrats opérationnels donnés aux armées qui ne cessent de diminuer d’un gouvernement à l’autre, en lien avec la baisse des effectifs et des budgets. Il y a là une incohérence profonde et coupable des dirigeants de tout bord et même un mensonge d’Etat à la face des militaires mais surtout de tous nos concitoyens et de la Nation. Aujourd’hui, les infrastructures des armées sont dans un état alarmant par manque de crédits et de moyens d’entretien (le coût de l’entretien au m² est très inférieur à celui pratiqué dans le privé et même dans les autres administrations, à l’exception peut-être de l’Education nationale qui souffre également ou des prisons !). </div>
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Mais c’est surtout, « l’outil de travail » - l’armement au sens large - qui fait l’objet, depuis trois décennies, de retards, de reculs, d’abandons ou d’atermoiements. Ça se répète à chaque vote d’une loi de programmation militaire (qui couvre cinq années) et à chaque exercice budgétaire annuel, ainsi qu'on vient de le vivre. Le lancement de programmes nouveaux a été systématiquement retardé, avec un effet cumulatif auquel les gouvernements sont insensibles puisque ses effets seront vécus par leurs successeurs compte tenu des longueurs de réalisation des programmes modernes. </div>
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Pendant ce temps, les armées sont sur-engagées en opérations. Ce n’est pas critiquable en soi, mais la rareté des crédits d’entretien et de renouvellement des matériels fait que le capital s’épuise. Les hommes et femmes en opérations sont contraints de faire avec, mettant ainsi en jeu leur sécurité et leur efficacité par manque de moyens de combat et de protection. Beaucoup d’équipements (avions, hélicoptères, blindés, bâtiments navals, etc.) ont plus de trente ou quarante ans d’âge. Alors que les matériels modernes arrivent à dose homéopathique, ça oblige les différentes armées à gérer un ensemble de parcs d’équipements hétéroclites, ce qui est nuisible à la cohérence de l’action militaire sur le terrain.</div>
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Tout ceci est difficile à expliquer à une classe politique qui, à quelques exceptions près notamment au sein des Commissions de défense de l'Assemblée et du Sénat – se désintéresse de ces questions. La méconnaissance des questions militaires est insondable, due à l'indifférence, parfois même à un antimilitarisme latent. On part du principe que les militaires se plaignent pour en avoir toujours plus. On traite parfois leurs chefs avec mépris. Cela vient de s'illustrer de la manière la plus violente, ces derniers jours, avec l’intervention du porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Pourtant, chaque Français doit bien se rendre compte qu’il n’a aucune légitimité à parler de la sorte d’un grand chef militaire. Qui est-il et qu’a-t-il fait au service de la France pour le juger ainsi ? </div>
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<b>A quoi correspondent les 850 millions d'euros dont il est question depuis le début de la polémique ? N'est-ce pas finalement une somme assez faible ? La sécurité des soldats actuellement engagés est-elle mise en péril ? </b></div>
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Ces 850 millions, on le sait, seront pris sur les crédits d’investissement (infrastructure et matériels) et non sur les rémunérations du personnel ni sur le fonctionnement courant des unités. La raison en est que les crédits d’investissement sont les seuls qui ne mettent pas en péril le quotidien et l’immédiat. L'effet des ponctions sur les crédits d’investissement se ressent à moyen et long terme. Il est moins visible pour un observateur lointain. </div>
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De plus, 850 millions d’euros peuvent paraître indolore, comme l’explique le Président lui-même, par rapport aux 32,7 milliards d’€ du budget 2017 de la Défense. C’est ignorer les mécanismes budgétaires. Pour faire simple, ces 850 millions sont des crédits de paiement, argent qui existe au budget 2017 pour régler des factures cette année. A ces crédits de paiement ont correspondu les années antérieures - ou correspondent cette année - un volume bien défini d’autorisations d’engagement de dépenses. Chaque autorisation d’engagement donne lieu, pour la même somme, à des paiements la première année de l’engagement et/ou les suivantes. La suppression des 850 millions sur les investissements fait que des paiements de produits déjà commandés et sans doute fabriqués, ne seront pas effectués en 2017. Du coup, soit des matériels ne seront donc pas livrés aux armées cette année mais décalées dans le temps, soit des commandes nouvelles aux industriels seront repoussées aux années suivantes. Ça retardera les livraisons et surtout, ça accroîtra les coûts. Car pendant qu'on diffère commande ou livraisons, il faut bien que les industriels quant à eux conservent en l’état leur outil de production, leurs salariés ou leurs bureaux d’études… </div>
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<b>La passe d'armes entre Emmanuel Macron et l'ancien CEMA a été dure et la tension inopportunément ravivée, vous l'avez dit, par Christophe Castaner. Pensez-vous que c'est rattrapable à court terme, ou que le divorce est durable ? </b></div>
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Assurément, cette crise institutionnelle laissera des traces durables au sein l’institution militaire. Et sans doute aussi auprès de nos concitoyens qui dans leur majorité ont une bonne opinion des militaires, dont ils savent l’abnégation et les servitudes. Les traces seront d'autant plus durables parce que le coup vient du Chef des armées lui-même, du président, lequel a menti en accusant le général de Villiers d’avoir mis ce débat budgétaire sur la place publique. Or c'est vraisemblablement un député qui l’a fait, alors que le chef d’état-major des armées était auditionné à huis clos. Les propos du général devant la Commission de défense étaient loyaux et légitimes, car c’est son devoir de s’exprimer en toute franchise et transparence devant les élus du peuple, et de dire ce qu’il pense. Il serait déloyal s’il ne le faisait pas. Ensuite, parce que la mesure budgétaire relative aux 850 millions semble décalée alors que par ailleurs des milliards sont dispersés sur d’autres postes de dépense aux enjeux bien moins forts.</div>
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Le chef d’état-major des armées a été maltraité de manière publique devant tous ses subordonnés – qui plus est devant tous les attachés de défense étrangers – par le chef de l’État et c’est indigne. On ne critique pas un chef devant ses subordonnés ! C’est un principe élémentaire de commandement, bien évidemment ignoré d’une classe politique inculte sur les affaires militaires. C’est oublier aussi que les militaires n’ayant aucun syndicat - et c’est heureux pour la cohésion des armées - c’est le chef le plus haut gradé qui est leur porte-parole face aux hommes politiques. En voyant ce chef traité comme cela a été fait, c’est chaque officier, chaque sous-officier, chaque soldat qui s’est senti insulté. Le fait que le porte-parole du gouvernement en rajoute quelques jours après n'a fait qu’accroître le malaise. Ça renforce le discrédit de la classe politique dans l'esprit et dans leur cœur (ce mot est-il accessible à ceux qui se conduisent ainsi ?) des militaires. </div>
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<b>La tâche du nouveau CEMA, le général Lecointre, ne sera-t-elle pas rendue quelque peu difficile après un tel épisode ?</b></div>
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Il est évident, dans un tel contexte, que le terrain est miné pour le successeur du général de Villiers. Déjà, vis-à-vis de l’ensemble du personnel militaire pour lequel sa nomination rapide est empreinte d’un grand doute sur les conditions d’exécution de son mandat dont on ne sait rien. Heureusement, il s’agit d’une grande figure d’officier unanimement appréciée jusqu’ici par ses pairs, ses supérieurs et ses subordonnés. </div>
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Mais, il est à craindre que cette crise entre le chef de l’État et l'ancien chef d’état-major ne conduisent l’exécutif à cantonner le général Lecointre aux seuls sujets de la préparation et de la conduite militaire des opérations. Si on écoute bien les derniers propos du Président, la question budgétaire est du ressort de la seule ministre des armées. Laquelle, soit-dit en passant, a été invisible pour les militaires dans cette crise alors qu’elle se dit spécialiste des problèmes budgétaires, du fait de son cursus antérieur !</div>
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Cette évolution ne ferait que confirmer la relégation des officiers aux seules questions opérationnelles et dans un rôle de techniciens de la chose militaire. Le précédent gouvernement, alors J-Y. Le Drian était ministre, a déjà enlevé aux chefs d’état-major les responsabilités de la politique des ressources humaines (militaires), de l’infrastructure, des relations internationales et de la réflexion stratégique… Ce sont de graves erreurs. Car qui est mieux placé que les officiers pour étudier avec pertinence tous ces sujets en liaison avec des réalités opérationnelles qu’ils sont les seuls à connaître ? </div>
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Enlever au chef d’état-major des armées le droit de dire son fait sur le budget des armées – et demain, pourquoi pas, pour l’élaboration des lois de programmation militaire ? – est un non-sens et une faute. Où s’arrêtera-t-on sur ce chemin de déconstruction de l’institution militaire ? C’est la preuve d’une méconnaissance insondable de l’ordre militaire et de ses nécessités pour la protection de la Nation et de sa population. C’est aussi une faute morale au regard de l’abnégation, du dévouement, du désintéressement, du sens du service et du devoir de l’ensemble du personnel des armées, à un moment où leur engagement n’a jamais été aussi fort au service des intérêts du pays.</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-65355099147534748972017-07-05T01:42:00.003-07:002017-07-07T04:22:33.078-07:00« La France demeure une grande puissance diplomatique », entretien avec Renaud Girard<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnbiUTvWjkUIWfOQyClxNkt8uerYg5XmYx8BF5ZZ_5XNae9CoUHAeIbILTI9BLKswgxqU9Lq8aFcidwx7SAchM_jPX3gnNANFdiMfMnZskQrTEg_W57OMPemkCTkLvxx4AcFQz2SbDe44x/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="588" data-original-width="886" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnbiUTvWjkUIWfOQyClxNkt8uerYg5XmYx8BF5ZZ_5XNae9CoUHAeIbILTI9BLKswgxqU9Lq8aFcidwx7SAchM_jPX3gnNANFdiMfMnZskQrTEg_W57OMPemkCTkLvxx4AcFQz2SbDe44x/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
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<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: "verdana" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
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<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: "verdana" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
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<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: "verdana" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>Renaud Girard est correspondant de guerre au Figaro depuis 1984. Il a couvert pratiquement tous les conflits des trente dernières années (Afghanistan, Bosnie, Cambodge, Colombie, Croatie, Gaza, Haïti, Irak, Kosovo, Libye, Rwanda, Somalie, Syrie, Ukraine...). Il a aussi traité les grandes crises mondiales, diplomatiques, économiques, financières. Il a reçu en 2014 le Grand Prix de la Presse internationale, pour l'ensemble de sa carrière. Il vient de publier <i><a href="https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/17933/quelle-diplomatie-pour-la-france">Quelle diplomatie pour la France ? </a></i>aux éditions du Cerf. </b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: "verdana" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b><br /></b></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: "verdana" , "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>***</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: "verdana" , "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: x-small;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Dans votre ouvrage, vous développez le concept « d'ennemi principal ». Celui de la France serait selon vous l'islamisme sunnite. Pouvez-vous préciser ce que cela signifie et ce que ça implique pour notre diplomatie ?</b></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’islamisme sunnite est notre ennemi principal, car c’est lui qui tue nos enfants nos rues. Au contraire, ni l’Iran, ni Vladimir Poutine, ni Bachar el-Assad ne commettent d’attentats contre la France. Il est donc faux de considérer que Bachar el-Assad et Daech seraient deux maux équivalents. Non Daech est pire car Daesh nous attaque. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A partir de là, les conséquences sont très simples. Nous devons tout faire pour éradiquer le djihadisme sunnite. Cela doit être notre priorité absolue. Si pour y arriver, nous devons travailler avec l’Iran, avec la Russie de Vladimir Poutine ou avec le régime de Bachar el-Assad, alors il faut le faire.</div>
<div style="text-align: justify;">
