vendredi 3 février 2012

Micro-trottoir 2012 : Chloé, conquise et acquise à Hollande




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Cet entretien a été réalisé dans le cadre du micro-trottoir 2012 de l’arène nue. Vous pouvez en consulter ici la rapide description, ainsi que les sept premiers volets (un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept). Je remercie vivement Chloé, mon interlocutrice.

***

Chloé a 40 ans, et vit dans un département rural. Elle fait du conseil et de l’accompagnement de projet dans la fonction publique d’Etat. Jamais engagée politiquement jusqu’à cette année, elle se sent proche, aujourd’hui, des idées d’Arnaud Montebourg. Elle votera pour Hollande.

Vous avez décidé de voter pour François Hollande à la présidentielle de cette année. Comment s'est effectué ce choix ?

Cela n'a pas été quelque chose d'évident pour moi ! Lors de la primaire socialiste, mon choix s'est porté sur Montebourg sans hésitation. Je trouvais qu'il était celui qui avait situé le plus justement les enjeux politiques du contexte actuel, notamment l'articulation entre économie et démocratie.

Si j'ai apprécié que ses idées laissent une empreinte, les mois qui ont suivi ont été très frustrants pour moi. J'avais le sentiment d'une régression, d'un appauvrissement du débat. A gauche, seul Mélenchon me semblait avoir un discours lisible : j'ai parfois été tentée, je l’avoue.

J'attendais surtout avec impatience que le gagnant de la primaire se démarque, s'affirme enfin comme un candidat digne du premier parti de gauche. Le discours de Hollande au Bourget a suscité en moi un vrai frémissement en sa faveur : dans ses propos, on trouvait enfin l'affirmation de valeurs de gauche, enfin la volonté de s'attaquer aux nœuds des problèmes ! Ma résolution à voter pour lui n'est plus de même nature : j'envisageais de le faire "faute de mieux". A présent, je vais le faire par conviction.

Quels sont les sujets qui vous tiennent particulièrement à coeur, que vous avez trouvés chez Montebourg  puis chez Mélenchon et que vous ne trouviez pas, jusque là, chez Hollande ?

J'attends d'abord de la gauche qu’elle replace l'humain au cœur de son projet politique, afin de combattre cette espèce de moins-disant culturel qu'ont instauré Nicolas Sarkozy et toute sa clique. Dans mon environnement professionnel, j'assiste depuis plusieurs années à un formidable recul de tout ce qui entretenait le lien social dans notre pays. Les structures publiques et associatives n'ont plus les moyens d'accomplir leurs missions, l'emploi se précarise, les inégalités se creusent, les jeunes ont du mal à se bâtir un avenir.

En entendant Montebourg lors du premier débat de la primaire, j'ai pris conscience que nous avions besoin, plutôt que de mesures "sparadrap", de s'attaquer aux fondements du système économique. Les aides sociales se justifient par la solidarité avec les plus démunis, mais pour pouvoir continuer à les mobiliser, il faut s'attaquer à d'autres injustices beaucoup plus structurelles. C'est dans ce sens que j'ai compris ses propositions pour la régulation du système financier, pour une relance industrielle assortie d'un protectionnisme à l'échelle européenne, ou pour le développement du capitalisme coopératif et la "mutation écologique".

Avez-vous choisi François Hollande au second tour de la primaire socialiste ?

Pas du tout : j'ai voté blanc. Malgré les réponses d’Aubry et d’Hollande à la lettre que leur avait envoyée Montebourg, j'ai ­­­­– à ce moment-là ­– davantage retrouvé ses thématiques dans les propositions de Front de gauche qu'au PS. Je trouve regrettable que Mélenchon soit aujourd'hui caricaturé comme le fut le FN en son temps, car il a – tout comme Dupont-Aignan plus à droite – des choses à apporter au débat politique, sur l'économie, l'Europe, et la société.

Dans ce cas, comment en êtes vous venue à choisir François Hollande alors même que vous sembliez davantage attirée par le Front de Gauche après que la primaire socialiste a pris fin ?

Même si je lui reconnais une certaine pertinence, la vision de Mélenchon est parfois irréaliste et surtout trop clivante. Gouverner, c'est savoir proposer un projet de société qui conjugue les intérêts de toutes les catégories de français, sans mettre les gens dos à dos.

