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jeudi 30 juin 2016

Brexit : le Parlement européen envoie des cadors pour négocier.



" Ils sont énormes...." 


Face à une situation aussi inédite que le Brexit, qui verra pour la toute première fois un pays membre quitter de l'Union, il était normal que le Parlement européen, haut lieu de la démocratie et de la représentativité communautaire, désigne des hommes neufs pour négocier avec Londres.
L'incertitude, le nécessaire pragmatisme dont il faudra faire preuve pour gérer le départ anglais interdisait en effet que l'on mandate des responsables de ce qu'il faut bien appeler, si l'on est un minimum lucide, le fiasco de l'Europe telle qu'elle est.
C'est pourquoi l'équipe dédiée devrait en principe se composer des eurodéputés suivants :
- Guy Verhofstadt, le président du groupe ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe). Pour un Brexit, il fallait bien ça : un fédéraliste. En 2001, l'homme a en effet présidé le Conseil européen de Leaken qui a lui même lancé la Convention sur l'avenir de l'Europe. Laquelle convention a rédigé le projet de Traité constitution européenne (TCE). Bref, l'homme de la situation.
- Elmar Brok. Il était quant à lui président du groupe PPE au sein de la même Convention sur l'avenir de l'Europe. Après le rejet de projet de Constitution par la France et les Pays-Bas en 2005 et alors qu'il fallait rédiger un nouveau traité pour le remplacer, Elmar Brok fut des eurodéputés membres de la CIG (Conférence intergouvernementale) chargée de rédiger ledit nouveau traité. En même temps, c'est un peu normal qu'il ait tout fait, puisqu'il est député européen depuis.... juin 1980. Ce qui ne nous rajeunit pas.
- Roberto Gualtieri, le président de la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Comme l'économie et la monnaie sont précisément les choses qui marchent le mieux en Europe, ça tombe plutôt bien.
A noter que les trois eurodéputés, Verhofstadt, Brok et Gualtieri ont l'habitude de travailler ensemble. En effet, il s'agit précisément de l'équipe qui a œuvré à concocter le Pacte budgétaire européen (ou TSCG). Celui qui invite les pays membres de l'UE à inscrire une « régle d'or budgétaire » au frontispice de leurs principes constitutionnels.

Ça s'invente pas, tout ça, quand même. 
On ne change pas une équipe qui perd. 

5 commentaires:

  1. Denis Monod-Broca30 juin 2016 à 07:59

    Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
    L'édifice va s'écrouler sur eux mais ils continueront à croire jusqu'au bout que sa construction se poursuit...
    La tour de Babel, je vous dis !... à laquelle le Parlement européen ressemble tant.

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  2. Merci pour votre humour salvateur, Coralie.

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  3. Denis Monod-Broca1 juillet 2016 à 03:07

    Texte de janvier 2000.
    Rien n’a changé, sinon que nous nous rapprochons de l’effondrement…

    "Paroles unies, pensée unique
    ou
    les hommes malades de leur orgueil

    L'épisode de la tour de Babel est bien connu : les hommes ont été assez fous pour croire qu'ils pouvaient construire une tour atteignant le ciel et Dieu, pour les punir de leur orgueil, a provoqué l'écroulement de leur tour et les a dispersés.
    Cependant, le texte lui-même, relu verset par verset, sous l'éclairage de l'actualité, ne raconte pas exactement cela. Il ne raconte pas la construction d'une tour, il raconte la construction d'une ville.
    Un texte n'est jamais invention pure. Un texte, même s'il est "pure poésie", même s'il est "d'inspiration divine" raconte toujours quelque chose.
    Si ce texte de la Genèse raconte bien quelque chose, c'est-à-dire s'il raconte quelque chose qui s'est effectivement passé, quelque chose de comparable à ce que nous vivons, la comparaison réciproque, le jeu de miroir, entre cet événement lointain et l'événement contemporain, devrait éclairer, l'un par l'autre, les deux. Et c'est bien ce qui se passe, merveilleusement, verset après verset.
    "Tout le monde se servait d'une même langue et des mêmes mots". La traduction de Chouraqui dit même : "de paroles unies".
    N'est-ce pas là l'exacte dénonciation de notre "pensée unique" ?
    "Ils dirent l'un à l'autre : Allons, faisons des briques (...). Ils dirent : Allons, bâtissons-nous une ville (...)"
    La pensée unique aujourd'hui dit : "Allons, rédigeons des traités", "Allons, construisons l'Europe".
    Aux yeux des tribus de l'époque, les villes jouaient le même rôle que nos empires d'aujourd'hui aux yeux des petites nations. L'union pour construire une ville pouvant rivaliser avec les autres villes est donc bien l'exacte préfiguration de l'union des petites nations pour construire un empire, l'Europe, pouvant rivaliser avec les autres empires (les USA en tête bien sûr, mais aussi le Japon, la Chine, la Russie).
    "(...) et une tour dont le sommet pénètre les cieux".
    La tour est le symbole de la ville en construction, mais elle n'est pas seulement cela. Elle n'est pas une tour ordinaire, elle doit atteindre les cieux. Elle devient donc le symbole non seulement de l'incorrigible vanité de ses constructeurs, mais de leur croyance que l'union leur conférera une toute-puissance magique. Ne dit-on pas que l'Europe, dont la construction serait si essentielle, vitale même, doit nous donner la force nécessaire pour égaler et surpasser les plus forts. Vouloir surpasser les plus forts, n'est-ce pas chercher à pénétrer les cieux ?
    "Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre !"
    Il y a quelques temps, sur Europe 1, Giscard d'Estaing justifiait l'intégration européenne par le fait que "les pays européens sont petits et dispersés". A plusieurs milliers d'années d'écart est ainsi exprimée la même crainte de la dispersion et, en négatif, le même rêve d'union, d'harmonie et de force.

