Après les mots, voici les chiffres. C'est Maître Capello qui aurait été fier de nos « féministes » 2.0 !
On se souvient du combat homérique mené en 2011 par le collectif Osez le féminisme contre la présence du très dégradant vocable « Mademoiselle » dans notre langue archéo-française et androcentrée. Par chance, elles avaient vu bondir à leur secours la téméraire présentatrice de télévision Roselyne Bachelot, du temps que celle-ci était encore ministre de Nicolas Sarkozy. Grâce à leur brillante réussite, tout un tas de jouvencelles bénéficient aujourd'hui de l'immense privilège de se voir appeler « les filles » dans la cour du lycée, tandis que leurs camarades mâles ont toujours droit à « messieurs ». On sent qu'on a fait là un grand progrès.
En 2012, les néo-connes1 reviennent et elles ne sont toujours pas contentes. Cette fois-ci, en lieu et place d'OLF, elles ont dépêché le collectif La Barbe, dont les militantes ont pour habitude de revêtir des barbes postiches pour protester contre la
Après
que leurs éminentes consœurs d'OLF ont torpillé un mot, leur-e-s
successeur-e-s de La
Barbe ont
décidé quant à elles de dégommer
deux
chiffres : le
1 et le 2 qui débutent
nos numéros de Sécu. On peu lire leur déclaration de guerre ici, sous la plume
d'une dénommée Chris Blache, dont les talents « d' ex-conseillère
d'Eva Joly »
ont abouti, au soir du 22
avril,
au résultat que l'on sait.
Dans
les colonnes de Libération,
cette
« activiste »
explique
en effet : « l'attribution
des chiffres 1 ou 2 dans le numéro de la Sécurité sociale impose,
dès la naissance, une hiérarchie explicite : en tête, le masculin,
en éternel second, le féminin. Cet héritage installe avant même
nos premiers pas dans la vie, d’un côté la confiance, de l’autre
le doute ».
A
titre personnel, ce qui m'installe dans le doute, c'est surtout
de
me dire que la personne qui écrit ça est sincèrement persuadée de
parler en mon nom, puisque
je suis
étiquetée « 2 » à la Sécu. Et
moi
qui ai toujours cru que c'était un privilège, vu que « 2 »
est l'unique nombre premier qui soit également
pair.
Ça
m'installe même dans l'angoisse, à vrai dire. Et
aussi un peu dans la honte. Surtout quand je lis ce qui suit.
Car
la militante poursuit : « élaboré
en 1934 et mis en place en 1941 à des fins militaires par la Société
nationale des statistiques – devenue l’Insee en 1946 – ce
numéro de matricule est né asexué, ou plus exactement, masculin ».
Oh punaise ! Voilà que déboulent les années 1930/40, ces
fameuses
« heures
les plus sombres de notre histoire ».
Avec ça, si le numéro d'Insee n'est pas au moins un peu pétainiste,
je ne m'y connais guère...
Il
est donc temps, selon Chris Blache, de mettre un terme à cette
discrimination d'un autre âge, puisque « nos
modes de vie ont remarquablement évolué »,
en particulier la
configuration des
ménages.
« Solo,
homo, en couple, avec ou sans enfants, les individus se marient ou
non, se pacsent, divorcent »,
ce qui prouve bien finalement, qu'il
n'y a plus ni hommes ni femmes2.
Aujourd'hui,
donc, non seulement « on
ne naît pas femme »,
comme disait Simone
de Beauvoir,
mais on ne le devient pas
non plus. Pas plus d'ailleurs qu'on ne devient homme. Nos identités
dépassent largement ces « diktats ».
Et ouais. Du coup, Chris Blache et La Barbe
proposent qu'on supprime enfin les classifications3.
Et
de rappeler qu'étant toutes et tous en transition, nous sommes
finalement « tous
des 3 ».
Quant
à mon camarade blogueur Alexis M. (CLICK) il propose pour
sa part
un nouveau motif de mobilisation car
il s'insurge :
« les
femmes sont XX et les hommes XY. Les femmes viennent donc avant
les hommes en biologie. C'est un scandale ! Nous sommes tous des ZZ
! ».
Un peu comme « zozo » ou comme « double zéro »...
3 Perso,
je propose qu'on abolisse aussi le groupe sanguin, car ça
discrimine vachement, surtout les ultra-minoritaires du groupe « B
négatif ». Et tant pis pour les transfusés.