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dimanche 24 mai 2015

Filikí Etería n°9 - la Grèce vue de Grèce – revue de presse






- Billet invité -

Par Cristoballaci El Massaliote
 
Cristoballaci El Massaliote est désormais un spécialiste mondialement connu de l'exégèse de la presse grecque. Cette semaine encore, il répond à toutes les questions brûlantes que nous nous posons, notamment au sujet du sommet européen de Riga, et le l’ébullition de la vie politique grecque actuelle en l'absence d'accord avec les créanciers.


***
 
Alors que la presse française contemplait impuissante la chute de l’ancienne capitale de la Reine Zénobie, la presse grecque s’agitait avant le sommet de Riga. Les tensions internes apparaissaient dans les partis politiques et faisaient écho aux articles assassins de certains éditorialistes d’opposition hellènes. Les événements les plus récents vont sans doute conforter ces dernier, puisque l'on a appris dimanche que faute d'accord à Riga, Athènes risquait de ne pas pouvoir rembourser le FMI début juin. 

1/ Négociations sur la dette : le sommet de Riga 

La presse grecque du vendredi 22 mai se passionnait pour le sommet de Riga de la veille pendant lequel un entretien entre Alexis Tsipras, François Hollande et Angela Merkel semblait prêt de déboucher sur une « conclusion réussie » et préparer un accord final entre les trois institutions partenaires sur le dossier de la dette grecque (Commission européenne, BCE et FMI)

Kathimerini soulignait toutefois que les discussions avaient également porté sur le financement supplémentaire de la période post-mémorandum (après le 30 juin) ainsi que sur la demande de restructuration de la dette grecque. 

Selon Ta Nea, Athènes devrait demander l’organisation d’une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe pour aboutir à un accord à la fin mai. Le quotidien souligne que malgré « le climat amical » au cours de l’entretien, Mme Merkel et M. Hollande ont fait clairement savoir qu’il n’y aurait pas d’accord sans la participation du FMI.

2/ Relation avec les USA : Kammenos flirte avec l’OTAN

Le ministre de la défense, M. Kammenos, a annoncé qu’à l’occasion de sa visite à Washington, prévue le 21 mai, il envisageait de proposer aux Etats-Unis la création d’une base aérienne de l’OTAN sur une île du Sud-Est de la mer Egée. Le ministre a en outre ajouté qu’il demanderait le renforcement de la base de l’OTAN à Souda en Crète. 

Reprenant des sources gouvernementales, Kathimérini du 16 mai affirmait déjà que les positions exprimées par M. Kammenos avaient suscité l’embarras du Premier Ministre et d’autres membres du gouvernement. Ceux-ci auraient affirmé que les déclarations unilatérales du ministre de la défense n’exprimaient pas la politique portée par le gouvernement grec. 

3/ Réformes

a/ Nouveau taux de TVA pour faire plaisir à Bruxelles

Ethnos du 21 mai relève que le gouvernement grec a présenté, lors de la réunion du Groupe de Bruxelles une nouvelle réforme de la TVA, proposant un taux principal à 23%, un taux de 14% pour les hôtels, la restauration, le transport, l’électricité, l’eau et le gaz, et un taux réduit à 7% pour certains produits (médicaments, livres, aliments). Kathimerini notait également que l’idée d'introduire une taxe sur les transactions bancaires était sur la table des négociations.

b/ Une esquisse de réforme des retraites sous la pression des créanciers

Ta Nea du 21 mai notait que les exigences des créanciers sur la réforme du système de la sécurité sociale, poussaient le gouvernement grec à étudier une « politique punitive » dans le dossier des départs anticipés à la retraite. Les bénéficiaires auront désormais l’obligation de verser les cotisations d’assurance jusqu’à l’âge de 62 ans même après leur départ anticipé à la retraite. De plus, selon Eleftheros Typos le pécule de départ à la retraite serait réduit de 10%.

4/ Vie politique : l’accord avec les créanciers fissure les différents partis 

Le Journal des Rédacteurs du 19 mai relève à la Une que les différentes fuites dans la presse sur l’accord entre la Grèce et les créanciers provoquaient, avant même la publication du contenu des tensions internes au sein de Syriza et de la Nouvelle Démocratie. 

Ainsi, au sein de Syriza, le « réseau rouge » a organisé une manifestation contre l’accord, tandis que la « plateforme de gauche » exprimait ses objections sur son site internet iskra.gr

Au sein de la Nouvelle Démocratie, il y aurait désormais deux courants différents : celui exprimé par les parlementaires du parti qui seraient favorables au rejet par de accord entre le gouvernement et les créanciers, et le courant autour de la famille Mitsotakis qui est favorable au vote de l’accord estimant que même une solution médiocre sera meilleure que la rupture. 

5/ Sondages : Syriza reste populaire en dépit de doutes sérieux sur la stratégie gouvernementale avant le sommet de Riga

 Selon un sondage du 18 mai (Université de Macédoine /Skaï TV), l’estimation de vote est la suivante : Syriza : 36,5% ; Nouvelle Démocratie : 15,5% ; Aube dorée : 6% ; La Rivière : 6% ; KKE : 4% ; Grecs indépendants : 3% ; PASOK : 3%, autres partis : 7,5% ; indécis : 18%. 

Pour la première fois depuis les élections, la majorité des sondés (41%) estiment que la stratégie suivie par le gouvernement dans les négociations avec les créanciers est erronée, contre 35% qui estiment qu’elle est juste.

