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jeudi 15 mai 2014

Pour sortir de l'européisme à la papa



Ceci est la version longue d'une tribune parue dans Le Figaro du 9 mai.


A la veille des élections européennes, d'aucuns s'affairent à nous expliquer combien le scrutin du sera important. Ils nous expliquent que la nouvelle majorité au Parlement européen conditionnera, pour la première fois, la désignation du président de la Commission, ce qui constituerait une avancée substantielle de la démocratie. C'est prendre ses rêves pour des réalités. Le président de la Commission européenne sera soit Martin Schultz soit Jean-Claude Junker, tous deux représentant le vieil européisme de papa. Entre eux, il faut chercher les différences à la loupe, comme l'a montré le débat télévisé d'un ennui poisseux qui les a « opposés » le 9 avril dernier.

Si l'on surestime l'élection à venir, c'est qu'on surestime également le rôle de l'Assemblée de Strasbourg. Aussi faut-il le rappeler, celle-ci n'a pas l'initiative directe des « lois européennes ». Elle vote certes le budget de l'Union mais celui-ci est dérisoire : à peine 1 % de la richesse de l'UE. Le Parlement européen de peut pas non plus modifier les traités. Bref, il est bien plus une chambre d'enregistrement qu'un organe décisionnel. Son élection au suffrage universel direct sert essentiellement à tenter de légitimer - sans grand succès - un édifice communautaire technocratique et désincarné.

Il ne pouvait en être autrement. Le Parlement européen ne peut-être autre chose qu'un colifichet. Il ne peut être une véritable assemblée représentative puisqu'il n'est pas l'émanation du peuple européen. Et pour cause : un tel peuple n'existe pas. L’Europe en agrège vingt-huit. Le simple fait que les élections européennes se déroulent dans le cadre national des 28 États-membres en témoigne sans ambiguïté. Aussi ne saurait-il y avoir d'authentique démocratie européenne. C'est un pléonasme mais il faut le dire malgré tout : « démocratie » signifie littéralement « pouvoir du peuple ». Or à défaut de peuple communautaire, il ne peut y avoir de démocratie communautaire.

Bousculer l'ordre juridique européen

Voilà pourquoi l'Europe telle qu'elle a été conçue est un trou noir démocratique. Voilà pourquoi la défiance des citoyens ne cesse de grandir et pourquoi il faudra bien, un jour où l'autre, remédier à cette situation.

Il faudra sans doute pour cela revoir l'édifice institutionnel, quitte à modifier en profondeur le droit de l'Union européenne. Bien qu'on prétende souvent le contraire, les traités européens priment de fait sur les Constitutions nationales. La Constitution française, pour ne citer qu'elle, a déjà été modifiée cinq fois depuis 1992 afin d'être rendue eurocompatible. Quant au droit dit « secondaire » (les directives et les règlement), il prime également sur les droits nationaux depuis que la Cour de justice de Luxembourg en a décidé ainsi dans son arrêt Costa contre ENEL de 1964. Une décision jurisprudentielle de la Cour, prise en dehors de tout contrôle démocratique, jamais débattue et jamais contestée depuis.

Ceci ne saurait durer éternellement. L'ordre juridique européen doit être revu de manière à ce que les règles de droit édictées au nom des citoyens par de vrais parlementaires - autrement dit par des parlementaires nationaux – ne puissent être coiffées par des normes supranationales à la légitimité démocratique douteuse. Quitte à l'admettre une foi pour toute : l'Europe ne pouvant devenir à ce stade un État fédéral, elle doit demeurer pour l'heure une organisation internationale, respectueuse de la souveraineté de ses membres.

