
On a parfois la chance de tomber, en fouillant dans les recoins de certaines bibliothèques familiales, sur quelques perles dont on soupçonnait pas l'existence.
C'est ainsi que je suis récemment tombée sur ce petit bouquin
hilarant paru en 1997 et que je n'avais pas encore eu le bonheur de
feuilleter : Le Bêtisier de Maastricht. Il recense les âneries
les plus épaisses ayant été proférées pendant la campagne
référendaire de 1992 par les partisans du « oui ».
Parce que ça semble plus actuel que jamais et parce qu'il vaut mieux
en rire, voici quelques extraits !
***
« L’Europe est la
question d'avenir à la question du chômage (…) en s'appuyant sur
un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde,
sur une monnaie unique, la plus forte du monde, sur un système de
sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises
pourront se développer et créer des emplois » - Michel Sapin,
2 août 1992.
* Au bout du
compte, Sapin a commencé très tôt à rencontrer des problèmes
dans la réalisation de l’œuvre de sa vie :
l'inversion de la courbe. Courage Michel, avec un peu de bol,
dans 20 ans, on y est !
« Maastricht
apporte aux dernières années de ce siècle une touche d'humanisme
et de lumière qui contraste singulièrement avec les épreuves
cruelles du passé » - Michel Sapin, 6 mai1992.
* Magnifique !
Dommage que sa carrière de poète ait été si courte. Et que
sa carrière de ministre soit si longue....
« Maastricht
permettra d'équilibrer une réalité financière par une réalité
politique et sociale » Laurent Fabius, 16 septembre 1992.
*
Dommage que sa carrière de prophète ait été si
courte. Et que sa carrière de ministre,
etc.(cf.supra).
«On
ne peut dire que oui : oui à la paix, oui à la compréhension
entre les peuples, oui à l'union qui fait a force ». Jacques
Delors, 24 août 1992.
* On dirait les
dialogues d'un film pour adultes : oh oui, oh oui, oh
ouiiiiiiiiiiiii !
« Le
oui étant majoritaire chez les jeunes, faut-il inventer une
gériatrie du non ? ». Bernard Kouchner, 31 août 1992.
*
Quid d'une gériatrie spécifique pour les types tellement séniles
qu'ils ne savent plus s'ils sont socialistes ou sarkozystes ?
« Peut-être
que le Président considérera que sa tâche est accomplie et que, le
oui l'ayant emporté, il préférera arrêter son mandat. (…) Je
n'ai aucune information me permettant de penser cela ».
Dominique Strauss-Kahn, 15 septembre 1992.
* Parfois, il y en a
qui préfèrent ne même pas le commencer, leur mandat.
« Le
monde entier a les yeux fixés sur la France ». Jacques
Delors, 18 septembre 1992.
* Nationaliste !
« Ce
traité lutte contre la bureaucratie. Le Parlement européen va
désormais mieux contrôler la Commission ». Laurent Fabius, 26
août 1992.
* C'est vrai :
vingt ans plus tard, la bureaucratie est terrassée.
« Il
faut expliquer, expliquer, expliquer pour convaincre, convaincre,
convaincre ». François Mitterrand, 26 août 1992.
*
Tout à fait : il faut faire de la pédagogie, de la
pédagogie, de la pédagogie.
« La
traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à
l'expérience socialiste pure et dure » Alain Madelin, 4
septembre 1992.
*
Ça en revanche, c'était bien vu. On aurait pu aller plus loin, et y
voir un torpillage définitif de toute idée de gauche.
Au
sujet du « non » danois au référendum du 2 juin : « Ce
ne sont tout de même pas ceux qui ont laissé en Europe que les
traces dévastatrices des Vinkings et les petits contes d'Andersen
qui vont arrêter une construction aussi grandiose que celle de la
Communauté européenne ». Patrick Devedjian, 3 juin 1992.
* Les Scandinaves, de
toute façon, tous des barbares....
« Nous
aurons l'Allemagne que nous méritons (…) Otto von Bismark est
mort. Le 20 septembre, en refusant de ratifier le traité de
Maastricht, nous pouvons le ressusciter, pour notre plus grand
désagrément ». Franz-Olivier Giesbert, 15 septembre 1992.
*
Germanophobie, quand tu nous tiens....
«Moi
aussi, j'ai peur. Peur de l'Allemagne. De ce que deviendrait
l'Allemagne dans une Europe désagrégée où, dégagée des
Contraintes de la Communauté, elle se déploierait. Il ne faut pas
prendre l'Allemagne pour un gros chien dressé parce qu'elle a été
irréprochablement démocratique depuis 45 ans ». Françoise
Giroud, 3 septembre 1992.
*
Oui : la France a peur. Car les Teutons, de toute façon,
tous des barbares....
« Je
suis persuadé que les jeunes nazillons qui se sont rendus odieux à Rostock votent non à Maastricht ». Michel Rocard, 17 septembre
1992.
* Et qu'on se le
tienne pour dit : c'est soit l'Europe, soit les nazillons.
***
Et il
y en a des dizaines d'autres comme ça dans le livre, qu'encore une
fois je conseille. Il est désopilant. En attendant, une conclusion
en images avec cette petite vidéo que je me suis permise de piquer
sur le blog de l'excellent Nico !