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jeudi 30 mai 2013

Au Portugal, un livre anti-euro fait un tabac


Ce n’est pas un polar scandinave, c’est un ouvrage d’économie lusitanien. Au Portugal, il fait un tabac. Porque devemos sair do Euro (Pourquoi nous devons quitter l’euro), de l’économiste João Ferreira do Amaral, est un best-seller dans le pays. En tête des ventes, il détrônerait certaines semaines « 50 Nuances de Grey », affirme le Wall Street journal
 

La thèse de l’essai est la suivante : les cures d’austérité imposées au Portugal sont sans fin. Le pays a beaucoup perdu en compétitivité, et n’a aucune chance de remonter la pente avec l’euro, une « monnaie trop forte pour l'industrie portugaise ».

C’est d’ailleurs vrai : à environ 1,3 dollars pour un euro, l’euro est une monnaie trop chère. Trop chère par rapport à la monnaie américaine, évidemment. Mais aussi par rapport au yuan – arrimé au dollar par la seule volonté des dirigeants chinois – et, depuis peu, au yen, car le Japon mène de récente date une politique monétaire très expansionniste.

D’où la solution préconisée par João Ferreira do Amaral : revenir à l’escudo pour pouvoir enfin dévaluer. Une idée classique, pour un résultat en librairie qui l’est moins : le livre est sorti début avril, mais a déjà été réimprimé… quatre fois.

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Un tel évènement « littéraire » est le premier du genre au Portugal, mais n’est pas le premier en Europe.

En Allemagne, le très controversé Thilo Sarrazin, ancien membre de la Bundesbank dont il avait dû démissionner en septembre 2010 après avoir été accusé de racisme, publiait en mai 2012 un brulot anti-euro, l’Europe n’a pas besoin de l’euro.

Il s’y insurgeait tout à la fois contre l’entêtement d’Angela Merkel à sauver la monnaie unique, et contre la proposition française de mutualiser les dettes publiques sous la forme d’eurobonds. Il concluait en fustigeant le…« chantage à l’Holocauste » réalisé, selon lui, par les autres pays pour contraindre l’Allemagne à demeurer dans l’euro.

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Rien de tout ça dans Faut-il sortir de l’euro, du Français Jacques Sapir. Publié en janvier 2012, cet ouvrage est en tout cas le tout premier du genre. 




Si l’auteur y fait valoir clairement sa préférence pour un abandon de la monnaie unique, le livre a l’avantage de présenter l’option d’un euro devenu « monnaie commune européenne ».

Cette devise - commune et non plus unique - serait utilisée pour les seules transactions financières extra-européennes, cependant qu’en interne, les États reviendraient à leurs monnaies nationales. Les parités de ces monnaies seraient fixées de manière concertée. Cette solution présenterait deux avantages : d’une part, l’euro protégerait les monnaies nationales des attaques spéculatives externes, seul l’euro-monnaie-commune ayant vocation à « voyager ». D’autre part, les différents pays retrouveraient la possibilité d’ajuster leurs taux de change réciproques en fonction de leurs différentiels de compétitivité.

Cette option est également défendue par Jean-Michel Quatrepoint et Jean-Luc Gréau.
Elle vient d’être reprise par Frédéric Lordon


Lire et relire sur L'arène nue :
"Les Français ont été les cocus de l'Europe", entretien avec JM Quatrepoint CLICK
Le plan B de Chevènement pour "sauver" l'euro   CLONCK
Europe : est-ce vraiment l'Allemagne qui paie ? CLACK
J'ai lu un édito eurosceptique dans Le Monde CLONCK
Faut-il en finir avec l'Europe ?  CLOUCK


8 commentaires:

  1. Chômage : catégories A, B, C, D, E :

    France métropolitaine :

    5 413 600 demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi. Variation sur un an : + 9,6 %.

    France entière (y compris l'outre-mer) :

    5 731 700 demandeurs d'emploi inscrits à Pôle Emploi. Variation sur un an : + 9,5 %.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-PEP500.pdf

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    - « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    - « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    - « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    - « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    - « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    - « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    - « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

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  2. Petite erreur sur la parité €/$

    C'est 1,3$ pour un euro et non l'inverse.
    ;)

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  3. Aujourd'hui, il y a deux Europe :

    - l'Europe des pays périphériques : ces pays sont en faillite. Le chômage atteint des niveaux catastrophiques ;

    - l'Europe des pays du nord : ces pays sont en train de sortir de la crise.

    Ces deux Europe s'éloignent l'une de l'autre de plus en plus vite.

    Zone euro : chômage pour le mois d'avril 2013 :

    1- Médaille d'or : Grèce. 27 % de chômage.

