« La première tentative raisonnée de ce que l’on appelle la « gauche de la gauche » de s’attaquer au mythe européen ». C'est ainsi que l'économiste Jacques Sapir qualifie l'ouvrage collectif dirigé par Cédric Durand, En finir avec l'Europe (La Fabrique, mai 2013).
Il est vrai que souvent, les critiques radicales de la construction européenne proviennent des milieux dits « souverainistes ». Ceux-ci voient dans l’unification continentale un dessaisissement des États et une occasion de délitement des souverainetés nationales. Ces « souverainistes » se voient régulièrement objecter - injustement parfois - leur « nationalisme », ou leur tentation du « repli frileux ».
On est moins prompt, à la « gauche de la gauche », à critiquer l'idée européenne. La tradition internationaliste rend la chose difficile. La contestation, qui se révèle souvent vague et générale, se focalise sur le caractère « néolibéral » de l’Union européenne, et demeure en retrait quant aux les ruptures préconisées.
Pour s'en convaincre, il n'est qu'à voir la manière dont est traitée la question de l'euro par les différents partis de gauche radicale européens. En Grèce, Syriza dénonce « une Europe économique, de l’austérité » mais se garde bien de proposer une sortie de l’euro. En Allemagne, Oskar Lafontaine, fondateur de Die Linke, ne s'est prononcé que très récemment en faveur du retour « à un système qui rende possible les dévaluations et les réévaluations, comme c’était le cas avec le prédécesseur de la monnaie unique, le Système Monétaire Européen ». En France, Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, n'a pas franchi le pas. L’anthropologue Emmanuel Todd, sentant bien là une contradiction, adresse d’ailleurs à la « gauche de la gauche » le reproche suivant : « elle veut dépasser le capitalisme mais pas l’euro, elle veut dépasser une économie marchande qui fonctionne en gardant une monnaie qui ne fonctionne pas ».
Cette « timidité de gauche » est étonnante. C’est donc l’un des points fort d'En finir avec l'Europe que d’y pallier en partie, en démontrant la légitimité d'une critique marxiste de l'Union européenne, notamment de son volet monétaire.
Le livre n’est pourtant pas un livre d'économie. C’est un ouvrage pluridisciplinaire. Il regroupe des textes d'universitaires européens de spécialités variées : anthropologie, philosophie politique, sociologie. Quoiqu'il en soit, l'analyse à caractère économique tient une place de choix dans ce recueil, et pour cause : si l’aventure européenne relève aussi d'un processus politico-institutionnel, elle est née avant tout d'un présupposé « économiste » typique du libéralisme, et de l'idée qu'une imbrication matérielle de fait finirait par générer de l’adhésion politique. C'est sur cette illusion que s'est bâtie la construction européenne dès l’origine, en application de la très simpliste « méthode Monnet ».
Une chimère fonctionnaliste, donc, telle est l’Europe que nous connaissons. Excipant pour la forme d’une vague ambition de Paix perpétuelle, on a multiplié les normes et les instruments, sans guère s’interroger sur le sens de l’action, bref, sur la nature du projet politique à bâtir. Enchevêtrement de règles et d’outils, l’UE est devenue, pour reprendre une formule de Castoriadis, « un marteau sans une main pour le guider, sa masse croissant toujours, son rythme toujours plus rapide ».
C’est ce que tentent de montrer Cédric Durand et Razmig Keucheyan dans l’un des chapitres les plus originaux du livre. En utilisant grille d’analyse des crises élaborée par Antonio Gramsci, ils mettent à jour un « césarisme bureaucratique » de l’Europe, soit la propension des structures technocratiques à s’autonomiser et à confisquer l’exercice du pouvoir. Une mise en congé de la démocratie facilitée par la crise, qui « pousse le pouvoir politique à se protéger de la pression populaire ».
L’affaire est en partie connue et une mise en image de ce « césarime » peut-être vue dans « Bruxelles, le vrai pouvoir », un documentaire récemment diffusé par France 5. Mais le film insiste, peut-être avec excès, sur le rôle joué par la Commission. C’est oublier combien la Banque centrale européenne s’est autonomisée elle aussi, profitant de l’indépendance que lui confèrent ses statuts. Durand et Keucheyan ne s’y trompent pas : c’est elle, désormais, qui semble prendre les décisions capitales. C’est sa voix qui est écoutée. Il n’est qu’à se rappeler la béatitude provoquée sur les marchés par cette déclaration de Mario Draghi l’été dernier : « la BCE fera tout pour sauver l’euro, qui est irréversible ». Quel chef d’État ou de gouvernement européen peut aujourd’hui prétendre rassurer les investisseurs par une simple phrase ?
