Par Descartes
Descartes tient le blog de Descartes. Il y a publié ces quelques réflexions sur le Brexit, dont il a autorisé la reproduction sur L'arène nue. Merci à lui.
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Pour
celui qui aime à observer la société et le monde politique, le
moment qui nous est donné de vivre est passionnant, à défaut
d’être exaltant. Les sages chinois avaient l’habitude de se
souhaiter les uns aux autres « puissiez vous vivre des temps
intéressants ». De ce point de vue nous sommes gâtés. Comme une
immense machine à rayons X, le Brexit nous révèle chaque jour les
recoins les plus intimes du fonctionnement de notre système
politique.
Ainsi,
par exemple, il est fascinant de contempler le niveau d’impréparation
de notre classe politique. Nous, pauvres anonymes, avons tendance à
croire que les princes qui nous gouvernent sont pourvus de qualités
exceptionnelles qui les mettent à part du commun des mortels. Des
qualités de clairvoyance, de profondeur d’analyse, mais aussi de
prévision et de préparation. Parce qu’ils passent leur temps à
planifier à inventer des tactiques diaboliques pour se faire réélire
– et pour mettre en échec les tactiques diaboliques de leurs
adversaires – nous imaginons qu’ils sont capables de prévoir, de
préparer et de mettre en œuvre une politique. Le vote britannique
les met à leur juste place. On les découvre pris au dépourvu,
désemparés, réduits à sortir les formules passe-partout qu’on
entend depuis trente ans sur le besoin d’écouter – enfin – le
message des électeurs et de « refonder l’Europe » sans que cette
« refondation » se traduise par autre chose que la continuité dans
la même voie.
Un
leader historique de la CGT m’avait un jour raconté comment lors
de chaque conflit il préparait toujours deux discours, l’un au cas
où le mouvement était victorieux, un autre pour le cas ou le
mouvement serait battu. Et il passait le même temps à polir l’un
et l’autre Ainsi, il était sûr de ne pas être pris au dépourvu
et de faire un excellent discours quelque fut l’issue du conflit.
On aurait pu imaginer que cette sagesse fort basique serait connue de
nos dirigeants. On constate qu’il n’en est rien : à l’annonce
du vote, il était évident que personne ne s’y était préparé.
Pourtant, on savait depuis plus d’un an que le référendum
britannique allait avoir lieu. On savait aussi qu’il y avait une
chance raisonnable que le « out » l’emporte. Et pourtant, rien
n’a été préparé. Les leaders des « pays fondateurs » se sont
réunis à Berlin – le symbole est piquant – puis les 27 à
Bruxelles, et à chaque fois on aurait dit qu’ils commençaient
seulement à s’intéresser à la question. Pour expliquer cette
situation, on ne peut invoquer que trois hypothèses : l’amateurisme
qui les empêche de voir que, comme disait Lénine, même
l’improvisation doit être soigneusement préparée,
l’auto-intoxication qui les a conduit à se persuader les derniers
jours que le « in » avait partie gagnée, ou la superstition qui
les fait croire que se préparer à un évènement contribue à le
provoquer. Et aucun de ces trois prétextes n’est très rassurant.
C’est
le sentiment de panique haineuse qui domine les réactions de notre
caste politico-médiatique, elle-même un bon thermomètre des
réactions des « classes moyennes ». La panique se manifeste
d’abord par une exagération du caractère catastrophique de
l’événement.