Faire de deuil de l'euro

Il faudra également se défaire de l'euro. On s'accorde aujourd'hui sur un certain nombre des tares de la monnaie unique, en particulier sur sa surévaluation. Mais si l'euro, à 1,38 dollar, est effectivement très cher pour la France et pour les pays du Sud, il ne l'est pas pour toute la zone. Étant donné la structure de l'économie allemande il ne l'est pas, par exemple, pour la République fédérale. Dès lors se pose le problème suivant : des pays économiquement très divers peuvent-ils avoir en partage une seule et même monnaie ? L'expérience des crises récentes tend à indiquer que la réponse est négative.

Mais on peut aller plus loin. Car le problème de l'euro ne se pose pas qu'en termes économiques. Au delà des agrégats, des ratios et autres arguments techniques, la véritable question est la suivante : est-il raisonnable d'affubler d'une monnaie unique des peuples différents, ayant des modalités de formulation de leur contrat social dissemblables ?

Car la monnaie n'est pas qu'un simple outil. Elle est aussi un élément essentiel de la souveraineté et accompagne l'histoire propre d'un pays. Dès lors, il est sans doute illusoire de vouloir faire cohabiter dans une monnaie unique des pays dont les trajectoires à moyen terme divergent. Il n'est qu'à voir le couple franco-allemand - ou ce qu'il en reste. L’Allemagne, dont la démographie décline, ne peut avoir qu'un objectif de long terme : parvenir à gérer sa population âgée. Pour ce faire, notre voisin a besoin d'engranger aujourd'hui les excédents commerciaux qui paieront les retraites de demain. Elle a également besoin d'une inflation faible qui garantisse la valeur de son épargne. Aussi est-elle attachée à une politique monétaire restrictive. La France, elle, bénéficie d'une démographie plus dynamique, qui rend nécessaire une croissance, des créations d'emplois et une inflation supérieures. Comment une politique monétaire unique conviendrait-elle à ces deux pays ?

Encore l'eurozone ne compte-t-elle pas deux membres mais dix-huit, dont fort peu (sans doute aucun) ne semblent prêts à faire le saut budgétaire fédéral susceptible de la rendre viable.

Parler à nos partenaires

A terme, la zone euro est condamnée. Il serait donc plus raisonnable de la démanteler dès à présent que d'attendre passivement qu'elle n'explose dans le plus grand désordre. Encore faut-il en convaincre nos partenaires. C'est la responsabilité de la France que de s'y employer : en tant que pays charnière entre l'Europe du Nord et celle su Sud, elle est en effet la mieux placée pour dialoguer à la fois avec l'Europe méditerranéenne et avec l'Allemagne.

Sans doute les Allemands seront-ils difficiles à convaincre tant il est vrai qu'un retour aux monnaies nationales entraînerait une réévaluation de la leur, renchérirait leurs exportations et contrarierait leur stratégie mercantiliste, donc leur intérêt à court terme.

A long terme toutefois, la dernière chose dont l'Allemagne ait besoin est d'une Europe qui bascule dans le chaos. Située au centre du continent, elle en serait évidemment victime. Exerçant le leadership économique de fait, sans doute en serait-elle également tenue pour responsable. Aussi ne peut-elle souhaiter qu'une spirale déflationniste létale se s'empare de l'Europe du Sud.

Quand à la mutualisation des dettes souveraines, dont l'Allemagne a toujours assuré ne vouloir à aucun prix, elle a été réalisée à bas bruit au travers du Mécanisme européen de stabilité (MES), que la République fédérale garantit à hauteur de 190 milliards d'euros (et la France à hauteur de 142 milliards tout de même !..). Une nouvelle crise des dettes du Sud coûterait assurément fort cher à tout le monde, y compris à ce contribuable allemand qu'Angela Merkel est pourtant si soucieuse de préserver.

Peut-être y a-t-il donc là, pour la France, matière à argumenter. On a fait trop peu de cas de cette remarque profondément lucide et iconoclaste dela chancelière allemande lors du conseil européen de décembre 2013 : « tôt ou tard, la monnaie explosera, sans la cohésion nécessaire ». Puisqu'elle le sait déjà, pourquoi ne pas en discuter ? 

