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jeudi 14 mai 2015

Charlie, Todd, le bébé et l'eau du bain







Le texte ci-dessous est une réflexion autour du livre d'Emmanuel Todd, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il a ébouriffé du monde. Moi y compris. D'une part parce je le trouve à la fois brillant et contestable, ce qui n'est pas une mince affaire. Ensuite parce que j'ai l'impression que son auteur vient peut-être de marquer un but contre son camp, ce qui me désole. Enfin parce qu'il me semble qu'il a souvent été lu comme s'il était un bloc, ce qui peut hélas conduire à louper le meilleur. 

Il est vrai qu'il est difficile de se retrouver dans l'ouvrage de Todd pour les gens qui, tout comme lui :
- s'opposent vigoureusement à la construction européenne telle qu'elle va, et aspirent à se débarrasser au plus vite de la monnaie unique,
- éprouvent du respect pour la Russie, et voient parfaitement ce que la France aurait à gagner à se rapprocher de ce grand pays,
- n'hurlent pas au scandale quand ils entendent dire qu'il existe, au sein de la classe politique française et notamment dans le rapport à l'Allemagne, un petit quelque chose de l'ordre du « vichysme post-moderne », selon une expression du ministre grec Yanis Varoufakis que ne renierait sans doute pas Todd, 
- ont le cœur à gauche mais rejettent absolument le catéchisme du « droit à la différence », tant ils sentent tout le potentiel ségrégatif qui se niche dans les idées faussement généreuses de la gauche « diversitaire »,
- sont favorables l'exogamie, absolument pas hostiles à l'idée d'une France multiethnique, mais très hostiles, en revanche, à celle d'une France multiculturelle,
- sont prêts à convenir que les manifestations du 11 janvier 2015 ont avant tout réuni des  représentants des catégories supérieures et intermédiaires, qu'il n'y avait là ni « les banlieues », ni l'électorat du Front national issu des catégories populaires, et que ça ne plaide que moyennement en faveur de la thèse de « l'immense sursaut populaire ». 

Il est difficile, donc, de se retrouver dans l'ouvrage d'Emmanuel Todd pour des gens qui lui ressemblent, mais qui pourtant
- sans trouver Charlie Hebdo fantastiquement drôle, rejettent l'idée que ce journal soit « islamophobe ». Et rejettent plus encore la comparaison des caricatures de Mahomet à celles des Juifs de jadis. Caricaturer Mahomet, c'est se moquer de croyances, d'idées, pas d'individus, 
- sont résolument laïques (mais non « laïcards » ou « laïcistes » ), et ne trouvent pas judicieux d'abandonner la laïcité soit aux européistes et aux néolibéraux (qu'en feraient-ils ?) soit aux groupes d'extrême-droite qui l’instrumentalisent (voir un article ici à ce sujet). 

Il m'a donc semblé important de mettre un peu d'ordre dans tout ça, de trier les patates et d'essayer de déterminer s'il faut noyer - ou pas - le bébé dans l'eau du bain. 


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Il y a du monde dans le dernier livre d'Emmanuel Todd. S'y bousculent pêle-mêle des « laïcistes radicaux », des « néo-républicains », des « MAZ », ainsi que les désormais célèbres « catholiques zombies ». A en croire le démographe, tout ce que le pays compte de gens « pas sympas », ou, plus exactement, de gens « sympas-en-apparence-mais-dangereux-dans-leurs-tréfonds », serait descendu dans les rues de France le 11 janvier 2015 pour exprimer son « islamophobie ». Bref, le 11 janvier, c'était un peu Freaks ou la monstrueuse parade

On comprend que ceux qui ont foulé le pavé ce jour-là aient été choqués par la thèse. Blessés même. On sait - le nier serait immodeste - qu'il existe des « inconscients collectifs » et qu'on est  souvent mu par des déterminismes qu'on ne soupçonne même pas (les intérêts de classe, par exemple). Pourtant, les individus ne sont jamais que cela, et les citoyens moins encore. On l'espère en tout cas. Car comment croire encore à la démocratie si l'on rejette l'hypothèse d'un citoyen autonome, capable d'exercer sa raison et de faire des choix libres ? Emmanuel Todd le sait d'ailleurs puisqu'il concède qu'« on ne peut jamais enfermer une personne dans une détermination anthropologique » (p.171).

On n'aime donc guère, en tant qu'adulte s'estimant responsable et capable de formuler un jugement en conscience, s'entendre expliquer que ce pour quoi on dit avoir manifesté n'était que le faux nez de motivations troubles. Et l'on n'aime guère écoper d'un procès en « racisme refoulé » quand on a seulement souhaité exprimer cette idée simple : il est inadmissible d'assassiner pour des dessins, et la liberté d'expression ne se discute pas. Ça encore, Todd le sait puisque la conclusion du livre énonce ceci : « le droit au blasphème est absolu. Les forces de l'ordre doivent assurer la sécurité des blasphémateurs. Les ministres de l'Intérieur qui échouent dans cette tâche doivent rendre des comptes à la nation » (p.233). 

L'auteur a donc pris le parti délibéré de choquer. Ou de blasphémer si l'on veut. Car oui, ainsi qu'il l'affirme, il y avait bien une dimension religieuse dans le mouvement « Charlie ». Il y avait, comme l'explique Régis Debray, « un sacré retrouvé [qui] n'a pas été avoué, mais vécu dans l'émotion fusionnelle qui est son signe distinctif ». Il y a donc eu l'inévitable corollaire de toute religiosité : l'interdiction faite aux sceptiques de formuler leurs doutes sous peine d'être conspués. Ce que nous avons sacralisé, écrit encore Debray, « c'est l'idée qu'on peut rire de toute chose. Sauf des rieurs, bien entendu, surtout quand la mort les a plus qu'héroïsés : sacralisés ». Dans ces conditions, gare à celui qui osait - et qui ose encore - n'être point Charlie. Il s'expose à subir les effets répressifs d'un singulier « maccarthysme démocratique » (Debray toujours), celui-là même qu'Emmanuel Todd a décidé de mettre au défi. 

La démarche est louable mais le ton défrise. On sent un peu la volonté de « choquer le bourgeois ». L'un des objectifs de l'auteur de Qui est Charlie ? est bien d'ailleurs de montrer l'uniformité sociologique des manifestations du 11 janvier, essentiellement peuplées de représentants des classes moyennes et supérieures et provenant en masse, selon les cartes figurant dans l'ouvrage, des régions fraîchement déchristianisées ou « catholiques zombie »(1). Toutefois, en adoptant un ton polémique, Todd  aboutit peut-être à ce qu'on passe à côté du meilleur de son livre. Car cet essai est aussi - surtout ! -, une réflexion argumentée, parfois même magistrale autour de la valeur d'égalité, de la centralité qu'un certain nombre de déterminants anthropologiques ont conféré à celle-ci dans l'histoire de notre pays, et de la manière dont, hélas, elle dépérit. 

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Si Emmanuel Todd semble n'avoir guère de tabous, il a ses totems. Son sacré à lui, c'est l'idée égalitaire et tout ce qui va avec : une inquiétude face au décrochage des milieux populaires, une préférence nette pour le mélange des gens donc pour l'exogamie, un assimilationnisme assumé (2) qui se défie du discours faussement bienveillant mais authentiquement excluant porté par la gauche differentialiste : « officiellement, le PS est depuis les années 1980 le défenseur des immigrés et de leurs enfants. Son « antiracisme » est constant. Il a patronné le mouvement SOS Racisme (…) il évoque encore de temps en temps le droit de vote des étrangers aux élections locales. Cet engagement s'est toutefois inscrit dès le départ dans une logique multiculturaliste qui insiste sur le « droit à la différence », symptôme pour ainsi dire clinique d'ancrage dans un inconscient inégalitaire » (p. 170).

On ne peut qu'être séduit par l'attachement du démographe à l'idée d'égalité, de même que par l'originalité des analyses qu'il formule autour de ce thème. On l'a sans doute trop peu dit mais l'essai est d'abord né d'une volonté de comprendre la montée dramatique de l'antisémitisme dans les banlieues. Le facteur explicatif donné ici est le suivant : cet antisémitisme serait le fruit d'un égalitarisme perverti, ou d'une « xénophobie universaliste ». Il serait principalement le fruit d'un tropisme égalitaire contenu en germe dans la « famille communautaire arabe » (3) et profondément contrarié par la "différence juive" pour deux raisons. D'une part parce que celle-ci, justement, est différence. Ensuite parce la capacité des Juifs à faire vivre cette différence les protège d'un mal qui dévore nos sociétés postmodernes, l'anomie. « Les individus d'origine maghrébine sont (…) beaucoup plus menacé par l'anomie que par le communautarisme » or « dans le contexte d'une atomisation du milieu social environnant, on imagine plutôt les juifs pratiquants enviés. Leur communautarisme les met à l'abri du vide » (p. 218). Une sorte de jalousie, en somme, vis à vis d'un communautarisme vécu comme plus performant, et déjà pressentie par un auteur comme Julien Landfried. Ce dernier, dans un essai  paru en 2007 (4), évoquait déjà l'existence d'un « antisémitisme de ressentiment »....

La « xénophobie universaliste », oxymore s'il en est, explique également selon Todd, l'attrait exercé par le Front national, de manière paradoxale, sur une partie de l'électorat des zone égalitaires françaises, phénomène déjà largement décrit dans Le Mystère français (recension ici). Cet électorat serait en fait exaspéré par la rémanence de différences visibles au sein des populations d'origine immigrée, cependant que son égalitarisme originel le pousse naturellement à stipuler que tous les hommes se ressemblent. En résulte un racisme réactif qui signe l'incapacité de « l'homme universel » à admettre la dissemblance, fût-elle transitoire, de populations d'origine étrangère en cours d'assimilation.  

Cette interprétation de la montée du vote FN et de sa localisation géographique est non seulement originale, mais également convaincante. Il faut sans doute y ajouter que le Front national s'est montré capable, sous la houlette de Marine Le Pen, de préempter le discours qui fut jadis celui de la gauche républicaine, un discours à la musicalité égalitaire que le président de la République est allé jusqu'à comparer récemment à celui du Parti communiste des années 1970. Rappelons enfin que le FN s'est arrogé le quasi monopole de la critique eurosceptique. Et pour cause : pétrifié à la pensée de « blasphémer l'Europe », les autres partis politiques se refusent de le lui disputer. Or le moins que l'on puisse dire est que la construction européenne est un formidable multiplicateur d'inégalité. A l'intérieur des pays membres d'abord : comment une Europe de la monnaie serait-elle être autre chose qu'une Europe de l'argent donc favorable aux populations les plus aisées ? Ensuite parce qu'elle favorise la hiérarchie entre les nations qui la composent. La survalorisation du « modèle allemand » et la muflerie quasi raciste dont sont victimes les peuples d'Europe du Sud le montre de manière spectaculaire. 