Ces derniers jours, les prophètes de toutes sortes qui hantent nos
médias se sont donnés à cœur joie, celui-ci prédisant la
dissolution du Royaume-Uni, celui-là une récession désastreuse…
Ainsi, il était amusant d’entendre les auditeurs de l’émission
« le téléphone sonne » de France-Inter demander aux invités –
qui eux aussi ajoutaient leur goutte d’eau à l’hystérie (1) -
si la sortie de l’UE allait empêcher les britanniques de voyager
ou de vivre en France, si les produits venant de Grande-Bretagne
continueraient à accéder au marché européen, et ainsi de suite. A
se demander si ces participants réalisent que sur les quelque 180
pays qui intègrent l’ONU, l’immense majorité d’entre eux ont
leur propre monnaie, leurs propres frontières, n’appartient pas à
l’UE et que cela ne les empêche nullement de vivre et de voir
arriver leurs produits de remplir nos étals. Même s’il n’y
avait pas d’accord avec les britanniques – ce qui serait étonnant
– les règles de l’OMC continueraient à s’appliquer, et les
produits britanniques entreraient dans le territoire de l’UE. Vous
aurez noté que ni la Chine, ni le Japon, ni les Etats-Unis
n’appartiennent à l’UE, et que cela ne semble pas être un
obstacle insurmontable à leur commerce. Quant aux déplacements, il
faudrait se souvenir que Maria Sklodowska n’a pas eu besoin
d’Erasmus pour venir étudier à Paris, ni de Schenguen pour
s’installer chez nous, obtenir un poste d’enseignant et épouser
Pierre Curie.
Or,
la panique devient de la haine. Il faut se venger de celui qui nous
fait peur, d’autant plus que se mêle à cette peur la frustration
de l’amant éconduit. La haine se manifeste d’abord par des
appels au châtiment divin et au repentir. Les prophètes vous le
disent : les anglais seront horriblement punis de leur outrecuidance.
D’ailleurs, regardez ! La livre baisse ! L’Ecosse s’en va ! Les
leaders pro-Brexit trahissent leurs promesses ! Les Anglais eux-mêmes
commencent à changer d’avis ! Le gouvernement britannique est
paralysé ! Et on nous bassinera avec des reportages et des
témoignages d’électeurs britanniques sur le thème « si j’avais
su, j’aurais voté autre chose », témoignages qu’on peut
facilement trouver au soir de n’importe quelle élection et dans
n’importe quel pays. On nous expliquera que si l’Angleterre a
voté « out », l’Écosse
à voté « in », en oubliant de noter que l’Ecosse n’a que 5
millions d’habitants, contre 55 millions pour l’Angleterre. Et
bien entendu, on couronne cette campagne avec le discours sur
l’électeur britannique trompé par les démagogues.
Ce
discours a deux fonctions. D’une part, décourager ceux qui en
Europe continentale seraient tentés d’imiter les britanniques.
D’autre part, préparer un éventuel contournement du suffrage.
Réduire la légitimité du résultat, prédire l’apocalypse est la
voie choisie pour préparer les mentalités à l’organisation d’un
possible deuxième référendum. On connaît la technique, on l’a
vue déjà utilisée à maintes reprises lors de la ratification des
différents traités européens. Il semblerait cependant que cette
solution, caressée quelque temps par certains eurolâtres, soit
aujourd’hui considérée comme politiquement impossible à mettre
en œuvre.
Pour
le camp progressiste, au contraire, le Brexit est une formidable
opportunité. Encore faut il comprendre exactement son sens, pour ne
pas se perdre dans des débats absurdes. D’abord, et c’est le
point essentiel, le référendum britannique a mis en évidence un
vote de classe. Ont voté pour le « in » les couches insérées
dans l’économie globale, disposant du capital monétaire et
intellectuel qui leur permet d’en tirer profit sans en subir les
conséquences, autrement dit, les « classes moyennes ». Ont voté
massivement pour le « out » les couches sociales qui payent les
coûts de la globalisation sans jamais en voir les avantages, qui
voient quotidiennement leur avenir se boucher, leur cadre de vie se
dégrader, ceux que des « réformes » obligent à participer à une
compétition qu’elles ne peuvent pas gagner. On avait déjà pu
observer ce phénomène en 2005 en France lors du référendum contre
le TCE, et cette géographie électorale se retrouve aujourd’hui
dans la carte du vote FN. Mais peut-être parce que la mixité
sociale reste plus forte en France qu’en Grande-Bretagne, on
n’avait jamais observé une polarisation sur une telle échelle.
