Bon, j’avoue :
j’y vais un peu fort. Jean Quatremer n’est pas eurosceptique.
C’est même tout le contraire. Le spécialiste des affaires
bruxelloises du quotidien Libération est euro-content. Au
point que, lorsque son contentement s’affaisse sous les coups de
boutoir d’une réalité très très méchante, il nous explique
qu’il ne déplore pas le « trop d’Europe », mais, au
contraire, le manque d’Europe. Bref, quand Quatremer doute de
l’Europe, il en réclame une louche supplémentaire. Masochisme ?
Car Jean Quatremer
doute, figurez-vous. Comme il l’explique dans un texte du 14 mars,
date anniversaire de la mort de Karl Marx – ce qui ne saurait être
un hasard.
Jean Quatremer doute,
comme nombre de gardiens du temple eurolibéral avant lui. Je l’ai
relevé plusieurs fois sur ce blog. Effondrement des économies
d’Europe du Sud, tempête politique en Grèce puis en Italie,
alerte rouge sur Chypre qui attend elle aussi son plan de sauvetage,
les euro-satisfaits sont inquiets. « Par la barbe du grand
Merdalor, où nous sommes-nous trompés ? »
semblent-t-ils dire à l’unisson – car l’unisson, c’est leur
dada.
Ce fut d’abord
François Lenglet, grand spécialiste de l’envoi de messages
subliminaux propres à démonter ses propres théories. Ici, il se désolait de l’incapacité française à procéder à une bonne
vieille dévaluation compétitive pour cause de monnaie unique :
« ce qui explique l'incapacité de la France à retrouver
la croissance, c'est son incapacité à retrouver sa compétitivité
(…) du temps du franc, notre ancienne monnaie, tout cela se
réglait avec une dévaluation. C'était évidemment un choc de
compétitivité qui permettait de baisser ses prix ».
Décoiffant, François Lenglet - à défaut d’être décoiffé.
Ce fut ensuite Arnaud
Leparmentier, dans Le Monde, journal « ouiste »
entre tous. Dans un édito intitulé « rêve allemand, cauchemar européen », l’homme s’interrogeait :
« fallait-il signer ce traité de Maastricht, qui tourne au
désastre ? Après l'avoir tant défendu, on finirait par en
douter ». Bigre ! Vingt ans après, il était temps !
Que nous sortira-t-on ensuite ? Que la révocation de l’Edit
de Nantes, c’était pas une bonne idée ?
Vient à présent Jean Quatremer, à la fois très soucieux des politiques d’austérité
menées en Europe et du caractère peu démocratique des
institutions de l’Union. « Après trois ans de crise de
la zone euro, tout le monde s’est habitué à ce que des décisions
de politique économique, financière et budgétaire, qui
intéressent pourtant directement plus de 500 millions de personnes,
soient prises dans la plus parfaite opacité et sans aucun contrôle
démocratique » se désole le journaliste. Puis
d’ajouter : « au final, cet ensemble de textes1
a abouti à priver les démocraties nationales de tout pouvoir sur
les politiques décidées par la Commission et les gouvernements à
Bruxelles ». Ah boooon ? Mais quelle surpriiiiise !
Certes, lorsque
Quatremer cite longuement Daniel Cohn-Bendit, demeuré Dany le
rouge pour la seule Guilde des daltoniens coalisés, ou Sylvie Goulard, eurodéputée Modem et co-auteur d’un livre avec Mario Monti, on se doute bien qu’il n’est pas encore tout à fait sur
le prêt à prendre le maquis.
Néanmoins, l’expression
d’inquiétudes, d’interrogations, de doutes de la part de
journalistes qu’on peut difficilement soupçonner d’être des
« souverainistes » recroquevillés sur de vieux
« égoïsmes nationaux », témoigne d’un sensible
dégel2
du débat sur l’Europe.
Ça, l’arrivée du
printemps et la sortie prochaine du bouquin d’Anne Hidalgo sont
quand même les trois meilleures nouvelles de ce mois de mars.
