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Billet invité -
Cristobalacci
El Massaliote
Cependant que la Grèce se prépare à présenter à Bruxelles, lundi, une liste de réformes supposées amadouer ses créanciers et les conduire à débloquer une tranche d'aide au profit du pays, Cristobalacci El Massaliote revient, comme la semaine dernière, sur l'actualité du pays. Cette revue de presse a été réalisée à partir de la presse grecque de la semaine
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Loin
de Paris et de ses journalistes spécialistes de tout, de rien et
surtout des clichés sur Syriza, il existe un pays où la presse
traite de sujets aussi sérieux que l’Europe, la crise, la lutte
contre la corruption et la "liste Lagarde". Ce pays se nomme la Grèce.
Les
négociations avec l’UE : une liste des réformes contre la
poursuite de l’aide financière.
Alors que le week-end dernier, les journaux To
Vima
et Ta
Néa
avaient peur des conséquences d’une “perte de temps” dans
l’application de l’accord du 20 février et qui auraient pu
provoquer un échec ou une rétrogradation de la Grèce, il semble
que la rencontre Tsipras/Merkel de lundi 23 ait rassurée les
lecteurs et les électeurs grecs.
En
effet, une liste de réformes, attendue notamment par l’Eurogroupe et le président de la commission européenne Jean-Claude
Juncker doit être présentée ce lundi 30 mars par Athènes. Selon
Ethnos
(26 mars),
cette liste devrait comprendre plusieurs volets (réformes fiscales,
privatisations, etc.) et serait le fruit d’un accord permettant de
débloquer des fonds pour la Grèce (une annonce est prévue à ce
sujet pour mardi 31 mars).
Les
relations Berlin-Athènes : entre doigt d’honneur, retour aux
réalités et détente…
Selon
Kathiremini
(23 mars),
les relations des ministres des finances grec (Y.
Varoufakis) et allemand (W.
Schäuble)
seraient particulièrement tendues et auraient même atteint « un
point limite ».
Il
faut dire que la lettre qu’Alexis Tsipras avait adressée à Angela
Merkel le 15 mars avait de quoi tendre les relations entre les deux
pays. Le premier ministre grec invitait la chancelière allemande à
ne « pas laisser un problème mineur de liquidité (…) se
transformer en problème majeur pour la Grèce et l’Union ».
Comme pour mieux clarifier sa position, Tsipras avait même fini par
indiquer que s’il devait choisir entre remboursement des dettes et
paiement des salaires et des retraites, il ne pourrait que choisir la
seconde solution.
La
rencontre du 23 mars entre Angela
Merkel et Alexis Tsipras semble donc avoir rétabli la confiance et
assuré une « dé-escalade de la tension » (Kathiremini).
Angela
Merkel a ainsi indiqué que les décisions sur la Grèce ne pouvaient
être prises que par l’Eurogroupe,
tout en rappelant que les réformes internes restaient du ressort du
gouvernement grec.
Ou
un bras de fer avec de triple biceps…
Pour
autant, le gouvernement grec semble toujours vouloir poursuivre le
bras de fer avec Berlin et utiliser plusieurs cartes.
1
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Les
réparations de guerre
La
première carte, celle des réparations allemandes sur les crimes de
guerre a encore été brandie par le ministre des affaires étrangères
grec, M. Kotsias dans une interview dans un journal allemand. Il a
insisté en affirmant qu’une solution politique, et non seulement
juridique devait être trouvée. Manolis Glézos, député SYRIZA ethéros de la résistance grecque a, quant à lui « adouci »
les positions du parti en distinguant, d’une part, le peuple
allemand et dirigeants allemands actuels et, d’autre part la
culpabilité du IIIème Reich.
2
-
Le
scandale Siemens
La
seconde carte, celle des éclaircissements sur le scandale Siemens
(l’entreprise
allemande pourrait être exclue des marchés grecs – voire
européens – si les pratiques illégales et les « transactions
frauduleuses prouvées » étaient finalement avérées) a été
brandie par Alexis Tsipras lui même lors de sa visite à Berlin. En
déclarant « nous devons éclaircir le passé (…) c’est une
question d’éthique », Tsipras englobait, à la fois le
dossier des réparations et celui du scandale Siemens.
