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samedi 28 mars 2015

Filikí Etería – La Grèce vue de Grèce : revue de presse




- Billet invité -
Cristobalacci El Massaliote


Cependant que la Grèce se prépare à présenter à Bruxelles, lundi, une liste de réformes supposées amadouer ses créanciers et les conduire à débloquer une tranche d'aide au profit du pays, Cristobalacci El Massaliote revient, comme la semaine dernière, sur l'actualité du pays. Cette revue de presse a été réalisée à partir de la presse grecque de la semaine


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Loin de Paris et de ses journalistes spécialistes de tout, de rien et surtout des clichés sur Syriza, il existe un pays où la presse traite de sujets aussi sérieux que l’Europe, la crise, la lutte contre la corruption et la "liste Lagarde". Ce pays se nomme la Grèce.

Les négociations avec l’UE : une liste des réformes contre la poursuite de l’aide financière.

Alors que le week-end dernier, les journaux To Vima et Ta Néa avaient peur des conséquences d’une “perte de temps” dans l’application de l’accord du 20 février et qui auraient pu provoquer un échec ou une rétrogradation de la Grèce, il semble que la rencontre Tsipras/Merkel de lundi 23 ait rassurée les lecteurs et les électeurs grecs.

En effet, une liste de réformes, attendue notamment par l’Eurogroupe et le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker doit être présentée ce lundi 30 mars par Athènes. Selon Ethnos (26 mars), cette liste devrait comprendre plusieurs volets (réformes fiscales, privatisations, etc.) et serait le fruit d’un accord permettant de débloquer des fonds pour la Grèce (une annonce est prévue à ce sujet pour mardi 31 mars).


Les relations Berlin-Athènes : entre doigt d’honneur, retour aux réalités et détente…

Selon Kathiremini (23 mars), les relations des ministres des finances grec (Y. Varoufakis) et allemand (W. Schäuble) seraient particulièrement tendues et auraient même atteint « un point limite ».

Il faut dire que la lettre qu’Alexis Tsipras avait adressée à Angela Merkel le 15 mars avait de quoi tendre les relations entre les deux pays. Le premier ministre grec invitait la chancelière allemande à ne « pas laisser un problème mineur de liquidité (…) se transformer en problème majeur pour la Grèce et l’Union ». Comme pour mieux clarifier sa position, Tsipras avait même fini par indiquer que s’il devait choisir entre remboursement des dettes et paiement des salaires et des retraites, il ne pourrait que choisir la seconde solution.

La rencontre du 23 mars entre Angela Merkel et Alexis Tsipras semble donc avoir rétabli la confiance et assuré une « dé-escalade de la tension » (Kathiremini). Angela Merkel a ainsi indiqué que les décisions sur la Grèce ne pouvaient être prises que par l’Eurogroupe, tout en rappelant que les réformes internes restaient du ressort du gouvernement grec.

Ou un bras de fer avec de triple biceps…

Pour autant, le gouvernement grec semble toujours vouloir poursuivre le bras de fer avec Berlin et utiliser plusieurs cartes.

1 - Les réparations de guerre

La première carte, celle des réparations allemandes sur les crimes de guerre a encore été brandie par le ministre des affaires étrangères grec, M. Kotsias dans une interview dans un journal allemand. Il a insisté en affirmant qu’une solution politique, et non seulement juridique devait être trouvée. Manolis Glézos, député SYRIZA ethéros de la résistance grecque a, quant à lui « adouci » les positions du parti en distinguant, d’une part, le peuple allemand et dirigeants allemands actuels et, d’autre part la culpabilité du IIIème Reich.

2 - Le scandale Siemens

La seconde carte, celle des éclaircissements sur le scandale Siemens (l’entreprise allemande pourrait être exclue des marchés grecs – voire européens – si les pratiques illégales et les « transactions frauduleuses prouvées » étaient finalement avérées) a été brandie par Alexis Tsipras lui même lors de sa visite à Berlin. En déclarant « nous devons éclaircir le passé (…) c’est une question d’éthique », Tsipras englobait, à la fois le dossier des réparations et celui du scandale Siemens.

