dimanche 3 juillet 2016

ITW sur Grey Britain : « Le Brexit est le second acte de la décomposition de l’Union européene »





Vous avez publié, en 2014, Europe, les états désunis. Est-ce que le Brexit, qui vient d’être choisi par les Britanniques à 52%, traduit cette désunion de l’Union européenne ?

Elle traduit une défiance grandissante à l'égard de l'intégration européenne, qui me semble avoir deux causes. Il y a d'une part le problème économique, et d'autre part, peut-être plus saillant encore, le problème démocratique.

Le problème économique est évident. L'Union ne se remet pas de la crise de 2008. Cela tient aux présupposés sur lesquels elle est bâtie. D'abord, le principe de la « libre concurrence » est au cœur des textes européens. Ensuite, on a décidé que pour construire l'Europe, il fallait tout laisser circuler, sans aucune condition, sans aucun préalable. On laisse donc circuler les capitaux et les marchandises comme s'il s'agissait là d'un immense progrès humain, sans tenir compte du fait que partout ailleurs, des États-Unis à la Chine, un protectionnisme pragmatique mais sourcilleux est pratiqué. Il suffit de considérer la situation de l'UE au regard tu commerce international, la manière dont elle appréhende les accords commerciaux qu'elle négocie pour s'apercevoir que nous somme le coin du monde le plus bêtement néolibéral, donc le moins protecteur.

La libre circulation des personnes peut elle aussi poser problème. Évidemment pas si elle a un but touristique ou culturel. Mais l’immigration de travail, que l'on a voulue totalement libre sans harmonisation sociale préalable, n'en finit plus de faire sentir ses effets. On a beaucoup dit que la question migratoire avait dominé la campagne du Brexit. C'est vrai, mais ce n'est peut-être pas tant la question des réfugiés syriens que celle, pour aller vite, du « plombier polonais ». L'UE, au lieu de tout faire pour le décourager, favorise le dumping salarial entre ses pays-membres. A titre d'exemple, la Commission européenne a récemment houspillé la France et l'Allemagne, suspectées d'appliquer trop systématiquement le Smic aux chauffeurs étrangers dans le domaine du transport routier. Le Smic serait-il contraire, désormais, aux « valeurs européennes » dont on se prévaut tant ? 

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2 commentaires:

  1. Brexit : vingt intellectuels eurocritiques lancent un appel pour un nouveau traité

    "Le paradigme néolibéral - la croyance en l'efficience des marchés - ne peut se substituer à la définition de politiques industrielles et d'un cadrage social."

    Voir : http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/06/30/31002-20160630ARTFIG00290-brexit-vingt-intellectuels-eurocritiques-lancent-un-appel-pour-un-nouveau-traite.php

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  2. Denis Monod-Broca3 juillet 2016 à 07:16


    L'Europe, nouvelle tour de Babel

    Ils avaient la même langue, disaient les mêmes paroles. La pensée unique déjà. Ils décidèrent de construire une ville, pour sceller leur unité et leur force, et d'édifier une tour atteignant les cieux, pour les proclamer au monde. Née de leurs rêves, fruit de leur orgueil, la tour insensée s'écroula avant d'être achevée, évidemment. Elle fut alors nommée "babel", mot qui exprime, comme "barbare", l'incompréhension. Car les hommes qui s'étaient lancés dans sa construction, si fiers de leur projet, ne comprenaient pas ce qui leur était arrivé et que, désormais dispersés, devenus barbares les uns pour les autres, ils ne parvenaient plus à se comprendre.

    Toute ressemblance avec la situation présente en Europe ne serait ni fortuite, ni pure coïncidence...

    Pensée unique, foi sans faille en l'unité et en la force, confusion entre rêve et réalité, orgueil tant collectif qu'individuel, empilage indéfini de traités en guise de briques, agrandissement sans limite de la construction, amorce d'écroulement... tout y est ! Jusqu'à l'incroyable ressemblance, voulue forcément, entre le bâtiment du parlement européen à Strasbourg et les représentations picturales les plus connues de la tour de Babel !... Comme s'il s'agissait de la rebâtir enfin, cette fameuse tour injustement écroulée, comme s'il s'agissait de faire rendre gorge au dieu vengeur qui avait prétendu punir les hommes de leur orgueil. N'est-ce pas là se vouloir l'égal dudit dieu et donc, quelle étrange répétition !..., vouloir à nouveau atteindre les cieux ? N'est-ce pas être assuré de l'effondrement ?

    N'est-il pas grand temps de s'en rendre compte et, si nous sommes aussi raisonnables que nous croyons l'être, de trouver une autre voie ?

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