Traduire / Translate

jeudi 22 décembre 2011

Chroniques de l’arène ordinaire : l’Avent


Noël moins trois jours. Je me demande bien de quoi causer dans « l’arène nue » en ce temps de trêve des confiseurs, où personne n’est disposé à lire des articles sérieux, et où ceux que sur Twitter on appelle #lesgens, ne pensent qu’à camoufler leur peine sous une couche épaisse de joie feinte.

La peine qu’ils éprouvent à Noël,  parce que leur famille est en lambeaux, et qu’ils ignorent qu’elles le sont toutes. La famille, c’est le lieu de l’amour comminatoire, donc de la haine expiatoire. Qui a aimé sur ordre doit un jour se racheter, sous peine de ne plus oser affronter un miroir.

La peine qu’ils éprouvent au Nouvel an, ensuite, parce qu’ils n’ont pas un seul véritable ami avec qui trinquer à la santé du temps qui passe, et sans lequel nous n’aurions pas le bénéfice d’avoir la vue qui baisse, le rides qui se creusent, le dos qui se voûte, et la perspective d’être délivré un jour et pour l’éternité des affres de la musique d’ascenseur et des chroniques hebdomadaires de Louis-Georges Tin dans le supplément « livres » du grand quotidien du soir.

La peine au carré, donc, sur fond de dépenses somptuaires, de queue aux caisses des Galeries Lafayette, de promiscuité malodorante dans les transports en commun, et, souvent, par temps froid.

Bref, ce n’est pas le moment de casser les bonbons à #lesgens avec des récriminations continuelles sur l’abomination que constituent tout à la fois l’Europe de Maastricht, les tripes à la mode de Caen, et l’œuvre littéraire de Nina Bouraoui.

Je devrais plutôt faire un truc ludique. Une critique de film, par exemple. Ca plait à tous les coups, les critiques de films. Même quand le blog-trotter n’a pas beaucoup de temps de cerveau disponible ni devant, ni derrière, ni par devers lui.

Je pourrais par exemple chanter les louanges de « Mission impossible - protocole fantôme » avec Tom Cruise. Il commence à avoir quelques heures de vol au compteur, l’ancien Top Gun, mais malgré tout, Tom Cruise, ça marche toujours : tout juste assez macho pour être hyper sexy sans être franchement odieux.

Et puis, les critiques de nanars, c’est facile à écrire. Enrobé d’un peu de littérature classique et de quelques souvenirs philosophiques vaguement faisandés qu’on ira racler dans les profondeurs glauques d’une mémoire déclinante : l’imposture se soupçonnera à peine. Surtout si le lecteur pressé doit s’esbigner rapidement pour aller fourrer la dinde, tronçonner le foie gras et moucher le nez de la petite dernière qu’en finit plus de renifler, même que probablement, on n’en f’ra rien, de cette gamine.

Ma copine A., qui a toujours été plus intelligente que moi, mais que j’ai cessé de jalouser depuis que j’ai compris que ça ne fait pas le bonheur, m’a conseillé d’éviter de parler de moi-même avant d’être suffisamment célèbre pour que ce « je », qui s’adresse à #lesgens, leur dise vaguement quelque chose.

Du coup, il faut absolument que je résiste à la tentation de cette chronique odieusement narcissique d’entre-deux-fêtes écrite à la première personne. Mieux vaut parler d’un truc impersonnel et badin. Je pourrais proposer une réflexion sur la véritable nature – communiste ou pas – du régime nord-coréen, au sujet duquel tout le monde s’indigne parce que c’est convenable, mais dont, au fond, tout le monde se fout, parce que c’est lointain.  

Je pourrais aussi lancer un débat à la noix. Tenez, il parait que nous vivons dans une société totalement sécularisée. Malgré tout, Noël demeure le jour de la naissance du fils de Dieu, et cela, tout le monde le sait.

Croyez-vous qu’il y ait beaucoup de #lesgens qui parviennent à s’affranchir de cette idée théologique et à copuler le 25 décembre ? Honnêtement, vous pourriez, vous ?

Tom Cruise : tous juste assez macho pour être
hyper sexy sans être franchement odieux












_____________________

3 commentaires:

  1. tu vérifies ma fidélité ou.... ?
    Je te lis, je te relis , te rerelis, malgré le nez de la petite qu'en finit pas de renifler (et qui fera bien ce qu'elle peut)
    et je me régale toujours, même quand tu dis Je, que je ne crois pas t'avoir conseillé de ne pas dire "pour dire quelque chose aux gens" (je sais bien que tu te fous des gens et tu sais bien qu'on dit pas "les gens", c'est pas joli). Si c'est bien moi "la copine A" (et non, je le note, la "véritable amie avec qui trinquer à la santé du temps") , alors je rectifie publiquement quelques approximations :
    a-ne résiste pas à la tentation des chroniques odieusement narcissiques, tu fais ça si bien. Sans plaisanterie : j'ai toujours adoré ta façon de parler avec désinvolture et/ou légèrement des choses lourdes et sérieuses - que tu le fasses en parlant de toi, d'un petit cochon ou d'un anonyme-archétype, on s'en fout.
    b- je n'ai jamais été plus intelligente que toi; et ce n'est pas parce que ton père me mettait de meilleures notes qu'il faut croire le contraire, car, en effet : b' : il faut bien que tu admettes que tu n'en branlais alors pas une , quand moi je bûchais 25 heures sur une copie (ce qui en dit long sur mon intelligence) ; b'' : je soupçonne ton père d'avoir ainsi réglé à sa manière tordue (la tienne) un petit chose oedipien ? b''': allez non, je blague. b'''' : je te soupçonne d'avoir ainsi réglé, à ta manière tordue (la sienne) un petit quelque chose oedipien en en branlant pas une ( ?)
    Pourquoi pas la réflexion sur le Kim-il-machin qui tombe raide mort à quelques jours près de la naissance du christ , c'est pas dingue? Ou mieux, une petite réflexion sur le titre du Monde à ce sujet : la mort d'un dictateur "imprévisible et irrationnel". Y 'en a-t-il des prévisibles et des rationnels ?
    "A" ( je crois)

    RépondreSupprimer
  2. Coucou, "A"

    Tu as raison, c'est bien de toi qu'il s'agit. En revanche, tu as tort sur plusieurs points :

    - il est faux de dire que je n'en branlais pas une. C'était sans doute vrai en maths, pas en philo. Tu passais 25 heures sur une copie ? Diantre, j'étais convaincue d'être la seule. En plus, moi, j'avais la bibliothèque idoine à demeure.

    - je pense que tu es plus intelligente que moi, mais franchement, c'est pas bien grave. Je me suis aperçue qu'il y en a tout plein dans ce triste monde qui n'a finalement pas été construit autour de mon nombril,le salaud,

    - il ne faut pas dire du mal de mon père parce qu'il nous mettait quand même de vachement bonnes notes à l'école (mais pas encore assez au regard des 25 heures de travail par devoir).

    RépondreSupprimer
  3. et c'était un vachement bon prof - jamais je ne dirai du mal de lui, voyons !

    RépondreSupprimer