Même si je partage votre constat sur quasiment tous les points, je trouve qu'il est un peu facile de dire "Il faut sortir de l'UE, il faut abandonner l'euro, etc". C'est globalement ce que propose Frédéric Lordon par exemple, mais lui expose un nouveau système monétaire (euro commun) qui pourrait se substituer à l'actuel. Proposer une rupture avec le système, c'est louable, mais ça ne doit être que la prémisse d'un projet dûment construit. Par exemple, sortir de l'euro et de la doctrine des marchés ne peut fonctionner qu'avec un contrôle du capital et un renforcement de la fiscalité. Sortir de l'Euro sans précaution, c'est se livrer aux marchés financiers naïvement. Par ailleurs, je trouve que les gens (comme vous) qui n'ont plus aucun espoir en l'Europe (ce qui se comprend tout à fait) font preuve d'un peu de fatalisme. Effectivement, ça semble compliqué de transformer une machine antlantico-libérale adepte de rigueur budgétaire et monétaire en paradis des peuples, mais qu'est ce qui nous permet de dire qu'aucun effort politique ne pourrait vraiment réformer l'Europe ?
Dernier point : Pensez vous sincèrement que les forces à l'oeuvre en Europe ne sont pas implantées en France ? Dire non à l'Europe car elle est de droite, c'est facile, mais allez vous aussi dire non à la France, c'est plus compliqué ! Je ne suis pas sûr que le cas de la France soit foncièrement moins désespérant que celui de l'Europe, quand on regarde notre historique électoral ...
Oui, je sais que Lordon propose une alternative, la monnaie commune. Qui est elle-même proposée par un type comme Chevènement depuis encore plus longtemps. C'est ce que je dis à la fin de mon bouquin. N'étant pas économiste, je renvoie sur les travaux de ces gens-là en suggérant que c'est là qu'il faut creuser.
En même temps, je pense que pour pouvoir mettre en place des alternatives aussi audacieuses, il faut un haut degré de coopération entre les différents pays. Or plus on tarde, plus l'amitié entre les pays d'Europe s'érode....
Sinon, je ne pense pas qu'il y ait des choses "structurellement de droite" dans la Constitution française, qui pose de grands principe et organise la séparation des pouvoirs, pour l'essentiel. En revanche, les éléments du libéralisme sont bel et bien inscrits au cœur des traités européens. Puisque ces derniers intègrent (et Lordon l'explique fort bien) des éléments de politique économique. Donc cette Europe n'est pas réformable. A moins de réécrire totalement les traités.
Je vous ai écouté avec intérêt. J'aime cette émission parfois quelque peu démago. Mais il me semble que vous ignorez le FRONT DE GAUCHE. Pour quelle raison? Lors de cette émission et des lectures ici...
Le problème est que le FDG est très ambigu sur la question européenne. Et il est assez divisé. Je sais pour en avoir rencontré plein qu'il y a désormais au PG pas mal de gens très critiques vis à vis de cette Europe, notamment de l'euro. Mais la ligne du parti n'est pas encore une ligne de rupture, en tout cas pas de manière assez franche. Et Mélenchon est assez embrouillé sur la question....
Quant au PC, c'est même pas la peine. Ils sont crypto-fédéralistes....
@ Coralie : Tout à fait d'accord, le FDG c'est PG + PC , et niveau Europe, c'est pas très clair ... Sur les traités européens, il est vrai que ces derniers comportent des éléments de politique économique, qui plus est libérale. Sortir de l'Europe ferait donc sauter pas mal de verrous, je vous le concède. En revanche je pense que par bien des aspects, la France est structurellement de droite : - Election présidentielle populiste qui reprend le mythe bonapartiste du sauveur - Parlementarisme timide voir inexistant - Au niveau économique : toute une série de mesures prises depuis 1986 en faveur de la déréglementation financière
Après vous pouvez me dire qu'on peut changer les lois ou la constitution française, certes. C'est probablement plus facile que changer les traités européens (et encore), mais malheureusement le constat c'est que la France n'est probablement le pays le plus apte à défendre les valeurs de la gauche progressiste.
@Coralie, concernant le PCF, jusqu'à l'ère Hue, le PCF a toujours été hostile à l'Europe! Il s'est opposé à TOUS les traités européens depuis la CECA des années 50... Donc je ne serais pas aussi catégorique que vous, du moins sur les archéo-communistes. En revanche, les bébés Hue, eux, sont de fieffés européistes... Concernant votre contradicteur, Guy Verhofstadt, vu mon séjour en Belgique, je pense en savoir plus long que vous, et franchement, je l'ai dans le nez! Et ce, pour deux raisons: il a longtemps été surnommé là-bas "Baby Thatcher" pour son ultra-libéralisme débridé. En plus,en bon flamingant (ou nationaliste flamand), c'est un ennemi des Français et de tout ce qui parle français, en l'espèce, des Wallons. Idem pour son compatriote et camarade de parti, le triste sire Karel de Gucht, le négociateur pour la Commission du fameux traité transatlantique de libre-échange: avec ces deux-là, je ferais attention à mes arrières... Enfin, je trouve Verhofstadt d'autant plus gonflé de parler de listes trans-nationales, alors que dans son propre pays, il est le premier à refuser des listes nationales (on dit là-bas fédérales...) wallons-flamands!