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Restent la charge contre le « laïcisme radical » d'une part, celle contre « l'islamophobie » d'autre part. 

Quant au procès du « laïcisme radical », il est difficilement compréhensible sous la plume d'un défenseur ardent de l'égalité. On saisit, si l'on est attentif, qu'Emmanuel Todd vise avant tout ceux qui considèrent que la laïcité seule vaut d'être défendue, et que le combat mené tambour battant en faveur de celle-ci dispense de mener tous les autres : « nombre d'intellectuels d'une gauche soi-disant critique ont été aspirés par la revendication de laïcité, substitut de la critique du libre-échange et de l'euro dont ils sont incapables » (p. 102). C'est là chose très juste, et cela méritait d’être dit, d'autant que le combat laïc mené de manière exclusive est voué à tourner dans le vide. Car évidemment, les politiques économiques et européennes menées depuis trente ans creusent les inégalités, contribuent à la déréliction du corps social, disloquent la nation et favorisent l'anomie. Évidemment, l'anomie génère la tentation de trouver refuge dans la religion : à défaut de pouvoir s'intégrer à une communauté nationale qui s'autodétruit, on cherche à s'intégrer à autre chose. Évidemment donc, tout cela contribue à durcir les attachements religieux de substitution, donc à fragiliser la laïcité. Le serpent peut ainsi continuer se mordre la queue à l'infini....

Pour autant, on ne peut s'empêcher de se désoler des attaques répétées à l'endroit du « laïcisme », car elles tendent à jeter le discrédit sur une laïcité qui, si elle ne doit pas être défendu seule, n'en mérite pas moins de l'être ! Sans compter que l'étrange concept de « laïcisme » pose un problème de logique. Il laisse penser qu'être laïque est une option spirituelle comme une autre, susceptible elle aussi de dérive intégristes, ce qui est - ce qui devrait être en tout cas - impossible. En effet, la laïcité n'est en aucun cas une foi mais un mode d'organisation de la société visant à rendre tous les individus égaux devant la possibilité de pratiquer telle ou telle religion, ou de n'en pratiquer aucune. Comme expliqué ici, elle est « une organisation politique de la tolérance, un moyen de la rendre obligatoire en lui donnant la forme de la loi », donc en se prémunissant du caractère purement subjectif de la tolérance individuelle. Qu'est-ce alors que le « laïcisme» ? Un intégrisme de l'égalité de tous dans la liberté de conscience ? Une déviance totalitaire de la tolérance ? On est perplexe.

« L'islamophobie » enfin, que l'auteur de Qui est Charlie ? semble supposer commune, au moins à l'état latent, à l'ensemble des manifestants du 11 janvier et, en amont, aux journalistes de Charlie Hebdo, est l'autre notion problématique dans le livre. Il serait bien sûr idiot de nier qu'une telle passion triste pût exister mais enfin, la mettre dans le même sac que la gaudriole anticléricale.... Todd va jusqu'à écrire que « le blasphème soit sur sa propre religion ne devrait pas être confondu avec le droit au blasphème sur la religion d'autrui » et à déplorer que l'on puisse s'autoriser à moquer « la religion d'un groupe faible et discriminé » (p.15). Mais enfin, de quel groupe faible et discriminé parle-t-on, dès lors qu'un chapitre entier est consacré à rappeler - très justement - la nocivité et l'absurdité d'une essentialisation des Français musulmans ? Enfin, faut-il le rappeler, pour un athée, la religion quelle qu'elle soit est toujours la religion de l'autre. 

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Qui est Charlie ? est tout sauf un quick book écrit sur le coin d'une table entre la poire et le fromage. C'est un livre dense et souvent très brillant. Mais sa particularité - qui explique sans doute l'émotion générée par sa parution - est qu'il semble parfois mêler deux niveaux de discours

Il y a d'abord le discours scientifique, à partir de l'analyse d'un fait social, le « 11 janvier ». Le sérieux de cette analyse, qui reprend beaucoup des travaux antérieurs du démographe, ne fait aucun doute, quoi qu'aient pu en dire des commentateurs fâchés. Mais se mêle à l'ouvrage un certain nombre d'appréciations plus idéologiques - notamment dans l’introduction - qui rendent parfois la lecture presque douloureuse. 

Bref, ce livre n'est pas un bloc. La bonne façon de l'aborder - car il faut l'aborder - reste sans doute comme préconisé ici, de le « débarrasser de sa gangue de portnawak ». 


(1) Cette notion semble avoir beaucoup choqué. Pourtant, était déjà hyper-présente dans Le Mystère français (2013) et n'avait pas fait réagir à l'époque. Dans un entretien publié ici, il est défini comme « un catholicisme qui est mort religieusement, mais socialement vivant ».

(2) En réalité, dans Le destin des immigrés, publié au milieu des années 1990, Todd manifeste déjà sa préférence pour l'assimilation, et explique que le différentialisme est en fait le produit de structures familiales inégalitaires. 

(3) Dans les travaux de Todd, on retrouve toujours quatre grand type de systèmes familiaux:la famille nucléaire absolue,   la famille nucléaire égalitaire, la famille souche et la famille communautaire. La famille communautaire correspond à un système familial dans lequel les relations parents/enfants sont plutôt autoritaires, mais les relations entre frères plutôt égalitaires. 

(4) Julien Landfried, Contre le communautarisme, Armand Colin, 2007.


61 commentaires:

  1. Brillant, chère Coralie. Je comprends pourquoi tout à coup Todd réussit l'exploit d'être détesté par Aram et Rioufol. Mais allez expliquer à des gens qui disent "aimer le débat" mais surtout s'écouter en fait que l'on peut être d'accord sur un certain niveau de lecture et pas sur un autre.
    Merci, donc. Je n'arrivais pas à me dépatouiller pour parler de ce livre. Grâce à vous, ce sera possible.

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    1. Merci beaucoup Jérôme ! Je suis vraiment contente.

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    2. Je ne crois pas qu'on puisse avoir un débat avec une personne qui affirme détenir la vérité scientifique (alors qu'il s'est lourdement trompé sur le mariages mixtes) et que critiquer son livre c'est critiquer toute la sociologie. D'ailleurs c'est Todd qui n'aime pas le débat. Pourquoi le premier ministre ne pourrait pas intervenir sur son livre comme l'a fait pour d'autres ?

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    3. @Jérôme Leroy,
      une fois n'est pas coutume, je vais défendre Sophia Aram: sur son attaque contre Todd, elle a raison à 200%!
      Je refuse habituellement d'en parler, mais comme Aram, mes parents étaient des immigrés africains, qui nous ont inculqué (c'est bien le terme) le respect des valeurs françaises: bien travailler à l'école, respecter les lois, bref, se comporter en Français, et non en "Africains", comme ils disaient dans le temps. Aujourd'hui, depuis plus de 30 ans (cf SOS Racisme), la gauche nous somme de faire l'inverse de ce que nos parents exigeaient, en réclamant aux Français d'origine africaine ou maghrébine de se comporter...en Africains sur le sol français. Par contre, ils enjoignent les Français "de souche", d'accepter de s'acculturer, prétextant que tous les "de souche" qui refuseraient sont des racistes, des xénophobes,etc....
      Et c'est exactement le piège dans lequel Todd vient de tomber:
      il n'a pas compris que les 4 millions de manifestants de janvier dernier descendaient dans la rue pour défendre, non pas une fumeuse liberté d'expression, mais bien l'un de nos traits de caractère français: la laïcité, comme outil de liberté de conscience et de libre-examen, préalable indispensable à toute liberté publique. Sans laïcité, qui est consubstantielle à l'histoire de notre pays (au même titre que le catholicisme), sans possibilité de critiquer les religions, notre pays n'aurait effectuer autant de progrès qui pour la condition humaine, et qui justifient d'ailleurs le rayonnement qu'il a encore. C'est bien tout cela que Todd a fusillé dans ce libelle: il l'idiot utile de l'obscurantisme religieux, notamment musulman!
      Je suis également d'accord quand S.Aram fustige la forme des propos de Todd: condescendant, pontifiant (comme d'habitude, mais là, ça passe moins bien), et pour des descendants d'immigrés comme elle ou moi, passablement raciste... Bref, n'en jetez plus!


      CVT

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  2. Je reprends vos termes : "Car évidemment, les politiques économiques et européennes menées depuis trente ans creusent les inégalités, contribuent à la déréliction du corps social, disloquent la nation et favorisent l'anomie. Évidemment, l'anomie génère la tentation de trouver refuge dans la religion : à défaut de pouvoir s'intégrer à une communauté nationale qui s'autodétruit, on cherche à s'intégrer à autre chose. Évidemment donc, tout cela contribue à durcir les attachements religieux de substitution, donc à fragiliser la laïcité. Le serpent peut ainsi continuer se mordre la queue à l'infini...."
    Et je vous pose une question : comment expliquer alors qu'en Grèce où le religieux tient toute sa place les électeurs aient préféré la gauche radicale et soient attachés à leur identité nationale ?

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    1. La Grèce, c'est passionnant. Mais parfois, il faut savoir en sortir. Parler d'autre chose demeure possible....

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    2. SYRIZA est tout de même allié avec le parti ANEL, favorable au maintien du rôle de l'église orthodoxe dans le fonctionnement de l'Etat (La Grèce est l'un des pays les moins "laïque" d'Europe). Donc ce gouvernement a bel et bien inclus cet élément du religieux. Sans parler de sa propre religion, celle de l'euro.

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    3. Certes, Philippe. Mais comme l'a dit Varoufakis à la BBC, répondant à un journaliste odieux avec lui : Est -ce qu'on pose la question sur le même ton aux conservateurs anglais à propos de leurs alliances ? j'ajoute : et aux Ukrainiens ou Israéliens au pouvoir? cdlt th Mercier

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  3. Magnifique texte qui me permet d'être éclairé sur ce qui me gênait dans la lecture de Todd. Merci.
    Au delà j'ai toujours été plus ou moins sceptique sur les liens de cause à effet entre structures démo/anthropologiques et le monde tel qu'il est. Par contre je suis séduit par le manteau idéologique qu'il dévoile sur l'euro: un nouvel universalisme. De quoi mieux comprendre la capacité de résistance de la monnaie unique.

