- Billet Invité -
Par Cristobalacci El Massaliote
La semaine dernière, l'indispensable Massaliote était en vacances. Il était parti dans un "pays du Club Med", afin de vérifier sur place que Mare Nostrum était toujours à sa place. Le billet ci-dessous constitue donc un petit rattrapage de la revue de l'actualité grecque qu'il nous propose désormais chaque semaine !
***
I/
Les négociations avec l’Eurogroupe toujours aussi mouvementées
1/
L’Eurogroupe tendu qui aurait « marginalisé » un
Varoufakis....
La
presse
du 25 et 26 avril s’inquiétait du climat d’hostilité contre le
ministre grec des finances Yanis Varoufakis lors de la réunion
informelle de l’Eurogroupe du vendredi 24 avril. Selon plusieurs
journaux (reprenant l’agence Bloomberg), certains ministres des
finances européens auraient reproché à leur homologue grec une
attitude d’aventuriste et d’amateur. Des critiques auraient
également été formulées par les ministres français (M. Sapin),
italien ( M.Padoan) et allemand (M.Schäuble) sur le retard pris dans
les négociations
Varoufakis
a, quant à lui, déclaré que si la Grèce était bien prête à un
compromis elle souhaitait avant tout un accord cohérent. Il a
notamment réclamé un accord qu’il puisse défendre devant le
Parlement grec et qui serait porteur d’un “nouveau modèle de
croissance de la Grèce” (Sources :To
Vima, Ethnos, Kathimérini, Ta Néa
du 27 avril).
2/
…pourtant toujours soutenu à Athènes où il pilote de nouvelles
équipes d’experts
Selon
Tanea.gr, une réunion interministérielle organisée le
dimanche 26 avril a permis de confirmer le soutien du gouvernement à
Y. Varoufakis. Lors de cette reunión, il a été décidé la mise en
place d’une équipe de négociation politique sous la
responsabilité du ministre des finances dont la coordination de
l’équipe a toutefois été confiée à M. Tsakalotos.
La
réunion a en outre décidé la mise en place d’un groupe de
coordination spécial, conduit par le Secrétaire Général du
gouvernement, Spyros Sayas, chargé du soutien aux délégations
techniques des institutions à Athènes. Le Secrétaire Général aux
finances, M. Théocharakis, s’est vu confier la rédaction d’un
plan pour le croissance, qui devrait constituer la base de l’accord
de juin. Enfin, la responsabilité des délégations techniques du
Groupe de Bruxelles a été confiée au président du conseil des
experts économiques du gouvernement, M. Houliarakis.
3/
La nouvelle équipe de négociation prépare un projet de « loi
omnibus »
Plusieurs
journaux du 28 avril (Kathimerini,
Ethnos, Avghi, Le Journal des Rédacteurs)
relèvent que la nouvelle équipe de négociations a décidé au
cours de sa première réunion de déposer immédiatement au
Parlement un projet de loi omnibus qui comprendra les réformes de la
« liste Varoufakis ». Le projet de loi ne comprendra pas de
mesures liées au droit du travail et au système de sécurité
sociale.
Ethnos
du 30 avril, décrivait l’activité intense du gouvernement grec
qui s’activait afin de débloquer les négociations et parvenir
rapidement à un accord. Alexis Tsipras organisait le soir même un
conseil des ministres spécial afin de finaliser le projet de loi
omnibus avec ses axes principaux.
4/
Les négociations du 30 avril interrompues à cause des exigences du
FMI
Les
négociations entamées jeudi 30 avril se déroulaient dans un bon
climat selon Ta
Néa
du 4 mai, mais elles se sont néanmoins interrompues samedi 2 mai en
raison des exigences du FMI. En effet, le FMI souhaitait obtenir la
libéralisation des licenciements collectifs et avoir des garanties
sur le non rétablissement des conventions collectives ce qui
représente des « lignes rouges » sur lequelles le gouvernement
grec n’entend pas céder.
A la
suite d’un entretien du président du conseil des experts
économiques, M. Houliarakis, avec les créanciers, il a été
convenu que les négociations devraient reprendre à partir du 4 mai.
Le but de la partie grecque est d’obtenir une déclaration positive
de l’Eurogroupe afin que la BCE débloque des liquidités pour le
système bancaire grec.
5/
Et le temps presse !
Selon
Ta Néa, l’Etat grec doit impérativement regler au FMI 769
millions d’€ d’ici le 12 mai.
Selon
des sources bruxelloises, la date de remboursement d’environ 7 mds€
d'obligations grecques à la BCE, fixée à l’été, pourrait être
reportée à une date ultérieure par le Mécanisme de stabilité
européen (MES).
