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lundi 18 mai 2015

Filikí Etería n°8 - la Grèce vue de Grèce – revue de presse


 
 

 

- Billet invité -
 
Par Cristoballaci El Massaliote
 
Cristoballaci El Massaliote est désormais un spécialiste mondialement connu de l'exégèse de la presse grecque. Cette semaine encore, il répond à toutes les questions brûlantes que nous nous posons : les créanciers d'Athènes sont-ils de plus en plus durs ? La Russie va-t-elle mettre la main au porte-monnaie ? La Grèce et la Turquie se rapprochent-elles ? Tsipras est-il toujours aussi populaire ? Les réponses ci-dessous !
 
 
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Alors que la presse française était captivée par l’ouverture du Festival de Cannes et par les déclarations d’une actrice "forcée" de tourner à Dunkerque, les médias grecs, eux, traitaient des négociations sur la dette, des relations avec la Turquie ou avec la Russie,  d’un scandale de corruption impliquant une entreprise d’armement allemande, du projet d’union homosexuelle défendu par le gouvernement SYRIZA et de la victoire d’un collectif de femmes de ménages.
 
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I / Les négociations sur la dette : suspense et rebondissements ?

a/ De nouveaux sacrifices ?

En pleine reunion de l’Eurogroupe du 11 mai, différents médias (capital.gr, MegaChannel) avancaient que les créanciers aller réclamer un excédent primaire supérieur à 2% (contre 1,2% à 1,5% demandé par la Grèce), entrainant ainsi la mise en place de mesures supplémentaires à hauteur de 7 ou 8 milliards d’euros. Non seulement les créanciers ne font aucun effort, mais ils durcissent même les conditions exigées pour obtenir un accord !
 
b/ Un Eurogroupe qui avance ou qui patine ?
 
Le lendemain,  de nombreux journaux (Ta Nea, Ethnos, Kathimerini, Avghi, Eleftheros Typos, Le Journal des Rédacteurs) commentaient le communiqué de l’Eurogroupe dans lequel  les ministres des finances de la zone euro « saluaient les progrès qui ont été réalisés jusqu’ici dans les négociations ».

Les ministres reconnaissaient toutefois que davantage de temps et d'efforts devaient être nécessaires pour “répondre  aux problèmes  actuels” tout en félicitant les autorités grecques pour “l’accéleration de leur travail”. Parce que les Grecs, eux, font des concessions. Certes, ils ont toujours des lignes rouges : réforme des retraites et du marché du travail. Mais ils lâchent régulièrement du mou. Les "Européens", eux, jamais.
 

c/ Moscovici et Dijsselbloem prêts à évoluer ?
 
Le Président de l’Eurogroupe, M. Dijsselbloem, a affirmé que les fonds (autrement dit la dernière tranche du second plan d'aide, qui représente un montant de 7,2 milliards et que la Grèce attend) ne seront versés que lorsqu’un accord sera trouvé, mais il a toutefois évoqué l’éventualité de débloquer certaines sommes sous forme de « sous-tranches » en fonction des réformes qui seraient effectivement « mises en œuvre».

De son côté, le commissaire européen aux affaires économiques, P. Moscovici, a déclaré : « Il y a des avancées sur le fond, des avancées substancielles et donc incontestablement la situation a évolué ». Il a toutefois ajouté qu’il « reste encore de chemin à parcourir », avant de résumer les blocages qui, selon lui persisteraient  sur deux sujets (réformes des retraites et réforme du marché du travail).


d/ ou des négociations qui s’enlisent ?

Le 13 mai, la presse grecque se désespérait en constatant que les négociations entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers trainaient en longueur.

Au cours du conseil des ministres du 12 mai, plusieurs cadres du gouvernement avaient insisté sur la nécessité de « renforcer la négociation politique » en estimant que les discussions au niveau technique et au sein du Groupe de Bruxelles étaient épuisées. Alexis Tsipras a alors déclaré que la “Grèce a fait autant de pas que possible vers les partenaires européens en prouvant par les actes qu’elle respecte les procédures, les lois et le cadre de fonctionnement de la zone euro”, avant de rajouter que “ C’est maintenant aux partenaires de faire les pas nécessaires et de prouver dans les actes qu’ils respectent le verdict démocratique des peuples au sein du droit européen commun “ (Ta Nea, Ethnos, Avghi, Le Journal des Rédacteurs). Ta Nea (centre gauche) estime que le Premier Ministre grec a « jeté la balle » dans le camp des partenaires européens en leur adressant ce message et en soulignant l’impossibilité de nouvelles concessions.


e/ des espoirs pour le 21 mai...

De leurs côtés, les journaux Ethnos et Avghi (proche de Syriza) soulignent l’importance du Sommet européen de Riga les 21 et 22 mai, qui soulève de nombreux espoirs, notamment parce qu’une nouvelle rencontre entre Alexis Tsipras et Angela Merkel est posible. Les deux journaux évoquaient également la possibilité d’une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe sans pour autant avancer de date.


