____________________
Emmanuel
Maurel est député européen depuis mai 2014. Il est membre du
groupe S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates)
et siège au sein de la Commission commerce international (INTA) du
Parlement européen. Le texte ci-dessous est la seconde partie d'un entretien qui traite de de quatre
questions principales : le Traité transatlantique (TAFTA),
l'accord de libre-échange avec le Canada (CETA), le TISA (accord de
libre-échange concernant le domaine des services), et le statut
d'économie de marché qui sera probablement accordé à la Chine fin
2016.
La première partie, qui traite essentiellement du TAFTA, est disponible ici. Sa lecture peut être utile pour comprendre ce qui suit.
____________________
***
Les
États seront donc consultés au
sujet du TAFTA ?
Les Parlements nationaux voteront-ils
?
Oui
car le TAFTA est en principe conçu pour être un accord mixte, qui
devra faire l'objet d'une double ratification. Ce n'est pas le cas de
tous les accords, et les traités sont sur ce point quelque peu
ambigus. Le Traité sur le fonctionnement de l'Union (TFUE) indique
que c'est au Parlement européen de ratifier les accords de
libre-échange. C'est d'ailleurs un progrès considérable introduit
par le traité de Lisbonne. Le Parlement a désormais le droit de vie
ou de mort sur ce type d'accords. Avant, c'est le Conseil qui les
validait à la suite de débats a
minima.
Le
traité précise ensuite que certains domaines peuvent être de la
compétence exclusive de l'Union, cependant que d'autres relèvent
d'une compétence partagée avec les États. Dans le second cas, le
niveau de ratification est double. Ce sera très vraisemblablement le
cas pour le TAFTA.
N'est-ce
pas également le cas pour le petit frère du TAFTA, l'accord de
libre-échange avec le Canada appelé CETA ?
Première
chose : il n'est pas sûr que le CETA soit le petit frère du
TAFTA. Certains - le gouvernement français notamment - considèrent
au contraire que c'est l'anti-TAFTA. Pour plusieurs raisons. Les
Canadiens sont allés assez loin dans l'ouverture de leurs marchés
publics. Ils reconnaissent une partie des indications géographiques
européennes (AOP, AOC). Au titre du règlement des différends, ils
ont accepté un mécanisme qui n'est pas l'ISDS mais l'ICS (Investment Court System). Il s'agit de cette autre forme de
juridiction que j'évoquais tout à l'heure, qui se compose de
véritables juges et non plus d'avocats d'affaire, et qui prévoit
des possibilités de faire appel.
Cela dit, la logique de l’ICS
demeure semblable à celle de l’ISDS : les investisseurs
étrangers - contrairement aux investisseurs nationaux - sont en
mesure de chercher réparation auprès d’un Tribunal ad
hoc pour
des décisions prises démocratiquement par des États souverains,
dont les systèmes juridiques sont parfaitement fonctionnels. Il ne
faut donc pas surestimer la rupture introduite par le nouveau système
ICS. Une étude menée par une coalition d’ONG aboutit d’ailleurs
à la conclusion qu’aucune de ces nouvelles dispositions n’aurait
empêché Philip Morris de poursuivre l’Australie ou l’Uruguay
pour leur politique de santé publique.
En
somme, c'est loin d'être parfait et des zones d'ombre existent. Pour
autant, il y a bien moins de débats et de mobilisation contre le
CETA que contre le TAFTA. On peut d'ailleurs le regretter dans la
mesure où la ratification du CETA par le Parlement européen doit
intervenir dès la fin de l'année 2016....
Oui
mais il n'est pas certain que les États-membres le ratifient. Il
semble par exemple que la Belgique, notamment parce que la Wallonie
s'y oppose, aura du mal à procéder à la ratification....
Oui,
mais se pose alors une question. Y aura-t-il une mise application
provisoire du traité avant la ratification par les Parlement
nationaux ? Il faut savoir que les textes autorisent cela. Un
accord ratifié par le Parlement et par le Conseil européens peut être
appliqué provisoirement jusqu'à ce que tous les tous États aient
achevé de se prononcer.