Jusqu'à peu, j'envisageais de voter Hollande par simple élimination, pour soutenir le seul candidat de gauche capable de remporter l'élection. Mais depuis le Bourget, ma considération pour lui a grimpé de deux ou trois crans. Et pas seulement parce qu'il a "fait des concessions" en intégrant certaines des idées de Montebourg, ou parce qu'il a développé des propositions plus sociales, plus en phase avec les besoins de la population.

Il m'a semblé avoir pris une autre dimension, avoir gagné en consistance. Son discours a sonné vrai, il était plus construit, plus abouti, comme s'il avait enfin trouvé le sens de sa candidature. Je crois qu'il a compris que nous attendions de lui d'être digne, à l'écoute, généreux humainement, et juste dans ses choix. Après la période que nous avons traversée, avoir une telle démarche augure d'une bonne gouvernance.

Finalement, vous avez été convaincue par un homme que vous trouviez banal, et qui a "pris de la consistance" selon vos termes. Dois-je en déduire que vous ne souhaitez en rien un président "normal" ?

Oui et non. J'ai bien aimé qu’Hollande renvoie ainsi Sarkozy à ses excès ! Il n'empêche que la V° République est organisée autour du Président. Du coup, pour prétendre à cette responsabilité, il faut vraiment avoir un tempérament qui sorte de l'ordinaire. C'est une nécessité, même si c'est loin de correspondre à mon idéal démocratique.

Hollande vous a conquise lors de son discours du Bourget. Votre adhésion demeure-t-elle intacte après qu'il a dévoilé son programme, puis participé à une longue émission sur France2 jeudi 27 janvier ?

Sans hésitation ! Il a mis en avant des priorités qui me conviennent : la régulation bancaire, la justice fiscale, les investissements facteurs de développement économique et social, le soutien aux PME, la lutte contre l'emploi précaire, l'amélioration des institutions politiques… Sans compter la protection des plus faibles, la priorité donnée à l'éducation et à l'emploi des jeunes, … Je ne peux pas tout citer, mais l'ensemble va dans le bon sens.

Les sondages sont très bons pour lui. Pensez vous que votre candidat a déjà gagné l'élection présidentielle ?

Je n'aime pas ce pouvoir que l'on accorde aux sondages de dicter l'avenir. Leurs méthodes sont loin d'être parfaites et leurs résultats ne sont pas des prédictions, d'autant plus qu'il reste encore pas mal d'indécis. Leur accorder autant de poids et faire comme si tout était joué d'avance est préjudiciable pour la démocratie.

Hollande sera de plus en plus soumis aux rapports de force de la campagne pendant les mois qui restent, et c'est très bien. Ce n’est pas parce qu'il est favori qu'il n'a plus besoin de convaincre ! Il faut que le débat de fond continue. Que les gens discutent en famille, entre amis et dans la rue, que la société civile pousse à approfondir les idées, à étendre les propositions

Quel serait, selon vous, son adversaire idéal au second tour ?

Je ne me pose pas la question. Je vois l'élection présidentielle comme un moment où la démocratie s'exprime de manière plus intense, en subissant toutes sortes d'influences. Les gagnants du second tour seront ceux autour desquels se cristallise l'opinion à cet instant, et il faudra en tirer des enseignements. Pas comme en 2002, où, passé le soulagement d'avoir refoulé Le Pen, les responsables politiques se sont bien gardés de questionner le système qui fait l'objet d'une telle contestation.


Ce qui m'intéresse davantage, si Hollande gagne, ce seront ses choix pour un futur gouvernement. J'espère bien que Montebourg y sera, pour continuer à insuffler sa logique de rénovation. Personnellement j'ai déjà commencé à m'investir dans son mouvement, "La rose et le réséda", pour y participer à mon niveau.

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4 commentaires:

  1. La politique est l'art du moindre mal.Dès lors il est inutile de se triturer les méninges.Le prochain président s'appelera Hollande ou Sarkozy.Dès lors il s'agit uniquement de choisir le moindre mal.Tout le reste n'est que bouillie de chat

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    1. Une bouillie pas très appétissante si le seul choix qui nous est donné se cantonne entre Sarko ou Holande.

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  2. je me sens tout à fait en accord avec ce que dit Chloé, je ne l'aurais pas mieux exprimer si ce n'est avec d'autres formules. En tous cas, mon cheminement pour en venir au vote en faveur de F. Hollande, est passé par Montebourg et Mélanchon également. J'aimerais que Hollande se positionne encore un peu plus à gauche!

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    1. Hollande ne fera jamais du Melenchon, alors à gauche toute avec le FDG.

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