Un malheur, c’est comme un témoin de Jéhovah : ça n’arrive jamais seul. De la même façon, une enquête d’opinion dont les résultats sont accablants s’accompagne toujours de son triste binôme : l’exégèse nigaude.
Les commentaires nigauds venant dans le sillage des enquêtes d’opinion peu réjouissantes sont de plusieurs ordres. Toutefois, parmi les plus fréquents, on peut citer ceux-ci :
1) si l’enquête n’est pas gaie, c’est parce que « les gens » sont des cons,
2) si l’enquête n’est pas gaie, c’est la faute des nazis.
Le sondage publié dans Le Monde daté de vendredi ne fait pas exception. Il faut dire qu’il n’est pas drôle. Cette enquête Ipsos intitulée « France 2013 : les nouvelles fractures » met en évidence « la très forte demande d’autorité et la tentation du repli national ».
Voyons, en vrac, quelques unes des réponses données par « les gens » - toutes tendances politiques confondues – à ce sondage :
- 90 % des personnes interrogées considèrent que la puissance économique française a un peu ou beaucoup décliné,
- 65 % pensent qu’il faut renforcer les pouvoirs de décision de notre pays même si cela doit limiter ceux de l’Europe,
- 87 % trouvent qu’on a besoin d’un vrai chef en France pour mettre de l’ordre,
- 77 % estiment que l’intégrisme religieux est un problème de plus en plus préoccupant dont il faut s’occuper sérieusement,
- Et cætera.
Là, c’est évident, on n’y coupera plus: « frilosité » et « crispations » vont s’inviter dans le débat. On attend la suite….
Elle arrive… Car on n’aura pas manqué de demander à quelques politiques d’exprimer leur opinion sur ces calamiteux résultats. Qui se sera dévoué pour nous expliquer qu’autrui est un con ?
And the winner is… José Bové, sous vos applaudissements !
Ce sondage, selon lui, révèle « une vision de la politique complètement régressive où l’on a besoin de s’en remettre au chef pour donner une ligne (…) c’est quelque chose de puéril mais qui est représentatif d’un désarroi ».
« Un désarroi »? Quel coup d’œil ! Fin limier, ce José !
« Régressif », « puéril »… c’est tout ? Pourquoi ne nous-explique-t-il pas, tant qu’il y est, que les Français sont restés bloqués au stade anal ?
« S’en remettre à un chef pour donner une ligne » : les gens sont idiots, décidemment. Ce serait tellement plus simple de s’en remettre à la Divine Providence !
Les nazis, eux, ne sont pas en reste. Les nazis, ou plutôt « le populisme massif », tant il est vrai, comme nous le rappelle l’analyste du Monde que « l’histoire ne se répète jamais ». Pour autant, il tient à mettre en garde. Afin, sans doute, que personne ne puisse jamais dire « on ne savait pas ». Et le journaliste de souligner « le rôle dangereux de ceux qui, loin de les apaiser, attisent les peurs. Ils trouveront dans cette enquête la justification de leurs philippiques. Ils feraient mieux d’y voir le résultat de leurs travail d’incendiaires ».
C’est donc ça ! Si « les gens » sont inquiets, ce n’est pas du tout parce que tous les signaux sont au rouge, c’est parce que des « incendiaires » leur ont mis de vilaines idées en tête. Et ces idées, ils y ont cru parce qu’ils sont sots, voir supra.
Tout s’éclaire enfin : c’est encore la faute du Front national. On croyait qu’il était conséquence et symptôme, le voilà cause première. Or, si c’est lui, ce n'est pas nous. Il n’est donc guère besoin de s’interroger plus avant (surtout pas !) ni d’envisager quelque mise en question que ce soit de l’ordre établi (encore moins !).
Rendormons-nous donc bien sagement jusqu’à la prochaine expression de la « frilosité » française. Ca tombe bien, il y a Florence Cassez en boucle à la télé.
Vous vous attendiez à une analyse intelligente de la part du "Monde" ? Vous êtes bien la seule...
RépondreSupprimerBravo !
RépondreSupprimerS'il y a de la puérilité dans l'air, elle concerne surtout nos décideurs : comportements de potaches, choix stratégiques faits à l'aveuglette, échecs incroyables sur tant de sujets importants, enfumages médiatiques de toute sorte...
A quand la fessée (avant de s'endormir) ?
Yves de Tallenay
http://yvesdetallenay.over-blog.com/
- Il y a de l'eau plein la cale! On coule!
RépondreSupprimer- Agrandissez le trou pour que l'eau puisse partir.
Bonsoir Coralie,
RépondreSupprimerdites-moi, vous êtes en forme, ce soir! Et en plus, vous nous avez trouvé un sujet garanti sans Florence Cassez, enfin...presque :-)!
Effectivement, le Monde et J.Bové découvrent qu'en période de crise, les Français restent...des Français!