Souvenons de Churchill. Dès que l’URSS fut attaquée par Hitler, Churchill (qui connaissait toutes les horreurs et les crimes du totalitarisme stalinien) proclama aussitôt son alliance avec Staline face à Hitler. Staline avait bien des défauts, mais contrairement à Hitler, il ne tuait pas de citoyens britanniques. Au contraire, il était lui aussi attaqué par Hitler. Il était donc normal de s’allier avec lui. Indépendamment des divergences idéologiques ou des préoccupations morales. Face à l’hésitation des parlementaires conservateurs, Churchill déclara « <i>si Hitler avait envahi l’Enfer, je m’allierais avec le Diable</i>. »</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<b><span style="color: purple;">"Nous devons tout faire pour éradiquer le djihadisme sunnite. Cela doit être notre priorité absolue. Si pour y arriver, nous devons travailler avec l’Iran, avec la Russie de Vladimir Poutine ou avec le régime de Bachar el-Assad, alors il faut le faire".</span></b></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Pensez-vous que la politique extérieure de la France ait pu, comme on l'entend souvent, contribuer à faire prospérer cet ennemi principal, qu'il s'agisse d'ailleurs du soutien passé et trop poussé à des dictateurs fusse-t-il laïcs (comme en Irak), ou, plus récemment, d'un excès d'interventionnisme (comme en Libye) ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il faut se défier de l’exagération, de la repentance et de l’auto-flagellation. L’islamisme n’est pas le produit de la politique occidentale. L’islamisme est issu de problématiques internes au monde musulman. C’est l’Egyptien Hassan el-Banna qui a créé la première association islamiste (les Frères Musulmans) en 1928 avec pour but de rétablir le Califat après son abolition. Ce rétablissement du Califat est aussi au cœur de l’action de Daech. Mais ce ne sont pas les Occidentaux qui ont aboli le Califat : c’est le héros national turc Mustapha Kemal Atatürk ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Croire que tous les maux viennent de nous contribue paradoxalement à infantiliser les musulmans. Le dénigrement de l’Occident par les occidentaux n’est pas seulement du masochisme, il est aussi une forme d’ethnocentrisme raciste dans lequel tout tournerait autour de l’Occident. Les musulmans aussi ont une Histoire et sont responsables de leur destin. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Certes, des interventions occidentales inadaptées ont pu renforcer l’islamisme. Cela a notamment été le cas avec la catastrophique Guerre d’Irak. En fait, nous avons agi à contresens à l’égard des dictateurs laïcs. Quand ces dictateurs étaient puissants, nous les avons soutenus à bout de bras. Pourtant, ils avaient une mauvaise gouvernance et enfermaient leurs pays dans la corruption et le népotisme, ce qui renforçait les islamistes. Ensuite, quand ils ont été contestés, nous nous sommes retournés contre eux au moment même où ils devenaient le dernier rempart contre l’islamisme. Nous les avons soutenus quand leur mauvaise gouvernance nourrissait l’islamisme, nous les avons combattus quand leur résistance pouvait nous protéger de l’islamisme. Pour reprendre la formule de Racine, on pourrait dire que les dictateurs arabes ne méritaient ni cet excès d'honneur, ni cette indignité. Si demain Bachar el-Assad tombe, les alaouites et les druzes seront génocidés, les chrétiens devront (dans le meilleur des cas) s’exiler au Liban, les églises seront détruites, la liberté religieuse sera abolie et un micro-Etat terroriste se constituera au cœur du Moyen-Orient.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<b><span style="color: purple;">"Croire que tous les maux viennent de nous contribue paradoxalement à infantiliser les musulmans. Le dénigrement de l’Occident par les occidentaux n’est pas seulement du masochisme, il est aussi une forme d’ethnocentrisme".</span></b></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>De Gaulle disait que « <i>le rôle historique de la France était de réconcilier la Russie avec l'Europe, voire l'Amérique</i> ». <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2017/05/rompre-avec-la-france-atlantiste.html">Dans son livre <i>La France atlantiste</i>, Hadrien Desuin explique quant à lui</a> que « c<i>e que la France a sans doute de meilleur à apporter au monde, c'est la résistance à l'hégémonie</i> ». Vous-même dites enfin que loin de se résoudre à un monde unipolaire, notre pays doit jouer un rôle de médiation et d'équilibre. Tout cela n'est-il pas préjuger un peu de notre influence et de notre centralité, à l'heure où la France semble de moins en moins écoutée dans le monde ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Non, pas du tout. Notre pays conserve encore un poids important. La France est la 6ème ou 5ème puissance mondiale. 275 millions de francophones (chiffre qui est amené à progresser) font de sa langue la sixième langue la plus parlée au monde. Le réseau diplomatique français est le plus important au monde avec celui des Etats-Unis. La France dispose de l’arme atomique et d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Son poids militaire est considérable. Nous avons ainsi apporté une contribution militaire importante en Afghanistan, en Libye on contre Daech. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<span style="color: purple;"><b>"Le réseau diplomatique français est le plus important au monde avec celui des Etats-Unis. La France dispose de l’arme atomique et d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Son poids militaire est considérable".</b></span></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La France est aussi, qu’on le veuille ou non, « le gendarme de l’Afrique » (Côte d’Ivoire, Centrafrique, Mali…). Notre opération au Mali a contribué à la sécurité de tous les européens, mais seuls deux pays de l’UE étaient capables de réaliser une telle intervention : la France et le Royaume-Uni. Or, je ne vous apprendrai rien en vous disant que le Royaume-Uni (qui n’a pas participé à l’opération malienne, menée de bout en bout par la France) est en train de quitter l’UE. Nous allons donc être la seule puissance militaire de toute l’UE. Et cela tout le monde le sait. A commencer par les Etats-Unis qui comptent sur nous pour la sécurité du continent africain.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En outre, je crois que ce que la France peut apporter en diplomatie (résistance à toutes les hégémonies, quelles qu’elles soient, multilatéralisme, monde multipolaire, médiations…) correspond à un vrai besoin international. Nous avons aujourd’hui un triangle stratégique Etats-Unis – Russie – Chine qui est fondamentalement instable. Il faudrait le remplacer par un carré stratégique Etats-Unis – Russie – Chine – France, où la présence française constituerait un élément stabilisateur. Mais pour cela la France doit cesser d’être le caniche des Etats-Unis, adopter une attitude réaliste sur bon nombre de dossiers (Syrie, Ukraine-Rusie…) et s’appuyer sur son appartenance à l’UE. Pour que l’UE soit un appui solide pour la France, il faut renforcer l’UE par la mise en place d’un protectionnisme européen qui lui permettrait de protéger ses intérêts économiques face au dumping chinois et à la dictature juridico-financière des Etats-Unis. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
De plus, il n’y a pas besoin d’être une grande puissance pour faire des médiations efficaces. La Norvège, la Suède, la Suisse, le Qatar ou Oman sont ainsi des médiateurs efficaces. Si tous ces pays y arrivent, je ne vois pas pourquoi nous qui sommes plus peuplés et plus puissants, nous ne le pourrions pas. Par exemple, c’est en Norvège qu’avaient été signés les accords d’Oslo en 1993. La Norvège joue aujourd’hui un rôle important dans les médiations impliquant le Hamas. Cela est rendu possible par le fait que la Norvège n’appartienne pas à l’UE, car l’UE considère que le Hamas est un groupe terroriste et a gelé toute diplomatie avec Gaza depuis que le Hamas y a gagné les élections. Pourtant, ces élections avaient été surveillées par des émissaires de l’UE qui les avaient déclarées valides. De même, le Qatar a développé un intense activisme diplomatique, multipliant les propositions de médiation. C’est par exemple à Doha (capitale du Qatar) que se sont installés les cadres du Hamas ou que les insurgés Talibans ont ouvert une représentation diplomatique. Autre exemple, c’est grâce au Sultanat d’Oman que les accords historiques de 2015 sur le nucléaire iranien ont pu être conclus entre l’Iran et les Etats-Unis. En 2007, j’avais proposé une médiation entre l’Iran et les Etats-Unis, médiation qui aurait été assurée par la France et qui reposait sur les mêmes principes que celles qui a finalement abouti en 2015… mais sans la France cette fois. En 2007, ma proposition avait été sabotée par un petit clan de diplomates français néo-conservateurs. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<b><span style="color: purple;">"La France peut apporter en diplomatie (résistance à toutes les hégémonies, quelles qu’elles soient, multilatéralisme, monde multipolaire, médiations…) correspond à un vrai besoin international".</span></b></blockquote>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Si la France voit son influence reculer dans le monde, ce n’est pas tant à cause d’une baisse structurelle de sa centralité que de lourdes fautes d’orientation diplomatique. En ce qui concerne notre déclin diplomatique, la France est l’artisan de son propre malheur. Un seul exemple : en 2012, pensant que Bachar el-Assad ne passerait pas l’année, nous avons fermé notre ambassade à Damas. Grave erreur. En faisant cela, nous nous sommes privés d’une précieuse source de renseignements, qui aurait pu être bien utile dans la lutte contre le terrorisme. De plus, nous nous sommes interdit toute médiation pour résoudre le conflit syrien. </div>
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<br /></div>
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<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Vous développez longuement l'idée selon laquelle la France doit cesser de craindre la Russie, pour, au contraire, se rapprocher d'elle. Dans quel but ? Est-ce crédible à l'heure où la France ne présente plus, <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2017/06/leurope-est-le-cadet-des-soucis-de.html">selon le spécialiste américain Tony Corn</a>, qu'un intérêt très faible pour Moscou ?</b></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Tony Corn est un éminent spécialiste. Ses analyses sont de haut niveau. Mais n’oublier pas que, comme vous l’avez dit vous-même, il est… américain ! Il propose donc un point de vue typiquement américain, conforme aux intérêts et à la vision des Etats-Unis. Relativiser le lien entre France et Russie lui permet de militer pour l’intégration de la France dans un bloc stratégique atlantique aux côtés du Royaume-Uni et des Etats-Unis. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Si aujourd’hui la France présente un intérêt faible pour Moscou, c’est parce que sous la Présidence de François Hollande (2012-2017), la France a adopté une politique néo-conservatrice : opposition à l’accord sur le nucléaire iranien, hostilité forcenée à Bachar el-Assad et surtout intransigeance face à la Russie. La France a joué pleinement le jeu des sanctions contre la Russie alors que cela pénalisait nos propres producteurs agricoles et industriels. Par exemple, la crise des agriculteurs français en 2015 est en grande partie due aux sanctions prises contre Moscou. Nos agriculteurs se sont retrouvés doublement étranglés : d’une part, ils ne pouvaient plus exporter en Russie, d’autre part, les agriculteurs allemands connaissaient le même problème et déversaient donc leurs marchandises sur le marché français au détriment de nos agriculteurs. Il était évident que dans de telles conditions la Russie ne pouvait que se désintéresser, à regret, de la France. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais si la France changeait d’attitude, la Russie s’intéresserait de nouveau à elle. La Russie s’intéresse bien au Venezuela ou à l’Algérie (à raison !), je ne vois donc pas pourquoi elle ne s’intéresserait pas à la France.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Deux arguments de poids peuvent ici être évoqués. D’une part, la Russie est actuellement pénalisée par les sanctions économiques européennes. De plus, la Russie s’inquiète de l’expansion de son allié et voisin chinois, qui, un jour, pourrait bien avoir des vues sur la Sibérie russe. La Russie a donc tout intérêt à ne pas rester isolée et à réintégrer la famille européenne. Et c’est là justement que la France peut jouer un rôle en aidant la Russie à revenir dans la famille européenne, selon le projet du Général de Gaulle d’une Europe qui irait de l’Atlantique à l’Oural.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
D’autre part, la France et la Russie ont des liens historiques anciens. <a href="http://www.lefigaro.fr/international/2017/05/30/01003-20170530ARTFIG00381-vladimir-poutine-au-figaro-arretez-d-inventer-des-menaces-russes-imaginaires.php">Quand j’ai interviewé Vladimir Poutine</a> lors de sa venue en France, le 29 mai 2017, il venait d’inaugurer l’exposition du Trianon, à Versailles, commémorant le tricentenaire du voyage de Pierre le Grand en France. Dans son interview, il a rappelé que les liens entre nos deux pays remontaient au 11ème siècle, lorsque la Princesse russe Anne de Kiev épousa le roi des Francs Henri 1er à Reims en 1051, ce qui ne nous rajeunit pas. N’oublions pas non plus l’alliance de revers conclue avec la Russie par Sadi Carnot face à l’Allemagne, alliance qui nous sauva lors de l’invasion allemande en 1914. Ni que nous fûmes dans le même camp lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette proximité historique permet à la France d’être un partenaire important pour la Russie.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<b><span style="color: purple;">"Et c’est là justement que la France peut jouer un rôle en aidant la Russie à revenir dans la famille européenne, selon le projet du Général de Gaulle d’une Europe qui irait de l’Atlantique à l’Oural."</span></b></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Poignée de main « virile » et abondamment commentée avec Trump, accueil de Poutine à Versailles, quel jugement portez-vous sur les premiers pas d'Emmanuel Macron sur la scène internationale ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Emmanuel Macron a eu raison d’inviter Vladimir Poutine en France. J’ai trouvé des choses très encourageantes dans son grand entretien accordé au Figaro ainsi que dans celle de Jean-Yves Le Drian au Monde (29/06). Je trouve donc positifs les débuts du Président Macron. Cependant, il est encore trop tôt pour se faire un avis global. Il faut attendre pour pouvoir juger.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYoQN5qajTof75O2-4ue3sd623gQaNtTmEau6PxJ7WZK6N7blXZBxM2gb3mvi-nlmTx5Ji52FS8RBsUS57OW2YvxYnvtCwToz3mMQf9Z9L-WNT-9jj7SWmhrBPAA7C70KM1992tzfRwHk-/s1600/Sans+titre+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="245" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYoQN5qajTof75O2-4ue3sd623gQaNtTmEau6PxJ7WZK6N7blXZBxM2gb3mvi-nlmTx5Ji52FS8RBsUS57OW2YvxYnvtCwToz3mMQf9Z9L-WNT-9jj7SWmhrBPAA7C70KM1992tzfRwHk-/s320/Sans+titre+2.jpg" width="206" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-12512507612767363922017-06-27T01:23:00.001-07:002017-06-27T01:23:52.500-07:00Pourquoi le premier sommet européen de Macron fut un échec<div>
<b><i><br /></i></b></div>
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<b><i><br /></i></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWITmCzq_y_MD0yv4ZmU6mlOAXPGwOCuMq6MmTA_Oketq-DW_8SnoDlmTV89cm8dienflUEf2O8Qjb296T7a-f_LX4Oe3_4NMRJX3JQoeZ01STUddVCWk3836EYiXxsguU6sugRlyqMKVW/s1600/view.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="1600" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWITmCzq_y_MD0yv4ZmU6mlOAXPGwOCuMq6MmTA_Oketq-DW_8SnoDlmTV89cm8dienflUEf2O8Qjb296T7a-f_LX4Oe3_4NMRJX3JQoeZ01STUddVCWk3836EYiXxsguU6sugRlyqMKVW/s400/view.jpg" width="400" /></a></div>
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<b><i><br /></i></b></div>
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<b><i><br /></i></b></div>
<b><i><div>
<b><i><br /></i></b></div>
<span style="font-size: large;">Par Coralie Delaume et Steve Ohana</span></i></b><div>
<b><i><br /></i></b></div>
