Entretien
Jean-Claude Blanc est professeur agrégé de philosophie. Particulièrement soucieux des questions de laïcité et du devenir le l’école publique, il donne régulièrement des conférences dans le Sud de la France. Il avait donné une précédente interview à l'arène nue sur le thème de l'école. A lire ici CLICK
Coralie Delaume. Dans Le Monde de samedi dernier puis lors de son université d’été à La Baule, Marine Le Pen s’est livrée à une offensive « laïque » virulente, annonçant son désir de bannir del’espace public tous les signes d’appartenance religieuse, du voile islamique àla kippa. Pensez-vous que l’on assiste à une conversion laïque du Front
national ?
Jean-Claude Blanc. Je
crois que Le Monde a eu bien raison
de mettre des guillemets en évoquant une offensive « laïque » de
Marine Le Pen. Parce que sa sortie n’a rien à voir avec la laïcité, tout
simplement. Pas plus que la loi interdisant le port de la burqa en son
temps : elle n’avait rien à voir avec la laïcité, quoi qu’on ait pu dire à
l’époque.
Toute
la difficulté vient d’une mauvaise compréhension de cette distinction que
laïcité établit entre la sphère publique (où la neutralité s’impose), et la
sphère privée, où l’expression est libre. C’est le terme de “public” qui est
difficile à entendre. Car il faut le prendre dans un sens juridique et non
comme l’utilise le langage commun.
Dans le
langage commun, la rue est un espace public et le domicile est un espace privé.
On est ainsi tenté croire que le privé, c’est l’intime, ce qui se passe chez
soi, tous volets clos. Evidemment, c’est une erreur d’interprétation. Si je
promène mon chien dans la rue, c’est une activité privée, même si je suis “en
public” A l’inverse, si je corrige, chez moi, dans le cadre de mon activité
professionnelle, les devoirs de mes élèves, c’est une activité qui relève de la
sphère publique, parce que je suis un fonctionnaire payé pour ça.
Il y a donc une imprécision lorsqu’on dit que
la laïcité s’impose dans les lieux « publics » ?
Il faut
voir ce que l’on désigne par le terme de “public” quand on parle de laïcité. Il
s’agit en fait du domaine de l’Etat, pris au sens large du mot. L’Etat, ce
n’est pas seulement un pouvoir central, le gouvernement par exemple. L’Etat est
partout dans la mesure où ses lois s’appliquent sur tout le territoire, ses administrations
le couvrent aussi. Et les collectivités locales n’en sont que des
subdivisions. Voilà pourquoi la mairie, le commissariat, le tribunal, l’école surtout
sont des lieux où la neutralité doit être telle que chacun peut s’y sentir chez
soi.
La rue,
elle, n’est plus du domaine de l’Etat. La rue est seulement un lieu ouvert au
public. Il est donc clair donc que si on veut régenter les tenues
vestimentaires dans les rues, on n’est plus sur le terrain de la laïcité.
Marine
Le Pen le savait-elle ? Ou cherche-t-elle à trouver une couverture
“républicaine” pour dissimuler une entreprise qui ne l’est pas? Elle est
juriste, elle devait le savoir. Mais elle est aussi fraichement
convertie...L’excusera qui veut.
Plus
étonnante, et à certains égards, instructive, la réaction de M. Prasquier, président du CRIF (conseil représentatif des institutions juives) qui s’est
aussitôt insurgé non contre l’amalgame de Mme Le Pen, mais contre “les
intégristes de la laïcité” parmi lesquels il la place !
Il n’est pas le seul à réagir ainsi. La
presse s’est relayée tout le week-end pour qualifier Marine Le Pen de
« laïcarde »…
Justement.