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  4. Analyse très intéressante. Vous n'êtes pas sur la même longueur d'onde que Todd au sujet du laïcisme et c'est là où ça coince. Todd en effet ne pense pas que les "athées" sont des elfes posés sur une flaque d'huile. Ils font réellement partie de la société française.
    Le libre-arbitre est menacé par le diable de la fausse conscience. L'émancipation, ou plutôt le processus d'émancipation des déterminismes expose l'individu à deux écueils : oublier que les déterminismes existent et croire en la création d'un "homme nouveau" hors-sol. Dans la grande masse des Français, le catholicisme n'est pas la religion "de l'autre" mais simplement celle de sa famille.

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    1. ça dépends, vous parlez de quel "catholicisme" ?

      Les croyants d'aujourd'hui sont très attachées aux valeurs laiques et aux principes humanistes...
      Mais surtout, la majorité des croyants d'aujourd'hui croient que les valeurs laiques et principes humanistes sont des principes chrétiens !

      C'est du pur pagano-christianisme : enfin plus du paganisme christianifié, qu'un mélange de christianisme et de paganisme.

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  5. Merci pour cette analyse. Le livre doit être compris à mon sens à deux niveaux. Le travail habituel de chercheur, passionnant et très documenté. Si l'introduction semble violente et Todd le reconnait lui même c'est que la colère, la vie bien souvent en troupeau d'un grand nombre, sans recul, l'a poussé à s'exprimer au delà de la simple froide analyse. Todd fait partie de ceux qui encore dans son milieu s'intéresse aux classes populaires dont les conditions de vie se détériorent. Heureusement que cet intérêt l'habite et passons sur l'introduction forcée pour dire comme d'habitude son travail de chercheur est brillant. Les réactions violentes et négatives : il a fait mal quelque part et peu de critiques portent sur le fond mais sur ses interviews ou la simple introduction de son livre.

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  6. Désolé chère Coralie de venir mettre un bémol à votre subtile composition. Mais il semble que le moindre reproche qu'il faut y faire : c'est que vous tentez de noyer le bébé dans l'eau du bain. Par deux fois.
    En effet il ne vous a pas échappé que le thème central du combat d'Emmanuel Todd est celui de l'égalité. Mais à chaque fois que vous y faites référence c'est soit pour lui opposer la question de l'antisémitisme, soit pour le diluer dans celle de la laïcité.
    1. "On ne peut qu'être séduit par l'attachement du démographe à l'idée d'égalité, de même que par l'originalité des analyses qu'il formule autour de ce thème. On l'a sans doute trop peu dit mais l'essai est d'abord né d'une volonté de comprendre la montée dramatique de l'antisémitisme dans les banlieues"
    2. Quant au procès du « laïcardisme », il est difficilement compréhensible sous la plume d'un défenseur ardent de l'égalité. On saisit, si l'on est attentif, qu'Emmanuel Todd vise avant tout ceux qui considèrent que la laïcité seule vaut d'être défendue, et que le combat mené tambour battant en faveur de celle-ci dispense de mener tous les autres : « nombre d'intellectuels d'une gauche soi-disant critique ont été aspirés par la revendication de laïcité, substitut de la critique du libre-échange et de l'euro dont ils sont incapables [...] En effet, la laïcité n'est en aucun cas une foi mais un mode d'organisation de la société visant à rendre tous les individus égaux devant la possibilité de pratiquer telle ou telle religion, ou de n'en pratiquer aucune.»
    Même s'il faut vous rendre grace d'avoir esquissé ce soucis de l'égalité chez Todd : "Son sacré à lui, c'est l'idée égalitaire et tout ce qui va avec : une inquiétude fasse au décrochage des milieux populaires [...]" ; et souligné la dimension politique de cette valeur républicaine
    "C'est là chose très juste, et cela méritait d’être dit, d'autant que le combat laïc mené de manière exclusive est voué à tourner dans le vide. Car évidemment, les politiques économiques et européennes menées depuis trente ans creusent les inégalités, contribuent à la déréliction du corps social, disloquent la nation et favorisent l'anomie." Au final on comprend qu'il n'y a dans votre texte : aucune prise de position en faveur du respect de ce principe assurant la cohésion du corps social et restaure le consensus ; nulle proposition concrète de prendre au serieux cet enjeu. Au contraire vous semblez enchanté pour éviter ce "passage à l'acte républicain" de sortir cette jolie formule en forme de pirouette : "Le serpent peut ainsi continuer se mordre la queue à l'infini...." 1/2

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  7. Une pirouette qui n'est pas isolée dans votre texte et qui ne saurait déparer puisqu'il y en a d'autres pour disqualifier le propos de "Qui est Charlie?" :
    - "On sait - le nier serait immodeste - qu'il existe des « inconscients collectifs » et qu'on est souvent mu par des déterminismes qu'on ne soupçonne même pas (les intérêts de classe, par exemple). Pourtant, les individus ne sont jamais que cela, et les citoyens moins encore. On l'espère en tout cas. Car comment croire encore à la démocratie si l'on rejette l'hypothèse d'un citoyen autonome, capable d'exercer sa raison et de faire des choix libres ?"
    - "Qu'est-ce alors que le « laïcardime » ? Un intégrisme de l'égalité de tous dans la liberté de conscience ? Une déviance totalitaire de la tolérance ? On est perplexe."
    - "Mais enfin, de quel groupe faible et discriminé parle-t-on, dès lors qu'un chapitre entier est consacré à rappeler - très justement - la nocivité et l'absurdité d'une essentialisation des Français musulmans ?"
    Sous ce ton primesautier, impossible de dissimuler vraiment cette discordance. Sous les violons de beaux sentiments quasi-universalistes - soutenu par une belle vocalise rhétorique, on entend en sourdine le ton de volonté farouche à l'inaction, au statut quo qui caractérise une certaine classe d'influence. Elle avance en fanfare la néo-République ! 2/2

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    1. Bonjour,

      Je pourrais trouver votre critique pertinente si ce texte était le seul que j'aie jamais écrit.

      Mais il se trouve que la plupart du temps, j'écris sur ce blog des textes sur l'Europe, dont je pense qu'elle est vraiment le "cœur du réacteur" inégalitaire. Au demeurant, elle est - et l'euro avec - l'un des principaux chevaux de bataille de Todd. Et elle est le mien, de manière quasi exclusive, depuis un moment.

      Et oui : on peut être eurosceptique ET laïque. Donc on peut être républicain sans être "néo".

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  8. Je suis eurosceptique ET laïque. Mais je considère que cette Europe n'est que le fruit d'une volonté, d'un projet politique foncièrement inégalitaire. Il n'y aurait ni Union européenne, ni Euro qu'il resterait l'inégalité comme ciment idéologique d'une caste dominante.
    Classe dominante qui saurait encore jouer d'une certaine conception de la laïcité et de la provocation pour disqualifier ses opposants, aussi facilement que des lois "anti-terroristes" pour controler la population et y abattre tout esprit de contestation et de résistance contre l'injustice économique et sociale.

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  9. Votre commentaire a le mérite de faire apparaître certains aspects de l'argumentation de Todd occultés par le débat médiatique. Vous êtes toutefois plus vos convaincantes sur les points de désaccord que sur les points d'accord. Sur la question de la laïcité, en particulier, le raisonnement est idéologique : le problème fondamental est celui du libre-échange et de l'euro, donc toute question doit être examinée à la lumière de ce problème ! Mais ça ne colle pas : les problèmes sont distincts. La conception culturelle et patrimoniale de la laïcité (considérée comme mode de vie ou manière d'être ensemble que l'on veut protéger) est peut-être discutable sur le plan des principes, mais elle est indépendante de la question socio-économique. Elle est présente dans tous les milieux sociaux, chez les intellectuels comme dans les milieux populaires (notamment chez les électeurs FN, qui ne sont pas tous exclusivement animés par le rejet de l'Europe). La question identitaire, comme on dit, doit être considérée pour elle-même, sans être noyée dans l'économisme, le sociologisme ou l'anthropologisme. Elle est posée dans tous les pays où il y a une forte présence musulmane, qu'ils soient ou non situés dans la zone euro. Vous ignorez comme Todd la crise du monde musulman, traversé depuis plusieurs décennies par une vague néo-fondamentaliste, qui me paraît pourtant dans l'affaire beaucoup plus déterminante que la crise de la zone euro. Allez dire aux Tunisiens laïcs que la laïcité est un faux problème posé par des "intellectuels d'une gauche soit-disant critique aspirés par la revendication de laïcité, substitut à la critique du libre-échange et de l'euro dont ils sont incapables" : pas sûr qu'ils soient convaincus.

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    1. Todd a publié un bouquin sur les bouleversements du monde arabe (en 2007 !). Il insiste beaucoup dans "Qui est Charlie" sur le fait que sont sujet est la société française, y compris quand il évoque les Musulmans et les Juifs.

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  10. (....) "lecture presque douloureuse", écrivez-vous.... Mais :
    N'est-il pas manifeste que tout introspection commence dans la douleur? Cette introspection et cette douleur que refusent ceux qui en toute hâte ont "riposté", -dans les 48h, on a vu plus lent sur d'autres sujets...- Ce microcosme parisien -médiatique et de révérence le plus souvent- avait tout intérêt à réagir pour exister, tout comme dans les manifestations.
    Et on inclut ici le premier ministre, qui a cru bon à brûle-pourpoint mettre son service de com' sur l'affaire- à ceux qui ont pris la plume pour essayer de "détruire Todd".
    Car "qui est Todd" ?
    A mon avis l'un de ceux qui risqueraient d'avoir une portée intellectuelle telle qu'une gauche "réelle" pourrait bien émerger, à côté de "la gauche" comme s'auto procclame le ps. Le danger est donc réel pour la "gauche de droite", il s'agissait de tenter de casser immédiatement la réflexion de Todd et le danger qu'il représente par son intelligence et son audience.

