- Billet invité -
Par Cristobalacci El Massaliote
Alors que la presse française se passionnait pour une polémique autour du Nutella, la presse grecque, secouée par la tourmente commentait quant à elle le bras de fer entre Tsipras et ses créanciers, se passionnait pour le printemps moscovite et frissonnait au son des retraits bancaires massifs.
L’interminable bras de fer entre Athènes et ses créanciers se poursuit entre espoirs et désillusions.
Le week-end dernier, les journalistes grecs étaient encore portés par l’espoir et commentaient le communiqué de la Commission européenne expliquant que les négociations interrompues allaient reprendre à l’occasion de l’Eurogroupe du jeudi 18 juin au Luxembourg. L’espoir se portait également du côté du FMI : un allègement de la dette grecque et un financement supplémentaire de la Grèce semblaient possibles après une probable intervention du FMI auprès de l’ensemble des créanciers.
Pourtant, dès le lundi 15 juin, le jeu interminable des négociations sans solutions reprenait avec une vive montée en pression. Ainsi le président de la BCE, Mario Draghi, déclarait que la BCE faisait « son maximum pour parvenir à un résultat positif dans les négociations en cours avec la Grèce » avant d’ajouter que « la balle se trouve dans le camp du gouvernement grec, qui doit prendre les mesures nécessaires ».
Le journal de droite Kathimerini affirmait qu’Athènes se préparait à faire de nouvelles propositions aux institutions en mettant sur la table de nouvelles taxes sur les entreprises pour une hauteur de 1,65 milliards d’euros sur 2015 et 2016.
Dès le mardi 16, le jeu du renvoi de balles entre créanciers et gouvernement Syriza reprenait de plus belle. Ainsi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker accusait le gouvernement Tsipras de désinformer son opinion publique en déformant les positions des Institutions. Juncker déclarait : « je ne me soucie pas du gouvernement grec, je me soucie du peuple grec », avant de préciser qu’il n’était pas favorable à une augmentation du taux de la TVA sur les médicaments et l'électricité et qu'il avait même suggéré d'autres solutions (par exemple une « réduction modeste » des dépenses de défense). Afin de mettre en lumière qu'il s'agissait là d'un mensonge, le porte-parole du gouvernement grec, M. Sakellaridis publiait un communiqué affirmant que « le texte soumis au Premier ministre grec mercredi dernier par les Institutions, comprenait des bien des mesures portant sur une augmentation de 10% de la TVA sur l’électricité et de 4,5% de la TVA sur les médicaments ainsi que la suppression de l’EKAS (allocation en faveur des retraités touchant une pension faible)».
La presse du jeudi 16 juin - jour du sommet de l’Eurogroupe de Luxembourg - revenait à la triste réalité en affichant le pessimisme qui saisit tout ceux qui constatent qu’aucune décision n’est prise sur la Grèce. Ethnos ne voyait poindre « aucun espoir » de solution au cours de l’Eurogroupe. Il doutait qu'un sommet extraordinaire de la zone euro consacré à la Grèce puisse produire la solution attendue.
Le Journal des Rédacteurs se contentait de constater l’absence d’avancée de part et d’autre en décrivant des Institutions et un gouvernement grec campant sur leurs positions respectives. Constatant également que cette attitude rendait extrêmement difficile la conclusion d’un accord, le journal Eleftheros Typos titrait même : « les divergences sont grandes, les attentes d'un accord à Luxembourg sont très faibles ».
Après le nouvel échec attendu, la presse grecque du vendredi 19 juin se soulevait, comme secoué par l’ultime espoir : le sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement des 19 pays de la zone euro du 22 juin à Bruxelles.
Selon des journalistes optimistes, ce nouveau sommet devrait permettre de trouver un accord et d’éviter que la Grèce ne soit en défaut de paiement le 30 juin. De nombreux journaux (Ethnos, Kathimerini, Eleftheros Typos, Ta Nea) parlent de "Sommet de la dernière chance" pour la Grèce et savent déjà qu’Alexis Tsipras a fait une série d’entretiens téléphoniques pendant tout le week-end avec J.C. Juncker et certains Chefs d’État ou de gouvernements européens.
Ce nouvel élan d’espoir s’appuie notamment sur des informations du journal allemand Die Zeit affirmant qu’une « dernière offre » serait faite à la Grèce et proposerait d’une part de prolonger le programme actuel (mais sans participation du FMI), et d’autre part de préparer un troisième programme d’aide. Moins optimiste que les autres journaux, Ta Nea affirmait cependant que des sources européennes avaient démenti ces informations.
Relation russo-grecque : une très importante délégation grecque en Russie et un accord important sur le gazoduc « Turkish stream »
Alexis Tsipras se trouvait en Russie vendredi 19 juin pour participer au Forum économique international de Saint-Pétersbourg où il était accompagné par les ministres de l’Énergie, de l’Économie, des Finances, de la Défense, et même du porte-parole du gouvernement. Les journaux grecs (Ethnos, Ta Nea, Kathimerini, Avghi) soulignaient également la présence d’autres participants de première importance dans cette vaste délégation : l’actuel conseiller du gouvernement chargé d’examiner la participation de la Grèce à la banque de développement des BRICS ou des représentants des entreprises publiques et privées grecques.
Lors d’une rencontre, la veille avec le PDG de Gazprom, M. Miller, les discussions avaient porté sur les questions énergétiques et notamment sur le « gazoduc grec » (extension de Turkish stream sur le territoire grec).