En clair, dans tous les éléments de ce sondages dessinent en filigrane le portrait d'un personnage providentiel qui ressemblerait étrangement à De Gaulle ou un peu plus loin dans le temps, à Clémenceau! Seulement aujourd'hui, un tel homme (ou femme) est caricaturé sous les traits de Marine Le Pen!
Si ces messieurs-dames de la classe moyenne supérieures pro-UE ( à savoir les bobos lecteurs du Monde et autres Bové/Cohn-Bendit/Duflot) connaissaient mieux leur histoire de France, ils sauraient que les exigence par les classes populaires d'un pouvoir juste, fort et protecteur sont une constante de l'histoire de notre pays lors des crises graves.
Le seul fait que ces revendications reviennent à la mode prouvent que l'heure est grave, car les citoyens français se sentent dépossédés la maîtrise de leur destin: en clair, ils ne sont plus souverains chez eux! L'incapacité de nos élites à interpréter correctement ce type de message prouve qu'elles sont totalement déconnectées du peuple, et pire, qu'elles méprisent le suffrage universel, puisqu'elles jugent le populo inaptes à se faire une opinion politique correcte.
De Gaulle disait jadis que seul le peuple est patriote: nous en avons l'illustration avec ce sondage...
CVT
(Presque) rien à ajouter pour une fois!
RépondreSupprimerSauf à dire que c'est un très bon papier. Nos politiques et journaleux ont souvent tendance à faire la politique de l'autruche ou à esquiver les problèmes plutôt que de s'y confronter.
pourquoi "alarmant",ce sondage?
RépondreSupprimermoi, je le trouve revigorant:il montre,contre toute attente,que les Français ne sont pas aussi "enfumés" que l'on croyait par les politiques et media fossoyeurs du pays.
et je n'aperçois dans ces réponses des Français aucune haine,aucune attitude ringarde,voire "nauséabonde"...
Tout va bien pour l'Anonyme ! Il faut bien qu'il se trouve des imbéciles heureux pour qu'en effet "Le Monde" écoule ses divagations stupides ! et que certains électeurs aillent voter (FN, mais pas seulement...) !
RépondreSupprimerc'est qui,les "imbéciles heureux"?
Supprimersi le peuple pense mal,il faut changer le peuple ( BRECHT)...
RépondreSupprimerLa "mondialisation", en changeant nos modes de vie, a changé le peuple. C'est fait, M. l'Anonyme. Vous êtes content du résultat ? Moi pas. (Encore un de ces nombreux imbéciles heureux, qui multiplient comme des zéros, à moins que ce ne soit le même.)
RépondreSupprimerle peuple a changé? le peuple , il veut: du boulot pour bouffer, et de la sécurité ( sociale, économique,sanitaire, civile...)point, et depuis que le monde est monde; et si il s’aperçoit que les moyens merveilleux qu'on lui a refourgués a grand renfort de propagande et de trahisons( cf le réferendum de 2005 sur lequel nos élites se sont assit), à savoir l'europe de Maastricht le conduit au chômage et à insécurité , ne vous en déplaise, il faut autre chose que des insultes pour l’empêcher de voir que 2 et 2 font quatre
SupprimerCoralie tu n'es pas très prolixe ce moment. Tu me manques
RépondreSupprimerLe plus dur est derrière nous. Tout va s'arranger. Tout est en train doucement de s'arranger. Tout va bien. Consommer plus pour relancer l'économie et consommer moins pour préserver les ressources naturelles quoi de plus facile à concilier ? travailler plus pour moins cher afin de rendre notre industrie plus compétitive, travailler moins pour plus cher afin de réduire le chômage et augmenter le pouvoir d'achat, qu'est-ce qui nous en empêche ? prôner la concertation et le cohésion sociales, imposer des réformes sociétales sans débat, que trouver à y redire ? mettre sa foi en l'Europe, ne compter que sur ses propres forces, et alors ? Partir en guerre pour un oui ou pour un non, affirmer qu'on n'a qu'un objectif, la paix, qui y voit une contradiction ? Tomber dans un trou sans fin et accepter comme allant de soi qu'il n'ait pas de fin... Les promesses des candidats à nos suffrages ont ceci de commun avec les rêves que les contraires y cohabitent, que l'impossible y est possible, que le vrai ne s'y distingue pas du faux, que la réalité en est absente... La France aujourd'hui rêve. Ses dirigeants l'y encourage. Eux aussi rêvent. Tous nous acceptons. La France s'abandonne à la rêverie. Elle perd contact avec la réalité. Le réveil sera douloureux. Pour le moins. Mais qui a envie de se réveiller ? Le rêve de la France lui est une bulle. Aux bulles financière, économique, monétaire... s'ajoute notre bulle politique et sociale. Tant qu'elle grossit, tout va bien. Il en est de même de toutes les bulles. Mais un jour elles explosent. En attendant la France rêve. Tout va bien...
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