« Tintin au Congo, BD raciste », on connaissait. Cette blague belge est inscrite dans notre patrimoine indignatoire depuis belle lurette. Ce qu’on savait moins, en revanche, c’est qu’il existe nombre de bandes dessinées nazies. Tour d’horizon :
Il y a quelques mois, un génie trop injustement méconnu répondant au nom d’Antoine Buéno publiait un Petit livre bleu dans lequel il livrait la quintessence de sa pensée politique. Pour lui, "la société des Schtroumpfs est un archétype d'utopie totalitaire empreint de stalinisme et de nazisme". Le grand Schtroumph ? Une représentation de Marx. La Schtroumphette ? Une potiche blonde dégoulinante d’une niaiserie toute antiféministe. Quant au méchant sorcier, ennemi juré des lutins bleus, il est laid, avare et affublé d’un nez crochu. Pour le prospectiviste (sic), la messe est dite : « comme les capitalistes occidentaux dans la propagande communiste, Gargamel est mû par la cupidité, l'intérêt égoïste et aveugle. Il a tout du juif tel que la propagande stalinienne le représente ».
L’histoire aurait pu s’arrêter là, et l’on aurait dit de Buéno « qu’il a tout du parfait charlatan tel que le bon sens populaire se le représente ». Hélas, l’homme a fait des émules. C’était au tour de Michel Serres, dimanche dernier, de vilipender une fable. Dans sa chronique du 18 septembre sur France Info, l’homme s’en prenait à Astérix et Obélix, héros d’un « album de revanche et de ressentiment », faisant systématiquement l’apologie de la violence sous stupéfiants (la potion magique) et typiquement fascistoïde dans son « mépris forcené de la culture ». Il est vrai que les libations des intrépides gaulois se passent souvent hors de la présence du barde, dûment attaché et bâillonné. On aurait pu y voir une dénonciation systématique et implacable des élégies mièvres de Francis Cabrel avant qu’il ne tonde sa moustache. Serres, lui, y décèle plutôt la Goering-attitude : « quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ».
Et l’on se prend à trembler en se rappelant les horreurs qu’on a sans doute offertes à nos enfants. N’avez-vous jamais songé que le monde enchanté de Winnie l’Ourson, peuplé d’animaux interlopes, n’est peut-être qu’une allégorie de cette bestialité froide tapie en nous et qui ne demande qu’à surgir ? N’avez-vous pas entrevu que l’appétence de l’ursidé pour le miel et sa tendance à chaparder ce nectar n’étaient probablement rien d’autre qu’une apologie de la gourmandise et du vol, autrement dit d’un péché doublé d’un crime ?
Heureusement qu’il reste les poupées. A condition bien sûr qu’on évacue la célèbre Barbie, dont on n’a point encore élucidé le mystère de ses liens avec Klaus….
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Merci pour cet éclairage sur Astérix le nazix!
RépondreSupprimerA noter que le "Petit livre bleu" de Buéno est une refonte d'un de ses précédents romans, dont je parlais ici:
http://fattorius.over-blog.com/article-c-est-encore-loin-grand-schtroumpf-79521790.html
Ce "triptyque de l'asphyxie" présente une richesse certaine: il n'y a pas que les schtroumpfs dans la vie, il y a aussi les amuseurs publics vicieux...
Que lisaient les allemands de 1900 à 1910?
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