Il faut réfléchir à cela aussi. On a beaucoup entendu parler des “intégristes
de la laïcité”. Le pape Pie XI en parlait déjà dans une grande encyclique de
1929 sur l’éducation. La bataille laïque était encore vive et il réaffirmait
alors que l’Eglise catholique devait avoir le monopole de l’éducation, et que
les enfants catholiques ne devaient en aucun cas se mêler aux autres enfants
dans les écoles dites “laïques”. Belle manifestation d’un vrai problème: Il est
très difficile pour un esprit religieux, qui se sent donc porteur non d’une
opinion quelconque, mais d’une vérité qu’il vit comme divine, de souscrire
pleinement, et dans toutes ses dimensions, à la laïcité. Car celle-ci n’est pas
une option spirituelle parmi d’autres (croyants, agnostiques, athées). Elle est
seulement une institution qui organise la coexistence pacifique de ces
différentes options, assurant au passage la liberté de conscience de chaque
individu.
Un
examen trop sommaire pourrait laisser penser que la laïcité est une doctrine
qui, comme toutes les autres, produit son lot d’esprits rigides et même de
fanatiques. D’où le charmant vocabulaire utilisé contre ceux qui, contre vents
et marées, essaient de défendre ce système de tolérance: laïcistes, laïcards,
intégristes laïcs.
Ces
gracieusetés en disent toujours plus long sur ceux qui les prononcent que sur
ceux qu’on voudrait désigner ainsi. Car il est n’est utilisé que par ceux qui
ont du mal, et l’avouent ainsi, à s’accommoder de la laïcité et donc de la
tolérance. Peut-on être sérieusement considérer qu’il existe des fanatiques de
la tolérance ?
Vous dites qu’on ne peut pas
être « trop laïque ». Et vous parlez de tolérance. Mais la laïcité n’est pas la
tolérance, puisqu’un certain nombre de comportements – je pense par exemple au
port de signes religieux à l’école publique – ne son pas tolérés.
La laïcité n’est rien d’autre finalement qu’une organisation politique de la tolérance. Un moyen de la rendre obligatoire en lui donnant la forme de la loi.
Ce faisant, évidemment, on s’écarte un peu de la tolérance pratiquée par un
sujet quelconque. La tolérance individuelle est généreuse, sympathique
toujours. Mais on ne peut oublier qu’elle est subjective, c’est à dire souvent
partielle et partiale. Elle est en outre très souvent suspecte: c’est le plus
fort qui décide de ce qui est toléré et de ce qui ne l’est pas. La tolérance
est la vertu du chef, du propriétaire, de celui qui domine. C’est pourquoi
d’ailleurs si nous voulons bien parfois être tolérants, nous ne demandons que
rarement à être tolérés....Mirabeau, Condorcet au XVIII° s avaient signalé cet
aspect ambigu de la tolérance. Le philosophe Alain faisait remarquer qu’on peut
tolérer un chien dans la salle à manger. Quant à Claudel, tout le monde se
souvient de sa formule: “la tolérance, il
y a des maisons pour ça”. Oui, c’est une vertu, mais une vertu à pratiquer
avec précaution.
Quant à
laïcité, elle a les inconvénients et les avantages de la loi: quand on s’y
oppose elle contraint. Toute loi est contraignante et toute transgression de la
loi est sanctionnée. Mais quand la tolérance se fait loi, elle perd tous ces
aspects troubles que je viens d’évoquer. Finalement, même si elles sont issues
d’un même idéal humaniste, si j’avais à choisir, je préfèrerais la laïcité à la
tolérance. Parce que Spinoza a raison de dire qu’il est plus sage de s’en
remettre à de bonnes institutions qu’à la vertu toujours incertaine des hommes.
Je sais
qu’à l’occasion du débat sur les signes ostentatoires à l’école, on a voulu
opposer la tolérance (supposée généreuse) à la laïcité (dénoncée comme étriquée).
C’est tout bonnement idiot. Ou malhonnête, c’est selon. C’est l’époque où on
parlait de laïcité, “ouverte”, “positive”, bref de laïcité qu’il fallait
réviser d’urgence. Un vrai symptôme de la part de ceux qui parlaient ainsi.
