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dimanche 27 mai 2012

La victoire de François Hollande, un cadeau empoisonné ?




Il est sorti le 10 mai, soit quatre jour après l’élection de François Hollande. Pourtant, La Victoire empoisonnée d’Eric Dupin (Seuil, 2012) n’est pas un de ces quick books, écrits à la hâte en deux jours et trois nuits.

On en a l’assurance dès les toutes premières pages : il s’agit là d’un travail patient d’observation, fait de nombreuses rencontres et d’interviews, réalisées au cours d’un authentique Voyage en France, pour reprendre le titre d’un précédent ouvrage du journaliste.

Le récit, présenté de manière chronologique, débute dès le 29 août 2011, et nous invite à remonter le temps, jusqu’au tout début de la primaire socialiste. C’est donc pas moins de 9 mois de notre histoire politique récente que nous parcourons avec l’auteur, qui nous emmène du Nord au Puy de Dôme, de l’Aube à la Drôme, de la Bretagne au Val d’Oise. Chacun peut ainsi espérer croiser, au fil de ces pages, les militants et notables locaux de son bout de France natal.

Car le panel des Français présentés ici est large. On croise des militants, des syndicalistes ou des élus locaux, de gauche, de droite, du centre. On fait la connaissance de simples électeurs, dont la lucidité étonne, en même temps que le faible enthousiasme inquiète. On aborde enfin quelques personnalités politiques de premier plan, jusqu’au candidat Hollande lui-même, à l’occasion d’un déjeuner avec l’auteur qui constitue peut-être le meilleur moment du livre.

C’est une France désabusée que décrit Eric Dupin. Lui-même en vient d’ailleurs à s’y tromper. De retour de ses pérégrinations en Bretagne, où il peine parfois à rencontrer des interlocuteurs enclins à parler politique, il pronostique : « j’ai l’impression que la participation à cette élection présidentielle ne sera pas exceptionnelle ». Nous sommes nombreux à avoir formulé ce présage pessimiste, et il faut bien convenir que le taux de participation élevé, au soir du 22 avril, a surpris.  

La raison de ce sursaut ? L’antisarkozysme y est pour beaucoup. Chez les électeurs de gauche, évidemment, mais aussi chez ceux de droite, qui, à l’orée du scrutin, dissimulent mal leur pessimisme ou leurs doutes. Comme ce député UMP de l’Aube, peu convaincu par la stratégie de campagne adoptée par Sarkozy et qui déplore : « il faudrait qu’il se limite à quelques points forts au lieu de se lancer dans une sorte de course à l’échalote qui part dans tous les sens ». Le même avoue avoir été approché par des électeurs « qui lui avaient timidement demandé de conseiller à Sarkozy de ne pas se représenter pour laisser la place à François Fillon ».

A gauche, on n’est guère plus enthousiaste. On pronostique la victoire sans en concevoir de joie particulière. Un syndicaliste confie ainsi à Dupin : «  là, il ne va rien se passer. On va gagner par défaut en mai 2012 (…) on va être dans un truc à la Edgar Faure ou à la Daladier ». Déjà, pendant la « primaire citoyenne », alors qu’Hollande et Aubry se disputaient les suffrages de quelques 2 millions d’électeurs, une élue locale confiait : « François est le meilleur candidat, mais Martine serait la meilleure présidente ». Un autre, sénateur celui-là, lâche : « je n’y crois plus »…

Mais on découvre au détour de l’ouvrage que François Hollande est parfaitement conscient de tout cela. La perspicacité du candidat, que l’on constate à l’occasion du déjeuner qu’il partage avec Dupin, est frappante. Il sait notamment qu’au delà du simple fait de gagner, les conditions de l’exercice du pouvoir dépendront fortement de celles de la victoire. Hollande sait qu’une victoire dans un mouchoir de poche n’équivaut pas à une victoire franche et massive. Et qu’une élection par défaut n’offre pas les mêmes marges de manœuvre qu’une large adhésion. Le candidat affiche tout à la fois une détermination sans faille, et une prudence sagace : « à la différence de 1981, cette victoire est sans attente immense, c’est quand même un changement considérable » puis d’ajouter : « toute victoire a sa part de poison ».

Les pérégrinations d’Eric Dupin se poursuivent. On rencontre Nathalie Arthaud, Laurent Fabius, Patrick Devedjian et d’autres. On croise des partisans d’EELV, des aficionados de Marine le Pen, des militants mélenchonistes. On lit le témoigne de maires, de conseillers généraux, de parlementaires. On écoute, surtout, ces paroles d’électeurs, qu’ils soient chefs d’entreprise, ouvriers, jeunes en difficulté. Les mots prononcés sont parfois durs, parfois drôles. La spontanéité grinçante des uns nous instruit tout autant que la lucidité désenchantée des autres.

