Vous avez publié, en 2014,
Europe, les états désunis. Est-ce que le
Brexit, qui vient d’être choisi par les Britanniques à 52%,
traduit cette désunion de l’Union européenne ?
Elle
traduit une défiance grandissante à l'égard de l'intégration
européenne, qui me semble avoir deux causes. Il y a d'une part le
problème économique, et d'autre part, peut-être plus saillant
encore, le problème démocratique.
Le
problème économique est évident. L'Union ne se remet pas
de la crise de 2008. Cela
tient aux
présupposés sur lesquels elle est bâtie. D'abord,
le principe de la « libre concurrence » est au cœur des
textes européens. Ensuite, on
a décidé que pour construire l'Europe, il fallait tout laisser
circuler, sans aucune condition, sans aucun préalable. On laisse
donc circuler les capitaux et les marchandises comme s'il s'agissait
là d'un immense progrès humain, sans tenir compte du fait que
partout ailleurs, des États-Unis à la Chine, un protectionnisme
pragmatique mais sourcilleux
est pratiqué. Il suffit de
considérer la situation de l'UE au regard tu commerce international,
la manière dont elle appréhende les accords commerciaux qu'elle négocie pour s'apercevoir que nous somme le coin du monde le plus bêtement
néolibéral, donc le moins protecteur.
La
libre circulation des personnes peut elle aussi poser problème.
Évidemment pas si elle a un but touristique ou culturel. Mais
l’immigration de travail, que l'on a voulue
totalement libre sans
harmonisation sociale préalable, n'en finit plus de faire sentir ses
effets. On a beaucoup dit que la question migratoire avait dominé la
campagne du Brexit. C'est vrai, mais ce n'est peut-être pas tant la
question des réfugiés syriens que celle, pour aller vite, du
« plombier polonais ». L'UE,
au lieu de tout faire pour le décourager, favorise le dumping
salarial entre ses pays-membres. A titre d'exemple, la Commission
européenne a récemment houspillé la France et l'Allemagne,
suspectées d'appliquer trop systématiquement le Smic aux chauffeurs étrangers dans le domaine du transport routier. Le Smic serait-il
contraire, désormais, aux « valeurs européennes » dont
on se prévaut tant ?
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Brexit : vingt intellectuels eurocritiques lancent un appel pour un nouveau traité
RépondreSupprimer"Le paradigme néolibéral - la croyance en l'efficience des marchés - ne peut se substituer à la définition de politiques industrielles et d'un cadrage social."
Voir : http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/06/30/31002-20160630ARTFIG00290-brexit-vingt-intellectuels-eurocritiques-lancent-un-appel-pour-un-nouveau-traite.php
RépondreSupprimerL'Europe, nouvelle tour de Babel
Ils avaient la même langue, disaient les mêmes paroles. La pensée unique déjà. Ils décidèrent de construire une ville, pour sceller leur unité et leur force, et d'édifier une tour atteignant les cieux, pour les proclamer au monde. Née de leurs rêves, fruit de leur orgueil, la tour insensée s'écroula avant d'être achevée, évidemment. Elle fut alors nommée "babel", mot qui exprime, comme "barbare", l'incompréhension. Car les hommes qui s'étaient lancés dans sa construction, si fiers de leur projet, ne comprenaient pas ce qui leur était arrivé et que, désormais dispersés, devenus barbares les uns pour les autres, ils ne parvenaient plus à se comprendre.
Toute ressemblance avec la situation présente en Europe ne serait ni fortuite, ni pure coïncidence...
Pensée unique, foi sans faille en l'unité et en la force, confusion entre rêve et réalité, orgueil tant collectif qu'individuel, empilage indéfini de traités en guise de briques, agrandissement sans limite de la construction, amorce d'écroulement... tout y est ! Jusqu'à l'incroyable ressemblance, voulue forcément, entre le bâtiment du parlement européen à Strasbourg et les représentations picturales les plus connues de la tour de Babel !... Comme s'il s'agissait de la rebâtir enfin, cette fameuse tour injustement écroulée, comme s'il s'agissait de faire rendre gorge au dieu vengeur qui avait prétendu punir les hommes de leur orgueil. N'est-ce pas là se vouloir l'égal dudit dieu et donc, quelle étrange répétition !..., vouloir à nouveau atteindre les cieux ? N'est-ce pas être assuré de l'effondrement ?
N'est-il pas grand temps de s'en rendre compte et, si nous sommes aussi raisonnables que nous croyons l'être, de trouver une autre voie ?