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vendredi 24 février 2012

DPDA : Marine Le Pen est une "présidentiable scrogneugneu"



Le 29 septembre 2011, Marine Le Pen tenait un colloque sur le thème « comment redresser l’école ? ». Elle le concluait par quarante minutes d’un discours de bonne facture, que n’auraient pas renié les républicains les plus ombrageux. Elle y listait notamment les mesures de bon sens à prendre pour « restaurer l’autorité des professeurs » selon l’expression consacrée.

Hélas, elle omettait de répondre à la question suivante : « bonnet d’âne ou mise au piquet, quelle attitude adopter face aux élèves boudeurs ? ». On ne l’a jamais tant déploré qu’hier soir, en découvrant stupéfaits, dans l’émission Des Paroles et des Actes (DPDA) de France2, un nouvel archétype de la politique contemporaine : la « présidentiable scrogneugneu ».

Hier 23 février, Marine Le Pen était en effet l’invitée de DPDA. Il est de tradition, dans cette émission, que le politique mis à l’honneur soit confronté à un contradicteur, à l’occasion d’un débat d’une vingtaine de minutes. Face à Marine Le Pen, France2 avait choisi Jean-Luc Mélenchon.

Que la chaîne ait espéré faire le show en réunissant tous les ingrédients d’un combat dans la boue n’est pas contestable : France2 voulait du sang. Par ailleurs, il est devenu classique d’opposer Le Pen et Mélenchon, en traçant entre ces deux-là un insidieux petit signe « égal », et en prononçant le mot magique : populisme.

L’ayant senti, et n’étant pas forcément disposée à jouer la bête de foire, il n’est pas absurde que la présidente du Front national - qui avait par ailleurs déjà débattu avec Mélenchon sur BFM - ait souhaité se voir opposer un autre adversaire. Elle donc exigé - et obtenu - d’être confrontée à cacique de l’UMP, et pour cause : lorsque l’on prétend créer la surprise au premier tour de la présidentielle, lorsque l’on souhaite appraître, non comme un candidat de seconde zone, mais comme un outsider sérieux, c’est bien avec l’un des deux « gros », PS ou UMP, qu’il faut débattre.

Enfin, et elle le savait, c’était pour Le Pen l’occasion de briller. Elle y est d’ailleurs parvenue sans peine face à Henri Guaino, à l’occasion du premier débat de la soirée : il n’était pas très difficile de mettre en difficulté ce national-répubicain brillant, mais qui a renoncé à tout ce en quoi il croit pour se muer en « provider de respectabilité gaullienne » au service de Nicolas Sarkozy.

Pour autant, France2 tenant à son combat de rue, le débat avec Jean-Luc Mélenchon avait été maintenu. Ce sont hélas des choses qui arrivent : il ne suffit pas de tempêter et d’exiger pour obtenir ce que l’on souhaite. Une candidate à l’élection suprême devrait se faire à l’idée : le réel est parfois têtu, et face à lui, on compose.

Cela n’a pas été le choix de Marine le Pen. Opposée au candidat du Front de gauche, celle qui, l’instant d’avant, avait accepté de débattre avec un simple conseiller parce que c’était commode, a préféré…bouder !

Les téléspectateurs de DPDA ont donc assisté, pendant vingt minutes, à un moment de télévision surréaliste, pendant lequel ils ont pu voir une présidentiable éviter systématiquement le regard de son adversaire, et s’adresser à David Pujadas au lieu de répondre à Mélenchon, donnant ainsi l’impression d’être une gamine perdue préférant « tout dire à la maîtresse » plutôt que d’affronter courageusement le garçon qui vient de lui tirer les couettes. La candidate fit même semblant de lire le journal cependant que son contradicteur essayait vainement de lui faire desserrer les dents. Enfin, lorsque, de guerre lasse, il lui suggérait de quitter le plateau, Marine le Pen répondait « c’est un petit peu mon émission ». Elle aurait pu ajouter « c’est toi qui l’as dit c’est toi qui l’es, nananère »,  car on n’était plus à une incongruité près.

Ce non-débat, qui permit au passage à Mélenchon de faire quelques bons mots et de mettre les rieurs de son coté, avait de quoi mettre mal à l’aise. Il n’est jamais agréable d’assister à un crash télévisuel en direct, quelque idée que l’on se fasse de la personnalité qui en est l’objet, et  même s’il a été prémédité : Le Pen n’avait-elle pas assuré, avant l’émission, réserver aux téléspectateurs « une grosse surprise » ?