6/ Les doutes et les attaques d’une partie de la presse grecque au début de la semaine

L’éditorialiste Antonis Karakoussis signait un article intitulé « Le difficile rendez-vous de M. Tsipras avec l'Histoire » dans le journal de centre gauche To Vima du 18 mai. Son analyse était particulièrement dure : « L'évolution dans le temps en atteste, les dirigeants de la gauche se sont toujours distingués par leurs erreurs politiques infantiles. Le cas le plus caractéristique est celui du lendemain de la libération après l'Occupation nazie. Toute proportion gardée, il manque également dans la conjoncture actuelle les élaborations nécessaires, de même que la souplesse et la compréhension de la complexité du monde moderne, des alliances et des intérêts qui le régissent. Dans le cas de Syriza, il y a même un surplus d'idées obsessionnelles et de dogmatisme, tandis que les approches sont linéaires et simplistes. Dans la situation actuelle, il n'est pas exclu que cette nouvelle opportunité historique soit perdue, encore une fois, pour la gauche ».

Le journaliste Nicos Constantaras signait également un texte acide dans le journal de centre-droit Kathimerini  : « En sa qualité de principal parti de l'opposition depuis 2012, Syriza a choisi la voie facile de la dénonciation de ses adversaires et d'une surenchère de promesses faites à chaque groupe d'électeurs. Il n'a pas su travailler sur les divergences de vues de ses composantes qui sont pourtant importantes. Ce qui unissait son parti était la dénonciation simpliste du mémorandum et les promesses faciles. Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, il n'a pas cherché à opérer la synthèse pour aboutir à une position sérieuse et unique. Malheureusement, la coalition avec les Grecs indépendants a renforcé le fantasme selon lequel la Grèce peut imposer sa volonté aux créanciers. La coopération éventuelle avec un autre parti politique aurait pu permettre à Syriza à négocier dans le but de trouver une solution ».   

Le journal pro-PASOK  Ethnos, enfin, contenait un article assassin intitulé « Marcher droit vers le précipice et sans sherpa ». Le journaliste écrivait : « La première des deux semaines nécessaires, selon le ministre Varoufakis, pour parvenir à un accord avant que la Grèce ne se retrouve dans une impasse financière, s'est déjà écoulée. Et pourtant, personne ne sait encore ce qui va se passer. Au-delà de déclarations d'autosatisfaction, les négociations stagnent. Les questions épineuses restent entières, le gouvernement ne semble pas capable de surmonter ses lourdeurs idéologiques, ni les résistances internes de ses composantes extrémistes. L'incertitude augmente plutôt que de baisser ». 


5 commentaires:

  1. La Grèce ne remboursera pas ses dettes, ou pas en totalité, on le sait.
    L'euro est une monnaie trop forte pour l'économie grecque et qui l'empêchera toujours de connaître tout véritable développement, on le sait.
    L'euro est une monnaie non viable en l'état actuel de la zone euro, on le sait.
    Aucun des États-membres ne veut du "saut fédéral" qui assurerait (peut-être) la pérennité de l'euro, on le sait.
    Et pourtant nous faisons comme si nous le savions pas.
    Et pourtant, depuis le 25 janvier, se poursuivent avec la Grèce des discussions aussi interminables que vaines.
    Quel miracle attendons-nous ?
    Comment pouvons-nous, brandissant l'étendard de la raison, lui tourner aussi radicalement le dos ?

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    1. "Et pourtant, depuis le 25 janvier, se poursuivent avec la Grèce des discussions aussi interminables que vaines."

      Mais dans quel monde vivez-vous ? Cela dure depuis cinq ans, avec cinquante-trois réunions de la dernière chance par semaine !

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  2. A lire cette exégèse, on perçoit qu'il n'y a pas de plan B, coté Grec, juste un certain entêtement, ce qui se comprend aisément, une fierté peut-être pas très bien placée, et une lassitude qui pointe. Je crains que la réponse européenne au défaut de paiement qui s'annonce, assomme le peuple Grec.
    Henry

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  3. @ Anonyme 01:12
    Pourquoi encore et toujours faire porter le chapeau aux Grecs ?
    L'entêtement, et la fierté mal placée, et la lassitude... ne sont-ils pas tout autant, et même bien plus, du côté de l'eurogroupe ?

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  4. Le 5 juin, la Grèce doit rembourser 302,833 millions d'euros au FMI.

    Le 12 juin, la Grèce doit rembourser 340,687 millions d'euros au FMI.

    Le 16 juin, 567,812 millions d'euros.

    Le 19 juin, 340,687 millions d'euros.

    Total : en juin, la Grèce doit rembourser 1,552 milliards d'euros au FMI.

    Mais il y a un petit problème : la Grèce est en faillite.

    Solution ( ? ) au problème :

    La Grèce va emprunter quelques milliards d'euros supplémentaires au FMI. Ensuite, avec cet argent, la Grèce pourra rembourser 1,552 milliards d'euros au FMI au mois de juin.

    Rappel :

    En tout, la Grèce doit rembourser 32,1 milliards d'euros au FMI.

    Mardi 26 mai :

    Grèce : Varoufakis appelle les créanciers à se mettre d'accord.

    http://www.romandie.com/news/Grece--Varoufakis-appelle-les-creanciers-a-se-mettre-daccord_RP/596779.rom

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