II/ Relations internationales

 
a/ Un scandale de corruption avec une entreprise alllemande d’armements
 
La presse du 12 mai (Kathimerini, Ta Nea, Eleftehros Typos) commentaient la mise en détention provisoire d’un officier de l’armée en retraite, Panagiotis Katsis, accusé d’avoir reçu des pots de vin (3 millions d’euros) de la société allemande Rheinmetall afin de faciliter la signature de contrats de ventes d’armes à la Grèce (chars Léopard).

b/ Le soutien des USA
 
Parlant de « nouvelle intervention américaine », Avghi du 13 mai reprenait les déclarations du porte- parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, qui aurait réitéré le soutien des Etats-Unis aux efforts déployés par l’UE et la Grèce pour faire face à la crise grecque, il aurait toutefois souligné que le règlement du problème « relève de la responsabilité de la Grèce, de l’UE et d’autres organismes internationaux impliqués », faisant allusion bien s^^ur au FMI.
 
c/ le rapprochement et la coopération Grèce – Turquie se confirment.
 
Le ministre grec des Affaires Etrangères, Nikos Kotzias, était en visite en Turquie le 12 mai, où il a rencontré M. Erdogan. Selon Ta Nea et Avghi le message qui ressort de l’entretien est que « malgré l’importance des problèmes existants entre les deux pays, il existe une volonté commune de les résoudre ».

Nikos Kotzias s’est également entretenu avec son homologue turc, M. Cavusoglu. Ta Nea relève qu’au cours de la conférence de presse conjointe les deux ministres ont annoncé la création d’un groupe gréco-turc, qui sera chargé de renforcer la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’économie, du tourisme et des investissements.

Plusieurs journaux (Kathimerini, Avghi, Eleftheros Typos, Le Journal des Rédacteurs) relèvent que les deux ministres ont pris plusieurs décisions importantes (prospections sur le plateau continental en mer Egée, sécurité maritime, et règlement du dossier chypriote). Le Journal des Rédacteurs souligne que dans le domaine de l’immigration, les deux ministres ont décidé d’accroître la collaboration et d’adopter des mesures sévères contre les trafiquants de migrants.


d/ Russie : le versement d’une avance russe sur le futur gazoduc se confirmerait
 
Plusieurs médias du 11 mai (Ethnos, protothema.gr) commentaient l’entretien téléphonique du 7 mai entre le président russe V. Poutine et le Premier Ministre grec, pendant lequel, Alexis Tsipras aurait confirmé la volonté du gouvernement grec de participer à la construction du gazoduc grec transportant du gaz russe depuis les frontières gréco-turques . Le Président Poutine, aurait exprimé sa volonté de financer la société grecque qui participera à la construction du gazoduc en versant une avance. Cette somme pourrait être restituée à la Russie au travers des bénéfices générés par la société grecque après l’entrée en fonction du gazoduc (sources communiqué officiel grec). 

De son côté, la présidente du parlement hellénique Mme Konstantopoulou a représenté la Grèce aux manifestations organisées le 9 mai en Russie pour fêter la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie et la fin de la deuxième guerre mondiale (Ta Nea, Ethnos).

Selon Ethnos et Eleftheros Typos, Alexis Tsipras, devrait se rendre une nouvelle fois en Russie pour participer au Forum économique international de Saint-Pétersbourg (18-20 juin). Un entretien est d’ailleurs prévu entre les deux dirigeants.


III/ Politique intérieure
 
a/ Privatisations du Pirée et des aéroports
 
Ta Nea du 13 mai s’interessait à la privatisation du port du Pirée et des aéroports régionaux. Le conseil d’administration du TAIPED (fonds de mise en valeur du patrimoine privé de l’Etat) a décidé le 12 mai de procéder à la vente de 51% du port du Pirée avec la possibilité pour l’investisseur de porter sa participation à 67,7% après cinq ans. Par ailleurs,  l’accord de 1,2 milliards d’euros avec l’entreprise allemande Fraport pour la cession du droit de fonctionnement et de gestion des 14 aéroports régionaux est en cours d'achèvement.

b/ Union homosexuelle
 
Selon Le Journal des Rédacteurs, le projet de loi prévoyant l’adoption d’un pacte de vie commune pour les couples du même sexe sera prêt en juin. Selon un sondage effectué par la société Focus Bari, 70% des Grecs se déclarent favorables à l’adoption d’un pacte de vie commune pour les couples du même sexe, contre 20% qui s’y opposent, 8% qui sont indécis et 2% qui déclarent ne pas savoir ce que c’est une pacte de vie commune.

c/ Les sondages confirment la popularité de SYRIZA et d’Alexis Tsipras

Selon un sondage (MRB /Real News) Les intentions de vote se répartissent comme suit : SYRIZA : 36,1% ; Nouvelle Démocratie : 20,9% ; La Rivière: 5,8%; KKE: 5,5%; Aube dorée: 5,1%: Grecs indépendants: 4,1%; PASOK : 3% ; autres partis : 5,9%.