Au bout du compte, c’est une France politisée et intelligente que peint Eric Dupin, mais aussi une France échaudée et circonspecte. Une France paradoxale où l’intérêt pour la campagne le dispute au découragement, et où la passion française pour les joutes et le débat semble avoir été en partie douchée par le quinquennat calamiteux de Nicolas Sarkozy. 

Que pourra faire François Hollande de cette « victoire empoisonnée » et de ces 51,6% qui ne constituent pas, loin s’en faut, un triomphe ?

Cela dépendra de nombreux paramètres. Du contexte européen, tout d’abord. Car rien ne sera possible en France si rien n’est possible en Europe. A cet égard, mille scénarios sont envisageables. Si l’apparent isolement de la très austère chancelière allemande autorise un espoir, la situation dramatique dans laquelle se trouvent la Grèce, l’Espagne et d’autres ont tôt fait de faire refluer l’enthousiasme. 

Cela dépendra aussi de la configuration de la majorité qu’obtiendra le nouveau président aux termes des élections législatives des 10 et 17 juin. Hollande a beau souhaité « avoir une majorité solide », celle-ci ne lui est pas acquise.

Cela dépendra enfin de la capacité du chef de l’Etat à répondre aux sollicitations du réel. Eric Dupin note à juste titre une grande « plasticité » du nouvel élu. Cela se révèlera-t-il une qualité, le rendant apte au compromis, ou un défaut, le conduisant au renoncement ?

Il est évidemment trop tôt pour répondre à ces questions. Mais La victoire empoisonnée a le mérite de les poser toutes. Et de nous permettre de comprendre, surtout, dans quel contexte ces interrogations prennent place. Comment gouverne-t-on un peuple passionnément politisé, mais qui semble avoir cesser d’y croire ? Tel est l’enjeu du quinquennat qui s’ouvre.

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Présidentielle : oui, les "vrais gens" sont intelligents   CLICK 
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mercredi 23 mai 2012

Législatives : l’OPA du Front national sur l’UMP a commencé




Les digues sont-elles en train de lâcher entre l’UMP et le Front national ? C’est l’hypothèse que formule Gaël Brustier dans Le Monde du 17 mai. L’essayiste y affirme en effet : « en quelques semaines, la droite et l'extrême droite françaises ont donc accéléré leur mutation, retardée pendant des décennies par Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Leur fond culturel s'est unifié et leurs électorats ont poursuivi leur long processus de fusion ».

En termes de « fond culturel », le rapprochement s’est accéléré pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy ayant délibérément congédié la « tactique Guaino » qui l’avait porté au pouvoir en 2007, pour la remplacer par ce que l’on a appelé la « stratégie Buisson ».

C’est sous la houlette de Patrick Buisson, proche conseiller et ancien rédacteur en chef du journal Minute, que le président sortant a opéré un virage droitier spectaculaire, notamment durant cet entre-deux tour où les 6,4 millions de voix récoltées le 22 avril par de Marine Le Pen sont devenues un enjeu central. Il n’est qu’à revoir le clip de campagne de second tour du président sortant pour s’en convaincre: éloge appuyé des frontières, protection de « notre civilisation et de notre mode de vie » et promesse de diviser par deux les flux migratoires, venaient s’ajouter à la célébration des « racines chrétiennes de la France », présente à chaque meeting.

En choisissant d’épouser la doxa lepéniste pour en conquérir l’électorat, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de légitimer le discours de Marine Le Pen. Par ailleurs, en faisant ce choix, il a participé activement à l’implosion prévisible de sa propre famille politique. Car le malaise et la désapprobation n’ont pas tardé à se faire sentir parmi les tenants d’une droite républicaine. Dès le lendemain de la défaite, la sénatrice Chantal Jouanno déplorait sur Marianne2 : « nous avons perdu en validant les mots du FN ».

Si l’on considère les électorats UMP et FN, les premiers sondages témoignent d’un rapprochement tangible. Selon une enquête Viavoice en date du 8 mai, 46% des sympathisants UMP et 80% de ceux du Front national seraient favorables à des accords électoraux entre les deux formations. Mais un sondage antérieur (6 mai) réalisé par L’Ifop estimait quant à lui à 54% le nombre de sympathisants UMP désireux d’accord électoraux pour les élections locales (minicipales, cantonales, régionales). Ceci fait dire à Gaël Brustier que « les digues s'affaisseront vraisemblablement en juin, mais devraient surtout s'effondrer au cours des élections locales de 2014 et 2015 ».

En réalité, dès début de la campagne législative, les lignes bougent déjà. Le Front national n’a pas choisi pour rien de mener la campagne sous cette appellation de « Rassemblement bleu Marine », qui fait grincer des dents les militants historiques. On savait que ce rassemblement avait pour but d’accueillir quelques « prises de guerre », comme l’avocat Gilbert Collard, ainsi que des « souverainistes » ne souhaitant pas se présenter sous l’étiquette FN. Il s’agissait en particulier, pour le Marine Le Pen, d’adouber les 34 candidats du SIEL (souveraineté, indépendance, et libertés), la petite formation de Paul-Marie Coûteaux.  Mais dès le lancement de l’attelage « bleu Marine » en mars, la patronne du FN voyait plus loin. Sous cette bannière se présenteraient  « des candidats du FN, des candidats du Siel mais aussi des candidats individuels qui nous ont rejoint, de partout, de la droite et de la gauche », affirmait-elle.

