La
loi El
Khomri est
un produit d'importation made
in
Union
européenne (voir
explications détaillées ici ).
Les « Grandes
orientations de politique économique » (GOPE), dont
l'existence est posée par les
traités,
et
le « Programme national de réformes » (PNR), qui
s'inscrit
lui-même dans
le cadre de la stratégie Europe 2020
« pour une croissance économique intelligente, durable et
inclusive »
(tsoin-tsoin),
prescrivent
à de nombreux pays et depuis longtemps le
malthusianisme budgétaire et la
modération salariale.
Dans
même temps, la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union
(CJUE),
n'a
de cesse de promouvoir l'ordre concurrentiel et la dérégulation.
Surtout, au travers d'arrêts à l'impact décisif mais mal connus du
grand public, tels, par exemple, les arrêts Laval et Viking de 2007, elle œuvre à saper le droit du travail dans les pays membres, et
à affaiblir la capacité de négociation des
salariés dans les conflits sociaux.
Enfin,
l'appartenance
à l'euro
interdit toute dépréciation
de la monnaie. Dès
lors, elle conduit
les pays de l'eurozone non à renforcer leur coopération, non
à
développer entre
eux la
solidarité, mais à se
mener les uns aux autres une véritable « guerre
de la désinflation salariale »,
selon
une expression de Steve Ohana.
Pour
livrer cette guerre, ajoute l'économiste, « la
France
ne semble plus avoir
d’autre
choix que de
s’engager
plus franchement dans des
politiques de dévaluation interne, non plus seulement via la
baisse
de la fiscalité sur le travail, mais via la compression
des
salaires eux-mêmes
( …)
c’est
l’option qui sous-tend la loi El Khomri ».
Face
au caractère scandaleux de l'affaire,
face à la blessure d'orgueil que ne peut manquer d'occasionner,
chez n'importe quel peuple encore un peu conscient de lui-même,
l'idée d'être « gouvernancé » depuis Bruxelles,
Francfort ou
Luxembourg au
lieu d'être normalement gouverné par les dirigeants qu'il a élus,
on pourrait s'attendre à ce que les « Européens de métier »
fassent profil bas. Par décence. Par souci de ne
pas attiser la colère. Parce que le fait
de bénéficier de
pouvoirs
exorbitants
dont ils ne
doivent la titulature qu'à une
série d'erreurs d'aiguillage de l'Histoire, devrait suffire à les
contenter.
Mais
non. Jouir en silence du
confort sans
risque qu’offre le
séjour dans cet Olympe
grisâtre depuis lequel ils nous
surplombent
n'est pas assez bien pour ces encravatés.
Il faut encore
qu'ils portent en bandoulière leur bonheur niais
d'être là où ils sont, et qu'ils l'ouvrent à tout propos. Sans
se rendre compte qu'à la fin, « les
gens » commencent à comprendre. Et
à
s'agacer.
L'ouvrir
très
grand,
c'est l'une des
choses
que Jean-Claude -
il
ne
peut
y
avoir de choix démocratique
contre
les
traités
européens
-
Jucker
fait le mieux. Aussi
a-t-il trouvé
judicieux, dans un récent entretien au journal Le Monde de
formuler ces quelques regrets :
« à
voir
les réactions que suscite la « loi travail », je
n’ose
pas m’imaginer quelle aurait été la réaction de la rue, à Paris
ou à Marseille, si votre pays
avait
dû appliquer des réformes comme celles qui ont été imposées aux
Grecs ».
Ah,
ces
Français rétifs ! Comme
il
est
dommage de ne pouvoir vitrifier leur
économie
avec cette
même
brutalité
joyeuse dont
on à usé contre l'économie grecque !
Ceci
dit, rien n'est jamais
perdu pour qui sait s'armer
de patience.
Durant l'été 2015, au cœur de la « crise grecque », le
ministre hellène Yanis Varoufakis avait donné quelques clés pour
comprendre la dureté des créanciers
vis-à-vis de son pays. Selon lui, la véritable cible
des « Européens » (et
de l'Allemagne, plus encore que de l'Europe institutionnelle)
était en
fait
l'Hexagone.