L’autre point fort d’En finir avec l’Europe réside dans la charge contre la monnaie unique européenne, rare à gauche. Or les arguments développés par Wolfgang Streeck et, plus encore, par Costas Lapavistas, prouvent le bien-fondé d’une critique marxiste de l’euro, au-delà des traditionnelles vitupérations contre le « néolibéralisme européen ».
L’ouvrage le rappelle à plusieurs reprises : la mise en place de l’euro a signé le début d’un long processus de transfert de la plus-value du travail vers le capital. Pour deux raisons principales. D’abord, l’introduction de l’euro a rendu impossible toute correction des écarts de compétitivité entre pays par le biais de ces dévaluations qui, auparavant, étaient largement utilisées par les pays du Sud. Ensuite, les critères de « convergence budgétaire » n’ont cessé de s’ajouter les uns aux autres, de ceux de Maastricht en 1992, à l’introduction de la règle d’or par le Pacte budgétaire européen en 2012. Dès lors, sans même disposer des avantages que pourrait présenter un budget fédéral européen, les politiques budgétaires nationales se trouvent ficelées. Et comme l’écrit Lapavistas, « avec de telles contraintes, la compétitivité des pays membres de la zone ne repose plus que sur une seule variable : le travail ».
Deuxième élément ayant fortement joué en défaveur du travail : la crise des écarts de compétitivité commuée en crise « de la dette ». Toutes les politiques économiques menées aujourd’hui par les pays de l’eurozone semblent ne viser qu’un seul objectif : réduire les déficits publics pour éponger les dettes. Ces dettes qui ne sont rien d’autre que les économies des prêteurs, c'est-à-dire, comme le signale Emmanuel Todd « l’argent des riches ».
Or c’est bien pour rembourser « l’argent des riches » - autrement dit pour rémunérer le capital - qu’une invraisemblable pression est exercée à la baisse sur la rémunération du travail. C’est surtout vrai au Sud, où les travailleurs se voient imposer la baisse des salaires et des retraites, les « réformes structurelles », ou, plus simplement encore, le chômage. Mais c’est également vrai – quoique moins connu – au Nord. Il faut lire Made in Germany, du journaliste économique Guillaume Duval, pour réaliser les sacrifices demandés aux travailleurs allemands, du détricotage méticuleux du droit du travail sous Gerhard Schröder, à la multiplication des « mini-jobs » aujourd’hui.
L’ouvrage dirigé par Cédric Durand a finalement le mérite d’ouvrir des pistes de réflexion plus audacieuses que celles habituellement énoncées à gauche, même si certaines analyses – la critique de l’euro en particulier – ne sont pas, à proprement parler, inédites.
Sans doute reste-t-il maintenant à envisager des solutions. Car s’il semble urgent d’en finir avec l’européisme fonctionnaliste, non seulement pour sortir de la crise, mais également par souci démocratique. Comme le disait Mendès France, « il y a deux façons pour une démocratie d'abdiquer : remettre ses pouvoirs à un homme ou à une commission qui les exercera au nom de la technique ».
Il est vrai que souvent, les critiques radicales de la construction européenne proviennent des milieux dits « souverainistes ». Ceux-ci voient dans l’unification continentale un dessaisissement des États et une occasion de délitement des souverainetés nationales. Ces « souverainistes » se voient régulièrement objecter - injustement parfois - leur « nationalisme », ou leur tentation du « repli frileux ».
On est moins prompt, à la « gauche de la gauche », à critiquer l'idée européenne. La tradition internationaliste rend la chose difficile. La contestation, qui se révèle souvent vague et générale, se focalise sur le caractère « néolibéral » de l’Union européenne, et demeure en retrait quant aux les ruptures préconisées.
