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mercredi 14 janvier 2015

Djihadisme : où est Marcel Gauchet ?

  
 




Note liminaire : oui, le titre de ce post est un peu étrange. Et alors ? On est vraiment plus à une bizarrerie près, ces jours-ci. 
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Actualité apocalyptique oblige, tout le monde réfléchit intensément à la nature profonde du djihadisme et, plus largement, de l’islamisme radical. Des chercheurs,  dont les éclairages sont très bienvenus, sont convoqués dans les médias, comme Gilles Kepel, toujours passionnant, ou Olivier Roy. Marianne a republié une magnifique Lettre ouverte au monde musulman, du philosophe Abdennour Bidar, dont la lecture est un moment de pur bonheur[1].

Des choses moins pertinentes,  plus confuses, se répandent également. Un argument utilisé plus que de raison pour tenter d’expliquer le djihadisme, semble tout particulièrement malvenu, qui consiste à assimiler le terrorisme islamiste au nazisme. Et l’on voit fleurir des expressions qui, certes, « sonnent bien », mais éclairent fort mal : « islamonazisme », « fascislamisme » voire « totalitarisme vert ».

Elles éclairent mal pour trois raisons :

1)      parce la tendance actuelle à convoquer sans cesse le fascisme et le nazisme n’est pas une bonne chose. Elle conduit à nier ce que furent les spécificités de ces idéologies. On contribue ainsi « dé-comprendre » un phénomène du passé sans aider pour autant à mieux comprendre un phénomène du présent.

2)      parce qu’on donne ainsi à penser que l’histoire se répète, qu’elle radote. Or ce n’est jamais le cas. Certes, tracer un signe d’égalité entre islamisme et nazisme est « tranquillisante » (si l’on peut dire…). En faisant cela, on s’offre le confort qu’autorise le fait de considérer qu’on a déjà à sa disposition toute la panoplie analytique nécessaire pour comprendre. On se dit : « allez hop, je ressors mon petit Hannah Arendt sur l’origine des totalitarismes et le tour est joué ». Pas de chance : ça ne marche pas.  

3)      parce que si ça ne marche pas, c’est en partie pour la raison suivante. Marcel Gauchet a dit cette chose lumineuse : en leurs temps, les totalitarismes n’ont pu être ce qu’ils furent que parce qu’ils s’appuyèrent sur les masses.
Problème : nous vivons aujourd’hui à l’ère, précisément, de la démobilisation des masses et de l’atomisation des individus. Nous sommes donc loin de la situation qui a amené le totalitarisme. Nous sommes même dans une situation… inverse. Cela se voit, d’ailleurs, jusque dans le mode opératoire des terroristes : des individus seuls, à demi marginaux, ou de très petits groupes. Tout cela est très labile, très insaisissable, très peu charpenté idéologiquement (très faible connaissance de l’islam au final, corpus idéologique bricolé sur Internet, etc.).

Il est donc dommage que l’on n’entende pas davantage Marcel Gauchet sur ces questions car il reste celui qui a théorisé, tout de même, le processus « sortie de la religion ». Evidemment, l’actualité immédiate semble lui donner absolument tort puisqu’on a l’impression d’assister à un retour en force du religieux[2]. Mais justement, rien n’est moins sûr ! Et c’est peut-être même le contraire.

Peut-être pourrait-il le montrer, si toutefois un média voulait bien lui poser des questions dans ce genre-là :

-        le processus de « sortie de la religion » a conduit à l’effacement des croyances religieuses au profit de croyances politiques. A l’heure où l’on constate, notamment en Europe, une « dépolitisation » générale, le regain d’intérêt pour la religion, exprimé parfois de manière hystérique, signifie-t-il que le processus est en train de s’inverser ?  

-        le recul de la religion au profit du politique consiste en un passage de l’hétéronomie (les hommes croient que les règles leur sont imposées du dehors/d’en haut) à l’autonomie (les hommes découvrent que ce sont eux qui édictent leurs propres règles). La multiplication des phénomènes de radicalisation individuelle ne montre-t-elle pas qu’on est arrivé à l’étape d’après ? Ne sommes-nous pas en train de passer de l’autonomie à un genre d’anomie ?

