lundi 4 juillet 2016

Le Brexit : une opportunité pour la gauche.








Par Descartes



Descartes tient le blog de Descartes. Il y a publié ces quelques réflexions sur le Brexit, dont il a autorisé la reproduction sur L'arène nue. Merci à lui. 



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Pour celui qui aime à observer la société et le monde politique, le moment qui nous est donné de vivre est passionnant, à défaut d’être exaltant. Les sages chinois avaient l’habitude de se souhaiter les uns aux autres « puissiez vous vivre des temps intéressants ». De ce point de vue nous sommes gâtés. Comme une immense machine à rayons X, le Brexit nous révèle chaque jour les recoins les plus intimes du fonctionnement de notre système politique.


Ainsi, par exemple, il est fascinant de contempler le niveau d’impréparation de notre classe politique. Nous, pauvres anonymes, avons tendance à croire que les princes qui nous gouvernent sont pourvus de qualités exceptionnelles qui les mettent à part du commun des mortels. Des qualités de clairvoyance, de profondeur d’analyse, mais aussi de prévision et de préparation. Parce qu’ils passent leur temps à planifier à inventer des tactiques diaboliques pour se faire réélire – et pour mettre en échec les tactiques diaboliques de leurs adversaires – nous imaginons qu’ils sont capables de prévoir, de préparer et de mettre en œuvre une politique. Le vote britannique les met à leur juste place. On les découvre pris au dépourvu, désemparés, réduits à sortir les formules passe-partout qu’on entend depuis trente ans sur le besoin d’écouter – enfin – le message des électeurs et de « refonder l’Europe » sans que cette « refondation » se traduise par autre chose que la continuité dans la même voie.


Un leader historique de la CGT m’avait un jour raconté comment lors de chaque conflit il préparait toujours deux discours, l’un au cas où le mouvement était victorieux, un autre pour le cas ou le mouvement serait battu. Et il passait le même temps à polir l’un et l’autre Ainsi, il était sûr de ne pas être pris au dépourvu et de faire un excellent discours quelque fut l’issue du conflit. On aurait pu imaginer que cette sagesse fort basique serait connue de nos dirigeants. On constate qu’il n’en est rien : à l’annonce du vote, il était évident que personne ne s’y était préparé. Pourtant, on savait depuis plus d’un an que le référendum britannique allait avoir lieu. On savait aussi qu’il y avait une chance raisonnable que le « out » l’emporte. Et pourtant, rien n’a été préparé. Les leaders des « pays fondateurs » se sont réunis à Berlin – le symbole est piquant – puis les 27 à Bruxelles, et à chaque fois on aurait dit qu’ils commençaient seulement à s’intéresser à la question. Pour expliquer cette situation, on ne peut invoquer que trois hypothèses : l’amateurisme qui les empêche de voir que, comme disait Lénine, même l’improvisation doit être soigneusement préparée, l’auto-intoxication qui les a conduit à se persuader les derniers jours que le « in » avait partie gagnée, ou la superstition qui les fait croire que se préparer à un évènement contribue à le provoquer. Et aucun de ces trois prétextes n’est très rassurant.