<div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Jouez hautbois, résonnez musettes: il est né le divin enfant. «</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">Le Sauveur</i><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">» de l'Europe, celui qui plonge ses pairs dans un «</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">bain de jouvence collectif</i><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">», si l'on en croit le</span><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> </span><span style="color: purple;"><a href="https://www.facebook.com/franceinfo/videos/10154991345093052/" style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;" target=""><span style="color: purple;">clip</span></a><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> </span></span><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">halluciné réalisé par</span><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> </span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">France Info </i><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">pour introduire le Conseil européen des 22 et 23 juin. Les premiers pas d'Emmanuel Macron sur la scène européenne font également jaser d'aise Bernard Guetta, commentateur zélé de l'actualité européenne («</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><a href="https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-23-juin-2017" style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;" target=""><span style="color: purple;">ça bouge en Europe!</span></a></i><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">» nous explique-t-il sur</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"> France Inter</i><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">). Une fois n'est pas coutume, le grand connivent de référence se montre cette fois plus prudent.</span><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> </span><span style="color: purple;"><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/06/24/le-discours-de-la-methode-d-emmanuel-macron-sur-l-europe_5150387_3214.html" style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;" target="">Le Monde </a></i><a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/06/24/le-discours-de-la-methode-d-emmanuel-macron-sur-l-europe_5150387_3214.html" style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;" target="">concède</a></span><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"> </span><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">en effet à la fin du sommet: «</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">La méthode Macron a quand même buté sur la complexe réalité bruxelloise. Le président français (…) n'est pas parvenu à imposer complètement son point de vue sur les questions commerciales</i><span style="color: #333333; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">».</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<strong style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Le contrôle des investissements chinois</span></strong></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Pas complètement? C'est le moins que l'on puisse dire. Sur la question du contrôle des acquisitions chinoises en Europe, Macron a fait un bide. Il s'est heurté à une levée de boucliers qui témoigne crûment de la rémanence d'intérêts nationaux contradictoires. Le Président français souhaitait que ces investissements soient «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">surveillés</i>» par la Commission, de manière à éviter la prise de contrôle, par des firmes chinoises, de fleurons technologiques européens. Ils ne seront finalement «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">qu'analysés</i>» comme l'indique la déclaration finale du Conseil datée en date du 23 juin. La même déclaration demande à la Commission de réfléchir à «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">des instruments de défense commerciale modernes</i>» puis de veiller à leur mise en œuvre «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">par des mesures d'exécution non législatives</i>». Sans disposition réglementaire en somme, sans encadrement ni contrainte. Par la magie donc? Par la télépathie ? Par la prière ?</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Il faut dire que la France n'avait sur ce dossier que peu d'alliés. Un certain nombre de pays de l'Union sont traditionnellement libres-échangistes. L'Allemagne est ambivalente sur la question. Le montant total des investissements chinois y a été multiplié par dix en un an, passant de 1,2 milliards d'euros en 2015 à 11,4 milliards en 2016. De récentes affaires d'acquisitions symboliques y ont défrayé la chronique. C'est le cas par exemple de l'OPA lancée il y a un an par le groupe d'électroménager chinois<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"> Midea</i> sur le fabricant de robots industriels <i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">Kuka</i>. Berlin avait alors tout fait pour éviter ce rachat, appelant notamment de ses vœux une offre européenne alternative. En vain. Dans le même temps, la République fédérale est - au même titre que l'Empire du Milieu d'ailleurs - une économie mercantiliste, qui mise beaucoup sur ses exportations et sur son excédent courant. Dans ce cadre, elle ne peut se permettre de se brouiller avec Pékin, l'un de ses principaux partenaires commerciaux.</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Car ne sont pas les pays d'Europe du Sud qui se substitueront à la Chine comme clients de l'économie germanique. Éreintés par des années d'austérité le Portugal, l'Espagne ou la Grèce ne consomment plus guère allemand. En revanche, ils ont besoin de l'argent chinois, qui pallie la réticence de la France et de l'Allemagne à investir massivement dans le redressement des économies périphériques depuis 2010. Ils font donc naturellement partie des pays qui se sont opposés au contrôle des acquisitions chinoises par Bruxelles. Certains pays sont carrément à vendre, à l'instar de la Grèce, tenue de privatiser à tour de bras dans le cadre du troisième mémorandum imposé à Alexis Tsipras en juillet 2015. Mais dès avant cela, le transporteur chinois <i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">Cosco</i> s'était rendu propriétaire du port du Pirée, à Athènes. Ainsi, Emmanuel Macron l'aura peut-être appris la semaine dernière à ces dépens: la France ne peut pas se rendre complice, fût-ce en gardant le silence, du martyr austéritaire imposé aux pays méditerranéens de l'UE et espérer ensuite que ces pays fassent front commun avec elle lors des sommets européens...</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<strong style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Révision de la directive «travailleurs détachés»</span></strong></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><span style="color: #333333;">La possibilité de mettre en place un </span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">Buy European Act </i><span style="color: #333333;">c'est-à-dire des mesures de protectionnisme européen, n'est évoquée nulle part dans les conclusions du Conseil. C'était pourtant l'une des idées audacieuses de Macron durant sa campagne. Las, le vice-président de la Commission Jyrki Katainen avait déjà annoncé la couleur il y a quelques semaines, qualifiant l'idée de «</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><a href="http://www.europe1.fr/emissions/la-une-de-leco/le-patriotisme-economique-de-macron-critique-par-bruxelles-3325472" style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;" target=""><span style="color: purple;">solution de facilité d'inspiration populiste</span></a></i><span style="color: #333333;">».</span></span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">N'est pas été évoquée non plus la révision de la directive «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">travailleurs détachés</i>», pourtant objet d'une communication tapageuse de la part de l'Élysée, avec la mise en scène, notamment, de la rencontre de Macron avec les dirigeants du «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">groupe de Visegrad</i>» (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie). Mais le «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">new boy</i>», comme l'a qualifié Viktor Orban, avait auparavant commis une faute de goût. Deux jours avant ladite rencontre, il avait cru bon de tancer les pays d'Europe de l'Est sur la question des droits de l'homme dans un entretien fanfaron à plusieurs journaux européens.</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><span style="color: #333333;">Quoi qu'il en soit, et même sans cette entrée en matière cavalière, un accord des pays de Visegrad sur le durcissement des conditions de détachement des salariés eût été difficile à obtenir. Depuis l'élargissement à l'Est de 2004-2007, rapide, massif et réalisé sans les transferts budgétaires colossaux qui eussent été nécessaires pour atténuer l'énorme différentiel de coût salarial entre l'est et l'ouest, les pays d'Europe centrale vivent pour ainsi dire du </span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">dumping social</i><span style="color: #333333;">. Le travail détaché n'en est d'ailleurs qu'une modalité presque anecdotique rapportée aux mouvements de personnes permis par le principe de la libre circulation de la main-d'œuvre dans le marché unique. Avec ou sans le travail détaché, des migrations économiques intra-européennes continueront donc de se produire, accentuant la divergence entre cœur et périphérie de l'Union (voir vidéo explicative </span><a href="https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3DceOgGR-TE2Q%26feature%3Dyoutu.be&h=ATNRCxdyW2K0Fcb-1byEjjZLv_HtEL6u7mfrVoFpDeve9ho1D18AxX46HLUz8ULOyUopJ5Emk9n3wBuVIv_JLLhv5TttIPTNx5kRenXo2MhoKdRw28W2L-m3iqXlPFzDudW7BNetI4t6" style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;" target=""><b><span style="color: purple;">ici</span></b></a><span style="color: #333333;">). Or, le Conseil des 22 et 23 juin vient justement de «</span><i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">réaffirmer l'importance que revêt le bon fonctionnement du marché unique reposant sur ses quatre libertés</i><span style="color: #333333;">». Notamment celle, donc, d'importer des travailleurs d'autres pays européens pour faire baisser le coût du travail chez soi....</span></span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<strong style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-style: inherit; font-variant: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;"><span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">«Grande avancée» de l'Europe de la Défense?</span></strong></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Au final, Emmanuel Macron n'a obtenu aucune avancée dans le domaine économique, non plus que dans le domaine de la révision des réglementations en vigueur. Dans une Europe conçue avant tout comme un ensemble économico-juridique, c'est pour le moins gênant.</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Le serpent de mer qu'est l'Europe de la défense et qui n'intéresse guère que la France, seul pays à appeler réellement de ses vœux une Europe politique, peut-il suffire? On peut en douter si l'on considère que les «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">grandes avancées</i>» du sommet sur ce point n'ont consisté qu'à reprendre la proposition formulée en septembre 2016 par Jean-Claude Juncker de créer un Fonds européen de défense susceptible de mobiliser jusqu'à 5,5 milliards d'euros par an (soit 0,04 % du PIB européen)... à l'horizon 2020! Pas de quoi gagner une guerre, mais puisqu'on nous assure que «<i style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; border: 0px; font-stretch: inherit; font-variant: inherit; font-weight: inherit; line-height: inherit; margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">L'Europe, c'est la paix</i>»...</span></div>
<div style="-webkit-tap-highlight-color: transparent; background-color: white; border: 0px; color: #333333; font-stretch: inherit; font-variant-numeric: inherit; line-height: 1.58824; list-style: none; padding: 0px 0px 24px; text-align: justify; vertical-align: baseline;">
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><i>Article initialement paru sur <a href="https://www.blogger.com/Jouez%20hautbois,%20r%C3%A9sonnez%20musettes:%20il%20est%20n%C3%A9%20le%20divin%20enfant.%20%C2%ABLe%20Sauveur%C2%BB%20de%20l'Europe,%20celui%20qui%20plonge%20ses%20pairs%20dans%20un%20%C2%ABbain%20de%20jouvence%20collectif%C2%BB,%20si%20l'on%20en%20croit%20le%20clip%20hallucin%C3%A9%20r%C3%A9alis%C3%A9%20par%20France%20Info%20pour%20introduire%20le%20Conseil%20europ%C3%A9en%20des%2022%20et%2023%20juin.%20Les%20premiers%20pas%20d'Emmanuel%20Macron%20sur%20la%20sc%C3%A8ne%20europ%C3%A9enne%20font%20%C3%A9galement%20jaser%20d'aise%20Bernard%20Guetta,%20commentateur%20z%C3%A9l%C3%A9%20de%20l'actualit%C3%A9%20europ%C3%A9enne%20(%C2%AB%C3%A7a%20bouge%20en%20Europe!%C2%BB%20nous%20explique-t-il%20sur%20France%20Inter).%20Une%20fois%20n'est%20pas%20coutume,%20le%20grand%20connivent%20de%20r%C3%A9f%C3%A9rence%20se%20montre%20cette%20fois%20plus%20prudent.%20Le%20Monde%20conc%C3%A8de%20en%20effet%20%C3%A0%20la%20fin%20du%20sommet:%20%C2%ABLa%20m%C3%A9thode%20Macron%20a%20quand%20m%C3%AAme%20but%C3%A9%20sur%20la%20complexe%20r%C3%A9alit%C3%A9%20bruxelloise.%20Le%20pr%C3%A9sident%20fran%C3%A7ais%20(%E2%80%A6)%20n'est%20pas%20parvenu%20%C3%A0%20imposer%20compl%C3%A8tement%20son%20point%20de%20vue%20sur%20les%20questions%20commerciales%C2%BB.%20Le%20contr%C3%B4le%20des%20investissements%20chinois%20Pas%20compl%C3%A8tement?%20C%27est%20le%20moins%20que%20l%27on%20puisse%20dire.%20Sur%20la%20question%20du%20contr%C3%B4le%20des%20acquisitions%20chinoises%20en%20Europe,%20Macron%20a%20fait%20un%20bide.%20Il%20s%27est%20heurt%C3%A9%20%C3%A0%20une%20lev%C3%A9e%20de%20boucliers%20qui%20t%C3%A9moigne%20cr%C3%BBment%20de%20la%20r%C3%A9manence%20d%27int%C3%A9r%C3%AAts%20nationaux%20contradictoires.%20Le%20Pr%C3%A9sident%20fran%C3%A7ais%20souhaitait%20que%20ces%20investissements%20soient%20%C2%ABsurveill%C3%A9s%C2%BB%20par%20la%20Commission,%20de%20mani%C3%A8re%20%C3%A0%20%C3%A9viter%20la%20prise%20de%20contr%C3%B4le,%20par%20des%20firmes%20chinoises,%20de%20fleurons%20technologiques%20europ%C3%A9ens.%20Ils%20ne%20seront%20finalement%20%C2%ABqu%27analys%C3%A9s%C2%BB%20comme%20l%27indique%20la%20d%C3%A9claration%20finale%20du%20Conseil%20dat%C3%A9e%20en%20date%20du%2023%20juin.%20La%20m%C3%AAme%20d%C3%A9claration%20demande%20%C3%A0%20la%20Commission%20de%20r%C3%A9fl%C3%A9chir%20%C3%A0%20%C2%ABdes%20instruments%20de%20d%C3%A9fense%20commerciale%20modernes%C2%BB%20puis%20de%20veiller%20%C3%A0%20leur%20mise%20en%20%C5%93uvre%20%C2%ABpar%20des%20mesures%20d%27ex%C3%A9cution%20non%20l%C3%A9gislatives%C2%BB.%20Sans%20disposition%20r%C3%A9glementaire%20en%20somme,%20sans%20encadrement%20ni%20contrainte.%20Par%20la%20magie%20donc?%20Par%20la%20t%C3%A9l%C3%A9pathie?%20Par%20la%20pri%C3%A8re?...%20La%20France%20ne%20peut%20pas%20se%20rendre%20complice%20du%20martyr%20aust%C3%A9ritaire%20impos%C3%A9%20aux%20pays%20m%C3%A9diterran%C3%A9ens%20de%20l%27UE%20et%20esp%C3%A9rer%20ensuite%20que%20ces%20pays%20fassent%20front%20commun%20avec%20elle%20lors%20des%20sommets%20europ%C3%A9ens.%20Il%20faut%20dire%20que%20la%20France%20n%27avait%20sur%20ce%20dossier%20que%20peu%20d%27alli%C3%A9s.%20Un%20certain%20nombre%20de%20pays%20de%20l%27Union%20sont%20traditionnellement%20libres-%C3%A9changistes.%20L%27Allemagne%20est%20ambivalente%20sur%20la%20question.%20Le%20montant%20total%20des%20investissements%20chinois%20y%20a%20%C3%A9t%C3%A9%20multipli%C3%A9%20par%20dix%20en%20un%20an,%20passant%20de%201,2%20milliards%20d%27euros%20en%202015%20%C3%A0%2011,4%20milliards%20en%202016.%20De%20r%C3%A9centes%20affaires%20d%27acquisitions%20symboliques%20y%20ont%20d%C3%A9fray%C3%A9%20la%20chronique.%20C%27est%20le%20cas%20par%20exemple%20de%20l%27OPA%20lanc%C3%A9e%20il%20y%20a%20un%20an%20par%20le%20groupe%20d%27%C3%A9lectrom%C3%A9nager%20chinois%20Midea%20sur%20le%20fabricant%20de%20robots%20industriels%20Kuka.%20Berlin%20avait%20alors%20tout%20fait%20pour%20%C3%A9viter%20ce%20rachat,%20appelant%20notamment%20de%20ses%20v%C5%93ux%20une%20offre%20europ%C3%A9enne%20alternative.%20En%20vain.%20Dans%20le%20m%C3%AAme%20temps,%20la%20R%C3%A9publique%20f%C3%A9d%C3%A9rale%20est%20-%20au%20m%C3%AAme%20titre%20que%20l%27Empire%20du%20Milieu%20d%27ailleurs%20-%20une%20%C3%A9conomie%20mercantiliste,%20qui%20mise%20beaucoup%20sur%20ses%20exportations%20et%20sur%20son%20exc%C3%A9dent%20courant.%20Dans%20ce%20cadre,%20elle%20ne%20peut%20se%20permettre%20de%20se%20brouiller%20avec%20P%C3%A9kin,%20l%27un%20de%20ses%20principaux%20partenaires%20commerciaux.%20Car%20ne%20sont%20pas%20les%20pays%20d%27Europe%20du%20Sud%20qui%20se%20substitueront%20%C3%A0%20la%20Chine%20comme%20clients%20de%20l%27%C3%A9conomie%20germanique.%20%C3%89reint%C3%A9s%20par%20des%20ann%C3%A9es%20d%27aust%C3%A9rit%C3%A9%20le%20Portugal,%20l%27Espagne%20ou%20la%20Gr%C3%A8ce%20ne%20consomment%20plus%20gu%C3%A8re%20allemand.%20En%20revanche,%20ils%20ont%20besoin%20de%20l%27argent%20chinois,%20qui%20pallie%20la%20r%C3%A9ticence%20de%20la%20France%20et%20de%20l%27Allemagne%20%C3%A0%20i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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-72182011068038090512017-06-20T08:55:00.000-07:002017-06-20T08:55:17.957-07:00I. Omarjee : «On assiste à une évolution préoccupante des instruments juridiques européens».<div style="text-align: justify;">