En tout état de cause, il sera difficile à la frontiste, dans la suite de la campagne, de continuer à se présenter comme une « victime du système médiatique». Celle qui passe son temps à récriminer contre l’intolérable partialité de la télévision publique, a en effet choisi de refuser une tribune qui lui était offerte. Ce faisant, l’autoproclamée « candidate du peuple » s’est permise de prendre en otage des milliers de téléspectateurs qui en conserveront probablement cette certitude : Marine Le Pen a peur de Jean-Luc Mélenchon.

Enfin, en adoptant une attitude de repli boudeur, Marine Le Pen aura probablement écorné sa réputation de duettiste courageuse et combative. Dans l’esprit de beaucoup, l’image de la « présidentiable scrogneugneu » croisant les bras et fronçant le nez comme un écolier privé de dessert, restera gravée pour longtemps.

Désormais, une chose est certaine : la petite Marine est encore un peu jeunette pour être présidente de la République. On mouche son nez, on mange un Kinder, on prend un peu d’âge, de maturité, de sang froid, et on réessaie…en 2022 ?

Lire et relire :
Marine Le pen à l'école de la République  CLICK
Populisme : est-ce que Mélenchon = Le Pen ?   CLACK
A Lille, Marine Le Pen s'enferre à droite  CLOCK
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18 commentaires:

  1. Super billet !
    Je pinaillerais néanmoins sur un point : "Celle qui passe son temps à récriminer contre l’intolérable partialité de la télévision publique, a en effet choisi de refuser une tribune qui lui était offerte".
    Je crois que justement, son monologue au départ de la séquence, est selon moi un hold-up pour convertir un temps de débat contradictoire en tribune (squatter son temps de parole pour dire ce qu’elle avait choisi de dire). Car elle savait qu’accepter le dialogue avec Mélenchon ne lui laisserait aucune marge de manœuvre pour jouer les tribuns (comme elle s'est maladroitement échinée à le faire en esquivant les questions économiques de Lenglet).
    Surtout au bout de plusieurs heures d’émission, c’est un bon révélateur du fait qu’elle ne tienne pas la route.

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  2. Vous croyez que nous aurons encore des élections nationales en 2022?
    Jard.

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  3. Mélenchon n'a eu que la monnaie de sa pièce. Celui qui se présente comme l'amuseur public excuse tous les dérapages, voir les agressions de ses troupes sur d'autres forces politiques, et pas seulement celles du FN. On est en droit d'attendre une attitude un peu plus respectueuse des valeurs de la République de la part d'un candidat à l'élection présidentielle.
    Voir http://fabricerestier.20minutes-blogs.fr/archive/2012/02/16/melenchon-solidaire-des-agresseurs.html

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    1. "casses toi pauvre con" de la part d' un président en activité, ça t' as certainement contenté y compris les jolies formules comme "nettoyer les citées au karscher"défendez comme vous voulez le temps ou l' on montrera votre vrai visage approche vous l' aurez votre moment de gloire, mais il sera éphémère!La machine est en marche et rien ne pourra l' arrêter pour les électeur du fn qui reste regardez le reportage à la droite du père sur youtube de jolies illustrations du fn et d' une partie de l' église, !est ce vraiment ce que vous voulez tuer des innocents
      reprenons le pouvoir que l' économie soit mondiale ce n' est pas un problème seul quelques pays profitent de cette organisation, alors cher fabrice merci pour ta participation au débat

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  4. Marine est encore un peu jeunette, parfaitement d'accord avec vous, mais elle est déjà beaucoup plus avancée que son regrettable père, qui est d'ailleurs son pire ennemi. Vous comprenez, lui n'a jamais eu la moindre intention ni même la moindre envie d'arriver au pouvoir. La preuve, il a toujours fait exactement le contraire de ce qu'il fallait pour ça. Alors, la voir essayer vraiment...
    A mon avis elle aura ses chances en 2017 à moins que nous ne soyions en guerre civile depuis, au moins, disons... 2015. En effet, je doute très sérieusement que le candidat UMPS qui sera élu en 2012 puisse arriver au bout de son quinquennat.

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    1. non elle n' aura jamais ces chances on ne la laissera pas faire , si vous voulez défiler, et brandir le droit au non remboursement de l' IVG, je vous laisse la place ainsi que soutenir la laïcité bleu blanc rouge de marine lepen bien vous en fasse, le souffle de la révolte souffle en moi comme jamais et je ne crois pas être le seul.A bon entendeur!