Selon Ethnos et Ta Nea, Alexis Tsipras a pu également s’entretenir avec le président de la Banque de développement et des relations économiques internationales de la Russie, M. Dimitriev. Pour Ethnos cela aurait permis de décider qu’une société filiale de la Banque de développement de la Russie puisse participer à 50% à la société qui se chargera de la construction du gazoduc sur le territoire grec.
Les discussions bancaires se sont poursuivies puisque Tsipras et le ministre de l’Énergie se sont également entretenus avec des responsables de la banque de développement des BRICS. Le ministre des finances russe, M. Storchak a cru nécessaire de préciser qu’Alexis Tsipras se trouvait en Russie pour discuter des projets communs de développement et non pas pour rechercher des liquidités. Le ministre russe a martelé :« La Grèce n’a pas demandé d’aide financière à la Russie
Alors qu’Alexis Tsipras s’entretenait ce vendredi avec le président Poutine, les ministres de l’Energie des deux pays (MM. Lafazanis et Novak) signaient le texte de l’accord préliminaire sur la construction du gazoduc grec à hauteur de 2 milliards d’euros.
Un gouvernement toujours populaire, dont la politique et la stratégie restent appuyées par le peuple
Selon un dernier sondage (GPO/Mega Channel), si des élections avaient lieu aujourd’hui les votes seraient : SYRIZA : 35,1%, Nouvelle Démocratie : 23%, La Rivière : 6%, Aube dorée : 5,5%, KKE : 5,4%, Grecs indépendants : 3,7%, PASOK : 3,2%, Union du centre : 2,7% (…).
La majorité des sondés (56,3%) estiment que ce sont les créanciers qui sont responsables du fait qu’après 4 mois et demi de négociations aucun accord n’a été trouvé, contre 37,4% qui attribuent la responsabilité de l’absence d’un accord au gouvernement grec. 54,3% approuvent la stratégie suivie par le gouvernement grec dans les négociations avec les créanciers, contre 43,8% qui la désapprouvent.
Enfin, en cas d’impasse des négociations 47,3% estiment que le gouvernement actuel devra continuer à assumer la gouvernance du pays, contre 29,9% qui sont favorables à la formation d’un autre gouvernement au sein du Parlement actuel et 19,3% qui sont favorables à l’organisation des élections anticipées.
Des manifestations de soutien à SYRIZA
Avec comme slogan « Nous prenons la négociation en main », des citoyens grecs ont organisé le mercredi 17 juin via Internet des rassemblements contre l’austérité dans un certain nombre de villes grecques.
Mais des signes de panique bancaire largement commentés par les journaux d’opposition
Les journaux d’opposition (Ethnos, Ta Nea, Kathimerini) parlent de situation critique en Grèce liée à l’impasse des négociations avec les créanciers et s’inquiétent des risques importants pouvant mener à la faillite.
Kathimerini souligne que les relations entre la Grèce et ses partenaires « sont sérieusement tendues » et qualifie Athènes de « politiquement isolée » au sein de la zone euro au moment où «l’économie suffoque ».
Ta Nea traitait de la fuite des capitaux due à l’incertitude politique. En effet, les flux de capitaux sortants a atteint des montants considérables au cours de la période décembre 2014 – avril 2015, à plus de 30 milliards d’euros.
2015 : une série de 25 raz-de-marée va venir s'abattre sur la Grèce.
RépondreSupprimerCes raz-de-marée, ce sont les échéances de remboursement.
L'un après l'autre, ces 25 raz-de-marée vont percuter la Grèce.
Dette publique de la Grèce : 317,094 milliards d'euros, soit 177,1 % du PIB.
Echéancier de remboursement : pour cette année, dans le menu déroulant, cliquez sur « 2015 » :
http://graphics.wsj.com/greece-debt-timeline/
30 juin : la Grèce doit rembourser 1,539 milliard d'euros au FMI.
10 juillet : la Grèce doit rembourser 2 milliards d'euros de bons du Trésor.
13 juillet : 450,475 millions d'euros au FMI.
17 juillet : 1 milliard d'euros de bons du Trésor.
20 juillet : 2,095 milliards d'euros à la BCE.
20 juillet : 1,360 milliards d'euros aux banques centrales nationales.
20 juillet : 25 millions d'euros à la Banque Européenne d'Investissement.
7 août : 1 milliard d'euros de bons du Trésor.
14 août : 1,4 milliard d'euros de bons du Trésor.
20 août : 3,020 milliards d'euros à la BCE.
20 août : 168 millions d'euros aux banques centrales nationales.
4 septembre : 300,317 millions d'euros au FMI.
4 septembre : 1,4 milliard d'euros de bons du Trésor.
11 septembre : 1,6 milliard d'euros de bons du Trésor.
14 septembre : 337,856 millions d'euros au FMI.
16 septembre : 563,094 millions d'euros au FMI.
18 septembre : 1,6 milliard d'euros de bons du Trésor.
21 septembre : 337,856 millions d'euros au FMI.
9 octobre : 1,4 milliard d'euros de bons du Trésor.
13 octobre : 450,475 millions d'euros au FMI.
6 novembre : 1,4 milliard d'euros de bons du Trésor.
7 décembre : 300,317 millions d'euros au FMI.
11 décembre : 2 milliards d'euros de bons du Trésor.
16 décembre : 563,094 millions d'euros au FMI.
21 décembre : 337,856 millions d'euros au FMI.
Question :
Avec quel argent la Grèce va-t-elle rembourser ces 25 échéances ?