Pour s'en convaincre, il n'est qu'à voir la manière dont est traitée la question de l'euro par les différents partis de gauche radicale européens. En Grèce, Syriza dénonce « une Europe économique, de l’austérité » mais se garde bien de proposer une sortie de l’euro. En Allemagne, Oskar Lafontaine, fondateur de Die Linke, ne s'est prononcé que très récemment en faveur du retour « à un système qui rende possible les dévaluations et les réévaluations, comme c’était le cas avec le prédécesseur de la monnaie unique, le Système Monétaire Européen ». En France, Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, n'a pas franchi le pas. L’anthropologue Emmanuel Todd, sentant bien là une contradiction, adresse d’ailleurs à la « gauche de la gauche » le reproche suivant : « elle veut dépasser le capitalisme mais pas l’euro, elle veut dépasser une économie marchande qui fonctionne en gardant une monnaie qui ne fonctionne pas ».
Cette « timidité de gauche » est étonnante. C’est donc l’un des points fort d'En finir avec l'Europe que d’y pallier en partie, en démontrant la légitimité d'une critique marxiste de l'Union européenne, notamment de son volet monétaire.
Le livre n’est pourtant pas un livre d'économie. C’est un ouvrage pluridisciplinaire. Il regroupe des textes d'universitaires européens de spécialités variées : anthropologie, philosophie politique, sociologie. Quoiqu'il en soit, l'analyse à caractère économique tient une place de choix dans ce recueil, et pour cause : si l’aventure européenne relève aussi d'un processus politico-institutionnel, elle est née avant tout d'un présupposé « économiste » typique du libéralisme, et de l'idée qu'une imbrication matérielle de fait finirait par générer de l’adhésion politique. C'est sur cette illusion que s'est bâtie la construction européenne dès l’origine, en application de la très simpliste « méthode Monnet ».
Une chimère fonctionnaliste, donc, telle est l’Europe que nous connaissons. Excipant pour la forme d’une vague ambition de Paix perpétuelle, on a multiplié les normes et les instruments, sans guère s’interroger sur le sens de l’action, bref, sur la nature du projet politique à bâtir. Enchevêtrement de règles et d’outils, l’UE est devenue, pour reprendre une formule de Castoriadis, « un marteau sans une main pour le guider, sa masse croissant toujours, son rythme toujours plus rapide ».
C’est ce que tentent de montrer Cédric Durand et Razmig Keucheyan dans l’un des chapitres les plus originaux du livre. En utilisant grille d’analyse des crises élaborée par Antonio Gramsci, ils mettent à jour un « césarisme bureaucratique » de l’Europe, soit la propension des structures technocratiques à s’autonomiser et à confisquer l’exercice du pouvoir. Une mise en congé de la démocratie facilitée par la crise, qui « pousse le pouvoir politique à se protéger de la pression populaire ».
L’affaire est en partie connue et une mise en image de ce « césarime » peut-être vue dans « Bruxelles, le vrai pouvoir », un documentaire récemment diffusé par France 5. Mais le film insiste, peut-être avec excès, sur le rôle joué par la Commission. C’est oublier combien la Banque centrale européenne s’est autonomisée elle aussi, profitant de l’indépendance que lui confèrent ses statuts. Durand et Keucheyan ne s’y trompent pas : c’est elle, désormais, qui semble prendre les décisions capitales. C’est sa voix qui est écoutée. Il n’est qu’à se rappeler la béatitude provoquée sur les marchés par cette déclaration de Mario Draghi l’été dernier : « la BCE fera tout pour sauver l’euro, qui est irréversible ». Quel chef d’État ou de gouvernement européen peut aujourd’hui prétendre rassurer les investisseurs par une simple phrase ?
L’autre point fort d’En finir avec l’Europe réside dans la charge contre la monnaie unique européenne, rare à gauche. Or les arguments développés par Wolfgang Streeck et, plus encore, par Costas Lapavistas, prouvent le bien-fondé d’une critique marxiste de l’euro, au-delà des traditionnelles vitupérations contre le « néolibéralisme européen ».
L’ouvrage le rappelle à plusieurs reprises : la mise en place de l’euro a signé le début d’un long processus de transfert de la plus-value du travail vers le capital. Pour deux raisons principales. D’abord, l’introduction de l’euro a rendu impossible toute correction des écarts de compétitivité entre pays par le biais de ces dévaluations qui, auparavant, étaient largement utilisées par les pays du Sud. Ensuite, les critères de « convergence budgétaire » n’ont cessé de s’ajouter les uns aux autres, de ceux de Maastricht en 1992, à l’introduction de la règle d’or par le Pacte budgétaire européen en 2012. Dès lors, sans même disposer des avantages que pourrait présenter un budget fédéral européen, les politiques budgétaires nationales se trouvent ficelées. Et comme l’écrit Lapavistas, « avec de telles contraintes, la compétitivité des pays membres de la zone ne repose plus que sur une seule variable : le travail ».