6/
Une véritable course contre la montre…
Selon
Kathimerini
(05 mai), le gouvernement grec se livre à une véritable « course
contre la montre » pour aboutir à l’accord permettant de
résoudre le problème de liquidités de la Grèce.
Ta
Nea
relève que le gouvernement grec a abandonné l’idée d’un accord
intermédiaire au profit d’un accord global prévu pour la mi-juin
et qui prévoierait un financement de la Grèce pour les années à
venir.
Avghi
(journal
proche de Syriza du 5 mai évoquait même deux scénarios : selon le
premier, les partenaires européens se chargeraient d’assurer le
financement par la Grèce de ses échéances en juillet et août,
reportant à septembre les décisions sur un accord global. Selon le
deuxième scénario, un accord global serait conclu en mai ou en
juin.
7/
Surprise : le FMI revoit ses prévisions et envisagerait même une
suppression partielle de la dette
Plusieurs
journaux (Kathimerini,
Ethnos, Eleftheros Typos, Avghi)
ont repris un article de Financial
Times
commentant les estimations du FMI. En effet, celui-ci prévoit
désormais que la Grèce affichera un déficit primaire de 1,5% du
PIB en 2015 , loin de l’objectif fixé d’excédent primaire de 3%
!
Face
aux conséquences négatives de ceci sur la dette, le FMI prévoit
deux scénarios. Soit Athènes prend de nouvelles mesures
d’austérité, soit les créanciers de la zone euro doivent se
mettre d’accord sur une restructuration de la dette afin que
celle-ci devienne viable. L’article du Financial
Times
souligne qu’au cours de la dernière réunion de l’Eurogroupe à
Riga, le directeur du département Europe du FMI, M.Thomsen, aurait
demandé la suppression d’une partie importante de la dette
grecque, faute de quoi le FMI arrêterait le financement à la Grèce.
8/
Les négociations désormais dans l’impasse
Dans
un document officieux, le gouvernement grec a reproché le 5 mai à
l’Union Européenne et au FMI de saper les négociations en
poursuivant des « stratégies différentes ». Selon plusieurs
journaux du 6 mai (Kathimerini,
Ta Nea, Ethnos, Avghi),
le gouvernement hellène aurait déclaré : « Compte-tenu de cette
divergence majeure, le gouvernement grec a décidé de ne pas
légiférer sur les réformes avant un accord avec les créanciers ».
Ta
Nea
souligne ainsi que « le gouvernement grec avoue l’impasse des
négociations et retire le projet de loi omnibus ».
8/
… ou empiétant sur les « lignes rouges »
Selon
Ta Néa, suite à un entretien téléphonique entre Alexis
Tsipras et J.C. Juncker le 6 mai, le gouvernement grec aurait accepté
d’ouvrir la question de la sécurité sociale, mais aurait en même
temps obtenu un accord de l'UE sur la réintroduction des conventions
collectives du travail.
Par
ailleurs, la BCE a encore relevé de deux milliards d'euros le
plafond de son financement d'urgence des banques grecques (ELA), à
hauteur de 78,9 milliards d'euros.
9/
Allemagne : le climat se détend et l’idée des réparations
avance.
Le
journal Avghi du 27 avril constate une « amélioration du
climat » dans les négociations avec les créanciers après
l’entretien téléphonique entre M. Tsipras et Mme Merkel.
Le 3
mai, le Président allemand a notamment reconnu : « nous ne sommes
pas seulement ceux (les Allemands) qui vivent aujourd’hui, nous
sommes aussi les descendants de ceux qui, lors de la seconde guerre
mondiale, ont laissé un sillage de destruction derrière eux, entre
autres en Grèce, ce que, à notre grande honte, nous avons ignoré
pendant longtemps (...) Il est juste qu’un pays conscient de son
histoire évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir
».
De son
côté, la chancelière allemande a simplement indiqué : « nous,
les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d’être
attentifs, d’être sensibles et bien informés sur ce que nous
avons perpétré sous le nazisme ».
II/
Politique intérieure
1/ Des réformes susceptibles de faire consensus avec les créanciers
Ethnos
du
27 avril dresse une liste en six points sur lesquels il y aurait
convergence entre le gouvernement et les créanciers : 1/ la Sécurité
sociale et notamment les départs anticipés à la retraite ; 2/ une
taxe sur les hôtels de luxe 3/ la protection de la résidence
principale des foyers défavorisées face aux vente aux enchères ;
4/ la suppression d’une contribution spéciale des hôtels 5/ la
mise en place de nouveaux critères pour évaluer les fonctionnaires
; 6/ la mise en place d’un nouveau modèle de privatisations avec
la participation de l’Etat. Une partie des recettes sera canalisée
vers le système de la sécurité sociale.
2/
Un possible référendum ?