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  5. Je ne soutiens pas le FN.

    Mais, je me suis demandé un temps si Mélenchon était "le nouveau Chevènement". J'y crois de moins en moins.
    Certes, il a reconnu (tardivement) que JPC avait raison sur Maastricht (et pas lui).

    Notons toutefois qu'il reconnait cela :
    - Quand il constate que les Verts vont avec le PS alors qu'il croyait s'allier avec eux.
    - Quand il devient évident que Chevènement ne se présentera pas. Il pense ainsi récupérer certains de ses partisans.

    Mélenchon n'arrête pas depuis 2008 de varier entre un discours républicain et la surenchère verbale pour plaire à l'extrême-gauche. Cela, Chevènement s'y refusait (sauf le jeune JPC des années 70).

    Mais, un fait récent pose problème.
    Rappel historique : aux législatives de 1978, le PCF ne présentait pas de candidats au 1er tour dans 4 circonscriptions. Dans 2 d'entre elles, il soutenait des gaullistes de gauche (dont le général François Binoche à Nice).
    Craignant des dérives, le PCF et la CGT n'acceptaient pas les groupes d'extrême-gauche dans leurs manifestations.

    Le 13 février dernier se déroulait une manifestation de soutien au peuple grec organisée entre autres par le Front de Gauche, le NPA, ...
    Nicolas Dupont-Aignan est hostile depuis le début aux plans d'austérité imposés à ce pays par le FMI (DSK puis Lagarde) et l'UE (Merkel/Sarkozy) pour sauver l'euro. Sa présence à cette manifestation était donc légitime. Or, il s'est fait virer par des nervis liés aux organisateurs.

    En 1978, le PCF soutenait 2 gaullistes et virait les gauchistes.
    En 2012, il se tait (voire participe) quand les gauchistes virent un gaulliste.

    Le pire, c'est que le "grand républicain" Mélenchon se tait aussi.
    Et ensuite, il reprochera sans doute à NDA de ne pas aller dans les manifs !!!

    Concernant Marine Le Pen, on a le droit de la critiquer, voire de polémiquer.
    Mais, est-il acceptable de l'empêcher d'accéder à certaines parties de la République ? Or, c'est ce qu'ont essayé de faire certains à la Réunion.

    Et lors de son meeting à Villeurbanne (retransmis sur les chaines d'information permanente), Mélenchon se proclamait solidaire de ces "démocrates" réunionnais.
    Il provoquait des applaudissements frénétiques dans la salle.
    Le pâle Pierre Laurent, dirigeant du parti qui fut celui du tonitruant Georges Marchais reprenait même "des couleurs" en applaudissant à tout rompre.
    Cette "solidarité", ces applaudissements sont-ils dignes de démocrates ?

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  6. Je viens de consulter le lien de Fabrice Restier (lié à l'expulsion de Dupont-Aignan).
    J'invite à le lire.
    On reste confondu : Mélenchon justifie sans justifier cette scandaleuse expulsion. Il ajoute la tartufferie au déni de démocratie.

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  7. Je reviens sur l'effarante justification de Mélenchon concernant l'expulsion de Dupont-Aignan.
    D'abord, renvoyons à son blog (ce que fait Restier) pour montrer que c'est bien du Mélenchon et non une interprétation :
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2012/02/15/pares-a-la-manoeuvre/#more-10626

    Quand je lis son argumentation, je constate qu'il s'en prend aux "billevesées des frustrations nationalistes". Cela me rappelle quelque chose :
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2009/06/15/questions-existencielles/
    (Aller à "suis-je un traitre organique ?").
    Donc, le 15/06/2009, il élude la question de son soutien à Maastricht en 1992.
    Un de ses arguments est : (les critiques) "TOUS se référaient à une idée dans laquelle la Nation était centrale. Cela ne correspondait pas à notre grille d'analyse".

    TOUS ? Donc aussi le PCF et Chevènement qui étaient hostiles à ce traité en 1992.
    Alors, quel Mélenchon faut-il croire ?
    Celui qui déclare récemment que "c'est Chevènement qui avait raison" ? Ou celui qui fustige le "nationalisme" de NDA, explicitement, en ce mois de février 2012, mais aussi du PCF et de Chevènement, implicitement, en juin 2009 ?