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<b>Le droit communautaire est assez mal connu. Il est pourtant très important, au sein d'une Europe conçue avant tout comme un ensemble économico-juridique. L'intégration s'est faite d'abord par le droit, comme le rappelle ci-dessous Ismaël Omarjee, maître de conférence à l'université de Nanterre, co-directeur de M2 "juriste européen" et spécialiste de ces questions. Ce dernier revient ci-dessous sur la primauté du droit communautaire, sur les implications de l'appartenance européenne sur l'identité constitutionnelle de la France, sur les entorses à la charte des droits fondamentaux dans certains pays au nom de l'austérité, et sur bien d'autres points encore. </b><br />
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<b>Deux arrêts fondateurs de la Cour de Justice des communautés européennes de 1963 et 1964 ont posé, en droit européen des principes essentiels que sont « l'effet direct » et la primauté du droit européen sur les droits nationaux. Pouvez-vous expliquer en quoi ces jurisprudences, très peu connues du grand public, sont fondamentales à connaître ?</b></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Par ses arrêts rendus le 5 février 1963 (<i>Van Gen en Loos</i>) et le 15 juillet 1964 (<i>Costa Enel</i>), la Cour de justice a en effet consacré ces deux principes fondamentaux que sont l’effet direct et la primauté. L’importance de ces principes tient à ce qu’ils sont constitutifs de l’ordre juridique communautaire c’est à-dire qu’ils confèrent à la Communauté européenne (aujourd’hui Union européenne) d’une part, sa spécificité au regard des autres organisations internationales d’autre part, son autonomie à l’égard des Etats membres. Leur compréhension est indispensable si l’on veut saisir le fonctionnement de l’Union européenne notamment dans ses rapports avec les Etats membres. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Évoquons d’abord le principe de primauté. Ce principe a été consacré par l’arrêt <i>Costa Enel</i> du 15 juillet 1964 alors même qu’il n’était pas inscrit dans le Traité de Rome du 25 mars 1957 instituant la Communauté économique européenne ! Au terme d’une lecture particulièrement audacieuse de ce traité, s’appuyant davantage sur son esprit que sur sa lettre, la Cour de justice a considéré que les Etats « <i>ont limité, bien que dans des domaines restreints, leurs droits souverains et créé ainsi un corps de droit applicable à leurs ressortissants et à eux mêmes</i> ». Elle en a tiré comme conséquence que « <i>le droit du Traité ne pourrait (…) se voir judiciairement opposé un texte interne quel qu’il soit, sans perdre son caractère communautaire, et sans que soit mise en cause la base juridique de la Communauté elle même </i>». Autrement dit, le droit communautaire prime le droit interne des Etats. En cas de conflit, le juge national doit nécessairement écarter la règle nationale au profit de la règle communautaire.<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: purple;"><b><i>"Le droit communautaire prime le droit interne des Etats. En cas de conflit, le juge national doit nécessairement écarter la règle nationale".</i></b></span></blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’importance de ce principe a par la suite été redoublée par l’extension progressive des compétences de la Communauté et par son application non plus aux seules dispositions du Traité mais également aux dispositions prises pour leur application : règlements et directives notamment. L’effectivité de ce principe repose sur les sanctions dont sont passibles les Etats s’ils manquent à son respect. En particulier, le recours en manquement permet à la Commission de saisir la Cour de justice contre un Etat récalcitrant. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est vraiment important de comprendre que ce principe de primauté, sur lequel l’Europe s’est construite – construction essentiellement par le droit - a été imposé par le juge européen alors que les Pères fondateurs, en dépit de leur engagement supra-national, n’avaient pas osé l’inscrire dans les traités. D’un point de vue démocratique, cela n’est pas sans poser problème car il s’agit d’une mise sous tutelle des droits nationaux. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Aujourd’hui, le principe de primauté ne figure toujours dans les Traités. Une déclaration annexée au Traité de Lisbonne (Déclaration n°17) en rappelle la substance : « <i>les Traités et le droit adopté par l’Union sur la base des traités priment le droit des Etats membres …</i>». </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le principe de l’effet direct a, pour sa part, été consacré par l’arrêt <i>Van Gend en Loos</i> du 5 février 1963. Il désigne l’aptitude qu’à la règle européenne à créer directement des droits ou des obligations dans le chef des particuliers et la possibilité pour ces derniers de les invoquer devant le juge national. Pour cette raison, le juge national est considéré comme le garant de l’application du droit de l’Union. </div>
<div style="text-align: justify;">
Le principe de l’effet direct est important car il permet au particulier de se prévaloir contre son Etat l’application d’une règle européenne devant le juge s’il estime que cette règle n’a pas été respectée. L’effet direct est alors vertical.<br />
<br />
Le principe peut aussi être invoqué dans des litiges entre particuliers. Par exemple, entre un employeur et son salarié. L’effet direct est alors horizontal. Cet effet horizontal ne concerne cependant pas les directives. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Les juridictions nationales françaises ont longtemps résisté à l'idée d’entériner la primauté du droit communautaire. Mais la Cour de cassation l'a fait en 1975, et le Conseil d’État en 1989 avec l'arrêt <i>Nicolo</i>. Ce dernier est un « grand arrêt » très connu, qui fait disparaître le principe de la « loi écran ». Qu'est-ce que cela signifie ? Contourner ainsi le législateur national au nom de l'Europe ne pose-t-il pas un problème démocratique ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
La reconnaissance de la primauté en France a été, en effet, tardive pour des raisons tenant à la tradition juridique française, plutôt réticente à accepter la supériorité des normes internationales, et au silence de la version initiale de Constitution de 1958 sur le phénomène communautaire.<br />
<br />
L’article 55 de la Constitution qui, faut-il le rappeler, affirme la supériorité des traités internationaux sur la loi française sous réserve de réciprocité aurait pu fonder, dès l’origine, la reconnaissance du principe de primauté. Mais pendant longtemps, les juridictions françaises ont privilégié une application <i>a minima</i> de l’article 55 de la Constitution, considérant que cette disposition ne s’imposait qu’au législateur. Si elles reconnaissaient la supériorité d’un Traité sur une loi antérieure contraire, elles considéraient que le Traité devait s’incliner devant une loi postérieure contraire compte tenu de la volonté souveraine du législateur.<br />
<br />
L’évolution est venue d’abord de la Cour de Cassation à l’occasion d’un arrêt <i>Société des cafés Jacques Vabre</i> rendu le 24 mai 1975. Appelée à se prononcer sur la compatibilité d’une loi française avec certaines dispositions du Traité de Rome, la Cour de Cassation reconnaît la primauté du droit communautaire en se fondant tant sur la spécificité de l’ordre juridique communautaire que sur l’article 55 de la Constitution. S’agissant de cette dernière disposition, elle estime que la condition de réciprocité qu’elle contient doit être écartée pour l’application des Traités de l’Union. <br />
<br />
Le Conseil d’Etat a mis davantage de temps à reconnaître le principe de primauté arguant dans un premier temps de la souveraineté du législateur français et de l’inopposabilité de l’article 55 de la Constitution au juge national. Comme vous le soulignez, la rupture est venue de l’arrêt <i>Nicolo </i>du 20 octobre 1989. Était en cause la compatibilité d’une loi française organisant les élections au Parlement européen avec les dispositions du Traité de Rome relatives à son champ d’application, notamment outre-mer. Opérant un revirement complet, donnant effet à l’article 55 de la Constitution, le Conseil d’Etat reconnaît la primauté des dispositions du Traité de Rome sur la loi française y compris lorsque celle-ci est postérieure au Traité. C’est en ce sens que le principe dit de la « loi écran » a disparu puisqu’aucune loi, qu’elle soit antérieure ou postérieure au Traité, ne peut plus s’opposer à l’application des traités.<br />
<br />
On peut y voir une restriction au pouvoir du législateur mais cela n’est pas propre aux Traités européens. Les décisions du Conseil d’Etat se réclament moins de la spécificité de l’ordre juridique européen que d’une application bien comprise de l’article 55 de la Constitution. La primauté vaut ainsi pour tous les Traités et pas seulement pour les Traités européens. Il est vrai cependant que pour les autres Traités, la primauté reste soumise à une condition de réciprocité alors qu’elle est inopposable aux Traités européens. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
La reconnaissance de la primauté par la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat est complète : elle s’étend aux règlements, aux directives et aux arrêts de la Cour de justice. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>A l'occasion de s<a href="http://www.fondation-res-publica.org/L-arret-du-30-juin-2009-de-la-cour-constitutionnelle-et-l-Europe-une-revolution-juridique_a431.html">on arrêt <i>Lisbonne</i> de 2009</a>, qui étudiait le traité du même nom, la Cour constitutionnelle allemande a renforcé les pouvoirs du Bundestag. Désormais, celui-ci est davantage consulté sur la question de l'Europe. De son côté, le Conseil constitutionnel français a posé pour la toute première fois une question préjudicielle à la Cour de justice de l'Union en 2013, semblant valider de fait la supériorité du droit de l'Union sur la loi fondamentale française. Il semble que selon les pays, le principe de la primauté du droit européen soit vécu différemment, et que certaines Cours constitutionnelles préservent mieux que d'autres la souveraineté de leur pays. Qu'en pensez-vous ?</b><br />
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Il ne faut pas se méprendre sur la position des juges français quant aux rapports entre la Constitution française et le droit de l’Union européenne. Il faut distinguer l’attitude du juge et celle du Constituant.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Rappelons d’abord les termes de l’article 54 de la Constitution : « <i>Si le Conseil constitutionnel, saisi par le Président de la République, par le Premier ministre, par le président de l'une ou l'autre assemblée ou par soixante députés ou soixante sénateurs, a déclaré qu'un engagement international comporte une clause contraire à la Constitution, l'autorisation de ratifier ou d'approuver l'engagement international en cause ne peut intervenir qu'après révision de la Constitution </i>». De cette disposition, il résulte qu’un Traité contraire à la Constitution ne peut être ratifié qu’après une révision de la Constitution. En l’absence d’une telle révision, il convient soit de renoncer à la ratification soit de renégocier le Traité afin de l’expurger des termes inconciliables avec la Constitution. Cette disposition pose, à sa manière, la supériorité de la Constitution au Traité puisque la contrariété de ce dernier à la Constitution est un obstacle à sa ratification.<br />
<br />
L’application de ce principe aux Traités européens devrait empêcher la ratification de Traités dont les dispositions heurtent les dispositions constitutionnelles. Or, à chaque fois que la question s’est posée, le Constituant français s’est résolu à modifier la Constitution pour permettre la ratification des traités européens. Ce fut le cas en 1992, en 1999 en 2008 pour la ratification des traités de Maastricht, d’Amsterdam et de Lisbonne. Ces modifications successives de la Constitution – texte fondamental s’il en est - contribuent à sa banalisation et trahissent une attitude du Constituant peu respectueuse de l’identité constitutionnelle de la France.<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<i><b><span style="color: purple;">"Ces modifications successives de la Constitution – texte fondamental s’il en est - contribuent à sa banalisation et trahissent une attitude du Constituant peu respectueuse de l’identité constitutionnelle de la France". </span></b></i></blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
La position des juges est nettement plus nuancée. Le Conseil d’Etat comme la Cour de Cassation dénient toute primauté de la règle européenne face aux normes constitutionnelles. En cas de conflit, ces juridictions appliquent les normes constitutionnelles. Ainsi en a-t-il été dans les affaires Sarran (CE, 30 octobre 1998) et Fraisse (Cass. A.P, 2 juin 2000) relatifs à la mise en œuvre des accords de Nouméa. De même, le Conseil constitutionnel a jugé que la primauté du droit dérivé de l’Union – règlements, directives – cédait devant une disposition contraire de la Constitution (Décisions du 10 juin et du 1er juillet 2004). <br />
