Eva Joly, l’a encore montré hier soir lors de son ultime meeting de campagne au Cirque d’hiver : elle ose tout. Elle ose braver le ridicule en imitant, régionalisme oblige, un accent ch’ti approximatif lorsqu’elle tient meeting dans le Nord. Elle ose, elle, l’ancienne juge, dénoncer « l’instrumentalisation » de la présomption d’innocence, et s’affranchir de cette règle intangible de notre droit, pour porter des accusations lourdes à l’encontre de Nicolas Sarkozy. Elle ose arborer des lunettes qui devraient conduire Alain Afflelou directement en prison, sans même qu’on prenne la peine de s’interroger sur sa possible innocence. Surtout, hier soir, elle a osé la saillie la plus incongrue de toute la campagne présidentielle.
On connaît ses actuels démêlés judiciaires avec Marine Le Pen qu’elle a récemment qualifiée d’héritière d’un « père milliardaire par un détournement de succession ». Poursuivie en diffamation par l’héritière susdite, la candidate écologiste devrait être relaxée dans la journée.
Hier soir, l’égérie des Verts s’en prenait à nouveau à la leader frontiste. Cette dernière avait réuni ses partisans mardi soir au Zénith de Paris, et les avait harangués en ces termes : « c’est parce que vous êtes chez vous que vous avez le droit de ne plus vouloir de ces Franco-Algériens comme Mohamed Merah ! ».
Cela vaut évidemment son pesant de « points Godwins », mais la réponse de Joly bat en la matière tous les records : « nous sommes chez nous, nous, les bretons, les corses, les occitans, nous les polaks, les portos, les ritals, et les espingouins, nous les youpins, les nègres, les bougnoules, et nous…les Norvégiennes ménopausées ! » a-t-elle tonitrué.
On fait parfois grimper les sondages avec tout et n’importe quoi, sans nécessairement s’embarrasser de pudeur : les longs mois de campagne qui s’achèvent nous l’on prouvé. Les origines, les amours, les souffrances, le régime alimentaire, les déceptions, les faiblesses : tout semble bon dans le cochon. Mais faire campagne sur la ménopause, de mémoire de citoyen français, on n’avait encore jamais vu ça. Et l’on attend avec hâte qu’un candidat masculin à la présidence de la République ose faire le « coming out » de ses affres prostatiques pour faire pièce à madame Joly.
Coluche aurait peut-être pu rivaliser. On se rappelle que, candidat en 1981, il en appelait lui aussi à « nous les…. ». Nous, « les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus ». Las, il avait omis « les Norvégiennes ménopausées »…
« Les Norvégiennes ménopausées », grandes oubliées également des chants de la cavalerie d’Afrique : « c'est nous les descendants des régiments d'Afrique, les chasseurs, les spahis, les goumiers… ». Mais on sait combien Eva Joly se défie de la "militarité", notamment du 14 juillet. Chez les écologistes, rappelons-le, « c’est nous les pacifistes, les humanistes, les idéalistes ».
« Les Norvégiennes ménopausées », exclues enfin de la poésie, y compris des poèmes qui s’intitulent de façon presque prémonitoire "Le jugement des juges" : c’est nous, « ceux qu’on enferme dans le froid, sous les serrures solennelles, ceux qu’on a de bure vêtus, ceux qui s’accrochent aux barreaux, ceux qu’on jette la chaîne aux pieds dans les cachots sans soupiraux, ceux qui partent les mains liées, refusés à l’aube nouvelle, ceux qui tombent dans le matin, tout disloqués à leur poteau… ».
En même temps, citer Robert Brasillach en meeting, ça a déjà été testé. Et, si ça fait tout autant gloser que « Les Norvégiennes ménopausées », il n’est pas totalement certain que ce soit bien plus habile….
Lire et relire :
Micro-trottoir 2012 : Yann aime sa région et Eva Joly CLICK
Accord PS-Vert : incident nucléaire en trompe l'oeil CLACK
Marine Le Pen est-elle écolo ? CLOCK
Eva, reste avec nous ! CLOUCK
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