D’autre part, 71,9% des sondés estiment que le gouvernement doit accepter un accord de compromis afin que la Grèce reste dans la zone euro, contre 21,3% qui estiment que le gouvernement doit accepter un accord uniquement si celui-ci comprend tous ses engagements préélectoraux même si cela signifiait une rupture et une sortie de la zone euro.

Enfin, si l’accord devait comprendre l’ensemble des mesures demandées par les créanciers, 42,6% des sondés souhaitent l’organisation d’un référendum, 37% la ratification de l’accord par le Parlement et 11,3% l’organisation des élections anticipées.
Un autre sondage (Marc/Journal des Rédacteurs),
la popularité des chefs de partis se répartit ainsi :
 Alexis Tsipras (SYRIZA) : 72,5% ; Panos Kammenos (Grecs indépendants) : 40,9% ; Stavros Theodorakis (La Rivière) : 40,1% ; Dimitris Koutsoumbas (KKE) : 31,5% ; Antonis Samaras (ND) : 30,8% ; Evanghélos Vénizélos (PASOK) : 18,8% ; Nikolaos Michaloliakos (Aube dorée) : 10,9%.

En cas d’impasse des négociations entre la Grèce et ses créanciers, 51,1% estiment que le gouvernement actuel devra poursuivre sa politique, 22,8% sont favorables à un référendum et 16,6% sont favorables à l’organisation des élections anticipées.

A la question de savoir si le gouvernement doit éloigner la « Plateforme de la Gauche » et les « Grecs indépendants » et former un gouvernement de coalition avec La Rivière ou le PASOK, 58,3% des sondés n’y sont pas favorables, contre 37,1% qui y sont favorables.
Enfin, 76,9% des sondés sont favorables au maintien de la Grèce dans la zone euro, contre 19,2% qui sont favorables au retour à la drachme.
 

d/ Victoire pour le collectif des femmes de ménage
 
La presse de la semaine passée (Ta Nea, Kathimerini, Eleftheros Typos, LeJournal des Rédacteurs) faisait état de la décision du gouvernement de procéder à la réembauche des 595 femmes de ménage du ministère grec des finances, qui avaient été licenciées par le gouvernement Nouvelle Démocratie.

 
e/ Des tensions avec la banque de Grèce
 
La presse du 14 mai (Ethnos, Ta Nea, Kathimerini, Avghi, Le Journal des Rédacteurs) commentaient les « relations tendues » et le « manque de confiance » existants entre le gouvernement et le gouverneur de la Banque de Grèce, M. Stournaras. Ce dernier essuie de vives critiques de la part de SYRIZA, dont plusieurs cadres souhaiteraient sa démission, estimant qu’il compromet le gouvernement. Dans son intervention de la veille au Parlement, le ministre de l’énergie, M. Lafazanis, a reproché à M. Stournaras d'avoir des responsabilités, en sa qualité de ministre des finances de l'époque, dans le démembrement d’ATEbank (Banque Agricole de Grèce).


f/ La commission pour la vérité sur la dette grecque
 
Le chef de file du groupe des experts internationaux de la commission pour la vérité sur la dette grecque du Parlement hellénique a estimé que la façon dont a été gérée la dette publique grecque constitue une violation des règles du Droit international des droits de l’Homme puisque la politique exercée ayant provoqué une crise humanitaire.

Selon les estimations de la commission, la plus grande partie de la dette grecque serait « illégale, toxique et non viable ». Le 18 juin, une évaluation préliminaire sur la légalité de la dette grecque sera publiée. De plus, la Commission devrait disposer prochainement de tous les éléments sur les accords conclus dans le domaine de l’armement (Ethnos, imerissia.gr).

 

5 commentaires:

  1. Cristobal, je kiffe grave ce que tu fais toute les semaine. Merci beaucoup pour ce taf. T'assure man.

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    1. Facile ;)
      A partir de la revue de presse hellénique (QUOTIDIENNE) de l'Ambassade de Grèce en France.

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  2. 595 femmes de ménage qui vont retrouver leur poste !
    Cette nouvelle me réjouit.

    En octobre dernier, Sarkozy proposait, chez nous, de supprimer 250 000 postes de personnel enseignant. Espérons qu'il ne sera pas élu bientôt! Sinon, il verra bien ce qui se passera, si les rouges reviennent, comme au pays d'Athena...

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    1. 595 femmes femmes de ménage pour un seul ministère .........

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  3. Où fait-on mention du fait que monsieur Tsipras, dont l'opinion que j'ai de lui ne s'améliore pas, a utilisé 650 millions d'Euro du fonds de réserve de la Grèce au FMI pour honorer la dernière échéance de 750 millions d'Euros du même FMI ? Hein ?

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