-        en Europe, l’effacement du religieux au profit du politique a engendré des maladies du politique (fascisme, nazisme, stalinisme). Le djihadisme, au moins dans sa version occidentale, n’est-il pas une maladie à la fois de la dépolitisation et de l’individualisme ?

-          dans ce cas, pourquoi existe-t-il aussi (et surtout d’ailleurs) hors du monde occidental ?

-         pour l’Europe, le processus de sortie de la religion semble s’être achevé à l’ère moderne. Admettons que le monde musulman soit justement en train d’opérer le sien, mais en pleine postmodernité, à l’heure où tout se déplace très vite (les informations, les images, les hommes). Quelles conséquences ?

Ces questions, on peut se les poser. Mais le mieux, ce serait encore d’essayer d’obtenir des réponses. Alors, où est Marcel Gauchet ? Dans notre petit coeur[3], certes, mais est-ce bien suffisant ? Le débat est ouvert.



[1] Etonnamment, les désormais célèbres « padadalgamistes », qui ont immédiatement bondi pour expliquer fissa que les attentats perpétrés contre Charlie Hedbo et contre l’Hypercasher n’avaient « rien à voir avec l’islam », ne pipent mot. On ignore pourquoi mais ils semblent avoir décidé que, quand bien même Allah et Mahomet n’auraient rien à voir là-dedans, il demeurait tout de même normal qu’on entende partout des spécialistes de ces choses-là. Va comprendre, Charles.

[2] Oui, on sait. Malraux, « le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas », tout ça….
 
[3] HUMOUR !  



37 commentaires:

  1. Nous sommes en plein temps de crise : en grec, Krisis (jugement, écoute). Cela fait 30/ 40 ans que cela dure en France d’un point de vue économique mais cela est plus profond plus subtile.
    La crise est d’abord qu’on le veuille ou non spirituelle. Pourquoi, parce qu’au 19ème siècle, Nietzsche a annoncé la mort de Dieu et cette prophétie s’est réalisée en grande partie dans notre société occidentale. Alors que l’on considérait cette mort comme une véritable libération pour l’homme, nous ne pouvons que constater que sa suite tragique : la mort de l’homme (Michel Foucault dans les années 60). En effet, l’homme sans transcendance arrive à ne se voir que par rapport à lui-même. Nous retombons ainsi avant Socrate, Platon et Aristote dans le pur relativisme, dans la subjectivité incapable de définir quoique ce soit. Cela va plus loin car nous ne sommes plus que de la matière, des atomes que l’on peut transformer, augmenter (transhumanisme) ou supprimer (eugénisme, euthanasie, avortement).
    Suite à cela, nous sommes en pleine crise morale : celle de l’agir. Réduit à Etre des atomes, venant de la matière, nous y retournerons sans finalité. A quoi bon être morale, si nous sommes que de la matière : tout semble alors possible et justifiable. Il existe des parties en Allemagne ou au Pays-Bas qui prônent l’inceste ou la zoophilie.
    La crise est aussi économique mais pas forcément comme on l’entend. C’est celle du choix essentiel entre l’être et l’avoir. Vu que nous avons une vie limitée, il n’y a plus qu’à assouvir tous les désirs de la matière en lui offrant les sacrifices qu’elle exige : du temps pour consommer en travaillant et du loisir pour assouvir son désir de bien-être matériel. L’homme occidental a choisi l’avoir au détriment de l’être : il devient alors prisonnier de ses possessions matérielles.
    Celle-ci entraine une crise culturelle. A quoi bon transmettre, rechercher le bien, le vrai et le beau quand on est prisonnier de la matière, de ses pulsions, de ses émotions. Le temps long n’existe plus : on pense s’auto-réaliser, s’auto-construire grâce à des outils qui nous donnent en instantanée l’information recherchée. Nous ne réfléchissons plus, nous devenons des assistés en captant des idées et des slogans que l’on fait sien. Je n’oserai dire celui que l’on nous bassine depuis 3 jours…
    Finalement, nous sommes faits pour l’absolu. Nous le sentons bien. Nous sommes créés pour la Vérité, pour en vivre. Que ces journées soit l’occasion d’une vraie réflexion sur la Crise majeure que nous vivons. Une civilisation est en train de mourir : son accouchement est pénible et on ne sait pas encore l’enfant qu’elle va donner. En tout cas, sans transcendance, sans Dieu, nous allons bien à notre perte.
    Emmanuel GIL

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  2. la lettre ouverte au monde musulman est bien anterieure aux evenements, ce qui n'en attenue pas au contraire la qualite.