Nous sommes encore loin de voir affluer des ralliés « de partout ». Pourtant, c’est bien sur cela que compte Marine Le Pen. En excluant « tout accord entre partis » avec l’UMP mais en se déclarant ouverte à des discussion « au cas par cas », elle ouvre grand les portes de son rassemblement aux déçus de tout poil de la majorité sortante.  Simultanément, en annonçant d’ores et déjà de nombreuses triangulaires, celle qui pourrait maintenir une centaine de candidats au second tour sème habillement la panique chez certains députés de droite craignant pour leur mandat.

Parmi les députés UMP susceptibles de franchir le Rubicon, on a beaucoup parlé des « grognards » de la Doite Populaire. Il est vrai qu’il existe, entre ce groupe et le Front national, un certain nombre de convergences, que ce soit dans les domaines de l’immigration, de la sécurité, ou de ce qu’il est convenu d’appeler « l’identité nationale ». Le texte paru sur le site de la « Droite Pop' » le 13 mai et intitulé « Quatre priorités pour éviter le chaos migratoire » est limpide quant à la politique d'immigration que ces élus appellent de leurs vœux. Restreindre l’accès des étrangers aux logements sociaux, « réduire les allocations familiales versées aux familles immigrées » ou « restreindre le droit du sol », voilà qui rejoint très largement la « priorité nationale » et le retour au droit du sang défendus par Marine Le Pen.

Dans le même temps, Thierry Mariani et ses amis demeurent éloignés, sur certaines thématiques, de ce que Sylvain Crépon appelle le « Nouveau Front national ». Si Jean-Marie Le Pen fut qualifié en son temps de « Reagan Français », sa fille, elle, s’affirme antilibérale, eurosceptique et attachée l’intervention de l’Etat. A l’inverse, en termes d’orientations économiques, la Droite Pop’ veut « corriger le trop plein de l’Etat providence et ses effets néfaste », plaide pour une suppression du CDD mais en « rendant le CDI plus flexible » et prône une « Europe forte »[1]. Libérale, elle se montre ainsi plus proche du FN façon « Jean-Marie » que de la version « Marine ».

Surtout, on peut douter que le collectif dans son ensemble ait le désir immédiat de quitter l’UMP pour intégrer un Front national qui aurait tôt fait de l’engloutir. Jean-François Copé vient récemment d’accepter qu’à l’issue des législatives, les diverses composantes de l’UMP puissent se constituer en "courants". En termes d’indépendance, de visibilité, de marge de manœuvre, c’est sans doute la meilleure solution pour un collectif déjà clairement identifié dans l’opinion, disposant de membres médiatiques, bientôt d’un logo, et auprès desquels une « quinzaine d’universitaires » travailleraient actuellement pour étayer leur « corpus idéologique ».

Car Copé, pour éviter l’atomisation de l’UMP, transigera probablement sur une relative prise d’autonomie de la bruyante Droite Populaire. Sauf si, comme David Desgouilles en emet l’hypothèse, il venait lui-même à perdre le parti à la faveur d’une défaite aux législatives. Rappelant que Jean-François Copé avait été battu en 1997 suite à une triangulaire avec le FN et anticipant un scénario du même acabit en 2012, Desgouilles met en garde : « pour l’instant, la Droite Populaire reste fidèle à l’UMP car elle entretient de bonnes relations avec son chef, marqué à droite. Mais si Fillon en devenait le chef, Copé ainsi mis au rencard, Marine Le Pen pourrait dévorer un espace politique bien plus important ».

Bien plus que sur une bascule en rang serré de la Droite Pop’ vers le FN, c’est donc sur des ralliements individuels de ses membres que le Front national sait pouvoir compter. Même s’il affirme d’un côté que « l'UMP a intérêt à rester unie pour ne pas faire le jeu de Marine Le Pen », Thierry Mariani en convient lui-même : « une minorité d’élus de la Droite Populaire serait favorable à un rapprochement avec le FN ».

Sans doute songe-t-il alors à quelques figures des Bouches-du-Rhône. Car bien qu’elle ne soit arrivée ici qu’en troisième position, Marine Le Pen était tout de même en tête, au soir du 22 avril, dans trois circonscriptions du département. Sur l’ensemble des seize circonscriptions qu’il compte, elle obtenait 23,38% des suffrages, un score bien au dessus de son résultat national (17,9%).