Montrons-le :
sur les traces du philosophe Locke, demandons-nous ce que serait une tolérance
parfaite, par exemple en matière religieuse. Catherine Kintzler nous propose de
résumer celle-ci en 3 propositions: Dans un pays où la tolérance est parfaite :
1) nul
n’est tenu d’avoir telle ou telle religion. C’est la position de Locke. Toutes
les religions peuvent se pratiquer librement,
2) nul
n’est tenu de pratiquer une religion. Là, on va bien plus loin que Locke qui
lui pense qu’on ne peut admettre l’athéisme ou l’agnosticisme. Avec ce deuxième
principe, on acquiert le droit d’être athée. C’est là le point délicat, le plus
difficile à admettre pour les croyants.
3) nul
n’est tenu de n’avoir aucune religion: ceci signifie qu’il n’y a pas d’athéisme
d’Etat, comme il y en a eu, à une certaine époque, en Union soviétique. Le
principe signifie qu’on ne saurait être inquiéter au seul motif qu’on pratique
une religion.
Voilà
la tolérance parfaite. Qui ne voit dans cette description que cette tolérance
parfaite est aussi, tout bêtement la laïcité ?
D’aucuns disent que certaines religions
sont plus adaptables que d’autres à la laïcité, notamment celle qui enjoint de
« rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Qu’en
pensez-vous ?
On peut
avoir le sentiment qu’il y a des religions qui portent plus que d’autres à
l’intolérance. Par exemple l’Islam qui punit de mort l’apostasie, c’est à dire
l’abandon de la religion, peut sembler plus antinomique que d’autres à la
laïcité.
Pour ma
part, je pense que c’est seulement une affaire d’époque, de moment historique.
A la fin du Moyen-âge, les philosophes arabes musulmans qui amènent en
Espagne, les textes d’Aristote, étaient complètement libres par rapport au
pouvoir religieux. Au même moment, à la Sorbonne , la philosophie ne pouvait que servir la
théologie. La police des esprits y était impitoyable et rigide....Donc les
religions ne sont pas toujours également agressives. Cela change avec les
époques. Mais j’ai l’impression qu’il y a toujours quelque chose d’inquiétant
au fond de toutes les religions.
Du fanatisme en germe dans toute
croyance ?
Oui. Je
m’explique. Les croyants, en tant qu’individus, peuvent être tolérants, le sont
même souvent s’ils ont vécu dans un monde de diversité. Les religions, elles,
ne le sont que lorsque les rapports de force les contraignent à l’être. Toute
l’histoire en témoigne. Le christianisme que vous évoquiez plus haut, une
religion d’amour, n’a jamais hésité à s’imposer, y compris avec les procédé les
plus barbares, lorsqu’elle a avait les moyens. Il faut regarder en détail ce
que fut l’Inquisition : on en reste pétrifié. Ce n’est pas un moment bref
de l’histoire. Les procédés n’ont pas été des “bavures”. Ils ont été constants.
Vous
pouvez penser que c’est du passé. Et c’est vrai qu’il y a eu, par exemple pour
le catholicisme, la modernisation de Vatican II, ce concile qui conduisit
à reconnaitre qu’il y a d’autres religions et qu’il faut les accepter.
Mais il
faut voir à quel point cet exercice est difficile pour une religion. Il faut
toujours, au bout du compte, que cette tolérance apparaisse comme une
concession de la vérité à l’erreur tolérée. Les communautés religieuses ne se
vivent en effet jamais elles-mêmes comme un secteur de l’opinion. Elles
se vivent comme porteuse de LA vérité, d’une vérité divine, qu’on ne défendra
jamais trop. A partir de là, la glissade est toujours possible..... Et on doit
bien admettre que, quel que soit le contenu souvent admirable des enseignements
qu’elles donnent, les religions, depuis les tribunaux religieux jusqu’aux aux
répressions et aux guerres de religion, ont fait au final plus de morts que les
empires.