C’est le sentiment de panique haineuse qui domine les réactions de notre caste politico-médiatique, elle-même un bon thermomètre des réactions des « classes moyennes ». La panique se manifeste d’abord par une exagération du caractère catastrophique de l’événement. Ces derniers jours, les prophètes de toutes sortes qui hantent nos médias se sont donnés à cœur joie, celui-ci prédisant la dissolution du Royaume-Uni, celui-là une récession désastreuse… Ainsi, il était amusant d’entendre les auditeurs de l’émission « le téléphone sonne » de France-Inter demander aux invités – qui eux aussi ajoutaient leur goutte d’eau à l’hystérie (1) - si la sortie de l’UE allait empêcher les britanniques de voyager ou de vivre en France, si les produits venant de Grande-Bretagne continueraient à accéder au marché européen, et ainsi de suite. A se demander si ces participants réalisent que sur les quelque 180 pays qui intègrent l’ONU, l’immense majorité d’entre eux ont leur propre monnaie, leurs propres frontières, n’appartient pas à l’UE et que cela ne les empêche nullement de vivre et de voir arriver leurs produits de remplir nos étals. Même s’il n’y avait pas d’accord avec les britanniques – ce qui serait étonnant – les règles de l’OMC continueraient à s’appliquer, et les produits britanniques entreraient dans le territoire de l’UE. Vous aurez noté que ni la Chine, ni le Japon, ni les Etats-Unis n’appartiennent à l’UE, et que cela ne semble pas être un obstacle insurmontable à leur commerce. Quant aux déplacements, il faudrait se souvenir que Maria Sklodowska n’a pas eu besoin d’Erasmus pour venir étudier à Paris, ni de Schenguen pour s’installer chez nous, obtenir un poste d’enseignant et épouser Pierre Curie.


Or, la panique devient de la haine. Il faut se venger de celui qui nous fait peur, d’autant plus que se mêle à cette peur la frustration de l’amant éconduit. La haine se manifeste d’abord par des appels au châtiment divin et au repentir. Les prophètes vous le disent : les anglais seront horriblement punis de leur outrecuidance. D’ailleurs, regardez ! La livre baisse ! L’Ecosse s’en va ! Les leaders pro-Brexit trahissent leurs promesses ! Les Anglais eux-mêmes commencent à changer d’avis ! Le gouvernement britannique est paralysé ! Et on nous bassinera avec des reportages et des témoignages d’électeurs britanniques sur le thème « si j’avais su, j’aurais voté autre chose », témoignages qu’on peut facilement trouver au soir de n’importe quelle élection et dans n’importe quel pays. On nous expliquera que si l’Angleterre a voté « out », l’Écosse à voté « in », en oubliant de noter que l’Ecosse n’a que 5 millions d’habitants, contre 55 millions pour l’Angleterre. Et bien entendu, on couronne cette campagne avec le discours sur l’électeur britannique trompé par les démagogues.


Ce discours a deux fonctions. D’une part, décourager ceux qui en Europe continentale seraient tentés d’imiter les britanniques. D’autre part, préparer un éventuel contournement du suffrage. Réduire la légitimité du résultat, prédire l’apocalypse est la voie choisie pour préparer les mentalités à l’organisation d’un possible deuxième référendum. On connaît la technique, on l’a vue déjà utilisée à maintes reprises lors de la ratification des différents traités européens. Il semblerait cependant que cette solution, caressée quelque temps par certains eurolâtres, soit aujourd’hui considérée comme politiquement impossible à mettre en œuvre.


Pour le camp progressiste, au contraire, le Brexit est une formidable opportunité. Encore faut il comprendre exactement son sens, pour ne pas se perdre dans des débats absurdes. D’abord, et c’est le point essentiel, le référendum britannique a mis en évidence un vote de classe. Ont voté pour le « in » les couches insérées dans l’économie globale, disposant du capital monétaire et intellectuel qui leur permet d’en tirer profit sans en subir les conséquences, autrement dit, les « classes moyennes ». Ont voté massivement pour le « out » les couches sociales qui payent les coûts de la globalisation sans jamais en voir les avantages, qui voient quotidiennement leur avenir se boucher, leur cadre de vie se dégrader, ceux que des « réformes » obligent à participer à une compétition qu’elles ne peuvent pas gagner. On avait déjà pu observer ce phénomène en 2005 en France lors du référendum contre le TCE, et cette géographie électorale se retrouve aujourd’hui dans la carte du vote FN. Mais peut-être parce que la mixité sociale reste plus forte en France qu’en Grande-Bretagne, on n’avait jamais observé une polarisation sur une telle échelle.


