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samedi 16 juin 2012

Législatives : NKM et "les voix de l'extrême-droite".



Plus que quelques heures maintenant avant de connaître le dénouement des feuilletons qui se jouent dans un certaines circonscriptions.

Parmi ces « circos de tous les dangers » figure la quatrième de l’Essonne, où l’ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet se livre à danse du ventre endiablée pour échapper à une élimination qui lui vaudrait quelques années de « traversée du désert ». Pour l’emporter, la maire de Longjumeau ne recule devant aucun argument fallacieux. Elle confirme ainsi cette capacité, qu’on lui avait découvert pendant la campagne présidentielle, à enfiler les contradictions comme d’autres se plaisent à enfiler les perles.

Il faut dire qu’à force de souffler tantôt le chaud, tantôt le froid, « NKM » s’est auto-installée dans une vaste étang d’eau tiède dans lequel elle patauge désormais tout en essayant de ne s’y point se noyer…

L’écart n’est pas si grand entre la sylphide rousse et son rival socialiste. La première a obtenu 39,46% des voix dimanche dernier, cependant qu’Olivier Thomas en a recueilli 36,29%.

Seulement voilà : celle qui signa, en 2009, un brûlot anti-FN intitulé Le front antinational, celle qui porta le fer contre Marine Le Pen, en septembre 2011 à l’occasion d’un débat radiotélévisé fort commenté, est désormais l’une des cibles privilégiées du Front national. Elle figure en effet, aux côtés de Georges Tron, de Xavier Bertrand ou de Jack Lang, sur la short-list des candidats que Marine Le Pen souhaite faire battre. Dans son entreprise de règlement de comptes, la leader frontiste a même été un temps dépassée par l’action de ses troupes sur le terrain. Au cours de la semaine qui s’achève, Brigitte Dupin, la candidate FN éliminée, a fait imprimer un millier de tracts, rapidement retirés de la circulation, mais néanmoins frappés de ce slogan inattendu: « faites barrage à NKM, votez PS avec le Front national ».

Las, les évènements sont bien injustes avec une Nathalie Kosciusko-Morizet qui se sera donné bien du mal pour piétiner ses propres convictions. Certes celle-ci ne mégotait pas, jadis, ses positions tranchées. Quitte à prendre parfois au dépourvu la direction de l’UMP. Lors des élections cantonales de mars 2011, elle avait pris de vitesse son parti en envisageant en ces termes d’éventuels duels FN/PS : « dans ce cas-là je dis clairement: on vote PS ».

Toutefois, depuis quelques semaines, la candidate de l’Essonne, n’a pas hésité à mettre quelques hectolitres d’eau dans son vin. D’abord pendant la présidentielle, en demeurant la porte-parole d’un Nicolas Sarkozy complètement « buissonisé », notamment dans l’entre deux tours. Désormais, en validant sans broncher la consigne du « ni-ni » (ni Front national, ni PS) donnée par Jean-François Copé pour le second tour des législatives. Au point même d’avaliser l’argument imbécile d’un Mélenchon antisémite, qui justifierait, selon elle, de renvoyer dos à dos la gauche et le Front national. Ainsi NKM accepte-t-elle de se renier avec un tel entrain, une telle énergie et une telle absence de vergogne qu’on en est presque attristé, après avoir d’abord été gêné.

Voilà donc notre girouette prise entre le marteau et l’enclume. D’un côté, l’ex-promotrice d’un « front républicain » anti-FN se trouve marquée à la culotte par un Front national qui a juré sa perte. De l’autre, la désormais candidate du « ni-ni » voit la candidate locale du Modem, Gabrielle Nguyen, lui tourner le dos pour soutenir son rival socialiste. Qui croyait aux vertus du grand écart découvre désormais les turpitudes de l’étau…

Dès lors, c’est un bien triste « sauve qui peut » que nous donne à contempler NKM lorsqu’elle affirme sans rougir : « le candidat socialiste chez moi est soutenu par la présidente du Front national de manière publique ». Comme si Olivier Thomas était comptable de ce soutien. Comme s’il l’avait sollicité. Comme s’il avait tenu meeting commun avec Marine Le Pen…

D’ailleurs, à la député sortante clamant partout que son rival « accepte les voix de l’extrême droite », on a envie de poser ces questions : les refuserait-elle, ces mêmes voix, si elles lui étaient acquises ? Très logiquement, à la veille du 6 mai dernier, la porte-parole NKM appelait « les électeurs qui ont voté Marine le Pen » à se reporter sur Sarkozy. Ces mêmes électeurs auraient-ils attrapé la peste entre la présidentielle et les législatives ? Quand bien même, comment fait-on, concrètement, pour refuser des voix ? Monsieur Thomas doit-il boucher les urnes avec de la glue ? Faire le tour des bureaux de vote de sa circonscription pour escamoter les bulletins à son nom ? Se retirer pour éviter qu’une main « d’extrême droite » ne vienne à glisser son bulletin dans une enveloppe ?

On atteint là, manifestement, les limites de la rhétorique électoraliste. Et de la sympathie que l’on put éprouver un temps pour une femme politique qui semblait avoir quelques solides convictions. Il ne nous reste donc qu’à souhaiter à Nathalie Kosciuscko-Morizet, si elle venait à être élue, de parvenir à l’être sans aucune « voix de l’extrême-droite ». Puisse-t-elle nous fournir rapidement un certificat en attestant.

Si jamais elle était battue, elle aurait doublement perdu. Car perdre en ayant défendu ses idées est probablement très frustrant. Mais que dire de celui ou celle qui perd en les ayant bradées ? Il ne restera alors pour NKM - à charge pour elle de s’en auto-persuader puis de s’en satisfaire - qu’un seul motif de contentement : n’avoir pas même été effleurée par les « voix de l’extrême-droite ».

Lire et relire :
Quelles conclusions tirer de la défaite de Mélenchon ?   CLICK
Coup de bambou sur la campagne de Bayrou ?   CLACK
Captain American, candidat du Front national aux législatives  CLOCK
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