lundi 19 décembre 2011

C'est toi qui as voté Maastricht, c'est toi qui l'est. Nananère !



[ Ce texte est également disponible sur Marianne2 ]

« Voir un dirigeant politique (…) reconnaître ses torts et louer les analyses de l'un de ses concurrents à l'élection suprême, voilà un geste d'une noblesse et d'une élégance rares ». Telle est la réflexion que se fit à fort juste titre le blogueur Yohann Duval, en écoutant Jean-Luc Mélenchon dimanche soir sur BFM TV.

Qu’a donc déclaré le candidat de Front de gauche pour générer une aussi vive surprise chez mon confrère blogosphériste ? Tout simplement qu’il s’était trompé sur le traité de Maastricht, ainsi qu’ils sont désormais quelques un à l’admettre. Arnaud Montebourg l’avait quasiment concédé à Marie-France Garaud dans une récente édition de l’émission « Mots croisés ». Durant celle-ci la gaulliste et le chantre de la démondialisation avaient montré une belle solidarité face à Nathalie Kosciusko- Morizet et à Alain Lamassoure.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, c’est vis à vis du Lion de Belfort qu’il a, ce week-end, fait amende honorable. Répondant à une question sur son vote en faveur du traité de Maastricht, le leader au Parti de gauche a en effet affirmé sans ambages « je suis un opposant absolu à cette Europe là (…) c'est un échec absolu. Tous ceux qui, comme moi, [y] ont cru à l'époque (…) se sont fait rouler. C'est Chevènement qui avait raison ! C'est le contraire qui s'est passé. On a ouvert, en grand, le pouvoir absolu à la finance ».


Manœuvre politicienne ? Désir de séduire les proches du sénateur de Belfort ? C’est possible. Quoiqu’il en soit, Jean-Luc Mélenchon fait preuve ici d’une humilité peu habituelle en politique. Ce faisant, il fait d’ailleurs mentir Chevènement, qui affirme parfois, un rien désabusé que « les élites n’admettent jamais leurs erreurs ».

« Méluche » vient d’avouer la sienne vingt ans après l’avoir commise. Ce faisant, il n’est pas sans rappeler ici l’attitude d’un certain…Chevènement. Celui-ci, dans son bel ouvrage La France est-elle finie ? se livre à un mea culpa en règles, pour avoir entériné l’Acte unique en 1986 : « je fus moi-même dupe (…) je ne me doutais pas que plus de 300 directives seraient prises (…) afin de déréglementer complètement l’économie ».

Alors que l’émission se poursuit sur BFM TV, le summum de la cocasserie est par ailleurs atteint au moment d’un face à face dans lequel Mélenchon, se trouve aux prises avec Christian Estrosi. Car l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy affirme alors, l’air de rien : « toutes les erreurs sont parties du même point (…) c’est Maastricht. Les autres traités ont découlé de Maastricht ». Il faut dire que le maire de Nice, alors proche de Philippe Séguin et de Charles Pasqua avait voté « non » en 1992. Ce qui ne l’avait pas empêcher par la suite de se renier mille fois.

Nous voici donc face à un numéro de duettistes dans lequel chacun excipe du (ou des) mauvais mauvais traité européen qu’il n’a pas voté, comme s’ils admettaient tous deux que chacun de ces textes fut une erreur, et que le salut reviendra à celui qui en aura voté le moins....

On ne sait plus, par les temps qui courent, à quel moment se produira le grand « renversement des alliances » qui semble désormais nous pendre au nez, ni ce qui en résultera. Une vaste union des communistes aux gaullistes façon « Conseil national de la Résistance » ? Une recomposition de la gauche sous l’impulsion de Chevènement, de Montebourg, et à présent de Mélenchon ? Tout est infiniment plus désirable, quoiqu’il arrive, que la reconduction, en mai 2012, du pareil au même.

Une seule chose, en tout cas, demeure certaine : le 1er janvier prochain, à 0h00, nous entrerons de plain-pied dans une année qui pourrait bien être l’une des plus surprenantes de l’histoire politique récente. Cela vaudra bien d’aller assister à quelque feu d’artifice, quand bien même la nuit serait fort froide.

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5 commentaires:

  1. Fasse que l'avenir confirme vos intuitions mais... les hommes - et surtout le système et le paradigme qui le sous-tend - sont d'une inertie redoutable.
    Au plaisir de vous lire !

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  2. Cette "Europe des marchands" que nous construisons depuis 60 ans est une tragique erreur d'origine idéologique. Et elle est un terrible échec. Melenchon à raison. Mais combien de temps faudra-t-il pour que nos princes l'admettent ?...

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  3. Puisque vous parlez d' un nouveau CNR, voici le candidat à la présidentielle qui s' en réclame.
    François Asselineau, président de l' Union Populaire Républicaine (UPR),présente sa candidature :
    http://www.u-p-r.fr/presidentielles-2012/le-programme-de-l-upr
    l' exposé est long mais souvent passionnant.Le silence médiatique sur cette candidature est quasi total. Cela s' explique par sa volonté de sortir de l' UE, ce qui est considéré par les journalistes comme un "blasphème" et est donc censuré par ces mêmes journalistes.
    A noter qu' un autre parti demande la sortie de l' UE et est aussi censuré par les journalistes, le Parti Ouvrier Indépendant (POI).
    En effet si en Chine les politiques censurent les journalistes, par contre en France ce sont les journalistes qui censurent les politiques!

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  4. ENFIN !
    Ouf, Mélenchon a fini par reconnaitre qu'il avait eu tort au moment du traité de Maastricht.
    Car, en 2009 encore (il avait déjà créé le PG), il défendait (avec des "pincettes", certes) sa position de 1992.

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2009/06/15/questions-existencielles/
    (Aller à "suis-je un traitre organique ?").

    Relevons ce passage :
    "Nous ne pouvions prendre appui sur aucune des critiques que nous avions entendues alors. En effet, selon ce que nous en voyions toutes se référaient à une vision dans laquelle la Nation était centrale. Cela ne correspondait pas à notre grille d’analyse".

    Il vient de reconnaitre son erreur de l'époque. De plus, je ne savais pas qu'il était opposé au traité d'Amsterdam (1999). Cette opposition allait déjà dans le bon sens.

    Pour sa crédibilité, il était indispensable que Mélenchon reconnaisse son erreur de 1992.
    C'est fait !

    Autre constat.
    Lors de l'émission "Mots Croisés" où Marie-France Garaud a contré avec beaucoup de compétence Nathalie K.-Morizet, il est vrai que Montebourg semble avoir concédé avoir été dans l'erreur à l'époque.
    MFG qui a rarement critiqué Montebourg pendant cette émission lui reprocha cependant d'avoir voté pour Maastricht. Montebourg soupira : "Et oui", puis silence. Un "et oui" et un silence qui semblent en dire long.

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  5. Chevènement, ce faux dur qui s'est toujours couché devant ce tigre de papier qu'est le PS. Mélenchon ne semble pas de cet acabit! Il lui faut souhaiter de continuer son évolution.

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