Pour continuer cette série, voici un article de la politiste américaine Wendy Brown. C'est un texte ancien (2004) mais très actuel. Il permet de comprendre que le néolibéralisme n'est pas le libéralisme classique, mais qu'il est au contraire en train de tuer la démocratie libérale. Une version plus longue en français (avec des propositions spécifiquement destinées à la gauche) est disponible ici. La version intégrale de l'article en anglais est disponible ici. Pour faciliter la lecture de ce texte dense, certains passages ont été mis en exergue.
****
Par Wendy Brown
En
préalable à une réflexion sur la rationalité politique
néo-libérale, il peut être utile de souligner la
différence communément admise entre libéralisme politique et
libéralisme économique
- différence d’autant plus difficile à démêler en Amérique que
« liberal »
y désigne un point de vue politique progressiste qui défend en
particulier l’État-providence et d’autres institutions du New
Deal,
et soutient le principe d’un degré relativement élevé
d’intervention politique et législative en matière sociale.
Pour
aller vite, la
pensée économique
distingue le libéralisme du mercantilisme d’une part, du
keynésianisme ou du socialisme de l’autre. Dans
sa version classique, le libéralisme économique consiste en une
maximisation du libre-échange et de la concurrence grâce à une
intervention minimum des institutions.
Dans
l’histoire de la pensée politique,
le libéralisme, dont la liberté individuelle constitue la pierre de
touche, désigne un système dans lequel la raison d’être de
l’État est la garantie, sur des bases formellement égalitaires,
de la liberté des individus.
Un
système politique libéral est donc également compatible avec une
politique économique libérale ou keynésienne.
Insistons-y :
ce
qu’on appelle aujourd’hui « néo-libéralisme »
renvoie à la variante économique du terme
(la remise au goût du jour d’une série de postulats
pré-keynésiens sur la production et la distribution des richesses)
plutôt
qu’à sa variante politique
(un ensemble d’institutions ou de pratiques politiques). On va le
voir, ce qu’il y a de « néo » dans « néo-libéralisme »
consiste pourtant à établir les principes du libéralisme
économique sur des bases d’analyse sensiblement différentes de
celles que faisait valoir Adam Smith. Le
néo-libéralisme n’est d’ailleurs pas uniquement un
ensemble de mesures économiques. Il ne s’agit pas seulement de faciliter le libre-échange, de
maximiser les profits des entreprises et de remettre en cause les
aides publiques. En effet, de l’esprit du sujet-citoyen aux
pratiques impériales en passant par l’Éducation, rien n’échappe
à l’analyse néo-libérale, quand elle est traduite en
gouvernementalité. Si
la rationalité néo-libérale met le marché au premier plan, elle
n’est pas seulement -
et n’est même pas d’abord -
centrée sur l’économie ; elle consiste plutôt dans
l’extension et la dissémination des valeurs du marché à la
politique sociale et à toutes les institutions,
même si le marché conserve en tant que tel sa singularité. D’où
l’objet de cet article : explorer les implications politiques
de la rationalité néo-libérale sur la démocratie libérale -
implications qui correspondent à ce qu’il est convenu d’appeler
le « tournant néo-libéral », qui les légitime et
qu’elles légitiment en retour.
Les
principales caractéristiques de
la rationalité néolibérale sont
les suivantes :
le
politique, et avec lui toutes les autres dimensions de l’expérience
contemporaine, est soumis à une rationalité économique. Pour
le dire autrement, l’être humain est intégralement conçu
comme homo
oeconomicus,
et
toutes les dimensions de la vie sont modelées par la rationalité
marchande.
En conséquence, toute
action et toute décision politique obéissent à des considérations
de rentabilité,
et - c’est tout aussi important - toute
action humaine ou institutionnelle est conçue comme l’action
rationnelle d’un entrepreneur, sur la base d’un calcul d’utilité,
d’intérêt et de satisfaction, conformément à une grille
micro-économique moralement neutre,
dont
les variables sont la rareté, l’offre et la demande.