12 commentaires:

  1. Denis Monod-Broca15 mai 2014 à 02:13

    Bon article, que j'avais vu passer dans le Figaro.
    Il est inouï, ce mot de Merkel. Non, ce qui est inouï, c'est qu'il n'ait pas été plus repéré, relevé et répété... Quand on ne veut pas voir que le roi est nu, on ne voit pas que le roi est nu. Quand on ne veut pas voir que l'euro est non-viable, on ne voit pas que l'euro est non-viable.
    Quelle étrange sensation : la catastrophe est sûre, nous pourrions sinon l'éviter au moins l'anticiper afin d'en minimiser les effets, mais non, rien n'est fait, nous faisons comme si tout pouvait et allait s'arranger, miraculeusement...

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  2. Denis Monod-Broca15 mai 2014 à 04:04

    "Demain, l’euro sera une monnaie à part entière"…

    Le traité de Maastricht dit en son article 109L, paragraphe 4, employant le futur : « l'Ecu [c'était alors le nom de l’euro] sera une monnaie à part entière. ». Vingt-deux ans après sa ratification, douze ans après son apparition dans nos porte-monnaie, la même phrase du même article est toujours là : « [L'euro] sera une monnaie à part entière ». Le futur est incongru dans un texte juridique. Il tient le rôle du mot « demain » sur le panneau du barbier, « demain on rase gratis ».
    « Demain » n'est pas « aujourd'hui », « sera » n'est pas « est ». L'euro n'est pas et ne sera jamais une monnaie à part entière. Il lui manque pour cela un Etat pour la frapper et un peuple pour la faire sienne.
    L'euro est un mark déguisé dont on voudrait qu’il soit une monnaie unique européenne.
    Il n’est ni un vrai mark, ni une vraie monnaie européenne. Il est un peu des deux, mais il n’est ni l’un ni l’autre à part entière. Les rédacteurs qui ont laissé ce « sera » dans le texte du traité de Maestricht ont fait un lapsus oh combien ! révélateur. Ils savaient bien, au fond d’eux-mêmes, sans se l’avouer bien sûr, que les mots, que leurs mots, étaient incapables, à eux seuls, de créer véritablement une monnaie.
    L'idéologie conduit à ce genre de simulacre que tout le monde se croit obligé de prendre pour la réalité. Mais même les plus gros mensonges ne durent pas toujours.
    La réalité se fait jour. « Nous ferons tout pour sauver l’euro », a dit il y a quelques mois le président de la BCE. Et ce n’était pas la première alerte. Une monnaie qui doit être sauvée tous les quatre matins ne saurait être une monnaie à part entière. Seuls ceux qui ne veulent pas le voir ne le voient pas. Si une monnaie est viable, elle vit. Si une monnaie ne l’est pas ou ne l’est plus, et cela arrive, de l’assignat au Peso argentin en passant par le Papiermark les exemples abondent, on en change et puis voilà. L’euro n’est pas viable, sinon on ne s’évertuerait pas à le sauver. Une monnaie qu’on doit sauver quoi qu’il en coûte est autre chose qu’une monnaie.
    Demain, on rasera gratis. Demain, l’euro sera une monnaie à part entière. C’est écrit dans le traité.

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  3. Bonjour Coralie,

    Juste une remarque sur:

    "Sans doute les Allemands seront-ils difficiles à convaincre tant il est vrai qu'un retour aux monnaies nationales entraînerait une réévaluation de la leur, renchérirait leurs exportations et contrarierait leur stratégie mercantiliste, donc leur intérêt à court terme."

    Je vous rappelle que la motivation qui nous fait envisager la sortie de l'euro, c'est la récupération des instruments de gouvernance monétaire qui permettent de faire une dévaluation compétitive.

    C'est la stratégie Sapir, si je puis dire.

    Si en sortant de l'eurosystème on fait exploser l'euro, ne croyez-vous pas que les Allemands récupéreront eux-aussi leur souveraineté monétaire?

