Il
n'y a pas de petits profits, surtout quand il s'agit d'atteindre de
fort petits objectifs.
Ainsi,
pour qui n'a pas d'autre dessein que de « résorber les déficits » et d' « arriver à l'équilibre »,
pour qui rêve de comparaître devant le tribunal de l’Histoire
paré du titre glorieux de « bon gestionnaire »,
qui considère que la « bonne gouvernance » tient
lieu de majesté, il n'y a pas d'hésitation à avoir. Il faut tout
vendre.
On
fourguera tout ce qui peut l'être. Tout ce qui a le mauvais goût
d'avoir un intérêt dépassant sa stricte valeur d'usage. Ce qui est
beau, ce qui est élégant, ce qui est délicat n'a désormais sa
place qu'au Mont de Piété. C'est le « réalisme économique »
qui l'exige.
C'est
donc au « réalisme économique » que l'on doit cette
belle
idée : fin avril, on apprenait la mise en vente, par l’Élysée,d'une partie de sa cave à vins. Et
l'AFP de nous indiquer : « quelque
mille deux cent bouteilles seront mises aux enchères (...) des
bouteilles de Petrus 1990 estimées à deux mille deux cents euros
pièce, mais aussi des crus plus modestes à partir
de 15 euros figureront dans le lot ».
Voilà
donc la solution au rétablissement des comptes publics
de l’État français : vendre des bouteilles à 15 euros
pièce. On
se demande bien, du coup,
pourquoi la vente devrait se tenir « à
l'hôtel Drouot à Paris ». Ça
va prendre du temps, et faire bien du dérangement. Sans doute une
mise en ligne sur Leboncoin.fr
eût-elle
suffit.
C'eût
été « plus
efficient »,
comme disent les RGPPistes de service.
Mais ce n'est pas tout.
N'écoutant que leur froide raison de « mandarins de la
société bourgeoise » (Jacques Mandrin), les énarques de
la Cour des comptes ont eu une idée meilleure encore : mettre au pain sec la Garde républicaine.
Pas de répit dans la
chasse au gaspi ! Les membres de la vénérable institution ont
décidé de s'attaquer enfin au nœud du problème Français : la
protection des palais nationaux et les quelques 280 millions d'euros
qu'elle représente. Waou, ça décoiffe ! Si l'on rapporte ça
aux quelques 375 milliards d'euros que l’État prévoit de dépenser
en 2013, on saisit tout de suite la portée historique de l'enjeu.
Et puis, la Garde
républicaine, ça ne sert à rien. Ça répond seulement « à
des objectifs de prestige ». C'est dire si c'est has
been. D'ailleurs, sur cette judicieuse lancée, que n'en
profite-t-on pas pour faire un prix de gros sur le Palais Bourbon et
sur celui du Luxembourg, et pour envoyer nos élus anachroniques
siéger dans un préfabriqué édifié à cette fin aux abords
immédiats de la porte de Pantin ?
De façon prémonitoire,
Régis Debray s'alarmait, il y a quelques temps déjà, du péril que
courait la Garde républicaine, ce « nœud stratégique pour
la sauvegarde de l'impalpable face à l'utilitaire », cette
« ultime tranchée face aux logiques d'entreprises ».
Puis il ajoutait : « l'argent n'a pas besoin de sabre
au clair, le politique, oui. Une esthétique lui est indispensable ».
Le politique ?
Quelle horreur ! Ça génère des passions, et parfois même, ça
fait des morts.
Le politique : voilà
donc ce qu'essaient, au fond, de congédier les petits télégraphistes zélés de la « bonne gouvernance ». En
s’attaquant avec soin à tout ce qui contient un peu d'âme, à
tout ce qui a un peu de saveur, à tout ce qui relève de l'élégance
- jugé désuète - et du panache - cet anachaïsme. Car ils espèrent
qu'advienne bientôt cette fin de l'Histoire où seront enfin
reconnues à leur juste valeur leur rationalité comptable et leurs
aptitudes boutiquières, ces deux facultés propres aux esprits étriqués, aux ventres mous et aux âmes sèches.
Lire et relire sur L'arène nue :
RGPP : la complainte du fonctionnaire modérnisé CLOCK
RGPP : l'été meurtrier des damnés de la LOLF CLOUCK
Les banques européennes ont dans leurs livres 1500 milliards d'euros d'actifs pourris.