Dès lors, anticipant de dangereuses triangulaires, les députés sortant de la Droite Populaire ne sont pas avares de clins d’oeils appuyés. Dominique Tian, par exemple, souhaite ne pas « être la droite la plus bête du monde en bunkérisant le FN ». Pour Valérie Boyer, « il n’y a aucune raison de se boucher le nez ». Quant à la maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, elle affirmait récemment : « les valeurs qu'a Marine Le Pen, je les ai toujours défendues ».  De ces œillades, le FN local a fort bien compris ce qu’il pouvait tirer. En témoigne ce mot du conseiller régional FN Bernard Marandat, rapporté par La Provence (12 mai): « des discussions existent avec l’UMP à Aix (…) il y a une grosse différence entre les élus UMP parisiens et ceux qui, ici, s'aperçoivent que nous avons beaucoup de valeurs communes (…) nous sommes prêts à les arranger aux législatives, mais pas gratuitement ».

De tels rapprochements, il n’y en aura pas forcément qu’en région PACA, et pas forcément qu’au sein de la Droite Populaire. Dans l’Ain, Olivier Eyraud, conseiller général UMP désormais exclu, vient en effet d’être investi dans la deuxième circonscription sous l’étiquette « Rassemblement bleu Marine ». Dans la Somme, c’est la figure de proue de Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT, allié à l’UMP dès avant le premier tour de la prédidentielle), Nathalie Huart, qui vient de rallier le FN. Des cas isolés dira-t-on. Pour l’instant. Jusqu’à ce que d’autres, des élus de terrain poussés dans les cordes par la radicalisation de leur propre électorat et décomplexés par la légitimation des thèses lepénistes par le candidat Sarkozy lui-même, ne fassent à leur tour le choix du FN.

C’est, après tout, ce que Marine Le Pen a voulu, ce sur quoi elle a parié. En continuant pour la forme à prôner le « ni droite ni gauche », tout en s’ancrant, de fait, résolument à droite. En appelant au vote blanc au second tour de la présidentielle, tout en prenant Nicolas Sarkozy comme cible principale et en ménageant soigneusement François Hollande, comme dans son traditionnel discours du 1er mai. En créant un « Rassemblement », enfin, pour rassurer les transfuges, et leur permettre de la rejoindre sans craindre l’opprobre d’une candidature sous l’étiquette « Front national ».

Défaite le 6 mai, l’UMP entame un processus de décomposition qui pourrait aller plus vite que prévu, surtout si elle perd les législatives. Surtout si le détricotage de la zone euro, déjà entamé en Grèce mais dont on ne sait en aucune façon où il s’arrêtera, venait à donner un surcroît de crédit aux thèses eurosceptiques du «  nouveau » Front national.

Reste à la gauche, en face, à tenir le cap de la réorientation européenne promise par le nouveau président de la République d’une part, et à ne pas s’embourber, d’autre part, dans sa propre tentation identitaire et sociétaliste qui donnerait du crédit aux thèses identitaire de droite aussi sûrement que le négatif révèle la photographie. Double défi, vaste programme.


[1] Droite populaire : 12 propositions pour 2012

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jeudi 10 mai 2012

Captain America, candidat Front national aux législatives ?


Lorsqu’on va voir Avengers, le Marvel qui cartonne en ce moment au cinéma, on est gêné aux entournures. Un truc ne va pas. Quelque chose cloche. Tous les personnages semblent parfaitement à leur place, ainsi que doivent l’être les super-héros : sûrs de leur fait, droits dans leurs bottes, cons comme des billes.

Tous ? Sauf un : ce grand benêt psychorigide de Captain America possède tous les stigmates de l’intrus. Guindé, pas drôle, il arbore une raie de côté sempiternellement impeccable, qui lui donne un air louche. Moulé, la plupart du temps, dans une combinaison céruléenne et ridicule, il semble tirer de cet accoutrement de gymnaste décérébré l’essentiel de sa force. Le Captain n’est en effet doté d’aucun super-pouvoir, ce qui, pour un super-héro, est pour le moins inconséquent.

On réfléchit, et soudain, on comprend : Captain America, ce personnage étriqué et tout d’azur vêtu n’est autre qu’un candidat du « rassemblement bleu Marine » aux élections législatives !

Captain America : candidat "bleu Marine" aux
élections législatives

Le visage souvent dissimulé sous une capote étroite qui lui donne des airs de suppositoire atomique, cette espèce de Schtroumph bondissant, gonflé à la créatine et à la testostérone, nous vient d’ailleurs tout droit des années 1940. Or ceci n’est jamais un hasard.

On apprend en effet, dès le début, du film que le fucking blue boy aurait été congelé pendant la guerre, avant d’être dégivré intact, pour on ne sait quelle obscure raison, à l’aube de l’année 2012. Sans doute pour se présenter dans quelque circonscription hexagonale ? D’ailleurs, l’homme « bleu Marine » arbore en permanence un sourire immaculé et vaguement sardonique qui n’est pas sans rappeler Ken, le mari de [Klaus] Barbie.