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    1. Bonjour,
      Oui, je sais bien, j'ai marqué "republié". Ils l'ont remise en une sur le site du journal la semaine dernière.

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  3. Pas d'accord sur le point sur les masses: leur forme a seulement changé: quand tu regardes le succès des expressions complotistes sur les réseaux sociaux, il y a tout de même des questions à se poser. Les masses sont simplement plus diffuses dans leurs expressions.

    pour "Le djihadisme, au moins dans sa version occidentale, n’est-il pas une maladie à la fois de la dépolitisation et de l’individualisme ?" c'est à mon sens très exact: la seule cause "alternative" de forte envergure mise en avant est celle-là au niveau médiatique.Certains de ceux qui sont partis auraient très bien pu aller au Nicaragua de l'un ou l'autre côté dans les années 80. Et il faut par exemple s'intéresser fortement à la politique internationale ou à certains pays pour aller dans d'autres causes où l'on risque sa vie: les FARC n'ont attiré que Tanja Nijmeije, quelques allemands seulement sont allés au PKK et les maos du népal n'attirent guére et sont institutionnalisés en partie.

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  4. Il est là, Marcel Gauchet Il est là, Marcel Gauchet
    France Inter, le 7/9 de ce matin.

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  5. Sortie de la religion…
    Toute la question est de savoir ce qu’on entend par religion.
    C’est Marcel Gauchet qui a dit aussi que le judéo-christianisme était la religion de la sortie de la religion, autrement dit la pensée qui permet la sortie hors de la superstition.
    Il y a religion et religion : il y a les religions installées, institutionnalisées, s’appuyant sur la raison, sur des textes, acceptant la confrontation et la remise en cause, et il y la religion instinctive, primitive, superstitieuse, sacrificielle. Celle-ci n’est jamais complétement absente de celles-là, qui tant bien que mal la contrôlent.
    Bannir ces religions installées, et donc visibles, critiquables, armées contre les excès de la superstition, c’est prendre le risque de retomber dans la religion des origines, toujours prête à refaire surface avec son cortège de violences.
    C’est bien ce qui se passe.
    C’est bien ce qui se passe chez les fanatiques, incontrôlables, isolés, qui viennent nous frapper, persuadés du bien-fondé de leurs actions.
    Et c’est bien ce qui se passe chez nous qui envoyons nos chasseurs-bombardiers et autres drones tuer à distance, comme si cela pouvait avoir, en quoi que ce soit, un effet bénéfique. Et la manifestation de dimanche s’apparentait fort à un rituel primitif d’adoration de l’Intouchable Liberté d’Expression, et de vénération de ses héros et martyrs.
    Si nous voulons, au bord du précipice, nous redresser, le salut est dans la sagesse, les leçons, le savoir accumulé des textes bibliques. Ils peuvent nous montrer la voie vers la conscience de soi et des autres, vers la raison, vers l’avenir.
    On peut bien sûr aussi croire que le cri de ralliement « je suis Charlie » aura des effets miraculeux…

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  6. En Syrie, Irak, Nigeria, on a pas du tout affaire à des terroristes isolés, mais à la constitution de véritables armées équipées, coordonnées, entrainées avec des ressources financières venant des pays du golfe, du pétrole, de la drogue, des butins de guerre, avec constitution de proto-états.

    Le nazisme était l'apologie du surhomme par rapport aux sous hommes, l'islamisme salafiste prône la supériorité morale du djihadiste sur les impies, ce qu'ont fait ou font encore d'autres religions.

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    1. Je ne peux pas être d'accord sur le principe que toutes les religions se valent ou qu'elles seraient toutes facteurs de violence. Il faudrait déjà examiner l'histoire et je pense que ce n'est pas si simple de valider cette thèse. On m'alléguera pour le christianisme les guerres de religions qui ont été pour certains à l'origine des sociétés dites modernes (qui donneront la laïcité en France). En tout cas, je renvoie à ceux qui veulent réfléchir et comprendre, la lettre encyclique de Fides et Ratio de Jean-Paul II. Elle démontre comment la raison doit s'appuyer sur la foi et l'inverse. Malgré des contradictions évidentes, le christianisme catholique a soutenu depuis toujours cette alliance de la raison et de la foi. Nous oublions très souvent que l'université et l'hôpital ont été créés et encouragées par les instances de l'Eglise Catholique, par exemples.