L’Angleterre est depuis toujours une société hiérarchique, ou la division entre les classes – division spatiale, sociale, culturelle – est bien plus forte qu’elle ne l’est en France. Il faut relire « Pygmalion » de G.B. Shaw – ou voir le film « My fair lady », qui s’en inspire largement – pour le comprendre (2). D’ailleurs, les classes ne se mélangent pas. Lorsque j’ai travaillé en Angleterre, j’ai pu constater que les ouvriers, les techniciens et les ingénieurs avaient chacun son « pub » pour aller après le travail. Et on ne se mélangeait pas : les ouvriers auraient été gênés par la présence d’un ingénieur, les ingénieurs par celle d’un ouvrier (3). Entre eux, pas de sujets de conversation communs, pas d’intérêts communs, même pas de langage commun. Cette division fait que les groupes sociaux en Grande-Bretagne sont beaucoup plus homogènes, et que la ségrégation géographique est bien plus marquée. Ils ont donc une vision beaucoup plus tranchée de leurs intérêts respectifs. Le vote britannique, bien plus que le vote français en 2005, est un vote pragmatique. Ce n’est pas l’idée européenne qui a été sanctionnée, c’est l’incapacité et/ou l’indifférence des institutions européennes aux préoccupations d’une couche sociale, qui se tourne alors vers ses institutions nationales. Les Britanniques n’ont pas voté contre le libéralisme. Mais ils préfèrent les libéraux de Westminster – qui sont tenus à leur égard à un minimum de solidarité et qu’ils peuvent éventuellement sanctionner par leur vote – aux libéraux de Bruxelles qui sont hors de leur portée. En ce sens, les couches populaires ont toujours en tête un logiciel national : il vaut mieux des bourgeois « nationaux », dont on peut espérer un certain degré de « solidarité inconditionnelle » que les bourgeois « supranationaux », qui n’ont eux aucune empathie pour personne.


Ont-ils raison de faire cette différence ? On peut se le demander. Il est tout de même frappant de constater le fossé – non seulement économique, mais aussi géographique et culturel – qui sépare le bloc dominant formé par la bourgeoisie et les « classes moyennes » de l’ensemble des couches populaires. Ce n’est pas seulement une question d’inégalités de revenu ou de patrimoine, mais de la dissolution de la « communauté de destin » qui réunissait les uns et les autres. Dans les années 1960, l’expansion des entreprises françaises voulait dire non seulement plus de profits, mais aussi plus de salaires, de meilleurs salaires et des rentrées fiscales plus importantes. Aujourd’hui, il est parfaitement possible de voir les profits des entreprises s’envoler alors que leur charge fiscale diminue, tout comme leurs effectifs et les salaires payés. Pour le dire schématiquement, aujourd’hui la prospérité de l’entreprise n’a plus aucune connexion avec la situation de ses travailleurs et du pays où elle est installée. La conséquence est une totale indifférence du bloc dominante à l’endroit des couches populaires. Pour ses membres, ces dernières ne présentent plus aucune utilité. Même pas comme chair à canon, alors que les guerres ont disparu du continent européen et se professionnalisent ailleurs. On supporte tous ces pauvres parce qu’on ne peut faire autrement, alors on essaye de faire en sorte qu’ils coûtent le moins cher possible en rognant les dispositifs d’aide et les services publics, et on leur cède quelques miettes lorsqu’on a peur qu’ils se révoltent ou qu’on a besoin de leur vote. Certains théorisent même une logique d’apartheid, avec des « villes-monde » qui, à l’image de Singapour ou de Hong-Kong, déclareraient leur « indépendance » pour permettre aux bourgeois et aux « classes moyennes » de vivre entre eux, sans avoir à prendre en compte ces couches populaires qui, décidément, ne leur ressemblent pas.