<br />
Il est vrai cependant que pour tenir compte de la participation de la République à l’Union européenne, le Conseil constitutionnel refuse de contrôler la constitutionnalité des lois de transposition d’une directive, estimant que « <i>la transposition en droit interne d’une directive résulte d’une exigence constitutionnelle</i> ». Ce signe d’ouverture vers le droit de l’Union européenne résulte directement de l’article 88-1 de la Constitution selon lequel « <i>La République participe à l'Union européenne constituée d'États qui ont choisi librement d'exercer en commun certaines de leurs compétences en vertu du traité sur l'Union européenne et du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, tels qu'ils résultent du traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007</i> ».<br />
<br />
Faut-il pour autant conclure à l’immunité constitutionnelle des lois de transposition d’une directive ? La situation est plus complexe qu’elle n’y parait car le Conseil constitutionnel considère que la transposition d’une directive « <i>ne saurait aller à l’encontre d’une règle ou d’un principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France</i> » (Cons. Const 27 juillet 2006 ; 30 novembre 2006). Cette référence à l’identité constitutionnelle nationale n’est pas propre au Conseil Constitutionnel français. On la retrouve aussi chez le juge constitutionnel allemand et traduit l’idée, exprimée par nombre de Cours constitutionnelles (allemande, polonaise, espagnole, italienne) que le droit de l’Union européenne n’a pas la primauté sur les exigences constitutionnelles définissant une identité nationale.<br />
<br />
A la lumière de ces observations, on ne peut conclure que le Conseil Constitutionnel français préserve moins bien que ses homologues étrangers la souveraineté du pays. Ce constat n’est pas remis en cause par la saisine de la Cour de justice à titre préjudiciel : celle-ci ne peut être perçue comme un acte de soumission de la Loi fondamentale au droit de l’Union européenne. Si elle traduit certes, incontestablement, une plus grande ouverture du vers le droit de l’Union européenne, elle ne signe pas le renoncement à assurer la suprématie de la Constitution française.<br />
<br />
Il n’en demeure pas moins – et je vous suis sur ce point – que cette plus grande ouverture du Conseil constitutionnel vers le droit européen tranche avec la position plus hésitante de la Cour constitutionnelle allemande compte tenu de l’importance que ce pays accorde à la protection des droits fondamentaux. Longtemps méfiante vis à vis du droit communautaire, la Cour de Karlsruhe a semblé plus ouverte à partir des années quatre-vingt prenant acte de la volonté croissante des institutions communautaires, notamment de la Cour de justice, d’assurer protection des droits fondamentaux. Toutefois, la période récente, initiée en 1992 semble marquer le retour sinon d’une méfiance du moins d’une certaine vigilance. La jurisprudence récente met en avant une « clause d’éternité », noyau identitaire auquel le droit de l’Union ne saurait porter atteinte. Par ailleurs, la décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe du 30 juin 2009 sur la ratification du Traité de Lisbonne a renforcé le contrôle démocratique de la Cour sur les Traités inaugurant à bien des égards une nouvelle ère dans les relations entre l’Union et les Etats. Cette décision peut être résumée en quelques points :</div>
<div style="text-align: justify;">
- comme « organisation internationale », l’Union ne peut se prévaloir d’une souveraineté comparable à celle des Etats qui la composent. Aussi, le Parlement national doit se voir reconnaître des pouvoirs suffisants dans la participation à la procédure législative et à la procédure d’amendement des traités.</div>
<div style="text-align: justify;">
- il appartient au juge constitutionnel de faire obstacle à l’application en Allemagne de dispositions européennes incompatibles avec la Constitution. </div>
<div style="text-align: justify;">
- Il n’existe pas de « peuple européen » souverain, par conséquent la souveraineté primordiale demeure aux mains des peuples et il s’ensuit que le Parlement européen n’a pas la même légitimité que les Parlements nationaux.<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq">
<span style="color: purple;"><b><i>"Pour la Cour constitutionnelle allemande, il n’existe pas de « peuple européen » souverain, par conséquent la souveraineté primordiale demeure aux mains des peuples".</i></b></span></blockquote>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>La Constitution française a été réformée plusieurs fois pour y intégrer les traités européens. Elle possède désormais un titre XV intitulé « de l'Union européenne ». Dans ce cadre et si la France devait un jour sortir de l'Union européenne à l'instar de la Grande-Bretagne, n'y aurait-il pas un laps de temps où le gouvernement devrait agir de manière inconstitutionnelle ? Comment réagiraient les différentes juridictions nationales ?</b><br />
<br />
C’est une question difficile.La probabilité d’une sortie de la France de l’Union européenne me paraît assez faible surtout depuis le résultat des dernières élections françaises.<br />
<br />
En se plaçant dans cette hypothèse, je ne perçois pas ce laps de temps ou le gouvernement devrait agir de manière inconstitutionnelle. Le titre XV de la Constitution ne fait que tirer les conséquences de la participation de la République à l’Union européenne. Il n’impose nullement cette participation. Il va de soi cependant que l’officialisation d’une éventuelle sortie de l’Union s’accompagnerait nécessairement de la suppression du titre XV de la Constitution. De même, elle serait nécessairement accompagnée d’un acte transitoire pour le règlement des situations en cours. C’est l’usage en matière d’adhésion ou de sortie d’une organisation. Les solutions restent à imaginer et le Brexit pourrait valoir d’exemple. Il faudra suivre attentivement les modalités de sa concrétisation. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Récemment, le président de la Commission Jean-Claude Juncker a expliqué <a href="http://www.latribune.fr/opinions/blogs/vu-de-bruxelles/quand-le-piege-grec-se-referme-sur-juncker-649714.html">que le traitement économique actuellement infligé à la Grèce n'était certes pas conforme à la Charte des droits fondamentaux de l'Europe, mais que ce n'était pas si grave</a> puisque la Troïka est une structure <i>ad hoc</i> qui agit hors cadre juridique. N'est-ce pas là, précisément, la définition de l'arbitraire et du droit du plus fort ?</b><br />
<br />
Oui, je partage votre sentiment sur la brutalité et le caractère arbitraire d’une telle déclaration qui n’est, cependant, ni le fruit du hasard ni le signe d’une maladresse. La position défendue par Jean-Claude Juncker fait écho à la gouvernance économique et en particulier au schéma imaginé lors de l’adoption du Mécanisme européen de stabilité qui, à dessein, a été conçu en dehors du droit de l’Union européenne et donc de la Charte des droits fondamentaux.<br />
<br />
A plusieurs reprises, la Cour de justice a été saisie de la conformité à la Charte des mesures nationales d’austérité exigées par l’Union ou contenues dans les accords de facilité d’assistance financière conçus dans le cadre du Mécanisme européen de stabilité. Qu’il s’agisse des mesures adoptées en Grèce, au Portugal, à Chypre, en Roumanie ou en Irlande, la Cour a constamment jugé que ces mesures ne pouvaient être soumises au contrôle de la Charte car elles ne relevaient pas du droit de l’Union.<br />
<br />
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: left;">
<b><i><span style="color: purple;">"On assiste là à une évolution assez préoccupante consistant à créer des instruments en dehors du cadre juridique de l’Union pour ensuite les soustraire au contrôle juridictionnel ou aux textes fondamentaux".</span></i></b></blockquote>
<br />
On assiste là à une évolution assez préoccupante consistant à créer des instruments en dehors du cadre juridique de l’Union pour ensuite les soustraire au contrôle juridictionnel ou aux textes fondamentaux. Encore récemment, le tribunal de l’Union s’est déclaré incompétent pour connaître des recours de demandeurs d’asile à l’encontre de la déclaration UE-Turquie tendant à résoudre la crise migratoire au prétexte que cet acte n’a pas été adopté par l’une des institutions de l’Union européenne.<br />
<br />
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-39167405762655589042017-06-14T02:25:00.002-07:002017-06-14T02:29:07.852-07:00Réforme du marché du travail : les entreprises aussi seront perdantes<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b><i><br /></i></b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><b><i>Par David Cayla</i></b></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><b><i><br /></i></b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb2MzhtSjAFIfPKM1FNjFOUad13OWKCydxi047SJC1N9jZrZRs-1G0kbCWDG_B9FiX9-4369rWr2PEv9zUIwbSSr_v98kB78YUoQxe2a3IA8QSjxaoNy_dXmi7oa2ue0FN1rZ_zXvO5JUf/s1600/Sans+titre+1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="434" height="202" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb2MzhtSjAFIfPKM1FNjFOUad13OWKCydxi047SJC1N9jZrZRs-1G0kbCWDG_B9FiX9-4369rWr2PEv9zUIwbSSr_v98kB78YUoQxe2a3IA8QSjxaoNy_dXmi7oa2ue0FN1rZ_zXvO5JUf/s400/Sans+titre+1.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;">Emmanuel Macron va-t-il réformer le marché du travail par ordonnances malgré une majorité écrasante à l'Assemblée ? Oui, probablement, car c'est son projeeeeet !! David Cayla, économiste de plus en plus atterré, nous explique ci dessous pourquoi.</span></b><br />
<b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b>
<b><span style="font-size: medium;">Si l'on sait que les salariés seront, une fois de plus, les grands perdants de la réforme (voir <a href="http://lvsl.fr/reforme-du-code-du-travail-vers-un-capitalisme-western-entretien-avec-david-cayla">l'interview qu'il a accordée à <i>Le Vent se lève</i></a> et où il l'explique fort bien), il se pourrait que les entreprises, notamment les TPE-PME, soit durement "impactées" (comme on dit dans les <i>Start up nations</i>) elles aussi. Il se pourrait aussi que le dialogue social en sorte, contrairement à ce qu'on nous dit et redit, en sorte durement affaibli. </span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0.28cm; text-align: center;">
<b><span style="font-size: medium;">***</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Fort d’une majorité
pléthorique, le gouvernement <i>En marche</i> devrait très vite
s’atteler à la première des grandes réformes du quinquennat,
celle du marché du travail. Les ordonnances sont-elles toujours
d’actualité ? Rien dans le discours gouvernemental ne laisse
présager que sa très large victoire aux législatives l’amène à
réviser sa méthode. Car la procédure par ordonnances permet
d’empêcher le Parlement de déposer des amendements en ne lui
laissant la possibilité que d’approuver ou de rejeter en « bloc »
l’ensemble du projet tel qu’il aura été conçu durant l’été.
C’est un double avantage pour le président. D’une part cela
accélère et simplifie la procédure, d’autre part cela interdit
toute dénaturation parlementaire du projet gouvernemental.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;"><br /></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;">UNE MÉTHODE
AUTORITAIRE</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Il faut dire que
lorsqu’il était conseiller à l’Elysée, Emmanuel Macron a pu
mesurer la difficulté pour un gouvernement de faire passer ce genre
de textes. Moins d’un an après son élection, la majorité
socialiste s’était alors déchirée pour transposer dans la loi
l’accord national interprofessionnel (ANI) signé en janvier 2013
entre les organisations patronales et trois organisations syndicales
(CFDT, CFE-CGC et CFTC). La question des accords
« compétitivité-emploi » avaient entrainé une bataille
de tranchée entre les députés socialistes dont certains furent
affublés du sobriquet de « frondeurs ». L’un d’entre
eux, Jérôme Guedj raconta par la suite dans <i>Mediapart</i>
comment la bataille d’amendements avait fini par faire que <a href="https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/090413/pourquoi-je-ne-vote-pas-lani">« <i>l’ANI
ne soit plus tout à fait l’ANI</i> ».</a></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Il est clair
qu’Emmanuel Macron ne souhaite pas prendre un tel risque. C’est
la raison pour laquelle il y a tout lieu de penser que quelle que
soit l’étendue et la docilité supposée de sa majorité il
réformera bien le droit du travail par ordonnance.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Sur le fond, le
gouvernement prétend que rien n’est acté et que tout dépendra
des discussions et des rencontres qui se tiendront au cours de l’été
avec les syndicats et le patronat. Mais le fait même de parler de
« concertation » et non de « négociations »
signifie bien que le gouvernement ne s’engage pas à déboucher sur
un accord. On peut donc légitimement penser qu’il sait
parfaitement ce qu’il veut imposer comme réforme et que l’objet
des discussions estivales n’est pas de permettre aux « partenaires
sociaux » de « co-construire » la loi mais de
trouver jusqu’où le gouvernement pourra aller dans la
libéralisation. Les discussions serviront à tester les limites de
l’acceptable afin, espère-t-il, de désamorcer le pouvoir de
nuisance des organisations syndicales. En somme, le choix de la
procédure et la manière dont le gouvernement entend mener les
discussions témoignent d’une logique bien plus autoritaire que ce
qui est affiché.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;">DÉPLACER VERS
L’ENTREPRISE LE CHAMP DE LA NÉGOCIATION SOCIALE</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Mais à force
d’habiletés tactiques Emmanuel Macron risque d’oublier de se
poser d’autres questions pourtant bien plus fondamentales, et en
premier lieu de se demander si la réforme qu’il envisage est
vraiment nécessaire et souhaitable pour les entreprises. La
philosophie du projet est relativement claire : il s’agit
d’élargir la capacité des employeurs à négocier des accords
d’entreprise en allégeant les contraintes qui les encadrent
aujourd’hui strictement. Parmi les pistes envisagées, les
caractéristiques du CDI pourraient être négociées au niveau de
l’entreprise en prévoyant par exemple des conditions de
licenciement plus larges que celles qui existent. L’employeur
pourrait également, par accord d’entreprise, suspendre certaines
dispositions des contrats de travail existants sans avoir à passer
par un avenant c’est-à-dire sans l’accord formel des salariés
concernés. Un refus de leur part permettrait ainsi à l’entreprise
de procéder à un licenciement automatiquement justifié. Par ces
dispositifs, l’accord d’entreprise pourrait imposer ses normes au
contrat de travail, ce qui signifierait qu’une grande partie du
pouvoir de négociation serait transférée de l’individu vers
l’entreprise.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Un autre volet de la
réforme concerne l’inversion de la hiérarchie entre les
négociations de branche et les négociations d’entreprise.