Deuxième élément ayant fortement joué en défaveur du travail : la crise des écarts de compétitivité commuée en crise « de la dette ». Toutes les politiques économiques menées aujourd’hui par les pays de l’eurozone semblent ne viser qu’un seul objectif : réduire les déficits publics pour éponger les dettes. Ces dettes qui ne sont rien d’autre que les économies des prêteurs, c'est-à-dire, comme le signale Emmanuel Todd « l’argent des riches ».
Or c’est bien pour rembourser « l’argent des riches » - autrement dit pour rémunérer le capital - qu’une invraisemblable pression est exercée à la baisse sur la rémunération du travail. C’est surtout vrai au Sud, où les travailleurs se voient imposer la baisse des salaires et des retraites, les « réformes structurelles », ou, plus simplement encore, le chômage. Mais c’est également vrai – quoique moins connu – au Nord. Il faut lire Made in Germany, du journaliste économique Guillaume Duval, pour réaliser les sacrifices demandés aux travailleurs allemands, du détricotage méticuleux du droit du travail sous Gerhard Schröder, à la multiplication des « mini-jobs » aujourd’hui.
L’ouvrage dirigé par Cédric Durand a finalement le mérite d’ouvrir des pistes de réflexion plus audacieuses que celles habituellement énoncées à gauche, même si certaines analyses – la critique de l’euro en particulier – ne sont pas, à proprement parler, inédites.
Sans doute reste-t-il maintenant à envisager des solutions. Car s’il semble urgent d’en finir avec l’européisme fonctionnaliste, non seulement pour sortir de la crise, mais également par souci démocratique. Comme le disait Mendès France, « il y a deux façons pour une démocratie d'abdiquer : remettre ses pouvoirs à un homme ou à une commission qui les exercera au nom de la technique ».
En revanche, congédier une saine coopération des peuples d'Europe n’est guère envisageable, pas même souhaitable. Il semble au contraire que les européens soient condamnés à mettre en commun leurs talents pour tâcher de trouver une issue, ainsi qu’en témoigne d’ailleurs assez bien ce petit ouvrage pluridisciplinaire et plurinational.
Lire et relire sur l'arène nue :
Lire et relire sur l'arène nue :
"Les Français ont été les cocus de l'Europe", entretien avec JM Quatrepoint CLICK
Europe : est-ce vraiment l'Allemagne qui paie ? CLACK
Référendum sur l'Europe : et si on faisait comme Ayrault a dit ? CLICK
J'ai lu un édito eurosceptique dans Le Monde CLONCK
Libération de la parole eurosceptique : voici Quatremer ! CLOUCK
Le problème de l’Europe ne réside pas dans l’existence d’une puissance bureaucratique qui s’adjugerait tous les pouvoirs, il est au contraire dans la mise en place d’institutions dont le rôle se borne à empêcher toute décision. Il n’y a pas un pouvoir qui passe des Etats à la commission, il y a une annihilation des pouvoirs – ce qui est différent. Le peuple n’a plus le pouvoir, mais, étrangement, les institutions ne l’ont pas non plus.
RépondreSupprimerEn ce sens, l’Europe, telle qu’elle existe aujourd’hui, est un viol de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, car celle-ci stipule que le pouvoir appartient à la nation et que la loi est la volonté de tous. Or pour que le peuple exerce le pouvoir, il faut que le pouvoir existe.
Cet éclatement du pouvoir – seul détenteur, en démocratie, de la violence légitime – favorise l’émergence d’une violence économique et sociale insupportable. L’individu, déconnecté du lien au pouvoir, devient la victime de puissances oligarchiques qui fonctionnent en réseau, qui peuvent exercer cette violence, parce qu’elles se connaissent et qu’elles échappent aux conséquences de cette violence (les riches d’Emmanuel Todd).
Là est la difficulté. Nous avons trop longtemps pensé la nation comme le mal absolu. Nous avons oublié que la nation a été, historiquement, le remède aux maux de l’Europe. Les victoires de la nation en Europe, c’est 1848, 1918 et 1945. Or ces victoires sont corrélées à de grandes avancées sociales : abolition de l’esclavage, droit de vote des femmes, démocratie en Allemagne et Tchécoslovaquie, invention de la sécurité sociale, etc.