Mais si la question de classe est écartée chez beaucoup de commentateurs, la question de l’âge est au contraire sous toutes les plumes. Ainsi, les vieux auraient voté pour le « out » par nostalgie ou par frilosité, alors que les jeunes ouverts et cosmopolites auraient voté pour le « in ». Certains en arrivent même à souhaiter que les vieux soient privés du vote, ou que le poids de leur vote soit réduit. Cela met en évidence un phénomène que j’ai dénoncé plusieurs fois sur le blog de Descartes : notre société déteste tout ce qui peut nous rattacher à notre histoire, et donc à notre passé. Dans l’immense majorité des sociétés, la parole des « anciens » - c’est comme ça qu’on appelle les « vieux » quand on les respecte – est au contraire valorisée. C’est la voix de l’expérience, c’est aussi la voix de la mémoire. C’est la voix qui peut nous raconter ce que nos ancêtres ont fait, et nous éviter de faire les mêmes erreurs. Parce que le progrès humain est un processus cumulatif, il n’y a pas de progrès sans mémoire. Si nous voyons plus loin que nos « anciens », c’est parce que nous sommes assis sur leurs épaules, comme le disait si joliment Newton.


Il est faux de dire que les vieux sont plus égoïstes que les jeunes. Au contraire : les vieux savent ce que c’est d’être jeune, parce qu’ils l’ont été. Les jeunes, eux, ne connaissent qu’eux-mêmes. Il n’y a d’ailleurs qu’à voir les discours politiques : j’ai déjà vu des vieux politiciens dire qu’il fallait faire place aux jeunes, je n’ai jamais vu un jeune politicien dire qu’il faut faire leur place aux vieux. Il est bien plus courant de voir des parents se saigner aux quatre veines pour leurs enfants ou leurs petits enfants que l’inverse. C’est l’âge et l’expérience qui permet de relativiser les idées et les choses, d’échapper aux sectarismes. Que le vote des vieux ait condamné l’UE n’est pas à mon sens neutre : l’UE est condamné par ceux qui l’ont vue à l’œuvre, qui connaissent l’avant. Elle est plébiscitée par ceux qui ne connaissent que le présent, et qui subissent depuis leur enfance le bourrage de crâne de la propagande européenne. Peut-on imaginer une condamnation plus terrible ? On pourrait ajouter que le vote des anciens montre que l’argument-phare de la construction européenne, celui qui veut que « l’Europe c’est la paix », n’a plus aujourd’hui la force qu’il avait hier. Comment sinon expliquer que la génération qui a été le plus marquée par la guerre et ses horreurs soit celle dont le vote a penché le plus du côté du « out » ?


Et maintenant ? Le souverainisme – tout comme l’europhilie, d’ailleurs – n’est pas en lui-même une politique. On peut être europhile au nom d’une « Europe libérale » mais aussi au nom d’une « Europe sociale ». Il y a un souverainisme social et un souverainisme libéral, un souverainisme de droite et un souverainisme de gauche. Le choix souverainisme/européisme n’est pas le choix d’une politique, mais d’un arrangement institutionnel. L’europhile pense que les règles doivent être faites par la Commission à Bruxelles ou par la BCE à Francfort. Le souverainiste pense que les règles doivent être faites souverainement par les autorités politiques nationales. Mais ce choix étant fait, nous ne savons pas plus sur la nature de ces règles. C’est pourquoi il est ridicule de reprocher aux partisans du Brexit de « ne pas avoir de programme ». Leur programme, c’était de rapatrier le pouvoir de décision à Londres. Les électeurs leur ont donné raison. Mais une fois le pouvoir rapatrié, c’est aux électeurs de décider la politique à suivre dans un débat démocratique où les divisions ne se feront pas forcément sur la ligne souverainisme/europhilie. De ce point de vue, je ne peux qu’être d’accord avec Todd : la sortie de l’UE ne résoudra aucun problème. Mais elle fera que les problèmes que l’UE était incapable de résoudre redeviendront nos problèmes, sur lesquels il sera enfin possible de prendre de véritables décisions.