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    2. " le christianisme catholique a soutenu depuis toujours cette alliance de la raison et de la foi " => bah oui, bien sûr. En particulier pendant l'Inquisition.

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    3. C'est une réponse classique et vous savez très bien que sur l'inquisition, ce n'est pas si simple que cela. Effectivement, il y a eu des abus. Qui sait encore que l'inquisiteur s'il rendait un jugement faux, lui-même était passible de l'enfer? Pour comprendre, je renvoie au travail universitaire de Jean-Louis Biget qui me semble crédible. Il donne une vision plus équilibrée que les remontrances traditionnels notamment qui viennent de Voltaire....

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    4. C'était une réponse classique parce votre remarque l'était également. Peut-être que vous connaissez mal l'Islam.
      C'est le biais de tous ceux qui plaident la supériorité du catholicisme. Si vous le trouvez supérieur, c'est parce que vous avez beaucoup lu et réfléchi dessus, alors que vous aurez sans doute moins lu et réfléchi sur l'Islam.

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    5. L'Islam a arrêté me semble-t-il sa réflexion avec la raison au XIIème siècle (je conviens qu'il y a eu d'autres penseurs après mais en tout cas, ils sont à la marge des principaux courants). Mais la question ne se joue pas là entièrement. Elle est d'ordre théologique: quelle nouveauté sur la vision de Dieu l'Islam apporte de plus que les révélations judéo-chrétiennes? En étudiant le Coran et ce que disent les musulmans, il me semble qu'il n'y a rien de nouveau.
      Je crois que la rencontre avec le Christ est possible au moment où j'écris ce texte tandis que pour Mahomet, cela me semble compliqué. La question n'est pas sur la supériorité de la religion, c'est celle sur la Vérité. Si Jésus est bien Homme et Dieu, on peut toujours le rencontrer tandis que pour Mahomet, cela ne peut marcher. Qui a raison alors? Il ne peut avoir qu'une réponse juste. Peut-être l'athée dira que les deux propositions sont fausses. Alors, il faut bien tenter. Si ce n'est que du vent, il n'y aura aucune réponse. Ce n'est que du bricolage d'homme (Feuerbach). Mais si c'est vrai, cela change tout..........Ne croyez pas que j'en appelle au fidéisme, en me jetant aveuglément dans une foi qui serait peut-être stupide. J'en appelle déjà à la raison qui m'indique la possibilité de Dieu....

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  7. Difficile de répondre brièvement et à la taulière (qui soulève des tas de questions) et aux premiers commentaires.
    Le comment. du 16 janv. 01 47 me parait être le plus près (le moins loin ?)des points essentiels que je relèverai (sans prétendre épuiser le sujet):

    1°.Il est vain d'approcher (intellectuellement comme concrètement) la question du terrorisme en France sans la connecter avec la géopolitique internationale.
    2°.La "religiosité" de l'homme, si elle a évolué, n'a jamais entièrement disparu, contrairement à ce que peut penser M. Gauchet. Le besoin de "croyance" et d'absolu (ou d'"extrêmisme") est le propre de l'homme, allié au désir de pouvoir. Après, on "habille" et manipule tout ça...
    3. Je ne sais si les djihadistes "ignorent le vrai islam", mais je pense que nos gouvernants et media ne l'ignorent pas moins (ou font semblant).

    Aussi, je pense que l'avenir ne pourra qu'être chaud...

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    1. Bonjour,
      Gauchet ne pense pas du tout que la religiosité a disparu, ce serait absurde et tout prouve le contraire.
      Ce qu'il appelle "la sortie de la religion", c'est le fait que le monde n'est plus organisé par l'extérieur (la religion) mais de l'intérieur (la communauté humaine s'auto-organise et ses donne ses propres lois). Il parle aussi d'hétéronomie (le monde organisé par la religion) et d'autonomie (le monde organisé politiquement). Voili-voilou...