Il
est intéressant de remarquer que si la Chancelière a répondu que
« le dossier des réparations de guerre (était) politiquement
et juridiquement clos », elle a en revanche refusé d’évoquer
la question du scandale Siemens, selon les
deux journaux Avghi
et
Ethnos.
Ce silence s’est installé au moment où le premier ministre grec
venait de réclamer « l’aide de l’Allemagne pour faire la
lumière sur le scandale Siemens » (Avghi).
L’explication a peut être été apportée par Ta
Néa
qui croit savoir que cette question agite actuellement un patronat
allemand craignant l’ouverture d’une enquête.
3
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L’industrie
d’armement allemande bientôt visée ?
Selon
Ethnos
(26 mars),
le grand perdant de la dégradation des relations entre Athènes et
Berlin risque d’être l’industrie de défense allemande. En
effet, d’autres pays, comme les Etats-Unis,
la Russie, la France ou la Norvège se seraient déjà positionnés
sur ce marché important dans un pays paradoxalement en crise (voir
paragraphe suivant).
D’ailleurs,
un autre scandale de corruption concernant la vente de sous-marins
allemands à la Grèce en 2000 ( 60 millions d’euros
de commissions pour un marché de 2,4 milliards d’euros) serait en
cours d’examen.
Terrible
menace : L’industrie allemande risque de perdre le monopole sur les pompons des evzones! |
Relations
internationales : États-Unis,
Chine et Russie.
Des
États-Unis
inquiets et impliqués
Selon
plusieurs journaux,
(Avghi,
Eleftheros Typos)
les États-Unis
continuent de faire part de leur « inquiétude sur l’économie
de l’UE et sur l’économie mondiale ». En effet, le porte-parole
de la maison blanche, M. Ernest a souligné que « le règlement des
différends et la fin de l’instabilité au sein de l’UE étaient
de l’intérêt des États-Unis
et de l’économie américaine » avant d’ajouter que « les
États-Unis étaient en contact étroit avec les alliés et
partenaires européens dans le but de mettre fin à l’insécurité
économique mondiale ».
Selon
Ethnos,
la visite prochaine du ministre de la
défense grec
(M. Kammenos,
ANEL) aux États-Unis
devrait permettre de faire aboutir des signatures de contrats
d’armement (470 millions d’euros).
La
Chine : un rapprochement pour préparer le long terme ?
Le
vice Premier ministre
et le ministre des affaires étrangères (M Kotsias) se sont déplacés
à Pékin pour préparer la visite d’Alexis Tsipras prévue au mois
de mai. Il a également été question de politique (revalorisation
des relations bilatérales, projet commun pour 2015-2017), d’économie
(exportations de produits agricoles grecs, tourisme, investissement
chinois et règlement à l’amiable du problème de la privatisation
du port du Pirée) et de stratégie (renforcement de la coopération,
rôle positif de la Grèce dans les relations Chine/UE).
Pâques
à Moscou…
Selon
Ethnos,
le ministre de la
défense, M.
Kammenos devrait se rendre en Russie pour Pâques (principale fête
pour les orthodoxes) pour traiter de questions d’armements (remise
à niveau de matériels voire acquisitions).
Politique
intérieure : réformer toujours dans la douleur... et dans l’euro
!
En
attendant la liste des réformes promises à l’Eurogroupe,
le gouvernement Syriza/ANEL travaille sur plusieurs projets
(assurances, retraites, réformes fiscales) et poursuit sa lutte
contre la fraude fiscale en rencontrant les responsables suisses afin
de traiter le problème révélé par la « liste Lagarde »
(2000 grecs ayant des comptes à l’étranger).