    2- Médaille d'argent : Espagne. 26,8 % de chômage.

    3- Médaille de bronze : Portugal. 17,8 % de chômage.

    4- Chypre : 15,6 % de chômage.

    5- Irlande : 13,5 % de chômage.

    6- Italie : 12 % de chômage.

    Et les pays qui ont le moins de chômage ?

    Pays-Bas : 6,5 % de chômage.

    Luxembourg : 5,6 % de chômage.

    Allemagne : 5,4 % de chômage.

    Autriche : 4,9 % de chômage.

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/3-31052013-BP/FR/3-31052013-BP-FR.PDF

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  4. Sortir de l'euro, oui. C'est presque une évidence. Mais il faudrait que tous les pays de la "zone" euro ("l'euroland") le fassent en même temps.
    Quand je pense à des pays comme la Pologne, où la corruption bat des records, où la misère à nouveau s'étend, après une brève accalmie, la Pologne dont les élites dirigeantes veulent intégrer la zone euro, au mépris de l'intérêt de leur population, quand je pense à ça je me désespère vraiment !
    L'exemple même du Portugal devrait les faire réfléchir un peu !

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  5. Je crois me souvenir qu'à l'époque, Philippe de Villiers était lui aussi partisan de la monnaie commune et adversaire de la monnaie unique.

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  6. L'économiste Jean-Claude Werrebrouck a publié un livre très important : "Banques centrales : indépendance ou soumission ?", édité chez Yves Michel.

    Sur son blog, Jean-Claude Werrebrouck constate que les Etats européens sont aujourd'hui insolvables, et que les grandes banques européennes sont, elles-aussi, insolvables.

    Quel est le seul organisme qui empêche l'effondrement ?

    En Europe, le seul organisme qui fait encore tenir debout le château de cartes s'appelle ... la Banque Centrale Européenne.

    Lisez cet extrait de l'article de Jean-Claude Werrebrouck :

    La banque centrale française est bien évidemment plongée dans le système européen de banques centrales et, de ce point de vue, l’Etat qui lui correspond sera de plus en plus tenté de cesser l’aventure ordo libérale. Les rentiers ont massivement profité de ce qu’on a appelé la fin de la « répression financière », mais, parce que dans la tradition française la liberté ne se réduit pas à la propriété et au marché, c’est dans ce dernier pays que la rente financière prend les risques les plus importants, d’où l’attachement considérable des milieux qui en profitent à ce qu’on appelle le « couple franco-allemand ». La banque de France, devenue objet étranger dans son propre pays, sera de plus en plus soumise à de très fortes contraintes impulsées par la crise et la tradition culturelle française.

    Mais l’Allemagne elle-même sera contrariée dans sa tradition culturelle. Déjà le comportement de la BCE n’est plus en accord avec la grande tradition ordo-libérale. Alors que, naguère, la banque centrale, qu’elle soit européenne ou simplement allemande, se devait d’être l’équivalent d’une cour suprême ou un conseil constitutionnel veillant à la sanctuarisation de la monnaie - exactement comme le principe d’indépendance de la justice et de respect du droit - la BCE est devenue dépendante d’intérêts privés et publics : le système bancaire européen devenu massivement insolvable, qu’il faut aider, et les Etats européens eux-aussi insolvables et qu’il faut, au moins de manière détournée, aussi aider.

    http://www.lacrisedesannees2010.com/article-banques-centrales-la-fin-de-l-universalite-des-valeurs-germaniques-118080235.html

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  7. La parité de la monnaie ne compte qu'entre échanges internationaux. On reste toujours dans une conception de l'économie où on est obligé de commercer avec l'étranger sans çà pas d'économie possible, comme si on ne pouvait pas produire localement et même avoir de saines compétitions économiques nationales.
    Toujours envisager le commerce qu'internationalement c'est une vision étroite et perverse que l'oligarchie financière a ancré dans les esprits des gens pour qu'il n'y ait pas de retour à la nation possible, pour durcir le processus vers la gouvernance mondiale tant proclamée par l'élite politique mondiale.
    Le commerce extérieur çà apporte de la compétition supplémentaire, jouer sur les valeurs relatives de la monnaie est un artifice et ne résoud pas le problème à son fondement qui est la compétitivité dont les facteurs sont multiples et difficilement harmonisable pour une compétition juste et non faussée, une harmonisation qui permette d'obtenir ensuite un équilibre des échanges qui maintienne l'activité dans les 2 camps sans qu'un en profite au détriment de l'autre.
    Il est infiniment plus simple d'établir l'équilibre des échanges par du protectionnisme raisonné.
    Tout le monde se fait enfumer par ces réflexions interminables sur la monnaie, bien joué les mondialistes au pouvoir.

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