dimanche 26 février 2012

Micro-trottoir 2012 : Olivier choisira Nathalie Arthaud


Cet entretien a été réalisé dans le cadre du micro-trottoir 2012 de l’arène nue. Vous pouvez en consulter ici la rapide description, ainsi que les treize premiers volets (un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize). Je remercie vivement Olivier, mon interlocuteur.

***

Olivier a 29 ans. Il est informaticien et vit à Paris. Il votait pour Arlette Laguiller auparavant, et votera pour Nathalie Arthaud (LutteOuvrière) le 22 avril 2012.

Vous avez l'intention de voter pour Nathalie Arthaud au premier tour de la présidentielle. Comment avez-vous fait votre choix ?

La société dans laquelle nous vivons me révolte. Je pense que nous avons le devoir de la changer, profondément et à l'échelle mondiale. Le capitalisme a permis l'industrialisation et le rapprochement des peuples, mais n'est régulé que par des crises, très violentes pour la population. Je pense qu'il a fait son temps et que le communisme le remplacera.

Nathalie Arthaud est la seule candidate communiste dans ces élections. Je partage l'analyse politique de son organisation, Lutte Ouvrière. Je votais déjà Arlette Laguiller en 2002 et 2007, c'est donc tout naturellement que je reconduirai mon vote pour la seule organisation qui défend mes idées.

J'en déduis donc que la candidature de Philippe Poutou, par exemple, ne vous séduit pas. Quelle est sa grande différence avec Nathalie Arthaud ?

En l'absence de la candidature de Nathalie, je pourrais voter pour Philippe. Mais je regrette la transformation récente de son organisation en un aggloméré d'associations qui l'ont éloignée de la perspective révolutionnaire. Son prédécesseur, Olivier Besancenot, m'a profondément déçu en appelant à voter Jacques Chirac en 2002 alors que ce dernier était déjà assuré de gagner. La différence profonde, c'est que Lutte Ouvrière est toujours restée résolument communiste, trotskiste. Le NPA quant à lui, parle volontiers de luttes sociales et des méfaits du capitalisme, mais peu de révolution.

Ne pensez-vous pas qu'une alliance de ces deux organisations les rendrait plus visibles, quitte à maintenir des "courants" différents, comme dans les grands partis ?

Une seule candidature, ce serait deux fois moins de temps de parole. Dans les alliances, les idées sont bradées, il faut faire des compromis...Qu'y aurait-il à gagner ? À l’extrême gauche, on ne se présente pas pour être élu, mais pour partager des idées. Contrairement, donc, aux grands partis, dont la seule idée est de gagner l'Élysée, des sièges ou des strapontins. Que deux organisations brandissent l'interdiction des licenciements, ça donne fatalement à cette mesure plus de visibilité. Et à l'inverse, je ne sais pas si on entendrait parler de l'abolition du secret bancaire s'il y avait une candidature commune.

Que vous inspire la candidature de Jean-Luc Mélenchon ? N'est-il pas en mesure de porter vos idées et de représenter le « vote utile » de la gauche non socialiste ?

Mélenchon a été, rappelons-le, un ministre de Jospin et sénateur pendant 24 ans. Je n'ai pas connaissance qu'il en ait profité pour faire quoi que ce soit pour la classe ouvrière. Il a par contre appliqué de sales réformes à l'Éducation nationale. Son modèle c'est Mitterrand. Qui oserait dire, que Mitterrand était anti-capitaliste, au delà de ses discours de l'époque ? Mais s'il prenait à Mélenchon ou au PS de parler de l’échelle mobile des salaires ou encore de supprimer la TVA, je ne m'en plaindrais pas ! Ce serait toutefois des promesses mitterrandiennes.

Quelles sont les mesures phares portées par Nathalie Arthaud, et que vous ne retrouvez chez aucun autre candidat, même à la "gauche de la gauche" ?

On peut lire sur les affiches de Nathalie « répartition du travail entre tous, sans perte de salaire». Autrement dit, travailler moins pour gagner tous ! C'est une mesure urgente, que je n'ai pas vue ailleurs.

Pour le pouvoir d'achat, j'aime assez l'idée qu'elle seule semble défendre, d'indexer les salaires sur les prix : « Quand les prix augmentent, les salaires et les retraites doivent suivre ». Mesure également nommée « échelle mobile des salaires ». Lorsque certains à gauche parlent d'imposer un salaire maximum; elle préfère élever significativement le salaire minimum, ce qui est bien plus concret. Le salaire des riches n'étant souvent qu'un argent de poche, comparé aux dividendes qu'ils touchent.

Bien entendu, ces mesures devront être imposées par les travailleurs eux même, dans les grandes luttes à venir. Les élections permettent de prendre la température.

Il semble y avoir, aujourd'hui, en France, une sorte de consternation résignée, sans doute due à la peur du lendemain. Croyez-vous malgré ce calme apparent à la possibilité d'une révolution ?

Ça ne semble en effet pas être pour tout de suite ! Mais, qui avait prédit la révolution russe ? Ou même la révolution française, qui s'est étalée sur des années ? Plus récemment et à une toute autre échelle, les grandes grèves de 1995 et la lutte insuffisante mais victorieuse contre le CPE/CNE, ont prouvé que la colère pouvait gagner les plus résignés très rapidement. Alors ça ne sera peut-être pas cette année, ce ne sera peut-être même pas dans 6 ans pour les 50 ans de mai 68. Mais d'ici là, préparons le terrain ! Voter pour l’extrême gauche n'est pas un acte révolutionnaire, mais donne du crédit à un ... programme de lutte !

Votre candidate a peu de chance d'être au second tour. Que pensez-vous faire alors ? Seriez vous prêt à voter pour un autre candidat de gauche ?

En 2002, c'est une enveloppe vide que j'ai glissée dans l'urne du second tour. En 2007, j'ai voté, sans illusion pour Ségolène Royal : en partie parce que c'est une femme, mais surtout par solidarité avec tous ceux qui, dans les classes populaires, réclamaient « tout sauf Sarkozy ».

Je suivrai la consigne de vote, s'il y en a une, de Nathalie Arthaud pour le second tour. Mais une chose est certaine: je ne prendrai jamais plaisir à voter pour le PS. Pour moi, ce qui comptera vraiment ce sont les batailles contre l'austérité, qu'il faudra mener dans les entreprises et dans la rue, quelque soit le président élu, et sans attendre la prochaine mascarade électorale.

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3 commentaires:

  1. "ce ne sera peut-être même pas dans 6 ans pour les 50 ans de mai 68."

    Ah bon, il y a des gens de 30 ans qui veulent célébrer mai 68 ?

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    1. C'est un choix de fêter Mai 68 pendant que d'autres idolâtrent Jeanne d'Arc.

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    2. vue la catastrophe de Mai 68 je préfère encore Jeanne d'ARC...



      En tout cas Bravo à Coralie pour avoir trouvé un électeur de LO...il n'y en a pas beaucoup, mais c'est intéressant de savoir ce que les gens peuvent penser et de voir ce qui motive leur vote.

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