- Billet invité -
Cristobalacci El Massaliote
Comme les semaines précédentes, Cristobalacci El Massaliote a épluché la presse grecque et fait le point pour L'Arène nue. Au programme, les négociations avec l'Union européenne, les réparations allemandes, la visite, évidemment, de Tsipras en Russie, et.... les festivités !
- L'ingrat ! - Il n'a pas respecté l'argent que les contribuables romains ont donné pour sa crucifixion ! |
Loin des journalistes
passionnés par « pulsions d’inceste et pulsion de mort chez
les crypto-pétainistes » et enivrés par le poids de la motion de
Karine Berger au congrès du PS, il existe une presse capable de
préparer les fêtes de Pâques tout en regardant vers Moscou,
Bruxelles ou Pékin : il s’agit de la presse grecque.
1/ les relations avec
l'UE. Poursuite des réformes, menaces migratoires et peur de la
sortie de la zone euro.
a/ Poursuite des
réformes et négociation de la dette
La réunion de l’Euro
Working Group du 8 et 9 avril a particulièrement inquiété la
presse grecque. Les déclarations du porte-parole de la Commission
européenne, Alexander Winterstein qui venait d’affirmer « c’est
maintenant à la Grèce de faire un pas puisque les partenaires
européens ont fait suffisamment de concessions », avait un peu
tendu les esprits. Avghi, journal proche de Syriza parlait même
« d’optimisme réservé », alors qu’Ethnos
prévoyait une réunion extraordinaire de l’Eurogroupe avant la
réunion prévue le 24 avril à Riga. Selon Ta Néa du 9
avril, les créanciers continueraient à faire pression sur Athènes
pour que son gouvernement adopte des réformes sur la sécurité
sociale, le marché du travail, les licenciements et les
privatisations.
b/ Menaces migratoires
Le 8 avril, plusieurs
journaux (Ethnos, Ta Nea, Kathimerini, Avghi, Eleftheros Typos)
commentaient le tollé provoqué par les déclarations faites la
veille par le ministre grec de la défense, M. Kammenos, au cours
d’une interview accordée au Times (« Si l’Europe
continue à intimider la Grèce, le pays ne sera pas en mesure de
contrôler ses frontières et ne pourra empêcher les djihadistes
d’entrer en Europe »). Les partis de l’opposition (Nouvelle
Démocratie, le PASOK et ces 3%, La Rivière) ont d’ailleurs
unanimement condamné ces déclarations en les qualifiant de «
dangereuses » et d’«irresponsables». De son côté, le Premier
ministre grec lors de son entretien avec le commissaire européen aux
migrations et affaires intérieures, M. Avramopoulos, a évoqué la
nécessité de réviser le règlement européen encadrant le droit
d’asile (règlement Dublin II).
c/ craintes sur la
sortie de la zone euro
L’éditorialiste
Georges Kapopoulos, dans l’Ethnos du 6 avril
avançait que le problème de Berlin (donc de l’Europe) n’était
pas tellement lié à la question de son positionnement face à des
gouvernements « qui s’écartent de la politique d’austérité
rigoureuse » (aujourd’hui la Grèce et certainement demain
l’Espagne) mais dépendait davantage du cas français, touché par
une déstabilisation sociale et politique risquant de s’aggraver en
cas de « conflit frontal non seulement avec l’austérité
budgétaire et l’Europe allemande, mais également avec la
dynamique même de l’intégration européenne ».
En même temps le
président de la République hellénique, M. Pavlopoulos, recevait le
chef de la délégation de l’UE en Grèce, M. Panos Karvounis. pour
lui réaffirmer la volonté de maintien de la Grèce dans l’eurozone
(« l’avenir de la Grèce se trouve dans l’UE et la zone euro »).
d/ Allemagne : la
question des réparations fait son chemin
Dans son édition du 8
avril Ta Néa titrait « La Gauche et les Verts ouvrent une
fenêtre aux réparations allemandes », et notait que, malgré
l’impossibilité d’un débat officiellement clos avec le
gouvernement allemand la question des réparations allemandes
continuait de cheminer. Alors que les partis de la coalition
gouvernementale allemande (chrétiens-démocrates et
socio-démocrates) continuent de refuser toute discussion sur cette
question, Manuel Sarrazin, spécialiste des questions européennes
chez Die Grünen, et Annette Groth, députée Die Linke et présidente
du groupe parlementaire d’amitié Grèce-Allemagne, trouvent
recevable l'idée d'un remboursement du prêt forcé que la banque de
Grèce a dû octroyer sous la contrainte à l'Allemagne nazie en
1942.
2/ La « sécurité
énergétique » au cœur des relations avec les pays voisins
Les journaux Kathimérini
et To Vima relèvent que le ministre des Affaires
étrangères, M. Kotzias, s’est rendu à Budapest pour participer à
une réunion à cinq avec ses homologues hongrois, serbe, turc et
celui de l’ARYM (Ancienne République Yougoslave de Macédoine),
axée sur le thème de la «sécurité énergétique» et du tracé
du gazoduc « Turkish Stream ».