Non seulement le néo-libéralisme conçoit tout, dans la vie
sociale, culturelle et politique, comme réductible à un tel calcul,
mais il développe aussi les pratiques et les récompenses
institutionnelles qui permettent de réaliser cette conception. En
d’autres termes, le discours et la politique qui véhiculent ses
critères permettent au néo-libéralisme de façonner des acteurs
rationnels et des prises de décision dictées, dans tous les
domaines, par la logique marchande. Il est donc important de le
souligner : dans
son exigence de propagation de la rationalité économique, le
néo-libéralisme est plus normatif qu’ontologique ;
et il préconise à cet effet un cadre institutionnel, une série de
mesures politiques et un discours. Le
néo-libéralisme est un projet constructiviste :
pour
lui, la stricte application de la rationalité économique à tous
les domaines de la société n’est pas un donné ontologique ;
il œuvre
donc, comme on va le voir, au développement, à la diffusion et à
l’institutionnalisation de cette rationalité.
À
la différence du libéralisme économique classique, qui tire son
célèbre « laisser faire » de la propension humaine « au
troc et à l’échange », le
néo-libéralisme ne considère pas le marché et le comportement
économique rationnel comme purement naturels.
L’un et l’autre sont construits - ils sont façonnés par la loi
et les institutions et exigent une intervention et une orchestration
politiques. Loin
de prospérer quand elle est laissée à elle-même, l’économie
doit être dirigée, soutenue et protégée par la loi et par le
gouvernement, tout autant que par la diffusion de normes sociales
élaborées pour faciliter la concurrence, le libre-échange et
l’action économique rationnelle de tous les acteurs et de toutes
les institutions sociales.
« Dans la conception ordo-libérale, le marché n’est pas une
réalité économique naturelle, dotée de lois propres, qu’un bon
gouvernement devrait respecter sans jamais les oublier. Bien au
contraire, il ne peut être constitué et pérennisé qu’à force
d’interventions politiques [...]. La concurrence n’est pas
davantage un fait naturel [...]. Ce mécanisme économique
fondamental ne peut fonctionner que si toute une série de conditions
sont assurées » affirme
Thomas
Lemke.
La
conception néo-libérale de l’État - et tout particulièrement
les lois et les décisions élaborées pour permettre au marché
d’exister tout en garantissant son fonctionnement - n’implique
pas que le marché soit contrôlé par l’État. Au
contraire : le marché est le principe d’organisation et de
régulation de l’État et de la société,
et ceci selon des orientations différentes :
a)
L’État
doit obéir aux besoins du marché, que ce soit par des mesures
politiques et fiscales, sa politique d’immigration, son traitement
de la criminalité ou la structure du système éducatif.
La rationalité néo-libérale étendue à l’État indexe le succès
de celui-ci
sur sa capacité à soutenir et à nourrir le marché, et attache sa
légitimité à son succès en ce domaine. Il
s’agit là d’une forme nouvelle de légitimation qui se distingue
de la conception hégélienne ou de celle de la Révolution française
- la conception de l’État constitutionnel comme le nouvel
universel représentatif du peuple.
Lemke décrit ainsi l’analyse foucaldienne de la pensée
ordo-libérale : « La liberté économique produit la
légitimité d’une forme de souveraineté dont l’unique objet est
la garantie de l’activité économique [...]. Soit
un État qui n’est plus défini en termes de mission historique,
mais qui tire sa légitimité de la croissance économique
».
b)
La
rationalité marchande enveloppe et anime l’État lui-même - la
rentabilité, mais aussi un calcul généralisé des coûts et des
bénéfices, en viennent à servir de mesure à toutes les pratiques
de l’État. Tout
discours politique, quel qu’en soit l’objet, se formule dans les
termes de l’entreprise.