Aujourd’hui, des rémunérations et des conditions de travail
minimales sont négociées au niveau de la branche c’est-à-dire
entre les représentants des salariés et des employeurs d’un même
secteur. Ces négociations sont essentielles pour deux raisons. Tout
d’abord parce qu’elles simplifient les négociations
d’entreprise, notamment pour les TPE / PME qui ne disposent pas
forcément de représentants syndicaux pour nouer des accords
d’entreprise. Pour ces dernières, la branche prend à sa charge le
poids des négociations, parfois complexes, sur lesquels salariés et
employeurs doivent s’entendre. L’autre rôle des accords de
branche est de suspendre la rivalité entre des entreprises en
concurrence en leur permettant de s’entendre sur des normes
sociales communes.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;">UN PROJET QUI
AFFAIBLIT LES ENTREPRISES</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Le gouvernement
prétend qu’en privilégiant l’accord d’entreprise sur le
contrat d’une part et sur la branche d’autre part, il ouvre le
champ de la négociation entre employeurs et employés. Mais c’est
exactement le contraire qui risque de se produire. À quoi bon
négocier un accord de branche si une entreprise du secteur peut à
tout moment y déroger ? Comment faire confiance à un employeur
au moment de négocier son contrat si à tout moment certaines
dispositions de ce contrat peuvent être suspendues ? Au lieu
d’étendre le champ de la négociation, on le déplace. Mais on ne
le déplace pas n’importe où : on le met précisément là où
l’employeur se trouve en situation de force, c’est-à-dire dans
l’entreprise.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Or, remplacer un
système où la plupart des relations employeurs / employés se
négocient collectivement dans le cadre des branches professionnelles
par un système où l’essentiel des négociations se trouve relégué
au niveau des entreprises est particulièrement inefficace. D’une
part cela oblige toutes les entreprises à négocier des accords
complexes là où auparavant elles pouvaient mandater des
représentant aguerris le faire au niveau de la branche ;
d’autre part c’est la porte ouverte à des stratégies de <i>dumping</i>
qui risquent de favoriser les entreprises qui parviendront le mieux à
s’affranchir des normes de branches.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Imaginons par exemple
que la loi permette à chaque entreprise de négocier librement ses
horaires et ses dates d’ouverture. Deux commerces concurrents
s’affrontent pour une clientèle précise. L’un des deux (<i>a
priori</i> celui qui va le moins bien), négocie avec ses salariés la
possibilité d’ouvrir tous les dimanches afin de capter une partie
de la clientèle de l’autre magasin. La stratégie fonctionne, il
gagne quelques clients que perd son concurrent. Ce dernier est alors
contraint lui aussi d’ouvrir les dimanches et récupère la
clientèle perdue. Au final aucun magasin ne gagne quoi que ce soit
dans l’affaire. Au contraire, en ouvrant davantage de journées ils
augmentent tous les deux leurs frais de fonctionnement sans augmenter
globalement leur chiffre d’affaire. Les deux entreprises sont donc
perdantes. Si la branche professionnelle avait pu imposer une norme
claire sur les dates et les horaires d’ouverture cela aurait permis
d’éviter que les entreprises s’enferment elles-mêmes dans une
concurrence destructive.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;">LES GRANDES
PERDANTES : LES PME ET TPE</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">On le voit, les
entreprises n’ont pas forcément intérêt au contournement des
accords de branche. Mais le plus grave c’est aussi qu’elles ne
sont pas toutes à égalité dans la capacité de conclure des
accords d’entreprise. Les grandes entreprises disposent de
ressources RH et de la présence de permanents syndicaux avec
lesquels il est possible de conclure rapidement des accords. Pour les
PME, et en particulier pour les entreprises de moins de dix salariés,
récupérer la charge de la négociation auparavant déléguée à la
branche constitue un véritable problème. En l’absence de
représentants syndicaux elles ne peuvent négocier des accords et
doivent se contenter des dispositifs de branche. Le danger a été
souligné jusque dans les milieux patronaux puisque certains estiment
même que cette réforme risque de donner un <a href="http://www.entreprise.news/les-tpe-gagneront-elles-ou-perdront-elles-avec-les-ordonnances-du-gouvernement/">« avantage
concurrentiel aux grandes entreprises »</a>.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Pour éviter que cette
réforme ne pénalise les PME le gouvernement envisage donc d’élargir
la possibilité du recours au référendum d’entreprise. Depuis la
loi El Khomri, les employeurs peuvent déjà nouer des accords par
référendum à condition que ceux-ci aient été préalablement
ratifiés par des syndicats qui <a href="http://www.lemoniteur.fr/article/loi-el-khomri-le-nouveau-referendum-d-entreprise-bientot-applicable-33923102">représentent
au moins 30% du personnel</a>. L’une des pistes envisagée par le
ministère du travail serait de permettre aux employeurs d’organiser
des référendums en l’absence de tels accords, c’est-à-dire à
leur seule initiative. Pour comprendre la portée de cette mesure, il
suffit d’imaginer le pouvoir que cela confère à l’employeur. Au
cours d’une négociation celui-ci pourrait à tout moment décider
de rompre les discussions en interrogeant directement les salariés.
Or, dans un référendum, il n’est plus possible de discuter du
contenu de ce qui est proposé. On doit trancher de manière binaire
en votant « oui » ou « non ». C’est le
contraire de la démocratie sociale qui elle, implique d’aller dans
le détail des sujets en élargissant le champ des discussions non
seulement aux besoins de l’employeur mais aussi aux revendications
des salariés. Permettre au patron d’organiser des référendums
revient donc à lui accorder un pouvoir plébiscitaire qu’il pourra
utiliser pour court-circuiter des négociations avec les
représentants des salariés. Concrètement, cela revient à un
affaiblissement considérable du dialogue social au sein des
entreprises.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;"><br /></span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<b><span style="font-size: medium;">DESTRUCTION
PROGRAMÉE DU DIALOGUE SOCIAL</span></b></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Au final on voit bien
ce que l’ensemble du projet implique. Il s’agit non pas d’élargir
le champ de la négociation sociale mais au contraire de le
restreindre au niveau de l’entreprise et de le dénaturer en
donnant à l’employeur des pouvoirs considérables qui vont
structurellement affaiblir le pouvoir de négociation des syndicats.
N’oublions pas que le projet prévoit par ailleurs, <a href="https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=3314446147673475699#xtor=EPR-130">comme
l’a rappelé la nouvelle ministre du travail</a>, de faire
disparaitre de nombreuses instances représentatives des salariés
qui constituent autant d’espaces de discussion (CE, CHSCT…). Si
les employeurs peuvent avoir l’impression de s’y retrouver à
court terme, la disparition du dialogue social dans les entreprises
risque d’entraîner une véritable catastrophe économique. Les
spécialistes des entreprises et des organisations le savent depuis
longtemps : une entreprise qui fonctionne bien a besoin de
s’appuyer sur des salariés impliqués dans la démocratie sociale.
Le risque est que les dirigeants, à force de ne plus parler aux
représentants du personnel, finissent par se couper de la réalité
de leur propre organisation et en viennent à prendre des décisions
désastreuses. On ne compte plus les entreprises françaises dirigées
par des équipes de direction autistes qui ont fini par pousser leur
propre groupe dans l’abîme.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<span style="font-size: medium;">Si le capitalisme
français souffre d’une chose ce n’est certainement pas de trop
de dialogue social. On peut à ce titre rappeler que les entreprises
industrielles allemandes doivent justement une partie de leurs
performances à leur modèle de cogestion qui donne de larges
pouvoirs aux syndicats, ce qui contraint les employeurs à négocier
avec les représentant du personnel la plupart de leurs décisions
stratégiques. En portant un projet qui va à rebours de ce modèle
et qui vise à faire des patrons français des autocrates dans leur
propres entreprises, le gouvernement prépare en fait
l’affaiblissement durable du système productif français. Mais il
démontre aussi, par sa méthode autoritaire, par le choix de
court-circuiter le débat parlementaire, par l’absence de
véritables négociations avec les organisations syndicales, qu’il
ne fait en fait que généraliser aux entreprises sa propre méthode
de gouvernement.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.28cm;">
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-39002357706942678252017-06-06T15:10:00.000-07:002017-06-06T15:12:22.680-07:00 « L'Europe est le cadet des soucis de Trump » - entretien avec Tony Corn<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipB4pgEFLT53w11Upa_DYJCbEo0vvAJPpX6Tqilxc6tIO8gN4UzLgJCBM9zf3NFZ4bFqfJMZHP8FAAbSgzQCPeo1JEOIoqjbXS5-We5_lY3cO1v2l_UDEc0aXLh5LgyMcyrdL5m4pmVY_N/s1600/Sans+titre+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="633" data-original-width="1008" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipB4pgEFLT53w11Upa_DYJCbEo0vvAJPpX6Tqilxc6tIO8gN4UzLgJCBM9zf3NFZ4bFqfJMZHP8FAAbSgzQCPeo1JEOIoqjbXS5-We5_lY3cO1v2l_UDEc0aXLh5LgyMcyrdL5m4pmVY_N/s400/Sans+titre+2.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Né à Paris en 1956, Tony Corn a travaillé pour le Département d’Etat américain de 1987 à 2008, et a été en poste à Bucarest, Moscou, Paris, Bruxelles et Washington. Il a enseigné les études européennes à l’U.S. Foreign Service Institute, l’école de formation des diplomates américains. Il est l’auteur de plusieurs articles publiés dans <i>Le Débat</i>, dont le dernier,<i> Vers un nouveau concert atlantique</i>, est paru dans le n°194 (mars-avril 2017). Il livre ci-dessous un panorama géopolitique passionnant de l'Amérique de Trump, de l'Europe de Merkel et de la France de Macron.</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b>***</b></div>
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<b>Dans <a href="http://le-debat.gallimard.fr/articles/2014-4-l-age-des-directoires-et-l-avenir-de-la-france/">un article publié dans la revue <i>Le Débat</i> en 2014</a>, vous appeliez la France à s'unir le plus étroitement possible avec les Anglo-Saxons. Vous disiez précisément que « <i>pour la France aujourd'hui, le principal multiplicateur de puissance n'est pas son appartenance à ce géant économique, nain politique et larve militaire qu'est l'Europe mais, à tout prendre, son association au sein de directoires discrets avec les Anglo-Saxons</i> ». L'élection de Trump aux États-Unis et celle de Macron en France changent-elles la donne ? Entre première poignée de main commentée dans les moindres détails et passe d'armes autour de l'accord de Paris, la relation entre les deux présidents ne semble pas commencer sous les meilleurs auspices....</b></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Je serais plus optimiste que vous. Chacun à leur manière, Trump et Macron sont avant tout des <i>mavericks </i>qui ont gagné leur pari respectif contre le Système - ce qui ne peut manquer de créer une certaine complicité entre les deux hommes. Cela dit, l’un comme l’autre étant des néophytes en politique étrangère, il y aura inévitablement quelques « couacs » dans le court terme. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Côté américain, Trump est avant tout un <i>dealmaker</i> : autant il peut être pragmatique dans le cadre de relations bi- ou tri-latérales, autant il devient mal à l’aise et « psycho-rigide » à mesure que le cadre se multilatéralise davantage (comme on l’a vu au G7 ou, a fortiori, au sommet des 28 membres de l’OTAN). Plus que jamais, donc, la France aura intérêt à traiter le maximum de dossiers dans un cadre « minilatéraliste » de type P3 (Etats-Unis, Royaume-Uni, France). </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Deuxième observation : l’Elysée devra prendre en compte que, tant dans la forme que dans le fond, la politique de Trump est, pour une bonne part, une politique en Trump-l’œil, si j’ose dire. Trump a recruté pas mal de gens qui ne partagent pas ses opinions, s’inspirant en cela de la fameuse formule de Lyndon Johnson : « <i>celui-là, il vaut mieux l’avoir à l’intérieur de la tente en train de pisser dehors, qu’à l’extérieur en train de pisser dedans</i>. » Il s’ensuit que les personnes dont le nom apparaît dans les organigrammes officiels ne sont pas nécessairement les plus influents, notamment sur les dossiers sensibles. Sur la Russie, par exemple, c’est officiellement Fiona Hill - partisane d’une ligne dure - qui est en charge à la Maison-Blanche ; en réalité, Trump a un <i>back channel</i> avec Poutine via Kissinger (et Thomas Graham, l’ancien Monsieur Russie de Bush, aujourd’hui directeur de Kissinger Associates), qui est, lui, partisan d’un rapprochement avec la Russie. </div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Comme s'il y avait une sorte de diplomatie américaine parallèle ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Disons que le véritable centre de gravité de la politique étrangère américaine aujourd’hui, ce n’est pas Tillerson, Mattis ou McMaster (« les trois adultes », comme on les appelle), mais une jeune femme inconnue du grand public, mais bien connue des insiders : Dina Powell. En tant que numéro deux du NSC (National Clandestine Service), c’est elle qui préside le « <i>Deputies Committee</i> », et donc qui gère la politique étrangère au jour le jour. De plus, elle a plus beaucoup plus d’expérience de la politique étrangère et de « l’interministériel » que son <i>boss</i> nominal, le général McMaster. Enfin, à l’inverse des « trois adultes », Powell est très bien introduite dans la tribu Trump. Dina et Donald, c’est un peu « la Belle et la Bête » à la Maison-Blanche. Si j’étais d’humeur badine, je dirais que si le jeune Manu parvient à séduire la jolie Dina, celle-ci pourrait devenir sa meilleure avocate auprès du vieux Donald !!</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Troisième point : l’Elysée devra se rappeler que si, sur certains dossiers (comme la Russie), Trump est en conflit ouvert avec l’<i>Establishment </i>américain, sur bon nombre d’autres dossiers (l’OTAN en général, l’Allemagne en particulier), il ne fait que dire tout haut ce que l’<i>Establishment</i> dit tout bas depuis un certain temps déjà. J’ai lu récemment dans la presse française qu’en omettant les traditionnelles génuflexions au sujet de l’Article 5, « <i>Trump avait porté un coup à la crédibilité de l’OTAN</i> ». On marche sur la tête ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’Amérique contribue 70% du budget de l’OTAN ! Et voilà maintenant six ans que, par la voix du secrétaire à la défense Bob Gates, l’<i>Establishment</i> américain a fait connaître son exaspération à l’égard des <i>free riders</i> européens ! Jugez plutôt : alors que l’Allemagne a accumulé mille milliards d’excédent commercial durant ces cinq dernières années, l’armée allemande est de plus en plus une bouffonnerie sans nom : la moitié du matériel militaire allemand est inutilisable ; quant aux soldats allemands, ils ne sortent jamais de leurs bases quand ils sont en Afrique, et ils n’hésitent pas à quitter, au bout de douze jours, un exercice de l’OTAN de quatre semaines sous prétexte qu’on ne leur a pas payés leurs heures supplémentaires ! Dans un récent sondage du <i>Pew Center</i>, 56% des Américains, mais seulement 38% des Allemands, se disaient favorables à l’utilisation de la force pour défendre un allié. 58% des Allemands s’y déclarent opposés !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