3/ La Russie
a/ La question du gaz
russe
Pour Ethnos, la
Grèce ambitionne de devenir la nouvelle porte d’entrée du gaz
naturel russe à destination de l’U.E. Le ministre grec de
l’énergie Panagiotis Lafazanis s’est d’ailleurs entretenu avec
son homologue russe Alexandre Novak ainsi qu’avec le DG de Gazprom,
Alexei Miller. Le ministre grec s’est prononcé en faveur du
gazoduc « Turkish Stream », projet qui vise à remplacer celui du «
South Stream », abandonné par la Russie en réponse aux sanctions
de l'Union européenne contre elle.
Les questions posées par
la partie grecque à l’occasion du voyage de M. Lafazanis à Moscou
ont porté sur plusieurs sujets : réduction du prix d’achat
de gaz naturel acheminé en Grèce, ouverture de négociations pour
un nouveau contrat 2016-2019, participations des entreprises russes à
l’appel d’offres international sur des recherches sismiques et
l’exploitation des gisements d’hydrocarbures dans les secteurs
maritimes de la mer Ionienne et au Sud de la Crète.
Après sa rencontre du 8
avril avec Vladimir Poutine, Alexis Tsipras a déclaré que les
discussions avaient porté sur la création d’un « gazoduc grec »
sur le territoire grec, car il est favorable au projet mais refuse
l’appellation « Turkish Stream » pour la partie grecque
de pipeline. Il a également rappelé que la Grèce continuerait à
respecter les règles de l’UE, avant d’ajouter qu’un tel projet
pourrait également améliorer les relations entre la Grèce et la
Turquie.
b/ la possibilité
d’une aide financière russe ?
Alors que le 8 avril
Ta Nea avançait que la Grèce
n’envisageait pas de demander d'aide financière à la Russie,
Ethnos
reprenait des informations publiées dans la presse russe
selon lesquelles la Russie était en train d’examiner l’octroi
d’un prêt à la Grèce. Celui-ci pourrait être lié à la
réduction du prix du gaz, au rachat des chemins de fer grecs
TRAINOSE par des intérêts russes ou à une opération autour du
port de Thessalonique.
Lors de son déplacement
à Moscou, A. Tsipras a déclaré qu’il ne se trouvait pas en
Russie pour demander une aide financière en soulignant : « la
Grèce n'est pas une mendiante qui va de pays en pays pour leur
demander de régler ses problèmes économiques et une crise
économique qui ne concerne pas seulement la Grèce mais l’ensemble
de l’Europe et qui doit être résolue dans le cadre de l’UE ».
c/ La rencontre Tripras-Poutine et ses conséquences
Au cours de la conférence
de presse qui a suivi l’entretien du 8 avril, V. Poutine et A.
Tsipras ont affiché leur volonté de renforcer la coopération dans
les domaines de l’énergie, du commerce, du tourisme et de la
culture. Alors que le président russe semblait s’intéresser
particulièrement aux programmes de privatisations grecs dans les
secteurs des transports et des infrastructures, Alexis Tsipras s’est
prononcé pour la construction d’une nouvelle architecture de
sécurité en Europe intégrant la Russie. Le premier ministre grec a
ainsi déclaré : « la Grèce est un pays souverain et a le
droit d’exercer une politique étrangère multidimensionnelle et de
mettre en valeur sa position géopolitique » avant de préciser :
« nous respectons nos engagements auprès des organismes
internationaux auxquels nous participons, mais nous entendons
utiliser toutes les opportunités au niveau international »
(Kathimerini, Le
Journal des Rédacteurs et Eleftheros Typos, le 09
avril).
Alexis Tsipras a défendu
la souveraineté de la Grèce lorsqu’elle souhaite coopérer avec
des pays hors UE comme le font les autres membres de l’UE, avant
d’ajouter que ces coopérations seraient également bénéfiques
pour l’ensemble de l’Europe (Kathimerini, Ethnos, Ta Nea,
Avghi).
Le Journal des
Rédacteurs du 9 avril résumait en parlant à sa
Une de « réchauffement des relations gréco-russes» avant
d’énumérer les trois importants accords concernant, l’énergie
(gazoduc), les investissements (intérêt russe à investir en Grèce)
et les produits agricoles grecs (création d’entreprises communes
gréco-russes).
d/ L’Europe de
Lisbonne à Vladivostok ?
Lors de sa visite à
Moscou, Alexis Tsipras a déclaré : « l'objectif de cette
visite est de prendre un nouveau départ dans les relations entre nos
deux pays, dans la recherche de la paix et de la sécurité en Europe
». Lorsqu’un journaliste lui a demandé si son pays se tournerait
vers la Russie dans le cas où les partenaires européens
décideraient de «faire sortir la Grèce du navire», le premier
ministre grec a répondu que dans ce navire tous les membres étaient
passagers et que la Grèce ne devait pas être considérée comme un
passager clandestin ni comme une «colonie de la dette». Alexis
Tsipras a précisé : «si on commence à faire sortir un
passager du navire, alors le navire risque de se renverser»
(Kathimerini, Ethnos, Ta Nea, Avghi, Eleftheros Typos).