C’est là à mon sens le principal problème posé par le Brexit : faire comprendre aux électeurs que le souverainisme pour lequel ils ont voté n’est pas un programme politique, mais un instrument pour permettre à un tel programme d’être mis en œuvre. Cameron tombé, il faudra constituer un gouvernement. La difficulté, c’est que si les souverainistes sont d’accord sur le fait de rapatrier les pouvoirs à Londres, ils ne sont pas d’accord sur grande chose d’autre. Il n’est donc pas possible de former un gouvernement exclusivement composé de personnalités souverainistes. Le gouvernement qui aura à gérer la sortie de l’UE mélangera donc nécessairement des personnalités europhiles et eurosceptiques. Trouvera-t-on des europhiles prêts à se soumettre de bonne foi au verdict populaire ? Peut-on compter sur eux pour faire de leur mieux pour que le Brexit se passe bien ? C’est là le test le plus intéressant, et le plus dur pour une démocratie. L’exemple français invite à un certain scepticisme : après le « non » au TCE, la tentation fut forte de faire rentrer par la fenêtre une bonne partie de ce qui était sorti par la porte. Mais on pouvait toujours argumenter que ce que l’électeur avait rejeté était le fait constitutionnel, et qu’un traité ordinaire ne violait donc pas la volonté du peuple. Ici, la question posée laisse beaucoup moins de place à l’ambiguïté.


Tout repose donc sur la qualité du gouvernement que les britanniques arriveront à mettre en place. Si ce gouvernement fait du Brexit une réussite, ce sera un exemple pour les autres pays. Les progressistes européens se doivent donc de soutenir cette expérience, en particulier en faisant veillant à ce que les volontés punitives des eurocrates délaissés soient modérées. Car il ne faut pas négliger la volonté de Juncker et sa clique, de faire échouer un processus qui, s’il réussissait, pourrait faire des émules. Donc, bonne chance amis anglais, et God Save the Queen.


(1) Il faut dire que, comme souvent, on avait invité les vaincus mais on avait oublié de convier les vainqueurs. L’émission se passait depuis Bruxelles – ce qui permettait de disposer d’une large brochette d’europhiles – mais le seul invité eurosceptique, un député UKIP, intervenait par l’intermédiaire d’une ligne téléphonique, ligne coupée – mon dieu, que les communications sont mauvaises depuis que la Grande Bretagne a quitté l’UE – dès le début de l’émission. Comme une auditrice faisait remarquer qu’il appartenait aux organisateurs du débat de garantir une juste représentation, elle s’est vu répondre fort grossièrement par Nicolas Demorand que « ce n’était pas à lui de gérer les télécommunications britanniques ». Encore un joli exemple du mépris de cette caste médiatico-politique pour tout ce qui ne lui ressemble pas.

(2) Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, le sujet est le pari fait par un professeur d’élocution qu’il est possible de prendre une fille de basse extraction et la faire passer pour une lady juste en modifiant son accent. En effet, en Angleterre chaque région et chaque classe sociale a son propre accent, qui la rend immédiatement reconnaissable. Par exemple, un anglais de classe élevée prononcera rigoureusement les « h » initiales, alors qu’un anglais d’origine modeste ne les prononcera pas. A l’ouest de Londres on prononce « Hartford » alors qu’à l’est on le prononcera « Artford ».

(3) Il ne faut pas étonner que les britanniques se soient parfaitement accommodés du système des castes en Inde. Il est d’ailleurs drôle de constater qu’en tant qu’étrangers, nous étions dispensés de ces contraintes. Étant « hors caste », nous pouvions aller boire avec qui nous voulions !


6 commentaires:

  1. Excellente analyse, bravo !
    Cincinnatus

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  2. Denis Monod-Broca4 juillet 2016 à 11:17

    Bon papier.
    Bien vu.
    La souveraineté ne résout rien en elle-même. Elle permet d'avoir son destin en main, de trouver des solutions aux problèmes. Ce n'est pas si mal.
    Un pays souverain peut faire des bêtises, il peut commettre des crimes, il peut aussi être généreux, accueillant, assister plus faible que lui...
    Liberté et responsabilité sont des presque synonymes.
    Il est vrai que c'est plus facile de tout attendre, et de tout mettre sur le dos, de Bruxelles ou de Berlin (ou Washington). Mais est-ce cela que nous voulons ?