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    2. Je suis déçu, Coralie: vous ne dites mot sur ma 3ème remarque, qui est peut-être le point essentiel.
      "3. Je ne sais si les djihadistes "ignorent le vrai islam", mais je pense que nos gouvernants et media ne l'ignorent pas moins (ou font semblant)."
      La difficulté majeure de l'analyse est celle du rapport (car il y en a bien un!) entre Islam, islamisme (modéré ou radical) et djihadisme.
      Je voudrais soumettre à votre sagacité ce propos de feu Bruno Etienne, islamologue reconnu et peu suspect d'islamophobie, à propos de 'islam en France:
      "...thèse proposée tout au long de cet ouvrage: l'Islam orthodoxe produit le radicalisme islamique par un effet de rétroaction qui tient à s problématique même."(l'Islamisme radical, Hachette 1987).
      Evacuer la question n'est pas la solution. Et mettre "l'islamophobie" au même niveau que racisme et antisémitisme est un non-sens suicidaire. Et aussi stupide que le mot célèbre de Sartre: "Tout anti-communiste est un chien."
      "

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    3. Je viens de lire la lettre d'Abdennour Bidar. Très beau texte en effet, mais il dément en fait la formule "sacrée" qu'on veut nous faire rentrer dans le crâne, à savoir que les djihadistes et leurs actes barbares n'auraient "rien à voir avec l'Islam".
      Quelle que soit la vision personnelle et intime de chacun sur ce qu'est "le vrai" Islam, il n'en est pas moins vrai que, pour le moins, plusieurs lectures peuvent et en sont faites -à partir d'un même Coran dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas que amour et paix.
      Prétendre que le mot islam se traduit par "paix" est déjà une contre-vérité flagrante "à usage des sourds et aveugles occidentaux", comme dirait B. Etienne qui traduit bien le "Dar al Islam" par Maison de la soumission (à Dieu).
      Islamophobie-haine des musulmans, je n'en suis pas.
      Islamophobie-peur de l'Islam, et donc droit de le dire et l'écrire, c'est bien normal pour un Français du XXIème siècle. Et droit à le combattre si on le veut, par les moyens légaux évidemment, c'est le moins qu'on puisse faire sans se faire traiter de raciste, fasciste, etc. Il y a plus de haine chez les islamo-gauchistes que chez les Français attachés à leurs valeurs culturelles (chrétiennes et républicaines à la fois).

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    4. 1.Dois-je renoncer à espérer votre avis de fond sur mes remarques ci-dessus?
      2." pour l’Europe, le processus de sortie de la religion semble s’être achevé à l’ère moderne. Admettons que le monde musulman soit justement en train d’opérer le sien, mais en pleine postmodernité..." ça reste à prouver, justement !!!

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    5. Bonjour,

      Je ne comprends pas : sur quoi souhaitez-vous mon avis ? Comme tout le monde s'appelle "Anonyme", c'est pas forcément hyper simple de s'y retrouver !

      Sinon, pour la proposition dont vous dites qu'elle reste à prouver.... évidemment. J'ai surtout posé des questions dans ce texte. Tout le monde s'en pose beaucoup et on n'a pas les réponses. Enfin, poser des questions me semble déjà un début prometteur :-)

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  8. A rajouter que les terroristes de l'attaque Charlie ne sont pas isolé non plus et ont été s'entrainer à l'étranger chez Daesh ou Al Qaida, ont été endoctrinés par leurs imams, probablement financés aussi par ces groupes.

    Ils sont les colonnes avancées du djihadisme en occident, les bases se trouvant en orient ou Afrique.