4/ La Chine
En reprenant des
sources officielles chinoises, Kathimerini du 7 avril révélait
qu’au cours de la récente visite en Chine du vice-premier
ministre grec, M. Dragassakis, avait permis d’élaborer un plan
d’action de coopération bilatérale dans plusieurs domaines :
ports, construction navale, transport et logistique. Selon les mêmes
sources Pékin aurait réitéré sa volonté de soutenir la Grèce
pour faire face à la crise de la dette et souligné que la Chine
continuerait à suivre l'évolution du marché des obligations
grecques.
5/ Affaires
intérieures
a/ Le gouvernement
Syriza-ANEL toujours aussi populaire
Selon un Sondage Public
Issue (26 mars au 2 avril, 1004 personnes), le pourcentage des
citoyens qui approuvent l’action gouvernementale dans la
négociation avec les créanciers a atteint 63%, soit cinq points de
plus par rapport à mars 2015. M. Tsipras est considéré comme le
plus apte pour le poste de Premier Ministre, avec 62% d’avis
positifs, contre M. Samaras qui réunit 20%.
La côte de confiance du
ministre des finances, M. Varoufakis (55%), est légèrement en
baisse par rapport au mois dernier (59%).
La cote de popularité
des hommes politiques s’établit ainsi : M. Tsipras obtient 78%
(contre 79% en mars), M. Kammenos 46% (contre 51%), M. Théodorakis
45% (contre 47%), M. Koutsoumbas 35% (contre 40%), M. Samaras 28%
(sans changement), M. Vénizélos 19% (contre 21%) et M.
Michaloliakos 9% (contre 10%).
b/ On a rattrapé
Vicky !!
Plusieurs journaux (Ta
Nea, Ethnos, Avghi) ont commenté la livraison à la police de
Vicky Stamati, qui s’était échappée la semaine dernière de
l'hôpital psychiatrique où elle était détenue (on en a parlé la semaine dernière ici). Mme Stamati qui est l’épouse de l’ancien
ministre de la défense Akis Tsohatzopoulos et condamnée en même
temps que son époux à la prison ferme pour corruption, a fait
savoir par le biais de son avocat qu’elle était prête à déposer
devant la justice. Elle aurait affirmé vouloir révéler tout ce
qu’elle savait sur l’affaire de blanchiment d’argent dans
laquelle elle serait impliquée.
c/ Ce sont les Pâques
Orthodoxes.
Actuellement la Grèce
est arrêtée pour les fêtes de Pâques (une semaine après les
Pâques catholiques). Après avoir partagé tsourekia (brioche),
koulouria (pâtisserie) et maghiritsa (soupe d’abats d’agneau),
les familles grecques se rassemblent autour de l’agneau grillé.
Lors de cette fête, la plus importante dans le calendrier orthodoxe,
les grecs peuvent sentir comment la joie printanière vient à bout
de la nuit de la souffrance… O Laos anesti : le peuple
est debout !
Bonjour,
RépondreSupprimerJe comprends que, vous aussi, la motion Karine Berger (souffle de l'utopie, puissance du réel) vous fasse tourner la tête...
Sinon, rien à voir, mais le futur magazine Ruptures a lancé une campagne de financement participatif, pour l'aider à bien se... lancer. Il s'agira d'un journal "progressiste et iconoclaste", et eurosceptique si j'ai bien tout compris.
Antoine.
Bonjour,
SupprimerOui, j'ai bien compris pour la campagne de financement mais pardonnez moi : je préfère en premier me financer moi-même. Donc si vous voulez donner à L'arène nue (pour contribuer à l'achat de livres et de presse essentiellement), cliquez sur le bouton prévu à cet effet) ! ;-)
O laos anesti signifie: le peuple ressuscité .
RépondreSupprimerDeux semaines.
RépondreSupprimerVous avez bien lu : deux semaines.
Mercredi 15 avril 2015 :
La Grèce « a de l’argent pour deux semaines. »
Le temps presse pour la Grèce : le gouvernement a jusqu'au 20 avril pour présenter aux autres membres de la zone euro la liste des réformes qu'il entend mener, un dossier sur lequel Grecs et Européens ont déjà étalé leurs désaccords à trois reprises. Mais où en est le pays à moins d'une semaine de cette échéance décisive ? Kostas Botopoulos, président de l'autorité grecque des marchés financiers, était l'invité d'Europe 1 mercredi matin. Et il n'a pas caché la situation difficile du pays.
Des caisses vides dans « deux semaines ».
« Le gouvernement lui-même a admis qu’il y a de l’argent dans les caisses pour deux semaines, jusque début mai. Après, il y aura des problèmes pour honorer nos obligations intérieures et extérieures », a reconnu le président de l'autorité grecque des marchés financiers.
http://www.europe1.fr/economie/la-grece-a-de-l-argent-pour-deux-semaines-2428349