En
revanche, les religions donnent le meilleur d’elles mêmes, lorsqu’elles sont
sur leur terrain propre, celui du spirituel. Lorsqu'elles sont tenues à l’écart
du pouvoir temporel. Beaucoup de croyants de toutes les religions ont, je
crois, compris cela, et admettent que la mise à distance du pouvoir temporel
qu’impose la règle de la laïcité à libéré et épuré le message proprement
spirituel de la religion.
Lire et relire :
Après le voile et la kippa, Marine Le Pen enlève le bas ? CLICK
Lire une interview de Catherine Kintzler sur la laïcité ici CLICK
L'étrange débat de Nicolas Sarkozy CLOCK
Lire et relire :
Après le voile et la kippa, Marine Le Pen enlève le bas ? CLICK
Lire une interview de Catherine Kintzler sur la laïcité ici CLICK
L'étrange débat de Nicolas Sarkozy CLOCK
Entretien passionnant.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si c'est une faute d'orthographe (j'en ai vu au moins une), mais parler de "trop laïc" ne me semble pas correct. "Laïc" et "laïque" n'ont pas le même sens. "Laïc" signifie ni ecclésiastique ni religieux. "Laïque peut être le féminin de laïc, mais aussi un mot masculin signifiant indépendant de toute organisation religieuse. L France est un état laïque, pas un état laïc. Il faut donc parler de "trop laïque".
Pardon pour ce petit cours, mais sur ce sujet souvent sensible il vaut mieux éviter de prêter à confusion.
PS. Bien sûr, vous pouvez éditer ces remarques.
Et voilà, corrigé !
SupprimerBonjour Coralie Delaume.
RépondreSupprimerJe découvre votre blog depuis Marianne.
J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de vos mises au point laïques. Vous avez raison : Catherine Kintzler est un éclair de lucidité.
Merci à Marianne d'avoir instaurer la censure des commentateurs, cela m'a incité à aller voir ailleurs : que de plaisir d'entendre, non pas d'autres discours de bistrot, mais des voix fortes, intelligentes et argumentées.
Je reviendrai vous écouter.
Jean Cohenny
Si vous aimez tant la censure, soyez rassuré vous la trouverez également ici.
SupprimerDeux billets sur la laïcité !Vous avez donc un problème avec elle et peut-être plus largement avec tout ce qui forge notre identité.
Vous n'offrez aucune résistance aux vents mauvais qui vous soufflent "communautarisme...communautarisme !" à l'anglo-saxonne.
Vous regardez, comme on regarde une ruine, s'éffriter tout ce qui faisait notre cohésion sociale.
Et vous trouvez ça beau.
Ce n'est pas de la tolérance mais de la complaisance.
C'est très intéressant, clair, merci.
RépondreSupprimerLe Haut Conseil à l’intégration (HCI) a rappelé dans un avis que la liberté religieuse ne doit pas être confondue avec la liberté d’expression religieuse qui, elle, ne saurait être absolue.
RépondreSupprimerDu temps où il y avait une gauche en France, du temps où la France était un pays laïque, on y défonçait les portes des congrégations religieuses et on expulsait de France moult religieux pour des péchés contre la laïcité et la République bien plus véniels que ceux dont se rendent coupables messieurs Moussaoui et Boubakeur. L’un demande un moratoire sur la loi de 1905, les deux relayent les demande de l’OCI (ONU confessionnel dans l’ONU composé de 57 Etats islamiques) pour un délit de blasphème contre l’islam reconnu internationalement.
Le recul du poids de l'Eglise a été le résultat d'oppositions actives. Les récentes notions d’islamophobie (inventé par l’ayatollah khomeiny principalement contre l’opposition féministe à l’islam) et la très peu pertinente discrimination entre islam et islamisme ont été mises en place pour empêcher les oppositions à l’islam.
Vous faites allusion, je crois, à un récent papier paru dans Libération sur la génèse du terme "islamophobie". J'ai trouvé ce papier intelligent et l'ai relayé il y a deux ou trois jours.