L’Angleterre
est depuis toujours une société hiérarchique, ou la division entre
les classes – division spatiale, sociale, culturelle – est bien
plus forte qu’elle ne l’est en France. Il faut relire «
Pygmalion » de G.B. Shaw – ou voir le film « My fair lady », qui
s’en inspire largement – pour le comprendre (2). D’ailleurs,
les classes ne se mélangent pas. Lorsque j’ai travaillé en
Angleterre, j’ai pu constater que les ouvriers, les techniciens et
les ingénieurs avaient chacun son « pub » pour aller après le
travail. Et on ne se mélangeait pas : les ouvriers auraient été
gênés par la présence d’un ingénieur, les ingénieurs par celle
d’un ouvrier (3). Entre eux, pas de sujets de conversation communs,
pas d’intérêts communs, même pas de langage commun. Cette
division fait que les groupes sociaux en Grande-Bretagne sont
beaucoup plus homogènes, et que la ségrégation géographique est
bien plus marquée. Ils ont donc une vision beaucoup plus tranchée
de leurs intérêts respectifs. Le vote britannique, bien plus que le
vote français en 2005, est un vote pragmatique. Ce n’est pas
l’idée européenne qui a été sanctionnée, c’est l’incapacité
et/ou l’indifférence des institutions européennes aux
préoccupations d’une couche sociale, qui se tourne alors vers ses
institutions nationales. Les Britanniques n’ont pas voté contre le
libéralisme. Mais ils préfèrent les libéraux de Westminster –
qui sont tenus à leur égard à un minimum de solidarité et qu’ils
peuvent éventuellement sanctionner par leur vote – aux libéraux
de Bruxelles qui sont hors de leur portée. En ce sens, les couches
populaires ont toujours en tête un logiciel national : il vaut mieux
des bourgeois « nationaux », dont on peut espérer un certain degré
de « solidarité inconditionnelle » que les bourgeois «
supranationaux », qui n’ont eux aucune empathie pour personne.
Ont-ils
raison de faire cette différence ? On peut se le demander. Il est
tout de même frappant de constater le fossé – non seulement
économique, mais aussi géographique et culturel – qui sépare le
bloc dominant formé par la bourgeoisie et les « classes moyennes »
de l’ensemble des couches populaires. Ce n’est pas seulement une
question d’inégalités de revenu ou de patrimoine, mais de la
dissolution de la « communauté de destin » qui réunissait les uns
et les autres. Dans les années 1960, l’expansion des entreprises
françaises voulait dire non seulement plus de profits, mais aussi
plus de salaires, de meilleurs salaires et des rentrées fiscales
plus importantes. Aujourd’hui, il est parfaitement possible de voir
les profits des entreprises s’envoler alors que leur charge fiscale
diminue, tout comme leurs effectifs et les salaires payés. Pour le
dire schématiquement, aujourd’hui la prospérité de l’entreprise
n’a plus aucune connexion avec la situation de ses travailleurs et
du pays où elle est installée. La conséquence est une totale
indifférence du bloc dominante à l’endroit des couches
populaires. Pour ses membres, ces dernières ne présentent plus
aucune utilité. Même pas comme chair à canon, alors que les
guerres ont disparu du continent européen et se professionnalisent
ailleurs. On supporte tous ces pauvres parce qu’on ne peut faire
autrement, alors on essaye de faire en sorte qu’ils coûtent le
moins cher possible en rognant les dispositifs d’aide et les
services publics, et on leur cède quelques miettes lorsqu’on a
peur qu’ils se révoltent ou qu’on a besoin de leur vote.
Certains théorisent même une logique d’apartheid, avec des «
villes-monde » qui, à l’image de Singapour ou de Hong-Kong,
déclareraient leur « indépendance » pour permettre aux bourgeois
et aux « classes moyennes » de vivre entre eux, sans avoir à
prendre en compte ces couches populaires qui, décidément,
ne leur ressemblent pas.
