jeudi 1 mars 2012

Philanthropie : la BCE au chevet des banques commerciales


La BCE, haut lieu de l'amour du prochain


Il paraît que « la crise de la dette en Europe est finie », En tout cas, le plus dur serait derrière nous. C’est ce que nous disent nombre de présidentiables, ce qui leur permet de parler immédiatement d’autre chose.

Il semble en effet que, de l’Europe, il sera peu question dans cette campagne. Moins on en cause, mieux on se porte : c’est « beaucoup trop compliqué » pour les Français. Ces derniers étant, comme chacun sait, beaucoup plus sots que les Irlandais, on leur proposera un double référendum « chômeurs-immigrés », mais en aucun cas un référendum relatif à la ratification du pacte budgétaire (ou « traité Merkozy »). On sait ce qui se passe quand la France vote mal : il faut un temps fou pour réparer les bêtises du peuple.

La crise est finie ? Tiens donc ! Pourtant, il paraît que la Banque centrale européenne (BCE) « ne cesse de sauver l’Europe de la faillite en inondant les banques de liquidités ». C’est ce que nous explique Le Monde du 1er mars dans un tout petit encart caché dans le tout petit coin d’une toute petite rubrique.

Le Monde a pourtant raison : le terme « inonder » n’est nullement galvaudé. Au mois de décembre dernier, lors d’une première « Grosse Bertha » - selon le mot ironique de Mario Draghi - la BCE avait prêté pas moins de 489 milliards d’euros à 523 banques, au taux symbolique de…1%. Autrement dit, l’institution de Francfort avait « offert » des liquidités aux établissements bancaires, pour permettre à ces derniers de prêter à leur tour aux Etats à 2, 3, 5, 7% ! Une excellente occasion pour « Lesmarchés » de faire de l’argent sans trop se fouler !

Dans ce contexte, on comprend aisément que les banques aient validé la méthode, et se soient précipitées sur la seconde opération de prêt, organisée mercredi 29 février. Cette fois-ci, ce ne sont plus 523 établissements mais 800 banques qui se sont vues prêter 529 milliards d’euro : plus c’est gros, mieux sa passe.

Les poètes lyriques, troubadours du libéralisme et autres bardes passionnément épris de ce système inique, nous en chanteront les louanges en ces termes : en faisant cela, la très philanthropique BCE évite un credit crunch. Autrement dit, elle permet d’échapper à l’assèchement des économies que pourrait provoquer le refus, par des banques désargentées, d’accorder des prêts aux entreprises.

Dès lors, les conditions d’accès à la seconde « Grosse Bertha » ont été assouplies dans plusieurs pays : France, Espagne, Italie. Des banques de taille fort modeste ont pu bénéficier de la générosité de Francfort, au motif qu’elles jouent un rôle de premier plan dans le financement des petites et moyennes entreprises (PME).

Notons au passage que, des 539 milliards d’euros gracieusement prêtés par Mario Draghi, les banques italiennes ont absorbé à elles seules 25% (139 milliards). On imagine dès lors combien ces établissements se portent bien : un Lehman Brother transalpin n’est certainement pas pour demain…

En attendant, l’Etat italien, lui, n’emprunte pas à 1% mais à 5%. Et la France à un peu mois de 3%. Le différentiel additionné constitue « les intérêts de la dette ». Au sein du budget de l’Etat français, il représente actuellement le premier poste de dépenses, devant le « mammouth » Education nationale. Or des coupes budgétaires, il en faudra, pour pouvoir continuer à s’offrir ça !

 Outre cela, tout va bien. Comme vous le voyez, « la crise de la dette en Europe est terminée ». Et si on nous le dit, c’est parce que c’est vrai. Nous a-t-on jamais menti ?
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6 commentaires:

  1. Il n y a que Marine qui parle de cette aberration....

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  2. Alors ça, ce n'est pas vrai du tout.
    Il y a aussi Nicolas Dupont-Aignan, et il y a eu (mais s'est retiré) Chevènement.
    NDA est en tout cas beaucoup plus clair que MLP sur ce sujet, où elle s'embrouille souvent, même quand les questions ne sont pas piégées.

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  3. Et Jean Luc Melenchon qui prône le financement de la dette des états directement par la BCE depuis le début de sa campagne.

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  4. Et par ailleurs, Dupont-Aignan et Mélenchon expliquent bien plus justement le système dit "de la banque centrale indépendante" que Le Pen, qui se déclare "opposée" à la loi Pompidou-Giscard de 1973... qui est abrogée par obsolescence depuis 1993. En revanche, sur l'article 23 du TUE, qui impose ce système à l'échelle de l'UE, on ne l'entend pas, contrairement au deux précédents.
    Et puis n'oublions pas que dans le programme de Le Pen, le retour au franc ne s'accompagnerait pas de la fin de l'indépendance de la banque centrale française !

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  5. Article : pourquoi le MES ne résoudra pas la crise de la dette en UE ?

    http://www.blogactualite.org/2012/02/le-mecanisme-europeen-de-stabilite.html

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