    Merci encore pour votre intelligence en action sur ce blog.


    thierry M


    NB :détruire svp commentaire précédent (fautes)

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  11. Qui est Charlie ?
    C'est une bonne question.
    Elle en cache une autre : qui est la France ?
    Charlie est une partie de la France, laquelle ? : l'analyse de Todd est éclairante à ce sujet, passionnante même.
    La France est l'addition de sa partie Charlie et de sa partie pas-Charlie. Exactement comme chacun de nous est ambivalent, Charlie et pas-Charlie a la fois, à des degrés divers bien sûr.
    Qui est la France ? Que veut-elle être ? Que veut-elle faire ? En quoi croit-elle ?
    N'est-ce pas là des questions fondamentales, et gênantes ?
    Quand la liberté se réduit à la liberté des marchés et des mœurs devenues tyrannies, que l'égalité est comprise comme égalité des chances dans un monde livré à une soi-disant bénéfique loi du plus fort, que la fraternité est assimilée à la mentalité bisounours, n'est-il pas temps de se livrer à un minimum d'introspection collective nationale ?
    Todd ouvre le chemin, avec intelligence et vigueur. Qu'il en soit remercié.
    Il s'est jeté dans la cage aux lions. Il en perd même en partie son sens de l'humour, signe que l'épreuve n'est pas de tout repos. Il mérite d'être soutenu, sa démarche d'être poursuivie,

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  12. L'UE à l'origine des inégalités ? Vous plaisantez ?

    L'UE est une des zones où les inégalités sont les plus faibles au sein des pays membres comparé au reste du monde , USA compris, sans parler de la Sainte-Russie nationaliste super inégalitaire.

    L'UE explosée ne garantit en aucun cas que les inégalités n'y augmenteront pas plus. Quant aux inégalités économiques entre pays du sud et du nord, elles existaient avant l'Euro, on vient juste de se rendre compte que l'Euro a échoué à les réduire, mais il n'en est pas à l'origine.

    Les pays du sud comme Grèce, Espagne, Portugal ont été nationalistes d'extrême droite un bout de temps, d'où leur retard de développement.

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    1. Pardonnez-moi de vous dire ça aussi abruptement mais votre commentaire est complètement a côté de la plaque.
      L'euro (et toute la mécanique technique qui va avec) est une ruine pour l'Europe. Je ne développe pas plus car c'est ce que j'écris jour après jour sur ce blog depuis longtemps. A vous de voir si vous avez l'envie de le parcourir ou pas.

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    2. Eh bien, vous faites erreur, je parlais de l'UE en général depuis près de 50 ans de construction, c'est l'une des zones les plus riches de la planète et les moins inégalitaires. Citez donc les pays souverainistes hors UE qui font mieux, même la Russie avec sa rente énergétique est ultra inégalitaire. L'Euro est très récent et n'a pas dit son dernier mot, c'est la méthode de construction européenne qui avance par à coups depuis l'après guerre et les pays de l'UE ne sont pas devenus la Somalie malgré cette méthode depuis 60 ans.

      Donc pardonnez de vous rappeler quelques faits sur le temps long que vous occultez complètement dans votre empressement à casser 60 ans de construction qui a obtenu des bons résultats malgré vos dénis.

      La France peut toujours quitter l'UE, ca ne résoudra pas nombre de ses problèmes endémiques qui n'ont rien à voir avec l'Euro, et pourraient bien être aggravés.

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    3. Vous confondez corrélation et causalité. Si l'Europe de l'Ouest est une zone peu inégalitaire, c'est parce que les trente glorieuses ont eu lieu dans un contexte de forte influence des partis communistes occidentaux et de peur du Pacte de Varsovie, qui ont conduit les classes bourgeoises à faire beaucoup de concessions à une époque où cela ne leur coûtait pas trop (grâce à la forte croissance économique). Le système social français est un héritier de cette époque.

      Et la monnaie unique est une construction extrêmement récente qui n'a apporté aucune diminution des inégalités, *au contraire*.

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    4. Vous aussi vous confondez causalité et corrélation, ce sont les politiques keynésiennes des US dans les années 30 qui ont été reprises en Europe après la guerre et le patronat a consenti des avancées sociales car ça profitait à ses affaires à ce moment.

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    5. Et donc, pourquoi pensez-vous que les pays européens ont repris les "politiques keynésiennes des US" ? Pourquoi les US ont-ils privilégié la reconstruction de l'Europe à d'autres options plus égoïstes ? Parce qu'il y avait en face un bloc menaçant, et des positions avancées du communisme au sein même de l'Europe occidentale (au premier chef la France, où le PCF était un parti de masse auréolé de sa participation à la Résistance).

      Pourquoi le patronat a-t-il "consenti des avancées sociales" ? Aujourd'hui, le patronat n'a aucun besoin de consentir des avancées sociales, puisqu'il peut au contraire délocaliser, à plus grand profit. Ceci, surprise, grâce aux politiques menées et imposées par l'UE... Ce n'est donc pas *grâce à la construction européenne*, contrairement à ce que vous prétendiez, qu'ont été obtenues les avancées sociales. C'est grâce aux positions obtenus par le communisme et aux syndicats qu'ont pu être obtenues ces avancées.

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    6. Vous avez une vision idéologique. Les délocalisations ont touché tous les pays développés, US, Japon et les pays de l'UE. C'est une tendance mondiale.

      Les avancées sociales ont aussi concerné les US. Après guerre, il fallait reconstruire les économies, les infrastructures dépendantes des décisions étatiques, maintenant les infrastructures sont construites, le modèle économique a changé, d'autres pays se développent, ne vous en déplaise.

      Les délocalisations ont détruit largement moins d'emplois que l'automatisation, mais comme les souverainistes ne comprennent pas grand chose de l'économie, pas grand chose des évolutions technologiques et encore moins de l'industrie, alors ils nous bassinent avec le monde d'hier gaulliste qui était tellement si bien.

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    7. Qu'est ce qui empêche les syndicats et le parti communisme de soutenir des avancées sociales au sein de l'UE ?

      Les populations ont voté pour l'UE, et faites des référendums pour sortir de l'Euro, il n'est pas du tout dit que les populations soient en faveur. Ne vous en déplaise, mais le souverainisme rime avec dictature pour nombre d'italiens, espagnols, grecs et portugais qui se méfient encore plus leurs de oligarchies nationales que de l'UE. Les souverainistes parlent prétendument au nom du peuple qui lui ne semble pas vraiment les soutenir.

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    8. Tout ceci devient assez poussif... Je m'excuse par avance auprès de notre hôte (Coralie Delaume) car rien de très nouveau ne sortira de cette joute assez classique.

      Quand vous dites "les délocalisations ont touché tous les pays développés", vous présentez cela comme des intempéries ou une catastrophe naturelle. Les délocalisations ont en réalité été rendues possibles par des *choix politiques*. Vous l'admettez vous-même : "les populations" ont voté pour l'UE. C'est le propos de Todd qui pointe la stratification sociale à l'oeuvre : les classes moyennes et supérieurs ont voté pour Maastricht, les ouvriers et employés ont voté contre. La même structure se retrouve dans des votes plus récents (TCE en 2005... mais où une partie des classes moyennes a basculé dans le non, ce qui a suffit à repousser le traité).

      """Qu'est ce qui empêche les syndicats et le parti communisme de soutenir des avancées sociales au sein de l'UE ?"""

      Rien ne les en empêche (et croyez bien qu'ils essaient benoîtement : Confédération Européenne des Syndicats, groupe GUE au parlement européen), mais ils n'ont plus le pouvoir de les *obtenir*, car les politiques libérales en place (qui permettent au capital de s'investir là où le rendement escompté est le plus fort) ainsi que la chute du bloc de l'Est leur enlève toute puissance d'agir.

      """le souverainisme rime avec dictature pour nombre d'italiens, espagnols, grecs et portugais"""

      Nous parlons ici du cas français (l'essai de Todd concerne la société française). Par ailleurs, le "souverainisme", qui apparemment sent un peu le soufre à vos narines, était le mode normal de fonctionnement des économies développées sous les trente glorieuses ; l'Italie n'était pas une dictature à l'époque, ni la France bien entendu.

      """Les souverainistes parlent prétendument au nom du peuple qui lui ne semble pas vraiment les soutenir."""

      L'électorat français (classes populaires + une partie des classes moyennes) a dit non au TCE, qui fut un scrutin à peu près chimiquement pur sur le sujet. Sur le plan de l'analyse intellectuelle et politique, cette validation du souverainisme est largement suffisante. L'européisme des Français n'a pas augmenté depuis... (voir les résultats aux dernières européennes : abstention en première place, FN en deuxième)

      En réalité la plupart des peuples sont souverainistes quand ils ont l'impression que leur Etat est capable de représenter leurs intérêts. Ainsi les Allemands ont un gouvernement qui travaille pour leurs intérêts (la gestion de l'euro correspond aux intérêts allemands). Simplement, chez les Allemands le souverainisme n'est pas incompatible avec la monnaie unique telle qu'elle existe actuellement... en France, il l'est.

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    9. "L'électorat français (classes populaires + une partie des classes moyennes) a dit non au TCE, qui fut un scrutin à peu près chimiquement pur sur le sujet. Sur le plan de l'analyse intellectuelle et politique, cette validation du souverainisme est largement suffisante. L'européisme des Français n'a pas augmenté depuis..."

      Ah ouais, ben voyons, les nonistes au TCE sont souverainistes, vous avez une curieuse façon d'interpréter les résultats électoraux. L'UE a démarré en 1951 et n'a pas empêché la croissance avec divers traités, 57, CEEA, 65, CECA, CEE, Euratom... :

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_europ%C3%A9enne#CECA_.281951.29

      Faites un référendum au lieu d'extrapoler, et vous verrez que ce sera non à la sortie de l'Euro.

      Les allemands ne sont pas souverainistes mais fédéralistes et ordolibéraux, du moment que ces règles sont respectées, ils ne demandent aucune fin de l'UE.

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  13. "Caricaturer Mahomet, c'est se moquer de croyances, d'idées, pas d'individus" Certes!
    Mais écrire en faisant dire à Mahomet "c'est dur d'être aimé par des cons", ils ne l'avaient pas mis dans la bouche du pape ou de Jésus.

    Olivier Cyran a des arguments pour fustiger Charlie ....
    http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous

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    1. @Anonyme,
      encore un aigri de CH? Olivier Cyran incarne ce que j'ai fustigé tout au long des commentaires que j'ai rédigés sur ce post: c'est un petit-bourgeois bien-pensant, animé d'une haine de soi francophobe!
      Pour moi, c'est une racaille de la pire espèce, comme on en rencontre tant à l'extrême-gauche. Et j'ai d'autant plus de mépris pour ce type de personnage qu'il prétend faire la leçon à tout le monde, surtout parler au nom des "immigrés", chose qu'il n'est pas! C'est un raciste qui s'ignore, et c'est bien plus grave que le FN qui crie qu'il n'aime pas les étrangers, car lui joue carte sur table!
      C'est écoeurant...