    Donc les instruments pour, eux aussi, faire de la dévaluation compétitive, s'ils l'estiment nécessaire?

    Et, si ça se trouve, avec des marges de manœuvre plus importantes que les nôtres.

    Croire que l'Allemagne va rester immobile, telle qu'elle est aujourd'hui, bien dans la petite case qu'on lui assigne, pendant que nous, on fait notre petite cuisine monétaire avec un franc dévalué, c'est simplement se la raconter.

    Votre réflexion doit donc intégrer un volet prédictique non plus sur ce qui va se passer en France après l'euro, mais surtout sur ce qui va se passer en Allemagne avec le nouveau DM.

    Il faut envisager des scénarios catastrophes, du genre: un franc arrimé au DM, donc la sortie de l'euro n'aura généré aucun gain de souveraineté, la politique monétaire de la France étant concrètement fixée par la Bundesbank, comme au temps du franc, et un DM dévalué pour booster les exportations allemandes.

    Bizarrement, on pourrait avoir un franc dévalué, mais pas assez par rapport au DM. Là, on sera comme des cons et on se mettrait à regretter... l'euro.


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    1. @tschok,
      ah non, par pitié, surtout pas ça: un franc arrimé au mark, c'est ce qu'on vit depuis 1983!!!!
      Rappelez-vous de ce célèbre slogan du PCF de Georges Marchais, qui reste toujours d'actualité: "le Franc Fort se fait à Francfort!". Ca date des années 80, et ça n'a pas pris une ride, à l'euro près!
      Une bonne dévaluation (soutenue par des contrôles de capitaux) nous vaudrait toutes les protections du monde... Il faut arrêter avec ce spectre de la dévaluation, car avec l'euro, nous vivons largement au-dessus de nos moyens!

      CVT

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    2. @ CVT,

      Excusez-moi, mais ça a pris quelques rides.

      D'abord il n'y a plus de franc (mais vous le savez!) mais un euro qui, pour les Allemands, est vraisemblablement sous évalué par rapport à un DM, s'il devait exister.

      C'est du moins ce qu'affirment les économistes (français).

      Ce qui donne: pour les Allemands, l'euro est sous évalué (avantage compétitif prix, en plus de l'avantage compétitif qualité), pour les Français, c'est l'inverse (ni avantage prix, ni avantage qualité). Donc, il faut se tirer de ce merdier. C'est ce que commande la raison.

      Mais c'est une vision franco-française. Si on pouvait la corroborer avec d'autres visions, ailleurs, on pourrait au moins s'assurer de sa validité. Avant de réfléchir à ses conséquences, ce qui est un autre problème.

      Je ne suis pas assez dans la partie pour avoir cet autre point de vue.

      Sur la question de savoir où se décide le niveau de change: on peut imaginer une BCE omnipotente, qui fixe d'autorité le niveau de la monnaie, par oukaze, vision très française (culture du dirigisme, souvenir magnifié d'une Banque de France qui décidait de tout - mon cul, oui).

      On peut aussi imaginer que le niveau de l'euro résulte de processus économiques "naturels" turbulents tels que les mouvements de capitaux ou les excédents commerciaux (vision libérale) et aussi, quand même, la spéculation (angle mort de la stratégie Sapir, qui n'y réfléchit pas plus que ça).

      Je laisse chacun à ses convictions en observant simplement que le système dans lequel on est, très concrètement, permet à la BCE par des politiques non conventionnelles de type interventionnistes, de tenter de réguler des phénomènes "naturels" pour faire en sorte que le niveau de l'euro se trouve à l'intérieur d'une fourchette à peu près consensuelle pour les membres de l'eurosystème.

      Je n'ai pas senti que Draghi émettait des signaux de maître du monde, même s'il a pris, contrairement au flegmatique Trichet, des positions de gouvernement, à l'intérieur d'une enveloppe de prérogatives qui ne ressortit qu'à la gouvernance. Il dégage plutôt une impression de vouloir être le pilote leader.