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  9. Pour aller plus loin entre athéisme et fondamentalisme, la brillante vision de Fabrice Hadjadj:
    http://enpassant-englanant.blogspot.fr/2012/10/en-parlant-fabrice-hadjadj-athee-et.html

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  10. Denis Monod-Broca17 janvier 2015 à 12:41

    Il faut se méfier des -ismes. Le nationalisme trahit la nation, l'individualisme l'individu, le gaullisme de Gaulle, le communisme le bien commun, le christianisme le Christ, etc. Il faut se méfier des dogmes, et se méfier des églises et des idéologies qui les sécrètent. Il faut toujours douter, remettre en question, s'interroger. Il n'empêche, il y a des vérités à peu près établies, par exemple : dans l'ordre de la physique la gravitation universelle décrit assez bien la chute des corps et a donc ouvert la voie aux voyages dans l'espace, dans l'ordre de l'anthropologie les écrits bibliques décrivent assez bien notre tendance naturelle à nous entretuer et indique la façon de la combattre (tu ne tueras pas, tu ne convoiteras pas...).
    De même que Cyrano de Bergerac, pour se moquer de de Guiche, lui donne 10 façons de se rendre sur la lune, dont aucune ne tient compte de la gravitation universelle, de même peut-on imaginer vivre en paix, sans s'entretuer, en faisant l'économe de l'enseignement biblique. Ce serait une mauvaise blague. Rejeter ce savoir au prétexte qu'il serait arrogant de le déclarer supérieur à ses concurrents c'est oublier que quelques dizaines de siècles d'expérience confirment sa justesse.

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  11. Est-ce que vous savez ce qu'est un dogme avant de le rejeter? Est-ce que l'Eglise est vraiment idéologique?

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  12. Un autre point qui interroge. Par vos principes, rien au-dessus de moi et doute quasi-systématique, n'y a t-il pas là une propension à devenir soi-même son auto-référentiel? Ne sommes-nous pas devant une auto-divinisation du moins dans la pensée ou l'intelligence? Dieu, c'est moi avec mes subjectivités et mes limites. N-est ce pas là un danger encore plus grand que ce que vous dénoncez? surtout en période d'ultra-individualisme.

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  13. Denis Monod-Broca18 janvier 2015 à 07:10

    Vous avez raison, il ne faut surtout pas se croire au-dessus de tout. Il n'en faut pas moins "faire avec les moyens du bord" selon la jolie expression de Régis Debray.
    Croire est aussi essentiel que douter, les deux vont de pair. "
    Croire en Dieu c'est douter de lui tous les jours" dit le grand rabbin Sitruk...

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  14. Pourquoi continuer a faire semblant et a tourner autour du pot?
    Avec ces discours bien pensants anti-amalgamique, on n'arrange rien. Le vrai problème est que l'Islam n'est juste pas miscible avec nos Républiques laïques.
    De quelle autre religion parle t'on de radicaux et de modérés? Être modéré, c'est déjà être radical car on estime que les Lois de sa religion sont supérieures à celle de la République. Et si elles sont antinomiques, on s'emploie à les détourner ou a les tordre.

    Il ne faut pas oublier le fondement de l'Islam qui divise le Monde en 2, Dar al Islam (pays des croyant) et Dar al Harb, littéralement domaine de la guerre ou sont présents les infidèles. Le deuxième ayant pour vocation a devenir le premier.

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    1. Où voyez vous que je tourne autour du pot ? Où voyez-vous ici un discours "bien-pensant" ? Se poser des questions, c'est déjà trop "bien-pensant" selon vous ? Pourquoi ne peut-on plus ouvrir la bouche sans se faire traiter de "bien-pensant" ? Quel est ce nouvel et insupportable phénomène de mode ? C'est très pénible, je vous assure.

      Quant aux fondements de l'Islam, vous en parlez comme si vous étiez théologien. Et les fondements du catholicisme alors ? Que penser d'une religion qui fait adorer à ses fidèles un dieu crucifié ? Si je vous dis que c'est morbide, qu'allez-vous dire ? M'engueuler ?
      Franchement, je crois que nous devrions nous abstenir de faire de l'exégèse religieuse. Je ne suis pas qualifiée pour cela et de toute évidence, vous non plus.

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    2. @ Coralie.

      1) Je vous donne acte de votre réponse à mes commentaires successifs "Anonyme" des 18 et 20 janv.(je ne suis pas celui qui vous parle de "tourner autour du pot").
      2) Poser des questions, c'est déjà bien. Mais Il n'est pas non plus interdit d'esquisser des éléments de réponses -sinon à quoi sert de se poser des questions? On peut essayer de penser par soi-même, puisque justement on n'entend pas Gauchet.