Mais
si la question de classe est écartée chez beaucoup de
commentateurs, la question de l’âge est au contraire sous toutes
les plumes. Ainsi, les vieux auraient voté pour le « out » par
nostalgie ou par frilosité, alors que les jeunes ouverts et
cosmopolites auraient voté pour le « in ». Certains en arrivent
même à souhaiter que les vieux soient privés du vote, ou que le
poids de leur vote soit réduit. Cela met en évidence un phénomène
que j’ai dénoncé plusieurs fois sur le blog de Descartes : notre société
déteste tout ce qui peut nous rattacher à notre histoire, et donc à
notre passé. Dans l’immense majorité des sociétés, la parole
des « anciens » - c’est comme ça qu’on appelle les « vieux »
quand on les respecte – est au contraire valorisée. C’est la
voix de l’expérience, c’est aussi la voix de la mémoire. C’est
la voix qui peut nous raconter ce que nos ancêtres ont fait, et nous
éviter de faire les mêmes erreurs. Parce que le progrès humain est
un processus cumulatif, il n’y a pas de progrès sans mémoire. Si
nous voyons plus loin que nos « anciens », c’est parce que nous
sommes assis sur leurs épaules, comme le disait si joliment Newton.
Il
est faux de dire que les vieux sont plus égoïstes que les jeunes.
Au contraire : les vieux savent ce que c’est d’être jeune, parce
qu’ils l’ont été. Les jeunes, eux, ne connaissent qu’eux-mêmes.
Il n’y a d’ailleurs qu’à voir les discours politiques : j’ai
déjà vu des vieux politiciens dire qu’il fallait faire place aux
jeunes, je n’ai jamais vu un jeune politicien dire qu’il faut
faire leur place aux vieux. Il est bien plus courant de voir des
parents se saigner aux quatre veines pour leurs enfants ou leurs
petits enfants que l’inverse. C’est l’âge et l’expérience
qui permet de relativiser les idées et les choses, d’échapper aux
sectarismes. Que le vote des vieux ait condamné l’UE n’est pas à
mon sens neutre : l’UE est condamné par ceux qui l’ont vue à
l’œuvre, qui connaissent l’avant. Elle est plébiscitée par
ceux qui ne connaissent que le présent, et qui subissent depuis leur
enfance le bourrage de crâne de la propagande européenne. Peut-on
imaginer une condamnation plus terrible ? On pourrait ajouter que le
vote des anciens montre que l’argument-phare de la construction
européenne, celui qui veut que « l’Europe c’est la paix », n’a
plus aujourd’hui la force qu’il avait hier. Comment sinon
expliquer que la génération qui a été le plus marquée par la
guerre et ses horreurs soit celle dont le vote a penché le plus du
côté du « out » ?
Et
maintenant ? Le souverainisme – tout comme l’europhilie,
d’ailleurs – n’est pas en lui-même une politique. On peut être
europhile au nom d’une « Europe libérale » mais aussi au nom
d’une « Europe sociale ». Il y a un souverainisme social et un
souverainisme libéral, un souverainisme de droite et un
souverainisme de gauche. Le choix souverainisme/européisme n’est
pas le choix d’une politique, mais d’un arrangement
institutionnel. L’europhile pense que les règles doivent être
faites par la Commission à Bruxelles ou par la BCE à Francfort. Le
souverainiste pense que les règles doivent être faites
souverainement par les autorités politiques nationales. Mais ce
choix étant fait, nous ne savons pas plus sur la nature de ces
règles. C’est pourquoi il est ridicule de reprocher aux partisans
du Brexit de « ne pas avoir de programme ». Leur programme, c’était
de rapatrier le pouvoir de décision à Londres. Les électeurs leur
ont donné raison. Mais une fois le pouvoir rapatrié, c’est aux
électeurs de décider la politique à suivre dans un débat
démocratique où les divisions ne se feront pas forcément sur la
ligne souverainisme/europhilie. De ce point de vue, je ne peux
qu’être d’accord avec Todd : la sortie de l’UE ne résoudra
aucun problème. Mais elle fera que les problèmes que l’UE était
incapable de résoudre redeviendront nos problèmes,
sur lesquels il sera enfin possible de prendre de véritables
décisions.