Dans ces conditions, on comprend aisément pourquoi la mésentente est telle, jusqu’au milieu de l’histoire, entre « Captain le coincif » et « Iron Man l’exubérant ». Car in fine, de quoi Iron Man est-il le nom, si ce n’est de Jean-Luc Mélenchon ? Sa rouge carapace n’est-elle pas une signature ? Et les proto-boosters qu’il a sous les semelles ? Que peuvent-elles être d’autre que l’instrument de son turbo-parachutage dans la circonscription d’Hénin-Beaumont ?

Iron-Mélenchon tente de neutraliser un
fasciste à Hénin-Beaumont


Dans ces conditions-là, le choc des deux titans ne peut que mal tourner. Et l’on n’espère qu’une chose : qu’il entrera suffisamment de ministres [Géants] Verts dans le futur gouvernement pour luter avec toute l’énergie qu’il convient contre l’extension inexorable des champs de maïs transgénique.


Jean-Vincent (Hulk) Placé ne plaisante pas
avec les manipulations sur le maïs

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Non-humain, trop humain ?  CLICK
Astérix, national-socialix ?     CLACK
Je funambule au cirque d'hiver  CLOCK
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mercredi 9 mai 2012

Europe : non, François Hollande n'a pas perdu d'avance !




Depuis la victoire de François Hollande, le 6 mai, à l’élection présidentielle, on rencontre, à gauche, divers types de réactions. Parmi les électeurs d’Hollande, deux « familles » s’opposent tout particulièrement.

Les membres du « club des joies simples », dans un premier temps, se pâment de bonheur en continu, et ne cessent d’exprimer à grand bruit un enthousiasme surprenant.

Face à eux, les « on ne nous la fait pas » semblent déterminés à bouder leur plaisir. Ils ont voté Hollande par défaut, pour se débarrasser de Nicolas Sarkozy, mais sans y croire tout à fait, un peu comme on opte pour la peste plutôt que pour le choléra. Mais ils conservent la certitude que le nouveau président va « se planter », notamment dans la réorientation de l’Europe qu’il a promise. Voire qu’il va « encore nous duper ». Ils se souviennent – avec raison – de la "trahison" de François Mitterrand au nom de la construction européenne. Ils se rappellent le virage de 1983, et la fameuse « parenthèse libérale » qui, il est vrai, ne s’est toujours pas refermée.

Le problème des « on ne nous la fait pas », c’est qu’ils ne semblent guère connaître qu’une seule et unique période de notre Histoire, la période 1981-83, et qu’ils pensent pouvoir tout anticiper à cette aune. Sans avoir totalement tort, ils considèrent François Hollande comme un « social libéral » davantage que comme un socialiste authentique. Ils ne voient en lui qu’un rejeton de Jacques Delors, dont ils ont tôt fait de considérer qu’il se couchera devant l’Allemagne.

Nous considérons pour notre part qu’il s’agit là d’une analyse sinon erronée, en tout cas largement tronquée.

Que le président élu soit un « bébé Delors », admettons. Qu’il ait été (ou qu'il demeure) un adorateur de l’Europe de Jean Monnet et de Robert Schuman, c’est probable. En revanche, ce qui est mois judicieux, c’est de penser que seule l’idéologie guide l’action d’un homme, et que celui-ci peut s’affranchir à la fois d’autrui, du réel, et du sens de l’Histoire.

François Hollande n’agira pas forcément comme il l’aurait souhaité s’il eut été seul au milieu d’un désert. Il fera ce qu’il peut – et, espérons, ce qu’il doit – dans le contexte dont il vient d’hériter et dans l’Europe telle qu’elle va. Dès lors, on peut tout à fait concevoir, avec Emmanuel Todd que « la crise va obliger à des réponses inédites (…) ce qui orientera l'action d'Hollande, c'est moins son opinion personnelle que celle des classes moyennes et supérieures ; or elles sont en train de se détourner du libre-échange et peut-être même de l'euro ».

S’il n’y avait que les classes moyennes et supérieures ! Todd écrivait cela dans le Nouvel Observateur un mois avant le premier tour du scrutin présidentiel. Depuis, nous avons vu le Front national, obtenir 18% au premier tour sur des idées éminemment eurosceptiques, sur l’apologie d’un protectionnisme « national » au bien-fondé douteux, et sur la thématique plus générale d’une fermeture étanche des frontières.

Nous avons vu Jean-Luc Mélenchon dépasser 11% des suffrages. Certes, le leader du Front de Gauche n’a jamais fait sienne, à proprement parler, l’idée de « démondialisation », qui avait pourtant valu à Arnaud Montebourg un score inespéré lors de la primaire socialiste. Toutefois, Mélenchon n’a eu de cesse de crier haro sur l’ultralibéralisme tout au long de sa campagne. De plus, il a souvent excipé de son vote défavorable au traité de Lisbonne, et a même concédé que sur Maastricht, « c’est Chevènement qui avait raison ».

Enfin, nous avons vu un Nicolas Sarkozy se muer brutalement en thuriféraire de la « France du non », piller et détourner un ouvrage de Régis Debray pour se lancer dans un Eloge des frontières d’une mauvaise foi à rester coi, et proposer de « revoir les statuts de la Banque centrale européenne », comme s’il s’apercevait, au bout de cinq ans de cécité, qu’il serait judicieux d’autoriser celle-ci à prêter aux Etats et non plus aux seules banques.