SupprimerEvidemment, on a le droit de critiquer l'islam. Et toutes les autres religions. Charlie Hebdo ne s'en prive pas, n'est-ce pas ? Et ils ne se cassent pas la tête pour mettre les formes.
En revanche, refuser d'admettre qu'islam et islamisme sont deux choses différentes est le signe soit d'un certaine mauvaise foi (je n'ose y croire) soit d'une réelle méconnaissance. N'avez vous donc jamais rencontré de musulmans "normaux", pour juger aussi vite et aussi durement ?
Et les catholiques ? Croyez-vous qu'ils sont tous adeptes de la fraternité Saint-Pie X ? Ne croyez-vous pas au contraire que la plupart sont modérés ? Moi je crois que si....
Non, je n’ai pas lu l’article paru dans Libération. C’est vers la fin des années 70 et à l’aube des années 80 que concomitamment on vit sourdre le néologisme «islamophobie» et le glissement sémantique du mot «islamisme».
SupprimerBruno Etienne est à l’origine de ce glissement, et comme il était malgré tout un locuteur de français qui savait pertinemment que islam et islamisme sont synonymes comme le sont mahométan et islamiste (cf Voltaire, Renan, etc.), il prenait le soin, du moins au début, d’adjoindre l’épithète «radical» à «islamisme».
«L'islamisme ne peut exister que comme religion officielle ; quand on le réduira à l'état de religion libre et individuelle, il périra. L'islamisme n'est pas seulement une religion d'État, comme l'a été le catholicisme en France, sous Louis XIV, comme il l'est encore en Espagne, c'est la religion excluant l'État.(...) L'islam est la plus complète négation de l'Europe ; l'islam est le fanatisme, comme l'Espagne du temps de Philippe II et l'Italie du temps de Pie V l'ont à peine connu". (Ernest Renan Discours au Collège de France en 1862).
La fraternité Saint-Pie X est très minoritaire et pas en odeur de sainteté au Vatican. En revanche 40% des Tunisiens et des Franco-tunisiens vivant en France ont voté islamiste. Bien sûr, je connais des musulmans distanciés, quand à savoir s’ils sont normaux...
Mais je ne connais pas d’instance officielle de l’islam qui ne soit pas islamiste, que ce soit la très officielle université d’al-Azhar, l’ONU dans l’ONU qu’est l’OCI, les Constitutions des Etats islamiques qui pour la plus part ont la charia pour source du droit quand ce n’est pas la principale source du droit (Egypte) ou l’unique source du droit (Golfe). Quant à notre «islam de France» ce n’est guère mieux, j’ai écrit dans un précédent commentaire ce que j’en pensais.
Je laisse le dernier mot à Erdogan : «L’expression «islam modéré» est laide et offensante, il n’y a pas d’islam modéré. L’Islam est l’Islam».
Il serait plus juste de dire que le mot "islamophobie" est redevenu à la mode récemment : il était déjà employé au début du XXe siècle, pour désigner l'attitude de certains coloniaux (et une certaine politique coloniale) en Afrique, au nord et au sud du Sahara.
SupprimerPascal Olivier : je fais ce que je peux pour publier le plus de commentaires possibles dans un esprit pluraliste, mais j'ai aussi quelques impossibilités idéologiques.
SupprimerJe suis navrée pour votre dernier commentaire qui est passé deux fois à la trappe, mais je refuse ABSOLUMENT les liens vers Riposte Laïque sur mon blog.C'est contre ma religion.
Les gens de Riposte laîque sont effectivement un peu excités: il est absurde de prétendre - comme le fait Pascal Hilout - que la seule issue pour les musulmans est de quitter leur religion! J'enseigne régulièrement dans des pays musulmans où je suis bien plus en sécurité que dans une banlieue française et où mes interlocuteurs sont ahuris devant l'indulgence dont nous faisons preuve envers les islamistes (ils emploient l'expression).
SupprimerMais cela ne m'empêche pas de lire RL, en diagonale il est vrai.