      3) Si je comprends votre 1er alinéa ci-dessus, votre réponse au 2ème me parait un peu courte, sauf votre respect. Les propos de votre interlocuteur sur ce point étaient un peu carrés, certes, mais pas fantaisistes et botter en touche au prétexte que ni vous ni lui n'êtes théologiens ne me parait pas digne de vous. En effet, comment ne pas parler des fondements de l'Islam quand la bien-pensance (en quoi est-elle compétente, elle?) nous assène que les islamistes- extrêmistes n'ont rien à voir avec l'Islam-"religion d'amour et de paix?".
      C'est en définitive la seule question qui vaille: qu'est-ce que l'Islam? C'est assurément un sujet de débat! ou pas?
      Cordialement à vous.
      Albert

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    3. Pour vous répondre, oui, je pense que la question "qu'est-ce qu'est l'Islam" est un sujet de débat. Je crois d'ailleurs que le débat est en train d'avoir lieu si j'en crois les très nombreuses tribunes d'intellectuels musulman qui paraissent dans la presse ces jours-ci. Mais, encore une fois, je ne pense pas que ce soit à moi d'y répondre car c'est vraiment une question d'exégèse religieuse. Or je ne suis pas une théologienne musulmane, et d'ailleurs, je ne suis pas musulmane du tout.

      Ce n'est d'ailleurs pas non plus la question à laquelle doivent répondre les pouvoirs publics. Les questions auxquelles ils doivent répondre sont celles de l'intégration républicaine, de l'école, de la prison, de la politique étrangère, de la politique de la ville, du chômage et j'en oublie dans doute beaucoup.

      Donc pour résumer : aux théologiens, l'interprétation des textes sacrés et aux gouvernants la détermination et la conduite des politiques publiques.

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    4. "Je crois d'ailleurs que le débat est en train d'avoir lieu si j'en crois les très nombreuses tribunes d'intellectuels musulman qui paraissent dans la presse ces jours-ci. Mais, encore une fois, je ne pense pas que ce soit à moi d'y répondre car c'est vraiment une question d'exégèse religieuse."

      Votre modestie sur la question me parait à la fois une erreur(intellectuelle) et une faute (citoyenne).Elle me rappelle le propos de V. Redding selon qui les britanniques n'ont pas à se prononcer par referendum sur la question européenne car ils n'y connaitraient rien.

      Tout citoyen pas trop stupide(c'est une hypothèse mais si on l'écarte c'est grave) est capable de s'informer sur l'Islam - ne serait-ce que d'un point de vue historique, ou même dogmatique, en lisant quelques bouquins fiables (j'en ai cité un mais il y en a d'autres -cela n'est pas réservé aux musulmans comme vous semblez dire d'ailleurs), et de se faire une opinion dont il devrait être loisible ensuite à tout le monde de débattre(du moins jusqu'ici en démocratie!).

      Quant aux gouvernants, et pour suivre votre propos, s'ils ne sont pas compétents pour étudier le Coran, ils devraient s'abstenir d'affirmer que l'Islam est "une religion de paix et d'amour", non? Faut être logique !

      Albert

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    5. Puis-je vous conseiller de lire l'article de Brighelli dans "Causeur.fr" de ce 21 janvier? Et de le méditer?
      Si vous ne le faites pas, je comprendrai, je comprendrai que décidément il n'y a pas grand-chose à espérer des intellectuels de gauche-même pleins de bonne volonté.
      Albert

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    6. Je l'ai lu. Vous savez Brighelli je l'ai interviewé deux fois sur ce blog. Pas besoin de trop me pousser, donc, pour que je le lise....

      Sinon, une fois de plus, je ne dis pas que le djihadisme est sans lien avec l'islam. Je ne nie pas non plus que l'islam est en crise. Simplement je n'en déduis pas une supériorité de nature et de toute éternité du christianisme, qui a lui aussi charié beaucoup, beaucoup, beaucoup de violence par le passé.
      Mais je crois que je n'arrive pas à me faire comprendre.... :-(

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    7. "Simplement je n'en déduis pas une supériorité de nature et de toute éternité du christianisme, qui a lui aussi charrié beaucoup, beaucoup, beaucoup de violence par le passé."