C'est
d'ailleurs ce qui s'est produit avec l'accord UE-Ukraine. Les Pays-Bas ont organisé un référendum d'initiative populaire le 6 avril dernier. Le
« non » l'a emporté à 60 %. Mais
l'accord était déjà en application. On recherche donc à présent
une manière juridiquement acceptable de montrer que la plupart des
domaines couverts par l'accord relèvent de la compétence exclusive
de l'Union, afin de pouvoir continuer à l'appliquer. Tout en
essayant de prendre en compte...dans une certaine mesure le résultat
du vote Hollandais....
Qui
peut décider d'une éventuelle mise en application provisoire ?
La
Commission émet une proposition, qui doit être validée par les
États membres. Parmi les autres acteurs qui peuvent être
amenés à trancher ce type de questions figure notamment la Cour de justice de l'Union (CJUE) qui, quoiqu'on en entende très peu parler,
a toujours eu un rôle décisif dans la construction européenne,
notamment dans l'élaboration de l'arsenal idéologique. Au cours des
dix dernières années, c'est la Cour qui a donné l'impulsion
essentielle quand aux évolutions de l'UE, en particulier sur les
questions économiques et sociales.
Et
au niveau du Parlement européen, comment cela se passe-t-il ?
Le
CETA, c'est évident, n'y fait pas l'objet de la même émotion que
le TAFTA. Pour de nombreuses raisons. C'est un accord de moindre
envergure. Le Canada n'est pas un partenaire de la même importance
que les États-Unis. Et dans le cas français, il existe, ce n'est un
secret pour personne, une sympathie particulière pour le Canada.
Enfin, les entreprises canadiennes sont moins impressionnantes que
les mastodontes étasuniennes. Bref, en termes de taille critique,
les deux projets d'accord n'ont rien à voir.
On
gagnerait toutefois à être un peu prudent. Je suis en train de lire
le CETA, qui représente tout de même 2000 pages rédigées en
anglais. A titre personnel, je considère qu'il demeure des problèmes
liés à cet accord. Selon moi, les clauses « cliquet »
ou « statu quo » ne sont pas acceptables en l'état. Et
je ne suis pas sûr du tout de voter ce texte.
Qui
d'autre peut refuser de le voter ? Plus généralement, qui
défend quoi au sein du Parlement européen ? Les clivages
sont-il davantage saillants entre les différentes familles
politiques ? Entre les différents pays ?
C'est
très variable. Il existe en effet des clivages politiques et des
clivages nationaux. Pour faire vite, la gauche non social-démocrate
est généralement hostile aux traités de libre-échange. Pareil
pour l'extrême-droite. Ceux-là voteront contre le CETA et, plus
tard, contre le TAFTA. La gauche social-démocrate, elle, est
traversée par un clivage. Dans certains pays - et là, on en revient
aux grilles de lecture nationales - les sociaux-démocrates sont très
favorables au livre-échange. C'est le cas notamment des Scandinaves
ou des Néerlandais et, dans une certaine mesure, des Italiens ou des
Anglais. A l'inverse, les Français ou les Belges, les Portugais ou
les Grecs, par exemple, sont plus réticents.
Concernant
les droites, elles sont également divisées. Une partie de la droite
française est par exemple franchement hostile au TAFTA. L'ancien ministre Jean Arthuis est l'un des principaux opposants de droite à l'accord. Mais ça aussi, c'est une singularité nationale : la
France a un rapport de défiance vis-à-vis du libre-échange.
Et
l'Allemagne, que défend-elle ? Elle a un poids prépondérant
au sein du Parlement européen...
Oui,
incontestablement elle domine. Quant à ses prises de position, elles
dépendent beaucoup des sujets. Sur le TAFTA, des manifestations monstre se sont tenues : 300 000 personnes à Berlin, 90 000
personnes à Hanovre il y a encore un mois. La société civile est
très mobilisée. Quant au gouvernement allemand, il est ambigu, ne
serait-ce que parce qu'il s'agit d'une grande coalition. Angela
Merkel est plutôt favorable au TAFTA. Le SPD est divisé. Il est en
tout cas hostile aux ISDS dont nous parlions tout à l'heure.
En
tout état de cause, si l'on veut résumer de manière globale
l'attitude du Parlement européen, je dirais qu'il penche globalement
en faveur du CETA et en défaveur du TAFTA.
Outre
le TAFTA et le CETA, une autre projet d'accord est en préparation,
qui touche cette fois le commerce des services. Il s'agit du TISA
(Trade in Services Agreement),
en vue duquel les négociations ont débuté en 2013, mais dont on
entend jamais parler. De quoi s'agit-il exactement ?
