FIGAROVOX. - Jusqu'à à présent, la question européenne a été relativement absente des débats de la primaire de la droite et du centre. Comment l'expliquez-vous?
Elle le sera probablement aussi de la primaire socialiste, voire de la campagne elle-même. Il est tout aussi difficile à droite qu'à gauche d'évoquer le sujet, dans la mesure où les deux partis conduisent exactement la même politique européenne lorsqu'ils se relaient au pouvoir.
Ça fait d'ailleurs très longtemps. Il n'y a qu'à voir avec quelle allégresse unanimiste les parlementaires des deux bords ont voté Maastricht dès 1992, ou plus exactement la loi constitutionnelle visant à permettre la ratification du traité. 592 voix favorables au texte au sein du Parlement réuni en Congrès en juin 1992 et seulement 73 voix contre, alors que le référendum sur le traité donnait à peine 51,04 % au «oui». L'œcuménisme transpartisan sur l'Europe ne date pas d'hier, ni même du référendum sur le trIl ne s'est jamais vraiment démenti. Il est difficile pour le PS et pour LR de se différencier sur cette question puisque l'un marche dans les pas de l'autre quand il lui succède aux commandes. Par exemple, c'est Nicolas Sarkozy - dont François Fillon était alors Premier ministre et Alain Juppé ministre des Affaires étrangères - qui a négocié le Pacte budgétaire européen (d'ailleurs surnommé «traité Merkozy») de 2012, mais c'est Hollande qui l'a ratifié. Non sans avoir promis d'ailleurs qu'il le renégocierait, ce dont il s'est bien gardé. Bref, pour l'un comme pour l'autre camp, il est certainement préférable d'éviter un sujet qui, plus que tout autre, valide l'hypothèse de l'«alternance sans alternative».
C'est sans doute d'ailleurs pourquoi la droite surinvestit les questions identitaires. Là, elle a l'occasion de se distinguer de la gauche. L'identité sert de plus en plus de palliatif puisque l'on n'ose plus évoquer la question de la souveraineté. L'identité c'est «être», la souveraineté, c'est «faire». Alors, comme plus personne ne semble avoir la moindre idée de ce qu'il conviendrait de faire, on se regarde le nombril en s'interrogeant longuement sur ce que l'on est.
Extrait d'une interview parue sur Figarovox.
J'aime beaucoup la petite phrase assassine "quand tu ne sais que faire tu te regardes le nombril" et j'ajoute "tu cherches non à être mais à paraître"
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