Merdalor encore un bon papier. Merci
RépondreSupprimerBonjour Coralie,
RépondreSupprimerce n'est pas pour rien que les europhobes les plus enragés parlent de l'UERSS! De même qu'il n'y avait jamais assez de marxisme-léninisme, il n'y a jamais assez d'Europe...
J'ai une opinion très paradoxale de Jean Quatremer: habitant moi-même à Bruxelles (je vous préviens, j'y suis résident et j'y travaille donc je suis plus taxé qu'en France! C'est pas comme certain qui font semblant d'habiter à Néchain...Ca, c'est pour la mis au poing :-)), et étant franchement eurosceptique, voire europhobe, il incarne le diable en personne lorsqu'on parle de l'Union Européenne. En revanche, dès qu'il parle de la Belgique et de son sort, rien, mais absolument rien, ne nous différencie!
Ce qui signifie tout de même qu'on peut trouver des points de convergence, et que je ne désespère pas un jour qu'il fasse le constat que ce qui est en train d'échouer en Belgique, à savoir le mariage forcé entre les Wallons et les Flamands, va forcément échouer à l'échelle de l'Europe...
CVT
Bonjour Coralie : Tout aussi ravi que vous l'êtes de voir les changements de mentalité concernant cette Europe technocratique qui affame les peuples.
RépondreSupprimerDans le cadre de cette libération de la parole eurosceptique, je fais un rêve : C dans l'Air avec pour thème "En finir avec l'Europe" avec Dominique Reynié, Jean-Dominique Guiliani, Marc Fiorantino, et ... l'inévitable Barbier de service se battant la coulpe façon choeur antique. Ca fera du bien aux Grecs !
Christian
Content de vous revoir en pleine forme !
RépondreSupprimerJuste un doute qui m'assaille : c'est bien de l'ironie à la fin, sur la sortie du livre d'Hidalgo ?
Evidemment !! :-)
SupprimerLes ministres des Finances de la zone euro se sont mis d'accord dans la nuit de vendredi à samedi sur un plan d'aide de 10 milliards d'euros pour Chypre.
RépondreSupprimerLes banques devront y participer via une ponction de 9,9% sur les dépôts, a annoncé un responsable de la zone euro.
"C'est fait", a indiqué ce responsable européen, qui a précisé que les dépôts inférieurs à 100 000 euros ne seraient ponctionnés qu'à 6,75% et que les intérêts des dépôts seraient aussi taxés.
Samedi matin, à Chypre, des dizaines de Chypriotes et d'étrangers, très nombreux sur l'île, étaient visibles devant les banques pour retirer de l'argent des distributeurs automatiques.
Lisez cet article :
"C'est une catastrophe", a dit un Chypriote de 45 ans venu retirer de l'argent.
"Cela va nous donner envie de sortir de l'euro", dit un autre, un retraité.
"On essaie tous de retirer un maximum d'argent -- mais cela ne marche pas très bien, on ne sait pas si les comptes sont bloqués ou les distributeurs vides, a dit à l'AFP Joseph, employé de banque chypriote. Personne ne s'attendait à cela -- et les banques n'étaient au courant de rien".
Les agences bancaires étaient fermées pour le week-end, et jusqu'à mardi matin, lundi étant férié sur l'île.
Ces retraits ne vont toutefois pas empêcher la ponction sur les comptes de toute personne résidant sur l'île. Les montants correspondant à la taxe "sont déjà bloqués et ne peuvent plus être transférés", assure Marios Skandalis, vice-président de l'Institut des comptables publics de Chypre.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/03/16/a-chypre-la-population-dans-l-incertitude-apres-l-annonce-du-plan-de-sauvetage_1849491_3214.html
Conclusion : un Etat est capable de tout.
Un Etat peut mentir, un Etat peut tromper, un Etat peut aller voler l’argent des épargnants dans les coffres des banques privées, etc, etc.