La gauche, en France, qui a longtemps porté cette valeur de nation, l’a abandonnée pour des chimères libérales. Elle favorise ainsi le retour à un système impérial. Les partisans de la nation existent dans le monde, ils ne prônent pas la violence, ils acceptent les relations amicales entre les nations : ils s’appellent Mandela, Aminata Traoré, Aung Saan Su Kyi ; hier Gandhi, Nehru ou Winston Churchill. Ils ne définissent pas le monde comme un lieu de guerre, mais comme un lieu de paix. Mais ils admettent que les nations peuvent décider pour elles-mêmes. La gauche ferait bien de réinvestir ces hautes figures plutôt que de commémorer des valeurs qui ont conduit – trop souvent – le monde à la guerre.
Pas d'accord avec vous sur le pouvoir : le pouvoir existe toujours.
SupprimerIl n'est certes plus entre les mains des peuples ou de ses représentants, mais entre les mains d'une économie marchande qui n'a jamais été aussi forte et aussi développée quaujourd'hui.
"Si l’aventure européenne relève aussi d'un processus politico-institutionnel, elle est née .... de l'idée qu'une imbrication matérielle de fait finirait par générer de l’adhésion politique".
RépondreSupprimerCette idée n'est pas morte. Nous pouvons la retrouver dans la politique et l'idéologie de certains pays, comme les Etats-Unis, qui promeuvent l'idée que le libéralisme mène à la démocratie, ce que les faits démentent. Ce serait plutôt le contraire, comme l'explique très bien Jacques Sapir.
Ce qui est plus étonnant, en tout cas de prime abord, c'est que Monnet, si souvent loué par les apologues de cette belle Europe, était bel et bien au service des Etats-Unis et de leur vision du monde.
Autrement dit, il n'y a rien d'étonnant à ce que cette construction destinée à servir des intérêts, qui lui sont étrangers, soit un échec.
A propos de l'Italie :
RépondreSupprimerMario Monti laisse derrière lui une dette publique de 1988,658 milliards d'euros, soit 127 % du PIB. Mario Monti a fait la preuve de sa nullité. Mario Monti a fait la preuve de son incompétence.
Concernant le secteur privé en Italie, lisez cet article :
Le Nord de l'Italie "au bord du précipice économique" (Confindustria).
La crise qui frappe l'Italie touche aussi le Nord très industrialisé et traditionnellement prospère qui est "au bord du précipice économique", a affirmé jeudi le patron des patrons Giorgio Squinzi.
Si le Nord s'effondrait, "il entraînerait à sa suite tout le pays qui retournerait en arrière de 50 ans et serait exclu de l'Europe qui compte", a déclaré M. Squinzi en ouverture de l'assemblée annuelle de la Confindustria, l'organisation patronale italienne, à Rome.
Le patron des patrons italiens s'est dit très préoccupé aussi par la poussée du chômage (11,5% et 38,4% chez les actifs de 15-24 ans).
"Le manque de travail est la mère de tous les maux sociaux", a souligné M. Squinzi en appelant à affronter ce problème "sur le plan structurel et de façon équilibrée en intervenant à la fois sur les coûts, la productivité et la réglementation". Selon lui, "les entreprises sont prêtes à soutenir l'action du gouvernement par des investissements et des embauches".
Il a souhaité que le gouvernement dirigé par Enrico Letta qui est le premier de l'après-guerre à rassembler la gauche et la droite, ait "devant lui le temps de mettre en oeuvre les politiques nécessaires". Le patronat voudrait en particulier "une fiscalité qui soutienne qui crée de la richesse et la distribue, qui soit transparente et respectueuse des droits des citoyens et des entreprises".
Selon lui, la relance de l'économie italienne doit "avoir comme pilier porteur la politique industrielle".
Le président du Conseil Enrico Letta assistait à cette réunion et a estimé qu'il faut "redonner la priorité à l'industrie" dans les économies européennes.