Au cours de la campagne, faire la cour aux « nonistes » de 1992 (Maastricht) et de 2005 (TCE) sera donc devenu un sport national. Si les « petits » candidats eurosceptiques ne sont pas parvenus à percer, leurs idées se sont peu à peu diffusées partout. Et si le désir de sortir de l’euro n’est pas au rendez-vous, si les Français semblent peu tentés par un isolationnisme total, force est d’admettre que le souhait d’une « réorientation de la construction européenne » est quant à lui bien présent. François Hollande l’a compris. Mieux : il l’a promis.

Certes, les « on ne nous la fait pas » pourront toujours objecter, avec toute l’originalité que révèle cette assertion, que « les promesses n’engagent que ceux qui les croient ». Pour autant, il est une chose qui engage quant à elle infiniment plus que les promesses : le réel.

Or le réel, au sein de l’Union européenne, est en train de prendre une bien étrange tournure. En Grèce, une crise économique dévastatrice vient de conduire à un blocage politique complet. A la suite des élections législatives, qui ont vu le bipartisme voler en éclat et plusieurs formations euro-contestataires entrer en masse au Parlement, la formation d’un nouveau gouvernement est impossible. Le leader du parti de droite Nouvelle Démocratie n’y est pas parvenu, non plus que le chef du parti de la gauche radicale Syriza. Or, si aucun exécutif n’est mis sur pied, de nouvelles élections législatives pourraient avoir lieu en juin.

En attendant, il est fort peu probable que les Grecs s’attèlent à une mise en œuvre des injonctions de la diabolique « Troïka », laquelle devrait alors décider, en toute logique, de bloquer la prochaine tranche d’aide prévue pour le pays. Elle priverait alors ce dernier de quelques 31 milliards d’euros. Quant à la suite, on l’anticipe aisément. Aujourd’hui même, Le Monde, qu’on ne peut guère soupçonner d’euroscepticisme, n’hésite pas à titrer : « La Grèce hors de l’euro : l’hypothèse revient en force ».

Comme si cela ne suffisait pas, l’Espagne suffoque. Nicolas Sarkozy nous l’a assez dit pendant la campagne, brandissant l’anti-modèle espagnol comme un épouvantail, au mépris de la plus élémentaire des délicatesses. En récession, le pays ne cesse de multiplier les mesures d’austérité qui ne font que fragiliser davantage le malade au lieu de le soigner. De plus, ne doutons pas que si la Grèce venait à quitter l’eurozone, les marchés auraient tôt fait d’aller appliquer les bienfaits de leur « nervosité » dans les autres pays d’Europe du Sud.

L’Espagne fiévreuse, la Grèce au tapis, bref, si François Hollande avait besoin d’arguments autres que le simple bon sens pour convaincre le partenaire Allemand de réorienter la construction européenne, voici le nouveau président copieusement servi.

D’autant que….l’Allemagne elle-même commence à pâtir des effets de la crise en Europe ! 19 000 chômeurs supplémentaires au mois d’avril, stagnation des exportations pourtant si indispensables à la croissance outre-Rhin, tel est le payer par le « modèle allemand » pour l’intransigeance et l’aveuglement des dirigeants de cette nation. C’était difficilement évitable, pour un pays qui réalise 60 % de ses exportations au sein d’une Union où la demande ne cesse de se contracter.

L’Allemagne conserve certes quelques marges de manœuvres. Elle peut, par exemple, lâcher du lest sur des salaires, gelés depuis longtemps et envisager de miser sur un surcroît de demande intérieure. Mais une telle solution est-elle viable à long terme, pour un pays isolé au centre d’un continent gangréné par la crise ?

Telle est la question que pourrait poser François Hollande à la chancelière allemande lorsque celle-ci le recevra « à bras ouverts » le 16 mai prochain. Cette question-là, et aussi celle-ci : qui continuera de payer pour la Grèce, puis qui paiera pour l’Espagne, pour l’Italie, pour la France, lorsqu’il il s’agira de voler au secours de tous ces pays-là ?

Non, sur l’Europe, François Hollande n’a pas encore échoué. N’en déplaise aux dubitatifs, aux scrogneugneux,  aux « lucides » autoproclamés et autres membres de la guilde des « on ne nous la fait pas », il aura, s’il souhaite tenir sa promesse de « réorienter l’Europe », une source intarissable d’arguments à sa disposition.

Et s’il ne le souhaite pas, le réel l’y forcera. N’a-t-il pas forcé de Gaulle à restituer l’Algérie ? On croit que les hommes font l’Histoire, quand, bien souvent, c’est l’Histoire qui fait les hommes. Ceux qui savent prendre le train de l’Histoire en marche – et dans le bon sens – deviennent, a posteriori et souvent sans l’avoir cherché, de « grands hommes ».