      Un pilote, c'est qqu'un qui doit faire avec des phénomènes de type chaotique qui peuvent altérer la trajectoire de son bolide dans un sens non désiré.

      C'est pas Dieu.

      Et un pilote leader, c'est qqu'un qui se met en pole position: le reste de la course s'ajuste en fonction de lui.

      Ca, en France, ce sont des choses qu'on sait mal décoder: pour nous, le pouvoir, c'est Dieu ou ce n'est rien.

      Ben non, ça peut être plein d'autres choses.

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  4. Bonjour Coralie,
    enfin on va pouvoir causer projets, tous les deux (enfin, presque tous les deux...)!
    Et d'avance, désolé car pour une fois (et c'est rare!), je vais dissoner avec vous, en espérant sincèrement que notre divergence tient plus de la tactique, et donc de la forme, que de la stratégie, et par là même, du fond.
    Pour commencer, corrigez-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que vous êtes sur la ligne Sapir-Chevenement-Dupont Aignan-Guaino, à savoir des opposants de la première heure de l'euro et de la "construction européenne" (noter les guillemets), qui constatant l'échec patent de cette dernière, souhaitent la réformer, ce qui est tout de même paradoxal, alors qu'ils avaient raison contre tout le monde! De fait, cette réforme serait très profonde: transformer l'euro en monnaie commune et l'UE en association de type Onusienne. L'ennui, c'est que comme disait Marguerite Yourcenar (je sais, je l'ai déjà dit ici...), c'est avoir tort que d'avoir raison trop tôt, et il faut rendre grâce à ces messieurs cités plus haut d'avoir prêché dans le dessert pendant plus de trente ans. Mais je trouve bizarre qu'à l'heure où la réalité leur rend raison, ces messieurs souhaitent désormais maintenir en vie une idée européenne mortifère, alors que selon moi, je suis convaincu que c'est bien en dehors de l'Europe que se trouve le salut de notre pays. D'ailleurs, notre voisin anglais fait exactement le même calcul (et ce n'est pas un hasard si j'en parle car ce pays est quasiment dans la même situation que la nôtre, d'un point de vue historique...) et regarde désormais à nouveaux au-delà des océans...
    [suite à venir...]

    CVT

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    1. Coralie a viré sa cuti.

      Avant, elle était plutôt dans une ambiance "Il Faut Sauver le Soldat Ryan".

      Maintenant, elle est dans le même état d'esprit qu'une section de l'armée française prise dans l'embuscade d'Uzbin: "il faut se tirer de ce merdier mon capitaine!".

      Plus du tout le même état d'esprit qu'au début, donc: l'Europe est un piège qui nous tue, alors qu'avant, c'était les grandes idées qui nous permettent de devenir meilleurs.

      Inversion complète.

      Telle que vous la voyez, elle est avec son casque en kevlar, son gilet pare-éclats, sa ration de topinambour et elle part en guerre contre l'euro, l'Europe et le saumon fumé industriel.

      Mot d'ordre: on se dégage de ce piège et on reprend nos billes.

      Bon, pour le saumon, je sais pas. J'exagère peut être, mais à un moment ou un autre, il va venir dans la conversation.

      C'est la fin d'une génération et d'un paradigme européen qui a vécu.

      La nouvelle génération européenne, c'est elle. C'est les euroméfiants, les euro-hostiles, les euro-soi.

      La grande question que ça pose, c'est de savoir s'il faut se repréparer à la guerre, comme le poilu.

      La roue tourne.

      Coralie est sympa en ce sens qu'elle incarne une pensée de l'euro-soi qui ne postule pas la guerre: on reprend ses billes et puis c'est marre, sans se fâcher les uns les autres et on continue à collaborer.

      C'est une pensée de la quarantaine accomplie et du divorce par consentement mutuel. Dans la pyramide de Maslow, elle est au niveau accomplissement personnel.