Auparavant,
il existait des négociations qui se tenaient dans le cadre de
l'Organisation mondiale du commerce. C'était le « cycle de
Doha », débuté en 2001. Mais depuis lors, l'OMC est
complètement bloquée, d'abord parce qu'elle compte tous les pays du
monde, ensuite parce qu'un certains nombre de grands pays comme
l'Inde, par exemple, se montrent très protectionnistes. Ils refusent
d'entrer dans le cadre d'une approche multilatérale.
Face
à ce blocage complet, une cinquantenaire de pays, les 28 de l'Union
européenne et d'autres (États-Unis, Canada, Australie, Colombie,
Mexique, Chili, Japon etc.),
ont décidé d'avancer de leur côté sur la question des services.
Ils ont expliqué leur démarche en affirmant qu'il n'existait plus
d'accord sur les services depuis les années 1990, et que les choses
avaient considérablement évolué depuis suite à la révolution
numérique, l'explosion du e-commerce, etc.
Ces
cinquante pays se sont autodésignés comme « les amis des
services », et ont débuté des négociations sur la
libéralisation de commerce des services.... dans une indifférence
générale et une opacité complète. Au départ, ils se
rencontraient en Suisse, dans les locaux de l'ambassade d'Australie,
puis dans ceux de l'OMC. Le 26 mai a débuté le
dix-huitième round de
négociations.
Que
recouvre exactement le domaine des services ?
C'est
très vaste. Ce peut être les services à la personne, les services
financiers, et même ceux apparentés à des services publics comme
la santé ou l'éducation.
Chose
préoccupante avec le TISA : nous, parlementaires européens,
n'avons accès qu'à très peu de documents de négociation. On peut
consulter des résumés de ce qui s'est dit pendant les réunions, et
éventuellement l'ordre du jour. On sait donc que les choses
avancent. Par ailleurs, grâce aux fuites WikiLeaks, on a pu
connaître les positions des différentes parties, savoir ce sur quoi
chaque État est prêt à négocier. On sait par exemple que la
Turquie a proposé une vaste libéralisation du domaine des services
hospitaliers. Ou que le Canada souhaite libéraliser certains
services liés à l'environnement : égouts, assainissement,
traitement des ordures ménagères.
Concrètement...
ça signifie qu'une entreprise étrangère pourrait venir entretenir
les égouts en France ?
Si
ce domaine de négociation est retenu comme devant être
effectivement discuté et s'il y a un accord à la fin, c'est en
effet possible.
Mais
en réalité, le véritable point dur avec le TISA réside dans les
clauses « statu quo » et « cliquet », qui
posent quant à elle des problèmes démocratiques considérables.
S'il y a un enjeu à appréhender, c'est bien celui-ci. Ces clauses
conduisent à affirmer ceci : si, au terme des négociations, on
aboutit à la libéralisation d'un secteur, si un gouvernement arrive
après dans l'un des gouvernements signataires et qu'il décide de
revenir sur la libéralisation intervenue avant son arrivée au
pouvoir, et bien.... il ne le peut pas ! Les négociations TISA
prévoient une irréversibilité du processus de libéralisation.
Cette demande provenant au départ de multinationales voulant
s'assurer une sécurité de leurs investissements, est totalement
contraire à l'esprit de la démocratie.
Mais
comment peut-on empêcher, dans les faits, un gouvernement
démocratiquement élu de dénoncer un traité signé par ses
prédécesseurs ?
On
le peut en prévoyant que si l'accord est dénoncé, les parties
auront droit à réparation. En tout état de cause, le Parlement
européen a voté une résolution il y a quelques semaines pour
exprimer son refus de ces clauses, et sa volonté de protéger les
services publics.
Mais
la Commission européenne, dans un document qui n'est pas public mais
qui est parvenu aux parlementaires, nous a expliqué qu'il était
impossible de revenir sur le principe des clauses en question puisque
toutes les parties qui négocient se sont engagées à les
promouvoir.
C'est
pourquoi je considère pour ma part que le TISA est une question
explosive. En réalité, il est plus dangereux que le TAFTA, même si
bien moins connu.