Il est intéressant de remarquer que si la Chancelière a répondu que « le dossier des réparations de guerre (était) politiquement et juridiquement clos », elle a en revanche refusé d’évoquer la question du scandale Siemens, selon les deux journaux Avghi et Ethnos. Ce silence s’est installé au moment où le premier ministre grec venait de réclamer « l’aide de l’Allemagne pour faire la lumière sur le scandale Siemens » (Avghi). L’explication a peut être été apportée par Ta Néa qui croit savoir que cette question agite actuellement un patronat allemand craignant l’ouverture d’une enquête.

3 - L’industrie d’armement allemande bientôt visée ?

Selon Ethnos (26 mars), le grand perdant de la dégradation des relations entre Athènes et Berlin risque d’être l’industrie de défense allemande. En effet, d’autres pays, comme les Etats-Unis, la Russie, la France ou la Norvège se seraient déjà positionnés sur ce marché important dans un pays paradoxalement en crise (voir paragraphe suivant).

D’ailleurs, un autre scandale de corruption concernant la vente de sous-marins allemands à la Grèce en 2000 ( 60 millions d’euros de commissions pour un marché de 2,4 milliards d’euros) serait en cours d’examen. 

Terrible menace : L’industrie allemande risque de perdre
le monopole sur les pompons des evzones! 



Relations internationales : États-Unis, Chine et Russie. 

Des États-Unis inquiets et impliqués 

Selon plusieurs journaux, (Avghi, Eleftheros Typos) les États-Unis continuent de faire part de leur « inquiétude sur l’économie de l’UE et sur l’économie mondiale ». En effet, le porte-parole de la maison blanche, M. Ernest a souligné que « le règlement des différends et la fin de l’instabilité au sein de l’UE étaient de l’intérêt des États-Unis et de l’économie américaine » avant d’ajouter que « les États-Unis étaient en contact étroit avec les alliés et partenaires européens dans le but de mettre fin à l’insécurité économique mondiale ».

Selon Ethnos, la visite prochaine du ministre de la défense grec (M. Kammenos, ANEL) aux États-Unis devrait permettre de faire aboutir des signatures de contrats d’armement (470 millions d’euros). 

La Chine : un rapprochement pour préparer le long terme ? 

Le vice Premier ministre et le ministre des affaires étrangères (M Kotsias) se sont déplacés à Pékin pour préparer la visite d’Alexis Tsipras prévue au mois de mai. Il a également été question de politique (revalorisation des relations bilatérales, projet commun pour 2015-2017), d’économie (exportations de produits agricoles grecs, tourisme, investissement chinois et règlement à l’amiable du problème de la privatisation du port du Pirée) et de stratégie (renforcement de la coopération, rôle positif de la Grèce dans les relations Chine/UE). 

Pâques à Moscou…

Selon Ethnos, le ministre de la défense, M. Kammenos devrait se rendre en Russie pour Pâques (principale fête pour les orthodoxes) pour traiter de questions d’armements (remise à niveau de matériels voire acquisitions). 

Politique intérieure : réformer toujours dans la douleur... et dans l’euro ! 

En attendant la liste des réformes promises à l’Eurogroupe, le gouvernement Syriza/ANEL travaille sur plusieurs projets (assurances, retraites, réformes fiscales) et poursuit sa lutte contre la fraude fiscale en rencontrant les responsables suisses afin de traiter le problème révélé par la « liste Lagarde » (2000 grecs ayant des comptes à l’étranger). 