      Quand vous êtes à ce stade là, quelque chose comme l'Union Européenne devient absolument insupportable.

      C'est punk: no future... for you! C'est la new generation de l'Europe.

      Je pense que je prêche un converti, car vous ne devez pas être si loin d'elle que ça, non?

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    2. @CVT Dupont Aignan adversaire de la première heure de la construction européenne ? Vous voulez dire Le Pen plutôt ? NDA est sorti des buissons il y a à peine 5 ans...

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  5. [ Suite de ma tirade :-) ]

    Pour moi, la France doit élargir à nouveau sa perspective vers le monde, et non se restreindre à une Europe étriquée, vieillissante et surtout servile à l'égard des intérêts américains. En gros, je voudrais que notre pays redevienne ce qu'il était durant les années 60, à savoir libre de ses choix et de ses alliances A TRAVERS LE MONDE. Le meilleur exemple de cela vient de nous être offert par Alstom: General Electric est selon moi, un partenaire (propriétaire?) bien plus avenant que Siemens, qui est notre ennemi mortel: pourquoi, au prétexte que cette dernière société est allemande, imposer à Alstom un mariage désastreux? C'est comme marier Renault et Peugeot... Pour moi, dans le cas présent, l'idée européenne est mortifère, car en cas d'acquisition, Siemens va s'empresser de démanteler Alstom!
    Evidemment, la meilleure solution aurait été une nationalisation pure et simple, car Alstom fait partie de nos intérêts stratégiques: mais comment y arriver dans une UE anti-Etat? Là encore, vouloir à tout prix faire des alliances inopportunes serait suicidaire car il s'agit de la politique énergétique de notre pays.
    Bref, tout ça pour dire qu'avant d'envisager des alliances, il faut d'abord SORTIR DE L'UE! Je récuse toute politique de désobéissance aux traités (un traité engage une nation, et donc, c'est sa crédibilité qui est en jeu...) et refuse de pinailler sur les modalités (article 50 vs sortie de l'ordre juridique) qui paralysent les mouvements anti-UE et empêchent de proposer aux Français une alternative crédible (au passage, je vomis le terme même d'euroscepticisme: je ne suis pas sceptique, je suis convaincu :-), et je n'ai aucun doute par rapport à l'UE: elle doit être détruite!).
    Bref, pour conclure, la proximité géographique ne doit pas nous induire en erreur quand il s'agit de faire des alliances. En cas de sortie de l'UE, je préconiserais un rapprochement avec la Chine, l'Inde, la Russie et l'Afrique Francophone, afin de garantir notre liberté de décision par rapport au reste de l'occident.
    Je sais que ça sonne un peu gaulliste, voire désuet, mais il faut prendre de ces idées ce que Mongénéral a fait de mieux et les adapter au XXIè siècle: il s'agit de redonner à la France les moyens des ses ambitions, de sa liberté de décision, et du contrôle de son destin. Bref, nous devons nous échapper du fatalisme ambiant, de l'impuissance et de la haine de soi (pas de French bashing chez moi!); il nous faut dissiper ce parfum entêtant de vichysme soft qui se répand depuis une trentaine d'années partout dans le pays, période qui coïncide, et ce n'est pas un hasard, avec le choix de l'Europe...


    CVT

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  6. Merci pour votre brillante intervention sur l'Europe ce mercredi 21 mai à l'émission de Daniel Mermet sur France inter. Je ne vous connaissais pas avant, mais dés à présent je suis l'un de vos meilleurs soutien.

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  7. Merci beaucoup ! C'est un beau compliment.

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  8. Belle intervention chez Mermet. J'ai moi aussi cru rêver en écoutant le spot de Marine le Pen. Elle a tout compris, et personne à gauche ne lui fait obstacle franchement. A quand un vrai parti de la gauche critique qui rassemble les talents, les idées et .. les suffrages !

    Les talents ne manque pas ! Vous en êtes la preuve

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