"nul n’est tenu d’avoir telle ou telle religion. C’est la position de Locke. Toutes les religions peuvent se pratiquer librement"
RépondreSupprimerEuh, non. Locke est beaucoup trop intelligent pour avoir jamais écrit une chose pareille.
Seules les croyances sont libres. Les pratiques, elles, sont soumises à la loi et peuvent donc être interdites, y compris bien sûr les pratiques qui ont pour origine des convictions religieuses.
De la même manière :
"Le principe signifie qu’on ne saurait être inquiéter au seul motif qu’on pratique une religion." (moi j'aurais plutôt écris "inquiété", mais bon...)
Tout dépend comment vous "pratiquez" votre religion. Si, par exemple, votre religion vous conduit à pratiquer la cardiectomie, vous pouvez légitimement être "inquiété".
J'arrive un peu en retard, mais je trouve les distinctions de notre ami philosophe un peu spécieuses.
RépondreSupprimerAinsi, concernant la distinction public-privé, je ne crois pas du tout que promener son chien dans la rue soit une activité privée. Je peux le faire tout nu chez moi, si je veux, mais pas dans la rue. Porter un foulard chez soi ne regarde donc pas l'Etat, mais tout ce qui se passe dans la rue est par définition public et donc intéresse potentiellement l'Etat.
La comparaison entre une philosophie médiévale libre en Islam et soumise à la théologie en Chrétienté est risible pour qui connaît un peu le bel élan philosophique des XIIIe et XIVe siècles en Occident. Il est naïf également de considérer que tout est question d'époque, que tout peut évoluer dans n'importe quel sens. Le Coran n'est pas soluble dans la modernité pour une raison toute simple, c'est qu'il est considéré comme la parole même de Dieu. Le livre en tant qu'objet est lui-même sacré, ainsi que sa langue, ce que n'a jamais été la Bible pour un chrétien.
Le petit topo sur l'inquisition me paraît également dérisoire et tout droit sorti d'une mauvaise série télé.
Bref, je regrette que, comme d'habitude, la consigne soit de tout mettre à égalité.
"Tout se vaut, tout peut s'arranger".
C'est un peu léger.
A vous qui vous permettez de dire que les autres sont "légers", j'airai jusqu'à dire que votre commentaire est stupide.
SupprimerJe vous cite : "le Coran n'est pas soluble dans la modernité pour une raison toute simple, c'est qu'il est considéré comme la parole même de Dieu".
Vous, soit vous n'avez pas lu l'Ancien Testament, soit il vous a échappé que c'était un livre abominablement violent.
Allez : on dira que vous ne l'avez pas lu. Mais qu'attendez-vous donc pour le faire ?
Bonjour,
SupprimerVous avez raison et tort tous les deux:
-Le Coran est bien,à ma connaissance,tenu pour un livre"incréé",il serait donc "consubstantiel" à Dieu -ce qui limite singulièrement le droit(y compris pour les musulmans) de le remettre en cause,même très partiellement).
- D'où la revendication par l'OCI(qui n'est pas une "officine" minoritaire)de l'interdiction du "blasphème",avec toutes les conséquences à craindre si celle-ci advenait.
J'ajouterai qu'à mes yeux ,qualifier les propos de quelqu'un de"légers"n'est pas égale à "stupides",mais bon...
Cela dit, je suis bien d'accord avec les propos de l'interviewé.
Supprimer@ Anonyme,
SupprimerEn fait, le "droit" de remettre en cause le texte sacré n'existe ni dans l'Islam ni dans les religions chrétiennes.
Sur un plan purement théorique, les deux ensembles religieux combattent avec une énergie égale le blasphème, le péché et l'hérésie.
Sur un plan pratique, il se trouve qu'aucun des deux n'a les moyens d'être menaçant ici. Mais partout où ils peuvent l'être, le blasphémateur, le pécheur ou l'hérétique a du souci à se faire.