      Si ! je crois vous comprendre très bien (c'est pourquoi je vous aime bien). Je n'ai par ailleurs jamais porté aux nues le catholicisme (christianisme papal), mais je constate, dans le réel d'aujourd'hui, que la violence totalitaire n'est pas de son fait, donc renvoyer dos à dos une violence passée et une violence actuelle ne me parait pas très opératoire.
      Albert

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  15. Touchée? Parce que ça a l'air de vous piquer?
    C'est toujours très bien de s'interroger mais aussi et surtout de se poser les bonnes questions, pour être capable de trouver les vrais réponses et de prendre les bonnes décisions.
    Parce que toutes les questions que la doxa politiquement correcte nous impose en ce moment sont des questions qui éludent et n'appellent surtout aucune réponse qui pourrait fâcher, voire pas de réponse du tout.
    "C'est la faute à pas de chance, ma bonne dame!"
    Hors les français, comme les allemands, les italiens, les norvégiens... attendent de vrais réponses à ce vrai problème qui sévit en Europe et dans le Monde.
    Faute d'en recevoir, ils se tournent vers les extrêmes.

    Et la fausse réponse surjouée comme la vôtre qui consiste à dire que mon avis ne vaut pas tripette et que seuls quelques "Elus" (de Dieu?) ont droit de cité comme accusé de fin de non recevoir participe à cet obscurantisme.
    Pas besoin d'être théologien, il suffit de savoir lire...

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  16. Bonjour, Coralie

    Article publié sur mon blog ( toujours hébergé à la "une" du site de Marianne : pourquoi le vôtre ne l'est-il plus ?) , en réaction (positive!) à celui du groupe Contreforts qui vient d'y être publié:

    http://www.marianne.net/elie-pense/culpabilite-soumission-resistance-240115.html

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  17. Petite rectification sur votre note en bas de page: Malraux n'a jamais écrit « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas » !!! Voir:


    http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/03/17/malraux-sera-ou-ne-sera-pas/

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  18. Marcel Gauchet était dans le dernier n° du "Point" 05-février 2015. -:)

    Et puis....pour ce qui est de la mobilisation des masses,dans les dynamiques totalitaires ,on peut souligner aussi :

    -que l'islamisme djihadisme fonctionne de manière différente selon les terrains
    (occidentaux et orientaux) ,ici minoritaires et éclaté,là bas pouvant mobiliser en masse,songeons aux manifestations anti-caricatures déclenchés par les mouvances
    wahhabites au Pakistan.

    -qu'un autre terrain transnational,l'espace numérique est AUSSI un terrain de mobilisation qui combine ,l'atomisation individualiste de l'Occident moderne et la massification...

    Et puis les spécialistes du terrorisme (les professionnels ,ayant parcouru le terrain,pas les batteurs d'estrade) apportent d'importantes parenté dans les structures et la psychologie des groupes islamistes terroristes:

    "La comparaison va probablement vous sembler osée, et je tiens donc par avance à récuser toute comparaison, en l'état, entre le jihadisme et le nazisme. Pour autant, la lecture, il y a quelques années, de l'extraordinaire biographie de Hitler par Ian Kershaw ou de son essai Hitler : Essai sur le charisme en politique m'a fait découvrir ce que le grand historien britannique a résumé par la formule : "Le devoir de tout un chacun est d'essayer, dans l'esprit du Führer, de travailler dans sa direction", i. e vers le but que l'on pense qu'il aurait voulu atteindre, sans avoir à lui demander des instructions. Soit dit en passant, c'est par l'application de ce schéma mental de complète soumission intellectuelle que Kershaw explique l'absence de Hitler lors de la funeste conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942.

    Si on laisse de côté la comparaison sans objet - le débat aura lieu entre historiens quand nous serons tous morts - entre nazisme et jihadisme, il faut admettre que le mode de fonctionnement de la mouvance jihadisme obéit en grande partie à ce schéma, en particulier en ce qui concerne le fameux 3e cercle - que j'ai déjà décrit ici - que les services de sécurité considèrent comme une menace très sérieuse en raison de sa quasi invisibilité."

    http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2010/10/20/theres-a-war-outside-still-raging-no-surrender-bruce-springsteen/

    Et puis on peut aussi prendre en compte l'avis du grand romancier algérien bien placé pour savoir de quoi il retourne:

    http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20080109.BIB0588/la-frontiere-entre-islamisme-et-nazisme-est-mince.html

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