L’État ne doit pas seulement s’intéresser au marché, il doit
penser et se conduire comme un acteur du marché, et ce dans toutes
ses fonctions, y compris la fonction législative.
c)
Des points (a) et (b), il
s’ensuit que la santé et la croissance de l’économie fondent la
légitimité de l’État : parce que l’État est directement
responsable de la santé de l’économie ;
et parce que les pratiques de l’État sont soumises à la
rationalité économique. Dans ces conditions, « It’s
the economy, stupid » est
bien davantage qu’un slogan de campagne électorale : s’y
formule en effet le principe de légitimité de l’État et la base
de son action.
L’extension
de la rationalité économique à des domaines ou à des institutions
jusque-là considérés comme non-économiques concerne aussi les
conduites individuelles. Pour
être plus précis, elle prescrit les comportements des
sujets-citoyens adéquats à un système néo-libéral. Là
où le libéralisme classique maintenait une distinction, et parfois
même une tension, entre les critères de la morale individuelle ou
collective et les actions économiques
(d’où les différences frappantes de ton, de types de questions et
même de prescriptions entre la Richesse
des nations d’Adam
Smith et sa Théorie
des sentiments moraux),
le
néo-libéralisme façonne normativement les individus comme des
acteurs entrepreneurs, et s’adresse à eux comme tels, dans tous
les domaines de la vie.
Il représente les individus comme des créatures rationnelles et
calculatrices, dont le degré d’autonomie morale dépend de leur
capacité à « prendre soin » d’eux-mêmes - de leur
aptitude à subvenir à leurs besoins et à servir leurs ambitions.
En rendant les individus pleinement responsables d’eux-mêmes, le
néo-libéralisme identifie la responsabilité morale à l’action
rationnelle. Il
résorbe le différend entre les comportements économiques et les
conduites morales en réduisant le sens moral à une affaire de
délibération rationnelle sur les coûts, les bénéfices et les
conséquences.
Ce faisant, il élargit considérablement le domaine de la
responsabilité personnelle : l’individu qui calcule
rationnellement assume l’entière responsabilité des conséquences
de ses actes, quelles que soient les circonstances de ces actes.
Ainsi, la référence, fréquemment entendue, à des « vies
déréglées » permet
aux pouvoirs sociaux et économiques de se décharger de leurs
responsabilités politiques, tout en réduisant la citoyenneté
politique à un degré sans précédent de passivité béate.
Le
citoyen néo-libéral type est celui qui choisit stratégiquement,
pour lui-même, entre les différentes options sociales, politiques
et économiques, non celui qui œuvre
avec d’autres à modifier
ou à rendre possibles ces options.
Dans
un contexte néo-libéral pleinement réalisé, les
citoyens seraient tout sauf préoccupés du bien public. Ils
formeraient à peine un peuple.
Le corps politique n’est plus un corps, mais bien plutôt une
collection d’entrepreneurs et de consommateurs individuels
- et c’est bien entendu exactement à ce genre d’électeurs que
s’adressent la plupart des discours électoraux américains.
L’État
doit contribuer d’une manière volontariste à la fabrique du sujet
néo-libéral
(…).
Parce
que le néo-libéralisme tient l’action rationnelle pour une norme
plutôt que pour une caractéristique ontologique, c’est par la
politique sociale que l’État façonne des sujets guidés dans
leurs actes par l’évaluation rationnelle des coûts et des
bénéfices. Le
citoyen néo-libéral calcule plus qu’il ne se conforme aux règles,
c’est un benthamien plus qu’un hobbesien. L’État contribue,
parmi de nombreux autres acteurs, à fournir un cadre aux calculs
déterminant les conduites sociales qui garantissent le maintien de
coûts faibles et d’une productivité élevée.
