Les néo-réacs…tout le monde ces derniers temps ne parle que d’iceux. Ils ont eu droit à un dossier dans l'Obs, et à une pleine page dans Le Monde. Même la presse féminine s’engouffre dans la brèche. Le magasine Elle, par exemple, propose un test réservé aux femmes : « quelle néo-réac êtes vous » ? Cela me semblait tomber plutôt bien, étant donné que le microcosme néo-réac ne compte quasiment que des « mâles blancs ». Je pensais donc que la réalisation de ce rapide quizz conjuguée à l’application stricte d’un cœfficient pondérateur de parité (CPP) me placerait d’emblée dans la catégorie des « rétro-réacs ». Las, j’ai eu beau dévoiler que je préférais la blanquette de veau à la quiche au soja bio, je demeure reléguée dans la catégorie « bobo-réac », ce qui est toujours mieux que « réac mais pas trop », mais néanmoins en deçà d’« archéo-réac ».
Toujours côté presse féminine, c'est désormais le magazine Grazia s’y est mis. Grazia, c’est le magazine « de la mode, de la beauté, des people et du luxe », absolument indispensable pour découvrir sans plus tarder « comment porter le bermuda ». Il vous décille enfin sur le pedigree de Catherine Middelton [1], « cette roturière pas comme les autres » et vous immunise…contre les néo-réacs. Mais, même à bien feuilleter Grazia, je ne vois pas mon nom dans la liste.
Pourtant, elle est à géométrie variable, la liste. Certes, il y a quelques piliers, des indéboulonnables, des permanents. Ce sont les néo-réacs « du socle », qui caracolent toujours en tête de la black list [2]. Evidemment, je ne prétends aucunement me hisser à leur niveau. Ils sont hyper entraînés : ce sont des coureurs de fond. Ils ont percé à jour « la gabegie des accords de Schengen », pourfendent les errements orwelliens de la « modernité hyperfestive » et s’accordent à vilipender tout à la fois « les impérities de la droite mainstream » et la « mièvrerie compassionnelle de la gauche d’accompagnement »[3].
Modestement, j’aspire seulement à faire partie des néo-réacs conjoncturels. Je m’emploie pour cela à dévoiler avec une parcimonie perfide mais avec une constance pluriannuelle que j’aime bien Jean-Pierre Chevènement, en dépit de la pluie de quolibets que me renvoient sans ménagement les adorateurs résolument progressistes de l’hyper-décontractée Eva Joly.
Par ailleurs, je ne répugne pas à vouer régulièrement aux gémonies « Le rappel à l’ordre », ce petit livre sot et désormais presque oublié de Daniel Lindenberg, qui me semble mériter amplement une seconde jeunesse. J’en suggère donc la lecture immédiate aux chasseurs de néo-réacs. Ils y trouveront matière à allonger indéfiniment leur liste, qui pourra aller du néo-reac stricto sensu au néo-con façon Bush, en passant par le crypto-stalinien momifié : tout un panel de nouvelles perspectives !....
Par ailleurs, je me pique volontiers d’avoir lu l’œuvre complète de Philippe Muray, ce qui n’est bien évidemment pas vrai. A l’inverse, je me targue d’avoir achevé le dernier roman de cet auteur magistral qu’est Michel Houellebecq, ce qui est vrai, mais ventrebleu que j’ai peiné !
Question « presse », j'exècre Télérama et abhorre les Inrockuptibles, ces organes de presse de la boboïtude germanopratine et écolo-compabible. Je n’aime pas non plus Rue89, et ses articles dégoulinant d’un jeunisme sirupeux traitant de sujets aussi essentiels que l’épilation intégrale, avec clip à l’appui pour témoigner en images que « quand mon minou est tout doux, il aime être caressé partout ».
Par ailleurs, je signale à bon entendeur que le recours incessant au champ lexical et à l’iconographie des « heures les plus sombres de notre histoire » me met absolument hors de moi. Et si j’ai horreur de la censure et préfère naturellement la liberté d’expression et le débat d’idées, je demeure tout de même consternée que l’on puisse écrire des livres pratiquant la reductio ad hitlerum sur la personne de « Schtroumps nazis ».
Pour finir, je n’ai rien contre les catholiques à particule et je n’ai pas dit « pas étonnant » au sujet de Xavier Dupont de Ligonnès. Je ne me suis pas du tout intéressée à l’affaire des supposés quotas de la FFF, mais je suis néanmoins persuadée qu’il s’agit d’une manipulation médiacratique de l’artificieux Edwy Plenel. Je suis vigoureusement opposée à toute espèce de simplification de la langue française, surtout si elle est appuyée par des pédagogistes. J’ai voté « non » au referendum de 2005 a l’instar d'une certaine droite, ce qui me rend passible de complicité avec l’antienne populiste du « ni-droite, ni gauche ».
Pour toutes ces raisons, si quelqu’un d’entre mes chers lecteurs rencontre un jour Marine le Pen, peut-on lui dire qu’elle n’hésite pas à me donner contre mon gré et à mon insue le baiser de la mort ? Certes, elle ne sait pas qui je suis. Mais je ne suis pas convaincue qu’elle connaisse parfaitement tous ceux qu’elle adoube publiquement. A tout hasard, qu’on lui dise que je suis journaliste. Elle croit que Luc Ferry et Emmanuel Todd le sont, alors après tout, pourquoi pas moi ?
[1] A l’attention des lecteurs de Point de Vue , je précise qu’il s’agit bien évidement de son Altesse royale la princesse William Arthur Philip Louis, duchesse de Cambridge. A l’attention de ceux de Voici, je précise qu’il s’agit grave de Kate’ (LOL).
[2] Black list que je m’engage à livrer à la vindicte de la meute hurlante aussitôt qu’elle sera stabilisée.
[3] Je signale que ces citations, bien qu’elles visent à reproduire la quintessence de la doxa néo-réac, sont de moi. L’usage de mots volontairement compliqués ne vise qu’à mettre en exergue le snobisme verbeux de mon parisianisme impénitent.
Elle est bien, cette pub Veet. On regrette néanmoins que René La Taupe n'y fasse pas une apparition.
RépondreSupprimerIl faudrait enregistrer une reprise avec ton titre : http://www.youtube.com/watch?v=XyqIs8xPCd0
RépondreSupprimerEt si on soutenait Chevènement en 2012? Je ne suis pas de gauche, j'ai voté oui en 2005. Mais je crois qu'il s'agit là de la dernière chance pour sauver la gauche.
RépondreSupprimerDécidément, vous avez toute ma sympathie.
@LAAlciator