Dans
une
interview télévisée accordée à la chaîne de télévision Star
le 28 avril, Alexis Tsipras a exclu l’organisation des élections
anticipées, mais a toutefois laissé ouverte l’éventualité d’un
référendum dans le cas où les négociations avec les créanciers
aboutiraient à un « accord qui dépasserait le cadre du mandat
populaire accordé à son gouvernement ».
3/
Tensions internes au sein de Syriza
Le
journal de centre-droit Kathimerini
du 29 avril commentait les débats agités au sein de Syriza à
propos de la stratégie à suivre face à l’UE et aux créanciers.
Parlant d’« opposition au sein du parti », le journal relève que
plusieurs cadres de Syriza appartenant à la «Plateforme de gauche»
insistent sur une rupture si les créanciers continuent à demander
l’application de mesures qui ne sont pas compatibles avec le
programme du parti.
4/
Abaissement de la note de la Grèce 30 avril
Le 29
avril, l’agence Moody's a abaissé la note de la Grèce, évoquant
des incertitudes pesant sur un accord avec ses créanciers qui lui
permettrait de faire face à ses obligations sur sa dette. L'agence
évoque également les risques qui subsisteraient en cas d'accord sur
les perspectives financières du pays en raison « de
l'affaiblissement de l'économie et de l'environnement politique
national fragile ».
5/
Sondages : Syriza toujours largement en tête mais pas de volonté de
rupture
Selon
un sondage (GPO/Mega Channel 28 avril) les intentions de vote se
répartissent ainsi : Syriza: 36,5 ; ND : 22% ; La Rivière : 6,5% ;
Aube dorée : 5,5% ; KKE : 5,5% ; Grecs indépendants : 5% ; PASOK :
4% ; Union du centre : 1,8% ; autres partis : 3,2% ; bulletins
blancs, nuls : 1,2% ; indécis : 8,8%.
Par
ailleurs, 61,9% des sondés se déclarent contre l’organisation
d’un référendum sur un éventuel accord avec les créanciers,
contre 37% qui sont en faveur.
De
même, 72,2% se déclarent contre l’organisation d’élections
anticipées, contre 26,3% qui sont en faveur. 58,3% des sondés
soutiennent la stratégie suivie par le gouvernement dans les
négociations avec les créanciers, contre 39,8% qui ne sont pas
d’accord.
Enfin,
78,1% ne souhaitent pas une rupture avec les partenaires européens,
contre 17,9% qui sont favorables à une telle éventualité.
6/
Situations tragiques pour certains retraités
Selon
Ethnos
et
Avghi
le ministre délégué à la sécurité sociale, M. Stratoulis,
aurait adressé à l’ambassade de Grèce à Berlin (à l’occasion
d’un débat au Parlement allemand) des données selon lesquelles
environ la moitié des retraités (45%) en Grèce vivraient
en-dessous du seuil de la pauvreté (17% dans des conditions de
misère absolue). Selon ces données, la pension moyenne en Grèce
s’élève à 665 € et la pension complémentaire moyenne à 169
€. Pour cette raison, aurait indiqué M. Stratoulis, la question de
nouvelles réductions des pensions normales ou complémentaires ne se
posait pas.
7/
Les prévisions de croissance revues à la baisse
La
Commission
européenne a revu à la baisse la prévision de croissance de la
Grèce pour 2015. La croissance grecque devrait s’élever à
seulement 0,5% cette année, nettement moins que les dernières
prévisions de février, où la Commission européenne tablait sur
+2,5%. La Commission prévoit par ailleurs un déficit de 2,1 % cette
année, puis de 2,2 % en 2016. Il y a à peine trois mois, elle
tablait sur un excédent de 1,1 %, puis de 1,6 % (Kathimerini,
Ethnos).
8 /
Privatisations
Kathimerini
du 6 mai relève que dans une tentative de débloquer les
privatisations, le TAIPED (fonds de mise en valeur du patrimoine
privé de l’Etat) aura dans les prochains jours des entretiens avec
les investisseurs retenus pour la deuxième phase de l’appel
d’offres pour la privatisation du porte du Pirée, afin de les
informer des procédures à suivre.
Selon
l’agence Reuters les investisseurs présélectionnés seront
invités à soumettre des offres contraignantes en juillet pour une
participation à hauteur de 51% dans le port du Pirée, avec une
option pour porter leur participation à 67% dans un délai de cinq
ans.
Par
ailleurs le TAIPED s’entretiendra également dans les prochains
jours avec les représentants du consortium Fraport-Slentel qui a
remporté en novembre dernier l’appel d’offres pour la
privatisation des 14 aéroports régionaux. Selon le journal les deux
parties devraient examiner l’éventualité de modifier les
conditions du contrat de cession.
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