      CVT

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    2. O Cyran, -qui n'est pas français, apprenez-le avant de parler de sa "haine de soi" francophobe- écrit avec des faits. Chose que vous ne faites pas. Pourquoi étaler ici vos sentiments, de l'émotionnel, dont on se moque éperdument, et qui ne peut être confondu avec de la discussion. La racaille de la pire espèce, c'est celle qui confond la dialectique et l'étalage de soi

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  14. "une inquiétude fasse au décrochage" --> "face", voulez vous dire, non ?
    À part ça, je trouve toute l'affaire très bien posée.

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  15. Charlie victime expiatoire

    En termes girardiens l'affaire est claire comme de l'eau de roche, transparente comme le cristal, pure comme une réaction chimique.
    Toutes les caractéristiques d'une crise mimétique sacrificielle sont là, d'un bout à l'autre.
    - Une période troublée, violente, angoissante, où tous sont contre tous,
    - des chenapans multirécidivistes, les humoristes de Charlie Hebdo, victimes expiatoires idéales,
    - des sacrificateurs, les assassins, - et enfin une foule qui trouve dans ce sacrifice une occasion de se réunir, de se rassurer, qui polarise toutes ses violences entrecroisées dans une même direction, qui, par gratitude, fait de ces victimes des héros, sinon des saints, et qui même, avec ces "je suis Charlie" bien vivants, d'une certaine façon les ressuscite...
    Tout y est !
    Même le fiasco final : l'unanimité n'a pas duré bien longtemps.
    Car ça ne marche plus. Car, même incomplètement, nous sommes sortis de la superstition. Car cette prothèse sacrificielle n'a plus le pouvoir de nous aider, sinon très fugitivement. Car nous savons, plus ou moins bien sûr mais nous savons, que ni la vérité, ni la justice, ni la raison ne trouvent leur compte dans de telles "solennités expiatoires", dans de tels "jeux sacrés"...

    Ce fut en effet une crise religieuse, Todd à raison, mais pas exactement dans le sens où il l'entend.

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    1. Cela n'a pas grand'chose à voir avec le mécanisme girardien. Dans le système girardien, les sacrificateurs agissent au nom de la société toute entière. Ici, il n'y avait aucune demande sociale pour assassiner des dessinateurs, ou en faire les victimes expiatoires d'une crise de désir mimétique, et les assassins n'avaient évidemment pas la moindre autorité pour agir au nom de la société.

      Je ne suis pas d'accord non plus pour dire que nous sommes sortis de la superstition. Pour reprendre les termes de Todd, le dieu unique des populations anciennement croyantes a été remplacé par la monnaie unique, investie d'affects similaires.

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    2. "Ici, il n'y avait aucune demande sociale pour assassiner des dessinateurs ou en faire les victimes expiatoires d'une crise de désir mimétique..." : bien sûr, il n'y a jamais demande sociale pour une crise mimétique.
      "...et les assassins n'avaient évidemment pas la moindre autorité pour agir au nom de la société." : évidemment, en effet.
      il n'empêche, tout s'est passé comme lors d'une crise mimétique se résolvant par un rituel sacrificiel, avec des victimes portées aux nues et une foule toute heureuse de son unité retrouvée.

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  16. @Coralie Delaume,
    [Todd va jusqu'à écrire que « le blasphème soit sur sa propre religion ne devrait pas être confondu avec le droit au blasphème sur la religion d'autrui » et à déplorer que l'on puisse s'autoriser à moquer « la religion d'un groupe faible et discriminé » (p.15). ]

    Et bien, moi, ce qui m'a refroidi chez Todd, et qui m'a éloigné de lui, sur ce coup-là, ce sont bien les propos repris ci-dessus: c'est une véritable déclaration de guerre aux Français! Et je pèse mes mots!
    Comment Todd ose-t-il réclamer que la religion musulmane soit intouchable, au nom du seul fait qu'elle serait celle des opprimés? Mais alors opprimés par qui: les Français?
    Pour ma part, je dirais à l'inverse que toute religion,surtout l'islam, peut et doit être critiquée sur le fond et la forme, indépendamment de ces croyants. Faute de quoi, et c'est qui arrive en ce moment, l'islam devient une religion d'état!
    Le plus grave, dans les propos de Todd, c'est qu'il exige de ses compatriotes que les Français de confession musulmanes soient traités en égaux: très bien, mais alors nous sommes en droit d'attaquer l’islam, particulièrement pour son intolérance et son inaptitude à séparer les sphères privées et publiques, entrant alors en concurrence frontale avec non seulement nos usages et nos coutumes, mais également avec nos lois. Certes, la majorité des musulmans en France, respectent de fait cette séparation, mais elle ne compte quasiment pas: ce sont les activistes qui font l'histoire, et sur ce coup-là, Todd exonère les Kouachi-Coulibaly de leur actes, ce qui proprement révoltant! Ce qui fait de Todd un vrai salaud!
    La question n'est pas de savoir si Todd agit de manière consciente ou non, mais je pense sincèrement qu'il trahit le camp des gens "raisonnables" pour rejoindre celui des Fouquet-Tinville pro-islam Plenel et Askolovitch. Or ces gens-là sont dangereux, car ils sont dans une logique de guerre civile, et incarnent ce qu'il y a de plus détestable à gauche, à savoir l'idéologie victimaire. C’est une idéologie raciste, s’il est: en effet, nier la responsabilité individuelle des Kouachi-Coulibaly, comme le font leurs partisans bien-pensants, pour les transformer en victimes revient à les infantiliser, et donc à les traiter en êtres inférieurs: c'est digne d'une mentalité de colons, non
    Ce délire actuel n’aurait jamais été possible sans cette haine de soi bien française (surnommée « French-bashing », en bon français), qui mine notre pays depuis 1918, et qui explique pas d’événements survenus depuis lors: la chute de 1940, le sursaut gaulliste et depuis la mort de Mon Général, la poursuite d'une construction européenne mortifère, avec mise sous tutelle du pays par le condominium USA-Allemagne. Cette haine de soi se manifeste également dans les tréfonds de l’âme française, avec cette islamophilie délirante et écoeurante de nos élites de gauche, qui ont renoncé à imposer aux étrangers résidants sur notre sol, et à leurs enfants, une culture et un surmoi français, et ce depuis au moins 30 ans, notamment avec l’avènement de l’idéologie anti-raciste, qui s’est avérée être une idéologie anti-française.
    [....]

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    1. Où avez-vous vu que Todd exonère les Kouachi-Coulibaly de leur actes ?
      En aucune façon !
      Il dit que se moquer de soi-même c'est de l'humour, et que se moquer d'autrui c'est de la méchanceté. Je simplifie un peu mais c'est cela qu'il dit et je lui donne raison.

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    2. Mais je vous signale que parmi les victimes il y avait un certain Mustapha Ourrad qui était correcteur à Charlie Hebdo, et une certaine Zineb qui a échappé à l'attentat et qui a coécrit un livre avec Charb. Donc ça veut dire quoi se moquer de soit même ? Les caricatures généralement se moquent d'autrui quand on se moque de sarkozy on se moque d'autrui. Allez voir sur les sites musulmans les caricatures dont font l'objet les juifs, charlie hebdo à côté c'est bienveillant. Bien sûr que Todd exonère les Kouachi de leur actes, ils font "partie d'une communauté discriminé" en revanche il ne dit rien sur l'argent qui permet à la propagande islamiste d'atteindre certains jeunes et qui vient souvent de certains pays très riches du golfe. Si non les caricatures de Plantu sur le pape ce n'est pas de l'humour et c'est d'autant plus insultant ensuite qu'il va au Qatar parler de paix alors que dans ce pays les intellectuels sont en taule. Non c'est de l'hypocrisie.

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    3. @DMB
      [Il dit que se moquer de soi-même c'est de l'humour, et que se moquer d'autrui c'est de la méchanceté. Je simplifie un peu mais c'est cela qu'il dit et je lui donne raison]
      Non, Todd et vous avez tort: l'humour consiste justement à se moquer des autres, et par là-même, à créer une forme de connivence!
      L'auto-dérision est un humour que je déteste car il est lâche, facile et surtout INOFFENSIF: facile car on est toujours en mesure de trouver ses propres limites en matière de tolérance sans blesser son égo! C’est une forme décalée de narcissisme: on donne à voir ce que l’on veut que les autres regarde, et surtout, on ne se blesse pas!
      L’auto-dérision est une forme de lâcheté quand on n'a pas le courage de tester les limites des autres, et qu’on veuille éviter les conflits.
      Enfin, l'autodérision est inoffensive: elle incarne LE triomphe absolu du politiquement correct et de la censure. Avez-vous remarqué aujourd'hui, que bien des gens qui ont connus Desproges, Le Luron ou Coluche, les regrettent amèrement? Ils étaient appréciés (ou honnis, selon les cas...) pour leur liberté de ton et parce qu’ils se permettaient de TOUS DIRE, y compris tenir les propos les plus choquants ou scatologiques! C’est tout cela qui a disparu en 2015 sur NOTRE sol, et c'est d'ailleurs pour avoir cru qu'elle pouvait continuer à en faire autant, que la bande de Charb a été assassinée à coup de Kalachnikov...
      Du coup, à la place, nous avons désormais des pseudo-humoristes, pas drôles, pas spirituels, moralisateurs (particulièrement envers les « Gaulois »), et surtout INOFFENSIFS. J’en veux pour preuve tous ces humoristes noirs ou basanés qui se moquent des basanés (cf Jamel Comedy), quand ils ne s'attaquent aux "fromages blancs"; ces humoristes juifs qui se moquent des juifs (le fameux humour juifs); et, dernière nouveauté, ces humoristes LGBTQI qui se moquent des homos quand ils ne versent pas leur bile sur les hétéros: BEURK! Et je vous passe les humoristes femmes, je me ferai trop d’ennemis...
      Dans une culture, le rire est censé fédérer, or ici, il divise, sauf quand il s’agit de s’acharner sur une cible: le mâle blanc, hétérosexuel et prolo, qui ressemble furieusement au Beauf du regretté Cabu… C’est donc bien le règne "signe du politically correct » qu’on impose à tous.
      Sans subversion, qui est la vertu première de l'humour, puisqu'elle permet une distance avec le sujet traité, l’auto-dérision est surtout l'avènement d'une censure hypocrite: en effet, on reproche souvent inquisiteurs du "politically correct" de brider la liberté d'expression, mais ceux-ci rétorquent qu'ils rient pas contre l'humour, puisqu'ils sont capables d’auto-dérision, et qu’ils savent rire d'eux-mêmes...
      Pour finir, j'accuse Todd de lâcheté et de scélératesse envers son pays (pour ne pas utiliser un autre terme plus grossier) lorsqu’ils cible, dans un même élan, le fameux "catho-zombie" et l'ultra-laïcard: en vérité, il fustige NOTRE histoire, et ce que nous sommes, nous Français, en grande majorité: soit des laïcs, imprégnés de valeurs et de culture chrétiennes (ça m’en coûte de le dire, en tant que laïcard…), soit des croyants fréquentant peu les églises, mais très attachées à celles-ci comme repère.
      Non, je prends ce livre comme une attaque anti-française, et surtout un acte de trahison envers des gens comme moi qui se sentent Français, n’ayant aucun ancêtre français, mais qui se sentent symboliquement descendants des Gaulois...