Même si je partage votre constat sur quasiment tous les points, je trouve qu'il est un peu facile de dire "Il faut sortir de l'UE, il faut abandonner l'euro, etc". C'est globalement ce que propose Frédéric Lordon par exemple, mais lui expose un nouveau système monétaire (euro commun) qui pourrait se substituer à l'actuel. Proposer une rupture avec le système, c'est louable, mais ça ne doit être que la prémisse d'un projet dûment construit. Par exemple, sortir de l'euro et de la doctrine des marchés ne peut fonctionner qu'avec un contrôle du capital et un renforcement de la fiscalité. Sortir de l'Euro sans précaution, c'est se livrer aux marchés financiers naïvement. Par ailleurs, je trouve que les gens (comme vous) qui n'ont plus aucun espoir en l'Europe (ce qui se comprend tout à fait) font preuve d'un peu de fatalisme. Effectivement, ça semble compliqué de transformer une machine antlantico-libérale adepte de rigueur budgétaire et monétaire en paradis des peuples, mais qu'est ce qui nous permet de dire qu'aucun effort politique ne pourrait vraiment réformer l'Europe ?
RépondreSupprimerDernier point : Pensez vous sincèrement que les forces à l'oeuvre en Europe ne sont pas implantées en France ? Dire non à l'Europe car elle est de droite, c'est facile, mais allez vous aussi dire non à la France, c'est plus compliqué ! Je ne suis pas sûr que le cas de la France soit foncièrement moins désespérant que celui de l'Europe, quand on regarde notre historique électoral ...
Bien cordialement,
Martin
Bonjour,
RépondreSupprimerOui, je sais que Lordon propose une alternative, la monnaie commune. Qui est elle-même proposée par un type comme Chevènement depuis encore plus longtemps. C'est ce que je dis à la fin de mon bouquin. N'étant pas économiste, je renvoie sur les travaux de ces gens-là en suggérant que c'est là qu'il faut creuser.
En même temps, je pense que pour pouvoir mettre en place des alternatives aussi audacieuses, il faut un haut degré de coopération entre les différents pays. Or plus on tarde, plus l'amitié entre les pays d'Europe s'érode....
Sinon, je ne pense pas qu'il y ait des choses "structurellement de droite" dans la Constitution française, qui pose de grands principe et organise la séparation des pouvoirs, pour l'essentiel. En revanche, les éléments du libéralisme sont bel et bien inscrits au cœur des traités européens. Puisque ces derniers intègrent (et Lordon l'explique fort bien) des éléments de politique économique. Donc cette Europe n'est pas réformable. A moins de réécrire totalement les traités.
Bonne journée,
Coralie
Je vous ai écouté avec intérêt. J'aime cette émission parfois quelque peu démago. Mais il me semble que vous ignorez le FRONT DE GAUCHE. Pour quelle raison? Lors de cette émission et des lectures ici...
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerLe problème est que le FDG est très ambigu sur la question européenne. Et il est assez divisé. Je sais pour en avoir rencontré plein qu'il y a désormais au PG pas mal de gens très critiques vis à vis de cette Europe, notamment de l'euro. Mais la ligne du parti n'est pas encore une ligne de rupture, en tout cas pas de manière assez franche. Et Mélenchon est assez embrouillé sur la question....
Quant au PC, c'est même pas la peine. Ils sont crypto-fédéralistes....
Bonne journée
@ Coralie : Tout à fait d'accord, le FDG c'est PG + PC , et niveau Europe, c'est pas très clair ...
RépondreSupprimerSur les traités européens, il est vrai que ces derniers comportent des éléments de politique économique, qui plus est libérale. Sortir de l'Europe ferait donc sauter pas mal de verrous, je vous le concède. En revanche je pense que par bien des aspects, la France est structurellement de droite :
- Election présidentielle populiste qui reprend le mythe bonapartiste du sauveur
- Parlementarisme timide voir inexistant
- Au niveau économique : toute une série de mesures prises depuis 1986 en faveur de la déréglementation financière
Après vous pouvez me dire qu'on peut changer les lois ou la constitution française, certes. C'est probablement plus facile que changer les traités européens (et encore), mais malheureusement le constat c'est que la France n'est probablement le pays le plus apte à défendre les valeurs de la gauche progressiste.
@Coralie,
RépondreSupprimerconcernant le PCF, jusqu'à l'ère Hue, le PCF a toujours été hostile à l'Europe! Il s'est opposé à TOUS les traités européens depuis la CECA des années 50... Donc je ne serais pas aussi catégorique que vous, du moins sur les archéo-communistes. En revanche, les bébés Hue, eux, sont de fieffés européistes...
Concernant votre contradicteur, Guy Verhofstadt, vu mon séjour en Belgique, je pense en savoir plus long que vous, et franchement, je l'ai dans le nez! Et ce, pour deux raisons: il a longtemps été surnommé là-bas "Baby Thatcher" pour son ultra-libéralisme débridé. En plus,en bon flamingant (ou nationaliste flamand), c'est un ennemi des Français et de tout ce qui parle français, en l'espèce, des Wallons. Idem pour son compatriote et camarade de parti, le triste sire Karel de Gucht, le négociateur pour la Commission du fameux traité transatlantique de libre-échange: avec ces deux-là, je ferais attention à mes arrières...
Enfin, je trouve Verhofstadt d'autant plus gonflé de parler de listes trans-nationales, alors que dans son propre pays, il est le premier à refuser des listes nationales (on dit là-bas fédérales...) wallons-flamands!
CVT
Eh bien, le prochain article, il se fait désirer !
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