Je
suppose que c'est la Commission européenne qui négocie au nom des
28. Comment les eurodéputés sont ils informés ?
C'est
un problème que certains d'entre nous ont soulevé en 2014,
immédiatement après les élections européennes. On s'est rendu
compte assez vite, concernant le TAFTA à l'époque, qu'on n'avait
accès à aucun document de négociation. On a littéralement dû
harceler la Commission pour obtenir de la transparence au sujet d'un
texte qu'on va pourtant nous demander de ratifier !
La
première victoire que nous avons obtenue - avec l'aide de certaines
ONG - a consisté à pouvoir consulter un certain nombre de documents
dans des pièces sécurisées. Mais dans des conditions assez
étranges, comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous, et avec
interdiction de divulguer quoique ce soit. Le ministre Matthias Fekl
lui-même, lorsqu'il voulait consulter certains documents, devait se
rendre à l'ambassade américaine dans une sale sécurisée...
Depuis,
à force de protestations et de reportages, nous, membres de la
commission « commerce international » du Parlement
européen, avons obtenu de pouvoir accéder à la plupart des
documents via un système Intranet sécurisé. On ne peut pas les
révéler mais on peut les lire. Ceci dit, une grande difficulté
demeure. Je vous disais tout à l'heure que le CETA, l'accord avec le
Canada, fait environ 2000 pages. Mais le TAFTA.... ce sont des
milliers de pages rédigées dans un anglais ultra technique. Et sur
des sujets dont certains nécessiteraient une expertise très
poussée. Exemple parmi mille autres : à titre personnel, je ne
connais strictement rien à la question des graisses industrielles.
La vérité c'est que pour pouvoir travailler correctement, il
faudrait que chaque eurodéputé dispose d'une batterie d'experts.
L'accès aux documents, c'est déjà pas mal. Mais il faudrait un
travail de fond colossal pour pouvoir se prononcer sérieusement sur
ce traité.
On
parle donc là d'une transparence accrue sur le TAFTA. Qu'en est-il
du TISA ?
La
transparence est bien moindre. Je sais au moins que les négociations
avancent lentement, et qu'on aboutira sans doute à un accord a
minima. Pour autant,
il est regrettable que personne n'en parle. Cela tient au fait que
tout le monde s'est focalisé sur le TAFTA et que le temps médiatique
ne permet pas de courir plusieurs lièvres à la fois.... Je ne
désespère pas que l'opinion s'y intéresse davantage au fur et à
mesure que les négociations vont avancer.
De
toute façon, au delà du TISA, au delà même du TAFTA, il existe un
sujet plus urgent encore : le statut d'économie de la marché
qui pourrait être octroyé à la Chine.
Encore
un sujet mal connu. Quels sont les enjeux ?
C'est
simple. En 2001, la Chine a adhéré à l'Organisation mondiale du
commerce. Or son Protocole d’adhésion accorde
à la Chine un statut dérogatoire qui lui donne 15 ans -
si elle se réforme suffisamment - pour accéder au statut
d'économie de marché. Pour y parvenir, il faut tout de même
remplir cinq critères. Et si c'est le cas, on ne peut plus se voir
opposer un certain nombre de mesures antidumping.
Depuis
15 ans, l’Europe n’a élaboré aucune stratégie. Alors que
la Chine passe son temps à faire du dumping,
à contrôler ses prix, à subventionner ses entreprises, à bloquer
l'accès des entreprises étrangères à ses marchés.
Ce
sont en sommes les protectionnistes les plus performants du monde...
Ils
le sont, oui. Et comme très peu de pays se protègent autant, ils
n'hésitent pas à inonder les marchés étrangers de leurs produits.
Or si l'on ne fait rien, d'ici la fin de l'année, plus aucune
barrière antidumping ne pourra leur être opposée. Là, ce sont des
millions d'emplois industriels qui sont menacés en Europe à
court terme.
J'insiste : des millions d'emplois.
On
parlait tout à l'heure des panneaux photovoltaïques mais on peut
évoquer aussi l'exemple de l'acier. La Chine possède dans ce
domaine des excédents considérables. Elle vend donc son acier
deux fois moins cher que l'acier européen. Évidemment, sans
réaction de notre part, l'acier européen est condamné d'ici la fin
de l'année. Les États-Unis ou le Canada sont très fermes par
rapport à la Chine. L'Union européenne, comme à son habitude,
tergiverse et agit peu. La Commission n'a pris à ce jour aucune
position sur la question. Certains - Juncker, Moscovici - ont vu le
danger. En revanche les commissaires d'Europe du Nord sont
furieusement libre-échangistes et ne veulent pas lever le petit
doigt. Certains usent de cet argument étourdissant : « accorder
le statut d'économie de marché à la Chine, c'est la meilleure
garantie pour qu'elle se réforme ».....