Cela n’est évidemment pas gagné pour François Hollande, mais c’est très loin d’être perdu. Et c’est bien mal connaître le passé que de passer son temps à insulter l’avenir.

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jeudi 3 mai 2012

Le Monde, grand quotidien de référence, vous propose ce soir....




Dans Le Monde de ce soir jeudi 3 mai (mais daté du vendredi 4 mai) retrouvez, au coeur des pages "Débats" (page 21):

- une tribune d'André Manoukian, intitulée François Hollande : un champion tranquille qui refuse de jouer les crooners,

- une prise de position sans concession (comme d'habitude) de Lilian Thuram, ancien footballeur, et actuellement commissaire d'exposition : Contre la haine, je voterai en faveur de l'apaisement. Où l'on découvrira que dimanche, Thuram votera comme Bayrou. La vache : c'est beau ! 

- et surtout, oui, surtout, la libre parole de Didier Barbelivien, L'insolent destin de Nicolas Sarkozy. Rédigée presque intégralement en français de France et sans faute de syntaxe.

C'est à de petites choses, voyez-vous, qu'on sait qu'on est en présence du GQR (Grand Quotidien de Réference).

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Les lepénistes de gauche sont parmi nous : Sylvain Bourmeau les a vus

Sur cette photo, Sylvain Bourmeau (Libération)
est poursuivi par un lepéniste de gauche


Najat Vallaud-Belkacem est l’une des porte-parole de François Hollande.

Najat Vallaud-Belkacem était interviewée le 27 avril 2012 par Le Progrès. Au cours de cette interview, elle décrivait en ces termes les angoisses diverses qui traversent le peuple français : « fondamentalement, c’est l’angoisse de l’avenir pour soi-même comme pour ses enfants. Menace sur nos modes de vie, menace sur notre modèle social, menace sur nos industries, menace sur notre souveraineté… »

- Oh wait ! Cut, rewind and zoom ! -

On la refait.
Au cours de cette interview, elle décrivait en ces termes les angoisses diverses qui traversent le peuple français : « fondamentalement, c’est l’angoisse de l’avenir pour soi-même comme pour ses enfants. Menace sur nos modes de vie… »

« Menace sur nos modes de vie…. » .
Malgré une fréquentation assidue d'Olivier Ferrand, il semble poindre ici comme une amorce de début d’allusion discrète à l’un des concepts récemment mis sur la table par le collectif « Gauche Populaire » : le concept « d’insécurité culturelle ». Dès lors, la seule question qui vaille d’être posée - oui, la seule - est la suivante. La porte-parole de François Hollande est-elle lepéniste ?

***

Deux jours plus tôt, ça partait déjà assez mal au PS, notamment avec une interview de Ségolène Royal dans Le Monde. Tous les titulaires du brevet de « Vraie Gauche » (autodécernable sur critères subjectifs)  avaient alors senti la terre trembler sous leurs pieds, et l’exemplaire du quotidien leur était tombé des mains – qu’ils ont bien propres.

En effet, Ségolène Royal était interviewée le 27 avril 2012 par Le Monde. Au cours de cette interview, elle affirmait notamment, au sujet des électeurs du Front national : « il ne s'agit ni de cajoler, ni de dénigrer et encore moins d'insulter, tout en combattant le poison de ces idées (…) [ceux] qui s'inquiètent des flux migratoires clandestins ne sont pas des racistes ».

- Oh wait ! Cut, rewind and zoom ! -

On la refait.
Au cours de cette interview, elle affirmait notamment : « [ceux] qui s'inquiètent des flux migratoires clandestins ne sont pas des racistes ».

« Pas des racistes… ».
En disant cela, Ségolène Royal, peut-être involontairement, semble donner un chouïa de crédit à cette notion de « paniques morales », inventée par deux auteurs proches de la « Gauche Populaire », Jean-Philippe Huelin et Gaël Brustier.

Pire, au lieu de conspuer ces ploucs avinés, confits de bêtise télévisée et représentant ce que Sylvain Bourmeau appelait récemment dans Libération « cette France rurale ou rurbaine, souvent si fière du portail ou du mur d’enceinte qui orne et protège sa propriété ? » [1], Ségolène Royal semble plutôt partisane d’un dialogue. Sans cajolerie, certes, mais du dialogue tout de même. Dès lors, la seule question qui vaille d’être posée - oui, la seule - est la suivante. L’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle est elle lepéniste ?

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Etre ou ne pas être lepéniste : telle est la grande question de ce curieux entre-deux tours de l’élection présidentielle.

Question que l’on peut élargir en ces termes fleuris : celui qui, comme 6,4 millions de ses compatriotes, a voté pour Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle est-il un « put*** d’enc*** de fasciste » ?