« <b><span style="color: #4c1130;">L’Amérique contribue 70% du budget de l’OTAN ! Et voilà maintenant six ans que, par la voix du secrétaire à la défense Bob Gates, l’<i>Establishment</i> américain a fait connaître son exaspération à l’égard des <i>free riders</i> européens ! Jugez plutôt : alors que l’Allemagne a accumulé mille milliards d’excédent commercial durant ces cinq dernières années, l’armée allemande est de plus en plus une bouffonnerie sans nom </span></b>»<b><span style="color: #4c1130;">.</span></b></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Voilà six ans, donc, que les Européens en général, les Allemands en particulier, « portent un coup à la crédibilité de l’OTAN » en continuant de faire la sourde oreille aux injonctions de Washington. D’où la « gaffe calculée » - et parfaitement justifiée - de Donald Trump. D’ailleurs, même si son attitude à Bruxelles a été un peu trop bourrue dans la forme, il n’a pas été désavoué dans le fond par les véritables « poids lourds » américains (Henry Kissinger, George Schultz, Jim Baker, Condi Rice, etc…). Les Européens devraient même s’estimer heureux que Trump n’ait pas mis davantage les points sur les « i » en rappelant cette évidence : l’article 5 n’a jamais garanti une automaticité d’action - seulement une automaticité de consultation. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Côté français, vous disiez donc qu’Emmanuel Macron est lui aussi un néophyte en politique étrangère...</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est même pire : c’est quelqu’un qui vient de l’Inspection des finances – autant dire la pire (dé)formation qui soit pour la diplomatie. A l’exception d’un Couve de Murville, ces gens-là n’ont jamais rien compris à la politique étrangère. Je pense sincèrement que Macron peut, avec le temps, acquérir l’étoffe d’un véritable chef d’Etat. Mais il va falloir qu'il désapprenne le mode de pensée technocratique des « gnomes de Bercy », et qu’il ait l’humilité d’apprendre le mode de pensée stratégique auprès des vrais « pros » (essentiellement Le Drian et Védrine). Ce qui est encourageant, c’est que Le Drian, tout en gardant un œil sur la Défense, a hérité des Affaires étrangères, de l’Europe, du Développement, du Commerce extérieur, du Tourisme, de la Francophonie, des Français de l’étranger, etc. Le Drian est quasiment un vice-président ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Macron arrive au pouvoir dans une conjoncture internationale très particulière. Durant le quart de siècle qui a suivi la fin de la guerre froide, la « diplomatie coopérative » a été la norme dans les relations entre les Etats, et la « diplomatie coercitive » a été l’exception. Or nous sommes entrés dans une ère où la diplomatie coercitive va devenir de plus en plus fréquente, et dans ce domaine, la diplomatie française a tout à réapprendre. Si je n’avais qu’un conseil à donner à l’intellectuel Macron, ce serait de délaisser l’herméneutique philosophique pour la sémiologie diplomatique - en clair, de troquer <i>Temps et Récit</i> de Paul Ricoeur pour <i>Arms and Influence</i> de Thomas Schelling. Pour déniaiser les Inspecteurs des finances, rien ne vaut ce Machiavel moderne qu’est Schelling - qui est aussi Prix Nobel d’économie…</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Macron devra aussi apprendre qu’en politique étrangère, le plus difficile n’est pas de décider quelle position adopter sur tel ou tel dossier, mais de hiérarchiser ses priorités, et cela selon le seul critère qui vaille : l’intérêt national. Cet exercice est d’autant plus délicat que, sur nombre de dossiers, les capacités d’action de la France sont limitées sans l’appui de l’allié américain, et que les priorités (plus encore que les positions) de cet allié ne coïncident pas nécessairement avec celles de la France. Il faut toujours garder à l’esprit qu’il y a une asymétrie.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
« <span style="color: #4c1130;"><b>Macron devra aussi apprendre qu’en politique étrangère, le plus difficile n’est pas de décider quelle position adopter sur tel ou tel dossier, mais de hiérarchiser ses priorités, et cela selon le seul critère qui vaille : l’intérêt national. </b></span>»</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Asymétrie au niveau géographique, d’abord. L’Allemagne est certes dans le collimateur de Trump, mais « l’Europe » en tant que telle est le cadet de ses soucis. A l’origine, la priorité de Trump était de faire ce que l’on appelle un « Nixon in reverse », c’est-à-dire d’opérer un rapprochement avec la Russie afin de mieux endiguer la Chine. Or la russophobie ambiante à Washington est telle qu’un tel programme a été ajournée. La nouvelle priorité de Trump, semble-t-il, c’est désormais le monde musulman, et plus précisément la succession saoudienne. Et là, il faut être attentif au fait qu’une politique qui, du point de vue du court terme, apparaît comme « surréaliste », peut en fait constituer la politique la plus « réaliste » qui soit du point de vue du long terme. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Surréaliste, c'est le mot, même si Trump n'est pas le premier chef d'Etat à prétendre vouloir lutter contre l'islamisme tout en demeurant le meilleur ami de l'Arabie saoudite...</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Justement, ce n'est pas si simple. Schématiquement et depuis la création de la Ligue Islamique Mondiale et de l’Organisation de la Conférence Islamique par Riyad dans les années 1960, l’Arabie saoudite a dépensé 90 milliards de dollars pour la propagation globale du salafisme, et s’est progressivement imposé comme une sorte de Califat du monde sunnite. Or depuis 2015, un « printemps saoudien » a de facto commencé avec la décision du vieux roi Salmane (82 ans) de rompre avec la tradition et de nommer son neveu (57 ans), prince héritier, et son propre fils (31 ans), héritier en second. Contrairement à Obama qui, dès 2009, s’était éloigné de l’Arabie saoudite pour se rapprocher de l’Iran, Trump veut se rapprocher de Riyad afin de s’assurer que la succession conduise bien à une relève générationnelle, ce qui du même coup permettrait au Califat saoudien de faire, à terme, son « Vatican II », si je puis dire. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En bref, dans la mesure où Trump «soutient» l’Etat qui a le plus contribué à la propagation du djihadisme dans le passé, c’est seulement au sens où la corde «soutient» le pendu. Quant à la diabolisation rhétorique de l’Iran, elle paraîtra évidemment « surréaliste » au moment même où les Iraniens plébiscitent le modéré Rohani. En revanche, cette diabolisation est tactiquement « réaliste » dans la mesure où elle permet aux chefs d’état arabe de « vendre » à leurs opinions publiques l’idée d’un rapprochement avec Israël (un rapprochement qui peut conduire, à terme, à une résolution de la question palestinienne). Bref, dans ce domaine plus que dans tout autre peut-être, la politique de Trump est une politique en Trump-l’oeil. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<b><span style="color: #4c1130;">« </span></b><b><span style="color: #4c1130;">Contrairement à Obama qui, dès 2009, s’était éloigné de l’Arabie saoudite pour se rapprocher de l’Iran, Trump veut se rapprocher de Riyad afin de s’assurer que la succession conduise bien à une relève générationnelle, ce qui du même coup permettrait au Califat saoudien de faire, à terme, son « Vatican II »</span></b><b><span style="color: #4c1130;">». </span></b></blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il existe une asymétrie Etats-Unis / France au niveau « fonctionnel », ensuite. Macron n’a pas encore assimilé le fait que, lorsqu’on est le président d’une grande puissance comme la France, il y a lieu de faire une différence très nette entre <i>high politics</i> et <i>low politics</i>. La prolifération nucléaire relève de la première, le réchauffement climatique, que cela plaise ou non, relève de la seconde. L’Accord de Paris, qui n’inclut aucun mécanisme contraignant, mérite bien son sobriquet de « Pacte Briand-Kellog de l’environnement ». D’ailleurs, même si tous les signataires tenaient toutes leurs promesses, tout le monde sait bien que l’impact à long-terme de cet accord serait extrêmement modeste : une réduction de l’ordre de 0,2 degré à l’horizon 2100. D’ici là, l’arme nucléaire, aux mains de pays comme la Corée du Nord ou de l’Iran, aura eu le temps de faire beaucoup plus de dégâts environnementaux que le réchauffement climatique. Il faut donc garder le sens des proportions même s'il faut évidemment regretter que Trump ait choisi de « sortir » d’un accord qui allait dans le bon sens. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Est-il vrai selon vous que la poignée de main « virile » entre Trump et Macron a vexé le premier et précipité la sortie de l'accord ? </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Disons que pour des raisons de politique intérieure, Macron a cru bon d’en rajouter une louche. Il est actuellement en campagne électorale. Or il n’a lui-même été élu que par 44% des inscrits, et 43% de ses électeurs ont d’ailleurs voté contre Marine Le Pen plutôt que pour lui. Il est donc à la recherche d’une majorité, d’où le parti-pris d’un certain histrionisme sur la scène internationale, avec des boursouflures du genre « <i>la vocation de la France est de mener ces combats qui impliquent l’humanité toute entière</i> ». Appelons cela la posture Aldo Macrone : « plus belle-âme que moi, tu meurs ! ». Compte tenu de la proverbiale vanité des Français, une telle posture sera évidemment payante électoralement. Pour autant, il ne faut pas oublier qu’il y a aura sans doute un prix diplomatique à payer.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En diplomatie, en effet, tout est affaire de calibrage. Autant la fameuse poignée de main était en elle-même acceptable, autant Macron a eu tort de se livrer à une exégèse de sa gestuelle dans les colonnes du Journal du Dimanche (« <i>Trump, Poutine et Erdogan sont dans une logique de rapports de force… il faut montrer qu’on ne fera pas de petites concessions, etc… </i>»). Un président ne devrait pas dire ça. D’abord, parce que lorsque l’on commente ses propres actions, on ressemble à « Flamby. » Ensuite parce que comme comme le dites et comme l’a révélé le Washington Post, cette interview au JDD a fortement irrité Trump, et n’a pas peu contribué à sa décision de sortir de l’accord de Paris. Macron a cru bon de réagir à cette sortie en « remettant le couvert » - cette fois, en invitant les scientifiques américains à venir se réfugier en France !!</div>
<div style="text-align: justify;">
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Il serait bon que le Président français comprenne rapidement 1) que la politique étrangère en général (et pas seulement celle de Trump, Poutine, Erdogan) est un rapport de forces avant d’être un débat d’idées ; 2) que l’Amérique et la France ne boxent pas tout à fait dans la même catégorie ; et 3) que la France n’a rien à gagner à se lancer dans une surenchère verbale. Pour dire les choses simplement : une croisade anti-Trump sur une question de<i> low politics</i> risque fort de mettre en péril la coopération franco-américaine dans le domaine de la <i>high politics</i>. La confusion entre « faire le président » et « faire le mariole » pourrait coûter d’autant plus cher que Trump est du genre rancunier. En bref, on ne voit pas très bien ce que la France aurait gagné si demain Washington décidait de cesser toute assistance militaire aux opérations militaires françaises en Afrique. </div>
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« <b><span style="color: #4c1130;">Une croisade anti-Trump sur une question de<i> low politics</i> risque fort de mettre en péril la coopération franco-américaine dans le domaine de la <i>high politics</i>. La confusion entre « faire le président » et « faire le mariole » pourrait coûter d’autant plus cher </span></b>»</blockquote>
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<b>Votre jugement sur l'Union européenne est en général assez dur. Faites-vous partie de ceux qui pensent que l'UE est devenue un instrument au service de Berlin ? L'arrivée au pouvoir de Macron en France vous semble-t-il de nature à changer la donne et à relancer le « couple franco-allemand » ?</b></div>