    (à suivre)

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  4. Denis Monod-Broca1 juillet 2016 à 03:08

    (suite)
    "Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties."
    L'euphorie des premiers temps passée, nous sommes en train de prendre conscience que l'Europe n'est pas exactement, dans la réa¬lité, ce que le rêve avait imaginé.
    "Et Yahvé dit (...) maintenant aucun dessein ne sera irréalisable pour eux (...)".
    Ne nous répète-t-on pas que l'Europe est indispensable à la paix du monde, que la France n'est rien sans l'Europe, que le bien être des peuples et des individus passe par l'Europe, que l'Europe pourrait réunir 30 pays, 40 pays, que l'Europe a pour vocation de répandre droits de l'homme et démocratie partout où ils ne règnent pas encore, etc. N'est-ce pas croire qu'aucun dessein n'est irréalisable pour nous qui construisons l'Europe ? Et n'est-il pas tout autant déraisonnable aujourd'hui qu'hier de croire qu'aucun dessein n'est irréalisable ?
    "Et là, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres".
    Le langage sur l'Europe, y compris celui de ses plus chauds partisans, n'est-il pas en train de devenir cacophonie ?
    Les élargisseurs s'opposent aux approfondisseurs, les fédéralistes aux confédéralistes et les deux aux partisans de l'Europe des nations.
    Mais plus grave encore : si les communautés européennes ont été, au début, le fait d'Etats traitant entre eux d'égal à égal, l'union européenne est maintenant devenue une club très fermé, exclusif même, imposant impérialement ses critères d'ad¬mission aux candidats potentiels. Et ceux-ci ne sont plus du tout considérés comme des égaux, ils sont examinés avec condescendance, sinon avec mépris (la Turquie) ou avec horreur (la Serbie) !
    Constructeurs de l'Europe, nous continuons à dire tous la même chose : "construisons l'Europe", mais nous ne savons plus ce que nous construisons, ni avec qui, ni dans quel esprit, ni jusqu'où. Nous utilisons tous les mêmes mots : "construction", "Europe", "union", mais nous ne leur donnons plus le même sens. Chacun accuse l'autre d'être un adepte de la pensée unique et ne cherche plus à le comprendre. Nous ne nous comprenons plus, nous ne nous entendons plus. C’est bien cela : "Confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres".
    "Yahvé les dispensa de là sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre."
    Babel, comme barbare, désigne étymologiquement ceux qui balbutient, ceux qu'on ne comprend pas. Et c'est bien d'incom¬préhension qu'il s'agit. Tout rêve utopique d'union et d'harmonie bute toujours sur l'incompréhension. Il bute à l'intérieur sur l'incompréhension des déçus d'une harmonie jamais réalisée. Ou il bute à l'extérieur sur l'incompréhension de ceux à qui on refuse l'entrée. N'est-il pas caractéristique, et révélateur — et oh combien tragique ! — que le mot "barbare" soit redevenu une injure si courante ? Et c'est pourquoi on la nomma Babel....
    J'ai gardé pour la fin une phrase du verset 3 qui montre à quel point le narrateur est conscient de la folie des héros de son récit :
    "La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier."
    En la paraphrasant, nous pourrions dire de nous-mêmes, Européens : "Des traités nous servent de constitution, la prospérité nous sert d'espoir." En d'autres termes, comme les constructeurs de la tour de Babel, nous voulons faire du vrai avec du faux.

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  5. Une construction supranationale, ça finit toujours par la dislocation.

    Je veux citer quelques exemples de construction supranationale, rien qu’en Europe :

    1. l’Empire romain
    2. l’Empire carolingien
    3. l’Empire Plantagenêt
    4. le Saint-Empire Romain Germanique
    5. le IIe Reich
    6. le IIIe Reich
    7. l’Empire napoléonien
    8. l’Autriche-Hongrie
    9. l’URSS
    10. la Tchécoslovaquie
    11. la Yougoslavie.

    À chaque fois, toutes ces constructions supranationales ont fini par se disloquer.

    De la même façon, l’Union européenne va finir par se disloquer.

    Comme d’hab.

    Toujours aussi pathétiques, les bisounours européistes paniquent, s'agitent, courent dans tous les sens, prennent l'avion, multiplient les réunions en Europe, accumulent les rencontres internationales, font des « réunions de la dernière chance » entre dirigeants européens afin, disent-ils, d'éviter « la dislocation de l'Europe ».

    Mais ça ne sert à rien.

    Les bisounours européistes n'ont toujours pas compris que l'Union européenne, DEPUIS SA NAISSANCE, était condamnée à se disloquer.

    Les bisounours européistes n'ont toujours pas compris que la machine infernale est lancée.

    Leurs efforts désespérés n'empêcheront pas l'Union européenne de se disloquer.

    François Hollande : « L’immobilisme serait la dislocation de l’Europe »

    http://actu.orange.fr/politique/francois-hollande-l-immobilisme-serait-la-dislocation-de-l-europe-lesechos-CNT000000qDFjc.html

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