Par ailleurs, tenter de comprendre les raisons de ce vote, vouloir, le cas échéant, y porter remède afin d’éviter que Marine Le Pen ne fasse 25% à l’élection de 2017, cela revient-il à dépolluer et à crédibiliser les idées du FN ? Bref, comprendre (qui commence par la même lettre que « cautionner » : c’est pas un hasard !) n’est-ce pas, finalement, être soi-même un « put*** d’enc*** de fasciste » ?

C’est la thèse que tentent d’accréditer quelques moines-soldats brevetés de la « Vraie Gauche » en excommuniant à tour de bras. Excommunier n’est-il pas le « vrai travail » de tout bon pasteur, garant de la pureté des âmes ?

Excommunier qui ? Ces sociologues et politistes que l’on entend un partout depuis le soir du 22 avril, par exemple. Ceux dont Le Monde disait récemment : « les chercheurs spécialisés, qui établissent des diagnostics et éclairent sur une réalité sociale, ont peu à peu remplacé auprès des politiques les penseurs généralistes ».

De fait, pour les entendre, on les entend ces « chercheurs spécialisés ». On les lit, aussi. Notamment ceux qui se réclament du jeune collectif « Gauche Populaire » [voir son blog]. Et ça agace, ça irrite, ça gratte un peu aux entournures. D’aucuns ont donc décidé de s’en débarrasser. En contestant ? Non. En débattant ? Non. En apportant la contradiction ? Nooooon !

En anathémisant, en discréditant, en balançant de grandes louches d’opprobre. C’est plus efficace. Grâce aux réseaux sociaux, c’est plus rapide. Et surtout c’est garanti « zéro effort / zéro travail ».

Or pour disqualifier, quoi de plus aisé en ces temps compliqués que de « lepéniser » ?

Ainsi, par exemple, Laurent Bouvet est-il lepénisé pour avoir écrit : « la seconde question, que le score de Le Pen, comparé à celui de Mélenchon, met à jour, tient à l'importance de l'insécurité dite culturelle dans cette élection. Inséparable dans son appréhension, en particulier dans les catégories populaires, de la dimension économique et sociale, elle s'en distingue tout de même » (Le Monde, 25 avril). De même Alain Mergier est lepénisé pour avoir écrit, aux sujet des électeurs issus des milieux populaires : « la lutte contre l'immigration est une clef pour [eux]. A leurs yeux, Jean-Luc Mélenchon est dans le déni ». Philippe Guibert ? Lepénisé aussi, pour cette atroce saillie digne des heures les plus sombres de notre histoire : « c’est un phénomène dont on a du mal à parler, qui concerne la différence de modes de vie entre populations françaises issues de l’immigration, et populations plus anciennes. Quand on dit ça, on passe pour un xénophobe » (Slate, 1er Mai).

Voici donc revenus en force, pour quelques âmes sensibles à la panique aisée, les tenants de la « gauche identitaire ». Planquez-vous les gars, et mettez en batterie l’artillerie lourde, voire lourdinque. David Vincent les a vus : les rouge-bruns sont parmi nous !

Certains vont même plus loin. Car au-delà du lepénisme, il y a l’über-lepénisme, le « pire que l’extrême-droite », le « plus dangereux encore que le FN » Voyez cette salve, lancée à la cantonade et l’air de rien sur un réseau social, de manière à en faire bénéficier toute la Twittosphère :

N'étant pas des "petits calomniateurs", nous ne dévoilerons pas le visage
de l'auteur de ce Twitt.

( Oh wait ! )


Un « concept d’extrême-droite » : le mot et lâché. Dès lors, ledit concept ne pourra plus être discuté, explicité, développé : il est maudit. Malheur à celui qui osera le prononcer. Il se transformera immédiatement en statue de sel ou en grenouille, voire en canapé-lit, en chaise à bascule, en poêle à frire, en essieu de semi-remorque, en tasse à thé ou en poster géant de Lady Gaga.

Par chance, le champ des science sociales étant large, à défaut d’avoir la possibilité de réfléchir sur le thème « qu’est-ce que l’insécurité culturelle ? », nous reste la possibilité de nous interroger sur tout un tas de trucs garantis "100% fascisme free", notamment : « l’existence précède-t-elle l’essence ? », « l’existentialisme est-il un humanisme ? », « la raison progresse-t-elle dans l’Histoire ? », « Faut-il brûler Sade ? » ou encore : « Coyotte mérite-il enfin d'attraper Bip-Bip et de lui mettre une volée ? »

Vous voyez qu’entre gens civilisés, et si l’on exclue bien sûr de la conversation tout les « put*** d’enc*** de fascistes » qui rodent dans nos alentours, on peut encore parler de (presque) tout ?


[1] Sans aucun mépris de classe, entendons nous. Pas de ça, chez la « Vraie Gauche ».

Lire et relire
Recension du "Plaidoyer pour une gauche populaire" CLICK
La Gauche populaire, késaco ?   CLACK
Entretien avec Laurent Bouvet 1/2  CLOCK
Entretien avec Laurent Bouvet 2/2  CLOUCK
Ecoute de la (gauche) pop', François Hollande  CLECK
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