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    4. Denis Monod-Broca16 mai 2015 04:39

      Todd ne se prive pourtant pas de se moquer des autres...

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  17. [....]
    A titre personnel, je suis fils d’immigrés africains, et je méprise tous ceux qui justifient de près ou de loin les actes commis par ces assassins, car la France leur a donné les moyens de s’en sortir, ils ont été bien plus aidés ici que dans leur pays d’origine: songez que les frères Kouachi avaient été sauvés par l’Assistance publique, donc par la solidarité nationale! Quant à Coulibaly, il avait largement profité des larges accordées dans le cadres des divers plans banlieue.
    C’est pourquoi je me sens insulté par Todd, et j’aurai bien du mal à lui pardonner, car en plus d’insulter les Français, il pose la mauvaise question. Selon moi, son libelle ne sert en fait qu’à défendre des gens qui n’ont pas besoin d’être défendus, mais qui devraient plutôt être bousculés, voire critiqués: pourquoi, après tant d’années d’aides, de subventions et surtout de bienveillance, tant de personnes vivant sur notre sol et qui devraient s’en sentir redevables, arrivent à détester NOTRE pays à ce point?
    C’est bien la seule question que j’aurais envie de poser à tous ceux qui détestent « ceux qui sont Charlie »...


    CVT

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    1. Parler de "bienveillance" vis-à-vis de populations parmi lesquelles règne un chômage de masse (provoqué structurellement par les politiques menées, et approuvées par une part dominante de l'électorat français) me paraît un peu étrange.

      Todd remet à sa place le débat sur l'"islamisme", le replace dans le contexte des structures sociales actuelles. Il y a des catégories de la société (ouvriers d'ascendance française ou non, habitants des banlieues ghettoïsées) qui sont victimes en intensité croissante des politiques auxquelles acquiescent les classes moyennes et supérieures (qui par leur alliance objective dirigent aujourd'hui la vie politique et médiatique - vous devez connaître ce discours, vous qui lisez le blog de Descartes).

      Par ailleurs reprocher à Todd une sorte d'angélisme pro-islam ou de différencialisme mou est un mauvais procès : il rappelle dans son livre qu'il est assimilationniste, et il y critique les politiques de la gauche depuis les années 80 en la matière (SOS Racisme, etc.).

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    2. @Antoine,
      oui, je parle de bienveillance car cela fait plus de 30 ans qu'on arrose (à perte) les banlieues de subventions toutes plus inutiles les unes que les autres, au vu des résultats obtenus: les Kouachi-Coulibaly ont même profité de cette manne, ce qui ne les pas empêcher de devenir des assassins suintant la haine anti-française: c'est bien que le problème n'est pas social, mais identitaire! C'est d'ailleurs le sens du dernier livre de Ch.Guiluy: les habitants de la Creuse, département le plus pauvre de la France métropolitaine, aimeraient être autant assistés...
      Concernant l'islamisme, Todd a toujours avoir un biais islamophile (son livre avec H.Le Bras en atteste), mais pour autant, il se fait des illusions sur la faculté d'assimilation d'une masse toujours plus importante d'immigrés d'origine arabo-musulmane, spécialement quand nos dirigeants tentent de défaire le "roman national": impossible de s'intégrer ou de s'assimiler quand on fait sauter le cadre!
      Et surtout, je pense que Todd a déjà plusieurs métros de retard: si on regarde autour de nous en Europe, le problème de l'islam se pose de la même façon en Grande-Bretagne, avec les Pakistanais et les Bangladais, en Allemagne avec les Turcs et en Belgique et au Pays-Bas, avec les Marocains. C'est donc bien qu'il y a un problème induit par l'islam lui-même, qui n'est pas un problème social (d'ailleurs, c'est en quoi je diverge avec le camarade blogueur Descartes): il est culturel, et il est très probable qu'il se soit transformé en question IDENTITAIRE.

      Enfin, pour ce qui est du différentialisme de Todd, je ne crois pas lui avoir fait ce procès-là, sauf quand il réclame, d'un côté, l'égalité de traitement envers les Français de confession musulmane et leur compatriotes, et de l'autre, l'interdiction de se moquer de leur conviction: il y a un hiatus, pour ne pas dire une antinomie!
      Oui, je le dis, on a parfaitement le droit d'être islamophobe en France, comme on peut être anticlérical (ce qui est mon cas): le contraire serait faire de l'islam une religion d'état, ce que tout bon laïc (et bon Français, selon moi) ne peut tolérer...

      CVT

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    3. Vous n'avez en fait pas répondu à l'argument de Todd : que peuvent bien valoir ces "subventions" dont on arrose soi-disant les "quartiers" (ce qui reste à démontrer) quand par ailleurs on ne fait rien pour fournir aux gens un travail décent ? C'est comme si vous vous targuiez de donner du paracétamol à un malade du cancer.

      (vous dites "les habitants de la Creuse aimeraient être autant assistés", mais c'est probablement faux : les gens ne réclament pas d'être "assistés"... ni les habitants de la Creuse, ni ceux des banlieues)

      Il est intéressant que votre discours tient exactement de ce que Todd décèle sous les préoccupations du FN actuellement : celui d'un dévoiement xénophobe (le mot est de lui) de l'universalisme excédé par les difficultés de l'assimilation. Ce à quoi Todd répond que souvent les assimilations sont difficiles et prennent du temps. Ainsi celle des anciennes "provinces" dont est constituée la France, et qui ont longtemps eu leurs langues à elles. Ainsi celle du catholicisme longtemps opposé à toute déchristianisation de l'espace politique et social (et donc au régime qui portait cette déchristianisation : la république).

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  18. La seule chose vrai dans le livre de Todd c'est qu'effectivement on aurait pas eu 4 millions de personnes dans les rues s'il s'agissait uniquement de condamner l'attentat de l'hypercacher. Mais c'est un constat qui a été déjà fait tout le monde s'est posé la question. En revanche lui lors de l'affaire merah on l'a pas entendu déplorer qu'il y avait personne dans la rue, il était trop occupé à caresser dans le sens du poils les catholiques zombies qui ont fait eux aussi l'élections de François hollande en vendant l'hollandisme revolutionnaire. Il a surfé sur la sarkophobie. De plus en 2007 il disait que c'était la faute d’Israël l'antisémitisme, aujourd'hui ce sont les cathos zombies qui complotent contre les juifs et les musulmans ... hallucinant la critique des intellectuels d'origine juive par rapport au fait si on fait ou pas un mariage mixte.

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  19. Quelle violence dans tant de commentaires !

    Le livre de Todd n'est pas une analyse des attentats, il est une analyse de la réaction qui a suivi.

    Il ne défend pas les assassins.

    Il s'interroge sur la suite, il cherche à analyser l'hystérie collective qui a suivi. Des attentats, et de bien pires, il y en a chaque semaine ici ou là à travers le monde. Nous levons à peine un sourcil. Des attentats, et presque aussi graves, il y en a déjà eu en France et ils n'ont jamais suscité une telle émotion. Alors pourquoi ? La question est censée.

    Je ne vais pas résumer son livre. Disons seulement que ses deux lignes de force, à moins que j'aie tout compris de travers, sont : égalité et réconciliation.

    Et je les comprends comme ça :

    Égalité : les hommes sont égaux, tous. Tous ! Tous les hommes sont des hommes, d'où qu'ils viennent, quels que soient leurs dieux. Tous ! Et égaux ! Ou bien la devise de la république est vidée de son sens.

    Réconciliation : si nous voulons ce que prétendons vouloir, la paix, la fin des attentats, la fin des haines et autres phobies religieuses, ethniques, culturelles... l'affrontement ne les apportera pas, c'est sûr et certain ; si c'est bien cet objectif que nous nous donnons, la seule voie est celle de la réconciliation, aussi difficile et risquée soit-elle.

    Ce ne sont pas des idées nouvelles, elles sont toujours aussi subversives, j'en ai bien conscience.

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  20. Je ne suis pas un philosophe et je m’abstiendrai donc de disserter trop sur le sujet mais l’affirmation « Caricaturer Mahomet, c'est se moquer de croyances, d'idées, pas d'individus » me parait participer du vœu pieux (sans mauvais jeu de mots) plutôt que de la réalité. Que sont les idées ou les croyances sans les hommes qui les portent ? Des abstractions. Se moquer des idées ou des croyances revient toujours à se moquer des hommes qui les expriment. C’est un fait et il faut l’accepter. C’est trop facile d’essayer de faite croire le contraire. Ma vieille maman ressent comme une injure personnelle les saloperies que l’on peut voir au sujet du personnage du christ. Elle ne tuera personne pour autant même si elle en avait les moyens. Pareil pour les musulmans que je connais et qui ressentent comme des attaques personnelles certaines caricatures. Ils vivent avec mais par pitié, ne laissons pas croire comme certains l’on fait que la liberté de blasphémer qui est indispensable doit s’accompagner par l’obligation de ne pas se sentir offensés par ceux qui se sentent concernés.

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    1. Tout le monde a le droit de se sentir offensés par tout et n'importe quoi.

      Ça ne change rien à la liberté d'expression.