RépondreSupprimerLes banques européennes sont devenues des banques zombies.
Comment dézombifier les banques européennes ?
Réponse : en faisant subir des pertes énormes à tout le monde.
Les banques vont subir des pertes énormes, les actionnaires aussi, les épargnants aussi, les Etats européens aussi.
Lisez cet article :
"La restructuration des banques d'après le modèle chypriote pourrait débuter dès septembre"
La zone euro est en récession et elle doit encore s’attendre à deux ou 3 ans de récession suivie d’une relance molle, même si les politiciens de la zone euro prennent les bonnes décisions, estime Willem Buiter, l’Economiste en Chef de la Banque Citigroup dans le Financial Times.
Il explique que c’est l’endettement excessif qui est à l’origine de la crise : celui des banques « zombies » qui ont abusé de l’effet de levier, et se sont trop endettées pour accorder des crédits sans veiller à détenir une proportion suffisante de dépôts en contrepartie, celui des Etats souverains qui ont abusé de l’endettement et des déficits dans la périphérie de la zone, et celui des ménages surendettés dans beaucoup de pays.
Le retour à la croissance est conditionné par le désendettement de ces agents, mais il ne faut pas s’attendre à ce que la BCE accepte de générer de l’inflation pour le faciliter.
Ce désendettement passera donc par des restructurations et la mutualisation des dettes, mais sans que celle-ci passe par des euro-bonds, qui nécessiteraient une intégration fiscale plus importante. Une partie sera réalisée par l’interruption du paiement d’intérêts sur la dette, une autre par la prise en charge par la BCE des pertes relatives à la faillite d’Etats et de banques insolvables, mais cela ne suffira pas.
Le reste proviendra donc probablement d’une restructuration selon le modèle chypriote, d’après lequel les grands épargnants sont mis à contribution, plutôt que les contribuables de la zone euro. Dès la mise en place d’un mécanisme de supervision des banques de la zone euro, le MES pourrait être utilisé pour recapitaliser directement les banques. Les dirigeants européens pourraient décider d'initier ce programme juste après les élections allemandes en Septembre, pense Buiter.
« La BCE va bientôt commencer un examen de la qualité des actifs (AQR pour Asset Quality Review) de la zone euro, qui sera réalisée par des experts indépendants, sans l’interférence excessive de superviseurs prisonniers de l’avis de leur pays. D’ici la fin de cette année, la boîte à outils institutionnelle et informationnelle pour « dézombifier » le système bancaire de la zone euro pourrait être en place », écrit Buiter.
Les restructurations de dettes ne seront plus confinées à la Grèce, et l’on pourrait assister à la mise à contribution de créanciers privés à Chypre, au Portugal, en Espagne, mais également potentiellement en Italie, en raison de l’incapacité apparente de la classe politique à décider les réformes structurelles qui s’imposent.
Des banques, des ménages et des Etats subiront donc des pertes, mais ces pertes seront inférieures à celles qui pourraient survenir en cas de procrastination, conclut Buiter.
http://www.express.be/business/fr/economy/la-restructuration-des-banques-dapres-le-modle-chypriote-pourrait-debuter-ds-septembre/190199.htm
Madame Delaume, vous faites preuve ici d'une singulière mauvaise foi. A quoi sert une garde républicaine, sinon à garder la république. Mais si vous n'avez plus de république, elle ne sert à rien.
RépondreSupprimerPersonnellement, je ne suis pas choqué par la vente de quelques bouteilles de vin ou de la réorganisation de la garde républicaine. Hélas, de vrais bijoux de famille ont été discrètement vendus au mois d'avril (3,1% de Safran et 2,1% d'EADS). Il serait question de céder aussi des parts d'EDF, GDF-Suez ou Aéroports de Paris.
RépondreSupprimerSur Safran et EADS (encore queje n'avais pas suivi SAFRAN) vous avez raison. Merci pour vos commentaires interessants.
SupprimerUne question me taraude : un anachaïsme est-il un anachronisme archaïque, ou un archaïsme anachronique ?
RépondreSupprimerDans le même ordre d'idée, ce rapport préconise la fusion des orchestres de la Gendarmerie mobile et de la Garde Républicaine... Ben oui, la représentation, à quoi ça sert ?
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