Ce
mode de gouvernementalité (l’ensemble des techniques de
gouvernement qui excèdent la stricte action étatique et orchestrent
la façon dont les sujets se conduisent pour eux-mêmes) fait advenir
un sujet « libre » qui délibère rationnellement sur
l’ensemble des alternatives, fait des choix, et assume la
responsabilité des conséquences de ses choix. De
cette façon, affirme Lemke, « l’État conduit et contrôle
les sujets sans en être responsable ». En
tant qu’« entrepreneurs » individuels de toutes les
dimensions de leur vie, les sujets deviennent pleinement responsables
de leur bien-être, et accéderont
d’autant plus à la citoyenneté qu’ils réussiront dans cette
entreprise.
C’est
par leur liberté que les sujets néo-libéraux sont contrôlés.
Ce
qui signifie aussi que le
retrait de l’État de certains domaines et la privatisation de
certaines de ses fonctions ne sont pas un démantèlement, mais
consistent plutôt en une technique de gouvernement.
Ils
sont même la signature technique de la gouvernance néo-libérale,
où l’action économique rationnelle étendue à tous les domaines
de la société remplace les règles et les obligations explicites de
l’État. Le
néo-libéralisme déplace « la compétence régulatrice de
l’État sur des individus « responsables »,
« rationnels » dans le but de les encourager à
donner à leur vie la forme spécifique d’une entreprise ».
Extension
de la rationalité économique à tous les aspects de la pensée et
de l’activité ; mise de l’État au service plein et entier
de l’économie ; conception de l’État tout
court
comme une entreprise soumise à la rationalité du marché ;
production du sujet moral comme sujet entrepreneur ; élaboration
de la politique sociale selon ces critères :
cette conjonction peut être interprétée moins comme une nouveauté
radicale que comme une intensification de la saturation du social et
du politique par le capital. En d’autres termes, on peut envisager
la rationalité politique du néo-libéralisme comme la conséquence
d’un stade du capitalisme, et y voir la simple confirmation de
l’argument de Marx selon lequel le capital pénètre et transforme
chaque aspect de la vie - remodelant tout à son image et réduisant
chaque valeur et chaque activité à sa froide logique. La seule
nouveauté serait ici la soumission flagrante et systématique à
cette logique de l’État et de l’individu, de l’Église et de
l’Université, de la morale, du sexe, du mariage et des loisirs
(…).
Une
autre façon d’inscrire le néo-libéralisme dans la continuité du
passé consisterait à le décrire en recourant, non à l’argument
de Marx sur le capital, mais à la thèse de Weber sur la
rationalisation. L’extension de la rationalité du marché à
toutes les domaines - et particulièrement la réduction du jugement
politique et moral à un calcul coûts/bénéfices - correspondrait
précisément à cette éviction des valeurs positives par la
rationalité instrumentale dont Weber a prédit qu’elle serait
l’avenir d’un monde désenchanté.
Mais,
si
précieuses que soient la théorie marxiste du capital et la théorie
webérienne de la rationalisation pour qui veut théoriser certains
aspects du néo-libéralisme, ni l’une ni l’autre ne donne à
voir la
rupture historico-institutionnelle auquel il correspond, la
substitution d’une forme de gouvernementalité par une autre, et
donc les modalités de résistance qu’il rend caduques et celles
qu’il faut inventer pour le combattre efficacement.
Le néo-libéralisme n’est pas un avatar historique inévitable du
capital ni de la rationalité instrumentale. Il
n’est pas la suite logique des lois du capital ou de la rationalité
instrumentale suggérée par une analyse marxiste ou webérienne. Il
consiste plutôt en un agencement et un fonctionnement nouveaux et
contingents des deux.
En
outre, aucune de ces analyses ne rend compte du
tournant auguré par le néo-libéralisme - qui fait passer les
rationalités et les juridictions morales, économiques et
politiques, de l’indépendance relative dont elles jouissaient dans
les systèmes de démocratie libérale, à leur intégration
discursive et pratique.
La
gouvernementalité néo-libérale mine l’autonomie relative de
certaines institutions (la loi, les élections, la police, la sphère
publique) les unes par rapport aux autres, et l’autonomie de
chacune d’entre elles par rapport au marché.