      On réponds à des mots par des mots -au pire, on réponds à l'insulte par l'insulte ; je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire, je veux dire qu'on reste sur le terrain des mots-...
      il ne faudrait pas que le non-dit dans l'affirmation de l'offense ressenti soit une justification consciente ou inconsciente du massacre de ceux qui expriment des propos qui ne nous plaisent pas.

      Souligner que certains se sentent offensé quand on caricature ou quand on les critique ; c'est pour en venir où ?
      Que l'on doit restreindre la liberté d'expression ?
      Ou que c'est normal si des drames surviennent après ?

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  21. Qu'est-ce alors que le « laïcisme» demandez-vous ? Mais vous apportez vous-même la réponse : c’est quand la laïcité devient une foi et plus un mode d'organisation de la société, non ?

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  22. Vous parlez de deux niveaux de discours pour expliquer ce que vous nommez pudiquement l'émotion générée par la parution du livre. Mais les réactions de certains (de Pelloux à Valls en passant par Domenach, Szafran ou Macé-Scaron) sont d’une violence incroyable. Les 3 dernies cités ont publié des textes sans nuance et surtout sans arguments, enchainant attaques ad hominem et procès d’intention, allant parfois jusqu’à l’injure. Je n’ai lu nulle part de critique argumentée en provenance de ses adversaires. Comment expliquez-vous cela ?

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  23. Après avoir vu pas mal de bêtises prouvant que les critiques n'avaient pas lu le livre de Todd, ça fait plaisir de lire enfin quelqu'un qui s'est donné la peine de le lire entièrement avant d'écrire à son sujet. ;o)

    Il est le plus souvent préférable de dire qui on est avant de s'exprimer. Je suis athée mais n'ai pas la volonté de convertir quiconque à mon opinion et n'ai pas la prétention (totalitaire) d'être un esprit supérieur aux croyants. Je suis anarchiste / communiste / socialiste ou autre nom que l'on voudra me donner. Mais ne veux plus utiliser le mot "gauche".

    La laïcité me va bien telle que définie en 1905. La neutralité de l'institution publique n'est pas la neutralité des individus ou la neutralisation de l’espace public. Mais je vois une volonté d'exclusion chez les laïcistes d'aujourd'hui. Beaucoup plus sévère que Todd je vois cette laïcité nouvelle comme une expression décomplexée du rejet, du racisme, de la xénophobie, de la volonté d'exclure des gens en raison de leur croyance et surtout de leur croyance supposée.

    Comme pas mal d’autres blogueurs et d’autres auteurs, j’ai tout de suite écrit ma méfiance envers le mouvement Charlie. Sachant que l’on faisait face à une mouvement religieux, et comme d’autres, j’ai pris des précautions pour ne froisser personne. Nous avons malgré cela été sévèrement étrillés : c’est un blasphème que de remettre en cause une croyance établie dans la sphère du pouvoir politique ou économique. C’est pourquoi je ne suis pas surpris de la violence qui accueille le livre de Todd et de la volonté d’en faire un hérétique à mettre sur le bûcher quitte à déformer ses propos pour ce faire.

    Le laïcisme avec un exemple pratique. J'habite près d'une mosquée. Le vendredi midi, les rues avoisinantes, dont la mienne, sont occupées par des voitures que l'on ne voit pas le reste de la semaine. Une laïciste (élue avec un mandat important) veut y interdire le stationnement aux musulmans au nom de la laïcité bien sûr. C'est cela que je nomme laïcisme. Je préfère du reste parler de "national-laïcisme" au vu de l'orientation extrême-droitière de bien des laïcistes. Je ricane quand je vois des gens « laïques » se disant de « gauche » invités à dîner chez Paul-Marie Coûteaux…

    Le laïcisme avec un autre exemple. On commence par interdire le foulard que portaient les femmes du peuple en 1960. Ce serait un signe ostentatoire musulman. Ma mère portait un fichu et ne connaissait même pas le mot islam à l'époque. Maintenant faut interdire la jupe maxi à la mode vers 1970. Et on lit déjà qu’il aussi songer à interdire les robes longues, le sarouel oriental et d’autre vêtements féminins.

    Todd repose la question sociale complètement occultée par la volonté de gens qui disent non-religieux, d'acculer à une guerre civile religieuse qu’ils sont les seuls à appeler de leurs vœux. Pourquoi cet envahissement de la laïcité dans les discours alors que personne ne remet en cause la laïcité ? Parce que cela permet de taire la question sociale. C’est quand même pour le moins étrange, alors que le catholicisme est en voie de disparition en France, que les derniers curés sont des vieillards, que les derniers cathos ne songent pas à remettre en cause la loi de 1905, que les musulmans sont une petite minorité sans pouvoir (pas un seul élu au parlement par exemple), d’entendre autant de baratin sur une absence de problème. Mais si on songe que nous comptons plus de six millions de chômeurs, dix millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, onze millions et demi de personnes vivant sans chauffage, dix-sept millions de personnes vivant dans la précarité, on comprend bien que focaliser sur un dahut permet d’éviter toute chasse aux riches et à leurs alliés vivant des vies confortables…

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    1. Je ne pourrais mieux dire.

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    2. @ Un Partageux

      Houla !
      vous allez vite en besogne en affirmant que personne ne remet en cause la laïcité -au passage qui n'existe même pas, d'ailleurs-.

      Oui, car on a oublié d'inscrire la laïcité dans la législation française. Ou peut être que la loi de 1905 est un compromis entre les catho et les sécularistes.
      Mais la loi de 1905, comme son nom l'indique est : la loi de 1905 de séparation des églises et de l'Etat.
      Ce n'est pas la "promulgation" de la laïcité (qui est constituée de plusieurs principes dont un seul est inscrit dans la loi de 1905).

      Je rajoute que vous faites preuve d'aveuglement idéologique en voulant assimiler toutes défenses de la "laicité" aux extrêmistes qui veulent instrumenter la loi séculariste.

      Et je subodore que beaucoup de gens, que l'on qualifie de "laicistes" s'ils sont réellement extrêmistes ou xénophobes, ne sont pas du tout laïques.

      L'élu dont vous parlez, pose très clairement un acte purement xénophobe, en voulant le justifier par la laïcité...

      Pourquoi condamner la "laicité" dans ce type de cas ? quand la "laicité" est instrumenté ; ce n'est pas la "laicité" qu'il faut blâmer.

      Je dirais que la question du foulard islamique/voile intégral a été mal gérée.

      Les élus de l'époque ont voulu interdire purement et simplement le voile islamique, qui était leur seul cible ; mais.
      Mais ils se sont dit si on interdit le voile islamique, on aura l'air de sale xénophobes qui ne visent que l'islam.

      Résultat, ils ont instrumenté eux mêmes le principe de "laicité" pour ne pas avoir l'air de stigmatiser les musulmans.

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  24. @CD,

    "préempter le discours qui fut jadis celui de la gauche républicaine"

    Je ne comprends pas l'expression préempter le discours :

    1. La notion de préemption postule celle de propriété. Les idées n'appartiennent à personne. Tout citoyen ou groupe de citoyens peut choisir de se réclamer de concepts politiques, philosophiques, afin de forger sa doctrine de réflexion et d'action. La notion de gauche comme celle de république n'ont attendu ni Chevènement ni le PS pour être mises à jour, et résultent d'un long cheminement qui n'est pas advenu ex-nihilo, telle la logique sortie de la tête d'Aristote voire même de celle Zeus (Pour République voir Polybe, pour la gauche voir le Gars de Nazareth). Quand les idées appartiennent à un individu, à un groupe, après dépôt préalable à l'INPI j'imagine, nous ne sommes plus dans un régime de pensée libre. Les concepts de gauche et de république ne sont la propriété d'aucun parti politique. Il conviendra par ailleurs de se reporter à l'histoire des partis de gauche au XX et XXIème siècle pour savoir ce que ces derniers ont fait des ces idées-là - et parfois ça fait froid dans le dos.

    2. Préempter le discours : Je ne vois rien qui permet d'indiquer - je veux bien vos références qui indiquent...- que le FN ne reprend qu'un discours. Les actes politiques à ce jour mis en oeuvre, programme et décisions, sont de nature à indiquer une voie républicaine et sociale parfaitement en accord avec la philosophie revendiquée - Cf. les prises de positions de MLP.

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  25. Todd est trop suffisant pour avoir jamais souri à la moindre caricature de CH. L'outrance de son propos n'est que son incapacité à admettre que tant de gens puissent être sincèrement tristes de la mort d'hommes qui ont passé le plus clair de leur vie d'adulte à dessiner des bittes. C'est tellement loin de son monde qu'il lui paraît plus vraisemblable d'y voir un "flash totalitaire", une manifestation "pétainiste" et bien sûr CH comme un journal "islamophobe" et "européiste". Pauvre Todd.

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  26. Bonjour ! Je découvre votre blog après vous avoir - très peu - entendue dans une video de CSOJ. Comme ce gros monsieur fan de la construction européenne ne vous a pas laissé parler - en dépit du fait que Taddéï venait de rappeler à juste titre que c'était vous qui aviez le moins parlé, mais bon, on a vite repéré le genre de bonhomme qui la ferme dès que c'est un autre bonhomme qui parle mais qui interrompt systématiquement les femmes, et c'est malheureusement très fréquent sur le plateau de CSOJ, sauf quand ces messieurs ont affaire à Marie-France Garaud (prenez-en de la graine !). Bref, du coup, je me suis demandée ce que vous aviez à raconter quand on vous laissait parler !

    Bon, j'ai pris la peine de télécharger illégalement le bouquin de Todd que j'ai beaucoup apprécié, notamment et justement quand il parle du "laïcisme" des laïcards etc. C'est sur ce point-là qu'il a entièrement raison : construisons des mosquées à tour de bras pour constater qu'elles sont vides ! Absolument !

    La laïcité "à la française" n'existe en fait que dans trois pays : la France, donc, la Turquie et le Mexique. Et sur la différence entre laïcisme et laïcité, je vous conseille le blog et les bouquins de Baubérot. Pour résumer sa pensée : tous les trucs réversibles (voile, bout de tissus, chapeaux ridicules, papillotes, jupes longues, barbes, turbans, petites croix, etc) on s'en fout. Irréversibles (excision et autres mutilations - bien qu'il n'ait pas mentionné la circoncision, et là on pourrait rigoler comme on a vu en Allemagne) : pas tolérable en France point final. Une position raisonnable.