En Russie par exemple, trois jeunes femmes ont découvert à leurs dépens qu'il vaut mieux éviter de taper le scandale dans une église orthodoxe.
Elles n'ont pas brûlé de coran, pas même une bible.
On pourrait peut être inverser la question et se demander si la modernité est soluble dans la religion. Que le texte sacré soit incréé ou non, la réponse est désespérément toujours la même: à toute petite dose, seulement.
Enfin une remise ne prespective historique !
SupprimerMerci tschok...
C'est étrange que la plupart des gens refuse de convenir que les chrétiens ont aussi, en leur temps, fait quelques dégats... Et ce n'est pas très juste.
Et que dire des intégristes chrétiens en Amérique du Nord, aujourd'hui encore ?
SupprimerVoilà des gens comme on n'a guère envie d'en croiser...
Remise en perspective historique? Vous plaisantez!
SupprimerJe n'ai jamais contesté que les chrétiens aient fait des atrocités(inquisition,guerres de religion,esclavage...).
La différence avec les islamistes,c'est que ces derniers sévissent aujourd'hui alors que ce n'est plus le cas des chrétiens(difficile mettre sur le même plan les excès des évangélistes américains et ceux des islamistes -combien de morts?
Perspective historique? C'est justement ce que vous ne faites pas,puisque vous gommez,en quelque sorte,le décalage multiséculaire.Vous avez un raisonnement anachronique en quelque sorte.
@ Anonyme,
SupprimerVerbatim: "difficile mettre sur le même plan les excès des évangélistes américains et ceux des islamistes -combien de morts?"
Excellente question. La droite évangélique US a joué un rôle crucial dans le déclenchement de la guerre en Irak et, plus globalement, dans la "croisade contre le terrorisme"
On peut les créditer d'un total compris entre 150.000 et 200.000 morts ces dernières années. Mais l'évangéliste de droite tue indirectement: il fait tuer par des soldats dans le cadre d'opérations militaires approuvées démocratiquement. Ou il déclenche des événements qui vont provoquer ces décès. Et puis surtout, il ne tue pas chez lui, ou rarement, donc ça se voit moins.
Mais, les islamistes ne sont pas en reste: comptez en gros, à l'échelle du monde, une centaine de morts par semaine dans des attentats, des massacres, des combats, etc.
Vous avez désigné les deux champions du meurtre de masse pour motif religieux. Très aguerris et performants dans leur domaine, il est difficile de les départager. Leur affrontement épique nous tient en haleine: drones contre kamikazes, qui l'emportera?
Que l'Ancien Testament soit violent, j'en conviens. Mais sa violence n'a que peu d'influence sur les événements actuels par rapport à celle de ceux qui se réfèrent au Coran.
RépondreSupprimerC'est ce que dit l'interview : c'est une question d'époque et non de nature (bonne ou mauvaise) de telle ou telle religion. Elles se valent toutes. Et mon interviewé pense qu'elles sont toutes potentiellement (j'insiste sur potentiellement) violentes.
SupprimerUn point de vue que vous semblez partager.
SupprimerJe me permets donc de vous poser la question suivante : pensez-vous que tous les régimes politiques se valent?
Non : je ne pense pas que tout se vaut.
SupprimerEntendu. Pourtant vous n'ignorez pas que tous les types de régimes politiques ont pu se montrer violents et oppressifs à un moment où l'autre. On a massacré aussi bien au nom du peuple souverain qu'au nom du roi, au nom du prolétariat aussi bien que pour l'Empereur. Il y a eu des républiques conquérantes et impérialistes, des démocraties où régnait l'oppression du petit nombre par le grand nombre, etc.
SupprimerEt cependant tous les régimes politiques ne se valent pas.
Il y en a qui sont meilleurs que d'autres.
Nous sommes bien d'accord ?
pour moi je préfère le mot neutralité que de dire laïcité , parce que avec le temps on aura d'autre convictions et d'autres doctrines plus ou moine raisonnable , j'aime la pensé libre dans un cadre plus vaste ..
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