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mercredi 18 mai 2011

Affaire DSK : ne perdons pas la bataille de la morale !


Dans l’affaire DSK, le temps est maintenant venu de parler de la victime. Les associations féministes ont donné le coup d’envoi de cette nouvelle séquence tant il est vrai que la femme de chambre de l’hôtel new-yorkais a été peu évoquée jusque là. Pour « Osez le féminisme », il est grand temps de réparer cette erreur. « Il est très peu fait état de la présumée victime dans les différents sujets », tonne l’association. Que l’attention se soit d’abord focalisée sur DSK parce qu’il est à la fois directeur du FMI, ancien candidat favori des sondages à la primaire socialiste et surtout citoyen français semble ne pas être une raison suffisante. Et que la victime présumée paraisse avoir fait le choix de la plus grande discrétion possible semble n’avoir guère d’importance. Par souci d’équité paritaire, il convient de parler d’elle.

On a également pris soin de recueillir en urgence l’avis de quelques femmes politiques : c’est bien connu, en matière de viol, seules les femmes ont un avis. Exit l’idée que les hommes soient eux aussi capables d’humanité, donc de compassion. Exit aussi la honte éventuelle qu’éprouvent certains d’entre eux face au crime sexuel, honte collective que chacun assume nécessairement un peu en tant que représentant de la « gent masculine ». Ainsi, si les hommes publics sont habilités à parler autant qu’ils veulent de Dominique Strauss-Kahn, c’est aux femmes politiques que revient la charge de parler de (et pour) la victime. Ceci donne parfois lieu à des considérations de très haute volée comme ce rappel de Valérie Pécresse « si les faits sont avérés, la vraie victime est la jeune femme ». Comme si quelqu’un en avait douté…

Si l’on a peu parlé de la victime jusqu’alors c’est peut-être qu’on était occupé à parler d’autre chose. Depuis deux jours en effet, les commentaires vont bon train sur le principe de la présomption d’innocence, et sur le non-respect d’icelle qu’induit la divulgation de quantité de photos d’un Strauss-Kahn dévasté. La question méritait en effet d’être posée, tant certaines photos sont accusatrices en elles-mêmes, même exemptes de commentaires.

On aura beau conspuer les showmen de la police new-yorkaise, et cette mise en scène volontairement tapageuse d’un DSK menotté, on pourra vilipender le caractère implacable de la justice américaine, il demeure que c’est dans la presse française que ces images tournent à présent en boucle. Rien n’y fait, ni le rappel à l’ordre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), ni la violation flagrante des dispositions de notre droit. Car l’article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 relatif à la liberté de la presse est clair. Il punit d’une amende lourde : « la diffusion (…) de l’image d’une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation et faisant apparaître soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire ».

On ne reviendra donc pas sur les images de Dominique Strauss-Kahn have et abattu face au juge Melissa Jackson. Elles ont été largement commentées. On peut après tout considérer que la surmédiatisation de ce sinistre moment est une sorte de « rançon du succès », le prix à payer pour la surmédiatisation antérieure d’un homme à qui tout souriait, et auquel on promettait un avenir doré.  

On passera aussi sur la dramatisation teintée de sadisme qu’impliquent les descriptions apocalyptiques et les images de la prison de Rickers Island, « la pire des prisons américaines ». De même, on feindra d’ignorer les considérations émises par une batterie de psychiatres, psychanalystes et autres « experts » autour du thème « être un séducteur, est-ce pareil qu’être un violeur ? ». Après tout, il faut bien occuper le terrain jusqu’à vendredi, date à laquelle se réunira le fameux « Grand jury ».

En revanche, il est une chose sur laquelle il devient franchement délicat de passer. Difficile, en effet, de jouer l’indifférent alors que commencent à être publiés un peu partout des extraits de l’acte d’accusation qui incrimine Dominique Strauss-Kahn, avec un degré de détail qui va de l’allusion pseudo pudique au déballage façon « et si on se disait tout ? ». Car certains journaux manifestement déterminés à transformer leur lectorat en une bande de voyeurs pervers ne nous épargnent rien. Celui qui ignorait ce que recouvre la notion américaine « d’acte sexuel criminel » se trouve bien vite déniaisé.

Face à cet étalage de détails crus, on oscille entre l'écœurement scandalisé et le plaisir sadique, sentiments apparemment paradoxaux mais cependant bien assortis, comme le savent sans doute les amateurs de tabloïds, et comme on aurait largement préféré l’ignorer. C’est alors que l’on repense à deux choses. A la présomption d’innocence, une nouvelle fois bafouée, et de quelle façon ! Et à la présumée victime, puisqu’il convient à présent d’en parler. Alors, on se demande s’il est désormais possible de lui faire endurer pire que cette minutieuse description de son clavaire, si tant est qu’il ait eu lieu. C’est sur cela, sans doute, que devraient à présent se pencher les associations féministes.

Nicolas Sarkozy a déclaré que la gauche avait perdu la bataille de la morale. Cela n’est bien évidemment pas vrai. D’abord parce qu’à ce stade nous ne connaissons pas la vérité, ensuite parce que l’acte d’un homme isolé ne saurait discréditer tout un courant politique.

En revanche, à se repaître ainsi de cette affaire comme on se repaissait jadis des jeux du cirque, c'est nous, collectivement, les exhibeurs comme les voyeurs, qui sommes en train de la perdre, cette bataille. 

2 commentaires:

  1. s'il ya quelqu'un qui a perdu la bataile de la morale c'est bien sarkhozy en personne parce que qu'il s'est fabrique de faux pretexte dans la guerre de la lybie pour défendre des civils rebelles il tue d'autres civils et mieux ne veut pas prendre sa population qui demande refuge il a augmenté le sentiment antioccident dans le monde

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  2. SARKHOZY a condamné un présumé coupable avant la justice à qui profite cette condamnation?

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