    Ces obsessions françaises débiles sur la longueur des jupes et les foulards - et ça va faire 30 ans qu'on nous emmerde avec ces conneries, je vais vous les situer au Mexique où je vis, et bizarrement, je suis à peu près certaine que si ça se passait ici, contre les Indiens, vous ne seriez plus aussi partisane du "laïcisme".

    En plus, ne faites pas semblant de ne pas comprendre de qui il parle et qui il vise quand il parle de "laïcisme" (Fourest, E. Levy, Le Pen, Polony et tous les abrutis qui se gargarisent depuis un certain temps des mots "Rrrrrrrrñepublique, démocratiiiiiiie, laïiiiiiiiicité", sachant que ce modèle est ultra-minoritaire dans le monde et que ses résultats, comme on a pu le voir avec ces marmots dénoncés par leurs instits (!!!!!!! ah, elle est belle l'Éduc Nat !!!) aux flics parce que pas assez "charlie", sont plus que contestables.




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  27. (suite) Donc au Mexique (je passe sur la Révolution, la guerre à l'Eglise catholique et le massacre des Cristeros), dans les années 1940-50, en gros, on a décidé qu'il n'y aurait qu'un seul peuple mexicain, une seule identité mexicaine, à savoir les métisses (on s'accepte comme héritiers à la fois des Aztèques et des Espagnols et on pardonne à tout le monde, mais quand même, ça exclut les Blancs et les Indiens). Tout le monde a été sommé de rentrer dans le rang, mouvement amplement soutenu par le cinéma mexicain qui en a profité pour connaître son âge d'or.

    Toujours est-il que l'État laïc a décrété que ça faisait pas moderne d'avoir un tas d'Indiens qui continuaient de se saper avec des trucs brodés et colorés au lieu d'être en bleu de travail ou en costard-cravate. Leurs traditions, cultures, croyances, bouffe, systèmes de soins, etc ont été combattus avec la plus grande vigueur au nom de la "modernité" et du principe assimilationniste, et ça semblait plutôt bien parti puisqu'en plus, ces couillons d'Indiens crevaient beaucoup plus vite que le reste de la population et qu'on pouvait légitimement penser que le combat cesserait faute de combattants.

    Pas de bol, avec les campagnes de vaccination menées en traînant les pieds, la population indienne a commencé à arrêter de décroître puis par repartir carrément à la hausse. Et vous savez comment ça s'est terminé, par le Zapatisme (entre autres multiples mouvements autonomistes) et, à l'international, par la déclaration d'autodétermination des peuples autochtones, texte auquel votre belle Rrrrrrépublique laïque s'est opposée de toutes ses forces (des fois que ça donnerait des idées à un certain peuple de Nouvelle Calédonie dont l'ingratitude vis-à-vis de ce beau machin n'est plus à démontrer...). Pour être honnête, la France n'était pas la seule et des tas de pays pas du tout laïques comme les USA, le Royaume-Uni, l'Australie, etc, s'y sont également opposés. Bizarre, hein ?

    Mais ayant assisté aux négociations, je peux vous dire que le seul pays qui s'opposait à ce texte au nom de "l'égalité", c'était la France. Figurez-vous que la belle République estime que reconnaître des droits à des "peuples", ça va pas du tout puisque chez nous autres, inventeurs des droits de l'Homme, on ne connaît que des individus et donc pas question qu'un Corse se voit reconnaître plus de droits qu'un Parisien, nan mais sans blague.

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  28. (suite) Ah, parce que ce que demandent par exemple les peuples autochtones, c'est d'avoir leur propre système judiciaire, fondé sur le droit coutumier. Scandale ! Et pourtant, n'importe quel Français progressiste trouve ça super quand c'est "les Indiens", "les Pygmées", mais pas du tout super quand c'est "les Immigrés" (surtout s'ils sont noirs ou arabes et qu'ils ont le malheur de porter un bout de tissu sur la tête). Si on commence à reconnaître la justice coutumière sur les miettes de notre bel Empire, si ça se trouve, bientôt on devra s'accommoder "raisonnablement" de la Charia dans nos banlieues ! Gargle !

    Et c'est juste ça que Todd dit. Oui, les musulmans, les noirs et les arabes sont discriminés en France, ça ne fait aucun doute. Ils le sont autant que les Indiens en Amérique latine, au Canada ou aux USA, que les Aborigènes en Australie, les Pygmées au Burundi et au Rwanda, et ainsi de suite.

    Et je rappelle en passant que dans les années 80, par exemple, tout le monde s'offusquait - enfin, pas tout le monde, ceux qui étaient un peu courant - de la discrimination qui s'exerçait à l'égard des Touaregs dans la terrible Algérie coco soutenue par l'URSS (les soviétiques étant à l'époque, en plus, les seuls à faire du tourisme dans le Sahara algérien - et ils salopaient tout sur leur passage !). Tiens, et chez les Touaregs, les hommes dissimulent leur visage, pas les femmes qui portent une espèce de châle sur la tête comme les femmes d'innombrables peuples autochtones en Amérique latine). Bon, ben maintenant, les Touaregs sont des gros méchants intégristes et on ne s'intéresse à eux que pour les bombarder au Mali, (et là, la télé française n'hésite pas à nous montrer leurs cadavres carbonisés alors que Pujadas fait sa chochotte quand il s'agit de montrer un cadavre français). Pendant ce temps-là, Hollande nous raconte que le président algérien est un type je sais plus quel mot il a employé...

    Je me souviens d'avoir eu une prof de latin en lettres sup qui a dit à une fille de planquer sa croix sous son pull : c'était bien la première fois que je voyais ça ! Bon, cette fille était une conne, du coup, sur le moment, j'ai trouvé ça très bien. Mais en y réfléchissant, nous étions tous adultes...

    Si vous voulez vraiment pousser le principe de "laïcité" jusqu'au bout, il faut rétablir l'uniforme, interdire les t-shirts du Che, interdire les dread-locks, interdire le reggae dans l'espace public, interdire de porter des trucs où la marque est visible, etc... Remarquez, ça me va, je trouve les dread-locks répugnants, le reggae chiant à mort, et les t-shirts du Che parfaitement ridicules. Et j'ai personnellement grandi dans des lycées français de l'étranger où l'uniforme était obligatoire (comme dans toutes les écoles locales) et ça m'allait parfaitement. On avait aussi droit à la cérémonie du drapeau tous les lundis avec chant de l'hymne national et tout le truc. Ça a tellement eu de prise sur moi qu'après l'avoir chanté pendant 6 ans toutes les semaines je suis incapable de me souvenir ne serait-ce que d'une strophe !

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  29. (suite) Et dans mon entourage, j'ai pu voir à quel point la thèse de Todd se vérifiait : fallait voir tous les expats surpayés se réunir sur le trottoir devant l'ambassade de France (on les a pas laissés entrer, faut pas déconner, y'avait vigipirate !) avec leurs bougies et se serrer les uns contre les autres comme des chatons apeurés ! Pas un seul de ces mecs n'avait jamais lu Charlie Hebdo !

    J'ai reçu des mails et des coups de fil des CSP + de ma famille comme si vous venions de perdre notre grand-mère (alors que je suis la seule à avoir jamais été abonnée à Charlie - c'était il y a bien longtemps, de 1992 à 1995, quand c'est devenu carrément impossible de le lire, notamment après un reportage complètement naze chez les Zapatistes - et la seule à avoir bossé avec Wolinski, dont le rêve n'était certainement pas de finir en martyre pour cette cause débile, c'est le moins qu'on puisse dire, et merci à Delfeil de Ton de l'avoir rappelé !)

    Quand on apprend que Charb s'était en plus mêlé de cette histoire scandaleuse de la crèche Babilou, on constate à quel point il était lui-même un intégriste, ce que confirment ses accointances avec Bougrab - mes condoléances aux Finlandais, soit dit en passant, y'a qu'à voir l'attachement à la laïcité de cette bonne femme qui vient de signer la pétition "sauvons nos églises" de Tillinac !

    Ce fameux "esprit du 11 janvier" n'est que le remake de ce truc débile en 2002 avec tous ces gens qui pleuraient toutes les larmes de leur corps parce que Le Pen avait fait exactement le même score que d'habitude. 80% pour Chirac quand même. Putain, elle est belle la République !

    À Mexico, le propriétaire français d'un "magasin d'antiquités du XXe siècle" avait organisé une mini-manif de quelques dizaines de Français pour "montrer aux Mexicains que tous les Français ne sont pas fachos" (comme si les Mexicains en avaient quelque chose à foutre).

    Ça me fait carrément hurler de rire en repensant à cette histoire grotesque quand on voit un assassin comme Peña Nieto reçu en grand pompe par Hollande, qui l'avait décoré alors qu'il n'était même pas entré en fonctions mais avait déjà beaucoup de sang sur les mains. Mais ce qui compte, c'est de vendre nos hélicos pour dégommer les récalcitrants en les faisant ensuite passer pour des "narcos". Alors que des millions de personnes sont descendues ici dans la rue pour réclamer la retour, en vie, des 43 étudiants d'Ayotzinapa.

    C'était bel et bien un flash totalitaire, d'ailleurs les télés ne se sont pas gênées pour dire "ah, vous voyez, les jeunes de banlieue (les Noirs et les Arabes, donc) ne sont pas là, ça prouve bien qu'ils ne sont pas Charlie, CQFD, blablabla).

    Merci donc à Emmanuel Todd. Ras le bol du Charlisme, comme l'a bien dit le Yéti !

    Quant à ses inquiétudes sur l'antisémitisme des banlieues, je voudrais le rassurer, c'est exactement le même antisémitisme que d'habitude, celui de mon grand-père abonné à Minute, qui était tellement antisémite qu'il détestait autant les Juifs que les Arabes (il n'était d'ailleurs pas foutu de les distinguer). Mais contrairement à celui de mon grand-père, l'antisémitisme des banlieues disparaîtra quand les Palestiniens ne se feront plus massacrer en toute impunité, c'est quand même pas compliqué à comprendre. L'identification de mecs coincés dans leurs cités avec d'autres mecs enfermés dans la plus grande prison à ciel ouvert tombe sous le sens...

    Du temps où il y avait une "star" comme Arafat qu'on voyait, qu'on entendait, c'était différent. Maintenant, on ne voit plus de représentant des Palestiniens dans les médias, ce qui renforce ce sentiment d'humiliation.

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