Il faut noter que Syriza reste toujours aussi populaire chez les électeurs comme le révèle un récent sondage (Syriza 40,2% ; Nouvelle démocratie : 21% ; KKE 4,9% ; Aube dorée 4,8% ; ANEL 4,5% ; la Rivière 4,3%, Pasok 2,5%.). D’autre part, le même sondage (sondage MARC pour la chaîne Alpha) rappelle que le peuple grec préfère, à l’heure actuelle rester dans l’euro. Souffrir pour se libérer du carcan ou continuer à subir les politiques d’austérité, voici donc l’affreux dilemme d’une Grèce cherchant à se faire entendre à Bruxelles, Berlin, Moscou ou Pékin...




2 commentaires:

  1. Parabole

    L'Europe voulait damner le pion aux États-Unis. Les États-Unis d'Europe devaient devenir la première puissance du monde. Mais, imbibés de mimétisme, nous vivons une époque bipolaire, et aux moments d'exaltation succèdent les moments de déprime. L'Europe se révélait surtout une vaste machine technocratique soumise à l'influence de lobbys tout puissants. De dépit on se mit à réclamer sur tous les tons une « autre Europe ». Puis il y eut la réunification de l'Allemagne et, au nom d'une exaltante mais fantasmée « réunification européenne », l'Europe s'agrandit de douze nouveaux membres. Mais il fallut vite déchanter. Le revers de cette si glorifiée réunification était l'impossibilité désormais reconnue, à 28, et aussi disparates, de créer un véritable état fédéral européen. Toujours cette même alternance exaltation-dépression. La bipolarité est un mal tenace. Entretemps il y avait eu l'euro, et ses pères s'étaient à nouveau exaltés, se voyant une fois encore en fiers nation builders, en héroïques géants de l'histoire. Mais, nouvelle déprime, car, en 2007-2008, l'euro ne protégea pas la zone euro. Bien au contraire, il l'enfonce depuis dans les déficits et les dettes, et surtout il accentue dramatiquement les déséquilibres entre riches et pauvres. Qu'à cela ne tienne ! « Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour défendre l'euro » affirma le président de la BCE, ajoutant : « whatever it takes », « quoi qu'il en coûte ». Il arrive ainsi, aux gens bipolaires, s'ils ne peuvent atteindre le meilleur, de viser le pire. Nous sommes désormais dans un avion dont le pilote, l'oligarchie bruxelloise, enfermé seul dans le cockpit, désinhibé par la prise régulière de fortes doses de MES, FESF, MEFS, LTRO, taux zéro, etc., dirige l'avion vers la montagne. Le verrou et le blindage de la porte sont solides : aux peuples qui sonnent pour entrer et reprendre les commandes, il est répondu, d'une formule sans appel, qu’« il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Les succès des partis Mouvement Cinq Etoiles, Syriza, Podemos, FN, Ukip et autres sont autant de coups de pioche inutiles contre la porte blindée du poste de pilotage. Les cris des passagers se font de plus en plus forts, en vain. Les populations souffrent des mesures d’austérité de plus en plus inhumaines qu’elles subissent, et qui ne servent à rien. Elles sont effrayées, s’attendent au pire, voient la montagne se rapprocher à toute vitesse. Mais, arcbouté sur ses commandes, le pilote ne peut plus reculer. Coups et cris deviennent assourdissants. Mais il n'ose pas, se serait reconnaître sa folie, et puis c’est trop tard. Ne pouvant atteindre son rêve, il aura au moins provoqué une catastrophe qui restera dans l'histoire...

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  2. 470 millions d´euros pour des contrats d´armements avec les USA, ? millions avec la Russie. Je croyais que la Grèce était en faillitte, et donnait la priorité à l´emploi, le paiement des retraites, le système de santé. Je ne savais pas qu´elle se préparait à entrer en guerre... Il est intéressant de chiffrer la part actuel du budjet de la défense grecque. Intéressant aussi de se rappeler de quel bord politique est Monsieur Kamenos. Avec l´espoir que l´armée grecque n´ait pas des arrières pensées de guerre civile...

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