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    1. Pepe, un troll anti Mélenchon? Après une FN boudeuse un aspirant mauvais joueur.

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  8. Je crois que MLP entendait protester contre le fait qu'elle est la seule candidate à qui on entend imposer un contradicteur. En particulier, Juppé aurait refusé de débattre face à Mélenchon et France 2 n'aurait pas insisté. Est-ce exact?

    Par ailleurs l'émission ne semble pas avoir eu de répercussion négative sur la vente de son livre, en tous cas: dans la catégorie Livre Politique, il est désormais 2e sur Amazon derrière.. ironie du sort, Gérard Dalongeville (Rose Mafia). Et 6e toutes catégories confondues. N'y aurait il pas un hiatus entre la perception de l'intelligentsia (ou disons les Bac + 3 et +) et celle du grand public?

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  9. oui c'etait etrange, cependant contrairement a toi je trouve qu'il etait un peu normal de ne pas debattre avec quelqu'un qui passe son temps a vous insulter, et de maniere assez peu intelligente, des excuses (improbables) auraient été logique. Melenchon je le trouve depuis peu insupportable, quasiment anti republicain, son refus egalement de comdamner les actes contre dupont aignan, agressé par ses fideles, les manifs empechant les meeting d'autres candidats, et bien non désolé, ce parti est un fn de gauche, pas plus frequentable. Le trouver alors rigolo voir malin ne passe pas pour moi, il est sournois et pas franchement a la hauteur d'une election presidentielle non plus...

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  10. Mélenchon a tendance à traiter les électeurs du FN de "gogols".
    En 1995, Georges Marchais qui n'était plus secrétaire général du PCF faisait une analyse plus intelligente dans un discours à Nice :
    http://www.humanite.fr/node/196895

    Le PCF qui traquait les trotskistes dans les années 30 et 40 (de façon inadmissible quoiqu'on pense de ce courant), qui les refusait dans les années 60 et 70, s'est offert pour 2012 à quelqu'un dont il est évident su'il porte la culture trotskiste la plus antidémocratique.

    Mélenchon ne sauvera pas le PCF à l'agonie. Il est en train de "l'achever".
    C'est ce que pense avec raison André Gerin (député PCF du Rhône).
    C'est ce qu'ont pensé les 40% d'électeurs adhérents du PCF qui ont refusé Mélenchon en juin dernier. Ils viennent souvent des fédérations qui résistent le plus, les plus ouvrières ou populaires :
    http://www.pcf.fr/sites/default/files/resultat_vote_16_17_18_juin.pdf

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    1. Des arguties qui ont au moins le mérite de coller avec le nom dont vous vous êtes affublé...Pépé.
      Pépé qu'as tu fait de ta jeunesse ?

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    2. Pepe (et non Pépé), c'est le diminutif de José en espagnol.
      Comme Paco, c'est le diminutif de Francisco.
      Il existe donc des "Pepe" de tout âge même si le mien est celui d'un retraité.

      Ceci étant, l'expérience est-ce un mal ?
      Ça évite au moins de croire au "Père Noël" politique.

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    3. Pepe vu que tu sembles avoir le temps de lire des billets désespérés d'opposant simpliste à la politique du gauche gauche , tant votre appartenance à ce système libérale nous faisant glisser vers la récession m'interpelle , opposant dans mon esprit ces gens du front populaire qui on combattu pour vous offrir votre place si enviable visiblement à cette population silencieuse,qui pendant la seconde guerre mondial à accepter un compromis avec le reich en donnant des milliers de juifs entre autres infamies.Allez donc voire le reportage "A la droite de dieu " sur youtube et justifier de ce qui est dit,si la "mère fouettard" à votre crédit.Sachez également que le soulèvement du peuple contre un systeme qui ne lui convient part toujours d' idées qui paraissent folles alors oui !je crois au père Noel!

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  11. Remettre le couvert en débattant à nouveau avec le bretteur-bateleur Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas manqué d’abaisser Marine Le Pen, surtout après les insultes proférés par JLM. En signifiant qu’elle ne jouait pas dans la même cour (elle ferait la course en tête d’après certains sondages officieux) MLP ne s’est pas trop mal tirée du piège qui lui était tendu.

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  12. L'avis d'un sociologue des médias belge :
    http://www.lesoir.be/actualite/france/2012-02-24/pari-risque-et-perdu-pour-marine-le-pen-899087.php

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