Il faut noter que Syriza reste
toujours aussi populaire chez les électeurs comme le révèle un
récent sondage (Syriza 40,2% ; Nouvelle démocratie : 21% ; KKE 4,9% ;
Aube dorée 4,8% ; ANEL 4,5% ; la Rivière 4,3%, Pasok 2,5%.).
D’autre part, le même sondage (sondage MARC pour la chaîne
Alpha) rappelle que le peuple grec préfère, à l’heure actuelle
rester dans l’euro. Souffrir pour se libérer du
carcan ou continuer à subir les politiques d’austérité, voici
donc l’affreux dilemme d’une Grèce cherchant à se faire
entendre à Bruxelles, Berlin, Moscou ou Pékin...
Parabole
RépondreSupprimerL'Europe voulait damner le pion aux États-Unis. Les États-Unis d'Europe devaient devenir la première puissance du monde. Mais, imbibés de mimétisme, nous vivons une époque bipolaire, et aux moments d'exaltation succèdent les moments de déprime. L'Europe se révélait surtout une vaste machine technocratique soumise à l'influence de lobbys tout puissants. De dépit on se mit à réclamer sur tous les tons une « autre Europe ». Puis il y eut la réunification de l'Allemagne et, au nom d'une exaltante mais fantasmée « réunification européenne », l'Europe s'agrandit de douze nouveaux membres. Mais il fallut vite déchanter. Le revers de cette si glorifiée réunification était l'impossibilité désormais reconnue, à 28, et aussi disparates, de créer un véritable état fédéral européen. Toujours cette même alternance exaltation-dépression. La bipolarité est un mal tenace. Entretemps il y avait eu l'euro, et ses pères s'étaient à nouveau exaltés, se voyant une fois encore en fiers nation builders, en héroïques géants de l'histoire. Mais, nouvelle déprime, car, en 2007-2008, l'euro ne protégea pas la zone euro. Bien au contraire, il l'enfonce depuis dans les déficits et les dettes, et surtout il accentue dramatiquement les déséquilibres entre riches et pauvres. Qu'à cela ne tienne ! « Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour défendre l'euro » affirma le président de la BCE, ajoutant : « whatever it takes », « quoi qu'il en coûte ». Il arrive ainsi, aux gens bipolaires, s'ils ne peuvent atteindre le meilleur, de viser le pire. Nous sommes désormais dans un avion dont le pilote, l'oligarchie bruxelloise, enfermé seul dans le cockpit, désinhibé par la prise régulière de fortes doses de MES, FESF, MEFS, LTRO, taux zéro, etc., dirige l'avion vers la montagne. Le verrou et le blindage de la porte sont solides : aux peuples qui sonnent pour entrer et reprendre les commandes, il est répondu, d'une formule sans appel, qu’« il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». Les succès des partis Mouvement Cinq Etoiles, Syriza, Podemos, FN, Ukip et autres sont autant de coups de pioche inutiles contre la porte blindée du poste de pilotage. Les cris des passagers se font de plus en plus forts, en vain. Les populations souffrent des mesures d’austérité de plus en plus inhumaines qu’elles subissent, et qui ne servent à rien. Elles sont effrayées, s’attendent au pire, voient la montagne se rapprocher à toute vitesse. Mais, arcbouté sur ses commandes, le pilote ne peut plus reculer. Coups et cris deviennent assourdissants. Mais il n'ose pas, se serait reconnaître sa folie, et puis c’est trop tard. Ne pouvant atteindre son rêve, il aura au moins provoqué une catastrophe qui restera dans l'histoire...
470 millions d´euros pour des contrats d´armements avec les USA, ? millions avec la Russie. Je croyais que la Grèce était en faillitte, et donnait la priorité à l´emploi, le paiement des retraites, le système de santé. Je ne savais pas qu´elle se préparait à entrer en guerre... Il est intéressant de chiffrer la part actuel du budjet de la défense grecque. Intéressant aussi de se rappeler de quel bord politique est Monsieur Kamenos. Avec l´espoir que l´armée grecque n´ait pas des arrières pensées de guerre civile...
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