«
La
Grèce
est
un
laboratoire
de l’austérité, où le mémorandum est expérimenté
avant
d’être
exporté. La crainte du Grexit vise à faire
tomber
les résistances françaises, ni
plus
ni
moins »,
avait-il
osé. Pour
lui, les cibles terminales
étaient
l’État-providence
et le droit du travail français
Or
pour Jean-Claude Juncker, il
se trouve que « la
réforme du droit du travail voulue et imposée par le
gouvernement
Valls est le minimum de ce qu’il faut faire ».
Le
minimum seulement.
Et,
avec un peu de chance, de
constance et d'audace,
une simple étape vers ce rêve éveillé que constitue l'idéal
grec !
Autre
grand
bavard : Pierre Moscovici. Lui assume mieux encore que Juncker,
et ses insinuations n'en sont plus. Ce sont même des aveux :
oui, l'Union européenne veut la loi El Khomri.
Dans un entretien publié ici le 18 mai soit, précisément, le jour de la parution des recommandations adressées par la Commission à la France dans le
cadre du « semestre européen », le
commissaire aux
Affaires économiques
faisait connaître sa volonté. S'il minaudait tout
d'abord
en prétendant qu'il ne lui appartenait pas de « juger »
la Loi travail, il rappelait toutefois qu'il lui appartenait bien
de
l'exiger : « Tout
ce
que je peux dire, c'est
que
la
réforme
est
indispensable
et
qu’y renoncer serait une erreur
lourde
(…)
les
Français
ont souvent le même réflexe quand
une
réforme se présente : celui
de s’y
opposer.
Cela
ne
signifie pas
que
la réforme n’est pas nécessaire et qu’elle ne doit pas être
menée
(…)
En
outre, je pense que la volonté du peuple doit s’exprimer dans les
élections, pas dans les
sondages ».
C'est
vrai. En
principe, sauf à vivre dans
le
chaos de la démocratie d'opinion, les scrutins font foi bien plus
que les sondages. Mais en principe aussi, le pouvoir exécutif
français se situe à l’Élysée et à Matignon (Paris, France), et
non dans le bâtiment du Berlaymont (Bruxelles, Belgique). Sauf à
vivre dans le chaos de la démocratie congédiée.
Évidemment,
si les choses en sont là, et Moscovici le dit fort bien, c'est en
raison « des
traités que les gouvernements et les Parlements de l’Union
européenne, à commencer par celui de la France, ont signés ».
C'est là l'argument dont les européistes se
prévalent
sans cesse, car
il n'y a plus que ça en magasin. Au
passage, ils se hâtent d'oublier que le dernier des
traités, celui de Lisbonne, a tout de même nécessité pour être
signé que l'on s'assoie en
2005 sur
les résultats de deux référendums, le Néerlandais et le Français.
Tout comme on s'est
assis sur le résultat de la consultation grecque de juillet 2015.
Autrement, c'était début du détricotage de la zone euro.
***
Au
sujet du mouvement social actuellement en cours, Myriam El Khomri a
eu ces mots très contestés : « il
n’est pas question que l’économie de notre pays soit prise en
otage ». Ils
sont pourtant incontestables: l'économie de notre pays est, depuis
longtemps, en
situation de captivité. Simplement,
les
rançonneurs ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Article initialement paru sur Figarovox.
Sortons de cette europe qui n'est qu'une mascarade afin de spolier les plus pauvres de ce qu'il leur reste!
RépondreSupprimernon seulement le gouvernement français est aux ordres, mais il n'est même pas bon dans l'exécution :
RépondreSupprimerhttp://www.xerficanal-economie.com/emission/Olivier-Passet-Comment-sortir-du-fiasco-de-la-Loi-El-Khomri_3513.html?utm_source=Mod%E8le%20diffusion%20Xerfi%20Canal&utm_medium=email&utm_campaign=XC300516