C’est
là à mon sens le principal problème posé par le Brexit : faire
comprendre aux électeurs que le souverainisme pour lequel ils ont
voté n’est pas un programme politique, mais un instrument pour
permettre à un tel programme d’être mis en œuvre. Cameron tombé,
il faudra constituer un gouvernement. La difficulté, c’est que si
les souverainistes sont d’accord sur le fait de rapatrier les
pouvoirs à Londres, ils ne sont pas d’accord sur grande chose
d’autre. Il n’est donc pas possible de former un gouvernement
exclusivement composé de personnalités souverainistes. Le
gouvernement qui aura à gérer la sortie de l’UE mélangera donc
nécessairement des personnalités europhiles et eurosceptiques.
Trouvera-t-on des europhiles prêts à se soumettre de bonne foi au
verdict populaire ? Peut-on compter sur eux pour faire de leur mieux
pour que le Brexit se passe bien ? C’est là le test le plus
intéressant, et le plus dur pour une démocratie. L’exemple
français invite à un certain scepticisme : après le « non » au
TCE, la tentation fut forte de faire rentrer par la fenêtre une
bonne partie de ce qui était sorti par la porte. Mais on pouvait
toujours argumenter que ce que l’électeur avait rejeté était le
fait constitutionnel, et qu’un traité ordinaire ne violait donc
pas la volonté du peuple. Ici, la question posée laisse beaucoup
moins de place à l’ambiguïté.
Tout
repose donc sur la qualité du gouvernement que les britanniques
arriveront à mettre en place. Si ce gouvernement fait du Brexit une
réussite, ce sera un exemple pour les autres pays. Les progressistes
européens se doivent donc de soutenir cette expérience, en
particulier en faisant veillant à ce que les volontés punitives des
eurocrates délaissés soient modérées. Car il ne faut pas négliger
la volonté de Juncker et sa clique, de faire échouer un processus
qui, s’il réussissait, pourrait faire des émules. Donc, bonne
chance amis anglais, et God Save the Queen.
(1)
Il faut dire que, comme souvent, on avait invité les vaincus mais on
avait oublié de convier les vainqueurs. L’émission se passait
depuis Bruxelles – ce qui permettait de disposer d’une large
brochette d’europhiles – mais le seul invité eurosceptique, un
député UKIP, intervenait par l’intermédiaire d’une ligne
téléphonique, ligne coupée – mon dieu, que les communications
sont mauvaises depuis que la Grande Bretagne a quitté l’UE – dès
le début de l’émission. Comme une auditrice faisait remarquer
qu’il appartenait aux organisateurs du débat de garantir une juste
représentation, elle s’est vu répondre fort grossièrement par
Nicolas Demorand que « ce n’était pas à lui de gérer les
télécommunications britanniques ». Encore un joli exemple du
mépris de cette caste médiatico-politique pour tout ce qui ne lui
ressemble pas.
(2)
Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, le sujet est le pari fait par
un professeur d’élocution qu’il est possible de prendre une
fille de basse extraction et la faire passer pour une lady juste en
modifiant son accent. En effet, en Angleterre chaque région et
chaque classe sociale a son propre accent, qui la rend immédiatement
reconnaissable. Par exemple, un anglais de classe élevée prononcera
rigoureusement les « h » initiales, alors qu’un anglais d’origine
modeste ne les prononcera pas. A l’ouest de Londres on prononce «
Hartford » alors qu’à l’est on le prononcera « Artford ».
(3)
Il ne faut pas étonner que les britanniques se soient parfaitement
accommodés du système des castes en Inde. Il est d’ailleurs drôle
de constater qu’en tant qu’étrangers, nous étions dispensés de
ces contraintes. Étant « hors caste », nous pouvions aller boire
avec qui nous voulions !
Excellente analyse, bravo !
RépondreSupprimerCincinnatus
Bon papier.
RépondreSupprimerBien vu.
La souveraineté ne résout rien en elle-même. Elle permet d'avoir son destin en main, de trouver des solutions aux problèmes. Ce n'est pas si mal.
Un pays souverain peut faire des bêtises, il peut commettre des crimes, il peut aussi être généreux, accueillant, assister plus faible que lui...
Liberté et responsabilité sont des presque synonymes.