Or
c’est grâce à cette indépendance qu’ont été jusqu’à
présent préservés un intervalle et une tension entre l’économie
politique capitaliste et le système politique démocrate libéral.
Les conséquences de cette transformation sont considérables.
Marcuse
s’inquiétait de la disparition de l’opposition dialectique à
l’intérieur du système capitaliste, dès lors que ce système
« distribue les biens » - c’est-à-dire à partir du
moment où, vers le milieu du XXème siècle, une classe moyenne
relativement satisfaite remplace les classes laborieuses pauvres dans
lesquelles Marx voyait la contradiction destructrice de la richesse
concentrée du capital. Le
néo-libéralisme entraîne, quant à lui, l’érosion des
oppositions politique, morale ou subjective qui s’expriment dans
une démocratie libérale, mais qui ne relèvent pas de la
rationalité capitaliste - l’érosion des institutions, des
juridictions et des valeurs tributaires de l’existence de
rationalités non marchandes
dans les démocraties.
Quand
les principes démocratiques de gouvernance, les codes civils, voire
la moralité religieuse, sont soumis au calcul économique, quand il
n’est ni valeur ni bien qui lui échappe,
alors disparaissent non seulement les foyers d’opposition à la
rationalité capitaliste, mais aussi les foyers réformistes.
À
ce titre, même si les analyses de gauche ont vu dans le système
politique libéral un ordre permettant de légitimer, recouvrir et
masquer les stratifications de la société opérées par le
capitalisme, mais aussi par les hiérarchies entre les races, entre
les sexes et entre les genres, il est également vrai que les
principes de gouvernance de la démocratie libérale
-
le libéralisme comme doctrine politique - ont fonctionné comme une
sorte de contre-feu à ces stratifications.
Marx lui-même l’affirmait dans La
question juive,
les
principes politiques formels d’égalité et de liberté
(et les promesses d’autonomie et de dignité individuelles qu’ils
font naître) représentent
une conception alternative de l’humanité : des référents
sociaux et moraux différents de ceux du système capitaliste dans le
champ desquels ils sont affirmés.
La démocratie libérale, vis à vis de l’économie capitaliste,
est, du moins potentiellement, un Janus à deux visages : alors
même qu’elle encode, reflète et légitime les relations sociales
capitalistes, elle leur résiste, les contre et les tempère dans le
même mouvement.
Plus
simplement, la démocratie libérale a ouvert, au cours des
deux siècles derniers, une modeste brèche éthique entre économie
et politique. Même si la démocratie libérale fait
siennes nombre de valeurs capitalistes (les droits de propriété,
l’individualisme, les postulats hobbesiens qui sous-tendent tout
contrat, etc.), la distinction formelle qu’elle établit
entre les principes moraux et politiques d’une part et le système
économique de l’autre a également servi de rempart contre
l’horreur d’une vie intégralement régie par le marché et
mesurée par ses valeurs. Cette brèche, la
rationalité néo-libérale la referme en soumettant chaque aspect de
la vie politique et sociale au calcul économique.
La
démocratie libérale ne peut pas se soumettre à la
gouvernementalité néo-libérale et y survivre. Il n’y a rien dans
les institutions et les valeurs de base de la démocratie libérale
- des élections libres, de la démocratie représentative ou des
libertés individuelles équitablement distribuées jusqu’à un
partage modéré du pouvoir ou même à une participation politique
plus substantielle - qui réponde naturellement à l’exigence
de contribution à la compétitivité économique, ou qui résiste à
une analyse en termes de coûts/bénéfices. Or aujourd’hui,
c’est la démocratie libérale qui sombre.
Le
fait que « démocratie » soit le terme dont on affuble
tant de mesures de politique intérieure ou d’entreprises
impériales anti-démocratiques suggère que nous sommes dans un
interrègne - ou, plus précisément, que le néo-libéralisme
emprunte considérablement à l’ancien régime à des fins de
légitimation, même s’il développe et promeut en même temps de
nouveaux codes de légitimité. (…)