"On a pensé en Italie et en Europe pouvoir se passer de l'industrie, faisant de la croissance sans industrie ou en laissant la tête ici et en envoyant le reste ailleurs", a expliqué M. Letta. Mais cette phase s'est terminée "par des résultats non positifs: l'UE a perdu son leadership". Selon lui, l'Europe doit être la force de propulsion pour atteindre de "grands objectifs comme porter le PIB de l'industrie manufacturière à 20% du total en 2020".
M. Squinzi a aussi évoqué "le drame" du secteur de la construction "une crise si profonde que nous demandons à vous, Monsieur le président (du Conseil) une intervention spéciale pour sauver ce volant fondamental de l'économie".
Le patron des patrons a aussi évoqué la nécessité de contrecarrer "la troisième vague de menace de credit crunch (réduction radicale des crédits alloués par les banques)", illustrée par le fait que le stock de crédits accordés a chuté de 50 milliards d'euros ces 18 derniers mois alors qu' "un tiers des entreprises ont des liquidités insuffisantes par rapport à leurs besoins d'activité".
http://www.romandie.com/news/n/ItalieLe_Nord_de_l_Italie_au_bord_du_prpice_nomique_Confindustria_RP_230520131339-26-361755.asp
L'euro est mal né, c'est un fait. Le traité de Maastricht qui l'a mis en place était mal ficelé et partait d'un principe totalement erroné: la concurrence "libre et non faussée" qui a conduit au démantèlement des services publics et à tirer le coût du travail, et donc les salaires, vers le bas.
RépondreSupprimerPour autant, est-il possible de revenir en arrière? Je n'en suis pas sûr. L'euro, c'est aussi la possibilité de travailler et d'effectuer ses achats dans un pays frontalier sans restriction, et je vois mal les pièces de monnaie grecques, espagnoles ou italiennes qui truffent nos porte-monnaie perdre toute valeur du jour au lendemain.
Par contre, nous devons (nous, citoyens, théoriquement détenteurs du pouvoir dans une démocratie) redéfinir des objectifs économiques et sociaux qui tirent vers le haut les pays: effacement pur et simple d'une partie de la dette, possibilité d'emprunt direct à une banque européenne placée sous le contrôle des états, création de services publics, hors d'une logique marchande, à l'échelle du continent, investissements communs en infrastructures et politique industrielle coordonnée.
Il y a eu un aveuglement incroyable et totalement incompréhensible de nos hommes politiques à penser qu'on pouvait réaliser une union économique et monétaire en Europe avec des pays aussi différents en terme de PIB, de démographie, de structure économique que l'Allemagne, la France, la Grèce ou Chypre. Nous en payons le prix fort aujourd'hui.
RépondreSupprimerLes crises ont toujours existé en Europe mais il fut un temps (à l'époque de Jean Monnet par exemple) où les dirigeants européens essayaient d'en sortir par le haut en ayant pour ambition le bien être des peuples qui la composent. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Angela Merkel n'a pour ambition que le bien être des Allemands, comme F. Hollande n'a en tête que celui des Français.
Quel dirigeant en Europe (je n'ose pas dire européen) aura suffisamment d'intelligence et de hauteur de vue pour faire passer le bien de l'Europe et des Européens (car pour moi on ne peut dissocier l'un de l'autre) avant celui de ses nationaux ?
Il ne faut pas avoir peur du conflit avec les Allemands en allant jusqu'à menacer de sortir de l'euro. Cela aura au moins le mérite d'ouvrir le débat sur les objectifs que l'Europe doit se fixer. Il n'y a rien de pire que le concensus mou.
Ce n'est qu'unie que l'Europe peut espérer faire le poids face à des géants économiques comme les Etats Unis ou la Chine.
Encore faut-il redéfinir ses objectifs et travailler ensemble à une Europe qui ne soit pas uniquement celle du libéralisme et de l'austérité qui plombent aujourd'hui jusqu'à la croissance mondiale.
La montée du Front National en France mais également de l'extrème droite dans toute l'Europe devrait faire réfléchir nos hommes politiques.
Nos concitoyens ne sont ni idiots ni sourds ni aveugles. Le rejet de la Constitution européenne était déjà un signe clair. La sagesse des peuples, leur clairvoyance, leur conscience politique est souvent plus grande qu'on ne croit et en tout cas plus grande que celle de nos élites, énarques et technocrates de tous bords.
Il est dommage que nos démocraties n'aient plus de démocratiques que le nom.
Il est encore temps de changer les choses. Si nous n'agissons pas maintenant, demain il sera trop tard.