Au
Conseil, beaucoup de pays sont conscients qu'on est là face à un
vrai risque mais d'après mes informations, aucun pays ne veut
prendre position publiquement par crainte des représailles
commerciales chinoises. Silence radio, donc. Mais au prix de la mort
programmée de pans entiers de l'industrie européenne.
Il
faudrait donc une mobilisation européenne de très grande ampleur.
Pour l'instant, c'est le cas seulement en Italie. Pas du tout en
France en revanche. A Parlement européen, Édouard Martin et
moi-même sommes parvenus à faire voter une résolution très ferme,
mais qui ne fait pas spécialement réagir les États membres.
Quid
des Allemands ? On a vu que leur société civile était très
mobilisée contre le TAFTA....
Ce
n'est pas le cas sur la Chine. L’Allemagne est très prudente en ce
domaine car elle échange beaucoup avec ce pays. Elle considère
qu'elle peut sans doute y gagner encore des parts de marché pour ses
industries de pointe.
Un
dernier point que je souhaite évoquer et qui n'est pas sans lien
avec la question chinoise : se tient actuellement au Conseil une
réflexion sur « la modernisation des instruments de défense
commerciale ». Il s'agit de réfléchir à la manière dont on
pourrait, à l'instar des américains, raccourcir le délai des
enquêtes sur les pratiques de dumping ou durcir les sanctions. Là,
on est parvenu - et le gouvernement français y est pour beaucoup - à
un texte commun France-Allemagne. On se heurte toutefois à
une opposition très ferme du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou des pays
de l'Est. Une bataille essentielle se joue là, et on en verra le
résultat dans six mois.
Au
bout du compte, toutes ces questions de commerce international sont
très révélatrices de ce qu'est l'Europe, des rapports de force qui
y règnent, de la manière dont elle se construit...
Absolument.
La question posée par ces dossiers est celle de savoir si l'Europe
est en capacité de se défendre, et surtout... si elle le veut. Et
si elle veut se doter d'une véritable politique commerciale, qui
permette l'échange mais également la protection de savoir-faire,
d'industries, de travailleurs ou de consommateurs.
Si elle renonce à cela, elle demeurera une vaste zone de libre échange complètement dépolitisée, et deviendra assez vite l'idiote du village planétaire. Pour l'heure, alors tous les autres pays se
protègent et font preuve de pragmatisme, seule l'UE demeure aveuglée
par l'idéologie. Cela tient à la prévalence des vues de certains
pays historiquement libre-échangistes, mais aussi au défaut de
volonté politique des pays qui ont encore une industrie à
protéger : Italie, France, Allemagne.
Les
réponses apportées à la problématique commerciale induisent toute
une conception de l'Europe, et je pense qu'il est temps que les
grands États se décident enfin à indiquer une direction :
celle d'une politique commerciale volontariste. D'ailleurs,
la mobilisation de l'opinion y aiderait.
[ Lire ou relire la première partie de l'entretien ICI ]
Un conseil : lire "Comprendre le malheur français" de Marcel Gauchet.
RépondreSupprimerNous nous mettons, le cœur joyeux et l'âme en paix, entre les mains des multinationales.
Finie la politique,
C'est stupéfiant !!...
D'ailleurs il n'y a qu'à lire le programme de M. Macron : "Mon projet] est très simple : je me bats pour que chacun, d’où qu’il vienne, réussisse la vie qu’il veut selon ses seuls mérites et talents ; pour que notre société, par des mécanismes de solidarité adaptés au monde d’aujourd’hui, donne à chacun non pas une unique chance, mais une nouvelle chance à chaque moment important de sa vie." Ce n'est pas un programme politique adressé à des citoyens libres et responsables, c'est un slogan publicitaire adresse à des individus soumis à leurs désirs...
Interview fondamentale à faire tourner dans tous les cercles possibles, politiques ou syndicaux. Il faut aussi interpeler nos politiques !
RépondreSupprimer