Un Etat peut tout faire.
On peut aimer le prénom "Adolphe" sans être un adepte de l'hitlérisme, on n'en hésite pas moins à donner un tel prénom à son fils. Même chose pour le titre "Mon combat", "Mein Kampf" en allemand : je suis toujours surpris que tant de politiques, Hidalgo après Chirac pour ne nommer que ces deux-là, donnent un tel titre à leur livre...
RépondreSupprimerSur l'euroscepticisme : l'euro, on peut dire la même chose de l'Europe mais c'est moins flagrant, l'euro fonctionne comme une secte. On peut y entrer mais pas en sortir. On nous le dit et on nous le répète : il n'y a pas de salut en dehors de l'euro. Les critiques à l'égard de l'idole, aussi nombreuses et pertinentes soient-elles, sont nulles et non avenues. Ceux qui n'ont pas la foi, et ceux qui commencent à douter, ne sont tout simplement pas entendus. L'euro sera défendu quoi qu'il en coûte. « Coûte que coûte » nous disent-ils. La BCE l'a promis : elle financera les banque de façon illimitée. Illimitée ! En d'autres termes, plutôt la mort, plutôt le suicide collectif, que le renoncement... Une secte je vous dis.
Mince alors... ouvrir les frontières entre pays de niveau social et économique différents, bloquer la monnaie à une très forte valeur et forcer toute le monde à emprunter auprès de banques privées n'était pas la bonne chose à faire?
RépondreSupprimerEnfin je veux dire, ce n'était pas la bonne chose à faire pour créer une Europe unie et forte. Parce que si le but des décideurs actuels est de casser l'Europe et la laisser faible et exsangue, ils y arrivent particulièrement bien...
Mais pourquoi personne n'écoute Maurice Allais, pourtant notre seul prix Nobel d'économie? :-D
Libération de la parole eurosceptique: et, en Allemagne, voici le parti anti -euro...
RépondreSupprimerLe blocus de Chypre vient de commencer.
RépondreSupprimerLes masques tombent.
L’Union Européenne révèle son vrai visage.
La Banque Centrale Européenne révèle son vrai visage.
La BCE n’est qu’un gang de maîtres-chanteurs.
La BCE affame les Chypriotes jusqu’à ce qu’ils cèdent.
La BCE arrête de fournir des billets en euros aux banques de Chypre jusqu’à ce que les Chypriotes cèdent.
Les masques tombent.
L’Union Européenne n’est qu’une dictature.
Ni plus, ni moins.
Ceux qui soutiennent cette dictature n’ont aucune leçon à nous donner.
Aucune.
Le blocus de Chypre me rappelle le blocus de Berlin. (Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre occupants de l’Allemagne, l’Union soviétique bloque les voies d’accès terrestre à Berlin-Ouest. Commence alors le « blocus de Berlin », qui dure jusqu’au 12 mai 1949.)
Ceux qui soutiennent l'Union Européenne sont comme ceux qui soutenaient l’URSS au moment du blocus de Berlin.
Ceux qui soutiennent l'Union Européenne ont oublié que le blocus de Berlin n'a pas empêché l'effondrement de l'URSS quarante ans plus tard.
Les dictatures peuvent faire tous les blocus qu'elles veulent : à la fin, les peuples finissent par les détruire.
Les 15 peuples qui étaient réunis dans l'URSS ont fini par reprendre leur indépendance : aujourd'hui, l'URSS est morte.
De la même façon, les 27 peuples qui sont réunis dans l'Union Européenne reprendront leur indépendance : demain, l'Union Européenne mourra.
L'Union Européenne rejoindra l'URSS dans les égouts de l'Histoire.
Lisez cet article :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/03/20/20002-20130320ARTFIG00468-l-europe-organise-le-blocus-monetaire-de-chypre.php
"car l’unisson, c’est leur dada." : j'adore ! Mais bon moi ce que j'en dit, hein...
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