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Un jugement assez dur ? En 1991, à la veille de Maastricht, le ministre belge des affaires étrangères avait défini l’UE comme « <i>un géant économique, un nain politique, une larve militaire</i> ». Un quart de siècle plus tard, force est de constater que rien n’a changé. L’Europe est toujours « <i>l’idiot du village global</i> » (Védrine) ; la seule nouveauté, c’est qu’entretemps, la France elle-même est devenue « l’idiot du village européen. » Dès 2005, l’opinion française avait compris <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2016/05/la-france-est-letat-nation-par.html">que « <i>les Français sont les cocus de l’intégration européenne</i> » (Marcel Gauchet)</a>. Depuis plus de dix ans, en revanche, les élites françaises sont toujours dans le déni, ou continuent de croire qu’elles pourront masquer (ou compenser) un alignement toujours croissant de la France sur l’Allemagne au niveau intra-européen par un activisme brouillon au niveau extra-européen, <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2017/05/rompre-avec-la-france-atlantiste.html">que ce soit en Libye (Sarkozy) ou en Syrie (Hollande).</a></div>
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Il n’y a qu’en France, où les médias – qui dépendent, pour une bonne part, des annonceurs publicitaires allemands pour leur survie financière – pratiquent l’auto-censure et/ou nient l’évidence : l’UE est bel et bien un instrument au service de Berlin. Voilà des années que le FMI, le <i>Treasury </i>américain et les médias étrangers ne cessent de répéter qu’avec un excédent commercial de plus de 6 pour cent de son PIB, l’Allemagne est en violation des traités européens. Dans une récente interview avec Spiegel, Wolfgang Schäuble lui-même reconnaissait que, sans l’existence de l’euro, l’excédent allemand serait la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. </div>
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<b>Que peut faire la France ? Sortir des traités européens ? Quitter l'euro ? </b></div>
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La France ne retrouvera sa crédibilité diplomatique que le jour où elle n’aura plus peur de faire du <i><a href="http://www.linguee.fr/anglais-francais/traduction/brinkmanship.html">brinkmanship</a></i> avec l’Allemagne. Au début de l’année, le gouverneur de la Banque de France a voulu faire peur aux Français en déclarant qu’une sortie de l’euro coûterait 30 milliards par an à la France. C’était là une façon technocratique, et non stratégique, de voir les choses. Une sortie de la France de l’euro signifierait, concrètement, la fin de l’euro. Or d’un point de vue stratégique, ce qui compte en dernière instance, c’est que l’Allemagne aurait beaucoup plus à perdre (130 milliards) que la France elle-même (30 milliards) d’une fin de l’euro. Et c’est précisément cette asymétrie qui donne à la France une certaine marge de manœuvre dans un <i>game of chicken</i> avec l’Allemagne. C’est seulement en menaçant l’Allemagne d’une « sortie » (et donc d’une explosion) de l’euro que Paris (soutenue en sous-main par Washington) pourrait rééquilibrer la relation franco-allemande. Mais pour mettre en œuvre une telle « politique du bord du gouffre », encore faut-il avoir quelque chose dans le pantalon ! </div>
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<span style="color: #4c1130;">« <b>Une sortie de la France de l’euro signifierait, concrètement, la fin de l’euro. Or d’un point de vue stratégique l’Allemagne aurait beaucoup plus à perdre que la France elle-même. Et c’est précisément cette asymétrie qui donne à la France une certaine marge de manœuvre dans un <i>game of chicken</i> avec l’Allemagne </b>».</span></blockquote>
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Depuis 1945, l’Allemagne a un énorme avantage sur la France : elle n’est pas membre permanent du Conseil de Sécurité. A l’inverse des Français, les Allemands n’ont donc pas été tenté de se disperser dans la « gouvernance globale » et la « gestion des crises », et ont eu tout loisir de son concentrer sur leur « intérêt national » au sens le plus traditionnel du terme. </div>
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Durant les quatre années où il fût ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius a paru s’occuper de tout (de la COP 21 à la crise syrienne), sauf de l’intérêt national français. Fabius n’a montré aucun intérêt pour l’Europe, pour l’Afrique, ou encore pour la vocation maritime de « l’Archipel France. » Et à aucun moment, il ne s’est posé la question : quel est, au juste, l’intérêt national français en Syrie ? Sans être inexistant, cet intérêt est-il si vital qu’il faille adopter une attitude aussi rigide sur une question cruciale (le départ d’Assad) ? Et surtout, est-il si vital qu’il faille tenter de forcer la main des Américains ? Le capital d’influence de Paris sur Washington n’est pas illimité : quitte à forcer la main des Américains, autant le faire pour des questions qui relèvent de l’intérêt national français (par exemple, en demandant une plus grande assistance militaire au Sahel). Je vois qu’au sein des deux principaux <i>think-tanks</i> français, l’IFRI et l’IRIS, le concept d’« intérêt national », qui avait disparu du discours français depuis un quart de siècle, fait aujourd’hui un timide retour. Il était temps. </div>
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<b>Vous écrivez que pour l'Allemagne, le partenaire d'avenir est la Pologne parce que les deux pays partagent le même désintérêt pour le Sud (Afrique) et le même intérêt pour le Partenariat oriental (Biélorussie, Ukraine, Moldavie). Dans ce cadre, la France n'a-t-elle pas intérêt, pour éviter un tête à tête inégal avec Berlin, à soigner avant tout sa relation avec les pays d'Afrique francophone au Sud, et <a href="http://l-arene-nue.blogspot.fr/2017/02/la-russie-na-jamais-cru-une-europe.html">avec la Russie à l'Est</a> ?</b></div>
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Pour ce qui est de l’Afrique, pas de souci. On peut compter sur Le Drian pour rappeler à Macron l’importance stratégique de ce continent pour l’avenir de la France. Pour ce qui est de la Russie, le problème est plus complexe. Il y a un paradoxe historique : de Louis XIV à Napoléon III inclus, la France a totalement raté ses rendez-vous avec la Russie alors même que les Russes étaient demandeurs, et qu’une alliance avec la Russie aurait pu constituer un véritable multiplicateur de puissance pour la France. A l’inverse, depuis « l’étrange défaite de 1940 » , les Français, à intervalles réguliers, se prennent à rêver d’une « bonne et belle alliance » avec la Russie alors que pour cette dernière, la France ne présente plus désormais qu’un faible intérêt, que ce soit sur le plan économique ou militaire. </div>
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En 1944, Staline refusa sans ménagement de soutenir les projets de De Gaulle sur l’Allemagne. En 1966, Brejnev ne daigna même pas se rendre à Paris à l’invitation du même De Gaulle, et se contenta d’envoyer Kossyguine. En 1991, Mitterrand se fit plus russe que les Russes et milita en faveur d’une Confédération européenne incluant la Russie et excluant l’Amérique. Cette idée saugrenue ne mena qu’à une marginalisation de la France, et c’est un <i>partnership in leadership</i> germano-américain qui pilota l’élargissement de l’UE et de l’OTAN. Aujourd’hui plus que jamais, pour Moscou, les rapports avec Washington, Pékin et Berlin restent autrement plus importants que les rapports avec Paris. Pour la Russie, la France ne sera jamais qu’un partenaire tactique, et non stratégique. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille traiter cavalièrement la Russie !</div>
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<b>Macron ne l'a pas traitée cavalièrement. Il a reçu Poutine en grandes pompes à Versailles.... </b></div>
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C'est une erreur d'interprétation ! L’organisation de la récente visite de Poutine à Paris trahit, au mieux, une certaine improvisation et, au pire, un amateurisme consternant. Les rencontres entre chefs d’état doivent être « pensées » longtemps à l’avance et chorégraphiées au millimètre près. Il y a toute une sémiotique à prendre en compte et, dans le cas de la Russie, une certaine symétrie à respecter. Très schématiquement : dès lors que Poutine venait à l’occasion de la commémoration d’un voyage de Pierre le Grand en France (signal : « la Russie reconnait la grandeur de la civilisation française »), Macron se devait d’aller visiter le nouveau centre culturel russe avec Poutine (signal : « la France reconnait la grandeur de la civilisation russe »). Concrètement, l’impression d’ensemble qui ressort de cette visite est que les communicants de l’Elysée ont instrumentalisé Versailles, Poutine et trois siècles de relations franco-russes à des fins purement électoralistes. J’ignore évidemment la teneur des discussions privées entre les deux hommes : mais ce qu’il était impossible d’ignorer durant la conférence de presse, c’était le body language de Poutine – celui d’un homme qui a le sentiment d’avoir été pris en embuscade. L’Elysée peut s’attendre à des représailles…</div>
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<b><span style="color: #4c1130;">« Les communicants de l’Elysée ont instrumentalisé Versailles, Poutine et trois siècles de relations franco-russes à des fins purement électoralistes. Il était impossible d’ignorer, durant la conférence de presse, le <i>body language</i> de Poutine – celui d’un homme qui a le sentiment d’avoir été pris en embuscade. L’Elysée peut s’attendre à des représailles ». </span></b></blockquote>
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Je ne serais pas surpris si, par exemple, Moscou faisait comprendre à Paris que, pour la Russie, la France n’est en aucun cas une indispensable nation. Sur la Syrie, Poutine dispose déjà du cadre multilatéral d’Astana, d’une part, et de sa relation bilatérale avec Washington d’autre part – ce qui est largement suffisant. Même chose en ce qui concerne l’Ukraine : il n’a sûrement pas du échapper aux diplomates français en poste à Washington que le jour même où le président Trump rencontrait le ministre russe Lavrov, le vice-président Pence, lui, rencontrait le ministre ukrainien Klimkine (le tout, sous la houlette de Henry Kissinger). Or, pour Poutine, ce <i>White House Format</i>, s’il venait à être institutionnalisé, serait autrement plus intéressant que le <i>Normandy Format</i> (Allemagne, Russie, France, Ukraine) que tente de réactiver Macron. </div>
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Contrairement à ce que s’imaginent certains paléo-gaullistes aujourd’hui encore, l’Amérique et la Russie n’ont aucunement besoin de la France (ou de quelque pays que ce soit) comme « médiateur ». En revanche, Trump lui-même aurait bien besoin d’un soutien français dans sa guerre avec ce que l’on appelle les <i>Beltway Bandits</i> (le Beltway est le nom du boulevard périphérique de Washington). Pour des raisons économiques autant qu’idéologiques, les <i>Beltway Bandits</i>, depuis la crise de Crimée, ne cessent de pousser à la confrontation avec la Russie, et disposent d’une formidable machine de propagande. La France devra se montrer particulièrement vigilante à l’égard de toute tentative d’ « enfumage » émanant de Washington. En particulier, si d’aventure un commandant en chef (par définition américain) de l’OTAN venait à sortir du rôle strictement militaire qui est le sien et à faire des déclarations politiques, l’Elysée ne devrait pas hésiter à remonter publiquement les bretelles de ce Général Folamour – quitte à causer des vapeurs aux Norpois de service. </div>
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Que ce soit à l’égard de Berlin ou de Washington, un peu de <i>brinkmanship </i>ne peut pas faire de mal à la diplomatie française. Le <i>brinkmanship</i>, c’est d’ailleurs ce qui fait tout le sel de la diplomatie – à condition d’être parfaitement calibré et ciblé…</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-3314446147673475699.post-21331428987922739462017-05-15T03:54:00.000-07:002017-05-15T03:54:43.290-07:00Pourquoi Macron risque d'échouer en Europe (vidéo).<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqxtjlvRJcbjawiXR-82mpJPGSbKSAKUaei_4H2IWKgY6NGWZJmdKSjuu-4WJO1IBZAHdGRqaxsz7oBaw7lIu0Iuh77wZ-XBt8DnW2EMiOddLpE5Pygg45GTx513spELcMpCUP0H0oo6u2/s1600/macron.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqxtjlvRJcbjawiXR-82mpJPGSbKSAKUaei_4H2IWKgY6NGWZJmdKSjuu-4WJO1IBZAHdGRqaxsz7oBaw7lIu0Iuh77wZ-XBt8DnW2EMiOddLpE5Pygg45GTx513spELcMpCUP0H0oo6u2/s400/macron.jpg" width="400" /></a></div>
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<span style="background-color: white; color: #353434; font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;"><br /></span>
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<span style="background-color: white; color: #353434; font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">Steve Ohana est professeur de finances à l'ESCP Europe et l'auteur de "Désobéir pour sauver l'Europe" (Max Milo 2013). </span><br />
<div style="background-color: white; color: #353434; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="background-color: white; color: #353434; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Coralie Delaume l'interroge ici sur la vision européenne d'Emmanuel Macron, sur son rapport avec l'Allemagne, sur la situation économique dans les pays du Sud de l'Europe et sur le Brexit.</span></div>
<div style="background-color: white; color: #353434; font-family: "Trebuchet MS", Trebuchet, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
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<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/54dg2wD07zo/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/54dg2wD07zo?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
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<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/18168949018015018756noreply@blogger.com4