Il est vrai que c'est plus facile de tout attendre, et de tout mettre sur le dos, de Bruxelles ou de Berlin (ou Washington). Mais est-ce cela que nous voulons ?
Avant tout le monde, Charles de Gaulle avait compris que l’impérialisme et la construction de gigantesques usines à gaz supranationales étaient vouées à l’effondrement et à la mort.
RépondreSupprimerCharles de Gaulle avait compris que le gigantesque Troisième Reich allait se désintégrer et que l’Allemagne, elle, allait survivre.
Charles de Gaulle avait compris que la gigantesque URSS allait se désintégrer et que la Russie, elle, allait survivre.
Charles de Gaulle savait, lui, ce qu’était LE SENTIMENT NATIONAL.
Les nations ne sont certes pas immuables, mais il en naît de nouvelles de plus en plus.
Quand vous regardez le nombre de nations existant à la surface de la planète, il y en a de plus en plus.
Par exemple : vous pouvez regarder le nombre de nations qui ont un siège à l’Organisation des Nations Unies.
A sa naissance, l'ONU regroupait 51 nations. Aujourd'hui, l'ONU regroupe 193 nations. Leur nombre continue à augmenter. Dans les années qui viennent, l'ONU va accueillir de nouvelles nations qui vont naître : la Palestine, le Kosovo, les îles Cook, Niue, le Sahara occidental, le Somaliland, etc.
La grande tendance pluri-millénaire, c'est la fragmentation des regroupements déjà existant, partout dans le monde.
Problème : la construction européenne est à contre-courant de cette tendance pluri-millénaire.
C’est ça, la folie suicidaire de la construction européenne !
Les êtres humains veulent de plus en plus accéder à l’indépendance nationale, les êtres humains veulent de plus en plus DISLOQUER les regroupements déjà existant …
… et pourtant la construction européenne s’acharne à aller contre ces forces nationales toute-puissantes ! Erreur historique majeure !
Ces forces nationales (et même : ces forces nationalistes) sont des forces toute-puissantes : au XXIe siècle, elles vont désintégrer l’Union européenne.
La dislocation de l'Union européenne est inéluctable.
A lire, cette passionnante fresque historico-politique d'Emmanuel Todd : http://www.atlantico.fr/decryptage/emmanuel-todd-etape-numero-4-apres-reveil-allemagne-russie-et-royaume-uni-doit-etre-reveil-france-suivre-anglais-est-conforme-2753532.html/page/0/1
RépondreSupprimer"Le choix souverainisme/européisme n’est pas le choix d’une politique, mais d’un arrangement institutionnel. L’europhile pense que les règles doivent être faites par la Commission à Bruxelles ou par la BCE à Francfort. Le souverainiste pense que les règles doivent être faites souverainement par les autorités politiques nationales. Mais ce choix étant fait, nous ne savons pas plus sur la nature de ces règles."
RépondreSupprimerIl ne peut y avoir de démocratie à l'échelle européenne, dans la mesure où il n'existe ni peuple ni pays européen. Le choix du souverainisme n'est donc pas secondaire, comme l'affirme l'auteur de l'article. A moins de considérer que la démocratie ou la dictature supranationale ont la même valeur. Quand les peuples sont dominés par une organisation non démocratique supranationale, le choix de la liberté et de la démocratie est un objectif politique prioritaire. Ensuite, effectivement, à l'intérieur du cadre démocratique, les électeurs auront la possibilité de choisir une majorité, mais le souverainisme consiste justement à permettre aux électeurs de choisir entre "la droite et la gauche". Car aujourd'hui, dans la mesure où les traités imposent aux gouvernements de mener une politique ultra-droite, les peuples n'ont plus cette faculté de se choisir un destin (de gauche par exemple). Le débat souverainistes/européistes doit donc au contraire rester au cœur du débat. La démocratie ou la dictature, voilà le choix de société que nous avons à faire, et de mon point de vue, il n'existe pas aujourd'hui de sujet plus important. La démocratie est un véritable projet de société, un projet de civilisation.
Bonne analyse, de quelqu'un qui connaît bien les réalités britanniques.
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