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  3. Avant tout le monde, Charles de Gaulle avait compris que l’impérialisme et la construction de gigantesques usines à gaz supranationales étaient vouées à l’effondrement et à la mort.

    Charles de Gaulle avait compris que le gigantesque Troisième Reich allait se désintégrer et que l’Allemagne, elle, allait survivre.

    Charles de Gaulle avait compris que la gigantesque URSS allait se désintégrer et que la Russie, elle, allait survivre.

    Charles de Gaulle savait, lui, ce qu’était LE SENTIMENT NATIONAL.

    Les nations ne sont certes pas immuables, mais il en naît de nouvelles de plus en plus.

    Quand vous regardez le nombre de nations existant à la surface de la planète, il y en a de plus en plus.

    Par exemple : vous pouvez regarder le nombre de nations qui ont un siège à l’Organisation des Nations Unies.

    A sa naissance, l'ONU regroupait 51 nations. Aujourd'hui, l'ONU regroupe 193 nations. Leur nombre continue à augmenter. Dans les années qui viennent, l'ONU va accueillir de nouvelles nations qui vont naître : la Palestine, le Kosovo, les îles Cook, Niue, le Sahara occidental, le Somaliland, etc.

    La grande tendance pluri-millénaire, c'est la fragmentation des regroupements déjà existant, partout dans le monde.

    Problème : la construction européenne est à contre-courant de cette tendance pluri-millénaire.
    C’est ça, la folie suicidaire de la construction européenne !

    Les êtres humains veulent de plus en plus accéder à l’indépendance nationale, les êtres humains veulent de plus en plus DISLOQUER les regroupements déjà existant …
    … et pourtant la construction européenne s’acharne à aller contre ces forces nationales toute-puissantes ! Erreur historique majeure !

    Ces forces nationales (et même : ces forces nationalistes) sont des forces toute-puissantes : au XXIe siècle, elles vont désintégrer l’Union européenne.

    La dislocation de l'Union européenne est inéluctable.

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  4. Denis Monod-Broca5 juillet 2016 à 01:57

    A lire, cette passionnante fresque historico-politique d'Emmanuel Todd : http://www.atlantico.fr/decryptage/emmanuel-todd-etape-numero-4-apres-reveil-allemagne-russie-et-royaume-uni-doit-etre-reveil-france-suivre-anglais-est-conforme-2753532.html/page/0/1

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  5. "Le choix souverainisme/européisme n’est pas le choix d’une politique, mais d’un arrangement institutionnel. L’europhile pense que les règles doivent être faites par la Commission à Bruxelles ou par la BCE à Francfort. Le souverainiste pense que les règles doivent être faites souverainement par les autorités politiques nationales. Mais ce choix étant fait, nous ne savons pas plus sur la nature de ces règles."

    Il ne peut y avoir de démocratie à l'échelle européenne, dans la mesure où il n'existe ni peuple ni pays européen. Le choix du souverainisme n'est donc pas secondaire, comme l'affirme l'auteur de l'article. A moins de considérer que la démocratie ou la dictature supranationale ont la même valeur. Quand les peuples sont dominés par une organisation non démocratique supranationale, le choix de la liberté et de la démocratie est un objectif politique prioritaire. Ensuite, effectivement, à l'intérieur du cadre démocratique, les électeurs auront la possibilité de choisir une majorité, mais le souverainisme consiste justement à permettre aux électeurs de choisir entre "la droite et la gauche". Car aujourd'hui, dans la mesure où les traités imposent aux gouvernements de mener une politique ultra-droite, les peuples n'ont plus cette faculté de se choisir un destin (de gauche par exemple). Le débat souverainistes/européistes doit donc au contraire rester au cœur du débat. La démocratie ou la dictature, voilà le choix de société que nous avons à faire, et de mon point de vue, il n'existe pas aujourd'hui de sujet plus important. La démocratie est un véritable projet de société, un projet de civilisation.

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  6. Bonne analyse, de quelqu'un qui connaît bien les réalités britanniques.

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